Novembre 2008 Par Carole FEULIEN Lu pour vous

Chaque mois, un regard critique sur des thématiques de santé, sans publicité, vous en rêviez? Elle l’a fait! Education Santé a rencontré pour vous Karin Rondia, rédactrice en chef du magazine Equilibre
Education Santé: Parlez-nous d’Equilibre…
Karin Rondia : Equilibre est un mensuel de 48 pages dont les fils conducteurs sont 4 grands chapitres: ‘santé’, ‘bien manger’, ‘bouger’ et ‘psychologie’. Ces sujets attirent un lectorat fidèle: environ 12.000 personnes y sont abonnées pour les 2 éditions, en français et en néerlandais.
ES: Si vous deviez décrire le magazine Equilibre en quatre adjectifs?
K . R .: D’abord honnête et critique: nous n’y faisons aucune publicité et essayons de porter un regard critique sur les sujets que nous traitons.
Ensuite, accessible, «à la hauteur des yeux des gens»: nous ne simplifions pas à outrance, mais nous ne voulons pas non plus tomber dans un ton trop scientifique.
Et enfin convivial, car nous voulons que le magazine soit agréable à lire. Notre rigueur et notre sérieux ne sont pas synonymes d’austérité!
ES: Comment est venue l’idée de ce magazine? Pourquoi et par qui a-t-il été créé?
K . R .: Auparavant, il existait 3 lettres d’information (diététique, santé, science du sport) destinées aux professionnels de la santé, éditées par Biblo, une filiale non commerciale du groupe Roularta. Il y a deux ans, Roularta a choisi de fusionner les trois, d’y ajouter un volet psychologie et d’en faire un magazine adressé à un plus large public. Quand la version néerlandaise a été lancée, on m’a proposé de m’occuper du mensuel en français. J’ai accepté.
ES: Abordez-vous les mêmes sujets de la même façon dans les deux éditions?
K . R .: La manière d’aborder la santé est culturellement assez différente au nord et au sud du pays, cela se ressent dans nos textes, bien sûr. Nous traduisons environ 50% des articles, mais chaque traduction demande ensuite un gros travail d’adaptation.
A cause de leur passé de newsletters professionnelles, nos collègues néerlandophones avaient déjà un bon réseau dans les universités flamandes. Notre équipe francophone bénéficie également de contacts privilégiés avec les universités du sud du pays, c’est important pour notre crédibilité.
Mais nous tenons aussi beaucoup à donner la parole aux experts de terrain, en dehors des milieux académiques.
ES: Quel est le public visé par Equilibre?
K . R .: Toute personne qui s’intéresse à sa santé et qui veut aller au-delà des messages véhiculés par la presse commerciale.
ES: Quel est son objectif?
K . R .: Nous essayons de bien informer les lecteurs pour qu’ils puissent poser des choix de santé en toute connaissance de cause.
ES: Quelle est la philosophie du mensuel?
K . R .: Je pense que l’absence de publicité est notre caractéristique essentielle! La santé est un domaine intime, où chacun est vulnérable à bien des égards. Je ne pense pas uniquement aux messages commerciaux, qui ne sont pas toujours honnêtes, mais aussi à toute cette vague du ‘mieux-être’ à travers laquelle on nous ‘vend’ beaucoup de vent. Nous avons pris le parti de ne publier que des informations scientifiquement étayées. C’est un choix clair.

Un défi de plus…

Karin Rondia a déjà fait un bout de chemin dans le secteur de la santé. Médecin de formation, elle a affiné son apprentissage du journalisme médical au fil de ses collaborations, en presse écrite d’abord, dans les pages Sciences de La Libre Belgique , puis dans l’audiovisuel avec l’émission Parcours Santé sur RTL-TVi. En 1994, elle quitte la chaîne privée pour la RTBF où elle crée l’émission Pulsations , qu’elle produit pendant 5 ans (1).
En 1999, elle reprend son statut de free-lance; elle développe de nombreux projets et collaborations (notamment avec la Fondation Roi Baudouin ou le Centre fédéral d’expertise des soins de santé), jusqu’à ce début d’été 2006, où on lui propose de devenir rédactrice en chef d’un nouveau magazine, Equilibre . Elle se sent mûre pour passer à la vitesse supérieure et se lance avec enthousiasme dans l’aventure.

ES: Qui écrit pour Equilibre?
K . R .: Principalement des journalistes indépendants spécialisés en santé, des collègues qui ont accepté de se lancer dans l’aventure avec moi. Je suis très fière de la qualité de cette équipe, solide et motivée.
ES: Comment les sujets sont-ils traités?
K . R .: Nous privilégions une approche positive. Nous orientons nos articles de manière à ce qu’ils aient un intérêt pratique dans le quotidien des gens de tous âges, de toutes origines… Notre cheval de bataille, c’est la prévention: plutôt que de développer des articles encyclopédiques sur telle ou telle maladie, nous envisageons les différentes manières de se maintenir en bonne santé.
Quant à la forme des articles, elle est variée: textes détaillés, interviews, brèves…
ES: Où trouve-t-on le magazine? Comment est-il distribué?
K . R .: Il est en vente dans la plupart des librairies, mais l’essentiel de nos lecteurs sont des abonnés.
ES: Qu’est-ce qui différencie Equilibre d’autres magazines en lien avec la santé?
K . R .: Concernant le contenu, nous essayons d’aller au fond des choses, de ne pas nous contenter d’informations superficielles. Pour ceux qui cherchent à aller encore plus loin, nous proposons des références à la fin de nos articles, fort appréciées par les enseignants, par exemple.
Pour la forme, nous avons voulu une mise en page plus calme, plus apaisante, aérée, colorée mais pas avec de gros titres flash et un nombre incalculable de brèves… Je pense que notre magazine est moins agressif sur le plan visuel que la plupart des autres, et pas seulement parce que plus de la moitié de leurs pages sont des publicités…
ES: Roularta est un grand groupe de presse, il édite de nombreux magazines. La promotion de la santé, est-ce «rentable» pour eux, surtout sans publicité?
K . R .: Je suppose que si Roularta a lancé ce concept de magazine, c’est qu’il a quelque chose à y gagner, ne serait-ce qu’en image de marque… Plus sérieusement, s’il est rentable, c’est grâce aux abonnés, qui sont très fidèles. Ils permettent sa stabilité.
ES: Quels sont vos projets pour Equilibre?
K . R .: J’aimerais créer une rubrique «interview» où l’on retrouverait chaque mois l’avis d’une personnalité de la santé sur une thématique donnée.
J’aimerais aussi développer davantage de dossiers de plusieurs articles autour d’une même problématique de santé, 3 ou 4 fois par an par exemple.
Enfin, ce mois-ci, Equilibre a deux ans. Une bonne occasion de rafraîchir notre look, ce sera chose faite d’ici peu!
Propos recueillis par Carole Feulien (1) Grâce à la Collection Education pour la Santé de la Médiathèque, il est toujours possible de visionner de nombreux travaux de Karin Rondia pour la télévision (en VHS!). Voir à l’adresse http://www.lamediatheque.be/ext/thematiques/es/index.html