Juin 2008 Par G. CLIQUET M.-M. VAN DEN ABEELE Initiatives

Dans le cadre du cours d’éducation pour la santé donné aux étudiants infirmiers de première année de la Haute Ecole de Namur, un projet d’envergure a été mis en place.
L’année passée, il a pris une tournure inédite. Pourquoi ne pas essayer d’améliorer le bien-être de nos étudiants de première?
Le défi est lancé, l’équipe professorale prépare le cadre du projet. Un travail à réaliser pour les étudiants et par les étudiants. Nos 186 étudiants de première deviennent donc acteurs de leur projet, qui vise à améliorer leur bien-être et leur santé, tout en impulsant une dynamique santé durable au sein de l’école.
La première étape consiste à analyser les besoins et identifier les problèmes vécus par nos étudiants entrant dans le supérieur. Sur base d’une enquête imaginée par Univers santé (Louvain-la-Neuve), et avec l’aide d’une de nos étudiantes en 4e santé communautaire, Emilie Detré (dans le cadre de son stage PSE), nos étudiants de première mettent en évidence leurs difficultés.
Sept problématiques sont dégagées: la difficulté de s’adapter à un environnement nouveau, le stress, la fatigue, les problèmes de sommeil, l’alimentation peu équilibrée, les changements dans la vie affective, le manque d’activité physique.
Un travail par groupe commence, l’objectif premier est de réfléchir et faire un constat pour chacun de ces problèmes, le deuxième objectif est de pouvoir émettre des propositions d’amélioration afin que les futurs étudiants puissent en bénéficier.

S’adapter à un environnement nouveau

L’entrée dans l’enseignement supérieur et la séparation du milieu familial est le premier problème auquel sont confrontés les étudiants dès septembre. Ils vivent une adaptation difficile, et ce d’autant plus si, et cela est de plus en plus souvent le cas, ils sont plus âgés, ont charge de famille, ou sont étrangers.
Les problèmes rencontrés sont d’ordre administratif, financier, connaissance du milieu, garde des enfants, gestion de l’étude…
Par le biais de notre projet, les étudiants mettent en évidence les difficultés de leur parcours.
De façon imagée, ils retracent la rentrée d’un étudiant de 17 ans, une journée d’une étudiante maman, les nombreuses démarches administratives pour l’étudiant étranger ou aussi la difficulté pour une étudiante française de comprendre certains mots utilisés par les professeurs belges.
Des propositions concrètes émergent de la réflexion: fascicule d’aide, accueil plus personnalisé, petit lexique de mots typiquement belges…

Le stress

Ce problème est très présent dans la vie des étudiants. Dans l’ordre d’importance: examens, blocus, horaires chargés, peur du regard des autres, changements de vie liés au passage dans l’enseignement supérieur, il y a beaucoup d’occasions qui confrontent l’étudiant à un stress intense.
L’objectif poursuivi par ce groupe est d’apprendre aux futurs étudiants à gérer celui-ci pour éviter les problèmes de santé qui y sont liés (céphalée, fatigue…) en le rendant positif et motivant.
Ils proposent pour ce faire d’installer dans l’école un local de détente et d’organiser des séances de relaxation à plusieurs moments clés de l’année.
Un diaporama mis en ligne sur le site web de l’école présenterait différentes situations stressantes pour l’étudiant et les conseils pour y répondre. Ces conseils seraient repris dans un fascicule.
Un petit test d’autoévaluation du stress peut également être proposé avant et après ces actions afin d’évaluer l’impact de l’outil.

La fatigue

Après analyse des résultats de l’enquête, les étudiants ayant travaillé sur le thème de la fatigue ont fait le constat que 80 % des élèves de première année se disent sujets à la fatigue. Les principales sources de fatigue identifiées sont par ordre d’importance: la période de blocus et d’examens (liée à un manque d’organisation, à un planning chargé et à une mauvaise alimentation), les périodes de stages (changements d’horaires, de rythme de travail, de responsabilités), les horaires de cours (cumulés avec le travail à domicile, les trajets, l’adaptation à la vie en kot), la charge de cours (beaucoup plus lourde qu’en secondaire), les problèmes de sommeil (dus au changement d’environnement, aux nouveaux horaires).
De ces constatations, les étudiants tirent comme conséquences un important problème de fatigue mais aussi de stress, d’alimentation déséquilibrée, de sommeil de moindre qualité ou de relations sociales perturbées.
Dès lors, une demande est faite aux professeurs de mieux répartir sur l’année et en dehors des périodes de blocus les travaux demandant un fort investissement personnel, tels que les cours d’initiation à la recherche ou d’éducation pour la santé. Les étudiants sont aussi demandeurs d’une période de blocus plus longue.
Afin de sensibiliser les étudiants futurs à cette problématique, le groupe a réalisé un petit test leur permettant de se situer par rapport à leur sensibilité à la fatigue. Une série de petits conseils pour mieux respecter leurs besoins en sommeil leur est ensuite proposée dans un fascicule.

Le sommeil

Les difficultés de sommeil le plus souvent rencontrées par les étudiants en début d’année sont liées au changement d’environnement (vie en kot, bruit…), au nouveau mode de vie (horaires de cours et stages, fêtes estudiantines, gestion du ménage…), et aux changements dans la vie affective.
Durant les premières semaines, les étudiants devront donc passer par une période d’adaptation pouvant altérer leur sommeil.
Mais d’autres problèmes de sommeil pourront également être rencontrés lors des périodes de blocus, de stages, d’examens, de conflits ou de consommation de produits toxiques.
Il leur sera proposé un prospectus leur rappelant la physiologie du sommeil et quelques conseils leur permettant de mieux gérer leur sommeil tout au long de l’année.
Une activité de sensibilisation aux conditions favorables à un bon sommeil pourra également être proposée aux étudiants dans le courant de l’année scolaire suivante.

L’alimentation

Avoir une alimentation équilibrée pose problème chez nos étudiants de première année. Les causes mises en évidence sont les rythmes scolaires, la fatigue engendrée par les stages, la solitude en kot et le… manque d’imagination.
Les étudiants étrangers relèvent aussi le fait que non seulement ils ont du mal à trouver les aliments de base propre à leur culture mais aussi que par facilité, ils imitent le style de repas des étudiants belges.
La consommation de boissons énergisantes ainsi que celle d’alcool est aussi soulignée.
Pour sensibiliser les futurs étudiants, le groupe imagine la «pyramide alimentaire estudiantine», qui a bien du mal à tenir son équilibre!
Des conseils de base sont rappelés, et un livret de recettes est réalisé en collaboration avec le professeur de diététique: recettes équilibrées, pas chères, vite faites, conviviales.

La vie affective

La vie affective occupe une place importante dans la liste des préoccupations des étudiants. Il est donc apparu nécessaire d’aider les futurs étudiants à gérer les conflits, les changements de vie, les difficultés, tout en maintenant une stabilité dans les études.
Les chiffres de l’enquête révèlent que la pression familiale et les problèmes amoureux génèrent beaucoup de stress et de fatigue chez les étudiants. On peut en déduire une difficulté d’adaptation à la nouvelle vie estudiantine tant du côté des parents que des étudiants.
En effet, de nombreux changements familiaux et sentimentaux sont rencontrés au cours de la première année: les jeunes quittent le cocon familial pour prendre en charge les responsabilités de la gestion du quotidien, certains délaissent leur vie amoureuse pour se consacrer exclusivement aux études… ou inversement!
Les étudiants participant très activement aux fêtes estudiantines constituent une minorité.
Un grand nombre d’étudiants attend de l’école des activités organisées pour et avec eux. Celles-ci viseraient à favoriser de nouvelles rencontres qui remplaceront les amitiés perdues suite au changement d’orientation et de situation géographique. Ils sont demandeurs d’un accès à Internet au sein de l’école pour leur permettre de rester en contact avec leurs proches.
Ils proposent à l’école d’organiser le jour de la rentrée académique une conférence présentée par le Planning Familial «Exposition plaisir d’amour» et de terminer la journée par le partage d’un repas et une visite de la ville de Namur.
L’objectif de cette activité est de sensibiliser les étudiants à l’importance d’une bonne santé affective pour mener à bien leurs études, et de favoriser les nouvelles rencontres entre étudiants.
Une seconde journée récréative est proposée après la session de janvier. Il s’agit de la visite du musée Notre Dame à la Rose, qui leur permettra à la fois de découvrir les origines du métier d’infirmier et de se rencontrer en dehors du cadre scolaire pour se détendre et partager leurs motivations et leurs déceptions après la première session d’examens.
Enfin, il leur sera proposé un fascicule reprenant une série de petits conseils destinés à mieux vivre leur vie affective de jeune étudiant: comment garder ses anciens amis, créer de nouvelles relations, maintenir de bon contacts avec sa famille, gérer les relations amoureuses…

L’activité physique

L’entrée dans le supérieur et le changement de milieu entraînent une diminution de l’activité physique. Très peu d’étudiants continuent leur sport. Le besoin est pourtant crucial et la recherche d’un équilibre entre l’étude livresque et le stress des situations de vie vécues en stage est fondamental.
Nos étudiants ont envie de bouger. Ils demandent la possibilité d’accéder aux infrastructures sportives déjà existantes et rappellent que certaines mutuelles interviennent actuellement dans la pratique d’un sport. Ils mettent aussi l’accent sur la prévention des dorsalgies, pathologie fréquente dans notre profession.

Toutes ces constatations et propositions ont été présentées de façon ludique et amusante aux membres de la direction, aux professeurs, aux membres du PSE.
Une idée concrète est avancée par les étudiants pour le suivi du projet: avec l’aide du PSE, les étudiants de l’année prochaine se verront sensibiliser et aider régulièrement. Mois après mois, une thématique sera développée, des panneaux attireront l’attention des étudiants, des brochures déjà réalisées dans le cadre de ce projet seront distribuées et des fascicules mis à leur disposition. Le souhait est émis que la cellule PSE soit régulièrement présente dans nos locaux, afin que les étudiants qui le souhaitent puissent en bénéficier.
Gwenaëlle Cliquet et Marie Madeleine Van den Abeele , Maîtres-Assistants
Adresse des auteurs: Haute Ecole de Namur, rue Louis Loiseau 39, 5000 Namur. Internet: http://www.henac.be .