La Chaire Unesco Alimentations du monde est une chaire d’enseignement et de recherche spĂ©cialisĂ©e sur les systĂšmes alimentaires durables. Elle a pour mission d’animer un dialogue entre le monde de la recherche et les diffĂ©rents acteurs investis dans la transformation des systĂšmes alimentaires, et remplit son mandat au travers de diverses activitĂ©s de formation, de recherche-action et de dĂ©cloisonnement/diffusion des savoirs. A l’occasion de son dixiĂšme anniversaire, la Chaire a publiĂ© en 2021 Une Ă©cologie de l’alimentation, un ouvrage collectif co-Ă©crit par une vingtaine de chercheurs et chercheuses de diffĂ©rentes disciplines, qui donne Ă  voir la multidimensionnalitĂ© des enjeux auxquels nos systĂšmes alimentaires contemporains doivent rĂ©pondre, ainsi que plusieurs pistes de rĂ©flexion pour envisager leur transformation.

L’autrice est membre de la Chaure UNESCO Alimentation du monde.

bunch of multi ethnic friends gathered around a table for breakf

Le systĂšme alimentaire industriel, qui domine dans tous les pays dits « dĂ©veloppĂ©s Â», est aujourd’hui plus que jamais remis en question. S’il faut rappeler qu’au siĂšcle dernier, l’industrialisation de l’agriculture, puis le dĂ©veloppement des industries agroalimentaires et de la grande distribution, ont permis de rĂ©pondre en quantitĂ© et en qualitĂ©s (sĂ»retĂ© microbiologique et diversitĂ© des produits) Ă  une demande alimentaire croissante, les problĂšmes posĂ©s par nos modes de production et de consommation contemporains sont dĂ©sormais reconnus. Malnutrition et maladies associĂ©es, mauvaise rĂ©munĂ©ration des producteurs, appauvrissement des sols, Ă©rosion de la biodiversitĂ©, contamination chimique des milieux naturels, etc. : les prĂ©judices sont nombreux.     

De plus, les rĂ©centes crises sanitaire et Ă©nergĂ©tique ont rĂ©vĂ©lĂ© toute la fragilitĂ© de ces systĂšmes industrialisĂ©s et mondialisĂ©s en mettant au jour leur dĂ©pendance aux marchĂ©s internationaux des matiĂšres premiĂšres et de l’énergie, et aux marchĂ©s financiers.(1) En temps de crise, cette dĂ©pendance se traduit notamment par une augmentation des prix des denrĂ©es, pouvant gĂ©nĂ©rer des situations de prĂ©caritĂ© alimentaire ou aggraver des difficultĂ©s prĂ©existantes, rappelant ainsi l’importance de l’enjeu de l’accĂšs de toutes et tous Ă  une alimentation saine et durable.

Face Ă  un tel constat, la transformation des systĂšmes alimentaires est une nĂ©cessitĂ© qu’il convient de conduire au plus vite. Au regard de la singularitĂ© du sujet, nous proposons d’aborder cette transformation en termes d’ « Ă©cologie de l’alimentation Â».

L’alimentation comme vecteur de liens

Si l’acte de manger est vital, l’alimentation a ceci de particulier qu’elle joue une diversitĂ© de rĂŽles au travers desquels elle façonne les individus, la sociĂ©tĂ© et la biosphĂšre.

Tout d’abord, elle est notre principal carburant. C’est au travers de l’alimentation que nous apportons les nutriments nĂ©cessaires Ă  la croissance et au fonctionnement du corps : la malnutrition rĂ©sultant d’un apport nutritionnel en quantitĂ© ou qualitĂ© inadĂ©quates par rapport aux besoins a un impact direct sur notre santĂ©. Mais au-delĂ  de la dimension biologique, manger est un acte pluriel pour tout individu. C’est Ă  la fois une expĂ©rience sensorielle et Ă©motionnelle, une affirmation identitaire, culturelle ou Ă©thique, et un phĂ©nomĂšne d’incorporation imaginaire au travers duquel on ingĂšre autant de nutriments que de significations
 (2) Ces dimensions « extra-biologiques Â» ont au quotidien une influence fondamentale sur nos choix alimentaires et sur notre bien-ĂȘtre.

Ensuite, l’alimentation est l’un des ciments de la sociĂ©tĂ©. Le repas est le moment de partage par excellence, oĂč se vit la convivialitĂ© entre « con-vives Â» et oĂč l’on devient la mĂȘme chair que nos « co-pains Â» (ceux avec qui on partage le pain). En dehors des repas, l’alimentation est un support privilĂ©giĂ© de reconnaissance d’une appartenance commune : les cultures alimentaires, pĂȘle-mĂȘle de savoir-faire et de significations oscillant entre tradition et renouveau, constituent un patrimoine partagĂ©, objet de fiertĂ© et de transmission. Au travers de l’alimentation s’expriment ainsi une myriade de liens sociaux qui contribuent Ă  mailler un « vivre ensemble Â» fĂ©dĂ©rateur.

Enfin, l’alimentation ancre l’humanitĂ© dans le cycle du vivant auquel elle appartient : nous consommons des vĂ©gĂ©taux produits Ă  partir de l’énergie du soleil, des minĂ©raux du sol et du travail des pollinisateurs ; nos aliments sont digĂ©rĂ©s dans notre tractus intestinal par des millions de micro-organismes avec lesquels nous vivons en symbiose (le microbiote) ; notre rapport aux animaux, qui se dessine dans nos pratiques de prĂ©dation, d’élevage, d’abattage ou encore de consommation de viande, reflĂšte la place que l’on se donne en tant qu’humain dans le rĂšgne du vivant (3). Ainsi, nous travaillons – et travaillons avec – la biosphĂšre pour nous nourrir.

Croiser les regards sur l’alimentation

Parler d’alimentation est donc bien plus qu’une affaire de nutriments ou de rĂ©ponse Ă  un besoin biologique. Cela nĂ©cessite d’aborder le sujet avec une approche multidimensionnelle, qui permet de dĂ©passer la seule question de la production de denrĂ©es comestibles pour porter un regard systĂ©mique sur les enjeux agricoles et alimentaires contemporains.

Nous proposons de qualifier d’« Ă©cologie de l’alimentation Â» le nĂ©cessaire dĂ©cloisonnement des regards permettant de saisir la diversitĂ© des relations tissĂ©es par l’alimentation entre individus, sociĂ©tĂ©s et biosphĂšre.

En effet, dans le sens premier que lui a donnĂ© le biologiste Ernst Haeckel au XIXe siĂšcle, l’écologie est une « science des relations Â». C’est une discipline Ă  dimension « intĂ©grative Â», c’est-Ă -dire qu’elle tend Ă  dĂ©velopper une lecture globale des phĂ©nomĂšnes qu’elle Ă©tudie, en s’intĂ©ressant Ă  leurs diffĂ©rentes composantes, aux liens qui les unissent et aux dynamiques qui en rĂ©sultent. De ce point de vue, une « Ă©cologie de l’alimentation Â» traduit bien la volontĂ© d’analyser ensemble la multiplicitĂ© des enjeux de nos systĂšmes alimentaires (environnementaux, socio-Ă©conomiques, de santĂ©, etc.).

Faire de l’alimentation un objet politique

Alors que l’alimentation devrait ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un bien commun (4), car elle nous concerne toutes et tous, tous les jours, nos systĂšmes alimentaires contemporains ne sont pas ancrĂ©s dans la poursuite de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Loin de faire de la santĂ©, de l’équitĂ© ou de la prĂ©servation de l’environnement des prioritĂ©s, ils servent au contraire le profit Ă©conomique d’une poignĂ©e d’acteurs privĂ©s en position d’oligopole [a].
Face Ă  ce constat, une « Ă©cologie de l’alimentation » s’entend alors comme un appel Ă  une reprise en main politique de notre alimentation. Cette reprise en main va au-delĂ  d’un engagement individuel des consommateurs qui, bien que nĂ©cessaire, rencontre un certain nombre de limites et ne suffit pas Ă  initier une transformation en profondeur de nos systĂšmes alimentaires. Dans une perspective de rĂ©Ă©quilibrage des rapports de pouvoir et de dĂ©fense d’une justice sociale et environnementale, l’alimentation doit devenir un objet dĂ©mocratique appropriĂ© Ă  tous les citoyens et toutes les citoyennes. Au travers de moyens aussi divers que des expĂ©rimentations « d’autres façons de faire », des coalitions d’acteurs de la sociĂ©tĂ© civile, des rĂ©seaux de collectivitĂ©s territoriales ou encore des consultations publiques, la voix de la sociĂ©tĂ© civile peut, et doit, ĂȘtre prise en compte dans la co-construction des politiques publiques alimentaires et non-alimentaires, qu’elles soient territoriales, nationales ou europĂ©ennes. Car c’est bien sur une Ă©volution de ces politiques publiques (soutien massif aux pratiques de production agro-Ă©cologiques, gĂ©nĂ©ralisation des approvisionnements locaux en restauration collective, lĂ©gislation sur les emballages et la gestion des dĂ©chets, rĂ©forme de la lutte contre la prĂ©caritĂ© alimentaire, etc.) que repose la nĂ©cessaire transformation structurelle de nos systĂšmes alimentaires.

L’accùs de toutes et tous à une alimentation saine et durable

Parmi les sujets qui prĂ©occupent largement citoyens et gouvernements en France, en Belgique et ailleurs dans le monde, celui de l’accĂšs de toutes et tous Ă  l’alimentation figure en bonne place Ă  l’aube d’une crise Ă©nergĂ©tique qui contraint sĂ©vĂšrement les pouvoirs d’achat. Dans le mĂȘme temps, la lutte contre la prĂ©caritĂ© alimentaire sous forme de dons en nature de denrĂ©es alimentaires, telle qu’elle existe dans de nombreux pays industrialisĂ©s, fait l’objet de critiques croissantes sur la mauvaise qualitĂ© des produits distribuĂ©s – trĂšs majoritairement issus du systĂšme alimentaire industriel, l’absence de choix des aliments ou la perte de dignitĂ© des bĂ©nĂ©ficiaires qui doivent en permanence justifier de leur situation de « pauvre Â» pour accĂ©der Ă  l’aide alimentaire.(5)

Il y a lĂ  un enjeu fondamental de changement de regards et de pratiques dans le traitement de la prĂ©caritĂ© alimentaire pour aller 

  • vers une approche multidimensionnelle de la question : les personnes concernĂ©es par la prĂ©caritĂ© doivent pouvoir se nourrir, mais surtout avoir accĂšs Ă  une alimentation produite dans des conditions durables pour l’environnement et Ă©quitables pour les producteurs, et qui rĂ©ponde Ă  leurs besoins nutritionnels, Ă  leurs goĂ»ts et Ă  leurs cultures alimentaires ;
  • vers une pluralitĂ© de dispositifs, inclusifs et dĂ©mocratiques : il est nĂ©cessaire d’aller au-delĂ  d’un unique dispositif d’accĂšs Ă  une alimentation non choisie dĂ©diĂ© aux personnes en situation de prĂ©caritĂ© pour lutter contre la prĂ©caritĂ© alimentaire. Parce qu’il existe autant de prĂ©caritĂ©s alimentaires que de situations vĂ©cues, la rĂ©ponse ne peut qu’ĂȘtre plurielle, tout en Ă©tant tournĂ©e vers la prĂ©vention, l’inclusion et la promotion du pouvoir d’agir.

Deux voies parallĂšles se dessinent alors. Celle d’une rĂ©forme de l’aide alimentaire, un dispositif qui reste indispensable pour rĂ©pondre aux situations d’urgence, et celle du dĂ©veloppement de solutions complĂ©mentaires portĂ©es par une ambition dĂ©mocratique et ancrĂ©es dans un autre rapport au monde (Ă  l’environnement, aux travailleurs du systĂšme alimentaire, aux habitants de son bassin de vie, etc.).

Ces nouvelles formes de solidaritĂ©s alimentaires sont variĂ©es.(6) Ce sont des tiers-lieux alimentaires, oĂč le faire ensemble dessine par l’alimentation des futurs communs ; des Ă©piceries solidaires, dans lesquelles on peut choisir et acheter son alimentation Ă  des tarifs adaptĂ©s ; des cantines solidaires oĂč l’on retrouve le lien Ă  l’alimentation et aux autres au travers de la cuisine et du repas ; des groupements d’achats organisĂ©s par des habitants soucieux de reprendre la main sur leur alimentation ; des jardins partagĂ©s, qui permettent un lien Ă  la terre souvent contraint dans certains lieux de vie, mais aussi l’accĂšs Ă  des fruits et lĂ©gumes frais ; des dispositifs de transferts monĂ©taires mis en place par des collectivitĂ©s aux Ă©chelles locales pour soutenir le pouvoir d’achat des mĂ©nages les plus vulnĂ©rables ; etc.         

En plus de proposer des alternatives d’accĂšs Ă  une alimentation saine et durable pour les personnes concernĂ©es par la prĂ©caritĂ©, ces solidaritĂ©s alimentaires posent les bases d’un autre systĂšme alimentaire, plus inclusif, plus conscient des rĂŽles de l’alimentation dans la vie des individus, des sociĂ©tĂ©s et de la biosphĂšre. Puissent nos dirigeants les soutenir et s’en inspirer pour mettre en place des politiques publiques Ă  la hauteur des enjeux auxquels font actuellement face nos systĂšmes alimentaires.

Pour aller plus loin 

Une Ă©cologie de l’alimentation, Bricas N., ConarĂ© D., Walser M. (dir), 2021. Versailles, Ă©ditions QuĂŠ, 312 p. Ouvrage tĂ©lĂ©chargeable en libre accĂšs : https://www.chaireunesco-adm.com/Parcours-thematique

Références

(1)  IDDRI, 2022. « Guerre en Ukraine : quelles implications pour l’Europe face aux enjeux de sĂ©curitĂ© alimentaire ? ». iddri.org, 9 mars 2022. 

(2)  Fischler C., 1990. L’homnivore, Paris, Odile Jacob, 448 p.

(3)  Poulain J.-P. (dir), 2007. L’homme, le mangeur, l’animal. Qui nourrit l’autre ?, Paris, Les Cahiers de l’OCHA, 325 p.

(4)  Vivero Pol J., Ferrando T., De Schutter O., Mattei U. (Ă©d.), 2020. Routledge handbook of food as a Commons, London, Routledge, 424 p.

(5)  Paturel D., Bricas N., 2019. Pour une rĂ©forme de nos solidaritĂ©s alimentaires. So What? SĂ©rie dela Chaire Unesco Alimentations du monde, (9) : 4 p.

(6)  Page « Poster initiatives » du site « Rencontre sciences-sociĂ©tĂ© pour des solidaritĂ©s alimentaires » https://www.chaireunesco-adm.com/Rencontres-sciences-societe-Pour-des-solidarites-alimentaires

[a] MarchĂ© oĂč un petit nombre de vendeurs ont le monopole de l’offre, les acheteurs Ă©tant nombreux.

Le dĂ©veloppement d’un systĂšme alimentaire durable est un enjeu central pour la Wallonie. Dans le cadre des objectifs stratĂ©giques du rĂ©fĂ©rentiel « Vers un systĂšme alimentaire durable en Wallonie » [1], la rĂ©gion a lancĂ© en septembre 2020 un appel Ă  projets, initiative conjointe des Ministres de l’agriculture, de l’environnement et de la santĂ©, afin de soutenir des dynamiques territoriales innovantes et variĂ©es qui contribuent, de maniĂšre durable, Ă  la relocalisation du systĂšme alimentaire.

couple working in a bulk food store

Cet appel pose deux questions : « Comment rĂ©pondre Ă  la demande croissante des consommateurs de s’approvisionner localement et d’avoir des produits de qualitĂ© et diversifiĂ©s ? » ; « Comment faire Ă©voluer le systĂšme alimentaire pour qu’il rĂ©ponde aux enjeux sociaux et environnementaux ? »

La Maison de l’alimentation durable et inclusive de Liùge (MAdiL) s’inscrit dans ce deuxiùme enjeu d’une transition alimentaire durable et socialement juste avec une approche territoriale et un systùme de gouvernance participatif. Rencontre avec sa coordinatrice Émilie Farcy.

Naissance de l’initiative

La MAdiL est un projet introduit par le Plan de CohĂ©sion Sociale de la Ville de LiĂšge en Ă©troite collaboration avec l’échevinat de l’Ă©cologie de la transition de la ville de LiĂšge, la Ceinture Aliment-Terre LiĂ©geoise (CATL), la plateforme interfacultaire ESPRIst-ULiĂšge.

Il a Ă©tĂ© initiĂ© Ă  la suite du travail rĂ©alisĂ© dans le cadre du programme « Alimentation saine pour tous Â» mis en Ɠuvre par le Plan de CohĂ©sion Sociale de la Ville de LiĂšge. Le projet est nĂ© de deux constats comme l’explique Emilie Farcy : « D’une part, en terrain liĂ©geois, il y a Ă©normĂ©ment d’initiatives en lien avec la transition vers une alimentation plus saine et plus durable ; mais, celles-ci ne sont pas nĂ©cessairement coordonnĂ©es et sont parfois mĂ©connues du public. D’autre part, ces initiatives sont potentiellement inaccessibles pour toute une partie de la population Â».

Ces constats ont Ă©tĂ© le fil conducteur de la mise sur pied de l’initiative qui se veut un « laboratoire d’innovations sociales et inclusives et une vitrine socio-Ă©conomique d’expĂ©rimentation et de dĂ©ploiement de l’alimentation Ă©quilibrĂ©e, locale et durable accessible Ă  tous [3]».

Le Plan de cohĂ©sion Sociale a Ă©galement travaillĂ© en Ă©troite collaboration avec l’échevinat de la transition Ă©cologique de la Ville de LiĂšge dans le cadre d’un groupe inter-Ă©chevinats plus large (incluant notamment le dĂ©veloppement Ă©conomique et l’instruction publique) pour introduire le projet auprĂšs de la RĂ©gion Wallonne.

« Ensuite, trĂšs rapidement, complĂšte Emilie Farcy, des partenaires privilĂ©giĂ©s ont Ă©tĂ© identifiĂ©s et se sont engagĂ©s Ă  contribuer au plein dĂ©ploiement de la MAdiL Â». Il s’agit du CPAS de LiĂšge, la Ferme des Enfants, LiĂšge Ville SantĂ©, Intradel, Vaincre la PauvretĂ©, le Centre LiĂ©geois de Promotion SantĂ© (CLPS) et la Province de LiĂšge.

Approche systémique avec une gouvernance participative

La MAdiL vise à opérer comme une interface entre la population, les acteurs du secteur agroalimentaire et les initiatives déjà existantes visant une alimentation plus durable et inclusive.

De fait, l’initiative propose une approche systĂ©mique en associant une multitude d’acteurs avec une forme de gouvernance participative autour de la co-construction d’actions de sensibilisation et de promotion de l’alimentation Ă©quilibrĂ©e, durable et inclusive.

DĂšs le lancement du projet en juin 2021, deux dĂ©marches ont Ă©tĂ© menĂ©es en parallĂšle. D’une part, la co-construction d’une vision commune de la MAdiL avec l’ensemble des partenaires. D’autre part, la prise de contact avec le public en lui proposant des activitĂ©s grĂące Ă  la collaboration entre partenaires. Chaque partenaire apportant ses savoir-faire, ressources et expertises au projet.

Construction d’une vision commune

« On a travaillĂ© sur la vision commune afin d’identifier les valeurs et les missions que nous visons. Â» explique Emilie Farcy. « La MAdiL s’est fixĂ© l’objectif de permettre Ă  l’ensemble de la population d’amĂ©liorer progressivement la qualitĂ© de son alimentation Â». La coordinatrice prĂ©cise : « Pour y arriver, la MAdiL se donne 4 missions :

  • lever les freins et favoriser l’accĂšs pour tous Ă  une alimentation de qualitĂ© ;
  • favoriser l’apprentissage de l’alimentation saine et durable par la pratique ;
  • valoriser les compĂ©tences et renforcer le pouvoir d’agir par elles-mĂȘmes des personnes ;
  • aller au contact des publics plus Ă©loignĂ©s a priori de l’alimentation saine et durable Â».

La MAdiL a pris le parti de ne pas construire de dĂ©finition d’une « alimentation durable inclusive Â». Elle a prĂ©fĂ©rĂ© rĂ©unir les partenaires autour d’axes communs de santĂ©, de dĂ©veloppement durable, et d’inclusion. La coordinatrice prĂ©cise : « L’idĂ©e est de pouvoir dire :  c’est une activitĂ© MAdiL dans ce sens qu’on favorise d’une part l’accessibilitĂ©, le non-jugement, et d’autre part le dĂ©veloppement durable et la promotion de la santĂ©. La MAdiL, c’est un processus oĂč chacun apporte sa contribution propre et converge vers un idĂ©al partagĂ©.  Elle a vocation Ă  s’élargir et Ă  faire rĂ©seau. Â»

La MAdiL a Ă©galement dĂ©veloppĂ© une « Charte MAdiL Â» dĂ©diĂ©e plus spĂ©cifiquement aux animations qui sont proposĂ©es. « C’est une forme de « label qualitĂ© Â» explique Emilie Farcy. Trois volets ont Ă©tĂ© identifiĂ©s comme essentiels dans la dĂ©marche de la MAdiL, dĂ©veloppe la coordinatrice. 

  • Le premier volet est de favoriser des apprentissages par la pratique. « Cela a Ă©tĂ© un Ă©lĂ©ment mis en avant par l’ensemble des partenaires dĂšs le dĂ©but. Il s’agit d’inviter trĂšs rapidement les participants Ă  mettre la main Ă  la pĂąte et Ă  ĂȘtre dans du concret. Â»
  • Le second volet est celui du « caractĂšre de non-jugement Â». « Il s’agit d’Ă©viter les injonctions morales « il faut absolument manger que du bio ou que du local Â» mais plutĂŽt de permettre aux gens d’y aller progressivement et de s’approprier petit Ă  petit les diffĂ©rents outils qu’on leur propose. Â»
  • Le dernier volet concerne la valorisation des savoir-faire existants et le renforcement des compĂ©tences et du pouvoir d’agir des personnes. « C’est de se dire que les infos qu’on transmet, on permet qu’elles soient remobilisables dans le contexte privĂ© de la personne et surtout on essaye de rendre la personne capable d’aller elle-mĂȘme rechercher l’information. Â»

DĂ©marche d’évaluation

La dĂ©marche d’évaluation mise en place par ESPRIst-ULiĂšge est participative et nĂ©gociĂ©e. Les diffĂ©rentes parties prenantes sont associĂ©es aux Ă©tapes de construction de la dĂ©marche d’évaluation. Ainsi, les partenaires ont dĂ©fini un ensemble de questions auxquelles ils souhaitaient que l’évaluation rĂ©ponde en fin de projet.« Le souhait des partenaires Ă©tait de pouvoir mesurer « l’effet MAdiL Â» auprĂšs des participants aux activitĂ©s, et Ă©galement, d’évaluer la dynamique partenariale de la MadiL. Afin de pouvoir porter un jugement Ă©valuatif sur ces questions, la MadiL et ses partenaires ont dĂ©clinĂ© ces questions en critĂšres et en indicateurs. Â»

Concernant la participation aux activitĂ©s de la MadiL, trois Ă©lĂ©ments sont questionnĂ©s : le fait que les participants aient retenus certains savoirs et savoir-faire, qu’ils les mettent en pratique au quotidien et qu’ils continuent Ă  prendre part aux activitĂ©s proposĂ©es. Cette Ă©valuation prend la forme d’un sondage, rĂ©cemment finalisĂ©, qui sera dĂ©sormais systĂ©matiquement transmis Ă  toutes les personnes qui participent aux activitĂ©s. Des entretiens seront Ă©galement menĂ©s avec les participants.

Mise en place d’activitĂ©s

Dans la mise en place de ses actions, la MAdiL cible la dĂ©couverte et l’appropriation des « bonnes pratiques de la filiĂšre alimentaire, de la production Ă  l’assiette, en ce compris la protection de l’environnement et la lutte contre le gaspillage alimentaire avec une attention particuliĂšre aux personnes les plus vulnĂ©rables. Â» [4]

DĂšs le dĂ©part, la MAdiL a proposĂ© des activitĂ©s Ă  trois publics cibles :

  • le public scolaire pour lequel la MAdiL a dĂ©ployĂ© un programme d’animation qui est testĂ© dans 5 Ă©coles communales Ă  destination des 3e et 4e primaires ;
  • le public adulte ou « grand public Â» : la MAdiL a rapidement proposĂ©, chaque mois, un programme d’activitĂ©s variĂ©es comme un atelier culinaire sur la lactofermentation, une balade nature sur les fruits comestibles de chez nous ou une table d’hĂŽtes sublimant des produits locaux ;

le public vulnĂ©rable, en veillant Ă  lever les freins financiers, sociaux ou culturels.  La MAdiL se veut inclusive en ayant une dĂ©marche proactive avec le public vulnĂ©rable, qu’elle dĂ©finit comme en situation de prĂ©caritĂ©. « La volontĂ© est de pouvoir inclure dans la dynamique ces personnes qui, a priori, sont Ă©loignĂ©es de l’alimentation durable Â» explique Emilie Farcy « On mobilise toute une sĂ©rie de partenaires associatifs qui travaillent avec ce public et qui sont des relais pour nous permettre d’entrer en contact avec ces personnes. Cela intervient tant sur le terrain que dans les rĂ©flexions de co-construction des stratĂ©gies d‘actions de la MAdiL. « C’est la richesse de l’initiative qui rĂ©unit diffĂ©rents partenaires dont le Plan de CohĂ©sion sociale, le CPAS ou l’asbl Vaincre la PauvretĂ©. Â»

En octobre dernier, la MAdiL a organisĂ© une journĂ©e de l’alimentation durable et inclusive . Pour cette journĂ©e, la MAdiL a pris son rĂŽle de vitrine des initiatives existantes et a rĂ©uni une quarantaine de partenaires. En posant la question « Quelle place pour l’alimentation durable dans les cuisines d’ici et d’ailleurs ? », elle a souhaitĂ© mettre au dĂ©fi les diffĂ©rents acteurs en croisant les thĂšmes de l’alimentation durable et de la multiculturalitĂ©. D’un petit dĂ©jeuner Ă  un souper « banquet du monde, solidaire et durable », des activitĂ©s et des stands de dĂ©couvertes ont Ă©tĂ© proposĂ©s toute la journĂ©e. La confĂ©rence de clĂŽture a par ailleurs permis d’explorer les liens entre alimentation et migrations et des enjeux communs face aux dĂ©fis de demain.

Vers un systĂšme alimentaire durable Ă  LiĂšge

AprĂšs un peu plus d’un an d’existence, la MAdiL apparait comme un dispositif utile pour renforcer les synergies entre les acteurs locaux d’une part et les autoritĂ©s locales d’autre part puisque le projet est intĂ©grĂ© au sein de la Ville de LiĂšge.

Le projet avance mais avec certains dĂ©fis. L’un deux est l’absence de lieu propre. « C’est un frein pour permettre aux personnes intĂ©ressĂ©es de nous trouver Â» explique la coordinatrice « C’est l’une des prochaines prioritĂ©s d’action. Â» A cela, s’ajoute des capacitĂ©s d’animation limitĂ©es. En effet, le financement obtenu permet l’activitĂ© d’une coordinatrice Ă  temps plein et d’une animatrice Ă  mi-temps. Or, « quand on a introduit le projet, il y avait le souhait qu’il cible « l’agglomĂ©ration liĂ©geoise Â» et donc les 24 communes de la mĂ©tropole. Et lĂ , on n’a pas encore eu l’occasion d’essaimer significativement au-delĂ  de la ville Â» explique Emilie Farcy. La volontĂ© est que le projet puisse se dĂ©ployer pleinement tant dans l’agglomĂ©ration mais aussi dans la temporalitĂ©. En effet, le souhait est d’éviter de rĂ©aliser uniquement une initiative ponctuelle mais d’inscrire la MAdiL comme une dynamique pĂ©renne. C’est un autre dĂ©fi Ă©tant donnĂ© que le financement est actuellement obtenu pour une durĂ©e de 3 ans (jusqu’en 2024).

MalgrĂ© ces dĂ©fis, la MAdiL se rĂ©jouit de son succĂšs. « Les activitĂ©s affichent rapidement complet, parfois mĂȘme sans qu’une communication ait Ă©tĂ© lancĂ©e. » souligne Emilie Farcy « On communique principalement notre programme Ă  une mailing list (+/- 600 personnes), et cela suffit Ă  ce que les activitĂ©s soient remplies. Par ailleurs, on est de plus en plus sollicitĂ©s par les acteurs qui travaillent avec les publics vulnĂ©rables, que ce soit des organismes d’insertion professionnelle ou des professionnels qui travaillent avec des primo-arrivants. Alors c’est un peu frustrant parce que notre capacitĂ© d’animation Ă©tant limitĂ©e, on ne sait pas rĂ©pondre Ă  tout. Mais pour autant, c’est rassurant sur le fait qu’on est attendu lĂ -dessus pour pouvoir proposer des choses Ă  ces publics. Â»

Face Ă  ces dĂ©fis, la MAdiL souhaite « inventer de nouvelles approches et justifier son ambition d‘ĂȘtre un laboratoire d’innovations sociales et inclusives de la transition alimentaire Ă  LiĂšge en s’appuyant sur les expertises existantes au niveau wallon et bruxellois comme par exemple l’autre projet de Maison de l’alimentation durable de Charleroi, sans oublier les Maisons de l’alimentation durable crĂ©Ă©es en France ou en Suisse Â».

Pour en savoir plus

Site internet de la MAdiL : https://www.madil.be/

Page facebook de la MAdiL :  https://www.facebook.com/MADILiege/

Ressources 

RĂ©fĂ©rentiel Â»Vers un systĂšme alimentaire durable en Wallonie Â» : https://developpementdurable.wallonie.be/sites/dd/files/2022-07/Referentiel_AD_WEB_compressed.pdf

Site web de la stratĂ©gie wallonne « Manger demain Â» : https://www.mangerdemain.be/strategie/

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Description selon l’Ă©diteur 

MatĂ©riel 

  • 2 x 25 cartes illustrĂ©es
  • 2 x Poster A2 du Village
  • 2 x Tableau de RĂŽles (Gardienne-Gardien, Veilleur, Mage, Intendante-Intendant, Berger-BergĂšre, Messager-MessagĂšre, Conseiller-ConseillĂšre)
  • 2 x Guide d’utilisation

Concept 

Le Village est un outil de prĂ©vention du harcĂšlement scolaire. Il implique les enfants dans la gestion des petites tensions du quotidien et leur permet de devenir actrices·teurs de changement. Il est centrĂ© sur la valorisation de l’empathie, la capacitĂ© Ă  se prĂ©occuper de l’autre et sur certaines formes de mĂ©diation par les pairs.

L’outil est centrĂ© autour de deux concepts : les RĂŽles et les Conseils de Village.

Les sept rĂŽles ont Ă©tĂ© pensĂ©s pour encourager et valoriser les attitudes empathiques. Par exemple, les Veilleurs se prĂ©occupent des violences verbales (insultes, etc) tandis que les Bergers s’inquiĂštent des Ă©lĂšves isolĂ©s.

Toutes les deux semaines, un Conseil de Village a lieu. Il s’agit d’un temps de parole rĂ©gulĂ© durant lequel chaque rĂŽle est passĂ© en revue. Cela permet de faire le point sur les belles actions et les difficultĂ©s rencontrĂ©es. Le but n’est jamais de punir ou de chercher des coupables mais bien de valoriser ceux et celles qui ont rempli leurs rĂŽles tout en encourageant l’ensemble des enfants Ă  s’impliquer dans leurs rĂŽles. Au terme du Conseil, les enfants changent de rĂŽles et une nouvelle quinzaine dĂ©bute.

Le Village est une réalisation de SOPHIA, service de prévention et de soutien face aux situations de harcÚlement, mis en place par le Centre de Planning Familial des FPS de Soignies.

Retrouvez une prĂ©sentation vidĂ©o de l’outil sur www.facebook.com/watch/?v=727402027931437

Objectifs 

  • Mettre en place une activitĂ© annuelle de prĂ©vention du harcĂšlement scolaire.
  • Mieux rĂ©guler les difficultĂ©s relationnelles dans un groupe d’enfants.

L’avis de PIPSa 

ApprĂ©ciation globale 

Ce jeu de rĂŽle, destinĂ© Ă  une classe de fin primaire, contribue Ă  dĂ©velopper la responsabilitĂ© de chacun.e au sein du groupe, et ce, tout au long de l’annĂ©e scolaire. Il rĂ©pond Ă  une demande des enseignant.e.s de pouvoir disposer d’un outil concret de prĂ©vention des violences, facile d’appropriation, directement utilisable sur le terrain.

Dans un dĂ©cor du Moyen-Ăąge qui rappelle celui de certains jeux vidĂ©o prisĂ©s par les enfants, chacun.e endosse un rĂŽle, reprĂ©sentatif des diffĂ©rentes formes de prĂ©vention des violences/de harcĂšlement. Ce rĂŽle, concrĂ©tisĂ© par une photo de l’enfant sur le plateau de jeu du « Village », sera modifiĂ© tous les 15 jours, aprĂšs une Ă©valuation de ce qui a Ă©tĂ© vĂ©cu au sein d’un « Conseil de village ». Chaque rĂŽle montre qu’on est tous acteurs de la prĂ©vention de la violence, de conflits, et donc tous potentiellement acteurs de la solution de ceux-ci. Tous les rĂŽles sont valorisants, positifs, ils permettent une Ă©volution visible et constructive du comportement de chacun.e.

Le processus repose largement sur les qualitĂ© humaines et l’intelligence Ă©motionnelle des adultes : une Ă©coute non jugeante, orientĂ©e « solutions » ; la mise en place d’un cadre structurĂ© et sĂ©curisant ; la capacitĂ© Ă  collectiviser des comportements/attitudes individuels, Ă  rĂ©guler les conflits, etc.

Une co-animation avec un PSE/PMS (ou autre intervenant/relais) pourrait ĂȘtre bienvenue, soit pour « lancer » la dĂ©marche, soit Ă  certains moments pour « dĂ©briefer » ce qui se joue dans le groupe.

Objectifs 

  • DĂ©velopper des attitudes empathiques vis-Ă -vis de ses pairs.
  • Stimuler le vivre ensemble citoyen.

Public cible 

8-13 ans

Utilisation conseillée

  • Utiliser l’outil en tant que projet de classe, travaillĂ© par la classe tout au long de l’annĂ©e.
  • Une formation prĂ©alable Ă  l’écoute active et gestion des conflits peut faciliter la mise en place du projet.
  • Veiller Ă  l’expression des Ă©motions des enfants.
  • Poser le cadre avec les enfants, verbaliser son positionnement (au service du groupe, faire appel Ă  des ressources si besoin.
  • Veiller Ă  laisser tout le temps nĂ©cessaire au « Conseil de village » pour que chacun.e puisse s’exprimer.

Points forts 

Construction du collectif, implication du public, approche valorisante, s’inscrit dans le temps

Points d’attention 

Trouver des ressources/appuis si besoin

OĂč trouver l’outil 

Chez l’Ă©diteur 

Centre de planning familial des FPS – SiĂšge de Soignies, Rempart du Vieux CimetiĂšre 15, 7060  Soignies – 067/220.335 – david.plisnier@solidaris.be – http://www.planningsfps.be

L’outil peut ĂȘtre commandĂ© en envoyant un mail Ă  cpf.soignies@solidaris.be. Prix : 25€ hors frais de port pour un kit double (matĂ©riel pour deux classes ou groupes)

La crise de la Covid 19 a eu pour l’ensemble des aĂźnĂ©s des consĂ©quences insoupçonnables : nombreux dĂ©cĂšs, privation de contacts familiaux et sociaux, perte d’autonomie
 Beaucoup se sont souvent demandĂ© « pourquoi encore vivre ? ». En tant que mouvement d’éducation permanente, ÉnĂ©o a mis sur pied de nombreux projets afin de permettre Ă  ses membres de traverser au mieux cette pandĂ©mie : communications tĂ©lĂ©phoniques avec les aĂźnĂ©s isolĂ©s, visites dans les maisons de repos, envois de cartes postales, crieuses publiques ou « colporteuses de bonheur » distributions de produits locaux et de saison, confections de masques


De son cĂŽtĂ©, l’atelier VIDĂ©nĂ©o, en raison de l’impossibilitĂ© de se rencontrer en prĂ©sentiel, a organisĂ© un cycle de 4 webinaires « AĂźnĂ©s confinĂ©s, mais connectĂ©s ! ». Par le biais de l’outil virtuel, ils ont proposĂ© d’interagir sur diffĂ©rents sujets de sociĂ©tĂ© et d’actualitĂ©.

Retour sur l’expĂ©rience de VIDĂ©nĂ©o

DĂšs le dĂ©part du projet, nous avons Ă©tĂ© attentifs au processus d’évaluation et fixer leurs critĂšres. Nous avons veillĂ© tout au long du processus Ă  recueillir les avis Ă  la fois des intervenants, des bĂ©nĂ©voles et permanents d’ÉnĂ©o impliquĂ©s dans le projet ainsi que des participants.

Les intervenants ont tous apprĂ©ciĂ© l’organisation des webinaires. Pour eux, il est prĂ©fĂ©rable d’animer l’intervention sous forme de questions et rĂ©ponses qui fixent l’attention davantage qu’un exposĂ© magistral parfois long et sans rĂ©action. Les participants ont Ă©galement apprĂ©ciĂ© l’excellente initiative qui a permis de rester en contact les uns avec les autres.

Lorsque VidĂ©nĂ©o nous a proposĂ©, lors de la commission sociale, son projet d’organiser des webinaires sur des thĂšmes sociaux, de santĂ© et d’actualitĂ©, j’ai tout de suite Ă©tĂ© ravie. C’était une façon concrĂšte de garder le contact avec nos membres et de leurs proposer des sujets de rĂ©flexion. 

Claudine Ally, prĂ©sidente d’EnĂ©oSport Tournai

Les avantages des confĂ©rences en ligne ont Ă©tĂ© relevĂ©s : pas de dĂ©placement, on peut y participer mĂȘme si on habite loin, confort, nombre illimitĂ© de participants
 

Les inconvĂ©nients d’une confĂ©rence en ligne suivant ont Ă©tĂ© relevĂ©s : manque de convivialitĂ©, prise de parole plus difficile, problĂšmes techniques de connexion. 

Leurs motivations à suivre les webinaires étaient en lien avec le sujet débattu et les intervenants:

Climat, inégalités sociales et lutte contre la pauvreté

Ces trois thĂ©matiques sont des prioritĂ©s du mouvement ÉnĂ©o. Jean-Jacques Viseur, PrĂ©sident fĂ©dĂ©ral Ă  ÉnĂ©o, Ă©tait le premier intervenant.

Au sujet du climat, il nous a fait prendre conscience que ce n’est pas l’affaire des autres, mais l’affaire de tous, jeunes et moins jeunes ! Le regard sur les 30 annĂ©es aprĂšs la guerre, Ă©poque connue de nous tous, Ă©voque bien l’évolution rapide de notre sociĂ©tĂ© ! Tout semblait ĂȘtre sur de bonnes voies ! Etions- nous conscients de notre chance ? Sans doute pas, car la vie nous Ă©tait facile ! Faut-il faire marche arriĂšre maintenant, ce serait peine perdue, mais agir avec conscience, c’est une des voies Ă  suivre, et sur ce point, Mr. Viseur a bien raison d’insister, chacun de nous doit participer Ă  cette « action » et que le moindre petit geste que l’on fera pour la planĂšte n’est pas vain ! Tout comme cette belle image du colibri qui Ă©teint le feu avec son petit apport en eau, nos efforts de chaque jour mis bout Ă  bout finiront par amĂ©liorer la situation actuelle ! La Nature » est tellement belle et indispensable Ă  notre vie qu’on ne peut pas rester inactif !

Claudine Ally, prĂ©sidente d’EnĂ©oSport Tournai

Pour visionner ce webinair (12 février 2021): https://www.youtube.com/watch?v=4m6u9-TGZcg&t=2106s

Vaccin Covid-19 : est-ce un remùde ?

Le Covid-19 a Ă©tĂ© au centre de l’attention du monde entier. Le vaccin a commencĂ© Ă  ĂȘtre utilisĂ© pour des publics spĂ©cifiques. « Mais est-ce un remĂšde durable ? ». Le Docteur Jan Vandermeiren, mĂ©decin conseil retraitĂ© de la MC, Ă©tait le deuxiĂšme confĂ©rencier.

Tant d’infos sont donnĂ©es sur les mĂ©dias, tant d’articles s’invitent Ă  la lecture dans des journaux, revues, pas toujours spĂ©cialisĂ©es, tant de commentaires passent d’une oreille Ă  l’autre que pour finir je n’arrivais plus Ă  extraire le vrai du faux ! La prĂ©sentation du montage visuel et les explications du Docteur m’ont vraiment aidĂ©e Ă  mieux gĂ©rer ce virus et me rassurer quant Ă  la façon de faire !

Claudine Ally, prĂ©sidente d’EnĂ©oSport Tournai

Pour visionner ce webinair (05 mars 2021) : https://www.youtube.com/watch?v=VTbQ0LQpXT8&t=1962s

La vieillesse, qu’en pense-t-on ?

Quel regard pose la sociĂ©tĂ© sur le vieillissement de la population ? « La vieillesse n’est que « maux » ! ». Comment revoir la maniĂšre de penser la vieillesse aujourd’hui dans notre sociĂ©té ? Violaine Wathelet, secrĂ©taire politique d’ÉnĂ©o, Ă©tait la troisiĂšme oratrice.

La vieillesse
 ? Cela concerne qui ? Lui
 ? Elle 
 ? Moi
 ? Nous
 ? Ce mot « vieillesse » et ses dĂ©rivĂ©s n’est pas rĂ©servĂ© qu’aux sĂ©niors et pourtant la sociĂ©tĂ© fait tout pour nous « catĂ©goriser » et lĂ  je rejoins Violaine, en gardant un maximum notre autonomie et notre indĂ©pendance tant que cela nous est possible ! A nous « sĂ©niors » de continuer Ă  mettre les valeurs qui ont guidĂ© notre vie en Ă©vidence, en osant ĂȘtre « audacieux » dans nos choix et en mettant en avant les points « positifs » de notre Ăąge !

Claudine Ally, prĂ©sidente d’EnĂ©oSport Tournai

Pour visionner ce webinair (30 avril 2021): https://youtu.be/hWYVSFpI31k

Notre capacité de résilience face au Covid-19

 » Depuis mars 2020, ma vie s’est-elle profondĂ©ment modifiĂ©e ? Une horreur ou une opportunité ? Comment la pandĂ©mie questionne-t-elle aujourd’hui, ma vie personnelle, sociale et citoyenne ?  » Anne Jaumotte, chargĂ©e de projets Ă  ÉnĂ©o secrĂ©tariat fĂ©dĂ©ral, Ă©tait notre quatriĂšme invitĂ©e.

Ces longs mois de pandĂ©mie, ces longues semaines Ă  vivre presque seul, tout cela a bien bouleversĂ© et bousculĂ© nos petites « habitudes » ! Tout Ă  coup, il a fallu faire autrement, agir autrement, s’organiser autrement
mĂȘme si cela n’a pas Ă©tĂ© facile ni agrĂ©able, nous en sommes tous sortis avec des dĂ©ceptions, des douleurs, mais aussi avec un autre regard sur la vie ! Toute situation compliquĂ©e, imposĂ©e ne peut ĂȘtre que nĂ©gative ! GrĂące Ă  ces Ă©changes, Anne nous a montrĂ© qu’il Ă©tait possible de changer notre regard sur le monde et que les lueurs d’espoir n’étaient pas loin de nous ! Que chacun la verrait diffĂ©remment, l’un dans le sport, l’autre dans une belle rencontre, l’autre encore dans un petit coin de nature


Claudine Ally, prĂ©sidente d’EnĂ©oSport Tournai

Pour visionner ce webinair (28 mai 2021): https://youtu.be/Igmohp1M7iE

Enfin, plusieurs thĂšmes sont Ă©galement proposĂ©s pour des prochains webinaires : la question du climat, les relations familiales, les inĂ©galitĂ©s sociales et la rupture numĂ©rique…

Une collaboration précieuse entre bénévoles et permanents

Si l’on peut affirmer que la mise sur pied de ces quatre webinaires a Ă©tĂ© l’Ɠuvre principale de bĂ©nĂ©voles, l’on doit aussi reconnaĂźtre le rĂŽle essentiel des permanents rĂ©gionaux et nationaux d’ÉnĂ©o et de la MutualitĂ© chrĂ©tienne, principalement toute la campagne de communication organisĂ©e autour de ces webinaires pour les annoncer et les relater, l’intervention des responsables nationaux comme invitĂ©s et leur collaboration lors du processus d’évaluation.

NĂ© de la rencontre d’un groupe de patients rĂ©unis par leur thĂ©rapeute, le spectacle de thĂ©Ăątre-action « BrĂ»lĂ©s de l’intĂ©rieur » raconte l’expĂ©rience du burn-out qu’ils et elles ont traversĂ©e. Soutenue par la Compagnie Maritime, cette crĂ©ation originale tĂ©moigne de leur vĂ©cu pour sensibiliser et mieux comprendre les ressorts de cette autre Ă©pidĂ©mie du moment.

À travers une sĂ©rie de saynĂštes et de dĂ©clamations inspirĂ©es par leurs parcours personnels, cinq patients et leur thĂ©rapeute ont mis en scĂšne l’épreuve du burn-out qu’ils et elles ont surmontĂ©e grĂące Ă  l’accompagnement d’une psychothĂ©rapeute Ɠuvrant dans le centre de rĂ©Ă©ducation fonctionnelle La CharniĂšre, Ă  Namur, qui accueille de nombreuses personnes touchĂ©es par ce syndrome. Leur point commun ? Toutes et tous se sont entretemps reconvertis sur le plan professionnel pour redonner du sens Ă  leur travail. « Ils ont Ă©tĂ© au bout du processus, rapporte leur thĂ©rapeute. Ils ont tirĂ© des leçons de cette expĂ©rience et s’en sont servis pour vivre autrement et changer leur rapport au travail. »

Le théùtre-action, un levier

NĂ© au lendemain des Ă©vĂšnements de Mai 1968, dans un mouvement Ă©mancipateur qui visait Ă  supprimer les inĂ©galitĂ©s entre les expressions culturelles populaires et celles rĂ©servĂ©es aux Ă©lites, le thĂ©Ăątre-action s’appuie sur quelques principes fondateurs : « un processus de crĂ©ation collective (chacun participe Ă  l’écriture) ; des thĂ©matiques de « l’ici et maintenant » ; des dĂ©cors minimalistes et mobiles (voire naturels) ; une part d’improvisation ; une prĂ©sence dans les lieux de vie et de luttes ; des saynĂštes courtes avec une dimension symbolique lisible par tous. » (1) 

Au contraire du thĂ©Ăątre « classique », les visĂ©es du thĂ©Ăątre-action ne sont ni distractives ni esthĂ©tiques. C’est un thĂ©Ăątre en rĂ©sistance qui cherche Ă  rendre Ă  la culture sa fonction d’intĂ©gration et de contestation et qui se donne pour ambition l’analyse et la transformation des rapports sociaux.  Il s’inspire du vĂ©cu d’un groupe de personnes confrontĂ©es Ă  des situations sociales, Ă©conomiques ou culturelles difficiles. « Nous sommes partis de situations individuelles pour tendre vers l’universel », explique la metteuse en scĂšne de la Compagnie Maritime. Ce faisant, l’objectif est de « pousser les spectateurs Ă  s’associer Ă  la rĂ©flexion thĂ©ĂątralisĂ©e et Ă  se prĂ©occuper d’en faire un appui pour provoquer les changements nĂ©cessaires ». (2) C’est la raison pour laquelle le « langage [du spectacle] doit rencontrer l’actualitĂ©, la culture, les prĂ©occupations du public visĂ© et susciter en lui l’envie d’une prise de parole lors de l’animation qui suit nĂ©cessairement le spectacle ». (3) 

Bien qu’elle ne relĂšve pas des ambitions du thĂ©Ăątre-action, la dimension thĂ©rapeutique de la dĂ©marche est apprĂ©ciĂ©e par l’une des comĂ©diennes : « Outre le fait que le thĂ©Ăątre nous a aidĂ©s Ă  dĂ©lier nos langues, il nous a aussi permis de revivre de l’intĂ©rieur une partie de cette aventure et de la rĂ©explorer sous un autre angle, en nous demandant comment la colporter vers l’extĂ©rieur. » Et de prĂ©ciser : « Ce projet collectif m’a Ă©galement aidĂ©e Ă  accepter la rĂ©alitĂ©. Aujourd’hui, j’arrive Ă  dire aux gens que j’ai vĂ©cu un Ă©pisode de burn-out alors que j’en Ă©tais incapable auparavant. » 

Une notion aux contours mal définis

Une des difficultĂ©s dans l’apprĂ©hension du burn-out rĂ©side dans le flou de cette notion qui ne fait l’objet ni d’une dĂ©finition unanime ni de critĂšres diagnostiques officiels. Les soignants pĂątissent d’un manque de connaissances sur les aspects organisationnels du travail et se trouvent souvent dĂ©munis face aux patients, sans parler de la tendance selon laquelle « de plus en plus d’intervenants (coachs, thĂ©rapeutes, etc.) se dĂ©clarent professionnels de la problĂ©matique sans avoir les compĂ©tences nĂ©cessaires. » (4)  

Introduit en 1974 par le psychiatre amĂ©ricain Herbert Freudenberger pour qualifier l’épuisement au travail des professionnels de l’aide et du soin, le concept de burn-out s’est progressivement Ă©tendu Ă  tous les milieux professionnels. À la suite des travaux de la psychologue amĂ©ricaine Christina Maslach, ce syndrome est souvent dĂ©crit comme un processus multifactoriel inscrit dans la durĂ©e et caractĂ©risĂ© par trois composantes principales. (5) Dans un premier temps, la personne ressent un Ă©puisement Ă©motionnel qui influe sur sa vitalitĂ© physique. Elle se sent littĂ©ralement « vidĂ©e » de ses ressources et ressent une fatigue extrĂȘme que le repos habituel ne suffit plus Ă  soulager. « Cet Ă©puisement peut aussi avoir un impact sur le contrĂŽle de ses Ă©motions (irritabilitĂ©, colĂšre, pleurs
) et de ses cognitions (attention, mĂ©moire, concentration) et peut Ă  son tour provoquer des changements dans les comportements et les attitudes. » (6) Dans un deuxiĂšme temps, un Ă©tat de dĂ©personnalisation, caractĂ©risĂ© par une attitude nĂ©gative et dĂ©tachĂ©e vis-Ă -vis de l’entourage, se manifeste. Enfin, le burn-out se traduit par une diminution du sens de l’accomplissement et de la rĂ©alisation de soi. À ce stade, l’individu porte un regard dĂ©valorisant sur la plupart de ses rĂ©alisations personnelles et professionnelles. Cette perte de confiance peut s’accompagner d’un Ă©tat dĂ©pressif profond et d’une incapacitĂ© Ă  faire face Ă  ses obligations professionnelles. 

Prévalence et coût du burn-out

Parmi les enjeux majeurs de santĂ© publique, les maladies psychosociales constituent l’une des principales causes d’absence de longue durĂ©e au travail en Belgique. (7) Ces pathologies, dont la frĂ©quence s’est accrue au cours des derniĂšres annĂ©es, participent Ă  la croissance spectaculaire du nombre de personnes en invaliditĂ© et entrainent souvent de longues pĂ©riodes d’incapacitĂ© de travail et un risque de rechute important. (8) Selon l’Institut national d’assurance maladie-invaliditĂ© (Inami), au 31 dĂ©cembre 2018, plus d’un tiers des travailleurs salariĂ©s du secteur privĂ© (demandeurs d’emploi compris) et prĂšs d’un quart des travailleurs indĂ©pendants reconnus en invaliditĂ© souffraient d’un trouble mental ou du comportement, une catĂ©gorie regroupant notamment la dĂ©pression, le burn-out, le stress et les dĂ©pendances. (9) 

Lorsqu’on cible la problĂ©matique du burn-out, la tendance n’est pas diffĂ©rente Ă  en croire les derniĂšres donnĂ©es de l’Inami qui, en dĂ©cembre 2020, dĂ©nombrait quelque 33 402 personnes en incapacitĂ© de travail de longue durĂ©e en raison d’un burnout (professionnel ou autre) et constatait une augmentation de 33 % des cas entre 2016 et 2020. (10) Cependant, selon les sociologues Thomas PĂ©rilleux et Patricia Vendramin, ces chiffres ne reprĂ©sentent que les seuls cas reconnus par les mĂ©decins. (11) 

Les personnes ĂągĂ©es de 50 Ă  59 ans forment la tranche d’ñge la plus touchĂ©e par le burn-out et plus de deux tiers des patients qui en souffrent sont des femmes. En revanche, l’Inami ne communique pas la proportion d’employĂ©s et d’ouvriers concernĂ©s. Or, si les professions intellectuelles et relationnelles semblent les plus Ă  risque, les mĂ©tiers manuels ne sont pas Ă©pargnĂ©s par des formes d’épuisement physique et psychique qui « se manifeste[nt] souvent de maniĂšre somatique par des accidents du travail, dont on ne comprend pas toujours l’origine », explique le journaliste Thomas Chenel dans un article dĂ©diĂ© Ă  l’invisibilitĂ© du burn-out dans ce type de professions. (12) 

Outre le coĂ»t de la souffrance humaine liĂ©e au burn-out, ces incapacitĂ©s de travail de longue durĂ©e ont gĂ©nĂ©rĂ© plus de 418 millions d’euros de dĂ©penses en 2019, soit environ 6% des dĂ©penses totales de l’invaliditĂ©. (13) 

Une société malade?

Surmenage, manque de contrĂŽle et de reconnaissance, dĂ©gradation de l’esprit de groupe, manque d’équitĂ©, conflit entre des valeurs contradictoires
 Selon la plupart des recherches, les Ă©volutions observĂ©es dans le monde du travail et Ă  l’échelle de la sociĂ©tĂ© sont des dĂ©terminants bien plus importants dans l’émergence du burn-out que ne le sont les facteurs individuels (vulnĂ©rabilitĂ© au stress, Ăąge, genre, etc.) (14)  

Selon Th. PĂ©rilleux et P. Vendramin, l’augmentation alarmante de la prĂ©valence du burn-out doit ĂȘtre analysĂ©e au regard du modĂšle de performance qui depuis les annĂ©es 1980 s’est progressivement rĂ©pandu dans les entreprises marchandes et les organisations non-marchandes. Ce modĂšle se caractĂ©rise par : 

  • L’intensification de la production qui s’accompagne de l’exigence d’intensifier son implication dans l’activitĂ© aux dĂ©pens de la frontiĂšre qui sĂ©pare les sphĂšres professionnelles et privĂ©es. 
  • Le pouvoir de la mesure et le dĂ©veloppement du « gouvernement par l’objectif » qui misent sur la quantitĂ© plutĂŽt que la qualitĂ© et visent Ă  standardiser de nouvelles maniĂšres de faire en Ă©dictant des procĂ©dures rigides auxquelles les travailleurs doivent se conformer.  De ces exigences dĂ©coule une perte de sens du travail. 
  • La diffusion d’une idĂ©ologie de l’entreprise de soi qui pousse les salariĂ©s Ă  la prise de risques dans la gestion de leur carriĂšre. « MobilitĂ©, adaptabilitĂ© et employabilitĂ© deviennent les maitres-mots de la rĂ©volution managĂ©riale », estime le sociologue Vincent de Gaulejac. (15) 
  • Une fragilisation des inscriptions collectives de mĂ©tiers. « L’intensification de la production et les Ă©valuations individualisĂ©es concourent Ă  la destruction des formes de solidaritĂ© proche par lesquelles les professionnels se liaient pour rĂ©sister Ă  l’oppression », expliquent Thomas PĂ©rilleux et Patricia Vendramin. (16) 

Pistes d’action

AprĂšs la reprĂ©sentation, le public est invitĂ© Ă  interagir avec les comĂ©diens et comĂ©diennes qui souhaitent susciter la rĂ©flexion collective sur ce mal du siĂšcle et participer Ă  la prise de conscience de son caractĂšre sociĂ©tal. (17) 

En tĂ©moigne l’échange au cours duquel une spectatrice rĂ©agit Ă  des propos sur la responsabilitĂ© qui incomberait aux personnes en burn-out : « Des individus ont plus de risques que d’autres de dĂ©velopper un burn-out en raison de leur engagement personnel, de leur difficultĂ© Ă  poser des limites, de leur propension au perfectionnisme
 Mais il ne faut pas oublier que la sociĂ©tĂ© et les organisations dans lesquelles nous travaillons sont organisĂ©es d’une telle maniĂšre qu’elles empĂȘchent les individus de poser leurs propres limites. La sociĂ©tĂ© engrange ce phĂ©nomĂšne et rend l’individu responsable de sa propre maladie et de ce qui lui arrive, ce qui est extrĂȘmement inquiĂ©tant. » 

Par ailleurs, des pistes d’action et des revendications Ă©mergent des dĂ©bats. Face au constat du manque de professionnels formĂ©s sur le burn-out et aux propos dĂ©sastreux que des soignants ou des responsables d’entreprise tiennent parfois Ă  l’égard de leurs patients ou de leurs employĂ©s (voir l’encadrĂ©), des spectateurs invitent la troupe Ă  jouer la piĂšce devant des mĂ©decins, dans des entreprises et des universitĂ©s afin de favoriser une meilleure comprĂ©hension et prise en charge des personnes souffrant de ce syndrome. 

Plusieurs participants vantent aussi les mĂ©rites des groupes de parole et de soutien qui participent Ă  la prise de conscience collective des contextes propices au dĂ©veloppement du burn-out et offrent la possibilitĂ© aux personnes concernĂ©es de sortir de leur isolement en cĂŽtoyant des pairs-aidants qui comprennent sans juger. 

Enfin, Ă  plus grande Ă©chelle – celle de la transformation sociale et politique –, des spectateurs suggĂšrent d’éliminer les pratiques managĂ©riales qui instaurent un climat de compĂ©tition entre les travailleurs et de gĂ©nĂ©raliser la rĂ©duction collective du temps de travail pour mieux concilier parcours professionnel et vie privĂ©e.

Extrait d’une scĂšne de la piĂšce « BrĂ»lĂ©s de l’intĂ©rieur » 

Patient : Je me sens vraiment trĂšs fatiguĂ©. Ma vie n’a plus de sens. 

Docteur : Qu’avez-vous fait de spĂ©cial pour ĂȘtre aussi fatiguĂ© ? 

Patient : Je travaille beaucoup. 

Docteur : Combien d’heures ? 8, 10, 12 ?  

Patient : PlutĂŽt 10 que 8. MĂȘme 12, je dirais. 

Docteur :  Oh ! Mais ça va ! 
 Regardez mon agenda ! Mon carnet de consultations est complet. Regardez ! Consultation, consultation, consultation. Je passe moins de huit minutes par patient. AnamnĂšse. Diagnostic. Prescriptions. RentabilitĂ©. Performance. Vous voulez connaitre mon secret ? Ce sont les activitĂ©s-rĂ©crĂ©. Vous connaissez les activitĂ©s-rĂ©crĂ© ? 

Patient : Non. 

Docteur : Ce sont des activitĂ©s pour se vider l’esprit. Ça va aller, j’en suis sĂ»re, un peu de courage ! Regardez-moi ! J’y arrive, moi !  

Patient : Du courage, j’en ai. C’est l’énergie qui me fait dĂ©faut et puis
 il y a aussi
 

Docteur : Le mal de dos, je parie ! Regardez ! Moi, en vous Ă©coutant, je fais quelques petits squats. Ça me dĂ©tend les lombaires. Je combine travail et dĂ©tente. Moi, je cherche des combinaisons efficaces !

Cet article est paru initialement dans la revue SantĂ© ConjuguĂ©e, Dossier ” La culture, c’est bon pour la santĂ©!”, n°99, juin 2022. Il est reproduit avec l’aimable autorisation de l’autrice. 

RĂ©fĂ©rences 

(1) M. Frans, Le thĂ©Ăątre-action aujourd’hui : comment naviguer entre utopies et nĂ©cessitĂ©s ?, UniversitĂ© de LiĂšge, 2017-2018. 

(2) Centre du thĂ©Ăątre action, La dĂ©marche, https://www.theatre-action.be/le-theatre-action/la-demarche/  

(3) G. Mourin, « Le thĂ©Ăątre-action », PensĂ©e plurielle, 2002/1, n°4, https://www.cairn.info/revue-pensee-plurielle-2002-1-page-21.htm  

(4) Conseil supĂ©rieur de la santĂ©, Burnout et travail, septembre 2017.  

(5) C. Maslach et M. Leiter, Burn-out. Des solutions pour se prĂ©server et pour agir, Éd. des ArĂšnes, 2016. 

(6) Conseil supĂ©rieur de la santĂ©, op. cit. 

(7) Ibidem 

(8) AprĂšs un an, on parle d’invaliditĂ©. De 2004 Ă  2020, le nombre de personnes en invaliditĂ© a doublĂ©, passant Ă  plus de 470 000 (MutualitĂ© chrĂ©tienne, « En bref : IncapacitĂ© de travail – chiffres et indicateurs », MC Informations n° 284, juin 2021). 

(9) Les fonctionnaires statutaires n’étant pas couverts par le volet indemnitĂ©s de l’Assurance soins de santĂ© et indemnitĂ©s, ils n’apparaissent pas dans ces chiffres (MutualitĂ© chrĂ©tienne, op. cit.). 

(10) Inami, IncapacitĂ© de travail de longue durĂ©e : Combien de burnouts et de dĂ©pressions de longue durĂ©e ? Quel coĂ»t pour l’assurance indemnitĂ©s ?, https://www.inami.fgov.be/fr/statistiques/indemnites/Pages/incapacite-travail-longue-duree-combien-burn-outs-depressions.aspx  

(11) T. PĂ©rilleux et P. Vendramin, « Le travail est-il devenu insoutenable ? », SociĂ©tĂ©s en changement, vol. 1, mars 2017. 

(12) T. Chenel, « MĂ©tiers manuels : le burn-out invisible », Changer le travail/Sciences humaines, https://www.changerletravail.fr/m%C3%A9tiers-manuels-le-burn-out-invisible  

(13) Inami, op. cit. 

(14) Conseil supĂ©rieur de la santĂ©, op. cit. 

(15) V. De Gaulejac, Travail, les raisons de la colĂšre, Éditions du Seuil, 2011. 

(16) T. PĂ©rilleux et P. Vendramin, op.cit. 

(17) Agenda des prochaines reprĂ©sentations sur www.maisonmedicale.org  

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Description selon l’Ă©diteur

Matériel

  • 60 cartes « Action »
  • 4 catĂ©gories : SociĂ©tĂ©, Corps, SantĂ© et Relations, chacune divisĂ©e en plusieurs thĂ©matiques
  • 1 pĂąte Ă  modeler
  • 1 livret pĂ©dagogique
  • RĂšgles du jeu

Concept

Dans cet outil pĂ©dagogique, Ă  destination des professionnel·le·s qui souhaitent animer des groupes Ă  partir de 14 ans, on pourra dĂ©couvrir ou approfondir des sujets tels que : la sexualitĂ©, la pubertĂ©, les relations amoureuses, les violences, les stĂ©rĂ©otypes de genre


Les défis ? Mimer, modeler, dessiner, répondre aux différentes questions ou encore faire deviner un mot aux équipes adverses.

Une collaboration entre la FCPPF et Infor-Femmes LiĂšge.

Objectifs

  • Aborder de façon ludique et variĂ©e un grand nombre de sujets en lien avec l’éducation Ă  la vie relationnelle, affective et sexuelle.
  • DĂ©velopper une vision positive de la sexualitĂ© chez les jeunes.
  • Valoriser la diversitĂ© des vĂ©cus selon la personnalitĂ© et les prĂ©fĂ©rences de chacun·e.
  • Inviter les jeunes Ă  questionner les codes / idĂ©es reçues / fausses croyances vĂ©hiculé·e·s dans la sociĂ©tĂ© et la maniĂšre dont chacun·e peut ĂȘtre influencé·e par ceux·celles-ci dans sa vie personnelle et sa maniĂšre de penser.
  • Aborder les stĂ©rĂ©otypes de genre et susciter une prise de conscience des reprĂ©sentations qui enferment les hommes et les femmes dans des rĂŽles prĂ©dĂ©finis afin de tendre vers plus d’égalitĂ©.
  • Mettre en Ă©vidence certains stĂ©rĂ©otypes liĂ©s Ă  l’origine, Ă  l’orientation sexuelle, Ă  l’identitĂ© sexuelle, Ă  la religion et aux convictions philosophiques.
  • Donner des informations sur la lĂ©gislation et les ressources disponibles.

L’avis de PIPSa

Appréciation globale

Cet outil pĂ©dagogique attractif parvient Ă  allier avec succĂšs le pĂ©dagogique et le ludique. Ses ingrĂ©dients : un processus ludique facile d’accĂšs, connu et Ă©prouvĂ© ; des contenus clairs et synthĂ©tiques ; une proposition d’utilisation adaptĂ©e aux groupes-classes.

Les diffĂ©rentes cartes couvrent le champ des thĂ©matiques possibles en Evras. Elles sont soutenues par un guide consĂ©quent mais qui offre une belle synthĂšse Ă  l’utilisateur familier de ces matiĂšres. La rubrique « Quelques idĂ©es prĂ©conçues Ă  Ă©viter » illustre les prĂ©jugĂ©s Ă  laisser tomber avant d’animer un groupe.

Cet outil militant dĂ©veloppe une vision progressiste, fĂ©ministe et inclusive de l’EVRAS, de maniĂšre que tous.tes puissent y adhĂ©rer, dans la diversitĂ© des vĂ©cus et la volontĂ© de l’absence de normes.

Certains contenus/cartes peuvent sembler sensibles/difficiles/trop « frontales » Ă  animer (porno, mutilations gĂ©nitales
). A l’animateur-trice de rĂ©flĂ©chir comment il va les aborder (ou pas) avec les jeunes, en groupe mixte ou pas. L’outil ne spĂ©cifie pas les prĂ©cautions Ă  prendre pour l’animer dans des groupes mixtes au niveau du genre et au niveau des cultures (quid des groupes interculturels ?).

Vu le potentiel ludique de l’outil, le passage au dĂ©bat pourrait ĂȘtre difficile Ă  nĂ©gocier.

Objectifs

  • Identifier ses reprĂ©sentations et les stĂ©rĂ©otypes liĂ©es Ă  l’EVRAS (genre, orientation sexuelle, identité ).
  • Prendre connaissance d’informations nouvelles (loi, ressources disponibles).
  • DĂ©couvrir des possibilitĂ©s de prĂ©vention (violences, contraception).
  • Apprendre Ă  rĂ©flĂ©chir par soi-mĂȘme.

Public cible

A partir de 14 ans

Utilisation conseillée

  • MixitĂ© dans les Ă©quipes de jeunes.
  • Co-animation mixte pour rĂ©pondre aux questions des garçons et des filles, d’autant plus que la posture est fĂ©ministe.
  • VĂ©rifier le consentement des jeunes pour l’animation (permettre Ă  ceux qui ne voudraient pas de ne pas participer – dans la posture de l’animateur).
  • Alterner les tours de jeu avec et sans question de relance.
  • Trier les cartes pour Ă©viter les thĂ©matiques sensibles.

Points forts

SimplicitĂ© d’accĂšs, processus ludique, absence de plateau, exhaustivitĂ© des thĂšmes, rĂ©daction claire du carnet pĂ©dagogique.

Points d’attention

Pour animateur.trice issu.e de l’EVRAS

OĂč trouver l’outil

Chez l’Ă©diteur

FCPPF, Avenue Emile de BĂ©co 109, 1050 Ixelles, Belgique
+32 (0)2 514 61 03 – info@fcppf.be
www.fcppf.be – www.facebook.com/fcppf

Infor-Femmes LiÚge, 10 rue Trappé, 4000 LiÚge, Belgique
+32 (0)4 222 39 65 – inforfemmesliege@gmail.com
www.inforfemmesliege.be

Retrouvez une prĂ©sentation vidĂ©o de l’outil par Isabelle Donner (FCPPF) et Axelle Mohade (Infor-Femmes LiĂšge), rĂ©alisĂ©e lors de la MatinĂ©e OP’EVRAS (2dĂ©cembre 2020). La vidĂ©o comprend Ă©galement leurs rĂ©ponses aux questions du public.

https://vimeo.com/503127149

Contextualisation

Cette recherche vise Ă  mieux comprendre le vĂ©cu des Bruxellois francophones (BF) et porteurs d’un handicap sensoriel (PHS). Sur base de la littĂ©rature et la rĂ©alisation d’entretiens semi-directifs avec des personnes PHS, leurs aidants proches et des experts du terrain, nous avons proposĂ© des recommandations pour permettre Ă  ce public de mieux se prĂ©parer Ă  de futures pandĂ©mies.

La crise sanitaire liĂ©e Ă  la Covid-19 a eu un impact mondial. Les mesures sanitaires ont eu des rĂ©percussions sur le quotidien de la population mondiale. Cependant, certaines populations ont Ă©tĂ© plus impactĂ©es par cette crise sanitaire, telles que les populations plus vulnĂ©rables ou celles faisant face Ă  des inĂ©galitĂ©s en santĂ© prĂ©existantes. Les personnes porteuses d’un handicap est un public avec une vulnĂ©rabilitĂ© sociale, pas intrinsĂšque Ă  la personne, elle est le rĂ©sultat d’un ensemble de barriĂšres comportementales, environnementales et institutionnelles qui entraĂźnent des niveaux de vulnĂ©rabilitĂ© diffĂ©rents (Saldanha et al., 2021). La vulnĂ©rabilitĂ© sociale permet de mieux comprendre les rĂ©sultats inĂ©gaux de la crise de la Covid-19 en reliant les conditions sociales et l’exposition au risque (Mladenov and Brennan, 2021).

Bien qu’il existe de nombreux types de handicap, cet article se focalise sur le vĂ©cu des BF porteurs d’un handicap sensoriel (auditif et/ou visuel) durant la pandĂ©mie, de mars 2020 Ă  dĂ©but 2022. Dans le contexte belge, on observe un manque de concertations et de prises en considĂ©ration des personnes porteuses d’un handicap au cours de cette pandĂ©mie (UNIA, 2020). En effet, l’attention portĂ©e Ă  ce public se compte sur les doigts d’une main ; l’une, en avril 2020, dans les directives gouvernementales Belges concernant l’interdiction de se trouver sur la voie publique et l’autre, en aoĂ»t 2020 sur l’obligation du port du masque. De plus, il existe peu d’études Ă  propos de l’impact de la crise sanitaire liĂ©e Ă  la Covid-19 sur les personnes PHS.

Par ailleurs, la Belgique s’est engagĂ©e, en ratifiant la Convention relative aux droits des personnes handicapĂ©es (CDPH) de l’ONU (2006) en 2009, Ă  garantir l’inclusion des personnes porteuses d’un handicap dans la mise en Ɠuvre de lois et autres politiques et de veiller Ă  leur permettre d’avoir le meilleur Ă©tat de santĂ© possible sans discrimination fondĂ©e sur leur handicap. On peut constater que certains droits de la CDPH des personnes porteuses d’un handicap n’ont pas toujours Ă©tĂ© respectĂ©s dans le cadre de la crise sanitaire, multipliant les effets ressentis par cette population. À travers la littĂ©rature explorĂ©e (e.g. UNIA, 2020; Charafeddine et al., 2021; Gisle et al., 2021, 2022; Lorant et al., 2021), plusieurs difficultĂ©s ont Ă©tĂ© Ă©numĂ©rĂ©es telles que les effets sur la santĂ© mentale : le stress et la peur engendrĂ©s par les informations diffusĂ©es en continu via les mĂ©dias sociaux, les mesures sanitaires limitant les contacts sociaux et les activitĂ©s du quotidien, la prĂ©occupation pour leur Ă©tat de santĂ© et leur accĂšs aux soins. Il y a aussi les effets Ă©conomiques prĂ©sents comme la hausse du coĂ»t de la vie, les pertes de revenu et les difficultĂ©s pour travailler.

Pourtant, les personnes PHS reprĂ©sentent une part significative de la population bruxelloise, Ă  peu prĂšs 10%. Les personnes porteuses d’un handicap auditif reprĂ©sentent 8,9% de la population BF en 2016 (FFSB, 2017) et les personnes porteuses d’un handicap visuel, d’aprĂšs Eqla (2022), reprĂ©sentent 1,1%. La communautĂ© des personnes PHS est assez importante au vu de son pourcentage et trĂšs hĂ©tĂ©rogĂšne, il est donc primordial de s’y intĂ©resser.

L’Ă©tude en quelques mots

La prĂ©sente Ă©tude s’intĂšgre dans le projet Pandorix. Cette Ă©tude a visĂ© Ă  comprendre plus particuliĂšrement le vĂ©cu des personnes PHS grĂące Ă  des donnĂ©es qualitatives obtenues par des entretiens semi-directifs en vue de rĂ©pondre Ă  la question : « Comment les personnes francophones porteuses d’un handicap sensoriel ont-elles vĂ©cu la pandĂ©mie de la covid-19 Ă  Bruxelles ? ». Afin d’y parvenir, la triangulation des donnĂ©es a Ă©tĂ© utilisĂ©e en interviewant les personnes PHS, leurs aidants proches et les experts liĂ©s au handicap. Les entretiens semi-directifs rĂ©alisĂ©s pour rĂ©colter les donnĂ©es, ont permis de s’adapter aux besoins et aux capacitĂ©s de chacun. Les entretiens ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s en suivant un guide d’entretien basĂ© sur celui de Pandorix, il a permis d’explorer le vĂ©cu de la pandĂ©mie et la gestion de futures crises sanitaires. Il y a un guide d’entretien spĂ©cifique Ă  chaque groupe de personnes interviewĂ©es. Le recrutement s’est fait par la mobilisation du rĂ©seau social personnel (Facebook ou bouche-Ă -oreille), par les Ă©changes tĂ©lĂ©phoniques ou de courriels Ă  des organismes ou dans les centres de vaccination bruxellois. Le dĂ©coupage et codage des donnĂ©es ont Ă©tĂ© faits via le logiciel Nvivo et l’analyse des donnĂ©es a Ă©tĂ© faite par une analyse thĂ©matique.

Au total, pour cette recherche, 10 entretiens semi-directifs auront Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s dont 1 avec un expert liĂ© au handicap, 3 avec des associations (30 personnes contactĂ©es et 6 recrutĂ©es), 2 avec des aidants proches (4 personnes recrutĂ©es), 2 avec des personnes porteuses d’un handicap visuel et 3 avec des personnes porteuses d’un handicap auditif (6 personnes recrutĂ©es). En plus de cet Ă©chantillon, les propos d’un expert en gestion de crise consultĂ© dans le cadre du projet Pandorix sont utilisĂ©s pour cette Ă©tude.

Les thĂ©matiques abordĂ©es Ă©taient prĂ©dĂ©finies par le guide d’entretien mais d’autres sont apparues au cours des entretiens. Les catĂ©gories explorĂ©es sont les facteurs personnels (effets sur la santĂ© mentale et isolement social), facteurs contextuels (environnement soutenant, contexte de vie et communication de gestion de crise) et le vĂ©cu des mesures sanitaires, la vision d’une bonne santĂ© en temps de pandĂ©mie et les recommandations pour la gestion d’une future crise sanitaire.

Constats réalisés

L’ensemble des rĂ©sultats recueillis dans le cadre de cette recherche coĂŻncident avec ceux prĂ©sents dans la littĂ©rature, plusieurs constats en sont ressortis.

Le premier constat concerne les effets de la pandĂ©mie sur la santĂ© mentale. Dans les interviews, diffĂ©rentes ressentis ont Ă©tĂ© mentionnĂ©s : l’incertitude, l’incomprĂ©hension, la peur et la lassitude. Ces diffĂ©rentes ressentis peuvent ĂȘtre illustrĂ©s par les propos des personnes PHS et leurs aidants proches : « C’est l’incertitude puisqu’on annulait les choses les unes derriĂšre les autres parfois jusqu’à 24 heures avant et donc, c’est assez difficile Ă  vivre dans le sens oĂč vous ĂȘtes lĂ , est-ce que je vais y aller ou je ne vais pas y aller, est-ce que c’est maintenu, est-ce que ce n’est pas maintenu, dans quelles conditions cela va se faire Â», « Personne n’osait sortir, on avait peur de croiser des personnes. Â», « Il a eu difficile la premiĂšre annĂ©e et maintenant qu’il vit avec et moi aussi, c’est plus facile. S’il devait y avoir un troisiĂšme confinement, on fera, il continuera Ă  aller travailler avec son masque, on n’a pas le choix, on doit suivre les consignes Â». Tout au long de la pandĂ©mie, Sciensano a rĂ©alisĂ© des enquĂȘtes auprĂšs de la population belge et diffĂ©rents facteurs explicatifs ont Ă©tĂ© avancĂ©s (Braekman, 2020) dont la nouveautĂ© du virus, l’application et l’efficacitĂ© des mesures sanitaires et leurs changements perpĂ©tuels. Tous ces Ă©lĂ©ments favorisent le contexte anxiogĂšne de cette pandĂ©mie. Les rĂ©percussions sur la santĂ© mentale ont pu ĂȘtre accentuĂ©es par l’isolement social, fort mentionnĂ© lors des entretiens. Plusieurs Ă©tudes (Ciciurkaite, Marquez‐Velarde and Brown, 2021; Heinze et al., 2021; Holm et al., 2022) ont dĂ©montrĂ© que l’ensemble de la population a pu ressentir de l’isolement social et de la solitude, mais ce ressenti fĂ»t plus fort chez les personnes PHS. DĂ©jĂ  avant la pandĂ©mie, les personnes PHS Ă©prouvaient plus de solitude et d’isolement que le reste de la population, avec la pandĂ©mie, la diffĂ©rence fut exacerbĂ©e. Les personnes PHS ont, pour certains, un rĂ©seau social et une participation sociale plus faibles que le reste de la population gĂ©nĂ©rale et peuvent rencontrer des difficultĂ©s Ă  maintenir le lien social. Ce constat peut ĂȘtre illustrĂ© par un tĂ©moignage d’une personne PHS : « En m’enlevant ma kinĂ©, on m’enlevait aussi le contact social. Comme nous, on est handicapĂ©, on n’est pas souvent dans la vie active et la vie sociale, moi, j’ai l’acadĂ©mie 2 fois par semaine, la kinĂ© et puis, c’est fini, ma vie sociale rĂ©guliĂšre se rĂ©sume Ă  cela. (
) On m’a enlevĂ© la kinĂ© et vous m’enlevez l’acadĂ©mie, ça y est, c’est fini, mon rĂ©seau social tombe Ă  l’eau, mon rĂ©seau social physique. Â»

Il en dĂ©coule le deuxiĂšme constat, la prĂ©sence d’un environnement social soutenant est primordial pour permettre Ă  ce public de maintenir un lien social, mĂȘme en temps de pandĂ©mie. Il faut veiller Ă  rĂ©diger des mesures sanitaires adaptĂ©es Ă  ce public.

Le troisiĂšme constat met en avant les inĂ©galitĂ©s en santĂ© dĂ©jĂ  prĂ©sentes, qui ont Ă©tĂ© accentuĂ©es durant la pandĂ©mie. Deux points ont Ă©tĂ© Ă©voquĂ©s par les interviewĂ©s, le premier est l’accĂšs aux services de soins illustrĂ© par une association : « Il y a eu beaucoup d’isolement. Ce qui est souvent ressorti, c’est l’abandon des services professionnels, des services d’aides. Du jour au lendemain (
) il n’y avait plus d’aides Ă  domicile, cela a Ă©tĂ© trĂšs compliquĂ© pour les aidants de trouver de l’aide pour eux-mĂȘme ou pour leurs proches. Â». Le deuxiĂšme point Ă©noncĂ© est l’accĂšs aux informations en santĂ©, tĂ©moigne une association : « Durant le covid, les codĂ©co, le vendredi, (
) les mesures Ă©taient quasiment inaccessibles pour elles, parce que le dĂ©bit Ă©tait trop rapide, que l’interprĂšte Ă©tait en tout petit, qu’on le voyait Ă  peine, qu’il y avait une banniĂšre qui passait en dessous avec les informations Ă©crites mais beaucoup trop rapides, qui cachaient en partie l’interprĂšte ». Les difficultĂ©s d’accessibilitĂ© aux services de santĂ© et aux informations en santĂ© peuvent aussi s’expliquer par le manque d’adaptabilitĂ© aux personnes PHS. Les participants et la littĂ©rature mentionnent une aggravation des difficultĂ©s d’accĂšs aux services de soins existants avant la pandĂ©mie comme les transports, la communication ou l’environnement inaccessible, qui se sont renforcĂ©es avec les mesures sanitaires. Plusieurs points sont avancĂ©s par la littĂ©rature (van Kessel et al., 2022) concernant l’accessibilitĂ© des informations en santĂ© tels que le niveau en littĂ©ratie plus faible dans cette population, la fracture numĂ©rique ou le manque d’adaptabilitĂ© de la communication. Une Ă©tude (Cho and Kim, 2022) montre l’effet que la fracture numĂ©rique peut avoir auprĂšs des personnes porteuses d’un handicap, et explique que le manque d’accessibilitĂ© et de comprĂ©hension des informations qui entrave l’adoption de comportements protecteurs. Par ailleurs, dans un contexte de pandĂ©mie, oĂč du nouveau vocabulaire (par exemple : l’infodĂ©mie) est inventĂ© et des informations en santĂ© sont publiĂ©es quotidiennement, il est primordial de leur permettre d’accĂ©der aux informations en santĂ© afin d’acquĂ©rir un bon niveau de littĂ©ratie et de lutter contre les inĂ©galitĂ©s en santĂ©.

Agir sur la gestion de crise pour lutter contre les inégalités en temps de pandémie

Sur base des interviews et de la littĂ©rature, diffĂ©rentes recommandations pour une meilleure gestion de crise ont Ă©tĂ© suggĂ©rĂ©es. Tout d’abord, il serait pertinent de concerter davantage les personnes PHS et les experts du terrain, dans l’ensemble des Ă©tapes menant aux dĂ©cisions politiques et aux lois les concernant (Organisation des Nations Unies, 2020). Il doit y avoir une rĂ©elle inclusion dans le plan de relance Ă  la pandĂ©mie de la Covid-19 mais aussi dans le plan d’urgence belge (Organisation des Nations Unies, 2020; Service public fĂ©dĂ©ral – SĂ©curitĂ© sociale, 2021).

Ensuite, il semble primordial de se pencher sur la communication utilisĂ©e en gestion de crise. Plusieurs rapports d’organismes (Organisation des Nations Unies, 2020; UNIA, 2020; Service public fĂ©dĂ©ral – SĂ©curitĂ© sociale, 2021) appellent Ă  rendre la communication accessible Ă  tous, en ayant une communication ciblĂ©e aux groupes auxquels on souhaite s’adresser et proposer des formats adaptĂ©s. En effet, la communication en santĂ© publique joue un rĂ©el rĂŽle dans la gestion de crise (Nielsen et al., 2020). À travers la communication, il est possible de mobiliser la population afin de lutter contre la propagation du Covid (De Coninck et al., 2021). C’est pour cette raison qu’il est intĂ©ressant de se pencher sur le moyen de communiquer avec la population et de lui permettre d’accĂ©der Ă  une information fiable. En outre, il est indispensable de maintenir la confiance entre les politiques et la population, cela est envisageable en commençant par rĂ©expliquer la place des diffĂ©rents acteurs de gestion de crise auprĂšs de la population (celle des experts et celle des politiques dans le choix des directives prises) et que le gouvernement fasse preuve de plus de transparence dans les mesures prises ; cela permettrait Ă  la population de comprendre l’évolution et la complexitĂ© des mesures. En veillant Ă  avoir une meilleure communication, l’Etat belge peut espĂ©rer une meilleure adhĂ©sion aux directives gouvernementales de l’ensemble de la population.

Un autre point qui a Ă©tĂ© souvent soulevĂ© lors des interviews est le maintien et l’accĂšs aux services de soins durant une crise sanitaire. L’ONU (Organisation des Nations Unies, 2020) insiste sur l’importance d’accĂ©der aux systĂšmes de soins ; ceci prend en compte l’accĂšs aux informations en santĂ©, au matĂ©riel de protection, et aux services de soins. Cela passe Ă©galement par le renforcement du niveau de littĂ©ratie en santĂ© de ce public pour lutter contre les inĂ©galitĂ©s de santĂ©.

Un dernier point, Ă©voquĂ© par les participants, est la sensibilisation du handicap auprĂšs de la population en gĂ©nĂ©ral. Il est important de faire prendre conscience Ă  la population du vĂ©cu et des difficultĂ©s rencontrĂ©es dans le quotidien par les personnes porteuses d’un handicap sensoriel afin de les amener Ă  plus de tolĂ©rance. La sensibilisation doit se faire Ă  tous les niveaux, y compris auprĂšs des acteurs politiques et des professionnels de la santĂ©.

Perspectives

Cette Ă©tude a ses forces et ses faiblesses mais plusieurs perspectives sont envisageables. Bien que cette Ă©tude ait permis de donner la parole aux personnes PHS et de raconter leur vĂ©cu grĂące aux entretiens semi-directifs. Les entretiens ont pu s’adapter aux besoins et capacitĂ©s de chacun et la triangulation des donnĂ©es a permis de mettre en avant diffĂ©rents points de vue.

Cependant, plusieurs limites doivent ĂȘtre prises en compte. Le recrutement du public ciblĂ© n’est pas facile et les difficultĂ©s de communication rencontrĂ©es ont pu biaiser la rĂ©colte des donnĂ©es, par exemple le manque d’un interprĂšte officiel ou la nĂ©cessitĂ© d’ĂȘtre accompagnĂ© pour pouvoir s’inscrire au recrutement. Une premiĂšre perspective serait de repenser la mĂ©thodologie utilisĂ©e dans le recrutement et les entretiens, en faisant appel Ă  des personnes formĂ©es dans le handicap afin d’éviter les biais citĂ©s prĂ©cĂ©demment. Les conditions temporelles du mĂ©moire n’ont pas permis de continuer le recrutement, or il serait pertinent d’élargir le champ d’inclusion de l’échantillon Ă  des profils linguistiques et socio-culturels plus diversifiĂ©s et de toucher un plus large spectre du handicap. Une derniĂšre perspective serait de mieux documenter ce sujet, dans un premier temps, en rĂ©alisant une Ă©tude quantitative pour recenser les difficultĂ©s rencontrĂ©es par ce public et ensuite d’élargir le champ des personnes interviewĂ©es dans le domaine du handicap et la gestion de crise Ă  diffĂ©rents niveaux tels que les gestionnaires de crise, les organismes fĂ©dĂ©raux et communautaires liĂ©s au handicap, les communes, les experts du terrain, professionnels de la santĂ©, etc.

Les autrices et les auteurs de cet article

  • Pierard Charlotte (auteur correspondant : pierardcharlotte99@gmail.com) : ErgothĂ©rapeute avec un master en santĂ© publique. Son mĂ©moire est disponible sur dial UCL.
  • Robert Pierre-Olivier : Chercheur postdoctoral Ă  l’ORM/UCLouvain, Docteur en santĂ© publique, Sociologue et Assistant social.
  • Nguyen Nathan : Chercheur postdoctoral Ă  l’IRSS/UClouvain, Docteur en psychologie, et Biologiste.
  • Roussel Sandrine : Chercheure postdoctorale en IPSY/UCLouvain, Coordinatrice de Pandorix, Docteur en santĂ© publique et Psychologue.

La recherche Pandorix

PANDORIX – Horizon d’une Future Crise Sanitaire : Population Bruxelloise et Promotion de la SantĂ©, est une recherche prospective financĂ©e par Innoviris pour 3 ans, visant Ă  tirer les conclusions de la crise sanitaire actuelle en vue d’anticiper les futures crises sanitaires.

La recherche est menĂ©e conjointement par le Groupe de Recherche sur la psychologie de la santĂ© publique et du vieillissement (IPSY), l’Observatoire de recherche sur les mĂ©dias et le journalisme (ILC) et le Centre de Recherche en Ă©pidĂ©miologie des dĂ©sastres (IRSS), tous trois membres de l’UCLouvain.

Elle combine des expertises en santĂ© publique en associant la psychologie de la santĂ©, l’épidĂ©miologie des catastrophes, la sociologie des mĂ©dias et de la communication pour mettre en Ɠuvre une recherche portant sur les possibilitĂ©s d’action des acteurs et collectifs de la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale, en s’inscrivant dans la philosophie de la promotion de la santĂ©.

Retrouvez toutes les informations sur le projet et les participants sur Le Projet (pandorix.be) (texte issu du site)

Bibliographie

Braekman (2020) QuatriĂšme EnquĂȘte de santĂ© COVID-19. RĂ©sultats prĂ©liminaires, sciensano.be. Available at: https://www.sciensano.be/fr/biblio/quatrieme-enquete-de-sante-covid-19-resultats-preliminaires (Accessed: 15 December 2021).

Charafeddine, R. et al. (2021) HuitiĂšme enquĂȘte de santĂ© Covid-19: RĂ©sultats prĂ©liminaires. Sciensano. Available at: https://www.sciensano.be/fr/biblio/huitieme-enquete-de-sante-covid-19-resultats-preliminaires.

Cho, M. and Kim, K.M. (2022) ‘Effect of digital divide on people with disabilities during the COVID-19 pandemic’, Disability and Health Journal, 15(1), p. 101214. Available at: https://doi.org/10.1016/j.dhjo.2021.101214.

Ciciurkaite, G., Marquez‐Velarde, G. and Brown, R.L. (2021) ‘Stressors associated with the COVID‐19 pandemic, disability, and mental health: Considerations from the Intermountain West’, Stress and Health, p. 10.1002/smi.3091. Available at: https://doi.org/10.1002/smi.3091.

De Coninck, D. et al. (2021) ‘Beliefs in Conspiracy Theories and Misinformation About COVID-19: Comparative Perspectives on the Role of Anxiety, Depression and Exposure to and Trust in Information Sources’, Frontiers in Psychology, 12, p. 646394. Available at: https://doi.org/10.3389/fpsyg.2021.646394.

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van Kessel, R. et al. (2022) ‘Digital Health Paradox: International Policy Perspectives to Address Increased Health Inequalities for People Living With Disabilities’, Journal of Medical Internet Research, 24(2), p. e33819. Available at: https://doi.org/10.2196/33819.

Lorant, V. et al. (2021) ‘Psychological distress associated with the COVID-19 pandemic and suppression measures during the first wave in Belgium’, BMC Psychiatry, 21(1), p. 112. Available at: https://doi.org/10.1186/s12888-021-03109-1.

Mladenov, T. and Brennan, C.S. (2021) ‘Social vulnerability and the impact of policy responses to COVID-19 on disabled people’, Sociology of Health & Illness, n/a(n/a). Available at: https://doi.org/10.1111/1467-9566.13379.

Nielsen, R.K. et al. (2020) ‘Communications in the Coronavirus Crisis: Lessons for the Second Wave’, p. 26.

Organisation des Nations Unies (2006) Texte intégral de la Convention relative aux droits des personnes handicapées (1/3) | Disabilities FR. Available at: https://www.un.org/development/desa/disabilities-fr/la-convention-en-bref-2/texte-integral-de-la-convention-relative-aux-droits-des-personnes-handicapees-13.html (Accessed: 11 December 2021).

Organisation des Nations Unies (2020) Note de synthĂšse: Inclusion du handicap dans la riposte Ă  la COVID-19. Available at: https://www.un.org/sites/un2.un.org/files/2020/06/covid-19_inclusion_du_handicap.pdf.

Saldanha, J.H.S. et al. (2021) ‘Persons with disabilities during the COVID-19 pandemic: guaranteeing fundamental rights and equity in care’, Cadernos de SaĂșde PĂșblica, 37. Available at: https://doi.org/10.1590/0102-311X00291720.

Service public fĂ©dĂ©ral – SĂ©curitĂ© sociale (2021) Plan d’action fĂ©dĂ©ral handicap : 2021 – 2024. Available at: https://handicap.belgium.be/docs/fr/plan-federal-handicap-2021-2024.pdf.

UNIA (2020) COVID et droits humains: impact sur les personnes handicapées et leurs proches, p. 54. Available at: https://www.unia.be/files/Documenten/Publicaties_docs/Resultats_consultation_impact_COVID_sur_les_personnes_handicapees_et_leurs_proches.pdf.

Born in Brussels est un site abordant la naissance et la petite enfance en RĂ©gion bruxelloise. Mis en ligne fin avril, il continue chaque jour de s’étoffer avec toujours plus d’actualitĂ©s, de tĂ©moignages et de bons plans. Grand public et professionnels y trouveront de nombreuses informations et un carnet d’adresses bien fourni.

Historique

L’idĂ©e de ce site vient d’une rĂ©flexion faite, en 2014, entre plusieurs acteurs de la santĂ© bruxelloise : le Centre d’Expertise et de Ressources pour l’Enfance, l’Observatoire de la SantĂ© et du Social et Hospichild. Ensemble, ils imaginent lancer un projet afin d’informer et de soutenir la parentalitĂ©, la naissance et l’épanouissement du jeune enfant en RĂ©gion bruxelloise. Les annĂ©es passant, d’autres associations et acteurs ont rejoint le mouvement : Brusano, Bruss’help, Volle Maan Expertisecentrum Kraamzorg, Droits Quotidiens et mĂȘme des stagiaires pleines d’idĂ©es ! Les phases de conception du projet sont soutenues financiĂšrement depuis 2019 par la Commission communautaire commune de Bruxelles-Capitale. Fin 2021, un subside a Ă©tĂ© accordĂ© au CDCS-CMDC asbl pour donner vie Ă  ce qui est aujourd’hui Born in Brussels.

Un long moment créatif

Pour concevoir un contenu de qualitĂ©, de nombreuses tĂȘtes se sont penchĂ©es sur le site. Tout d’abord, il y a eu l’équipe d’Hospichild (CDCS-CMDC) qui possĂšde une expĂ©rience de plus de 15 ans dans les thĂ©matiques liĂ©es Ă  l’enfance gravement malade et hospitalisĂ©e. C’est cette Ă©quipe, accompagnĂ©e de deux Ă©tudiantes en santĂ© publique, qui a rĂ©digĂ© la plupart des textes du site. Une fois crĂ©Ă©s, ceux-ci ont Ă©galement Ă©tĂ© soumis Ă  divers professionnels pour validation. Ensuite, pour les rĂ©pertoires d’adresses utiles Ă  Bruxelles, c’est l’équipe de Bruxelles Social (CDCS-CMDC) qui s’est attelĂ©e Ă  la tĂąche. En effet, les bonnes adresses qu’on retrouve sur le site Born in Bruxelles sont directement liĂ©es Ă  la base de donnĂ©es de Bruxelles Social et elles sont, de ce fait, automatiquement remises Ă  jour. AprĂšs cela, il a fallu s’attaquer Ă  la partie juridique qui se situe sous l’onglet « Droits et dĂ©marches ». Pour cela, le CDCS-CMDC a collaborĂ© avec l’asbl Droits quotidiens pour importer du contenu sur le site Born in Brussels. Celui-ci sera donc automatiquement actualisĂ© en cas de mise Ă  jour. Enfin, une nouvelle collĂšgue a rejoint l’équipe du CDCS-CMDC pour venir en renfort et soutenir le projet. Aujourd’hui, trois personnes sont ainsi aux commandes du site Born in Brussels : Emmanuelle Van Besien, coordinatrice et initiatrice du projet, Rebecca LĂ©vĂȘque, coordinatrice adjointe et Sofia Douieb, attachĂ©e Ă  Hospichild, en soutien.

Le site

En perpĂ©tuel dĂ©veloppement, le site comprend de nombreuses pages informatives sur le dĂ©sir d’enfant, la grossesse, l’accouchement et la petite enfance de 0 Ă  2,5 ans. Il dispose Ă©galement de deux rĂ©pertoires d’adresses utiles Ă  Bruxelles. L’un permet de trouver des associations en lien avec les thĂ©matiques abordĂ©es sur le site, l’autre, appelĂ© “SOS”, permet d’obtenir des adresses en lien avec l’aide d’urgence. Le site comporte aussi une large rubrique sur les droits des parents et les dĂ©marches administratives Ă  accomplir Ă  Bruxelles. CrĂ©Ă©e en collaboration avec Droits Quotidiens asbl, elle offre des informations juridiques en langage clair, rĂ©digĂ©es par des juristes spĂ©cialisĂ©s et bĂ©nĂ©ficie d’une mise Ă  jour automatisĂ©e. Enfin, le site comprend des actualitĂ©s, des tĂ©moignages, un agenda d’évĂ©nements liĂ©s Ă  la pĂ©rinatalitĂ© Ă  Bruxelles et une liste de bons plans. Il est complĂ©tĂ© par une newsletter, une page Facebook, un compte Twitter et LinkedIn.

Un plus pour les citoyens bruxellois

Lorsqu’un futur ou jeune parent bruxellois se pose des questions sur la naissance et la petite enfance et qu’il effectue quelques recherches sur le web, une myriade d’informations lui sera proposĂ©e par de nombreux sites commerciaux, institutionnels et Ă©trangers. Avant Born in Brussels, rien n’était spĂ©cifique Ă  Bruxelles. La population bruxelloise possĂšde pourtant ses particularitĂ©s. Une frange de la population vit malheureusement dans la pauvretĂ© (en 2019, 41 % des enfants et adolescents se trouvaient dans un mĂ©nage dont le revenu se situait sous le seuil de risque de pauvretĂ©. C’était pire encore pour les familles comportant plusieurs enfants. Avec trois enfants le taux grimpait Ă  46 %, avec plus de trois enfants, il Ă©tait de 56 % (1)), l’interculturalitĂ© est omniprĂ©sente, le bilinguisme est une nĂ©cessitĂ© et les acteurs, services et rĂšglementations sont parfois bien diffĂ©rents du reste de la Belgique. D’oĂč l’importance d’un site neutre avec un contenu identique en français et en nĂ©erlandais, un carnet d’adresse bruxellois, un accent sur les familles prĂ©carisĂ©es et des tĂ©moignages de vrais locaux. Tout ce qu’offre aujourd’hui Born in Brussels ! Et puis, les familles reprĂ©sentent tout de mĂȘme une belle part de la population (en 2021, la RĂ©gion bruxelloise comptait 559 260 mĂ©nages dont 30 % comportait 3 personnes ou plus (2). Elle comptait Ă©galement 38 990 petites filles de 0 Ă  4 ans et 41 048 petits garçons (3). En outre, prĂšs de 65 000 familles monoparentales vivent en RĂ©gion bruxelloise (4). Il est donc primordial d’en tenir compte et de leur offrir les informations dont elles ont besoin. Enfin, environ 22 000 naissances sont enregistrĂ©es chaque annĂ©e Ă  Bruxelles (5), ce qui prouve bien que la naissance et la petite enfance sont des Ă©lĂ©ments importants de la vie bruxelloise.

Un soutien pour les professionnels

Outre les informations et adresses qui pourront soutenir le travail des professionnels du secteur pĂ©rinatal, Born in Brussels se veut ĂȘtre un acteur phare de la pĂ©rinatalitĂ© en RĂ©gion bruxelloise en favorisant l’émergence d’un rĂ©seau collaboratif entre eux. Ils pourront, par exemple, promouvoir leurs activitĂ©s (atelier portage, groupe de parole, workshop diabĂšte de grossesse ou grossesse gĂ©mellaire, entraide entre mamans solos, etc.) via l’agenda ou un article sur le site. Des annonces pourront aussi ĂȘtre faites via la newsletter. Born in Brussels est prĂȘt Ă©galement Ă  mettre son Ă©nergie au service de projets divers, toutes les idĂ©es sont donc les bienvenues ! En ce moment, une collaboration a dĂ©jĂ  dĂ©butĂ© avec “Docteur Coquelicot” (SociĂ©tĂ© Scientifique de MĂ©decine GĂ©nĂ©rale) en vue de crĂ©er un e-book rempli de recommandations sur la santĂ© environnementale avant, pendant et aprĂšs la conception d’un enfant. Affaire Ă  suivre, donc !

En conclusion

Le site Born in Brussels est accessible via www.bornin.brussels. Il compte plus de 550 pages et, comme tout bébé en pleine forme, il poursuivra encore sa croissance durant de belles et longues années. Un évÚnement de lancement et une large communication grand public sont prévues pour la rentrée !

Coordonnées

Coordinatrice : Emmanuelle Van Besien
www.bornin.brussels
info@bornin.brussels
02 639 60 29

CDCS-CMDC
https://www.cdcs-cmdc.be/

Rue de l’Association 15
1000 Bruxelles

La 10Ăšme ConfĂ©rence mondiale sur la promotion de la santĂ©, qui s’est tenue Ă  GenĂšve en dĂ©cembre 2021, a rassemblĂ© plus de 4.500 participants Ă  travers le monde. Il est de coutume qu’une dĂ©claration ou une charte voie le jour pour conclure un tel rassemblement : c’est le cas de la Charte de GenĂšve pour le bien-ĂȘtre, hĂ©ritiĂšre de la Charte d’Ottawa qui posa ‘les fondements de la promotion de la santé’ et des autres qui ont suivi.

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Une longue lignĂ©e de dĂ©clarations et de chartes, Ă  la suite d’Ottawa

Rappelons les chartes et les dĂ©clarations qui ont jalonnĂ© l’Histoire et qui ont renforcĂ© la reconnaissance et la place de la promotion de la santĂ© :

  • 1986 – la Charte d’Ottawa met en Ă©vidence les dĂ©terminants de la santĂ©, mais ambitionne plus largement de favoriser le bien-ĂȘtre complet de l’individu et prend en compte les dĂ©terminants sociaux de la santĂ©.
  • 1988 – les Recommandations d’AdĂ©laĂŻde portent sur la “politique publique saine”.
  • 1991 – la DĂ©claration de Sundsvall appuie “les environnements favorables Ă  la santĂ©â€.
  • 1997 – la DĂ©claration de Jakarta insiste sur le contexte de mondialisation auquel doit s’adapter la promotion de la santĂ©.
  • 2000 – la DĂ©claration de Mexico qui rappelle la responsabilitĂ© des gouvernements, entre autres, pour faire place Ă  l’équitĂ© en santĂ©.
  • 2005 – la Charte de Bangkok qui Ă©largit les 5 domaines d’action de la Charte d’Ottawa “à l’heure de la mondialisation”.
  • 2009 – l’Appel Ă  l’action de Nairobi pour dĂ©passer les dĂ©clarations (d’intention) et mobiliser les politiques pour agir.
  • 2013 – la DĂ©claration d’Helsinki avec “la santĂ© dans toutes les politiques” pour s’adresser aux inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ©.
  • 2016 – la DĂ©claration de Shanghai pour inscrire davantage la promotion de la santĂ© dans le Programme du dĂ©veloppement durable Ă  l’horizon 2030.
  • 2019 – la DĂ©claration de Rotorua pour une santĂ© planĂ©taire1
  • 2021 – la Charte de GenĂšve pour le bien-ĂȘtre.

Pour aller plus loin, nous vous recommandons l’infographie dynamique rĂ©alisĂ©e par PromoSantĂ© Ile de France (disponible sur son site).

Des sociĂ©tĂ©s fondĂ©es sur le bien-ĂȘtre

Le terme « bien-ĂȘtre » fait dĂ©jĂ  partie intĂ©grante de la dĂ©finition de la santĂ© de l’OMS (1945) et il fut ensuite appuyĂ© par la Charte fondatrice d’Ottawa (et consƓurs). Toutefois, le glissement volontaire du terme « santĂ© » ou « favorable Ă  la santĂ© » vers « sociĂ©tĂ©s du bien-ĂȘtre » n’est pas anodin. On le sait d’expĂ©rience, quand on explique qu’on intervient dans le champ de la promotion de la santĂ©, il est toujours nĂ©cessaire de revenir sur ce qu’on entend par « santĂ© » et prĂ©ciser qu’on vise – au-delĂ  du soin – une vision globale de celle-ci et l’ensemble de ses dĂ©terminants.

La prĂ©sente Charte a aussi la particularitĂ© d’ĂȘtre la premiĂšre ayant suivi la crise sanitaire mondiale de la Covid-19 qui a mis davantage en lumiĂšre l’interconnexion entre la santĂ© de la planĂšte et du vivant, les inĂ©galitĂ©s sociales accrues (« dans et entre les groupes sociaux et les nations2 ») et l’impact des dĂ©terminants de la santĂ© (« Ă©cologiques, politiques, commerciaux, numĂ©riques et sociaux3 »).

Des sociĂ©tĂ©s fondĂ©es sur le bien-ĂȘtre, pour toutes et tous oĂč qu’ils ou elles se trouvent, aujourd’hui et pour les gĂ©nĂ©rations futures, sur une planĂšte « en bonne santé »  voici un sacrĂ© programme !

Dans la Charte, les signataires précisent que de telles sociétés appliquent des politiques audacieuses et des approches transformatrices qui reposent sur :

  • « une vision positive de la santĂ© qui intĂšgre le bien-ĂȘtre physique, mental, spirituel et social ;
  • les principes des droits humains, de la justice sociale et environnementale, de la solidaritĂ©, de l’équitĂ© de genre et inter-gĂ©nĂ©rationnelle, et la paix ;
  • un engagement pour un dĂ©veloppement durable Ă  faible Ă©mission carbone, basĂ© sur la rĂ©ciprocitĂ© et le respect entre les ĂȘtres humains, et en paix avec la nature ;
  • de nouveaux indicateurs de rĂ©ussite, au-delĂ  du PIB, qui prennent en compte le bien-ĂȘtre humain et de la planĂšte, et qui mĂšnent Ă  formuler de nouvelles prioritĂ©s pour les dĂ©penses publiques ;
  • le focus  de la promotion de la santĂ© sur le renforcement du pouvoir d’agir, l’inclusion, l’équitĂ© et la participation significative de la population.4« 

Agir sans plus tarder !

Une fois de plus, c’est un appel pressant Ă  l’action qui est formulĂ©. La Charte pour le bien-ĂȘtre « exprime l’urgence de crĂ©er des sociĂ©tĂ©s, sources d’un bien-ĂȘtre durable, engagĂ©es en faveur de l’équitĂ© en santĂ©, aujourd’hui et pour les gĂ©nĂ©rations futures, dans le respect des limites Ă©cologiques.5 » A l’instar des dĂ©clarations depuis Shanghai (2016), ces actions sont Ă  mettre en lien et en cohĂ©rence avec le Programme de dĂ©veloppement durable Ă  l’horizon 20306 .


Tout au long de son texte, la Charte en appelle Ă  la responsabilitĂ© des gouvernements et des dĂ©cideurs politiques, ainsi qu’au secteur privĂ©. Elle souligne Ă©galement l’importance de crĂ©er des partenariats entre acteurs de la sociĂ©tĂ© civile, acadĂ©miques, politiques, nationaux et internationaux pour l’implĂ©mentation de ces stratĂ©gies. Car c’est « ensemble », souligne-t-elle, qu’on peut « mener cette transformation vers des sociĂ©tĂ©s du bien-ĂȘtre dans tous les pays, en ne laissant personne derriĂšre.7 »

Des actions coordonnées dans 5 domaines

1.Valoriser, respecter et favoriser la planĂšte et ses Ă©cosystĂšmes 

La Charte rappelle ici l’objectif de maintenir le rĂ©chauffement de la planĂšte sous les 1,5 C° pour ce siĂšcle et la transition vers une Ă©conomie plus juste et ‘bas carbone’. Parmi les autres actions, on retrouve entre autres l’accĂšs pour toutes et tous aux Ă©nergies renouvelables ainsi qu’à l’eau et Ă  des systĂšmes alimentaires qui promeuvent une alimentation saine (dont l’allaitement maternel), tout en rĂ©duisant la pauvretĂ©. La nĂ©cessitĂ© de favoriser des relations harmonieuses entre les humains et la nature est soulignĂ©e (protĂ©ger la biodiversitĂ©, rĂ©duire la pollution et l’épuisement des ressources, intĂ©grer le concept « Un monde, une santĂ© Â» (One Health)
).

2.Concevoir une Ă©conomie Ă©quitable qui soit au service du dĂ©veloppement humain respectant les limites Ă©cologiques locales et planĂ©taires 

Pour mettre en place une telle Ă©conomie « pour le bien-ĂȘtre Â», toute une sĂ©rie de prioritĂ©s sont indiquĂ©es, dont des systĂšmes de protection sociale inclusifs, l’accĂšs Ă  un travail dĂ©cent et sĂ©cure, le droit du travail, les contributions de l’économie informelle incluant les soins prodiguĂ©s par le personnel soignant, les familles et les communautĂ©s
 parmi d’autres. Elles « sont traduites en action Ă  travers l’investissement dans la santĂ©, les budgets pour le bien-ĂȘtre, la protection sociale et des stratĂ©gies lĂ©gales et fiscales qui mĂšnent Ă  une Ă©conomie favorable Ă  la santĂ© et durable8« .

3.Développer des politiques publiques favorables à la santé pour le bien commun

La Charte insiste ici aussi sur la responsabilitĂ© des gouvernements envers leurs citoyens, l’importance des partenariats avec la sociĂ©tĂ© civile et que ceux-ci participent activement Ă  la gouvernance du niveau le plus local au plus global. Ainsi, le bien-ĂȘtre formerait « un nouveau contrat social Â» et servirait de « boussole pour les politiques publiques9« .

4.Atteindre une couverture universelle de santé

Pour ce faire, il est question notamment du soutien et du dĂ©veloppement des soins de santĂ© primaire, ainsi que des services de prĂ©vention et de promotion de la santĂ©. L’accĂšs Ă  toutes et tous Ă  des soins de qualitĂ© nĂ©cessite entre autres que le personnel soignant soit respectĂ© et protĂ©gĂ©.  La santĂ© mentale, la transformation numĂ©rique et la littĂ©ratie en santĂ© des populations tout au long de la vie sont Ă©galement citĂ©s comme prioritĂ©s.  Â« Le financement de la santĂ© n’est pas compris comme une dĂ©pense mais comme un investissement pour le bien-ĂȘtre et la rĂ©silience sociĂ©tale.10« 

5.Répondre aux impacts de la transformation numérique

Enfin, les deux faces de la rĂ©volution numĂ©rique et technologique sont pris en considĂ©ration avec les avantages (partage des connaissances, mise Ă  disposition efficiente des services, etc.) mais aussi les risques qui renforcent l’isolement et exacerbent les inĂ©galitĂ©s (fracture numĂ©rique, sĂ©dentaritĂ© et attrait des Ă©crans, infobĂ©sitĂ©, harcĂšlement et propos haineux, marketing de produits et de comportements mauvais pour la santé ). Soulignons que les dommages et la dĂ©responsabilisation des secteurs privĂ© et public doivent ĂȘtre, selon la Charte, pris en compte et contrecarrĂ©s.

Pour conclure, nous ne pouvons qu’espĂ©rer que cette Charte ne reste pas lettre morte, et que l’appel Ă  l’action, appuyĂ© par d’autres dĂ©clarations et programmes mondiaux et intersectoriels, soit entendu par nous toutes et tous. Car il est bien question ici de responsabilitĂ© et de mobilisation collective, concertĂ©e et collaborative, par toutes et tous (citoyens, associations, entreprise, organisation internationale
), en veillant Ă  renforcer le pouvoir d’agir de chacun/chacune pour prendre en main leur bien-ĂȘtre.

Comme le souligne trĂšs justement Christine Ferron dans son interview sur sa lecture de la Charte, « il s’agit lĂ  d’un engagement qui met au premier plan la dĂ©fense des valeurs de la promotion de la santĂ© et plus largement des sociĂ©tĂ©s dĂ©mocratiques, aujourd’hui menacĂ©es aussi bien Ă  l’international qu’à l’intĂ©rieur de notre propre pays.11« . Les implications de l’actuelle guerre en Ukraine (pour ne citer que celle-ci
) mettent en grave pĂ©ril l’atteinte et l’accomplissement d’un tel objectif : vivre dans des sociĂ©tĂ©s pour le bien-ĂȘtre humain et planĂ©taire.

A l’occasion de la journĂ©e mondiale de la santĂ©, l’OMS a publiĂ© un manifeste pour l’urgence de protĂ©ger la santĂ© humaine et de la planĂšte (l’attĂ©nuation de la crise climatique) ; la nature Ă©tant Ă  la source de la santĂ© humaine. « Nous avons besoin de solutions transformatrices pour sevrer le monde de sa dĂ©pendance aux combustibles fossiles, pour rĂ©imaginer des Ă©conomies et des sociĂ©tĂ©s axĂ©es sur le bien-ĂȘtre et pour prĂ©server la santĂ© de la planĂšte dont dĂ©pend la santĂ© humaine » (Dr.Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur actuel de l’OMS).

Références

La Charte de GenĂšve pour le bien-ĂȘtre

Le Programme de dĂ©veloppement durable Ă  l’horizon 2030, ONU (2015)

La Journée mondiale de la santé 2022 (OMS)

[1] Relisez Ă  ce propos l’analyse qu’en fait J. Morel, publiĂ©e en mai 2020 dans Education SantĂ©: “DĂ©claration pour une santĂ© planĂ©taire”: https://educationsante.be/declaration-pour-une-sante-planetaire/

[2] Voir la Charte de GenĂšve pour le bien-ĂȘtre, OMS (2021)

[3] Ibid.

[4] Ibid.

[5] Ibid.

[6] https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/development-agenda/

[7] Voir la Charte de GenĂšve pour le bien-ĂȘtre, OMS (2021)

[8] Ibid.

[9] Ibid.

[10] Ibid.

[11] Voir « Charte de GenĂšve pour le bien-ĂȘtre : le point de vue de Christine Ferron Â», FĂ©dĂ©ration Nationale d’Education et de promotion de la SantĂ©, 02/03/2022.

La proportion de personnes ĂągĂ©es au sein de la population des usager·es de drogues tend Ă  augmenter en Europe. Quels sont les facteurs de cette tendance ? Quelles sont les problĂšmes et risques liĂ©s Ă  ce phĂ©nomĂšne et comment les prĂ©venir ?

Les observateurs internationaux relĂšvent une augmentation du nombre et de la proportion de patientes et patients ĂągĂ©s entrant en traitement pour une consommation problĂ©matique de drogues illĂ©gales depuis les annĂ©es 2000 au niveau international et europĂ©en1. En 2010, un tiers des usager·es problĂ©matiques avaient entre 35 et 64 ans2. De plus, la proportion de patient·es de plus de 40 ans en traitement d’un usage problĂ©matique d’opioĂŻdes est passĂ©e d’1 sur 5 en 2006 Ă  1 sur 3 en 20133. En Belgique, le vieillissement de la population en traitement s’observe Ă©galement depuis de nombreuses annĂ©es, avec prĂšs d’1 patient·e sur 4 ayant plus de 50 ans4. Le vieillissement des patient·es est moins marquĂ© en matiĂšre de consommation d’alcool.

ParallĂšlement, dans certains pays, la prĂ©valence de la consommation de drogues illĂ©gales chez les personnes ĂągĂ©es s’est accrue au cours des annĂ©es 2010 et mĂȘme Ă  un rythme plus rapide que pour les groupes d’ñge plus jeunes (c’est notamment le cas aux États-Unis et en Allemagne). La consommation de cannabis est en augmentation chez les 55-64 ans de plusieurs pays d’Europe occidentale5.

La prĂ©valence de la consommation sur la vie des drogues traditionnelles (c’est-Ă -dire sur le territoire depuis plusieurs dĂ©cennies, comme le cannabis, l’hĂ©roĂŻne, le LSD
) est plus Ă©levĂ©e parmi les usager·es ĂągĂ©s par rapport aux plus jeunes. Au contraire, la prĂ©valence de la consommation sur la vie des drogues plus rĂ©centes (par exemple la MDMA) est plus importante chez les usager·es jeunes.

Le vieillissement de la population, et plus spĂ©cifiquement celui des usager·es, soulĂšvent des inquiĂ©tudes quant Ă  la capacitĂ© des services spĂ©cialisĂ©s et non spĂ©cialisĂ©s Ă  prendre en charge et gĂ©rer un nombre croissant d’usager·es ĂągĂ©es, leurs besoins de santĂ© et leurs problĂ©matique parfois complexes (problĂšmes de santĂ© mentale, douleurs chroniques, polyconsommation, comorbiditĂ©s, etc.) au cours des prochaines dĂ©cennies.

Les facteurs d’augmentation du nombre d’usager·es ĂągĂ©s

Plusieurs facteurs influencent l’accroissement de l’étendue de l’usage de drogues chez les personnes ĂągĂ©es. L’un de ces facteurs pourrait ĂȘtre un effet de cohorte, par lequel un groupe d’individus, ici la gĂ©nĂ©ration du babyboom, partagent des expĂ©riences sociales et culturelles communes Ă  cause de leur pĂ©riode de naissance (entre 1946 et 1964). Ces expĂ©riences peuvent ĂȘtre diffĂ©rentes des cohortes prĂ©cĂ©dentes. Les babyboomers ont grandi dans un moment oĂč l’usage des drogues illicites atteignaient des niveaux relativement Ă©levĂ©s et ont dĂšs lors davantage expĂ©rimentĂ© des drogues au cours de leur jeunesse que les gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes ; et une partie d’entre eux et elles ont poursuivis leur consommation.

Les usager·es de drogues illĂ©gales tendent en effet Ă  poursuivre le type de consommation qu’ils ont initiĂ© au cours de leur jeunesse et sont gĂ©nĂ©ralement moins exposĂ©s aux drogues plus rĂ©centes que les plus jeunes6. Les opioĂŻdes (principalement l’hĂ©roĂŻne), la cocaĂŻne et le cannabis sont les drogues les plus consommĂ©es par les usager·es ĂągĂ©s, et la majoritĂ© d’entre eux consomment Ă©galement de l’alcool7. Cet effet de cohorte explique en partie une prĂ©valence de l’usage plus importante au sein des personnes plus ĂągĂ©es dans nombres de pays occidentalisĂ©s8.

L’usage simple de cannabis (i.e. non problĂ©matique), tout particuliĂšrement, est marquĂ© par cet effet de cohorte, contribuant ainsi Ă  une augmentation de la prĂ©valence. Cette tendance est renforcĂ©e par la baisse des risques perçus liĂ©s Ă  la consommation de cannabis et les Ă©volutions sociĂ©tales favorables Ă  sa lĂ©galisation depuis les annĂ©es 2000.

Culture de la drogue : Ă©volutions du 20Ăšme siĂšcle

Le rapport de l’Occident Ă  la consommation de drogues a significativement Ă©voluĂ© depuis les annĂ©es 1960. L’usage de drogues s’est Ă©rigĂ© en totem de la contre-culture politisĂ©e, alternative, post-matĂ©rialiste, transgressive et libĂ©ratrice de la jeunesse des annĂ©es 1960-1970, en rĂ©action aux valeurs des gĂ©nĂ©rations prĂ©cĂ©dentes et du monde politique. Les drogues illicites les plus consommĂ©es Ă©taient alors le cannabis, le LSD et les amphĂ©tamines. L’hĂ©roĂŻne est devenue de plus en plus disponible Ă  partir de la moitiĂ© des annĂ©es 1970, jusqu’à atteindre un pic dans les annĂ©es 1980-1990 en Europe occidentale. L’augmentation de la disponibilitĂ© de l’hĂ©roĂŻne, en combinaison avec l’effet de cohorte, est Ă  l’origine de l’épidĂ©mie d’usage d’hĂ©roĂŻne, d’infections au VIH et d’overdoses des annĂ©es 1980 et 19909.

Le nombre croissant d’usager·es ĂągĂ©s entrant en traitement peut s’expliquer par le vieillissement des usager·es ayant connu un long parcours de consommation (problĂ©matique) et plusieurs tentatives de traitement. La grande majoritĂ© des usager·es ĂągĂ©s entrant en traitement ont effectivement dĂ©butĂ© leur consommation avant leurs 30 ans et beaucoup sont rĂ©fĂ©rĂ©s par le systĂšme judiciaire10. Cette tendance illustre la nature chronique et le risque de rechute qui composent les consommations problĂ©matiques (y compris les dĂ©pendances)11.

Toutefois, 35% des usager·es ĂągĂ©s entrant en traitement en Europe le font pour la premiĂšre fois, ce qui signifie qu’ils peuvent avoir dĂ©veloppĂ© une problĂ©matique tardivement au cours de leur vie12.

Les demandes de traitement en Belgique13

L’indicateur de demandes de traitement (TDI) donne un aperçu du profil et du parcours des personnes en demande de traitement. Ainsi, les demandeur·ses de plus de 45 ans ayant des antĂ©cĂ©dents thĂ©rapeutiques ont en moyenne commencĂ© la consommation de la substance problĂ©matique avant leurs 35 ans (32 ans pour les opiacĂ©s, 27 ans pour la cocaĂŻne et 35 ans pour les hypnotiques). Les primo-demandeur·ses tendent Ă  avoir dĂ©butĂ© leur consommation plus tard (respectivement 36 ans, 33 ans et 41 ans).

L’origine de la demande est semblable pour les primo-demandeur·ses et les demandeur·ses ayant des antĂ©cĂ©dents thĂ©rapeutique de plus de 45 ans, et Ă©manent principalement de la personne elle-mĂȘme, de la famille, du ou de la mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste ou de l’hĂŽpital ; une orientation par la justice est beaucoup moins frĂ©quente.

Enfin, les usager·es de plus de 45 ans représentent environ 30% des demandes (chiffre stable depuis 2015). Les personnes de plus 65 ans sont davantage représentées au sein des primo-demandeur·ses (3,8% en 2019, contre 2,9% chez les demandes avec antécédents thérapeutiques).

La photographie de la situation en Belgique est cependant partielle. Le TDI n’est en effet rĂ©coltĂ© que dans les services spĂ©cialisĂ©s en assuĂ©tudes et dans les hĂŽpitaux (gĂ©nĂ©raux et psychiatriques). Les cabinets et institutions privĂ©s, le milieu pĂ©nitentiaire, les maisons mĂ©dicales et la grande majoritĂ© des services de santĂ© mentale non spĂ©cialisĂ©s n’y prennent pas part. Ainsi, les usager·es prĂ©carisĂ©s sont surreprĂ©sentĂ©s. Or, on peut considĂ©rer que les personnes ĂągĂ©es ayant des problĂšmes de consommation sont sous-reprĂ©sentĂ©es au sein des services participant au TDI (hormis les personnes vivant en grande prĂ©caritĂ©) ; d’une part, parce qu’elles sont plus souvent suivies par des gĂ©nĂ©ralistes ou par des institutions privĂ©es (ambulatoires ou rĂ©sidentielles). La recherche « Up To Date » pointe par exemple que les personnes consultant un ou une mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste pour des problĂšmes liĂ©s Ă  l’abus de substances sont majoritairement des adultes entre 45 et 64 ans (57,9%)14. D’autre part, les personnes ĂągĂ©es sont, du fait de leur Ăąge et parfois d’un usage problĂ©matique ou Ă  risque de longue durĂ©e, davantage impactĂ©es par la mortalitĂ© (prĂ©coce) liĂ©e Ă  l’usage de substances.

Ainsi, l’augmentation de la consommation de drogues et des entrĂ©es en traitement des usager·es ĂągĂ©s s’explique parallĂšlement par des facteurs jouant sur l’initiation tardive aux drogues (ou la reprise d’une ancienne consommation)15 :

  • L’évolution de la perception des risques liĂ©s Ă  la consommation de drogues ;
  • L’augmentation de la disponibilitĂ© des drogues ;
  • Des changements dans l’acceptabilitĂ© sociale de l’usage ;
  • La mĂ©dication ou l’automĂ©dication pour lutter contre la douleur, l’anxiĂ©tĂ© ou encore les dĂ©fis et maux liĂ©s Ă  l’entrĂ©e en pension ou au vieillissement.

Concernant ce dernier point, les personnes ĂągĂ©es prĂ©sentent en effet des niveaux plus Ă©levĂ©s de problĂšmes de santĂ© mentale, par exemple des Ă©tats dĂ©pressifs, et de plus hauts taux de facteurs de risques sociaux, tels que le deuil, l’isolation sociale, les problĂšmes financiers et le manque de soutien social. Le passage Ă  la pension pourrait Ă©galement avoir un impact sur l’usage de drogues, mais les preuves scientifiques sont actuellement limitĂ©es16. Un usage tardif peut aussi ĂȘtre associĂ© Ă  une prescription d’analgĂ©siques, qui prĂ©sentent des risques de mĂ©susage si leur prise n’est pas correctement ou suffisamment encadrĂ©e. De plus, de nombreuses personnes ĂągĂ©es rapportent souffrir de douleurs qui ne sont pas traitĂ©es de maniĂšre suffisante, Ă  cause d’autres substances qui ont accru leur tolĂ©rance aux analgĂ©siques. L’allongement de l’espĂ©rance vie et le vieillissement de la population impliquent Ă©galement que la proportion de patient·es ĂągĂ©es subissant des interventions chirurgicales et suivant des traitements mĂ©dicamenteux augmente17.

L’allongement de l’espĂ©rance de vie ne concerne Ă©videmment pas uniquement la gĂ©nĂ©ration des babyboomers. Les gĂ©nĂ©rations suivantes poursuivent cette tendance, tout en prĂ©sentant des taux de prĂ©valence de consommation au moins aussi Ă©levĂ©s ; il est dĂšs lors nĂ©cessaire de penser l’adaptation des services et des soins sur le long terme18.

Usage de drogues et vieillissement19

Le processus de vieillissement et l’usage de drogues s’influencent mutuellement, selon diffĂ©rents mĂ©canismes. En premier lieu, le vieillissement du corps humain altĂšre son fonctionnement et sa constitution. Un corps humain plus ĂągĂ© peut maintenir des niveaux de concentration de substances psychoactives dans le sang plus longtemps que les corps plus jeunes. Ceci affecte bien Ă©videmment les fonctions motrices et cognitives, augmentant ainsi les risques d’accident, de chute et de blessure, ou rendant difficile l’accomplissement d’activitĂ©s quotidiennes.

La prise de substances ayant des propriĂ©tĂ©s hallucinogĂšnes et dĂ©sorientantes (mĂ©dicaments psychotropes inclus) est particuliĂšrement risquĂ©e. Les personnes ĂągĂ©es ont une sensibilitĂ© accrue, ce qui dĂ©cuple les effets de ces substances, et leur tolĂ©rance est gĂ©nĂ©ralement plus basse. De plus, elles sont Ă©galement davantage susceptibles de prendre des mĂ©dicaments prescrits pour traiter diffĂ©rents maux physiques et psychiques. Or, les effets des mĂ©dicaments prescrits et ceux des drogues peuvent interagir, s’annuler ou se potentialiser, mettant les personnes en danger20.

ParallĂšlement, nous l’avons vu, le processus de vieillissement peut affecter les facteurs de risque de dĂ©velopper une consommation problĂ©matique sur le tard, en renforçant ou dĂ©clenchant des problĂšmes psychologiques, sociaux ou de santĂ©. Atteindre un Ăąge avancĂ© s’accompagne en effet de nombreux bouleversements psychosociaux et physiques (pension, solitude, douleurs chroniques, deuil, problĂšmes de santĂ© mentale, etc.). Les facteurs participant Ă  dĂ©tĂ©riorer la santĂ© psychique comprennent le manque de ressources personnelles (faibles compĂ©tences professionnelles, faible intelligence Ă©motionnelle, manque de perspectives, image de soi nĂ©gative, sentiment de ne pas contrĂŽler sa vie) et la rupture progressive des liens sociaux (familles, ami·es, travail)21.

L’usage de drogue (en particulier de longue durĂ©e) peut Ă  son tour aggraver l’état de santĂ© mentale et physique des personnes, compliquer voire accĂ©lĂ©rer le processus de vieillissement du corps et du cerveau. Les personnes ĂągĂ©es usagĂšres ont en effet plus de problĂšmes physiques et de santĂ© mentale que leurs pairs en population gĂ©nĂ©rale et les jeunes usager·es. Les usager·es, en particulier qui fument ou qui ont recours Ă  l’injection, sont davantage sujets Ă  des maux cardiorespiratoires. De mĂȘme, les maladies infectieuses sont plus frĂ©quentes parmi les usager·es ĂągĂ©s, notamment parce que leur consommation peut dater de plus longtemps, d’une pĂ©riode oĂč les services de rĂ©duction des risques Ă©taient moins rĂ©pandus.

L’usage de drogue est aussi associĂ© Ă  un risque accru de diabĂšte prĂ©coce et plus sĂ©vĂšre, de troubles neurologiques et de cancer. Les usager·es plus ĂągĂ©s expĂ©rimentent aussi souvent une accĂ©lĂ©ration des morbiditĂ©s mĂ©dicales et une progression dans la dĂ©tĂ©rioration de leurs organes, en particulier les usager·es dĂ©pendants. Le systĂšme immunitaire des personnes usagĂšres, notamment celles ayant longtemps vĂ©cu dans de mauvaises conditions, est davantage affectĂ© par le vieillissement22. Ainsi, on estime qu’à 40 ans, ils/elles peuvent requĂ©rir un niveau de soin normalement destinĂ© aux personnes ĂągĂ©es23.

Additionnellement, les usager·es de drogues sont disproportionnellement plus affectĂ©s par des problĂšmes psychologiques et psychiatriques, qui sont souvent plus complexes et sĂ©vĂšres qu’au sein de la population gĂ©nĂ©rale (anxiĂ©tĂ©, dĂ©mence, solitude, problĂšmes de mĂ©moire, confusion). L’usage prolongĂ© de drogues illicites est en effet associĂ© Ă  des troubles dĂ©pressifs et cognitifs. Et des Ă©vĂšnements de vie stressant, courants au sein des usager·es ĂągĂ©s (notamment le dĂ©cĂšs de proches), peuvent de plus exacerber des problĂšmes de santĂ© mentale et/ou provoquer une augmentation de la consommation ou l’adoption de modes de consommation plus risquĂ©s24.

Enfin, les Ă©tudes rapportent Ă©galement que les usager·es de drogues illĂ©gales plus ĂągĂ©s sont souvent socialement exclus et isolĂ©s de leurs proches et rĂ©seaux externes Ă  leurs rĂ©seaux d’usager·es. Ils/elles sont davantage marginalisĂ©s, ont de plus hauts taux de chĂŽmage, un niveau d’éducation plus bas, sont plus souvent sans abri et sont plus susceptibles d’avoir fait un sĂ©jour en prison25.

Les usager·es de drogues ùgés ont donc des profils souvent plus complexes que leurs jeunes pairs, présentent davantage de comorbidités et disposent généralement de moins de ressources pour faire face aux dommages et risques liés à une consommation de drogue. Le processus de vieillissement aggrave en effet les facteurs de risques et tend à fragiliser les facteurs de protection (insertion sociale, activités sportives et de loisir, santé physique et mentale, soutien des proches, etc.).

PROBLÈMES ET RISQUES CHEZ LES USAGER·ES DE DROGUES ÂGÉS26
Santé physique et mentale
– Risque accru de dĂ©cĂšs par maladie, overdose et suicide
– Âge mĂ©dian plus jeune au dĂ©cĂšs
– Apparition prĂ©maturĂ©e de troubles dĂ©gĂ©nĂ©ratifs, problĂšmes cardiovasculaires, maladie du foie, douleurs physiques, capacitĂ© physique fonctionnelle rĂ©duire, problĂšmes respiratoires et diabĂšte
– Risque accru d’infection au VIH et Ă  l’hĂ©patite C
– Risque accru de chutes, de fractures, de blessures et d’accidents de la route sous l’influence d’une substance psychoactive (lĂ©gale ou illĂ©gale)
– DifficultĂ© accrue Ă  effectuer les tĂąches de la vie quotidienne (douleurs, Ă©tat dĂ©pressif
)
– Risque accru de sursĂ©dation, d’overdose, de confusion et d’évanouissement
– Incidence accrue de problĂšmes chroniques de santĂ© mentale
Social
– Stigmatisation et sentiment de honte freinant la dĂ©tection des consommations problĂ©matiques et l’accĂšs aux soins
– Incidence accrue des problĂšmes financiers, du chĂŽmage et du sans-abrisme
– Contact limitĂ©s avec la famille et la communautĂ©, isolement social, solitude et exclusion
– Crainte de subir la dĂ©sapprobation du personnel soignant

Une épidémie invisible ?

La recherche scientifique n’a pris que rĂ©cemment conscience du problĂšme de l’usage de substances psychoactives chez les personnes ĂągĂ©es. Ceci dĂ©coule du fait que, du point de vue scientifique, Ă©pidĂ©miologique et culturel, les personnes ĂągĂ©es et les personnes usagĂšres de drogues sont souvent nĂ©gligĂ©es voire oubliĂ©es. Et si les problĂ©matiques liĂ©es au « bien vieillir Â» sont reconnues, les dĂ©fis relatifs au processus de vieillissement des personnes ĂągĂ©es consommant des drogues lĂ©gales et illĂ©gales le sont beaucoup moins.

L’invisibilisation de l’augmentation de la consommation chez les personnes ĂągĂ©es s’explique par les nombreux obstacles handicapant l’identification, le diagnostic et le traitement des usages problĂ©matiques au sein de cette population27 :

  • Manque de connaissances et donnĂ©es scientifiques
  • RĂ©ticence du personnel mĂ©dical Ă  aborder la question des consommations
  • DĂ©ni de la consommation problĂ©matique
  • Visites mĂ©dicales prĂ©cipitĂ©es, trop courtes
  • Stigmate ou honte de la consommation
  • RĂ©ticence gĂ©nĂ©rale Ă  chercher une aide professionnelle
  • Manque de ressources financiĂšres ou de moyen de transport
  • Absence d’assurance ou de mutuelle
  • ComorbiditĂ©s compliquant le diagnostic ou le traitement
  • RĂ©duction du rĂ©seau de soutien social

Le manque de donnĂ©es et de connaissances signifie en retour d’importantes lacunes en matiĂšre d’outils de dĂ©tection adaptĂ©s, de programmes de prĂ©vention, traitement et rĂ©adaptation ayant montrĂ© de bons rĂ©sultats, de structures et formations adaptĂ©es et spĂ©cialisĂ©es, et plus globalement signifie une attention insuffisante Ă  la problĂ©matique lors de l’élaboration des politiques et programmes publics28.

Le dĂ©ficit en matiĂšre de prĂ©vention des risques liĂ©s Ă  la consommation et d’identification et dĂ©tection (prĂ©coce) des consommations problĂ©matiques s’explique d’abord par le manque de connaissance et de formation des professionnel·les de la santĂ©, ainsi que par des croyances erronĂ©es au sujet de la consommation de drogues (en gĂ©nĂ©ral et chez les personnes ĂągĂ©es). Ensuite, les personnes ĂągĂ©es rapportent peu leur consommation lors de leurs contacts avec le personnel soignant, que ce soit Ă  cause de la honte, de la peur, de formes de dĂ©mence ou de l’isolation sociale29. Il n’existe par ailleurs pas actuellement d’outil de dĂ©pistage et diagnostic de l’usage de drogues spĂ©cifiquement conçu pour les personnes ĂągĂ©es. Les outils destinĂ©s Ă  la population gĂ©nĂ©rale ne sont en effet pas adaptĂ©s Ă  cette population, pour diffĂ©rentes raisons, Ă  savoir30 :

  • La pharmacocinĂ©tique et la physiologie des individus changent avec le vieillissement. Les manifestations, la sensibilitĂ© et les rĂ©ponses des personnes ĂągĂ©es aux symptĂŽmes physiologiques d’une dĂ©pendance peuvent dĂšs lors ĂȘtre altĂ©rĂ©s et ne pas correspondre aux critĂšres diagnostiques ;
  • Le dĂ©clin de la santĂ© physique, les troubles cognitifs ou les comorbiditĂ©s sĂ©vĂšres peuvent jouer sur la capacitĂ© des personnes ĂągĂ©es Ă  se souvenir, Ă  monitorer les consommations ou Ă  interprĂ©ter certains critĂšres diagnostiques. De plus, dans les cas oĂč le processus de vieillissement s’accompagne d’un accroissement de la sensibilitĂ© aux effets des drogues, une rĂ©action nĂ©gative peut se produire mĂȘme avec un faible usage ;
  • Les critĂšres diagnostiques ayant trait Ă  la dĂ©gradation des liens sociaux et professionnels et aux problĂšmes judiciaires s’appliquent moins aux personnes ĂągĂ©es qui sont souvent pensionnĂ©es, moins actives, ont moins d’obligations, perdent davantage de proches et voient leur rĂ©seau social diminuer.

La prise en charge et le traitement d’usages problĂ©matiques chez les personnes ĂągĂ©es prĂ©sentent de rĂ©elles difficultĂ©s (situations psychosociales complexes, comorbiditĂ©s). Les personnes dĂ©pendantes, en particulier, requiĂšrent des soins continus et l’intervention de multiples disciplines (pharmacologie, thĂ©rapie comportementale, accompagnement social
). Plusieurs observateurs s’inquiĂštent de la capacitĂ© actuelle des structures spĂ©cialisĂ©es et non-spĂ©cialisĂ©es Ă  absorber l’augmentation du nombre de personnes ĂągĂ©es usagĂšres de drogues et Ă  rĂ©pondre Ă  leurs besoins en santĂ© physique et mentale31.

Recommandations

Le vieillissement de la population reprĂ©sente une sĂ©rie de dĂ©fis en termes d’organisation de la sociĂ©tĂ©. Une modification de la pyramide des Ăąges augmente notamment le poids des pensions sur la part active de la population. Elle implique Ă©galement l’adaptation de nombreuses politiques publiques, y compris l’enseignement, la formation, le logement, le transport et les loisirs. L’augmentation du nombre de personnes ĂągĂ©es signifie de plus grands besoins en santĂ© et assistance, en logements spĂ©cialisĂ©s et, plus gĂ©nĂ©ralement, en infrastructures publiques32.

Les services de soins devront s’ajuster Ă  ce changement, et plus spĂ©cifiquement Ă  l’augmentation de la proportion de personnes ĂągĂ©es usagĂšres de drogues (UD – de longue durĂ©e ou sur le tard) en leur sein. Les services non-spĂ©cialisĂ©s et la premiĂšre ligne de soins devront proposer une prise en charge intĂ©grĂ©e, souple, holistique et adaptĂ©e Ă  l’ñge. Les services spĂ©cialisĂ©s en assuĂ©tudes devront quant Ă  eux adapter leurs programmes, fonctionnement et organisation afin de prendre en compte les besoins complexes et spĂ©cifiques des usager·es ĂągĂ©s.

Les services spĂ©cialisĂ©s, en particulier, ne sont actuellement pas forcĂ©ment adaptĂ©s ni Ă©quipĂ©s pour accueillir des usager·es de drogues illĂ©gales ĂągĂ©s, ayant une longue histoire de consommation, ponctuĂ©e de pĂ©riode d’abstinence et de rechutes. Les traitements de substitution aux opiacĂ©s, la gestion de la douleur et un recours plus important aux thĂ©rapies psychosociales (entretien motivationnel, thĂ©rapie cognitivo-comportementale) semblent particuliĂšrement indiquĂ©s pour cette population33 34.

Nous invitons le lecteur ou la lectrice Ă  consulter le tableau suivant pour prendre connaissances de recommandations en ces matiĂšres35.

Soins et care
Prise en charge intégrée et holistique
– Offrir une prise en charge intĂ©grĂ©e, holistique et adaptĂ©e Ă  l’ñge

– DĂ©velopper un cadre pour guider les soins, la crĂ©ation de services, la formation du personnel soignant et la prescription appropriĂ©e de mĂ©dicaments

– Recourir Ă  des technologies d’assistance innovantes ou mettre Ă  profit les technologies existantes pour assurer la coordination du traitement, le soutien et le suivi de la situation des personnes ĂągĂ©es qui font usage de drogues (services de tĂ©lĂ©mĂ©decine, services de tĂ©lĂ©phonie permettant la prise en charge et le suivi des personnes ĂągĂ©es et de leur proches aidant)

– Appuyer les politiques publiques Ă  l’adresse des personnes ĂągĂ©es qui font usage de drogues sur les principes d’indĂ©pendance, de participation, de soins, d’épanouissement personnel et de dignitĂ©

– Garantir le droit au soulagement de la douleur dans le cadre des soins palliatifs et l’accĂšs universel aux mĂ©dicaments essentiels

– Concevoir un modĂšle de soins intĂ©grĂ©s souple et adaptable (Ă  domicile ou rĂ©sidentiel, aidant·es naturels/familiaux ou aidant·es professionnels
), qui ne visent pas forcĂ©ment l’abstinence

– Coordonner et fluidifier le continuum de soins depuis le dĂ©pistage jusqu’à la revalidation

– DĂ©velopper des services d’outreach pour entrer en contact avec les personnes ĂągĂ©es marginalisĂ©es

– AmĂ©liorer la communication entre les professionnel·les spĂ©cialisĂ©s en assuĂ©tudes et les soignant·es de 1Ăšre ligne

– IntĂ©grer des professionnel·les de la santĂ© ayant des expĂ©riences dans le domaine des assuĂ©tudes au sein des services gĂ©riatriques

– DĂ©velopper des stratĂ©gies de soin et des services adaptĂ©es aux personnes ĂągĂ©es, qui prennent en compte les prĂ©occupations et contextes psychologiques, sociaux et sanitaires, ainsi que des inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ© et des obstacles dans l’accĂšs aux soins et services

– Impliquer les personnes UD dans le processus d’élaboration des politiques de prise en charge intĂ©grĂ©e et dans l’évaluation des services et programmes
Former et anticiper
– Renforcer la formation du personnel soignant non-spĂ©cialisĂ© (dĂ©tection des usages et des dĂ©pendances, lutte contre la stigmatisation des usager·es, orientation vers les services spĂ©cialisĂ©s)

– Former les professionnel·les spĂ©cialisĂ©s en assuĂ©tudes Ă  la prise en charge des personnes ĂągĂ©es et leurs besoins particuliers (y compris la perte de mobilitĂ©, le deuil, l’isolation sociale
)

– PrĂ©parer les services spĂ©cialisĂ©s Ă  l’augmentation de la proportion de personnes ĂągĂ©es (Ă©quipement adaptĂ©, formation, gestion des comorbiditĂ©s, prise de mĂ©dicaments)
Prévention et détection
– Renforcer la prĂ©vention et la promotion de la santĂ© grĂące Ă  la coopĂ©ration intersectorielle

– Porter une attention particuliĂšres aux inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ© et les obstacles dans l’accĂšs aux services et dispositifs de prĂ©vention et dĂ©tection prĂ©coce

– Ajuster le type et le dosage des mĂ©dicaments Ă  la physiologie et pharmacocinĂ©tique des personnes ĂągĂ©esSurveiller et encadrer la prescription de benzodiazĂ©pines et d’opiacĂ©s aux personnes ĂągĂ©es. Être vigilant aux risques de surconsommation et d’usage problĂ©matique (voir notamment INAMI, 2019)

– Les adultes de 60+ ans devraient ĂȘtre systĂ©matiquement dĂ©pistĂ©s pour le mĂ©susage d’alcool, de drogues et de mĂ©dicaments psychotropes lors de leurs visites mĂ©dicales

– En cas de dĂ©tection d’une consommation problĂ©matique, les praticien·nes rĂ©orientent les patient·es vers les services d’accompagnement ou de traitement adĂ©quats

– Les professionnel·les de la santĂ© sensibilisent aux effets nĂ©fastes de l’usage de drogues lĂ©gales et illĂ©gales et des mĂ©dicaments

– Le personnel soignant participe Ă  identifier et rĂ©duire les obstacles dans l’accĂšs aux traitements

– CrĂ©er ou amĂ©liorer les outils de dĂ©tection et de diagnostic adaptĂ©s aux parcours et aux rĂ©alitĂ©s des personnes ĂągĂ©es
Lutte contre la stigmatisation
– Veiller Ă  ce que le dĂ©pistage soit menĂ© de façon bienveillante et sans stigmatisation

– Revoir le vocabulaire et le langage employĂ©s dans les mĂ©dias et les stĂ©rĂ©otypes vĂ©hiculĂ©s

– Encourager les personnalitĂ©s publiques Ă  parler de leurs expĂ©riences personnelles

– Mieux former le personnel non-spĂ©cialisĂ©

– Favoriser le contact entre les personnes UD et non-UD

– Associer les personnes ĂągĂ©es et les personnes UD Ă  l’élaboration de messages de lutte contre la stigmatisation et Ă  la formation continue des prestataires de prĂ©vention et de soins

– Observer et Ă©valuer en permanence les programmes de formation visant Ă  lutter contre la stigmatisation pour s’assurer qu’ils restent actuels et adaptĂ©s aux objectifs poursuivis
Recherche et collecte de données
– AmĂ©liorer la mesure et la surveillance de la santĂ© et du bien-ĂȘtre des personnes ĂągĂ©es (et particuliĂšrement UD)

– Elargir la tranche d’ñge de la population ciblĂ©e par les Ă©tudes Ă©pidĂ©miologiques

– AmĂ©liorer l’évaluation et la surveillance de l’usage de mĂ©dicaments soumis Ă  prescription et en vente libre (et ainsi rĂ©duire les prescriptions multiples, le nomadisme mĂ©dical et les admissions aux services d’urgence)

– Mener des recherches portant sur les comportements de consommation, la santĂ© et les caractĂ©ristiques sociales des personnes ĂągĂ©es usagĂšres, et identifier leurs besoins

– Renforcer les connaissances en matiĂšre de diffĂ©rences genrĂ©es au sein des personnes ĂągĂ©es UD

– Renforcer les connaissances relatives aux effets des inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ© sur la santĂ© des personnes ĂągĂ©es, leur usage de drogues lĂ©gales et illĂ©gales et leur accĂšs aux services et soins

– Soutenir et Ă©valuer la mise en place de projets innovants afin de dĂ©gager des bonnes pratiques prĂ©vention, dĂ©tection, rĂ©duction des risques et soins

Références

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OICS (2021). Rapport 2020. Nations Unies, Organe international de contrÎle des stupéfiants, mars 2021.

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Notes de bas de page:

  1. UNODC, 2018 ; EMCDDA, 2010 ; OICS, 2021
  2. EMCDDA, 2010 ; OICS, 2021
  3. UNODC, 2018
  4. Antoine, 2020
  5. UNODC, 2018
  6. UNODC, 2018
  7. Wu et Blazer, 2011 ; EMCDDA, 2010
  8. UNODC, 2018 ; OICS, 2021
  9. EMCDDA, 2010
  10. Wu et Blazer, 2011
  11. EMCDDA, 2010
  12. EMCDDA, 2010
  13. JĂ©rĂŽme Antoine, Sciensano, communication personnelle, 19/10/2021.
  14. Vanmeerbeek et al, 2015
  15. UNODC, 2018
  16. UNODC, 2018
  17. OICS, 2021
  18. Specht et al, 2021
  19. A noter que la recherche scientifique est encore lacunaire en la matiĂšre, et qu’elle ne distingue pas toujours les usager·es de drogues de longue durĂ©e (de drogues lĂ©gales et illĂ©gales) et les usager·es tardifs (notamment de mĂ©dicaments psychotropes prescrits). Elle ne s’accorde pas non plus sur l’ñge Ă  partir duquel une personne usagĂšre est considĂ©rĂ©e comme ĂągĂ©e. Il varie de 40 ans (en particulier pour les usager·es de drogues illĂ©gales) Ă  60-65 ans. La plupart des dĂ©veloppements de cette partie s’appliquent principalement aux usager·es de drogues illĂ©gales, bien qu’ils peuvent aussi concerner les usager·es de mĂ©dicaments prescrits.
  20. Diniz et al, 2017 ; Han, Gfroerer et Colliver, 2009
  21. Diniz et al, 2017
  22. Beynon, 2009 ; Beynon et al, 2009
  23. Vogt, 2009
  24. EMCDDA, 2010 ; UNODC, 2018
  25. Cassar et al, 2009 ; NĂ©zet et al, 2009 ; UNODC, 2018
  26. OICS, 2021
  27. Wu et Blazer, 2011
  28. OICS, 2021 ; UNODC, 2018
  29. Diniz et al, 2017
  30. Wu et Blazer, 2011
  31. UNODC, 2018 ; EMCDDA, 2010
  32. EMCDDA, 2010
  33. Lay et al, 2008 ; Wu et Blazer, 2011
  34. Pour davantage de bonnes pratique relatives aux soins et Ă  la prĂ©vention auprĂšs des personnes ĂągĂ©es, voir les livrets thĂ©matiques d’Eurotox asbl « Bonnes pratiques en matiĂšre d’aide et de soins » (2020) et « Bonnes pratiques en matiĂšre de prĂ©vention et rĂ©duction des risques liĂ©s Ă  la consommation d’alcool » (2020).
  35. Wu et Blazer, 2011 ; Diniz et al, 2017 ; UNODC, 2018 ; OICS, 2021 ; EMCDDA, 2010

En collaboration avec la COCOF, les Cabinets Maron-Trachte, le CBPS, Cultures & Santé, la FBPSanté, Question Santé et le Réseau Safe Ta Night

Dans cet article, nous dĂ©crivons briĂšvement un travail de recherche Ă©valuative, menĂ©e fin 2021 en RĂ©gion Bruxelles-Capitale, qui s’est penchĂ©e sur deux objets interreliĂ©s : une dynamique de concertation de crise, d’une part, et des projets et services mis en Ɠuvre en rĂ©ponse aux enjeux de la pandĂ©mie de COVID-19, d’autre part. Ce travail de recherche a pris la forme d’un recueil d’expĂ©riences1 qui est Ă  dĂ©couvrir sur le site du RESO : www.uclouvain.be/reso.

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« Stratégies concertées » ou pas ?

La dynamique de concertation de crise sera trĂšs vite dĂ©signĂ©e sous l’appellation de « stratĂ©gies concertĂ©es COVID bruxelloises », en rĂ©fĂ©rence aux stratĂ©gies concertĂ©es IST-VIH2 dĂ©veloppĂ©es par un rĂ©seau d’acteur∙rices pour dĂ©finir un cadre de rĂ©fĂ©rence commun au secteur de la prĂ©vention IST/hĂ©patites/VIH. Ces stratĂ©gies concertĂ©es IST-VIH sont le rĂ©sultat d’un travail d’élaboration de plusieurs annĂ©es reposant sur la mĂ©thode de planification PRECEDE-PROCEED3. Il est important de prĂ©ciser que la dynamique de concertation qui nous intĂ©resse ici n’avait pas pour finalitĂ© d’élaborer un cadre de rĂ©fĂ©rence pour promouvoir la santĂ© en contexte de pandĂ©mie et prĂ©venir la propagation de la COVID-19. Nous prĂ©fĂ©rons dĂšs lors utiliser les termes de « dynamique de concertation de crise » pour marquer la dĂ©marcation avec les stratĂ©gies concertĂ©es IST-VIH.

Origine du recueil

A l’origine de la recherche, il y a une sĂ©rie d’acteur∙rices bruxellois∙es (dĂ©taillĂ©âˆ™es dans la liste ci-dessous) rassemblĂ©âˆ™es au sein d’un comitĂ© d’accompagnement (CA) et d’un comitĂ© de pilotage « promotion de la santé » (COPIL-PS) formĂ©s fin 2020. C’est Ă  l’initiative de la COCOF et du Cabinet de la SecrĂ©taire d’État et Ministre-PrĂ©sidente Barbara Trachte que le CA voit le jour avec pour objectif de soutenir la mise en Ɠuvre d’actions de promotion de la santĂ© et de prĂ©vention de la COVID-19 Ă  destination de publics aux besoins spĂ©cifiques ainsi que des actions de soutien aux professionnel∙les de la santĂ© et du social en contact avec ces publics. Le COPIL-PS naĂźt quant Ă  lui du besoin des acteur∙rices de promotion de la santĂ© participant au CA de se fĂ©dĂ©rer pour soutenir le dĂ©ploiement de stratĂ©gies de promotion de la santĂ© en contexte de pandĂ©mie.

Les premiĂšres rĂ©unions du CA sont mouvementĂ©es : la pression et l’urgence pĂšsent sur les discussions et le manque de perspective Ă  moyen terme est dĂ©stabilisant. Pourtant les attentes sont grandes. Les difficultĂ©s ressenties ainsi que le caractĂšre unique de l’expĂ©rience mettent en lumiĂšre la nĂ©cessitĂ© pour les membres du CA d’ĂȘtre soutenus pour tirer des leçons de cette expĂ©rience. Ainsi, quelques mois aprĂšs la mise en place du CA et du COPIL-PS, le RESO (service universitaire de promotion de la santĂ© situĂ© Ă  l’UCLouvain) rejoint la dynamique de concertation pour apporter ce soutien dans une dĂ©marche de recherche Ă©valuative et participative.

Membres du CA et du COPIL-PS
CACommission communautaire française – COCOF
CACabinet de la SecrĂ©taire d’État et Ministre-PrĂ©sidente Barbara Trachte
CACrisis Manager COCOM
CALe CollÚge intermutualiste bruxellois représenté par les Mutualités Libres
CAOutbreak Support Team Belta
CAService de PrĂ©vention et d’Aide Ă  la Jeunesse
CA & COPIL-PSCentre bruxellois de Promotion de la SantĂ© – CBPS
CA & COPIL-PSCultures&Santé
CA & COPIL-PSFédération Bruxelloise de Promotion de la Santé
CA & COPIL-PSLes Pissenlits
CA & COPIL-PSQuestion Santé
CA & COPIL-PSRéseau Safe Ta Night : Ex-Aequo, Fédération Laïque des Centres de Planning Familial, Modus Vivendi et la Plateforme Prévention Sida

Démarches méthodologiques

La démarche évaluative a poursuivi deux objectifs, définis avec le COPIL-PS, la COCOF et la représentante du cabinet de la Ministre Barbara Trachte afin que ceux-ci répondent aux besoins des principales parties prenantes et contribuent à faire évoluer les travaux du CA et du COPIL-PS. Sur base de ces objectifs, le RESO a proposé deux démarches méthodologiques distinctes.

Le premier objectif de la recherche Ă©valuative portait sur la mise en dialogue des parties prenantes du CA, ingrĂ©dient essentiel d’une concertation. Il s’agissait pour les membres du CA d’apprendre de cette expĂ©rience de concertation de crise. Au travers d’entretiens semi-directifs avec les parties prenantes du CA, nous avons cherchĂ© Ă  clarifier le rĂ©cit du CA – son histoire –, ses liens avec le contexte de pandĂ©mie, les caractĂ©ristiques du cadre de la concertation et ses effets. Compte tenu de l’importance pour le CA et le COPIL-PS de s’approprier pleinement les rĂ©sultats de cette dĂ©marche, l’analyse des informations recueillies a fait l’objet de sĂ©ances de dĂ©libĂ©ration au sein du CA.

Le second objectif visait Ă  mettre en lumiĂšre les projets et services mis en Ɠuvre par certaines parties prenantes. Ces projets et services avaient de commun qu’ils reposaient sur des fondamentaux en promotion de la santĂ© et qu’ils contribuaient Ă  l’effort de prĂ©vention de la COVID-19. Au travers d’entretiens avec les chargĂ©âˆ™es de projet, nous avons cherchĂ© Ă  capitaliser (c’est-Ă -dire passer de l’expĂ©rience aux connaissances) ces initiatives pour mettre en avant leurs particularitĂ©s et intĂ©rĂȘts en contexte de pandĂ©mie ainsi que leurs effets. Les rĂ©sultats de ces analyses ont fait l’objet d’allers-retours entre les chercheuses et les chargĂ©âˆ™es de projet des structures impliquĂ©es.

Un recueil d’expĂ©riences en guise de rapport de recherche

Les rĂ©sultats de cette recherche Ă©valuative devaient, entre autres, permettre d’alimenter les rĂ©flexions en cours dans le cadre de la mise Ă  jour du Plan StratĂ©gique de Promotion de la SantĂ© 2023-2027 et de l’élaboration du Plan Social-SantĂ© IntĂ©grĂ© pour la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale. A cette fin, le CA et le COPIL ont chacun formulĂ© des recommandations qui sont Ă  dĂ©couvrir sur le site du RESO (www.uclouvain.be/reso).

Ils devaient Ă©galement aider Ă  visibiliser la pertinence des stratĂ©gies de promotion de la santĂ© en contexte de pandĂ©mie. C’est dans cette optique que les rĂ©sultats de la recherche ont pris la forme d’un recueil d’expĂ©riences qui montre comment les stratĂ©gies et principes de promotion de la santĂ© ont contribuĂ© Ă  rĂ©pondre aux enjeux socio-sanitaires de la pandĂ©mie de COVID-19. Ce recueil ne prĂ©tend pas Ă  l’exhaustivitĂ© ; de nombreux autres projets et services s’inscrivant dans cette dĂ©marche de promotion de la santĂ© ont participĂ© Ă  lutter contre les iniquitĂ©s en lien avec la pandĂ©mie. Le choix de se limiter Ă  ces initiatives s’explique uniquement par le contexte de la rĂ©alisation de ce travail de recherche. 

La prĂ©sentation de ces initiatives est structurĂ©e selon les stratĂ©gies dans lesquelles elles s’inscrivent. Pour dĂ©finir ces stratĂ©gies, les chercheuses se sont basĂ©es sur des objectifs gĂ©nĂ©raux et stratĂ©giques proposĂ©s par la COCOF et retravaillĂ©s avec le COPIL-PS qu’elles ont croisĂ©s avec les travaux de chercheur∙euses canadien∙nes4,5. Ces dernier∙ùres ont dĂ©veloppĂ© un cadre de prĂ©paration aux situations d’urgence de santĂ© publique basĂ© sur des valeurs communes Ă  celles des dĂ©marches de promotion de la santĂ© telles que l’équitĂ©.

A la suite de cet article, nous présentons briÚvement ces stratégies et les initiatives capitalisées dans le cadre de ce travail de recherche.  

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Des stratégies et des initiatives en contexte de pandémie

  • Elaborer un plan d’action au moyen d’un processus de planification dynamique et collaboratif

En RĂ©gion Bruxelles-Capitale, deux espaces de concertation multi-acteur·rices illustrent cet objectif gĂ©nĂ©ral : il s’agit du CA et du COPIL-PS prĂ©sentĂ©s ci-dessus. Cette double dynamique de concertation aura permis, d’une part, d’amĂ©liorer la capacitĂ© de ses membres Ă  contribuer Ă  la gestion de la crise et, d’autre part, de permettre une timide dissĂ©mination des stratĂ©gies de promotion de la santĂ© dans les pratiques de gestion de la crise.

  • Etablir des liens, des partenariats et se baser sur des rĂ©seaux solides

Plusieurs organisations bruxelloises ont travaillĂ© dans ce sens ce qui a permis une meilleure circulation de l’information, une rĂ©activitĂ© plus rapide et plus importante, la fĂ©dĂ©ration d’acteur·rices autour d’idĂ©es communes, ainsi qu’une amĂ©lioration de la capacitĂ© d’adaptation, de flexibilitĂ© et de rĂ©silience organisationnelle.

La FBPS, les Pissenlits et l’Observatoire du Sida et des SexualitĂ©s ont coordonnĂ© un projet de concertation rassemblant plus d’une trentaine d’acteur·rices Ɠuvrant dans des dĂ©marches communautaires. Cette concertation aura permis, entre autres, de dĂ©finir les apports des dĂ©marches communautaires en santĂ© dans la lutte contre les inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ©, notamment en situation de pandĂ©mie. D’autre part, le rĂ©seau Safe Ta Night, composĂ© de 4 associations – Modus Vivendi, la Plateforme PrĂ©vention Sida, Ex-Aequo et la FĂ©dĂ©ration LaĂŻque des Centres de Planning Familia – est un rĂ©seau prĂ©existant Ă  la crise sanitaire qui s’est mobilisĂ© pour cocrĂ©er des actions de RĂ©duction des Risques en milieu festif, intĂ©grant des messages de prĂ©vention de la COVID-19.

  • Comprendre les besoins et les ressources des communautĂ©s et gĂ©nĂ©rer des dynamiques locales

Plusieurs organisations ont eu recours Ă  des analyses de situation (aussi appelĂ©es « diagnostic Â») pour bien comprendre la nature de la problĂ©matique rencontrĂ©e par certains groupes en contexte de pandĂ©mie et identifier les leviers sur lesquels reposer leurs actions ou recommandations.

C’est le cas du CBPS qui s’est intĂ©ressĂ© aux professionnel∙les relais (des secteurs social-santĂ©) pour mieux comprendre l’impact de la COVID-19 sur leurs pratiques et aboutir, Ă  la suite d’un processus participatif, Ă  des recommandations pour une gestion de crise plus Ă©quitable. Le rĂ©seau Safe Ta Night a Ă©galement rĂ©alisĂ© un diagnostic en amont de la construction de son projet pour mieux comprendre les comportements Ă  risque des « jeunes fĂȘtard∙es » en contexte de pandĂ©mie. A la suite de cette Ă©tape, les partenaires ont Ă©laborĂ©, de maniĂšre participative, deux campagnes de sensibilisation sur les rĂ©seaux sociaux, renforcĂ©es par des actions d’outreach (dĂ©marche d’aller vers les publics). Un rĂ©seau de plusieurs AMO (service d’action en milieu ouvert) a Ă©galement menĂ© une Ă©tape de diagnostic communautaire qui a eu pour effet de crĂ©er une dynamique de mobilisation de jeunes, accompagnĂ©e par les AMO, qui a abouti Ă  la crĂ©ation et Ă  la diffusion d’une campagne centrĂ©e sur le thĂšme de la libertĂ© en contexte de pandĂ©mie, Ă©galement renforcĂ©e par des actions d’outreach.

  • Soutenir les professionnel·les de la santĂ© et du social

Durant la pandĂ©mie, les professionnel·les des secteurs de la santĂ© et du social ont Ă©tĂ© particuliĂšrement mobilisé·es en tant que relais des mesures de prĂ©vention de la COVID-19 auprĂšs des usager∙ùres des services sociaux et de santĂ©. Rapidement, les acteur∙rices qui viennent en support Ă  ces professionnel∙les ont identifiĂ© un besoin de renforcer les capacitĂ©s des individus Ă  gĂ©rer une situation de crise sanitaire.

Ce soutien a pris diffĂ©rentes formes. Cultures&SantĂ© et Question SantĂ© ont par exemple dĂ©veloppĂ© des outils pĂ©dagogiques sur des thĂ©matiques traitant de la COVID-19 (gestes barriĂšres, vaccination, etc.) afin de soutenir les professionnel∙les relais Ă  entrer en dialogue avec les personnes auprĂšs desquelles iels interviennent. Ces outils ont Ă©tĂ© conçus pour rendre l’information accessible en tenant compte des niveaux de littĂ©ratie en santĂ© de la population. Ces acteur·rices, ainsi que le CBPS, ont Ă©galement rĂ©alisĂ© des sĂ©ances de formation-sensibilisation et des intervisions avec les professionnel·les relais afin de les soutenir.

  • Apprendre et Ă©valuer les processus et rĂ©sultats

Les projets et services susmentionnĂ©s reprĂ©sentent des objets d’innovation dans le sens oĂč ils se sont dĂ©ployĂ©s dans un contexte nouveau et complexe. Il convient dĂšs lors de crĂ©er une mĂ©moire collective et de tirer les enseignements de cette expĂ©rience pour apprendre et s’adapter dans le futur. Tel que mentionnĂ© au dĂ©but de cet article, cette dĂ©marche d’évaluation fut accompagnĂ©e par le service du RESO-UCLouvain, Ă  la demande des membres du COPIL-PS et de l’administration de la COCOF. Les rĂ©sultats de cette dĂ©marche ont Ă©tĂ© formalisĂ©s et sont proposĂ©s sous la forme d’un rapport intitulĂ© « Promouvoir la santĂ© en contexte de pandĂ©mie »1 et qui est disponible sur le site du RESO.

Pandémie et promotion de la santé

Les actions bruxelloises briĂšvement prĂ©sentĂ©es ci-dessus ont en commun d’ĂȘtre fondĂ©es sur des valeurs et des stratĂ©gies dites de « promotion de la santé ». En sa qualitĂ© de stratĂ©gie de santĂ© publique, la promotion de la santĂ© est une composante essentielle d’une gestion de crise sanitaire (6). C’est ce que nous illustrons dans ce recueil de stratĂ©gies et d’actions concrĂštes que nous vous invitons Ă  dĂ©couvrir sur le site du RESO (www.uclouvain.be/reso).  

Références

  1. Rousseaux R. & Malengreaux S. (2022) Promouvoir la santĂ© en contexte de pandĂ©mie – recueil d’expĂ©riences bruxelloises. WoluwĂ©-Saint-Lambert : UCLouvain/IRSS-RESO, 34p. [citĂ© le 11-05-22] Disponible sur : https://uclouvain.be/instituts-recherche/irss/reso/pandemie-et-promotion-de-la-sante.html
  2. Stratégies concertées IST-VIH. Observatoire du sida et des sexualités.  [cité le 11-05-22] Disponible sur : https://www.strategiesconcertees.be/
  3. Green L. & Kreuter M.W. (2005) Health program planning: An educational and ecological approach (4th ed.). New York: McGraw Hill.
  4. Khan Y., O’Sullivan T., Brown A.D., et al. (2018).  Public health emergency preparedness : a framework to promote resilience. BMC Public Health, 18:1344. https://doi.org/10.1186/s12889-018-6250-7
  5. Khan Y., Brown A.D., Gagliardi A.R., et al. (2019). Are we prepared ? The development of performance indicators for public health emergency preparedness using a modified Delphi approach. PLoS ONE, 14(12). https://doi.org/10.1371/journal.pone.0226489
  6. Scheen B., Aujoulat I., Lu pour vous : Stephan Van den Broucke, Why health promotion matters to the COVID-19 pandemic, and vice versa. Woluwé-Saint-Lambert : UCLouvain/ IRSS-RESO, 2020, 2 p. Disponible sur : https://uclouvain.be/fr/instituts-recherche/irss/reso/lu-pour-vous.html

Le 19 novembre dernier a eu lieu le lancement officiel de l’antenne belge Les PĂątes au Beurre Bruxelles. Education SantĂ© vous prĂ©sente ce projet de soutien Ă  la parentalitĂ© et ses spĂ©cificitĂ©s. Un projet au plus proche des familles et des quartiers.

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Au départ, des parents, un réseau, une rencontre


Le Groupe SantĂ© Josaphat est un centre de planning familial situĂ© Ă  Schaerbeek. Depuis plusieurs annĂ©es, l’équipe mĂšne un projet de soutien Ă  la parentalitĂ©, avec la double volontĂ© de territorialiser son action et de travailler en rĂ©seau avec des partenaires hors du champ mĂ©dico-social. L’équipe propose ainsi aux parents concernĂ©s un accueil collectif avec une prise en charge globale et davantage psycho-sociale. En effet, l’aspect collectif permet d’éviter l’individualisation des difficultĂ©s et de tenir compte, entre autres, de la dimension culturelle du public. L’équipe a ainsi menĂ© de nombreuses animations de soutien Ă  la parentalitĂ© au sein des institutions partenaires, ce qui lui a permis d’élaborer une sĂ©rie de constats et de lancer le projet Atouts Parents en 20161 : des groupes de soutien Ă  la parentalitĂ©, un comitĂ© de pilotage et un travail en rĂ©seau lors de sĂ©minaires et de journĂ©es de rĂ©flexion.


Depuis 2019, le projet a Ă©voluĂ© : en plus des groupes de soutien pour les parents, une permanence complĂ©mentaire a Ă©tĂ© mise en place avec un accueil sans rendez-vous, gratuit et anonyme. EncadrĂ©es par deux accueillants soucieux de partir des ressources des parents, cet espace se veut plus convivial, plus « contenant » et sĂ©curisant. L’équipe, attentive Ă  l’évolution du projet, ses atouts et ses limites, a poursuivi sa rĂ©flexion et a eu la chance de croiser la route de Sophie Marinopoulos, fondatrice du dispositif Les PĂątes au Beurre, en 1999, Ă  Nantes. Ce nouveau lieu d’accueil des parents et familles Les PĂątes au beurre rĂ©pondant aux attentes et questionnements du Groupe SantĂ© Josaphat, un nouveau chapitre s’ouvre pour l’équipe du planning.

Les premiers pas du lieu d’accueil Les Pñtes au Beurre

InspirĂ©e des travaux de Selma Fraiberg2 , pour qui prendre soin de l’enfant, c’est d’abord soigner la parentalitĂ©, Sophie Marinoupoulos crĂ©e le premier lieu d’accueil Les pĂątes au beurre en 1999 Ă  Nantes. Psychologue, psychanalyste, spĂ©cialisĂ©e dans les questions de l’enfance et de la famille, elle est Ă©galement prĂ©sidente de la FĂ©dĂ©ration Nationale (française) pour la PrĂ©vention et Promotion de la SantĂ© Psychique3 . Intervenant dans un centre mĂ©dico-psychopĂ©dagogique Ă  l’époque, elle est interpellĂ©e par les listes d’attente et les demandes de soutien importantes de la part des familles. Un lieu d’accueil pour toutes les familles lui semblait plus que nĂ©cessaire : un espace oĂč les familles peuvent trouver Ă©coute, soutien et pouvoir y dĂ©poser leurs prĂ©occupations en toute confiance avec des professionnels.

A ce jour, le lieu d’accueil Les PĂątes au beurre  est prĂ©sent dans 14 villes françaises, et sa premiĂšre antenne belge vient d’ĂȘtre inaugurĂ©e Ă  Bruxelles.

Le concept PĂątes au beurre 

Les PĂątes au beurre  est un lieu d’accueil collectif de prĂ©vention oĂč les familles peuvent venir gratuitement, de maniĂšre anonyme, avec ou sans enfant (sans limite d’ñge) et sans rendez-vous. C’est un lieu favorisant l’échange et prenant en compte la personne dans son devenir et son ĂȘtre parent.

Le lieu d’accueil est composĂ© de trois piĂšces : l’espace cuisine, l’entre deux et la piĂšce pour les enfants. Les parents sont accueillis par des professionnels dans un espace cuisine autour d’un cafĂ© et d’une collation. Le choix du lieu et sa symbolique ne sont pas anodins : la cuisine est une piĂšce familiĂšre, remplie d’objets du quotidien. Comme l’explique Sophie Marinopoulos, elle joue un rĂŽle important dans l’appui aux parents.  Â« C’est un espace d’accueil oĂč l’on peut exercer une Ă©thique du care : ĂȘtre disponible Ă  la vulnĂ©rabilitĂ© de l’autre. Cette piĂšce familiĂšre permet une prĂ©sence Ă  la dimension relationnelle, une disponibilitĂ© psychique et une ouverture Â».

Pendant ce temps, les enfants peuvent circuler d’une piĂšce Ă  l’autre. L’espace enfants n’est pas surveillĂ©. Cela peut ĂȘtre une source d’anxiĂ©tĂ© pour certains parents, mais aussi une occasion de se sĂ©parer de son enfant, de le dĂ©couvrir dans un autre environnement.

Une “santĂ© du lien” avant tout

Pour Sophie Marinopoulos, l’attention est accordĂ©e Ă  la restauration des liens parents-enfants et au soutien aux parents pour qu’ils prennent un temps de qualitĂ© avec leur enfant. Chaque parent qui pousse la porte du lieu vient chercher Ă  comprendre ce qu’il vit dans la relation Ă  son enfant : ses doutes, ses crises, ses conflits, ses problĂšmes de communication, pour amĂ©liorer la qualitĂ© de leurs relations. Dans ces lieux, on parle de vulnĂ©rabilitĂ©s, de bouleversements (celui de devenir parent, d’ĂȘtre envahi
)

Quand on perd la capacitĂ© d’agir sur son histoire personnelle, on perd l’espĂ©rance. Nous sommes des sociĂ©tĂ©s un peu dĂ©sespĂ©rĂ©es. On a besoin de comprendre ce que l’on vit sinon on ne sait plus oĂč on en est. 

Sophie Marinopoulos

C’est d’autant plus important, insiste Sophie Marinopoulos, que cette part “relationnelle” de la santĂ© a Ă©tĂ© fortement estompĂ©e par une vision sanitaire dominante.

Les lieux d’accueils Les PĂątes au beurre ont retenu de Selma Fraiberg les notions d’ Â« Ă©tayage Â» et de valorisation des ressources parentales, au travers de l’empathie mais aussi de la fonction “contenante”. Il s’agit de « restaurer les parents dans leur capacitĂ© de penser, Ă  distance de tout modĂšle parental normatif et disqualifiant et en contact avec les ressources singuliĂšres de leur parentalitĂ© en devenir Â»4

L’étayage peut prendre plusieurs formes. Etre prĂ©sent, Ă  cĂŽtĂ©, c’est dĂ©jĂ  de l’étayage. Montrer plusieurs fois, rĂ©pĂ©ter, c’est de l’étayage. Il faut emmener son enfant un peu au-delĂ  de ce qu’il sait faire mais pas trop, l’aider Ă  se dĂ©passer dans sa zone d’apprentissage, dans sa « zone proximale de dĂ©veloppement Â». C’est Ă  dire qu’il faut l’amener un peu plus loin mais en lui proposant toujours des choses accessibles”5

La place des professionnels

Les professionnels qui encadrent cet accueil aux parents et familles sont des psychologues et des psychomotriciens. Ils exercent un rĂŽle de « reliance Â» : prendre soin par une disponibilitĂ© psychique.

Leur rĂŽle est de rendre le parent acteur : « nous aidons Ă  mettre des mots, sans parler Ă  la place du parent » pour aider celui-ci Ă  faire face Ă  certaines situations compliquĂ©es, des attitudes, des rĂ©flexions, etc. Le professionnel est lĂ  en soutien, pour dĂ©coder la situation et permettre une ouverture. En effet, les interventions des parents visent Ă  crĂ©er les conditions pour que les adultes en position parentale trouvent par eux-mĂȘmes des solutions aux difficultĂ©s qu’ils rencontrent et comprennent les effets de leur comportement sur celui de leur enfant. Elles visent Ă  crĂ©er un contexte de changement en travaillant sur les perceptions et croyances qui concernent leur rĂŽle parental (forces et faiblesses) et les comportements parentaux.

L’intervention du professionnel a pour objectif d’amener Â« la personne Ă  prendre conscience de son potentiel d’action pour se voir davantage comme un agent de transformation et, par ce biais, permettre la manifestation de ses compĂ©tences Â»6

Les premiers pas des PĂątes au beurre Belgique 

L’équipe du Groupe SantĂ© Josaphat a ainsi rejoint la FĂ©dĂ©ration Nationale française Les PĂątes au beurre7 et ouvert son lieu d’accueil sur la commune de Saint-Josse-Ten-Noode Ă  Bruxelles.

Cette commune fait partie du « croissant pauvre Â» de la capitale, cette zone oĂč se concentrent les groupes de population les plus dĂ©favorisĂ©s et formant un croissant autour du centre-ville. C’est dans cette zone d’ailleurs que l’on retrouve un nombre relativement plus important de familles avec enfants8.

La permanence parentalitĂ© du Groupe SantĂ© Josaphat, devenue ensuite le lieu d’accueil Les PĂątes au beurre, a accueilli Ă  ce jour un public composĂ© de deux tiers de parents prĂ©sentant une configuration familiale monoparentale et un tiers de parents avec une configuration familiale en couple. La majoritĂ© des familles Ă©taient accompagnĂ©es de leur(s) adolescent(s), ĂągĂ©(s) (entre 11 et 16 ans), et un tiers Ă©taient accompagnĂ©es de leur(s) enfant(s) (entre 3 et 8 ans).

Les questions soulevĂ©es par ces parents concernent souvent l’épuisement maternel, la question des limites, de l’autoritĂ©, l’équilibre dans les relations conjugales et familiales, les violences intrafamiliales et conjugales. Ces violences Ă©tant exacerbĂ©es par la promiscuitĂ©, la prĂ©caritĂ© Ă©conomique notamment. Mais d’autres questions apparaissent aussi, touchant aux relations avec leur(s) adolescent(s), leurs difficultĂ©s liĂ©es au dĂ©crochage scolaire, aux faits de primo-dĂ©linquance, etc. Les accueillants ont Ă©galement relevĂ© l’anxiĂ©tĂ© que vivaient ces parents durant la crise sanitaire.

Enfin, la place du rĂ©seau d’acteurs tissĂ© au fil du temps par le Groupe SantĂ© Josaphat autour du soutien Ă  la parentalitĂ© reste primordiale. Les partenaires (mĂ©diateurs scolaires, AMO, ONE, centre d’alphabĂ©tisations, SSM, centre d’hĂ©bergements, planning familial etc.) orientent certains parents vers le lieu d’accueil mais l’équipe oriente Ă©galement les parents en fonction des problĂ©matiques soulevĂ©es vers des acteurs susceptibles de leur fournir un soutien.

Les professionnels des PĂątes au Beurre accueillent Ă  La Maison de la Famille de Saint-Josse, Rue de la Poste 51-53, 1210 Saint-Josse-ten-Noode.

Renseignements : 0499 38 75 44 – bruxelles@lespatesaubeurre.fr – www.lespatesaubeurre.fr

DĂ©couvrez le lieu en images :  https://www.youtube.com/watch?v=EpzWJQ-Dl4g

[1] Le projet “Atout Parents” a Ă©tĂ© financĂ© dans le cadre de l’appel Ă  projet de la Ministre FrĂ©mault sur le burn-out parental

[2] https://www.cairn.info/revue-lettre-de-l-enfance-et-de-l-adolescence-2003-2-page-75.htm

[3] https://www.lespatesaubeurre.fr/la-federation-missions-actions/

[4] https://www.cairn.info/revue-lettre-de-l-enfance-et-de-l-adolescence-2003-2-page-75.htm

[5] https://www.gynger.fr/le-jeu-et-la-motricite-dans-le-developpement-de-lenfant/

[6] Promouvoir la santé dÚs la petite enfance, p.96 https://www.santepubliquefrance.fr/docs/promouvoir-la-sante-des-la-petite-enfance-accompagner-la-parentalite

[7] https://www.lespatesaubeurre.fr/la-federation-missions-actions/

[8] https://www.ccc-ggc.brussels/sites/default/files/documents/graphics/tableaux-de-bord-de-la-sante-/etat_des_lieux_sante_mentale_bruxelles_fevrier_2020.pdf

adult children have fun and chat with an elderly mother and watc

De nombreux termes entrĂ©s dans notre vocabulaire ces deux derniĂšres annĂ©es traduisent un Ă©branlement dans notre rapport Ă  l’autre : gestes barriĂšres, distanciation sociale, distanciel. Lors du colloque organisĂ© par le CRĂ©SaM (Centre de RĂ©fĂ©rence en SantĂ© Mentale), dans le cadre de la semaine pour la santĂ© mentale en octobre 2021, certains observateurs ont soulignĂ© que ceux-ci auraient pu ĂȘtre choisis plus judicieusement, en prenant en compte leur dimension symbolique. L’expression « gestes protecteurs » plutĂŽt que « barriĂšre » qui met l’emphase sur la solidaritĂ© plutĂŽt que sur l’éloignement a notamment Ă©tĂ© Ă©voquĂ©e. Toutefois, l’entrĂ©e de ces termes dans notre vocabulaire courant tĂ©moigne d’une situation inĂ©dite qui a vu se rĂ©duire, au grĂ© des mesures sanitaires et de confinement, nos interactions sociales Ă  leur expression minimale ; l’Autre Ă©tant potentiellement devenu source de danger, dans un contexte d’incertitude sans cesse renouvelĂ©e.

Rapidement aprĂšs les premiĂšres mesures de confinement, de nombreux professionnels ont tirĂ© la sonnette d’alarme, craignant les effets dĂ©lĂ©tĂšres de cette mise entre parenthĂšses de nos rapports sociaux sur la santĂ© mentale de la population. En effet, cette pĂ©riode inĂ©dite (des confinements et des mesures restrictives pour endiguer l’épidĂ©mie) a vu croĂźtre les problĂ©matiques liĂ©es Ă  la santĂ© mentale : troubles anxieux, Ă©tats dĂ©pressifs, troubles alimentaires
 Une Ă©tude mondiale, parue dĂ©but octobre 2021 dans The Lancet, montre que de maniĂšre gĂ©nĂ©rale les cas de dĂ©pression et d’anxiĂ©tĂ© ont augmentĂ© de plus d’un quart dans le monde en 2020. L’augmentation de cas est chiffrĂ©e Ă  28% pour les troubles dĂ©pressifs majeurs et 26% pour les troubles anxieux1 . Un constat difficile, qui a amenĂ© certains acteurs professionnels Ă  questionner et rĂ©inventer leurs pratiques.

C’est pour aborder ce lien tĂ©nu entre santĂ© mentale et lien social que le CRĂ©SaM a rĂ©uni un panel de reprĂ©sentants d’associations de terrain, dans le cadre de la semaine de la santĂ© mentale en octobre 2021 : François Vilain (cofondateur de « la Bulle d’Oxy’GEM »), Stefania Marsella (chargĂ©e de projets Ă  la FĂ©dĂ©ration des Maisons MĂ©dicales) et StĂ©phanie Adam (Psychiatre au Service de SantĂ© Mentale d’HermĂ©e Ă  l’initiative du projet « La CroisĂ©e »). Un Ă©change ponctuĂ© par les interventions croisĂ©es d’Anne-Françoise Janssen (RĂ©seau Wallon de Lutte contre la PauvretĂ©), de Christine Vander Borght (Centre de Formation et de Supervision en Institution, Centre Chapelle-aux-Champs) et de François Wyngaerden (Institut de Recherche SantĂ© et sociĂ©tĂ©, FacultĂ© de SantĂ© Publique, UCLouvain).

Santé (mentale) et lien social, de quoi parle-t-on ?

Avant de revenir sur les tĂ©moignages et Ă©changes qui ont Ă©maillĂ© cette matinĂ©e, il convient de s’arrĂȘter briĂšvement sur les dĂ©finitions de santĂ© mentale et de lien social.
La santĂ© mentale est entendue comme « un Ă©tat de bien-ĂȘtre dans lequel une personne est consciente de ses capacitĂ©s, peut se rĂ©aliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et contribuer Ă  la vie de sa communautĂ© » (OMS). En phase avec la dĂ©finition large de la santĂ©, cette dĂ©finition de la santĂ© mentale ne se limite donc pas Ă  l’absence de maladie. Comme le prĂ©cise Minds GenĂšve, une association de promotion de la santĂ© mentale suisse, « une personne avec un trouble psychique peut atteindre un bon niveau de santĂ© mentale, et une personne sans trouble diagnostiquĂ© peut expĂ©rimenter une grande souffrance psychologique »2 .

Le lien social dĂ©signe quant Ă  lui « l’ensemble des relations qui unissent un individu aux autres et Ă  la sociĂ©tĂ©, depuis la famille, les amis, jusqu’aux mĂ©canismes instituĂ©s de la solidaritĂ© »3 . C’est Ă  travers lui que nous allons ĂȘtre capables de mobiliser des ressources affectives, matĂ©rielles informationnelles ou encore Ă©motionnelles qui vont nous permettre de satisfaire nos besoins fondamentaux4 , voire de faire face aux difficultĂ©s de la vie. Nous allons pouvoir par exemple trouver du soutien et du rĂ©confort, expĂ©rimenter la solidaritĂ©, mais aussi, Ă©prouver un sentiment d’appartenance au groupe et de reconnaissance, qui vont nous permettre de nous sentir intĂ©grĂ©s dans la sociĂ©tĂ©. C’est donc Ă  travers nos interactions, petites ou grandes, nos rituels partagĂ©s, nos Ă©changes quotidiens que (se) vit ce lien social.

L’impact du lien social sur la santĂ©

Le lien social semble jouer un rĂŽle particuliĂšrement dĂ©terminant sur la santĂ©, et a fortiori la santĂ© mentale. L’Observatoire de la SantĂ© du Hainaut, dans son analyse de la littĂ©rature5 sur les liens complexes entre santĂ© et lien social en pĂ©riode de pandĂ©mie, met en exergue plusieurs Ă©tudes qui viennent confirmer cette hypothĂšse. Ainsi au niveau de la santĂ©, de maniĂšre globale :

‱ L’absence (ou la perte) du lien social a Ă©tĂ© associĂ©e

à une augmentation de la pression artérielle et du cholestérol

à une activation des mécanismes de stress psychique et psychologique ;

Ă  une augmentation des maladies cardiovasculaires ;

à une altération importante du systÚme immunitaire qui reste une protection importante contre les maladies les plus létales.

‱ L’isolement relationnel s’avĂšre significativement associĂ© Ă  un moindre recours aux soins.

Pour la santé mentale plus particuliÚrement, la synthÚse pointe entre autres que :

‱ les contacts entre les personnes pourraient jouer le rĂŽle de facteurs protecteurs contre le risque de dĂ©pression ;
‱ le rĂ©seau relationnel procurerait avant tout un soutien permettant de modĂ©rer le stress suscitĂ© par certains Ă©vĂ©nements ou situations ;
‱ le mĂ©canisme d’isolement social agit de maniĂšre directe mais Ă©galement de maniĂšre rĂ©troactive pour entretenir et augmenter l’impact sur la santĂ© mentale. Autrement dit, « les personnes isolĂ©es sont plus frĂ©quemment sujettes aux troubles psychiques comme la dĂ©pression, et les personnes vivant avec des troubles psychiques sont plus souvent isolĂ©es »6.

Crise sanitaire et renforcement des inégalités

Nous n’avons pas tous vĂ©cu cette crise sanitaire de la mĂȘme maniĂšre : selon que nous ayons Ă©tĂ© entourĂ©s ou non, que nous disposions ou pas d’un logement confortable et suffisamment spacieux, d’une certaine stabilitĂ© financiĂšre ou a contrario que nous connaissions une situation prĂ©caire, certains d’entre nous se sont trouvĂ©s davantage vulnĂ©rabilisĂ©s. Si la crise sanitaire a profondĂ©ment affectĂ© le lien social, elle a aussi souvent jouĂ© le rĂŽle de rĂ©vĂ©lateur de situations d’isolement social et d’inĂ©galitĂ©s prĂ©-existantes7 . Ainsi, Anne-Françoise Janssen (RWLP) tĂ©moigne de la situation des personnes qui vivent dans la pauvretĂ© : « elles Ă©taient dĂ©jĂ  fragilisĂ©es bien avant le covid et l’ont Ă©tĂ© davantage pendant. Tous les lieux de lien social qui sont des lieux « inconditionnels » sont des choses qui n’existent plus actuellement puisque toute dĂ©marche impose de rĂ©pondre Ă  une sĂ©rie de conditions pour pouvoir y avoir accĂšs. Cela souligne l’importance de tels lieux car on ne voit que trop comment, pour les personnes vivant la pauvretĂ©, cette dĂ©saffiliation sociale fait des dĂ©gĂąts (
). Ce qui ressort d’une vie dans la pauvretĂ©, c’est une vie dans un isolement social ». Et d’illustrer : «au moment du covid, une jeune militante tĂ©moin du vĂ©cu a fait un texte qui s’appelle « vie appauvrie, vie confinĂ©e » faisant le parallĂ©lisme entre ce que tout un chacun a vĂ©cu au moment de la pandĂ©mie en termes de privations et (de manque) d’accĂšs au lien social et ce qu’est une vie dans la pauvretĂ© oĂč, finalement, c’est le quotidien ».

Notre interlocutrice invite donc Ă  ĂȘtre attentifs Ă  l’écueil de la « psychiatrisation du social ». Elle prĂ©cise : « on parle beaucoup de santĂ© mentale, consĂ©quences, description des symptĂŽmes, souffrance psychique (
). Mais je pense qu’il y a aussi Ă  se questionner sur les conditions de vie des personnes au dĂ©part. Comment les personnes qui vivent dans la pauvretĂ© ont-elles accĂšs Ă  un logement dĂ©cent, Ă  un revenu
 ? ». Logement, emploi, accĂšs aux droits sociaux sont autant de domaines qui ont Ă©tĂ© fortement impactĂ©s par la crise sanitaire. Ainsi, parmi les organisations de lutte contre la pauvretĂ©, 80% ont vu leur public augmenter durant cette pĂ©riode8. Les trois-quarts de ces institutions pointent par ailleurs la solitude comme la problĂ©matique s’étant le plus aggravĂ©e. Presque la moitiĂ© d’entre elles tĂ©moignent d’un impact important sur la santĂ© mentale de leur public. Pour les personnes en proie Ă  des difficultĂ©s quotidiennes pour satisfaire des besoins pourtant bien essentiels, il parait en effet difficile de mobiliser des ressources pour « aller bien ». Un constat corroborĂ© par l’association de promotion de la santĂ© mentale Minds GenĂšve qui rappelle que « les inĂ©galitĂ©s sociales sont associĂ©es Ă  un risque accru de souffrir d’un trouble mental ». Et prĂ©cise : « en mettant en place des mesures pour amĂ©liorer les conditions de vie Ă  tous les Ăąges, on peut Ă  la fois amĂ©liorer la santĂ© mentale de la population et rĂ©duire les risques liĂ©s aux inĂ©galitĂ©s sociales »9.

Des initiatives de terrain

Au cƓur de cette matinĂ©e d’échanges, quelques questions ont balisĂ© la rĂ©flexion : quels liens se sont renforcĂ©s ou crĂ©Ă©s, entre des lieux dits de “socialisation” et des espaces dĂ©diĂ©s aux soins de santĂ© mentale ? Quelle posture les intervenants sont-ils amenĂ©s Ă  adopter dans ces dispositifs, et quelle place les usagers et leurs proches peuvent-ils prendre ? D’autres acteurs sont-ils amenĂ©s Ă  investir ces dispositifs ? Avec quels enjeux et quels dĂ©fis ?

En associant dispositifs thĂ©rapeutiques et renforcement du lien social, approche individuelle et collective, ces initiatives s’appuient sur des leviers d’actions Ă©prouvĂ©s par le champ de la promotion de la santĂ©. Elles se basent d’abord sur l’action communautaire, c’est-Ă -dire qu’elles visent la participation concrĂšte de la communautĂ© Ă  laquelle elles s’adressent, que ce soit Ă  la fixation des objectifs, Ă  la prise de dĂ©cision et la co-construction du projet. Se faisant, cette dĂ©marche contribue Ă  dĂ©velopper les compĂ©tences psychosociales des membres de la communautĂ© : s’exprimer en public, coopĂ©rer, construire un argumentaire
 sont autant de compĂ©tences qui vont permettre Ă  chacun de s’adapter Ă  son environnement et de renforcer son pouvoir d’agir.
Le terrain d’action privilĂ©giĂ© des projets mis en exergue est celui des « milieux de vie ». Par-lĂ , il faut entendre, les espaces oĂč les individus vivent, travaillent, se divertissent et interagissent entre eux. Ces espaces influencent les personnes qui les traversent, de la mĂȘme maniĂšre que ces derniĂšres les façonnent Ă  leur tour, de sorte que l’on peut parler d’une relation d’interdĂ©pendance. En axant leurs interventions sur les milieux de vie et en crĂ©ant des environnements favorables au dĂ©veloppement des interactions sociales, ces initiatives visent in fine Ă  soutenir positivement les comportements de ceux qui les habitent.

« Les maisons mĂ©dicales et l’offre communautaire de santĂ© (mentale) »

Dans les maisons mĂ©dicales, la porte d’entrĂ©e est souvent celle du mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste, que le patient consulte pour des troubles somatiques ou des difficultĂ©s sur le plan psychique. C’est la santĂ© au sens large qui guide les pratiques, comme le prĂ©cise Stefania Marsella : « c’est un Ă©tat de bien-ĂȘtre que l’on va soutenir, entre autres via les consultations individuelles et dans des espaces collectifs ».

Conscientes que le lien social est un dĂ©terminant de santĂ© majeur, les Ă©quipes des maisons mĂ©dicales rĂ©alisent en effet, outre leurs missions de 1Ăšre ligne, des activitĂ©s dites « non-curatives ». Elles prennent la forme d’actions communautaires en promotion de la santĂ©, en prĂ©vention et en Ă©ducation Ă  la santĂ©, qui s’adressent Ă  leur public cible sur base d’un diagnostic communautaire, « c’est Ă  dire que l’on essaie d’identifier des problĂ©matiques communes, des besoins, des demandes et on essaie d’y rĂ©pondre par des dispositifs collectifs », complĂšte notre interlocutrice.

Dans ces espaces, la thĂ©matique est parfois un prĂ©texte pour crĂ©er du lien. Ainsi, un cours de cuisine vise autant Ă  aborder l’alimentation qu’à cultiver ce lien. Et Stefania Marsella prĂ©cise : « l’idĂ©e est que les personnes puissent s’approprier leur santĂ© et puissent la nourrir autrement dans des espaces oĂč ils sont en lien avec d’autres. On va porter une attention particuliĂšre aux personnes fragilisĂ©es socialement. Le fait de cette proximitĂ© en maison mĂ©dicale va favoriser l’accĂšs Ă  ces espaces dans lesquels des liens peuvent se crĂ©er. »

Christine Vander Borght parle de la notion de narrativitĂ© comme d’une notion qui fait sens, Ă  savoir « la maniĂšre dont chacun d’entre nous racontons et construisons notre vie ». Et de prĂ©ciser : « ces groupes, ce sont vraiment des supports pour parler de soi diffĂ©remment, pour apprendre et Ă©changer. Apprendre sur soi-mĂȘme, mais aussi apprendre des autres ».

« La CroisĂ©e Ă  Herstal : un espace de convivialitĂ© inconditionnel nĂ© pendant le confinement, ouvert Ă  tout citoyen dĂ©sireux de bĂ©nĂ©ficier d’un moment de partage, de bienveillance, d’échange, d’accueil »

Pour le Service de SantĂ© Mentale d’HermĂ©e, dans l’arrondissement de LiĂšge, la question de l’articulation entre pratiques cliniques et lien social n’est pas neuve. « L’épisode covid a Ă©tĂ© une occasion de mettre en place des choses qu’on avait en tĂȘte depuis de nombreuses annĂ©es10. Cela a permis un coup d’arrĂȘt qui nous a donnĂ© du temps pour mettre en place ce genre de choses, ça a plutĂŽt Ă©tĂ© un catalyseur » relate StĂ©phanie Adam.

Le projet « Sortez couverts » est nĂ© de cette opportunitĂ© fortuite. Partant du constat que les personnes ĂągĂ©es dans les structures de leur institution ne disposaient pas de masques, quelques professionnels se sont mis en tĂȘte de les produire eux-mĂȘmes. De fil en aiguille, d’autres – usagers, proches, professionnels – les ont rejoints, chacun avec leurs compĂ©tences et leurs expĂ©riences pour rendre ce projet possible. Un dĂ©fi de taille, au moment oĂč la Belgique vivait son premier confinement. Comment trouver des Ă©lastiques ? Du tissu ? Puis comment coud-on des masques ? Mais un dĂ©fi relevĂ© haut la main, puisque ce ne sont pas moins de 11.000 masques qui ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s et distribuĂ©s Ă  une dizaine d’associations. Forts du succĂšs de cette expĂ©rience, le groupe nouvellement formĂ© a continuĂ© sur sa lancĂ©e solidaire auprĂšs des personnes sans-abris et, plus tard, des personnes sinistrĂ©es lors des inondations. Les prescrits sanitaires s’allĂ©geant, le groupe a dĂ©cidĂ© d’investir le hall d’un bĂątiment appartenant Ă  l’organisation et a Ă©tĂ© rejoint dans cette aventure par d’autres groupements locaux et associations. C’est ce lieu qui est devenu « La CroisĂ©e », un espace qui permet Ă  celui ou celle qui le souhaite de faire une pause dans un environnement favorisant la proximitĂ© et l’Ă©change entre diffĂ©rents acteurs, qu’ils soient citoyens, usagers en santĂ© mentale, soignants ou intervenants du monde associatif, et qui, parallĂšlement, encourage les initiatives participatives venant, Ă  leur tour, nourrir le projet. StĂ©phanie Adam explique ainsi : « petit Ă  petit, les gens proposent des choses et on aide Ă  ce que cela puisse se mettre en place. Le fil, c’est vraiment cette question de lien social et de comment on peut faire concrĂštement pour garder ce lien. Finalement, ce qui est essentiel, c’est d’ĂȘtre ensemble, on ne sait pas ce qu’on va faire, mais on est lĂ , et on est lĂ  avec d’autres, dans le lien. Par exemple, nous recevons une sĂ©rie de boites vides : « qu’est-ce qu’on fait ? » s’est-on demandĂ© Ă  la CroisĂ©e. Les rĂ©ponses, elles, sont collectives : on va demander aux citoyens de remplir ces boites. Et toutes ces boites sont devenues une donnerie ».

Christine Vander Borght rappelle Ă  cet Ă©gard la notion de rĂ©seau : « on sait qu’un rĂ©seau peut ĂȘtre quelque chose de trĂšs fermĂ© – comme les rĂ©seaux dĂ©fensifs par exemple – mais c’est aussi une grande opportunitĂ© d’ouverture, de partage, de lignes de fuite ». S’appuyant sur la notion de rhizome, elle prend pour exemple le rĂ©seau d’échange de savoirs oĂč chacun apporte sa pierre Ă  l’édifice en Ă©tant tour Ă  tour offreur et demandeur, dans une logique de rĂ©ciprocitĂ©.

« La Bulle d’Oxy’GEM Ă  Mons : un lieu d’accueil ouvert sur la citĂ© »

OxyGEM est un lieu d’accueil dans la citĂ© pour les diffĂ©rents usagers en santĂ© mentale de la ville de Mons. Il s’inspire du modĂšle des GEM, pour Groupement d’Entraide Mutuelle11 . C’est un projet qui vise Ă  favoriser la participation de chacun et la resocialisation au travers de l’action communautaire.

En effet, l’association fait l’amer constat que la maladie mentale et le parcours des usagers en santĂ© mentale les amĂšne, souvent, Ă  un isolement social. D’oĂč, pointe-t-elle, l’importance de mettre en place un dispositif de resociabilisation. C’est l’objectif que poursuit le projet « Bulle d’OxyGEM », en permettant Ă  des usagers de rentrer « dans un dispositif d’aidance et d’« entre-aidance », dans une dynamique de co-gestion », comme l’illustre François Vilain : « l’endroit est entiĂšrement co-gĂ©rĂ© par les usagers en santĂ© mentale. Ce sont eux qui mettent en place les projets, les activitĂ©s et qui dynamisent l’endroit au quotidien ».

Un tĂ©moignage qui fait Ă©cho aux propos de François Wyngaerden sur l’importance des rĂ©seaux sociaux (au sens large du terme) qu’il dĂ©finit comme un ensemble de ressources que l’on a autour de nous Ă  titre personnel et la maniĂšre dont celles-ci sont articulĂ©es – et ce, peu importe que l’on soit usager, accompagnant, professionnel ou pair aidant. Notre rĂ©seau social, prĂ©cise-t-il ainsi, nous offre aussi beaucoup de ressources en termes d’objectifs personnels et en termes de sens car les diffĂ©rents groupes dans lesquels nous nous investissons Ă  travers diffĂ©rents projets et Ă  travers des relations de droits, de confiance, d’échanges nous donnent des Ă©lĂ©ments d’identitĂ© collective qui nous structurent ».

Pour conclure

La santĂ© mentale est multi-factorielle. Elle repose sur un ensemble de dĂ©terminants, eux-mĂȘmes en interrelation. Outre les facteurs individuels (santĂ© physique, facteurs gĂ©nĂ©tiques, genre, intelligence Ă©motionnelle et sociale), elle est influencĂ©e par un ensemble de dĂ©terminants socio-Ă©conomiques (Ă©ducation, emploi, rĂ©seau social
) et sociĂ©taux (notamment, l’environnement, la politique et la culture dans laquelle nous Ă©voluons)12 .S’il joue bel et bien un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant sur la qualitĂ© de vie des individus, et a fortiori, sur leur sentiment de bien-ĂȘtre, le lien social s’inscrit lui-mĂȘme dans un systĂšme d’interrelations complexes avec ces autres dĂ©terminants de la santĂ©.

La recherche suggĂšre donc qu’en agissant simultanĂ©ment et en cohĂ©rence sur ces dĂ©terminants, dans une dĂ©marche transversale et multidisciplinaire, on pourra le plus adĂ©quatement amĂ©liorer la santĂ© des individus. L’Ă©chelle locale, voire micro-locale, est par ailleurs plĂ©biscitĂ©e comme terrain privilĂ©giĂ© des actions visant Ă  lutter contre l’isolement en promotion de la santĂ©13 .

Ainsi, les initiatives porteuses de lien social ont un rÎle prépondérant pour « faire santé mentale », comme en témoignent toutes les personnes ayant pris part à cette journée.

La Semaine de la Santé Mentale

Le programme 2021 est disponible sur le site www.semaine-sante-mentale.be. Toutes les interventions qui se sont tenues pourront ĂȘtre rĂ©Ă©coutĂ©es prochainement sur le site.

L’édition 2022 se tiendra du 10 au 16 octobre. Toutes les infos seront disponibles sur le site.

Le CRĂ©SAM

Cette asbl soutient l’action des professionnels de la santĂ© mentale et leur intĂ©gration dans le rĂ©seau de soin en santĂ© mentale.

Pour en savoir plus: www.cresam.be

  1. https://www.thelancet.com/action/showPdf?pii=S0140-6736%2821%2902143-7
  2. https://minds-ge.ch/wp-content/uploads/2020/02/facteurs_sante_mentale.pdf
  3. CUSSET P.-Y., Le lien social, Armand Collin, collection 128, Paris, 2007, p. 5 via https://www.cultures-sante.be/nos-outils/outils-education-permanente/item/57-le-glossaire-de-culturessante.html p. 15
  4. https://observatoiresante.hainaut.be/wp-content/uploads/2020/06/2020_06_10_Le-lien-social-et-la-sante.pdf
  5. https://observatoiresante.hainaut.be/wp-content/uploads/2020/06/2020_06_10_Le-lien-social-et-la-sante.pdf
  6. https://www.fabrique-territoires-sante.org/sites/default/files/dossier_isolement_social.pdf
  7. Voir Ă©galement https://educationsante.be/reflexions-sur-la-situation-de-la-sante-mentale-en-belgique-et-les-besoins-du-secteur/
  8. https://www.kbs-frb.be/fr/le-covid-19-renforce-la-pauvrete-ce-que-les-organisations-de-lutte-contre-la-pauvrete-nous-disent
  9. https://minds-ge.ch/wp-content/uploads/2020/02/facteurs_sante_mentale.pdf
  10. L’association Ă©voque un projet prĂ©-existant Ă  la crise sanitaire qui combine Ă  Soumagne initiatives de proximitĂ© animĂ©es par les services psy (un dressing pour rien, mais aussi une Ă©cole de devoir qui est aussi un endroit oĂč on peut venir se poser, boire un cafĂ©, chercher deux assiettes si on en a besoin
) et rĂ©seau de soutien de traitement des troubles de la dĂ©pression et de l’humeur dans la communautĂ©.
  11. Sur le sujet : https://www.cairn.info/revue-les-politiques-sociales-2016-1-page-48.htm
  12. https://minds-ge.ch/wp-content/uploads/2020/02/facteurs_sante_mentale.pdf
  13. https://www.fabrique-territoires-sante.org/sites/default/files/dossier_isolement_social.pdf

Dans le contexte de pandĂ©mie que nous traversons, le Service Universitaire de Promotion de la SantĂ© UCLouvain/IRSS/RESO s’est penchĂ©, Ă  la demande du cabinet du Ministre Alain Maron, sur l’utilisation des mĂ©dias Web pour promouvoir la santĂ© mentale de la population, fortement impactĂ©e par la crise pandĂ©mique actuelle.

La crise de la pandĂ©mie due Ă  la Covid-19 a engendrĂ© une augmentation des problĂšmes de santĂ© mentale au sein de la population. Les diverses mesures d’isolement social imposĂ©es pendant presque deux ans et les consĂ©quences de la crise reprĂ©sentent des causes de stress psychologique pour les individus (Xiong et al., 2020). Ces facteurs de stress, conjuguĂ©s Ă  des facteurs de vulnĂ©rabilitĂ© prĂ©existants ou spĂ©cifiques au contexte pandĂ©mique, ont rendu certaines personnes particuliĂšrement Ă  risque de dĂ©velopper de la dĂ©tresse psychologique (Hossain et al., 2020 ; Chevance et al., 2020 ; Carmassi et al., 2020 citĂ©s dans Conseil SupĂ©rieur de la santĂ©, 2021).

DĂšs lors, il apparait essentiel de mettre en Ɠuvre des actions pour promouvoir la santĂ© mentale des individus. C’est sur base de ce constat que nous avons effectuĂ© une revue de la littĂ©rature scientifique et grise, belge et internationale, pour tenter d’en extraire des stratĂ©gies identifiĂ©es comme prometteuses pour promouvoir la santĂ© mentale de la population par la voie des mĂ©dias Web.

Dans la suite de cet article, nous nous penchons plus particuliĂšrement sur les avantages et limites Ă  l’utilisation des mĂ©dias Web pour promouvoir la santĂ© et sur quelques recommandations pour le dĂ©veloppement de campagnes de promotion de la santĂ© mentale par le biais d’outils numĂ©riques

A propos


« Promouvoir la santĂ© mentale » n’est pas Ă  confondre avec « prĂ©venir les troubles mentaux ». La promotion de la santĂ© mentale vise Ă  renforcer les capacitĂ©s et ressources individuelles et collectives permettant aux individus de « prendre leur vie en main » pour amĂ©liorer leur santĂ© (Clarke et al., 2015 ; RoscoĂ€t, 2017). En d’autres mots, promouvoir la santĂ© mentale comprend le dĂ©veloppement de la rĂ©silience individuelle et collective (RoscoĂ€t, 2017 ; Pereira et al., 2021).

La santĂ© mentale est dĂ©terminĂ©e par une sĂ©rie de facteurs, qui se situent Ă  diffĂ©rents niveaux et sur lesquels l’individu a plus ou moins de pouvoir d’agir. Promouvoir la santĂ© mentale revient Ă  agir sur ces diffĂ©rents dĂ©terminants, avec une attention particuliĂšre au renforcement des facteurs « salutogĂšnes » ou protecteurs pour la santĂ© mentale des individus et des populations (Lamboy et al., 2011 ; RoscoĂ€t, 2017 ; Roberge & DĂ©planche, 2017 ; Sebbane et al., 2017 ; Pereira et al., 2021).

Dans cette perspective, les objectifs d’une campagne de promotion de la santĂ© mentale axĂ©e sur les facteurs salutogĂšnes pourraient cibler (Livingston et al., 2013 ; Balatsoukas et al., 2015 ; Luxton et al., 2012 ; Wright et al., 2006 ; Craig et al., 2014 ; Saha et al., 2019 ; Berry et al., 2017 ; Freeman et al., 2015) :

‱ l’amĂ©lioration de la littĂ©ratie en matiĂšre de santĂ© mentale ;
‱ la sensibilisation aux problĂšmes de santĂ© mentale ;
‱ le renforcement du soutien social et Ă©motionnel ;
‱ le renforcement des liens communautaires, de la cohĂ©sion sociale et de la solidaritĂ© ;
‱ le renforcement des compĂ©tences psycho-sociales (par exemple, l’estime de soi, le sentiment d’impuissance, la capacitĂ© de rebondir face Ă  des rĂ©actions nĂ©gatives ou stigmatisantes) ;
‱ une meilleure auto-identification de symptîmes psychiques.

Ces objectifs participent, indirectement, à réduire la stigmatisation liée aux troubles de la santé mentale.
De plus, il convient de souligner que la plupart des campagnes de promotion de la santĂ© menĂ©es par la voie des mĂ©dias Web poursuivent des objectifs qui semblent se rĂ©fĂ©rer Ă  une approche basĂ©e sur les changements de comportements (Scheen et al., 2019). Or, les Ă©valuations de ces interventions rĂ©vĂšlent que les consĂ©quences des campagnes sur les dĂ©terminants comportementaux sont en gĂ©nĂ©ral modestes : peu de changements de comportements sont observĂ©s aprĂšs la campagne, par comparaison aux mesures relevĂ©es prĂ©-campagne (Balatsoukas et al., 2015 ; Livingston et al., 2013 ; Henderson et al., 2012 ; Randolph et al., 2011). De plus, un risque serait que les interventions axĂ©es sur les changements de comportements perpĂ©tuent ou accroissent les inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ©. En effet, les personnes plus Ă  mĂȘme d’adapter leurs comportements vers le changement souhaitĂ© sont celles qui vivent dans des environnements favorables Ă  ces changements (Buetti et al., 2021 ; Observatoire du Hainaut, 2020). Plus globalement, mener des campagnes qui ciblent des dĂ©terminants se situant Ă  d’autres niveaux – tels que les niveaux interpersonnel, institutionnel, communautaire et politique – en s’appuyant sur le modĂšle socio-Ă©cologique semblerait produire des changements individuels et sociĂ©taux plus durables (Scheen et al., 2019 ; Arwidson, 2014).

Avantages et limites Ă  l’utilisation des mĂ©dias Web pour promouvoir la santĂ© mentale

A une Ă©chelle globale, les mĂ©dias Web compteraient en 2019 plus de 2,5 milliards d’utilisateurs actifs (Saha et al., 2019). En Belgique, c’est 65% de la population qui utilisait les mĂ©dias sociaux en 2018 (Scheen et al., 2019). De plus, une enquĂȘte de Solidaris (2017) rĂ©vĂšle qu’aprĂšs le mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste, Internet serait devenu le canal de rĂ©fĂ©rence le plus consultĂ© par les Belges en ce qui concerne leur santĂ© (SolidaritĂ©, 2017 citĂ© par Scheen et al., 2019).

Les mĂ©dias Web sont mentionnĂ©s dans la littĂ©rature comme des outils novateurs et peu coĂ»teux de sensibilisation et de propagation de l’information en santĂ© mentale (Saha et al., 2019, Latha et al., 2020 ; Williams & Swierad, 2019). Ces derniers pourraient favoriser la communication entre les personnes, le soutien Ă©motionnel et le partage de tĂ©moignages (Latha et al., 2020 ; Minotte, 2020). Cependant, bien que les mĂ©dias Web comprennent de nombreux avantages pour promouvoir la santĂ© des individus, ils prĂ©sentent Ă©galement certaines limites. Voici quelques exemples des uns et des autres :

Les avantages

‱ Les mĂ©dias Web permettraient l’émergence de plateformes communautaires d’échanges (Arwidson, 2014). Ces plateformes favoriseraient le sentiment d’identitĂ© et d’appartenance Ă  un groupe (Apuke & Omar, 2021 ; Sihombing, 2017 ; Park et al., 2012).
‱ Les mĂ©dias Web permettraient d’atteindre un large public rapidement (Arwidson, 2014).
‱ La multiplication des canaux de diffusion de l’information et la fragmentation de cette derniĂšre permettrait d’atteindre des publics trĂšs spĂ©cifiques (Arwidson, 2014).
‱ Les interventions en ligne seraient un moyen pertinent pour promouvoir la santĂ© de certaines populations dĂ©favorisĂ©es, par exemple, en rendant les services plus accessibles Ă  ces derniĂšres (Clarke et al., 2015).

Les limites et risques

‱ Une premiĂšre limite, qui ne constitue pas un risque, est reprĂ©sentĂ©e par le fait que les comportements d’approbation (les « likes ») risqueraient d’ĂȘtre plus courants que les comportements de diffusion de l’information lorsqu’il s’agit d’une campagne en ligne. En effet, les utilisateurs « likent » plus facilement un contenu qu’ils ne le partagent, ce qui reprĂ©sente un degrĂ© plutĂŽt faible d’engagement de la part du public envers la campagne (Saha et al., 2019). Des niveaux d’abandon plus Ă©levĂ©s seraient, par ailleurs, observĂ©s pour les campagnes en ligne par rapport aux campagnes hors-ligne, car elles nĂ©cessiteraient peu d’engagement et d’effort pour en faire partie (Clarke et al., 2015).
‱ De maniĂšre plus prĂ©occupante, les dĂ©fis relatifs au niveau de littĂ©ratie des publics seraient parfois exacerbĂ©s lorsque les informations sont diffusĂ©es sur Internet (Scheen et al., 2019 ; Arwidson, 2014).
‱ Les contenus stigmatisants Ă  l’égard des personnes souffrant de problĂšmes de santĂ© mentale seraient parfois davantage attractifs et relayĂ©s que les contenus visant Ă  combattre la stigmatisation (Saha et al., 2019).
‱ Alors que certains chercheurs observent des amĂ©liorations significatives du fonctionnement social Ă  la suite de l’utilisation des mĂ©dias Web (Berry et al., 2017), d’autres dĂ©montrent un lien entre l’utilisation de mĂ©dias Web et l’apparition ou l’amplification d’épisodes psychotiques, de troubles de l’humeur, de troubles de la personnalitĂ© ou de troubles obsessionnels compulsifs (Berry et al., 2017).
‱ Une partie non nĂ©gligeable de la population (notamment plus ĂągĂ©e et vulnĂ©rable) ne disposerait que d’un accĂšs limitĂ© aux technologies numĂ©riques (Lambert et al., 2021; Brotcorne & MariĂ«n, 2020 ; Service de lutte contre la pauvretĂ©, 2017). A titre d’exemple, selon un rapport datant de 2020, 40 % de la population belge serait en effet en “situation de vulnĂ©rabilitĂ© face Ă  la numĂ©risation croissante de la sociĂ©tĂ©â€ (Brotcorne & MariĂ«n, 2020). Ainsi, l’utilisation exclusive des mĂ©dias Web, si elle ne s’accompagne pas d’actions visant la littĂ©ratie numĂ©rique de certains publics, risquerait de renforcer la fracture numĂ©rique dĂ©jĂ  existante.

Pistes de stratégies pour développer une campagne de promotion de la santé mentale par la voie des médias Web

Notre analyse de la littérature a mis en évidence diverses stratégies pour développer une campagne de promotion de la santé mentale par la voie des médias Web. Ces derniÚres sont résumées sur le schéma ci-aprÚs.

schema sante mentale
Figure 1 : Niveaux et stratĂ©gies d’action pour Ă©laborer une campagne de promotion de la santĂ© mentale par la voie des mĂ©dias Web. Lambert H. et Rousseaux R., Le BoulengĂ© O, Aujoulat I. Promouvoir la santĂ© mentale par la voie des mĂ©dias web. Leçons et stratĂ©gies issues de la littĂ©rature scientifique et grise. WoluwĂ©-Saint-Lambert: UCLouvain/ IRSS/RESO, 52 p.

Comme pour tout programme de promotion de la santĂ© qui ambitionne par essence d’agir sur de multiples dĂ©terminants, il convient d’agir Ă  diffĂ©rents niveaux d’intervention (individuel, interpersonnel, milieux de vie et Ă©ventuellement au niveau des systĂšmes et contextes plus globaux). Cela peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© en informant et en sensibilisant les individus, en renforçant leurs forces personnelles, en renforçant leur soutien social et Ă©motionnel, en renforçant les liens communautaires, en impliquant des leaders communautaires, en favorisant la mobilisation citoyenne et en faisant du plaidoyer politique (voir diffĂ©rents niveaux sur le schĂ©ma).

Multiplier les canaux de diffusion de l’information permet de toucher une large audience et des publics divers. L’identification de ces canaux peut se faire en consultant les partenaires du projet, les publics cibles, des experts en communication en promotion de la santĂ©, en travaillant avec des professionnels relais en contact avec des publics spĂ©cifiques et en effectuant un prĂ©-test des messages auprĂšs des publics concernĂ©s.

Il est nĂ©cessaire d’élaborer des messages stratĂ©giques c’est-Ă -dire des messages simples, concrets, crĂ©atifs, sincĂšres, suscitant la confiance, culturellement pertinents, contenant un appel Ă  l’action et mobilisant divers sens (auditifs, visuels, etc.).

Il convient de prendre en considĂ©ration les spĂ©cificitĂ©s des groupes Ă  qui est destinĂ©e la campagne (jeunes, personnes issues de l’immigration, personnes prĂ©sentant un faible niveau de littĂ©ratie, personnes ĂągĂ©es, etc.) en consultant les partenaires du projet et la littĂ©rature. Il est intĂ©ressant de cibler des groupes spĂ©cifiques tout en Ă©tant attentif Ă  ne pas stigmatiser.

Il apparait Ă©galement stratĂ©gique de favoriser les partenariats et collaborations avec divers acteurs (collectivitĂ©s locales, associations, professionnels, leaders communautaires etc.) afin de favoriser la diffusion de l’information dĂšs le dĂ©part et tout au long du projet. Plus spĂ©cifiquement, impliquer des acteurs clĂ©s bĂ©nĂ©ficiant d’une reconnaissance et forte visibilitĂ© sur les mĂ©dias Web est intĂ©ressant.

Il est pertinent de se faire accompagner par des experts de diffĂ©rentes disciplines (promotion de la santĂ©, communication, santĂ© mentale) ainsi que par des experts du vĂ©cu. Cela peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© en crĂ©ant un comitĂ© consultatif composĂ© d’experts de diverses disciplines et de reprĂ©sentants des publics cibles.

De plus, baser ses actions sur des donnĂ©es probantes, issues de la littĂ©rature scientifique, de la littĂ©rature grise et de l’expĂ©rience et conduire une Ă©valuation rigoureuse de la campagne sont des stratĂ©gies recommandĂ©es pour toute intervention en promotion de la santĂ© mentale.

Enfin, plus globalement, les campagnes de promotion de la santĂ© mentale par la voie des mĂ©dias Web devraient s’inscrire dans des actions et stratĂ©gies plus globales en vue de produire des changements structurels et durables avec l’objectif d’amĂ©liorer la santĂ© de toutes et tous. Il convient dĂšs lors de multiplier les stratĂ©gies et les niveaux d’intervention, pour agir sur la diversitĂ© des dĂ©terminants, y compris les dĂ©terminants socio-Ă©conomiques et structurels, qui impactent de maniĂšre significative la santĂ© mentale.

Cet article propose un aperçu de la synthÚse de connaissances réalisée par le RESO sur le thÚme de la promotion de la santé mentale par la voie des médias Web :
Lambert H. et Rousseaux R., Le BoulengĂ© O., Aujoulat I., Promouvoir la santĂ© mentale par la voie des mĂ©dias Web. Leçons et stratĂ©gies issues de la littĂ©rature scientifique et grise (2021). WoluwĂ©-Saint –Lambert : UCLouvain/IRSS/RESO, 52p.
A retrouver ici : https://uclouvain.be/fr/instituts-recherche/irss/reso/actualites/promouvoir-la-sante-mentale-par-la-voie-des-medias-web-lecons-et-strategies-issues-de-la-litterature-scientifique.htm

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Le groupe des Points Relais Sida se mobilise pour crĂ©er son propre support d’animation : « Des pISTes ? DĂ©pISTe ! ».   Sous la forme d’un jeu de table, ce nouvel outil est destinĂ© Ă  aborder la question des Infections Sexuellement Transmissibles (IST) avec les jeunes. Des modes de transmission aux traitements, en passant par le dĂ©pistage ou la remise en question de nos reprĂ©sentations et idĂ©es prĂ©conçues, toutes ces thĂ©matiques pourront trouver leur place dans le cadre d’une partie de jeu. L’idĂ©e est de dĂ©couvrir en groupe, au grĂ© des indices reçus, un personnage-mystĂšre sĂ©lectionnĂ© secrĂštement par le dĂ©pisteur (l’animateur ou animatrice).

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Ce jeu est le fruit d’un travail de longue haleine menĂ© par le groupe des Points Relais Sida (PRS) de la Province de Namur avec le Service de santĂ© affective, sexuelle et de rĂ©duction des risques (SASER).

Qui sont ces Points Relais Sida ?

Ils et elles sont une vingtaine de professionnel.le.s rĂ©fĂ©rent.e.s pour la prĂ©vention IST/ VIH. Leur mission : transmettre des informations valides, pertinentes et actualisĂ©es Ă  leurs publics jeunes, rĂ©pondre Ă  leurs interrogations ou les orienter vers un service adĂ©quat si nĂ©cessaire.

Tous et toutes travaillent en Province de Namur mais proviennent de divers secteurs professionnels : maisons de jeunes, centres de Planning familial, centres d’informations pour jeunes, services de prĂ©vention, centres Promotion SantĂ© Ă  l’Ecole
 Leur point commun est cette mission de prĂ©vention en matiĂšre de vie affective et sexuelle, auprĂšs d’un public cible principalement constituĂ© d’adolescent.es ou de jeunes adultes, pour laquelle ils se forment en continu. Plusieurs d’entre eux et elles possĂšdent le label EVRAS Jeunesse, dĂ©livrĂ© par la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles.
Ce rĂ©seau dynamique s’est formĂ© il y a une trentaine d’annĂ©es dĂ©jĂ , Ă  l’initiative du SASER qui le coordonne. Mensuellement, les Points Relais Sida se rĂ©unissent pour rĂ©flĂ©chir Ă  leur pratique, penser de nouveaux projets en matiĂšre d’EVRAS en adĂ©quation avec les besoins du terrain, se familiariser avec les nouvelles campagnes de prĂ©vention, voire participer Ă  leur test/Ă©valuation avant de les diffuser au public-cible, dĂ©couvrir les nouveaux outils pĂ©dagogiques Ă  utiliser voire en crĂ©er


Une recherche exploratoire et des constats

Il y a un peu plus de 5 ans, le groupe des Points Relais Sida a constatĂ© le manque de support attractif pour aborder la question des IST avec les jeunes alors que, paradoxalement, on constate une constante augmentation de ces infections. Les professionnel.les ont donc rĂ©flĂ©chi Ă  la meilleure maniĂšre d’assurer leur rĂŽle de sensibilisation auprĂšs des jeunes. En outre, le sujet leur semblait complexe, les IST sont multiples et avant de prĂ©voir ces animations spĂ©cifiques, il Ă©tait nĂ©cessaire de connaĂźtre davantage les diffĂ©rentes infections.

Une analyse des besoins fut menĂ©e en partenariat avec le SASER, les Points Relais Sida et l’Asbl Belgik Mojaik. Cette recherche exploratoire rĂ©alisĂ©e au moyen de questionnaires remplis par les Points Relais Sida et leurs jeunes a permis d’établir diffĂ©rents constats :

  • des brochures existent mais peu d’outils pĂ©dagogiques abordent les IST ;
  • les publics cibles mĂ©connaissent l’existence et les risques de certaines IST, de leurs modes de transmission, de prĂ©vention et traitements ;
  • les publics cibles rencontrĂ©s via les Points Relais Sida mĂ©connaissent les lieux oĂč trouver des informations sur les IST ;
  • il existe un manque d’accĂšs aux dĂ©pistages des IST (mĂ©connaissance des formes de dĂ©pistage et des lieux oĂč les rĂ©aliser);
  • le sujet est trĂšs peu abordĂ© par les mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes.

En outre, l’augmentation des IST en Belgique – chlamydia en tĂȘte chez les jeunes – Ă©tait mise en Ă©vidence par les donnĂ©es Ă©pidĂ©miologiques de Sciensano (2016).

Face aux besoins identifiĂ©s par ces constats, le SASER et le groupe des Points Relais Sida dĂ©cidĂšrent ensemble de crĂ©er leur propre support d’animation qui se voulait Ă  la fois ludique, attractif et informatif.

Deux publics ciblĂ©s 

DĂšs lors, l’outil vise d’une part les professionnel.les, en rĂ©pondant Ă  leur besoin d’information et de mise en place d’animation sur la thĂ©matique des IST ; et d’autre part, les jeunes ĂągĂ©s de 14 Ă  25 ans frĂ©quentant leurs services.

Pour ces jeunes, les objectifs formulĂ©s et visĂ©s sont les suivants :

  • amĂ©liorer leurs connaissances sur les diffĂ©rentes IST, sur les risques ainsi que sur les modes de transmission et moyens de prĂ©vention de celles-ci ;
  • amĂ©liorer leur recours au matĂ©riel de prĂ©vention et de rĂ©duction des risques ;
  • amĂ©liorer leur communication avec leurs mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes et spĂ©cialistes concernant leur santĂ© affective et sexuelle ;
  • contribuer Ă  les responsabiliser par rapport Ă  leur santĂ© : qu’ils puissent aller eux-mĂȘmes et elles-mĂȘmes demander de l’information aux personnes compĂ©tentes et recourir au dĂ©pistage, si nĂ©cessaire.

Un apport riche, varié et interdisciplinaire

La force du groupe de travail (constituĂ© de membres du SASER et des Points Relais Sida) fut la diversitĂ© des formations et des expertises de ceux et celles qui l’ont constituĂ© (infirmiĂšre sociale, sexologues, assistant.e.s soci.aux.ales, licenciĂ©es en sciences de la santĂ© publique, Ă©ducateurs et Ă©ducatrices, animateurs, psychologues
), tous et toutes travaillant sur le terrain au contact de jeunes.

De plus, ce collectif a pu bĂ©nĂ©ficier du soutien de plusieurs professionnel.les de la santĂ© Ă©manant de diffĂ©rents services provinciaux et sensibilisĂ©.es Ă  l’éducation et la promotion de la santĂ© lors d’une journĂ©e crĂ©ative.

La maquette du jeu a Ă©tĂ© rĂ©flĂ©chie et conçue sur plusieurs mois, donnant aujourd’hui naissance Ă  la boite « Des pISTes ? DĂ©pISTe ! ». Les contenus de l’outil ont Ă©tĂ© validĂ©s grĂące Ă  l’expertise de mĂ©decins spĂ©cialistes exerçant sur le terrain (services de prĂ©vention spĂ©cialisĂ©s VIH/IST : le SASER et l’asbl SIDASOL de LiĂšge) et grĂące Ă  la spĂ©cificitĂ© de certains agents sensibilisĂ©s aux questions des diversitĂ©s des orientations sexuelles et de genre ainsi qu’aux thĂ©matiques de rĂ©duction des risques liĂ©s Ă  l’usage de produit.

L’expĂ©rience en secteur jeunesse, la crĂ©ativitĂ© et le partenariat solide avec le graphiste Ian De Haes ainsi que le soutien de l’AVIQ (qui a cru en notre projet en le subventionnant) ont Ă©tĂ© les facilitateurs qui ont permis la concrĂ©tisation de cet outil attractif et finalement sa diffusion plus large, allant bien au-delĂ  du rĂ©seau des Points Relais Sida travaillant en Province de Namur.

Par contre, les contraintes liĂ©es Ă  la situation sanitaire auront Ă©tĂ© un frein, nous empĂȘchant de tester Ă  souhait notre outil pĂ©dagogique avant sa finalisation.

« Des pISTes, dĂ©pISTes » en pratique


Le concept 

Il s’inspire de « Profiler », un jeu qui fonctionne trĂšs bien avec le public adolescent. Il s’agit de dĂ©couvrir en groupe quel personnage mystĂšre a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ© par le dĂ©pisteur, en procĂ©dant par Ă©limination, petit Ă  petit, grĂące aux indices (cartes Action) placĂ©s par le dĂ©pisteur en fonction de leur probabilitĂ© sur un curseur. Le groupe va discuter et rĂ©flĂ©chir ensemble Ă  ce qui justifie de garder ou pas tel personnage. Il va Ă©liminer un Ă  un cinq personnages jusqu’à trouver le personnage mystĂšre.

Le support

Le matĂ©riel comprend un plateau de jeu A3 avec son pion, un livret pĂ©dagogique, 6 cartes + 6 tuiles numĂ©rotĂ©es, un curseur, un tableau des IST grand format, 52 cartes ‘personnage’, 115 cartes ‘action’, des cartes quizz et les rĂšgles du jeu.

Trois versions ‘grand format’ sont disponibles (sur demande) afin de pouvoir proposer des animations de groupe (comme les classes, par exemple), tout en respectant les mesures sanitaires en vigueur.

Le nombre de joueurs

A partir de 3 personnes.

Conseil avant de vous lancer dans l’aventure

Ce jeu transmet Ă©normĂ©ment d’informations pratiques et thĂ©oriques, il met en situation des personnages confrontĂ©s Ă  la question des IST, qu’il aborde sous tous leurs aspects. C’est pourquoi nous recommandons aux professionnel.les qui souhaitent l’utiliser de participer Ă  un atelier-dĂ©couverte organisĂ© par le SASER afin d’obtenir tous les conseils et renseignements nĂ©cessaires pour faciliter son usage. Des ateliers-dĂ©couverte de l’outil « Des pISTes ? DĂ©pISTe ! » seront Ă©galement organisĂ©s au sein d’outilthĂšques ou centres spĂ©cialisĂ©s au cours de l’annĂ©e.

Afin de permettre Ă  l’animateur ou l’animatrice de proposer une partie de jeu rĂ©pondant aux questions essentielles et permettant d’atteindre le personnage mystĂšre, plusieurs sĂ©ries d’indices et personnages ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es par le SASER.

De nombreuses dates d’animation sont d’ores et dĂ©jĂ  prĂ©vues dans le milieu scolaire (enseignement secondaire, supĂ©rieur, universitaire, formation en alternance) et extrascolaire (maisons de jeunes) en 2022.

A l’avenir, nous souhaitons Ă©galement pouvoir actualiser les contenus annuellement.

OĂč se procurer l’outil ?

« Des pISTes ? DĂ©pISTe ! » sera prochainement disponible gratuitement en prĂȘt auprĂšs des Centres Locaux de Promotion de la SantĂ© (CLPS) et des outilthĂšques spĂ©cialisĂ©es en Ă©ducation pour la santĂ©. Chaque professionnel.le qui a reçu le jeu s’engage Ă  participer Ă  son Ă©valuation et son impact auprĂšs du public cible, en remplissant les questionnaires en ligne : https://pointsrelaissida.jimdofree.com/news/

Pour plus d’infos

Vous pouvez contacter la SASER

4 rue Docteur Haibe, 5002 Namur.

Ou au 081/776820

Ou via l’adresse : saser@province.namur.be

D’autres informations sont Ă©galement disponibles sur le blog des Points Relais Sida : pointsrelaissida.jimdofree.com

carres genre junior

Description selon l’éditeur

Matériel

  • 23 CarrĂ©s Ă  dĂ©couper (fiche PDF)
  • Lien pour tĂ©lĂ©charger l’outil (commande gratuite)
  • Fiche mĂ©thodologique (PDF)
  • VidĂ©o de prĂ©sentation de l’outil

Concept

Outil pédagogique à usage de personnes-relais amenées à présenter des animations sur le genre.

L’objectif est de proposer un temps d’expression pour prendre conscience des stĂ©rĂ©otypes de genre afin de les dĂ©construire. Animation dĂšs 6 ans.

Une sélection de « Carrés genre » est étalée sur une table. Les enfants en choisissent un mentalement et répondent à la question à propos de la phrase affichée sur le carré.

Peut ĂȘtre utilisĂ© pour amĂ©liorer la cohĂ©sion du groupe, pour s’Ă©couter et s’exprimer.

Objectifs

  • Prendre conscience des stĂ©rĂ©otypes de genre afin de les dĂ©construire
  • AmĂ©liorer la cohĂ©sion du groupe, s’Ă©couter et s’exprimer.

L’avis de PIPSa

Cet outil tĂ©lĂ©chargeable propose un matĂ©riel « clĂ© sur porte » pour animer une sĂ©ance de dĂ©bat ayant pour objet la dĂ©construction des stĂ©rĂ©otypes de genre pour les enfants. Court, facile d’accĂšs, avec trĂšs peu de matĂ©riel, il amĂšne un dispositif riche d’échanges possibles.

MalgrĂ© la sensibilitĂ© de la thĂ©matique, elle est traitĂ©e avec lĂ©gĂšretĂ© au travers de situations quotidiennes, proches du vĂ©cu des enfants. L’utilisateur veillera cependant Ă  garder une posture neutre, favorisant le dĂ©bat, vu les Ă©carts possibles entre les affirmations proposĂ©es dans l’outil et les pratiques familiales/culturelles.

La fiche mĂ©thodologique fournit en un clin d’Ɠil un aperçu visuel, clair, synthĂ©tique, structurĂ©, en lien avec la rĂ©alitĂ© des travailleurs de 1Ăšre ligne, de mĂȘme que des pistes concrĂštes pour aller plus loin. La vidĂ©o de prĂ©sentation de l’outil reprĂ©sente une rĂ©elle plus-value pour mieux apprĂ©hender l’expĂ©rience « utilisateurs ».

L’outil semble plus pertinent pour des enfants Ă  partir de 7-8 ans, capables de dĂ©passer les clichĂ©s et de discuter/argumenter leurs idĂ©es et se positionner, que pour les plus jeunes.

Objectifs

  • RepĂ©rer ses reprĂ©sentations sur le genre pour les faire Ă©voluer
  • Comprendre les phĂ©nomĂšnes collectifs qui assignent Ă  un genre
  • Argumenter, construire sa pensĂ©e, s’exprimer et dĂ©battre, dĂ©velopper le vivre ensemble

Public cible

8-10 ans

Utilisation conseillée

Veiller à rester ouvert au débat, en tenant compte de modÚles familiaux/culturels possiblement stéréotypés, que des parents pourraient perpétuer et renforcer.

Points d’attention

PrivilĂ©gier les petits groupes pour permettre le dĂ©bat/l’expression des enfants

Complémentarité

L’outil « Chouette pas chouette »

OĂč trouver l’outil

Chez l’Ă©diteur :

Le Monde selon les femmes, Rue de la sablonniĂšre 18, 1000 Bruxelles, Belgique
+32 (0)2 223 05 12 – tanguy@mondefemmes.org
http://www.mondefemmes.orghttps://www.facebook.com/pages/Le-Monde-selon-les-femmes-asbl/28345727246

L’outil est tĂ©lĂ©chargeable gratuitement.

Vous pouvez commander une version papier. CoĂ»t : 4 €

Retrouvez une prĂ©sentation vidĂ©o de l’outil, rĂ©alisĂ©e lors de la MatinĂ©e OP’EVRAS (2 dĂ©cembre 2020). Cette vidĂ©o comprend une prĂ©sentation par NoĂ©mie Kayaert (Le Monde selon les Femmes), ainsi que les rĂ©ponses aux questions du public.

https://vimeo.com/503384961

dérenger la ville

L’Organisation mondiale de la SantĂ© pointe les accidents de la route comme un problĂšme majeur de santĂ© publique. Ils font chaque annĂ©e 1,3 million de morts Ă  l’échelle mondiale1. En Belgique en 2017, sur un total de 615 tuĂ©s en 30 jours, 72% des victimes Ă©taient conducteurs dont 58% des hommes et 13% des femmes2.Le fait que ces accidents concernent davantage les hommes invite Ă  questionner les raisons de cette proportion en lien avec l’acceptation des rĂŽles sociaux imposĂ©s par les normes dominantes de la masculinitĂ©. Une sociologue australienne, Raewyn Connell3, montre que ces rĂŽles sont dĂ©finis principalement par une prise de risque, une tĂ©mĂ©ritĂ© et une rĂ©fĂ©rence Ă  la virilitĂ©. Il est donc pertinent de mettre en question les processus de construction de la masculinitĂ©.

Masculinités

La masculinitĂ© renvoie Ă  l’expression de normes associĂ©es et attribuĂ©es aux personnes identifiĂ©es comme hommes. Il s’agit de caractĂ©ristiques et de comportements qui reprĂ©sentent ce qu’est « ĂȘtre un homme ». Dans nos sociĂ©tĂ©s, les hommes doivent ĂȘtre virils : forts physiquement, avoir le contrĂŽle de leurs Ă©motions, ĂȘtre compĂ©titifs, ambitieux. La virilitĂ© est intimement liĂ©e Ă  la masculinitĂ© et donc aux hommes mĂȘme si elle ne leur est pas rĂ©servĂ©e. Lorsqu’elle est endossĂ©e, cette virilitĂ© s’exprime Ă  travers des caractĂ©ristiques bien spĂ©cifiques comme ĂȘtre « protecteur », « pourvoyeur » et « puissant » (ĂȘtre actif sexuellement et dans la capacitĂ© de procrĂ©er). Ces caractĂ©ristiques sont socialement valorisĂ©es et, par consĂ©quent, elles donnent plus de prestige et de pouvoir aux hommes ; ce qui, en mĂȘme temps et en retour, leur confĂšre des privilĂšges et ce, par le simple fait d’ĂȘtre homme. Raewyn Connell dĂ©finit la masculinitĂ© qui regroupe ces caractĂ©ristiques comme la masculinitĂ© hĂ©gĂ©monique, car c’est ce type de masculinitĂ© qui, aujourd’hui, organise un ordre social genrĂ© dans lequel les hommes occupent une position hiĂ©rarchique supĂ©rieure. 

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Pour les hommes qui n’atteignent pas cet idĂ©al de la masculinitĂ©, ce qui est le cas de la majoritĂ© des hommes, ce modĂšle agit comme une « pression ».

Selon une Ă©tude amĂ©ricaine4, ne pas correspondre Ă  ce modĂšle peut causer des difficultĂ©s relationnelles, des troubles psychologiques, une plus forte consommation de drogues ainsi que des actes de violences.  L’analyse des masculinitĂ©s pointe les consĂ©quences nĂ©gatives que cet ordre « masculin viril » engendre pour les hommes eux-mĂȘmes du fait d’ĂȘtre poussĂ©s Ă  assumer les comportements associĂ©s Ă  cette masculinitĂ©. Par exemple, la majoritĂ© des victimes d’ho­micides dans le monde sont des hommes (81%) et ils sont tuĂ©s par d’autres hommes (90% des auteurs d’homicides)5.

Il faut Ă©galement noter que les comportements qualifiĂ©s comme fĂ©minins sont encore peu valorisĂ©s ce qui a pour consĂ©quence que certaines activitĂ©s et attentions comme le fait de prendre soin, de soi et des autres, ne font pas partie des attributs dits « masculins ». Les hommes seront, dĂšs lors, moins encouragĂ©s Ă  les dĂ©velopper.   « Pour un certain nombre d’hommes, consciemment ou pas, se faire soigner revient Ă  reconnaĂźtre une faiblesse, une fragilité » souligne ainsi Lisa Saoul6.

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Mais comment construit-on sa masculinité ? OĂč est-ce que cela se passe ? C’est au travers de la socialisation que l’on construit une part de notre identitĂ©. Ce processus social prend corps et se dĂ©roule dans divers espaces : le foyer, l’école, les lieux de loisirs et les lieux de travail. À cĂŽtĂ© de ces espaces et autour de nous, il y en a un autre qui ne reçoit gĂ©nĂ©ralement pas autant d’attention, mais que nous investissons, traversons, en d’innombrables occasions : l’espace public.

Espace public

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L’espace public fait partie de notre vie quotidienne, il appartient Ă  tous et toutes, personne ne dirait le contraire. Et pourtant, les expĂ©riences quotidiennes montrent Ă  quel point ce n’est pas le cas. Nous ne traversons pas ni n’occupons l’espace public de la mĂȘme maniĂšre. Selon notre position au sein de la sociĂ©tĂ© (en fonction de notre sexe, de notre identitĂ© de genre, de notre orientation sexuelle, de notre classe sociale, de notre origine ethnique ou raciale, de notre Ăąge, de notre situation de handicap ou non, de notre lieu de rĂ©sidence…), nous avons un accĂšs et un usage diffĂ©renciĂ©s de l’espace public.

Les hommes apprennent que l’espace public est un lieu oĂč ils doivent aller, oĂč ils doivent se sentir en sĂ©curitĂ© et en confiance. Ils s’y assoient, y marchent, courent, observent, s’y expriment d’une certaine maniĂšre. Ils doivent s’y montrer forts, puissants, et surtout ne pas ĂȘtre sensibles ou Ă©motionnels. En revanche, les femmes apprennent Ă  craindre l’espace public et le lieu qui leur est rĂ©servĂ© est celui du privĂ©, des espaces intĂ©rieurs et intimes. Elles intĂ©riorisent le fait de ne pas prendre de place quand elles s’assoient, d’ĂȘtre discrĂštes, de ne pas trop attirer l’attention (mais Ă  ne pas non plus passer inaperçue), de devoir mĂȘme mettre en place des stratĂ©gies d’évitement de certains lieux Ă  certaines heures.

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L’organisation de l’espace public est encore fortement dĂ©terminĂ©e par les intĂ©rĂȘts des hommes. Peu d’efforts sont faits afin que tout le monde puisse jouir Ă  sa convenance de cet espace public. Et, lorsqu’une approche de genre est intĂ©grĂ©e dans les mesures politiques urbanistiques, elle l’est principalement par le biais des problĂ©matiques liĂ©es Ă  l’insĂ©curitĂ© des femmes. Cela laisse de cĂŽtĂ© toute une sĂ©rie de problĂ©matiques (publicitĂ©s sexistes « objectifiant » le corps des femmes, les noms des rues et les statues presque exclusivement masculines
). Il faut Ă©galement noter que les lieux de dĂ©cision oĂč l’on dĂ©finit l’amĂ©nagement de l’espace public est composĂ© en majoritĂ© par des hommes. L’amĂ©nagement urbain tel qu’il est pensĂ© et dĂ©cidĂ© est donc sur­tout le fait d’hommes pour, indirectement, des hommes.

Conséquences positives pour la santé

AprĂšs deux ans de confinement plus ou moins aigus et de mesures de distanciation physique, la plupart des personnes rĂ©alisent Ă  quel point l’espace public est essentiel Ă  leur bien-ĂȘtre physique et psychologique. Assurer un accĂšs et une utilisation de l’espace public Ă©galitaire est donc un enjeu majeur.

Il est donc primordial de déconstruire les normes dominantes autour de la masculinité pour permettre :

  • d’ouvrir les possibilitĂ©s d’ĂȘtre et d’agir en dehors des normes,
  • de renverser les stĂ©rĂ©otypes et pratiques de la virilitĂ©, la tĂ©mĂ©ritĂ©, la prise de risque,
  • de questionner le sentiment d’avoir Ă  se mettre en danger pour se conformer Ă  un rĂŽle d’homme stĂ©rĂ©otypĂ©,
  • de dĂ©velopper des approches et contextes favorables Ă  la santĂ© de tous et toutes.

Dans cette optique, Cultures&SantĂ© a conçu, aux cĂŽtĂ©s du Monde selon les Femmes, un outil d’éducation permanente liant les questions de masculinitĂ©s et d’espace public.

[DĂ©]Genrer la ville : Espace public, genre et masculinitĂ©s

Ce kit pĂ©dagogique invite Ă  rĂ©flĂ©chir sur le rĂŽle de l’espace public dans la construction sociale du genre, notamment la construction des masculinitĂ©s et les privilĂšges qui en dĂ©coulent, et Ă  analyser la maniĂšre dont les rapports inĂ©gaux de genre organisent en mĂȘme temps l’espace public.

Au fil des 5 pistes d’animation proposĂ©es, les participant·es sont amené·es Ă  questionner le genre, l’espace public et les masculinitĂ©s Ă  partir de leurs vĂ©cus et leurs ressentis dans l’espace public. Le guide propose Ă©galement des repĂšres thĂ©oriques qui permettent d’apporter des prĂ©cisions sur les questions soulevĂ©es par les pistes d’animations. Est-ce qu’un espace public Ă©galitaire peut crĂ©er de nouveaux modĂšles de masculinitĂ©s ou faut-il de nouveaux modĂšles de masculinitĂ©s pour rendre l’espace public plus Ă©galitaire ?

Il est accompagnĂ© d’une sĂ©rie de 22 illustrations mettant en scĂšne des exemples d’inĂ©galitĂ©s entre les sexes et les genres produites par ou dans l’espace public regroupĂ©s en six dimensions : sentiment d’(in)sĂ©curitĂ©, visibilitĂ© de genre, mobilitĂ©, temps et occupation, usages et processus de dĂ©cision. Ces six dimensions permettent de complexifier notre regard sur les diffĂ©rentes problĂ©matiques auxquelles nous sommes confronté·es dans l’espace public, et donc, de nous rendre compte des Ă©lĂ©ments Ă  changer mais aussi d’imaginer ce que serait un espace public vĂ©ritablement Ă©galitaire.

AprĂšs Vive Olympe ! et FĂ©minismes en couleurs, [DĂ©]Genrer la ville s’inscrit dans la continuitĂ© des outils produits par Cultures&SantĂ© sur le thĂšme de l’Ă©galitĂ© de genre. Nous avons souhaitĂ©, avec ce guide, mettre le focus sur la domination masculine et amener les hommes Ă  prendre conscience de leur rĂŽle dans la lutte pour l’Ă©galitĂ©.

Le kit a pour objectif de rĂ©flĂ©chir au rĂŽle de l’espace public dans la construction sociale du genre, notamment les masculinitĂ©s, et comment l’espace public est organisĂ© par les rapports inĂ©gaux de genre.

Il contient :

  • un guide d’animation proposant 5 pistes d’animation et des repĂšres thĂ©oriques,
  • 22 phrases,
  • 22 illustrations mettant en scĂšne diffĂ©rents exemples d’inĂ©galitĂ©s entre les sexes et les genres.

Pour l’obtenir

L’outil est en prĂȘt au centre de documentation de Cultures&SantĂ© et en tĂ©lĂ©chargement sur le site www.cultures-sante.be. Si vous envisagez de l’utiliser rĂ©guliĂšrement en groupe, vous pouvez faire une demande pour l’acquĂ©rir, par mail Ă  cdoc@cultures-sante.be ou par tĂ©lĂ©phone au 02 558 88 11. N’hĂ©sitez pas Ă  contacter Cultures&SantĂ© si vous souhaitez organiser un atelier de dĂ©couverte.

Retrouvez le fichier et ses supports sous format PDF sur : https://www.cultures-sante.be/nos-outils/outils-education-permanente/item/596-de-genrer-la-ville-espace-public-genre-et-masculinites.html

[1] JournĂ©e mondiale de la SantĂ© : L’accident de la route n’est pas une fatalitĂ© !, Organisation mondiale de la SantĂ©, 7 avril 2004 : www.who.int/mediacentre/news/releases/2004/pr24/fr.

[2] 615 morts sur les routes belges en 2017, Statbel, 4 juillet 2018.

[3] Connell R. W., Masculinities, Polity Press, Sydney, 1995.

[4] Stephanie Pappas, APA issues first ever guidelines for practice with men and boys, American Psychological Association, vol.50(1), 2019.

[5] Rapport sur les homicides office ONU contre drogue et le crime. https://www.unodc.org/unodc/fr/frontpage/2019/July/homicide-kills-far-more-people-than-armed-conflict–says-new-unodc-study.html

[6] Lisa Saoul, « Les hommes se soignent moins que les femmes », DH Les Sports+, 2015.

Le 22 octobre dernier, l’asbl Question SantĂ© fĂȘtait ses 40 ans. Quarante annĂ©es consacrĂ©es Ă  rendre l’information santĂ© accessible et ce, dans un souci d’émancipation de l’usager. Dans le cadre de cet anniversaire, une table ronde s’est tenue sur les Ă©volutions de cette communication santĂ© et sur le contexte de tension actuelle autour de la question. Compte-rendu des Ă©changes.

retro tv receivers set from circa 60s, 70s and 80s of xx century

Communiquer en santĂ© c’est tout un programme. C’est en tout cas le programme de Question SantĂ© depuis 40 ans : dĂšs sa naissance en 1981 et ses premiers subsides en Ă©ducation permanente, l’association se pose la question de la communication autour de la santĂ©. Bien sĂ»r, en 40 ans, les choses ont Ă©voluĂ©, des fiches-techniques Ă  la mise sur pied du tout nouveau site internet de Question SantĂ©, en passant par la crĂ©ation de multiples outils de communication, Ă©ducatifs, d’animation, des campagnes de sensibilisation et l’accompagnement et le conseil aux structures de promotion de la santĂ©. Jusqu’à cette communication de crise autour du Covid qui nous occupe depuis plus d’un an et demi, avec la sensibilisation Ă  la vaccination, aux gestes barriĂšres, la publication d’outils de promotion de la santĂ© ou dans le cadre des stratĂ©gies concertĂ©es.

Pour aborder la question de la communication santĂ© sous tension, avaient Ă©tĂ© rĂ©unis sur l’estrade, Matthieu MĂ©an, coordinateur de l’équipe de premiĂšre ligne de Modus Vivendi, actif dans la rĂ©duction des risques pour les usagers de drogues, Godefroi Glibert, responsable de projets Ă  la Plateforme PrĂ©vention Sida, Sophie LefĂšvre, chargĂ©e de communication Ă  la Direction SantĂ© de l’ONE (Office de la Naissance et de l’Enfance), ainsi que Mark Hunyadi, professeur de philosophie morale et politique Ă  l’UCLouvain, venu prĂ©alablement entretenir le public prĂ©sent de ses rĂ©flexions sur la confiance dans un contexte numĂ©rique. Pour animer le dĂ©bat, notre journaliste maison Pascale Gruber.

Quelles préoccupations en matiÚre de communication ?

Un premier questionnement portait sur les prĂ©occupations en termes de communication pour les trois associations de terrain, avant la crise sanitaire. Pour Matthieu MĂ©an (Modus Videndi), il va sans dire que cette prĂ©occupation se pose depuis longtemps, mais s’est transformĂ©e avec l’apparition des rĂ©seaux sociaux qui sont devenus rapidement incontournables. « Facebook, mais aussi Instagram, c’est trĂšs important aujourd’hui. Certes nous organisons toujours des permanences, trois fois par semaine, mais nous avons Ă©galement crĂ©Ă© un espace de permanence digital, pour permettre Ă  ceux qui ne peuvent ou n’osent pas franchir le seuil de l’association de pouvoir entrer en contact avec notre service. Â»

Idem pour Godefroi Glibert (Plateforme PrĂ©vention Sida) qui confirme cette importance des rĂ©seaux sociaux, mais temporise : « Personnellement, je suis assez mitigĂ© envers les GAFA qui reprĂ©sentent une menace pour les relations entre les personnes. En promotion de la santĂ©, le message va vraiment passer, percoler, quand Ă  un moment, Ă  un instant d’une relation interpersonnelle, on emporte l’adhĂ©sion et qu’alors, un changement peut se produire. La question est donc : comment ĂȘtre proche en utilisant les rĂ©seaux sociaux ? On n’y arrive pas toujours, c’est sĂ»r. On essaie. Un exemple : sur notre site Internet, on parle en « vous ». Sur Facebook, on parle en « tu », pour aller vers une proximitĂ© plus importante. »

Le numérique pour toucher son public ?

Sophie LefĂšvre (ONE) estime pour sa part qu’il faut s’interroger sur l’accessibilitĂ© de l’outil numĂ©rique pour tous « car s’il se gĂ©nĂ©ralise, il n’est pas pour autant abordable pour une sĂ©rie de publics. J’ai dĂ©jĂ  entendu : ‘Tout le monde sait utiliser un smartphone et va sur Internet’, mais ce n’est pas encore une rĂ©alitĂ©. On fait appel Ă  des capacitĂ©s de littĂ©ratie mĂ©diatique (comme on parle de littĂ©ratie en santĂ©) que tout le monde n’a pas. Parmi les chiffres citĂ©s par la Fondation Roi Baudouin en matiĂšre de fracture numĂ©rique, j’ai Ă©tĂ© interpellĂ©e par ceux montrant une sous-utilisation de l’e-santĂ© : seulement 16 % des personnes se sentent Ă  l’aise avec l’outil numĂ©rique en santĂ©. C’est pour cela que je plaide vraiment pour une utilisation multimodale des canaux d’information. Â»

En guise de relance, Pascale Gruber (QS) posait la question un peu iconoclaste de savoir si le numĂ©rique atteint en fin de compte sa cible. Pour Godefroi Glibert, « Avec le numĂ©rique, tout est comptabilisĂ©, le temps de rebond, les temps de visites, etc. Mais en mĂȘme temps, c’est vrai que l’on a peu de retours. Or c’est important d’ĂȘtre en contact avec les publics, d’ĂȘtre dans les festivals, les fĂȘtes, avec un stand d’information, il faut aller sensibiliser dans les Ă©coles. »  Mathieu MĂ©an enfonce le clou : « Les rĂ©seaux sociaux sont un appui. Mais ils ne peuvent absolument pas se substituer Ă  ce que l’on fait sur le terrain. Cela Ă©tant, au moment du confinement, on a dĂ» trouver d’autres solutions. Donc, on a proposĂ© des tables de discussion sur les rĂ©seaux sociaux. Avant, en prĂ©sentiel, on arrivait, pour les gros Ă©vĂ©nements, Ă  30 personnes. Avec la discussion en ligne, on est montĂ© Ă  1.500. Donc, c’est intĂ©ressant. Mais c’est aussi trĂšs loin des journĂ©es festives oĂč l’on en touche 30.000. »

Information ou communication ?

Il s’agit aussi de replacer la question de la communication dans le contexte actuel de l’infobĂ©sitĂ© ou l’excĂšs d’information propre Ă  l’ùre numĂ©rique. Comme l’a soulignĂ© Mark Hunyadi (UCLouvain), « Avec la multiplication des rĂ©seaux de communication et des messages, diffĂ©rents Ă  chaque fois, l’utilisateur ne sait plus comment s’orienter dans cette immense manne, cette mer Ă  messages. En fait, cette prolifĂ©ration dĂ©value les informations elles-mĂȘmes. Un message Ă  faire passer, sur ceci ou sur cela, tout le monde en a. Mais c’est trĂšs diffĂ©rent des informations, supposĂ©es ĂȘtre vraies, vĂ©rifiĂ©es et donc vĂ©rifiables. Je me demande dans quelle mesure cette prolifĂ©ration des messages de la com’ et les stratĂ©gies de com’ ne participent pas Ă  cette dĂ©fiance gĂ©nĂ©ralisĂ©e. »

Pour Sophie LefĂšvre (ONE), la clĂ© rĂ©side dans l’éducation aux mĂ©dias, mais aussi dans l’expĂ©rience des personnes avec les institutions. Quand elles sont déçues, la confiance est rompue. Ça peut ĂȘtre le cas si, par les expĂ©riences de vie que l’on a, la maniĂšre d’ĂȘtre intĂ©grĂ© dans la sociĂ©tĂ©, on se rend compte qu’on est en marge, pas pris en compte
 « D’oĂč l’importance de ne pas laisser des gens sur le cĂŽtĂ©, de prendre en compte la diversitĂ©. S’adresser Ă  une famille avec Papa, Maman, Boule et Bill et le SUV, comme cela a pu ĂȘtre le cas avec le Covid, cela ne va pas : ceux qui ne correspondent pas Ă  ce schĂ©ma vont se sentir Ă  l’écart et vont rejeter les messages qu’on a envie de faire passer
 Â»

Bernadette Taeymans, directrice de l’asbl Question SantĂ© jusqu’en 2020, resitue les enjeux : « Si on se rapporte Ă  1981, quand Question SantĂ© est nĂ©e, l’information Ă©tait aux mains du pouvoir mĂ©dical. Parfois, il y avait une EncyclopĂ©die mĂ©dicale dans les maisons, et c’est tout. Il n’y avait pas moyen d’avoir accĂšs Ă  l’information santĂ© sans passer par le pouvoir mĂ©dical. Donc, il y a quarante ans, l’enjeu de Question SantĂ© Ă©tait de donner accĂšs Ă  cette info. Â»

Aujourd’hui, cet enjeu est bouleversĂ©, il y a de l’info partout et de la communication partout. La question est donc de savoir comment aider les personnes Ă  trouver leur chemin et Ă  faire des choix Ă©clairĂ©s en matiĂšre de santĂ©. « On ne sait plus trĂšs bien comment ĂȘtre entendu, sachant qu’avec les outils du numĂ©rique, mais aussi avec les mĂ©dias en gĂ©nĂ©ral, ce qui attire et intĂ©resse, ce sont les infos qui sortent du lot, crĂ©ent l’évĂ©nement, choquent
 Or, en Ă©ducation permanente comme en promotion de la santĂ©, on n’est pas lĂ  pour choquer ou pour faire peur. Donc le risque est de ne pas ĂȘtre entendus dans le brouhaha et cette dĂ©rĂ©gulation informationnelle. On est donc vraiment dans un moment assez compliquĂ©. Comment continuer Ă  travailler en restant en accord avec nos objectifs et nos valeurs, et, en mĂȘme temps, en arrivant Ă  toucher le public ? Â»

Une rĂ©flexion partagĂ©e par les participants Ă  cette table ronde qui plaident pour un usage raisonnĂ© des rĂ©seaux sociaux, pour des messages de qualitĂ©, qui sensibilisent sans choquer et en restant connectĂ©s Ă  tous les publics, dans l’interpersonnel, mais sans bouder le numĂ©rique, tout en gardant la confiance. Tout un challenge !

Mark Hunyadi : « Quelle confiance dans un contexte numérique ? »

Lors de cet aprĂšs-midi de rĂ©flexion qui ouvrait les festivitĂ©s des 40 ans de Question SantĂ©, Marc Hunyadi, philosophe et professeur Ă  l’UCL, est venu parler de son ouvrage « Au dĂ©but est la confiance »1,

publiĂ© en pleine pandĂ©mie et qui a beaucoup rĂ©sonnĂ© durant cette crise sanitaire. Son propos est de documenter la notion de confiance qui a Ă©tĂ© mise Ă  rude Ă©preuve durant cette pĂ©riode. Pour Mark Hunyadi, « La perte de confiance que la crise sanitaire a entraĂźnĂ©e s’est avĂ©rĂ©e extrĂȘmement large car elle a touchĂ© Ă  notre relation aux objets, Ă  l’environnement oĂč le virus Ă©tait prĂ©sent, mais aussi Ă  nos interactions avec les personnes, possiblement contaminĂ©es, ainsi qu’à la confiance dans les institutions amenĂ©es Ă  gĂ©rer cette crise. Â»

Or la confiance est transversale Ă  l’ensemble de l’agir humain et s’appuie sur des attentes rĂ©ciproques de comportements qui sous-tendent le collectif. Sans confiance, comment fonctionner ? « Quand on circule en voiture sur la route, on s’attend Ă  des comportements dans le chef des autres usagers de la route, en fonction de la sĂ©curitĂ© routiĂšre. Pourtant il n’y a pas de vĂ©ritable dĂ©finition de la confiance, ni dans le chef des philosophes, ni chez les grands auteurs. Les Ă©conomistes utilisent cette notion mais dans une vision rĂ©ductrice et utilisatrice, en l’associant Ă  la prise de risque et Ă  la gestion de l’incertitude. Â»

Dans ce contexte, l’auteur pointe le numĂ©rique comme un Ă©lĂ©ment qui a modalisĂ© fortement le collectif et in fine la confiance, notamment en la mĂ©decine. Cela a Ă©tĂ© le cas durant le Covid, mais aussi bien au-delĂ  de la crise sanitaire que nous avons traversĂ©e. « De plus en plus, le numĂ©rique devient une mĂ©diation obligĂ©e au monde, que ce soit pour des achats, des rĂ©servations, le contrĂŽle de son diabĂšte, repĂ©rer des champignons, obtenir un CST
 Chacun satisfait ses besoins dans sa petite bulle, dans son cockpit, en gĂ©rant sa relation au monde derriĂšre son Ă©cran. Et ça a Ă©tĂ© d’autant plus vrai avec le Covid. Dans un tel systĂšme, la sĂ©curitĂ© tend Ă  remplacer la confiance naturelle. »

Quant Ă  la mĂ©decine dans un tel paysage, si le numĂ©rique a permis des progrĂšs extraordinaires et des acquis sans prĂ©cĂ©dent, on assiste, pour Mark Hunyadi, Ă  une numĂ©risation de celle-ci : « Les gens se plaignent : « On ne nous Ă©coute plus, on nous mesure Â». La mĂ©decine devient uniquement technologique, quantitative, ne fonctionne plus que sur des mesures, au dĂ©triment de la relation mĂ©dicale et la perte de la dimension relationnelle. L’Evidence-Based Medecine qui avait pour but, il y a 20-30 ans, d’évaluer la littĂ©rature mĂ©dicale est devenu le paradigme gĂ©nĂ©ral, avec une substitution tendancielle de la relation technique Ă  la relation naturelle. Â» De plus en plus la relation fiduciaire est mise Ă  mal et l’inquiĂ©tude de Mark Hunyadi rĂ©side dans le fait que si la confiance est remplacĂ©e par la sĂ©curitĂ©, tout devient automatisĂ©. « ObĂ©ir Ă  des machines fait de nous des machines obĂ©issantes, des piĂšces du systĂšme. C’est pourquoi des associations comme Question SantĂ© sont salutaires. Car elle est merveilleusement rĂ©sistante parce qu’elle installe de la proximitĂ© lĂ  oĂč le numĂ©rique met de la distance froide. A Question SantĂ©, on met du commun, du sens lĂ  oĂč le numĂ©rique en est bien incapable. Â»

[1] Mark Hunyadi, « Au dĂ©but est la confiance », Editions Le bord de l’eau, 2020, 240 p.