Janvier 2015 Par Christian DE BOCK Initiatives

En préambule aux 8e rencontres Renaudot à Paris, ‘Construire ensemble: un défi pour vivre mieux’, l’asbl Sacopar (Santé Communauté Participation) a convié une petite trentaine de personnes à une rencontre-débat sur le thème de ‘L’organisation communautaire au Québec aujourd’hui: un retour en arrière de plusieurs décennies? Quelles leçons en tirer?’

Cela s’est passé dans les locaux de Forest Quartiers Santé, un lieu particulièrement bien choisi pour discuter de ce sujet avec l’invité de Sacopar, Pierre Laurence. Cet expert en démarches communautaires et en développement local a longuement travaillé pour la ville de Montréal. Il est actuellement professeur associé à l’Université du Québec à Montréal et chargé de cours à l’Université du Québec en Outaouais, à Gatineau.

En introduisant l’orateur, Martine Bantuelle (Sacopar) posait d’emblée LA question: la promotion de la santé peut-elle être autre chose qu’une forme de résistance vis-à-vis d’un système de santé qui feint de la considérer comme essentielle tout en l’ignorant superbement?

Pierre Laurence nous expliqua ensuite son parcours, ses engagements, sur un ton très doux contrastant avec la violence de ses propos, stigmatisant les dégâts énormes des politiques d’austérité que doivent subir les populations des deux côtés de l’Atlantique.

Il nous narra comment il a pu réussir des mobilisations locales d’habitants de quartiers défavorisés sans aucun esprit militant au départ; il nous expliqua comment les professionnels qui ont l’humilité d’aller vers les gens plutôt que de les faire venir à eux, au risque de perdre leur ‘sécurité’, mettent un maximum d’atouts dans leur jeu; il fustigea les compressions budgétaires que connaît le secteur social au Québec et le caractère pernicieux des financements publics en partenariat avec des fondations privées, ces dernières imposant souvent leurs priorités aux porteurs de projets.

Les leviers de la lutte contre la pauvreté se réduisant comme peau de chagrin, la mobilisation citoyenne s’impose pour réagir face à une situation d’une grande brutalité et à l’insignifiance d’une opposition politique progressiste.

Il ne fallait pas beaucoup d’imagination aux participants pour se retrouver dans les propos de Pierre Laurence et témoigner à leur tour de leurs difficultés (qui vont jusqu’aux licenciements, ici comme là-bas).

Pour tempérer la morosité ambiante, l’invité du jour mit en évidence la richesse du secteur associatif, force alternative qui peut changer les choses. Il se plut à souligner l’importance du volontariat, notamment de travailleurs forcés d’accepter des contrats à temps partiel et désireux d’offrir leur temps pour de nobles causes: par exemple, la gestion de l’espace public en bien commun, ou plus couleur locale, la sauvegarde des bélugas, les baleines blanches du Saint-Laurent menacées par un projet pharaonique de port pétrolier…

Comme pour boucler la boucle, Martine Bantuelle termina la matinée en se félicitant de la qualité et de la variété des enseignements en santé communautaire et en déplorant dans le même temps l’inadéquation de ces qualifications en regard du nombre et de la fragilité des emplois disponibles.