Janvier 2007 Initiatives

Le contexte: état de la contraception chez les jeunes

En Belgique, 17.000 femmes recourent à une interruption volontaire de grossesse (I.V.G.) chaque année (1).
Parmi ces femmes, près de 3.200 sont des jeunes filles de 13 à 20 ans et ces chiffres ne diminuent pas au fil des années.
Parmi les jeunes filles de 15 à 19 ans qui ont subi un avortement en 2005, la moitié n’avait utilisé aucun moyen de contraception. Pour les moins de 15 ans, cette proportion atteint plus des deux tiers.
L’enquête de santé 2004 de l’Institut scientifique de la santé publique montre que parmi les jeunes plus d’un tiers n’utilisent pas de préservatif. Ce pourcentage déjà inquiétant atteint pratiquement 50% en Flandre.
L’enquête de santé révèle aussi l’utilisation par 7% des jeunes sexuellement actifs de 15 à 19 ans de la pilule du lendemain comme prévention des grossesses.
Partant d’un constat similaire, la Conférence interministérielle des ministres de la santé du 11 décembre 2001, qui s’est penchée sur la problématique de la contraception chez les jeunes de moins de 20 ans, a voulu renforcer diverses pistes en matière de contraception.

Les grossesses à l’adolescence: quels sont les facteurs explicatifs identifiés dans la littérature?

Malgré le faible taux de grossesses chez les adolescentes en Belgique (3‰) comparativement à d’autres pays industrialisés comme l’Angleterre (28.6‰) ou les Etats-Unis (52.8‰), ce phénomène continue à interpeller le monde politique et le monde adulte de manière générale. La survenue d’une grossesse à l’adolescence est présentée comme un fait préoccupant, notamment parce qu’environ deux tiers de ces grossesses se terminent par une interruption volontaire de grossesse (IVG).
Avec la disponibilité des moyens de contraception et le développement d’informations de tous types au sujet de la sexualité des jeunes depuis de nombreuses années, on serait amené à penser que nos adolescentes sont armées pour se protéger des grossesses non programmées. Mais la réalité est différente.
La revue de littérature nous confirme que la survenue d’une grossesse à l’adolescence est une problématique complexe qui fait intervenir une multitude de facteurs.
Une première cause de la grossesse non planifiée est l’absence ou l’utilisation inadéquate de moyens de contraception. A la relation sexuelle non protégée viennent s’ajouter une série de causes qui s’imbriquent les unes dans les autres. Des facteurs à la fois socio-économiques (statut socio-économique, perspectives d’avenir scolaire et professionnel), culturels (culture d’origine, religion), psychologiques et psychosociaux (manque d’assurance, immaturité, désir de grossesse ou d’enfant), cognitifs (manque de connaissances, fausses croyances, représentations de la sexualité), relationnels (difficultés de communication avec les parents et avec le partenaire à propos de la sexualité), environnementaux et politiques (accessibilité et disponibilité des moyens de contraception, existence d’une éducation sexuelle à l’école), déterminent les comportements contraceptifs des adolescentes. De même, une série de facteurs influencent le choix de l’adolescente de garder ou non son enfant.
Ce dossier fait le tour des différents facteurs pouvant jouer un rôle.
La mise en place de programmes de prévention devrait tenir compte de cette diversité d’influences et avoir pour objectif d’intervenir à plusieurs niveaux à la fois. Quelques pistes sont suggérées pour améliorer la prévention des grossesses non programmées, tout en sachant que dans un certain nombre de cas, l’important sera d’accompagner au mieux des grossesses parfois désirées.
BERREWAERTS J. & NOIRHOMME-RENARD F., Les grossesses à l’adolescence: quels sont les facteurs explicatifs identifiés dans la littérature?, UCL-RESO, Bruxelles, juin 2006, (Série de dossiers techniques; réf.: 06-40, 38p.).
Les dossiers techniques sont consultables sur le site http://www.md.ucl.ac.be/entites/esp/reso . Ils peuvent aussi être commandés à l’adresse suivante: UCL, Faculté de médecine – Ecole de santé publique, Unité d’éducation pour la santé RESO, avenue Mounier 50, 1200 Bruxelles.
Contact: Mme Dominique Doumont, tél. 02 764 50 76, courriel: dominique.doumont@reso.ucl.ac.be.

Il y apparaissait, entre autres, que le prix de la pilule constituait pour certains un frein à son utilisation. Le groupe de travail était d’avis qu’il était souhaitable d’établir un système de remboursement pour tous les moyens de contraception fiables. Il avait également formulé des recommandations à propos de l’accessibilité de la pilule du lendemain.
En sa qualité de ministre fédéral des affaires sociales, Rudy Demotte a décidé en 2004 d’une diminution de 3 euros par mois de contraception pour les jeunes filles de moins de 21 ans .
La mesure concerne tous les moyens de contraception prescrits : toutes les pilules, qu’elles soient remboursées ou non actuellement, les stérilets, les patchs, les anneaux vaginaux, les implants… Les préservatifs ne sont donc pas inclus. Par contre, la pilule du lendemain – qui n’est pas un contraceptif, mais se révèle parfois comme une solution d’urgence absolument nécessaire – est désormais gratuite pour les filles de moins de 21 ans.
L’intervention est calculée sur la base du pourcentage du montant que la patiente prend actuellement en charge pour chaque moyen de contraception. L’intervention vient donc s’ajouter au remboursement éventuellement déjà attribué dans le régime général (20% pour certaines pilules). Pour ce qui est des contraceptifs efficaces pendant plusieurs années, le remboursement est limité à 12 mois.

La nouvelle campagne

Étant donné que des mesures financières seules sont insuffisantes, une campagne d’information a été mise en place dès le début et adaptée chaque année. Dans le cadre de cette dernière, le ministre Demotte propose un nouveau livret d’information aux jeunes. Il a été envoyé aux parents des adolescents de 13 ans. Parallèlement, des techniques de communication dernier cri ont aussi été utilisées pour encore mieux informer les jeunes sur la contraception et l’amour en toute sécurité.
Cette campagne s’inscrit dans le prolongement des campagnes «Laura» de 2004 et 2005 qui ont connu un franc succès. Elles présentaient sous la forme d’un spot télé et cinéma puis d’un roman-photo l’histoire de Laura, une mère ado de 16 ans.

Objectif

Tous les acteurs dans le domaine de la vie sexuelle et affective confirment que la contraception et la prévention des maladies sexuellement transmissibles (M.S.T.) sont indissociables. Lorsqu’on parle de contraception, il leur semble donc indiqué de rappeler la nécessité d’une double protection: l’utilisation d’un préservatif et d’un contraceptif fiable.
En effet, trop de jeunes ignorent encore ou ne tiennent pas assez compte du fait que le préservatif est le seul moyen efficace de lutter contre les M.S.T, et particulièrement contre le sida. Or, notre pays, comme les autres pays européens, a enregistré une hausse importante des infections HIV ces dernières années ainsi qu’une recrudescence des maladies sexuellement transmissibles.

Contenu de la campagne de 2006

Après la campagne d’information de 2005 qui mettait l’accent sur la responsabilité conjointe de la fille et du garçon en matière de contraception , la campagne de 2006 attire l’attention des très jeunes adolescents sur la nécessité de se protéger et sur l’accessibilité accrue aux contraceptifs .
Cette année à nouveau, le Comité d’accompagnement de la mesure d’accès à la contraception qui est composé des entités fédérées, des acteurs de terrain et des acteurs de l’assurance maladie (mutuelles et pharmaciens) a été consulté. La nécessité de toucher les jeunes juste avant qu’ils ne deviennent sexuellement actifs ou au tout début de leur vie sexuelle est apparue de manière évidente. Sur cette base, l’agence de communication Duval Guillaume Antwerp a réalisé un livret d’information détaillé à l’intention des jeunes de treize ans.
Parallèlement, les techniques les plus actuelles ont été utilisées pour atteindre les jeunes, tels un podcast, un Bot Messenger et un test interactif sur le site web.
Livret d’information «Au secours! Tes parents ont un livre d’information pour toi»
Cette année, ce support est le moyen de communication central afin d’atteindre les très jeunes. Le langage utilisé a été étudié pour être en phase avec les adolescents de 13 ans.
L’avantage principal de ce livre réside dans la diffusion d’un message beaucoup plus détaillé que celui du spot télé ou du roman-photo. Les messages clés de la campagne – la pilule est devenue moins chère, voire gratuite dans certains cas, et seul le préservatif peut protéger des M.S.T. – y sont largement développés.
Par ailleurs, les jeunes y trouvent également des informations très complètes sur les autres moyens de contraception disponibles, leur coût, leurs avantages et inconvénients, ainsi qu’une information détaillée sur les MST, et sur les possibilités qui existent en cas de grossesse non désirée. Outre quelques passages sur les relations affectives en général et le témoignage de personnalités de la télé ou de vedettes sur ‘leur’ première fois, le livre propose quelques jeux et tests, à la fois éducatifs et divertissants.
En tout, ce sont plus de 100 000 exemplaires de ce livre de 52 pages qui ont été envoyés à tous les parents qui ont une fille ou un fils de 13 ans, avec ce message: «Votre enfant devient adolescent et se pose forcément des questions. Ce livre est écrit pour lui par des professionnels, mais c’est à vous, parents, de décider si votre enfant est prêt à le lire.»
Les parents ont ainsi la possibilité de lire le livre en premier et de pouvoir ainsi anticiper plus facilement d’éventuelles questions.
Site web http://www.laura.be
Le site web qui existe depuis 2004 est à nouveau le noyau de la campagne d’information et rassemble, dans un registre ludique mais éducatif, toutes les informations sur la contraception moins chère et sur le thème faire l’amour en toute sécurité en général.
Le trafic a été intense, puisque 470.000 personnes l’ont visité depuis la première campagne de 2004. Le site continue à rassembler aujourd’hui les liens utiles vers les professionnels actifs dans le domaine et, dans la version francophone, à permettre, via un outil de recherche, de localiser un centre de planning familial proche.
Podcast
La nouvelle campagne Laura est en phase avec l’attrait des nouvelles techniques de communication pour les jeunes. Le site web en constitue à chaque fois le point de départ.
Ainsi, il comporte un podcast téléchargeable qui peut être lu sur un lecteur MP3 ou un iPod. Le podcast contient une émission radio présentée par Laure Macq et Pascal Degrez , animateurs sur NRJ. Dans le cadre de cette émission, ils parlent de l’amour en toute sécurité dans un registre apprécié des jeunes. Tant le contenu que le ton de l’émission sont à l’image du livre d’information.
Bot Messenger
Une autre manière innovante d’atteindre les jeunes est l’utilisation d’un Bot Messenger. En d’autres termes, les jeunes qui utilisent MSN Messenger ou Hotmail reçoivent une question sur l’amour en toute sécurité chaque fois qu’ils ouvrent une session. Celui qui se trompe reçoit la réponse correcte et un renvoi au site web http://www.laura.be .
Test de l’amour sans risque
Le site web n’est pas seulement une source d’information, il est aussi au cœur d’une communauté internet. À cet effet, il comporte un «test de l’amour sans risque» auquel le jeune peut se soumettre. Une fois qu’il connaît son score, il peut présenter le test à son ou sa petit(e) ami(e) ou à ses amis.
Moyennant une série de questions à choix multiple, il peut vérifier leur niveau de connaissance.
Distribution de préservatifs
Depuis 2004, un stock de préservatifs est mis à disposition afin de rappeler l’importance de la double protection. Cette année, la distribution de 725.000 préservatifs est prévue. L’emballage, très sympathique, renvoie au site de la campagne.
Le but n’est pas ici de permettre un accès gratuit aux préservatifs, à l’instar des contraceptifs, mais bien de sensibiliser les jeunes à la double protection.
Concrètement, le pharmacien remet un préservatif à la jeune fille qui vient chercher un moyen de contraception. D’autre part, en Wallonie et à Bruxelles, les centres de planning familial peuvent mettre toute l’année un stock à disposition de leurs visiteurs. Les mutualités et Sensoa en Flandre disposent également d’un stock important pour des actions ponctuelles à l’intention des jeunes.
D’après un communiqué de presse du Ministre Demotte

(1)Source: données pour 2005 du Rapport de la Commission nationale pour l’évaluation de la loi du 3 avril 1990 concernant l’interruption volontaire de grossesse.