Septembre 2015 Par Christian DE BOCK Données

L’Enquête de santé par interview 2013, deuxième épisode

[D’après les résumés des rapports de l’enquête]

Pour mieux décider des orientations à donner à leurs politiques, les ministres responsables de la santé publique en Belgique aux niveaux fédéral, régional et communautaire ont commandité en 2013 l’organisation d’une cinquième enquête de santé. Par souci de cohérence et d’économie d’échelle, ils ont décidé de réaliser en commun cette enquête et ont pour ce faire mandaté une seule et même institution. L’organisation de cette enquête de santé publique a été confiée à l’Institut Scientifique de Santé Publique (WIV-ISP). Après un rapide survol des principaux résultats la fois dernièreNote bas de page, voici un résumé de la partie concernant les comportements de santé et les styles de vie.

Consommation d’alcool

  • 82% de la population (de 15 ans et plus) consomme des boissons alcoolisées, un chiffre resté stable dans le temps.
  • 14% de la population boit quotidiennement de l’alcool, un taux en constante progression (8% en 1997).
  • 6% de la population a tendance à boire trop, soit plus de 14 verres de boissons alcoolisées par semaine pour les femmes et de 21 verres par semaine pour les hommes, un comportement toutefois en déclin par rapport à 2001-2008 (8-9%).
  • 8% de la population présente un comportement hebdomadaire d’hyper-alcoolisation, c’est-à-dire une consommation de 6 boissons alcoolisées ou plus en une même occasion. Le cas échéant, le temps moyen au cours duquel les 6 boissons alcoolisées sont bues est de 5 heures.
  • Au cours des 12 mois précédant l’enquête, 5% de la population a eu au moins un épisode d’ivresse ponctuelle, c’est-à-dire le fait de consommer 6 boissons alcoolisées en 2 heures de temps.
  • Les hommes sont plus enclins que les femmes à avoir un comportement à risque en matière de consommation d’alcool, comme l’hyper-alcoolisation hebdomadaire (13% H > 4% F), l’ivresse ponctuelle (9% H > 1% F) et une consommation problématique de l’alcool (15% H > 6% F).
  • Le profil de consommation varie avec l’âge. Les jeunes (15-24 ans) qui boivent ont tendance à concentrer leur consommation alcoolique sur peu de jours de la semaine et boivent en peu de temps – à l’occasion des sorties probablement – tandis que les adultes en vieillissant étalent leur consommation sur plusieurs jours, voire sur tous les jours, de la semaine et boivent à un rythme moins soutenu.

Consommation de tabac

  • En 2013, on compte 23% de fumeurs dans la population (de 15 ans et plus): 19% de fumeurs quotidiens et 4% de fumeurs occasionnels.
  • La diminution du taux de fumeurs s’est ralentie entre 2008 (25%) et 2013 (23%), mais avec le recul de 15 années, on perçoit bel et bien une baisse constante des taux: 30% en 1997, 29% en 2001, 28% en 2004.
  • Les fumeurs quotidiens consomment 16 cigarettes par jour en moyenne et 6% des citoyens sont considérés comme étant de grands fumeurs (20 ou plus de 20 cigarettes par jour). Un fumeur quotidien sur dix présenterait une forte à très forte dépendance au tabac. En outre, 71% des fumeurs quotidiens disent avoir déjà tenté de renoncer au tabac.
  • Le tabagisme reste une habitude plus courante parmi les hommes (26% de fumeurs contre 20% chez les femmes), une habitude qui s’acquiert dès l’adolescence (90% des fumeurs ont commencé à fumer régulièrement avant l’âge de 21 ans) et qui persiste dans la durée (les fumeurs ont fait un usage quotidien du tabac pour une durée moyenne de 21 années). Le tabagisme participe surtout d’un style de vie des classes sociales n’ayant pas eu accès à une éducation de type supérieur.

Consommation de drogues

  • 15% de la population âgée de 15 à 64 ans a déjà consommé du cannabis (haschisch ou marijuana), 5% en a consommé au cours des 12 mois précédant l’enquête (usagers récents) et 3%, au cours des 30 jours précédents.
  • 12% des jeunes de 15-24 ans (14% des garçons et 10% des filles) et 8% des jeunes adultes de 25-34 ans (4% des jeunes femmes et 12% des jeunes hommes) sont des usagers récents (depuis moins de 12 mois) de cannabis.
  • 4% de la population (15 – 64 ans) a déjà expérimenté une autre substance que le cannabis (par exemple cocaïne, amphétamines, opiacés, héroïne) et une personne sur cent en aurait consommé au moins une fois au cours des 12 mois précédant l’enquête.
  • C’est dans la tranche d’âge des 25-34 ans que l’usage de ces autres drogues (que le cannabis) est le plus souvent rapporté: 8% en ont déjà fait l’expérience au moins une fois dans leur vie et 2% en ont fait un usage récent.
  • Les tendances en matière de consommation de cannabis et des autres drogues sont stables, voire en diminution dans le temps. Par contre, on consomme le cannabis à un âge plus précoce en 2013 que cela n’a été le cas en 2008.

Activités physiques

  • À peine 36% de la population (de 15 ans et plus) consacre au moins 30 minutes par jour à la pratique d’activités physiques modérées ou intenses (ce seuil correspond aux recommandations dans ce domaine).
  • En outre 28% de la population ne pratique aucune activité physique de loisir (ce qui constitue un facteur de risque en matière de santé).
  • Les hommes pratiquent plus d’activités physiques que les femmes.
  • Les personnes sont de moins en moins actives au fur et à mesure que l’âge augmente (ceci est d’autant plus marqué chez les 75 ans et plus).
  • Les personnes avec un faible niveau d’éducation représentent un groupe à risque en ce qui concerne la pratique d’activités physiques.
  • La pratique d’activités physiques est plus répandue en Région flamande.
  • La situation dans ce domaine ne s’est pas vraiment améliorée depuis 1997, et certainement pas au cours des cinq dernières années. On note toutefois en Flandre et à Bruxelles une baisse de la prévalence des activités sédentaires (de loisir).
  • La promotion de la pratique d’activités physiques doit donc rester une priorité.

Surpoids et obésité

  • Le Belge est, en moyenne, trop gros (indice de masse corporelle =25,4).
  • Près de la moitié (48%) de la population adulte (de 18 ans et plus) est en surpoids et 14% est obèse.
  • Plus d’hommes (55%) que de femmes (42%) souffrent de surpoids.
  • Le surpoids et l’obésité augmentent en proportion avec l’âge (jusqu’à 74 ans).
  • Un jeune sur 5 (de 2-17 ans) est en surpoids et 7% des jeunes de cet âge souffrent d’obésité.
  • Les personnes moins instruites sont plus à risque de surpoids et d’obésité.
  • Tant l’IMC moyen que le pourcentage d’adultes (18+) en surpoids et obèses ont régulièrement augmenté depuis 1997; le pourcentage de jeunes (2-17 ans) en surpoids est plus élevé en 2013 par rapport à 1997.
  • Cette augmentation de la proportion des personnes en surpoids et souffrant d’obésité dans la population constitue dès lors un signal à l’attention des autorités, qui doivent mieux intégrer dans leur politique de santé la promotion d’une alimentation saine et la pratique d’activités physiques.

Habitudes nutritionnelles

  • Les habitudes alimentaires des Belges ne sont certainement pas optimales. Seuls 12% des Belges (de 6 ans et plus) consomment 5 portions de fruits et légumes par jour.
  • Les jeunes (15-24 ans) sont les plus grands consommateurs de boissons sucrées, en particulier les jeunes hommes: presque 1 homme sur 2 dans ce groupe d’âge en consomme quotidiennement.
  • Les enfants (0-14 ans) sont les plus grands consommateurs de collations sucrées ou salées: 55% en consomment quotidiennement.
  • Près de deux tiers de la population consomme quotidiennement des produits laitiers ou des substituts à base végétale enrichis en calcium.
  • À peu près la moitié de la population (âgée de 6 ans et plus) consomme la quantité journalière recommandée d’eau, soit minimum 1 litre.
  • Presque quatre Belges sur cinq ont la bonne habitude de prendre un petit-déjeuner chaque matin.
  • Les femmes et les personnes avec un niveau d’instruction élevé ont généralement de meilleures habitudes alimentaires.
  • Les habitudes alimentaires sont plus favorables en Région bruxelloise et dans les zones urbaines.
  • Des campagnes de promotion récurrentes sur les habitudes alimentaires saines sont nécessaires.

Santé bucco-dentaire

  • On observe au cours des dernières années une amélioration progressive en ce qui concerne la santé bucco-dentaire; il y a notamment une baisse du nombre de personnes qui n’ont plus dents et du nombre de personnes qui portent une prothèse dentaire.
  • De plus en plus de gens prennent soin de leurs dents: en effet, presque 6 belges sur dix brossent leurs dents au moins deux fois par jour.
  • Un Belge sur six a des difficultés pour mâcher des aliments durs.
  • La santé bucco-dentaire est un des domaines où les inégalités sociales en matière de santé sont les plus marquées. Les personnes avec le niveau d’éducation le plus faible cumulent en effet toute une série de problèmes: elles sont plus nombreuses à ne plus avoir de dents, à avoir une prothèse dentaire ou à avoir des difficultés pour mâcher des aliments durs; elles brossent également leurs dents moins fréquemment.

Santé sexuelle

L’enquête de santé de 2013 s’est efforcée d’examiner deux comportements sexuels à risque dans la population âgée de 15 à 64 ans: la précocité sexuelle et le mutipartenariat récent.Les analyses montrent qu’au niveau national:

  • les hommes sont plus nombreux à avoir eu dans l’année plusieurs partenaires sexuel(le)s;
  • les jeunes sont plus nombreux à avoir eu dans l’année plusieurs partenaires sexuel(le)s;
  • les personnes moins scolarisées déclarent plus souvent avoir eu des relations sexuelles précoces;
  • le fait d’avoir plusieurs partenaires dans l’année est plus fréquent en Région bruxelloise, puis en Région wallonne, suivi de la Région flamande.

Les pratiques contraceptives ont aussi été examinées parmi les femmes sexuellement actives âgées de 15 à 54 ans:

  • la pratique contraceptive est largement répandue en Belgique;
  • les femmes moins scolarisées utilisent moins souvent un moyen de contraception;
  • la pilule est le moyen de contraception le plus populaire en Belgique, mais son utilisation a baissé entre 2001 et 2013 au profit du stérilet et du patch ou de l’anneau vaginal;
  • de même le recours à la contraception irréversible (stérilisation) est aussi en baisse;
  • par contre, le recours à la contraception d’urgence (pilule du lendemain) a augmenté, même si son utilisation reste très minimale en Belgique.

Référence

Gisle L., Demarest S. (ed.) Enquête de santé 2013. Rapport 2: comportements de santé et style de vie. Résumé des principaux résultats.

Nous avons publié les résultats principaux des 5 rapports sur notre page Facebook. Le rapport complet avec l’analyse des résultats, de même que le rapport succinct, peuvent être consultés sur le site web de l’Enquête de santé à l’adresse http://his.wiv-isp.be/fr.

HISIA, le site web interactif

Les chercheurs et le public peuvent effectuer eux-mêmes certaines analyses via le site web interactif de l’Enquête de santé, à l’adresse http://hisia.wiv-isp.be. Les procédures à suivre pour réaliser des analyses sont expliquées sur le site.L’utilisation de ce site est très simple et ne nécessite pas de connaissance approfondie en statistique. Le type d’analyses pouvant être effectuées est toutefois limité. Il s’agit essentiellement de prévalence, de distribution ou de moyennes pour une série d’indicateurs et ce en fonction de deux ou trois paramètres (comme l’âge, le sexe, etc.).Les résultats obtenus sont pondérés pour être représentatifs de la population belge; par contre, ils ne sont pas standardisés pour l’âge ou pour le sexe.

Voir De Bock C., L’enquête de santé par interview, Éducation Santé n° 313, juillet-août 2015.