Février 2016 Par Chantal VANDOORNE Stratégies

Le Conseil supérieur de promotion de la santé a été pendant 18 ans l’organe d’avis de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour toute question relative à la promotion de la santé et aux compétences relatives à la santé confiées à la Fédération par les lois des 8 août 1980, 16 janvier 1989 et du 19 juillet 1993. Aujourd’hui il tient sa dernière séance puisque ces compétences sont désormais exercées par la Région wallonne et la Commission communautaire française de la Région de Bruxelles-Capitale pour certaines d’entre elles et pour d’autres, par l’Office de la Naissance et de l’Enfance pour la Fédération Wallonie-Bruxelles.Depuis 1997, le Conseil a été renouvelé trois fois. Chacune de ces quatre assemblées était remarquable par la diversité de sa composition, qui amenait un précieux croisement d’expertises: acteurs associatifs, fédérations ou associations professionnelles, acteurs publics et administrations, mutuelles, universités, associations d’usagers, professions de santé mais aussi professions du social ou du monde éducatif.Par sa composition, par sa constance dans la volonté d’organiser les échanges, de faire émerger les enjeux et de confronter les positions, par ses avis à la demande ou d’initiative, on peut dire que le Conseil a contribué à tisser une toile de fond pour la promotion de la santé, laissant aux acteurs la responsabilité d’y broder des activités de qualité. Les outils du Conseil s’appelaient: commissions et documents de référence pour analyser les demandes de subventions pour les actions, pour les recherches, pour les cadastres et enquêtes socio-épidémiologiques; démarche créative pour analyser et guider les productions audio-visuelles; définition de priorités et de processus porteurs pour développer la promotion de la santé; avis sur des thèmes sensibles en matière de prévention et vigilance quant aux projets législatifs.Le Conseil a eu à cœur de mener des réflexions de fond sur une série de thèmes fondamentaux pour la promotion de la santé: inégalités sociales de santé, critères pour recommander des dépistages, risques de marchandisation de la prévention, santé dans toutes les politiques, dynamiques ascendantes et empowerment.Par-dessus tout, le Conseil était peut-être une des rares tribunes officielles pour dénoncer le sous-financement abyssal de la prévention par rapport au curatif, pour réaffirmer l’importance d’un investissement des politiques publiques dans la prévention, la promotion de la santé et l’éducation pour la santé, et suggérer des pistes pour remédier aux nombreuses lacunes en la matière.Au moment de passer le témoin à de nouveaux gestionnaires et à de nouveaux organes consultatifs, le Conseil souhaite formuler six pistes pour le développement futur de la promotion de la santé.Le Conseil estime qu’une politique globale, cohérente et efficiente de promotion de la santé doit se construire sur un socle spécifique de dispositifs, de services, d’acteurs, de compétences qui occupent une place reconnue dans le système de santé ou dans le système social. L’objectif premier de cette politique doit être la réduction des inégalités sociales de santé. Le continuum ‘promotion de la santé – prévention – soin – accompagnement’ doit être renforcé dans et en dehors du système de santé.Ces politiques de promotion de la santé doivent être financées et implantées dans une optique d’universalité proportionnée. Il faut créer, en prévention et promotion de la santé, un socle de services universels, mais aussi soutenir des interventions adaptées aux difficultés de certains groupes de populations. Une attention particulière doit être portée aux personnes vulnérables notamment en raison d’une situation de pauvreté ou de handicap, afin d’accroitre leur accès aux services et de leur permettre d’exercer leur droit à la santé.La prévention et la promotion de la santé visent une action globale sur des facteurs individuels, collectifs et contextuels qui peuvent diminuer ou accentuer cette vulnérabilité, notamment au sein des milieux de vie. C’est pourquoi, la dimension territoriale des inégalités doit être prise en compte. C’est aussi pourquoi il importe de soutenir les actions et les professionnels de proximité, de première ligne.Ces politiques doivent suivre les personnes tout au long de leur vie, car la prévention et la promotion de la santé se construisent à chaque âge. Dans une optique d’efficience des stratégies de réduction des inégalités sociales de santé, l’enfance et les personnes qui entourent les enfants doivent cependant rester des cibles prioritaires, au centre de politiques coordonnées et cohérentes, qui touchent leurs différents milieux de vie.La pertinence et l’efficacité des politiques passent par la mise en œuvre de programmes transversaux fondés sur des priorités clairement identifiées, sur base du croisement des expertises des publics concernés, des professionnels et des scientifiques. L’efficience de ces programmes exige qu’ils impliquent les structures aux différents paliers de l’action publique (du fédéral au local) et dans les différents secteurs d’activités concernés par les déterminants sociaux de la santé. C’est bien la référence à «la santé dans toutes les politiques» qui doit prévaloir.L’amélioration et le transfert des connaissances issues de la recherche et des expériences locales ou internationales, leur articulation avec les savoirs issus de la pratique des professionnels et des populations, sont indispensables au développement d’actions de qualité. Ce socle de connaissances doit être largement diffusé de façon à être compréhensible, utile et utilisable pour les professionnels et les populations.