Décembre 2006 Par Dominique DOUMONT K. VERSTRAETEN Y. GOSSIAUX Outils

«Partie d’une maison ou d’un immeuble où on habite», voici la définition du logement selon le dictionnaire (1). Cette définition brève et froide cache pourtant une réalité complexe recouvrant une multitude d’aspects physiques, géographiques, sociaux, psychologiques et culturels.
Cette bibliographie commentée explore le lien entre le logement et la santé. En effet, divers problèmes sanitaires trouvent leur origine dans le logement et sa qualité.
Du point de vue de la santé physique, les agents allergènes (comme les acariens, les moisissures, les blattes), les produits toxiques présents dans les maisons (le plomb, les pesticides, les solvants, le radon, la fumée de tabac…) sont responsables d’intoxications, d’infections respiratoires ou encore d’asthme. Des facteurs comme l’humidité, la température ou la qualité du logement, l’agencement de l’espace, les nuisances sonores peuvent également avoir un effet négatif sur la santé. Cet effet peut se traduire par des infections diverses, des accidents domestiques ou avoir pour conséquence des abus de médicaments.
En ce qui concerne la santé mentale, les caractéristiques de l’environnement immédiat du logement sont les principaux facteurs à l’origine de troubles psychologiques comme l’anxiété, la dépression… En effet, on ne saurait limiter le logement à un abri contre les intempéries. Il représente surtout un endroit protégé, sécurisant, un territoire privé et personnalisé, nécessaire à la construction psychologique et identitaire harmonieuse d’une personne.
Les intervenants sociaux et sanitaires, à travers la pratique de terrain auprès des sans-abris et des populations précarisées, témoignent d’ailleurs de l’influence du logement sur l’image de soi, les relations sociales et familiales et la qualité de vie.
Des experts de l’OMS, dans un document de référence récent, proposent de définir un «habitat favorable à la santé» comme «un habitat qui assure les circonstances nécessaires et suffisantes à la santé mentale et sociale, à la sécurité, à l’hygiène, au confort et à l’intimité. Un habitat favorable à la santé n’est cependant pas qu’une simple construction: il est plus que le lieu résidentiel d’un ménage qui accumulerait tous les critères et les normes constructives, toutes les connaissances mobilisées au fil de siècles de construction de logements et d’aménagement de leurs environnements proches». (2)
Toutes les facettes du lien complexe entre la santé et l’habitat ne seront pas abordées dans cette bibliographie commentée: le Sick Building Syndrom (excès de plaintes et de symptômes survenant chez une partie des occupants de bâtiments non industriels), la problématique du départ du logement et entrée en institution pour les personnes âgées et le concept de ville-santé se seront pas illustrés.
En interrogeant la base de données DOCTES avec le mot-clé «logement» (la notion de santé ne doit pas spécifiquement être introduite puisque la base de données est consacrée à la promotion de la santé), on trouve 497 références. Parmi celles-ci, n’est retenue et présentée ci-dessous qu’une sélection de documents récents (1999-2005), qui illustrent en français et de manière pertinente la thématique. Pour obtenir davantage d’informations sur ce thème, interrogez la base de données DOCTES en ligne sur le site http://www.md.ucl.ac.be/doctes . Les documents que vous y trouverez ainsi que ceux présentés ci-dessous, peuvent être consultés ou empruntés au RESOdoc, Service de documentation de l’Unité UCL-RESO (3). GOENS F., LOUTERMAN D., CHERBONNIER A. (2005) A Bruxelles, le porte à porte pour éduquer à la santé in La Santé de l’Homme, n°380, novembre – décembre, pp. 4-6. COTE RESO S. 02
Depuis 2001, l’action Santé & Environnement se déroule à Bruxelles, dans le quartier défavorisé des Marolles. Dans cette action, des professionnels de la santé et du social travaillent ensemble à améliorer les conditions de vie en matière de santé et d’environnement. Sur base d’un diagnostic établi par les habitants eux-mêmes, des outils sur mesure ont été créés de manière à informer la population, dans un langage adapté (ce quartier est habité par un public qui est peu familiarisé avec l’écrit, maîtrise mal le français ou est parfois illettré), des dangers de l’habitat insalubre, de la présence de plomb notamment. Ces outils sont utilisés en équipe par les médecins, assistantes sociales et autres intervenants, qui effectuent des visites à domicile. DE SPIEGELAERE M. (2005) Santé et habitat: réflexion à propos d’une tentative d’approche multiple et sectorielle in Promotion & Education, Suppl. 3, pp. 23-27. COTE RESO H.01
La nécessité d’une approche intersectorielle «santé-habitat» fait l’objet d’un consensus tant pour la population impliquée que pour les intervenants ou les décideurs politiques. Dans cet article, les processus d’articulation des différents secteurs impliqués dans 6 projets «santé–environnement» développés au niveau local ou régional, dans la région de Bruxelles-Capitale sont analysés. L’article montre que la question de l’intersectorialité se pose différemment, d’une part, au niveau local et régional et, d’autre part, selon les modèles conceptuels sous-jacents aux projets.
En effet, on constate que le secteur initiateur d’un projet impose son modèle, sa logique et son expertise, ce qui entraîne des difficultés pour impliquer de manière active les autres secteurs concernés. L’articulation d’approches verticales, spécialisées et d’approches généralistes ou globales se réduit trop souvent à l’intégration d’aspects spécialisés dans l’action généraliste. L’analyse des différents projets montre l’absence de prise en compte de la globalité et de la complexité des interactions entre les multiples aspects de la vie par les acteurs spécialistes, ici environnementaux, dans l’articulation avec d’autres secteurs. Enfin, le maintien dans le temps d’approches globales et multiples est hypothéqué par la non-reconnaissance et l’absence de financement des interventions portant sur de multiples aspects de la vie. Union des Mutuelles Libres (2005) Votre maison respire la santé, Bruxelles, 13 p. COTE RESO BS.12
Nous passons en moyenne 85 % de notre temps à l’intérieur dont 75 % environ dans notre propre maison. Un habitat sain est par conséquent extrêmement important. Nous n’en sommes généralement pas conscients mais l’air de nos maisons est souvent plus pollué que l’air extérieur. Des tas de facteurs peuvent l’expliquer. Cette brochure propose des conseils clairs et faciles à mettre en œuvre pour optimiser le bien-être et le confort domestiques dans un logement sain. Il y est notamment question des causes et des conséquences de la pollution domestique, de la manière de ventiler, de la qualité de l’environnement et de divers trucs et astuces pour maintenir le logement dans une qualité optimale. (2004) Recherche–action « Santé et Habitat ». L’apport des généralistes. Rapport Final. Collaboration entre les médecins généralistes bruxellois et l’Observatoire de la santé et du social (septembre 2002-juin 2004) consulté sur Internet en septembre 2005 à l’adresse http://www.observatbru.be/nl/Sante/Rapport_RA_2004.pdf Cote RESO WC.03.04.05
Les médecins généralistes, qui prodiguent des soins de première ligne au domicile des patients, sont confrontés très régulièrement à des problèmes de santé causés ou aggravés par la mauvaise qualité du logement. Les informations qu’ils peuvent recueillir auprès de leurs patients, par leurs examens et par l’observation des logements sont particulièrement précieuses pour mieux comprendre les problèmes concrets qui se posent à Bruxelles et quelles réponses y apporter. C’est pourquoi l’Observatoire de la Santé et du Social a développé de 2003 à 2004 une recherche-action avec des généralistes bruxellois dans le domaine de l’habitat. Un groupe de médecins généralistes s’est investi dans un projet de pratique autour de l’intoxication au plomb: ils ont appris à mieux connaître les facteurs de risque, les manifestations cliniques de l’intoxication au plomb et les techniques de dépistage et de traitement. Le deuxième groupe a mis en évidence une série de problématiques liées à l’aménagement des logements des personnes âgées et les liens étroits et réciproques entre la santé mentale et l’état du logement. Dans les deux cas, les généralistes «acteurs et chercheurs» ont tenté de mieux identifier les problèmes concrets auxquels sont confrontés leurs patients, les collaborations qui seraient indispensables pour y faire face ainsi que la manière dont ils pouvaient inclure l’observation du logement ou le dépistage de l’intoxication au plomb dans leur pratique quotidienne. «Ensanter» l’habitat, in Santé Conjuguée, n°18, pp.18-116. Cote RESO C.02
Ce cahier du périodique Santé Conjuguée contient 24 articles dédiés au rapport entre la santé et l’habitat. Il s’intéresse d’abord aux problèmes plus spécifiquement médicaux, matérialisés par la pollution intérieure et ses nuisances. Différents agents de pollution intérieure sont analysés et les projets «Sandrine» (au niveau européen), «Ambulances vertes», et «Hector» (pour la Belgique) sont présentés. Ensuite, il présente la réflexion de quelques architectes sensibilisés par l’aspect sanitaire de la construction de logements: comment intégrer une préoccupation santé dans l’architecture? Il termine enfin par la question de l’accès au logement pour deux publics particuliers: les moins aisés et les personnes âgées. Habitat et santé (2004-08) in Bruxelles Santé, n°34, pp. 10-17. Cote RESO: B.12
L’adoption, par le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale, d’une ordonnance ‘portant le Code bruxellois du Logement’ (17 juillet 2003) puis un arrêté ‘déterminant les exigences élémentaires en matière de sécurité, de salubrité et d’équipement des logements’ (4 septembre 2003), a suscité ce dossier de Bruxelles Santé sur le lien entre l’habitat et la santé. L’habitat, c’est-à-dire non seulement le logement en termes immobiliers mais aussi l’environnement immédiat, le voisinage, le quartier. Après un coup d’œil historique sur la politique du logement en Belgique, le dossier consacre un chapitre à l’accès au logement et un autre aux différents problèmes de santé liés à l’habitat: santé physique mais aussi psychosociale. OMS (2004) Habitat et santé: Etat des connaissances. Document de référence. consulté sur Internet en septembre 2005 à l’adresse http://www.euro.who.int/document/HOH/fbackdoc01.pdf , 27 p. COTE RESO WC.03.04.06
Ce document de référence de l’OMS pour la Quatrième Conférence ministérielle sur l’environnement et la santé (Budapest, 24-25 juin 2004) propose une revue de littérature très complète sur les relations entre habitat et santé. Dans une première partie, le document présente un état des connaissances scientifiques concernant l’impact de l’habitat sur la santé mentale à travers le sentiment de protection, le lien social, l’identité et l’altération de la santé mentale.
Il souligne l’influence néfaste du bruit tant au niveau de la santé mentale que cardio-vasculaire. Il traite ensuite de la qualité de l’air intérieur, des accidents domestiques, des moisissures, de l’hygrothermie et de la perception du confort, de l’accessibilité et du plein usage du logement. Il met en lumière, par ailleurs, l’impact que l’habitat peut avoir sur l’obésité ainsi que les aspects socioéconomiques de la consommation domestique d’énergie et l’impact de l’environnement résidentiel immédiat et de la criminalité sur la santé.
Dans une deuxième partie, il présente les premiers résultats du projet LARES ( Analyse approfondie et examen des conditions d’habitat et de santé en Europe). Ce projet a pour objectifs de surveiller et évaluer la qualité du parc de logement de façon holistique; d’identifier les axes permettant d’établir des priorités parmi les différents domaines du logement et de la santé posant problème; de concevoir un outil qui permettrait aux autorités locales d’évaluer le parc des logements existants et l’état sanitaire des populations dans leurs villes ou leurs régions; de produire une banque de données détaillées et de développer des directives et des recommandations permettant de définir des politiques adaptées. Ce document conclut sur l’importance de la prise de conscience de l’impact de l’environnement bâti pour la santé humaine.
Karine Verstraeten , Yvette Gossiaux , Dominique Doumont , Université catholique de Louvain, Ecole de santé Publique, Unité RESO, Service RESOdoc (1) Larousse, édition 1994
(2) OMS (2004) Habitat et santé: Etat des connaissances. Document de référence. consulté sur Internet en septembre 2005 à l’adresse http://www.euro.who.int/document/HOH/fbackdoc01.pdf , 27 p.
(3) Service RESOdoc UCL-RESO Avenue Mounier 50 Centre faculté –1, 1200 Bruxelles 02/764 50 37.
DOCTES est une base de données partagée, certaines références peuvent provenir de centres partenaires du réseau WebDOCTES (Cultures & Santé, NADJA asbl, Parthages, PMS-PSE COCOF, Prospective Jeunesse, CLPS Bruxelles)