Mai 2014 Par Christian DE BOCK Initiatives

Une journée de réflexion et d’échanges sur le web 2.0 et la promotion de la santé

L’asbl Question Santé nous a fait un joli cadeau (1) en organisant le 18 mars dernier au Centre culturel de Woluwé-Saint-Pierre un vaste tour d’horizon de ce thème très actuel. Plus de 100 personnes étaient présentes pour un menu particulièrement copieux, jugez-en plutôt.

Cinq facettes du web

La matinée était consacrée à cinq ateliers, ce qui nous changeait avantageusement du programme classique d’une journée d’études, conférences en plénière le matin, travail en ateliers l’après-midi, avec évaporation de pas mal de monde. Il y avait une raison matérielle à cela, comme vous le verrez plus loin, mais c’était une très bonne idée dans l’absolu.

Les participants avaient le choix entre ‘les potentialités des outils web’ avec Jasna Cattonar , formatrice en outils web, ‘les stratégies de communication web’ avec Yves Vandeuren , spécialiste en marketing chez BeQuiet, ‘les espaces de discussion en ligne et le soutien social’ avec David Heard , responsables des campagnes à l’INPES et ‘l’investissement humain et financier’ avec Xavier Degraux , formateur en médias sociaux et marketing et Christophe Piret , stratège digital chez Greenpeace.

L’atelier auquel j’ai participé était consacré à la convergence entre les objectifs de la promotion de la santé et le web ainsi qu’aux outils d’évaluation mis (très souvent gratuitement) à notre disposition par l’Internet. Animé par Jean-Luc Manise , directeur des Services Culture et Éducation Permanente au CESEP (2), journaliste indépendant et expert des médias sociaux et par Christophe Hendrick , expert en analyse du web pour la société Yieldow, l’échange fut passionnant : tour d’horizon d’un secteur de l’information mis à mal par l’irrésistible progression des nouvelles technologies de la communication, fiabilité et contrôle de qualité des infos santé, importance de s’assigner des objectifs explicites tant dans les choix stratégiques des médias (par exemple faut-il ou non être sur Facebook en tant qu’association de prévention, et pour quelles ‘bonnes’ raisons?) que dans les données d’évaluation à recueillir.

En effet, alors que la récolte traditionnelle de données d’évaluation est un travail souvent considérable, ici une profusion d’infos de gestion sont disponibles en permanence d’un simple clic. Ce qui est compliqué, c’est de faire le tri, de sélectionner les données pertinentes, celles qui permettront d’optimiser les outils web et d’améliorer l’offre de service.

Le côté sombre de cette puissance phénoménale du net, c’est la précision diabolique de l’observation permanente que ce Big Brother du XXIe siècle a de notre comportement en ligne…

Les échos des autres ateliers à la pause de midi étaient tout aussi positifs, nous aurons sans doute l’occasion d’y revenir plus en détail prochainement.

Quatorze rendez-vous

Après le lunch, plutôt que le tour ‘habituel’ de quelques stands, les organisateurs avaient imaginé de proposer pendant une heure à une série d’acteurs du secteur de présenter un de leurs projets numériques à des petits groupes pendant une quinzaine de minutes, chacun pouvant donc s’il le souhaitait prendre connaissance de quatre projets avant la séance plénière de l’après-midi. Une jolie dynamique, mais assez éprouvante pour ceux qui comme moi devaient ainsi ‘vendre’ un de leurs projets…

Pas question de souffler après le speed dating (ou plutôt en bon français les ‘rencontres express’), pas moins de quatre exposés d’une demi-heure chacun nous attendaient encore.

Brussels, we have no problem

David Heard commença par illustrer la nouvelle donne en matière de communication en mettant en évidence la puissance des réseaux sociaux en tant que médias de masse, qui permettent de toucher un très vaste public de manière plus intime que ne peut le faire la télévision, et ce avec des budgets nettement plus accessibles. Selon lui, un atout essentiel de ces nouveaux medias est qu’ils sortent d’une logique descendante caractéristique de la télévision pour une logique d’échange et de mise en relation bien plus féconde en promotion de la santé.

Décalage horaire oblige, la journée se termina sur trois téléconférences en direct du Canada: Lise Renaud, directrice de ComSanté à l’Université du Québec à Montréal nous présenta des pratiques exemplaires en matière d’usages d’Internet qui permettent d’encourager de manière personnalisée les internautes à modifier certains comportements.

Louise Sauvé (TELUQ, Université du Québec, directrice du centre d’expertise et de recherche sur l’apprentissage à vie Savie) pour sa part nous présenta le ‘bon côté’ des jeux en ligne, souvent accusés de susciter de véritables dépendances, en particulier chez les jeunes. Ces outils ludiques peuvent en effet aider les internautes à acquérir des compétences favorables à leur santé. Elle nous le montra concrètement avec un jeu sur les infections sexuellement transmissibles et un autre sur l’asthme, construits tous deux au départ d’une même ‘coquille générique’, une structure de base permettant de nombreuses variations thématiques.

Enfin, Émilie Renahy , postdoctorante française en épidémiologie sociale à Toronto, aborda au départ d’une étude réalisée en France les inégalités sociales de santé et le web, avec cette question lancinante: les outils web contribuent-ils à diminuer ces inégalités ou au contraire à les renforcer ?

S’il semble incontestable que la fracture numérique ‘matérielle’ en termes d’équipement des ménages est moins criante qu’il y a quelques années, par contre l’accès aux informations pertinentes et à la compréhension des messages reste problématique, en particulier pour les malades chroniques.

L’exercice de cette triple conférence sans filet était périlleux. Tout s’est bien passé, même si rien ne vaut bien sûr la présence en chair et en os de l’intervenant dans la salle !

Préparée par un groupe de partenaires enthousiastes (je peux en témoigner, j’en étais!), gérée avec une belle efficacité par l’équipe de l’animatrice du moment Bernadette Taeymans, ce fut donc une journée aussi dense qu’intéressante, dont Question Santé ne manquera pas d’exploiter les enseignements dans les prochains mois : reportage photo et vidéo, projet d’e-book, numéro spécial d’ Éducation Santé, offre de formations web, renforcement de la plate-forme promosante.net… Les idées ne manquent pas !

Pour découvrir les photos de la journée, rendez-vous sur la page Facebook de Question Santé : http://www.facebook.com/QuestionSanteAsbl
(1) La participation aux frais, 15 euros pour la journée lunch inclus, était vraiment très démocratique!
(2) Centre socialiste d’éducation permanente, http://www.cesep.be