Janvier 2009 Par G.-C. JOURDAN Initiatives

L’asbl ‘Sida-MST Charleroi’ est active depuis 1988 et a étendu depuis 2 ans son action à la région de Mons. Elle s’appelle d’ailleurs aujourd’hui ‘Sida-IST Charleroi-Mons (asbl)’.
Son travail est la prévention de l’infection par le VIH et autres IST, en particulier au sein de publics défavorisés.
Elle est subventionnée par la Communauté française de Belgique et par la Région wallonne par le biais du système des emplois APE. L’asbl est aussi soutenue par les CPAS et villes de Charleroi et de Mons.
Elle est composée d’une équipe pluridisciplinaire: médecins, éducateur, assistantes sociales, travailleuse sociale, secrétaire. Elle propose un accueil, une écoute téléphonique et des échanges par Internet (chat, courriel…).
Elle s’adresse à tous les publics: population générale, population précarisée, migrants, jeunes, hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, personnes infectées par le VIH, usagers de drogues, personnes se prostituant. Les objectifs de travail et les stratégies sont adaptés en fonction du facteur de vulnérabilité de chaque public (discrimination, marginalisation, précarité économique, sociale, psychologique).
Pour la population générale, ses activités sont principalement des actions de visibilité reconduites d’année en année, comme l’action du 1er décembre, la campagne d’été, la Saint-Valentin, le Salon Erotix … Elle propose aussi des animations au sein du Resto du Cœur et dans les services de formation professionnelle de Charleroi et de Mons.
‘Sida-IST Charleroi-Mons’ est en contact avec les centres d’accueil de candidats réfugiés, car beaucoup de migrants découvrent leur séropositivité pendant leur séjour dans ces centres. C’est l’occasion d’un travail de promotion de la santé, et plus particulièrement de prévention des IST.
Un des endroits où l’asbl peut nouer de nouvelles rencontres est le milieu associatif culturel. Par des séances d’information, des actions ponctuelles ou tout simplement par une simple présence, des contacts individuels ou collectifs s’établissent et permettent de développer des projets plus conséquents. Sur le terrain, les night-shops, les cabines téléphoniques et les bars dans le milieu africain sont des lieux stratégiques pour la prévention. L’asbl investit également le milieu associatif maghrébin et turc.
La prévention dans le public jeune se concrétise essentiellement au travers des animations en milieu scolaire ou extra-scolaire, des activités de visibilité (par exemple dans les festivals d’été, les soirées) et des activités récurrentes telles que le 1er décembre et la Saint-Valentin, les portes ouvertes dans les écoles, le salon de la jeunesse à La Louvière, etc.
A Mons, l’asbl élargit ses contacts en participant aux réunions inter-quartiers et de coordination sociale dans les différentes entités pour se faire connaître vu sa récente implantation dans la ville.
Elle suscite, soutient et développe des projets à l’initiative des jeunes fréquentant les structures du secteur de l’Aide à la Jeunesse (maisons de jeunes, AMO, IPPJ…).
Facilité d’action et d’anonymat font d’Internet un endroit privilégié d’échange, de drague et de rencontre. L’asbl est présente sur les sites de rencontre et échange avec les tchatteurs en glissant un message de prévention.
Pour le public d’usagers de drogues, elle participe au projet «Drogues, risquer moins» visant à diffuser des informations de réductions des risques en milieu festif. Concrètement, des stands d’information sont installés lors de soirées avec la mise à disposition de brochures informatives et du matériel afin de limiter les risques liés à la consommation de drogues.
L’ensemble de ses activités pour les personnes infectées par le VIH s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la ségrégation et la promotion d’une solidarité envers les personnes séropositives. Chaque année, ‘Sida-IST Charleroi-Mons’ organise une journée de réflexion à l’intention des personnes concernées par la prévention, le traitement du VIH/sida et des infections sexuellement transmissibles.

Tables rectangulaires

Le fondateur ‘historique’ de l’asbl ‘Sida-IST Charleroi-Mons’, le Dr Jean-Claude Legrand , a eu la bonne idée de proposer une journée d’échanges entre les acteurs de la prévention et de la prise en charge et les politiques d’une part le matin, et la presse d’autre part l’après-midi, pour célébrer les 20 ans de son institution.
Il y a avait deux tables rondes (en fait elles étaient rectangulaires!) au menu du 18 novembre dernier.
Le matin, trois représentants des partis démocratiques francophones (il manquait le CdH) ont eu l’occasion d’exprimer leur sensibilité sur la question, et aussi leur perception du rôle qu’ils peuvent jouer pour faire progresser la cause commune.
L’hôte du jour avait préparé pour chacun d’eux une question volontairement provocante, voire ‘populiste’ selon ses propres dires. On a particulièrement apprécié la réponse de la jeune députée fédérale Ecolo, Juliette Boulet , qui a répondu sur le même ton avec beaucoup de finesse, avant d’exprimer avec simplicité et détermination les choix prioritaires de son parti.
Ou encore cette formule heureuse (voulue ou non!) de Jean-Jacques Flahaux (MR), à propos de la chape de silence qui règne toujours maintenant autour des IST, ces ‘maladies sexuellement transmissibles mais non communicables’.
Pour sa part, Joëlle Kapompole (PS) affirma que la prévention est une priorité absolue, tout en déplorant que l’école donne aux élèves une information sur l’appareil reproducteur sans la moindre allusion aux IST.
L’après-midi, ce fut au tour de quatre représentants de la presse d’expliquer leur façon de travailler et les contraintes auxquelles ils doivent faire face au quotidien, et aussi aux participants d’exprimer leurs attentes vis-à-vis des médias. Avec cette frustration paradoxale d’attendre de la presse plus qu’un simple ‘copier-coller’ de communiqués de presse fournis ‘clé sur porte’ tout en craignant un ‘mauvais traitement’ des informations communiquées aux journalistes.
Pierre Dewaele ( Polyhedra , presse médicale) rappela à la salle que tous les medias subissent des pressions diverses qui limitent leur autonomie: il peut s’agir des annonceurs pour la presse gratuite, des pouvoirs publics pour la presse subsidiée, des lecteurs (et donc du ‘marché’) pour la presse payante grand public. Il souligna aussi la différence essentielle entre le souci légitime de communiquer des associations et le devoir déontologique d’information, donc de traitement critique des sources, des journalistes.
Pour sa part Frédéric Soumois ( Le Soir ) expliqua combien il est difficile d’imposer un sujet qui ne génère plus assez de ‘nouveautés’ aux yeux des responsables éditoriaux d’un grand quotidien. Maintenir un peu de bruit autour du sida, ce n’est pas simple pour les travailleurs du social et de la santé qui s’en préoccupent en permanence, c’est tout aussi compliqué pour les journalistes!
Christian De Bock ( Education Santé ) insista sur deux points essentiels à ses yeux: d’abord, associations et journalistes doivent se faire confiance; ensuite le souci de transparence doit les guider dans leurs relations comme dans leurs initiatives.
Thierry Poucet ( Renouer ), qui animait les débats, se félicita de la variété et de la qualité des points de vue, et émit deux suggestions intéressantes comme suivi de la journée: mettre en place une observation ‘objective’ du traitement du sida et des IST dans les médias, et organiser des rencontres périodiques entre secteur préventif tous domaines de santé publique confondus et journalistes concernés pour mieux se comprendre et collaborer dans le respect de l’autonomie de chacun.
Gilles C. Jourdan