Novembre 2014 Par Christian DE BOCK Initiatives

Reprendre le contrôle. Vers de nouvelles manières de réglementer le marché des drogues

Le nouveau rapport de la Global Commission on Drug Policy (Commission globale de politique en matière de drogues) reflète une évolution intéressante dans la pensée des membres de la commission et donne des pistes aux Etats pour développer des voies alternatives à la prohibition des drogues.Ce rapport bénéficie de soutiens de poids: Kofi Annan, Richard Branson, George Shultz, Paul Volcker et d’autres se sont joints aux anciens présidents du Brésil, du Chili, de la Colombie, du Mexique, de la Pologne, du Portugal et de la Suisse pour ce plaidoyer en faveur d’un changement radical des politiques en matière de drogues.Le fondateur de Virgin déclarait: «Nous ne pouvons pas continuer à prétendre que la guerre aux drogues fonctionne.» Et Richard Branson d’ajouter: «Nous avons besoin que nos dirigeants s’intéressent aux alternatives, aux approches basées sur des faits scientifiques. Nous pouvons apprendre beaucoup des succès et des échecs de la régulation de l’alcool, du tabac ou des médicaments. Les risques associés à la consommation des drogues augmentent, parfois de façon spectaculaire, quand elles sont produites, vendues et consommées dans un environnement criminel non régulé. Le moyen le plus efficace pour faire avancer les objectifs de la santé et de la sécurité des personnes est d’obtenir des drogues sous contrôle grâce à une régulation légale et responsable».La commission apporte par ce biais sa contribution à la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies (SEAGNU) sur les drogues qui aura lieu en 2016, qui représente une opportunité pour instaurer les bases d’un nouveau régime de contrôle des drogues pour le 21e siècle.

Sept recommandations

  • Allouer les ressources consacrées à la répression à des interventions sanitaires et sociales ayant fait leurs preuves. Les dépenses consacrées aux mesures punitives contreproductives devraient cesser, alors que celles consacrées aux mesures éprouvées de prévention, de réduction des risques et de traitement devraient augmenter pour couvrir les besoins.
  • Assurer un accès équitable aux médicaments essentiels, en particulier les analgésiques à base d’opiacés.
  • Décriminaliser l’usage simple ou la possession pour consommation personnelle.
  • Repenser les alternatives à l’incarcération pour les délits non violents liés au trafic.
  • Réduire le pouvoir des organisations criminelles et de la violence et insécurité engendrées par la concurrence entre elles.
  • Permettre et appuyer les essais dans des marchés légalement réglementés de drogues actuellement interdites, en commençant par le cannabis, la feuille de coca et certaines nouvelles substances psychoactives.
  • Profiter de l’occasion offerte par la SEAGNU de 2016 pour réformer le régime mondial actuel des politiques en matière de drogues.

Soutien francophone

Des associations des pays francophones européens investies dans le champ de la réduction des risques soutiennent les recommandations de ce rapport et saluent sa parution en langue française. Elles demandent au monde politique et à la société civile de se saisir de ses conclusions pour entamer un débat sur les alternatives possibles de la ‘guerre à la drogue’, dont l’échec est maintenant évident sur l’ensemble de la planète.L’AFR (‘Réduisons les risques liés à l’usage de drogues’) est un collectif d’acteurs engagés et rassemble des militants, des professionnels, des bénévoles, des usagers, des structures et des réseaux. Elle vise à promouvoir et à défendre la réduction des risques liés à l’usage de drogues.La Fédération Addiction est un réseau au service des professionnels qui accompagnent les usagers dans une approche médico-psycho-sociale et transdisciplinaire des addictions. Elle fédère 205 personnes morales représentant plus de 700 établissements, services et 420 personnes physiques.Le GREA (Groupement romand d’étude des addictions) est une association réunissant des personnes dont l’engagement professionnel ou l’intérêt sont liés aux addictions. Il compte plus de 400 membres individuels et de nombreuses institutions de Suisse romande.La FEDITO BXL fédère 25 institutions actives en Région de Bruxelles-Capitale dans l’information, la prévention, la réduction des risques, les soins et l’accompagnement relatifs aux consommations de substances psychoactives et aux addictions.