En 2020, la crise du Covid-19 a renforcĂ©, de maniĂšre plus ou moins importante, le recours aux services numĂ©riques essentiels. Lâe-banking est le service en ligne le plus utilisĂ© en Belgique (82%), suivi de lâe-commerce (71%). Le recours Ă lâe-administration Ă©volue peu (68%) et lâe-santĂ© est peu utilisĂ© (39%). DerriĂšre ces chiffres se cachent dâimportances disparitĂ©s, fortement liĂ©es au niveau de revenu et de diplĂŽme, et au degrĂ© dâutilisation dâinternet. Câest ce que rĂ©vĂšle une nouvelle Ă©tude sur les services numĂ©riques essentiels, rĂ©alisĂ©e Ă lâinitiative de la Fondation Roi Baudouin.
La numĂ©risation des dĂ©marches quotidiennes a connu un essor inĂ©dit ces derniĂšres annĂ©es, encore renforcĂ©e par la crise du Covid-19. Pour autant, lâaccĂšs aux technologies numĂ©riques et aux services en ligne ne conditionnent pas automatiquement leur utilisation effective et autonome. EngagĂ©e dans la lutte contre lâexclusion numĂ©rique, la Fondation Roi Baudouin a demandĂ© Ă des chercheurs de lâUCLouvain, en collaboration avec la VUB, de se pencher sur les inĂ©galitĂ©s liĂ©es Ă lâutilisation des services numĂ©riques essentiels. Un service est considĂ©rĂ© comme âessentielâ lorsque sa faible utilisation ou sa non-utilisation est susceptible de gĂ©nĂ©rer des discriminations sur le plan de lâaccĂšs aux droits sociaux (e-administration et e-banking), aux soins de santĂ© (e-santĂ©), aux opportunitĂ©s commerciales liĂ©es Ă la consommation de biens et de services (e-commerce).
LâĂ©tude se base sur de nouvelles analyses des donnĂ©es issues de lâenquĂȘte sur lâutilisation des TIC par les mĂ©nages et les individus ĂągĂ©s de 16 Ă 74 ans (Eurostat â Statbel), couvrant la pĂ©riode de janvier Ă septembre 2020.
Progression de lâĂ©quipement numĂ©rique
En 2020, 91% des mĂ©nages belges disposent dâune connexion internet Ă domicile. LâaccĂšs Ă internet a connu une forte progression au sein des mĂ©nages avec un faible niveau de revenu (81% en 2020, contre 71% en 2019). Toutefois, ce nâest pas parce quâon a accĂšs Ă internet, quâon est en mesure dâutiliser pleinement son potentiel : prĂšs dâun internaute sur cinq (17%) nâutilise internet que de maniĂšre limitĂ©e (c-Ă -d entre une et six utilisations diffĂ©rentes dâinternet au cours des trois derniers mois). Ce chiffre grimpe Ă 31% pour les personnes avec un faible niveau de revenu, 28% pour les personnes ĂągĂ©es et 26% pour les personnes avec un faible niveau de diplĂŽme.
Inégalités face à la numérisation des services essentiels
7% de la population belge nâutilisent pas internet. Parmi les utilisateurs dâinternet, le recours aux services numĂ©riques essentiels a Ă©voluĂ© de maniĂšre plus ou moins importante en 2020, avec des disparitĂ©s importantes en fonction du profil des internautes et de leur degrĂ© dâutilisation dâinternet. Bien que des disparitĂ©s persistent entre les RĂ©gions en faveur de la Flandre, lâutilisation des services essentiels progresse dans la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale et en Wallonie.
Lâutilisation de lâe-banking a connu une forte progression dans la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale (+12%). Il sâagit du service numĂ©rique essentiel le plus utilisĂ© en Belgique : en 2020, plus de huit internautes sur dix (82%) effectuent des transactions bancaires en ligne. Le recours Ă lâe-commerce a Ă©galement bien progressĂ© (+11%) et ce, dans toutes les RĂ©gions. Plus de sept internautes sur dix (71%) effectuent des achats ou des ventes en ligne. Lâutilisation de lâe-banking et de lâe-commerce diminue avec le niveau de diplĂŽme et de revenu. De mĂȘme, les personnes qui utilisent internet de maniĂšre limitĂ©e ont Ă©galement beaucoup moins recours Ă ces services en ligne.
LâĂ©volution de lâe-administration est plus limitĂ©e (+4%) et ce, dans les trois RĂ©gions. Ces derniĂšres annĂ©es, les progrĂšs de la Belgique sur le plan de lâutilisation des services publics en ligne restent trĂšs mitigĂ©s voire mĂȘme, ralentissent. Si 68% des internautes effectuent des dĂ©marches administratives en ligne, ce chiffre varie fortement en fonction du niveau de diplĂŽme : 43% des internautes faiblement diplĂŽmĂ©s y recourent, contre 83% des internautes hautement diplĂŽmĂ©s. Et pour cause : les dĂ©marches administratives en ligne exigent une maĂźtrise correcte de lâĂ©crit. De mĂȘme, 71% des jeunes utilisent peu ou nâutilisent pas internet pour effectuer leurs dĂ©marches administratives. Le niveau dâĂ©ducation est une fois de plus dĂ©terminant.
Lâutilisation de lâe-santĂ© a elle aussi peu Ă©voluĂ© (+5%). Comme pour les autres services numĂ©riques essentiels, des inĂ©galitĂ©s persistent dans lâaccĂšs Ă lâe-santĂ©. 60% des internautes nâutilisent pas les services de santĂ© en ligne. Ă noter : la pĂ©riode couverte par lâĂ©tude ne rĂ©fĂšre pas aux pratiques numĂ©riques imposĂ©es par la crise du Covid-19 (ex. : tests, vaccins, Covid Safe Ticket). Il est probable qu’elles entraĂźneront une augmentation de l’utilisation de l’e-santĂ© et de l’e-administration, mais le manque d’accĂšs et de compĂ©tences des personnes Ă©loignĂ©es du numĂ©rique risque Ă©galement d’entraver leur utilisation. Le BaromĂštre de l’inclusion numĂ©rique 2022 apportera un Ă©clairage sur ces questions.
Bénéfices limités
« Pour de nombreuses personnes, la âsimplification administrativeâ par le biais de la numĂ©risation ne rime pas nĂ©cessairement avec une simplification des dĂ©marches. Câest pourtant lâun des arguments les plus rĂ©guliĂšrement avancĂ©s pour justifier lâampleur et la rapiditĂ© des processus de dĂ©matĂ©rialisation », affirme PĂ©rine Brotcorne, auteure de lâĂ©tude. Seul un internaute sur trois ayant un faible niveau de diplĂŽme (32%) ou de revenu (29%) estime que lâutilisation dâinternet lui permet de traiter des questions administratives plus facilement. Ce chiffre tombe Ă 24% pour les personnes qui ont une utilisation limitĂ©e d’internet.
Les rĂ©sultats de lâĂ©tude sur les services numĂ©riques en ligne doivent servir de repĂšres Ă lâensemble des acteurs concernĂ©s, pour ne laisser aucun citoyen au bord du chemin. Veiller Ă la facilitĂ© dâutilisation des services numĂ©riques est essentiel. Tout comme le fait de continuer Ă garantir dâautres formes dâaccessibilitĂ© de ces services.
Le projet « Community Health Workersâ â repris sous lâappellation âCHWâ – est un vaste projet en santĂ© communautaire dĂ©marrĂ© en mars 2021. Le projet a Ă©tĂ© conçu initialement pour favoriser lâadoption des gestes barriĂšres et faciliter lâaccĂšs Ă de lâinformation correcte. Il rĂ©pond Ă un besoin prĂ©existant et plus profond dâamĂ©liorer lâaccĂšs aux soins et Ă la santĂ© des personnes les plus prĂ©carisĂ©es qui, paradoxalement, en sont les plus Ă©loignĂ©es mais qui en ont le plus besoin. Les barriĂšres de lâaccĂšs aux soins et Ă la santĂ© ont Ă©tĂ© cruellement renforcĂ©es par la crise sanitaire et les intempĂ©ries qui ont touchĂ© la Belgique au cours de lâĂ©tĂ©.
Quâon les appelle « agents de santĂ© communautaire » Ă Bruxelles, « community health workers » en Flandre ou « facilitateur.trices en santĂ© en Wallonie, ces travailleur.euses ont pour mission dâaller Ă la rencontre de ces publics, dans leurs lieux de vie, et de les accompagner dans une dĂ©marche dâamĂ©lioration de lâaccĂšs aux soins et Ă la santĂ©.
Origine du projet
Le constat nâest pas nouveau et le phĂ©nomĂšne est tristement familier. Le non-recours aux droits dans le domaine de la santĂ©1 et les barriĂšres dans lâaccĂšs aux soins de santĂ© sont des problĂšmes connus, Ă©tudiĂ©s et documentĂ©s. Il en est de mĂȘme pour les leviers et les diffĂ©rentes approches recommandĂ©es. Ces difficultĂ©s se situent Ă diffĂ©rents niveaux, de maniĂšre structurelle, sociĂ©tale et pas seulement individuelle. Il existe une corrĂ©lation entre le niveau de santĂ© (et de bien-ĂȘtre) dâune population et le niveau socio-Ă©conomique, dâĂ©ducation des personnes⊠et dâautres dĂ©terminants de la santĂ©. La pandĂ©mie de Covid-19 nâa fait que renforcer ces problĂ©matiques.
Câest dans ce contexte de lutte contre la pandĂ©mie que le Cabinet du Ministre fĂ©dĂ©ral de la santĂ©, Franck Vandenbroucke, a lancĂ© le projet pilote des « Community Health Workers ». La mise en Ćuvre de ce projet a ainsi Ă©tĂ© confiĂ©e au CollĂšge Intermutualiste National2, et la coordination au niveau fĂ©dĂ©ral et de la Wallonie a Ă©tĂ© attribuĂ©e Ă la MutualitĂ© chrĂ©tienne (MC). En effet, ce projet est au cĆur des missions des mutualitĂ©s.
Le financement recouvre lâengagement dâenviron 50 ETP, rĂ©partis sur le territoire de la maniĂšre suivante : 12 ETP Ă Bruxelles, 17 ETP en Wallonie et 21 ETP en Flandre (ainsi que les frais de coordination et de mise en Ćuvre). Il couvre la pĂ©riode allant de mars Ă dĂ©cembre 2021.
Dans le cadre de la lutte contre le Covid-19, les mutualités se regroupent pour mettre en place des projets :
- Les agents de tracing
- Les Community Health Workers
- Les agents de prévention (à Bruxelles)
Ces projets sont distincts et fonctionnent avec des enveloppes budgétaires séparées, mais se gÚrent en étroite collaboration entre les mutualités.
« Les projets intermutualistes, pour certains trĂšs opĂ©rationnels comme celui-ci, sont une partie de lâavenir des mutualitĂ©s. Nous montrons aux citoyens et aux politiques que nous sommes chacun des acteurs forts et incontournables, mais aussi quâensemble, nous pouvons monter des projets solides, dâenvergure, avec une visĂ©e et une vision partagĂ©e. Je pense quâon a tout intĂ©rĂȘt Ă ce quâon nous confie des missions comme celle des CHW. Il y a bien sĂ»r toute une sĂ©rie dâautres acteurs qui mĂšnent des projets de santĂ© communautaire mais en tant que mutualitĂ©, nous avons notre place dans ce genre de projet et câest tout Ă fait lĂ©gitime au regard de nos missions. » (Julien Demonceau, coordinateur MC)
DĂ©veloppement du projet en Wallonie
En Wallonie, le CollĂšge Intermutualiste National a choisi dĂšs le dĂ©part de conclure une convention de partenariat avec le RĂ©seau Wallon de Lutte Contre la PauvretĂ© (RWLP). « Le RWLP est un partenaire essentiel du projet, par sa connaissance du terrain, son rĂ©seau et son travail au sein du comitĂ© de pilotage fĂ©dĂ©ral. Sa comprĂ©hension de la rĂ©alitĂ© vĂ©cue sur le terrain par les gens qui subissent lâappauvrissement, la pauvretĂ© et la pauvretĂ© durable, ainsi que le choix des zones Ă couvrir en prioritĂ©, son implication dans le recrutement et lâaccompagnement des facilitateur.trices sont des facteurs prĂ©cieux qui contribuent Ă la rĂ©ussite de ce projet. », nous confie Julien Demonceau (MC), coordinateur du projet CHW sur lâensemble de la RĂ©gion Wallonne. « Au dĂ©part, les mutualitĂ©s se sont tournĂ©es vers nous avec des questions trĂšs concrĂštes concernant le travail avec les personnes qui subissent la pauvretĂ© durable et notre connaissance du rĂ©seau actif. Ce nâest pas le public habituel des mutualitĂ©s car ces personnes nây ont pas accĂšs ou nây ont pas nĂ©cessairement recours », appuie Antoine Dujardin, en charge de suivre ce partenariat au RWLP. Lâautre partenaire du projet est la FĂ©dĂ©ration des Maisons mĂ©dicales. Ces deux associations sont Ă la fois membres du ComitĂ© de pilotage fĂ©dĂ©ral et wallon du projet. Sur le terrain, par exemple, lâĂ©quipe prend systĂ©matiquement contact avec les maisons mĂ©dicales de chaque zone.
DĂ©limitation des zones et ciblage des quartiers
La premiĂšre Ă©tape du projet, Ă lâĂ©chelle fĂ©dĂ©rale, a Ă©tĂ© de dĂ©limiter les zones et les quartiers dâintervention. Sur le papier, le projet sâadresse aux habitant.es des communes et des quartiers les plus prĂ©carisĂ©s. Mais si on sâen tenait Ă un classement des communes et quartiers en fonction du niveau de revenu moyen par habitant, tous les moyens auraient Ă©tĂ© allouĂ©s Ă Bruxelles et en Wallonie. Pour Ă©quilibrer la rĂ©partition des moyens, dâautres critĂšres dĂ©mographiques ont Ă©tĂ© ajoutĂ©s dans la balance.
Les rĂ©gions ont ensuite eu la main sur le choix des zones Ă couvrir, chacune dĂ©veloppant sa propre stratĂ©gie. Par exemple, en Flandre, le choix a Ă©tĂ© de se concentrer sur les 5 grandes zones urbaines (Anvers, Ostende, Tirlemont, Genk et Gand), tandis quâĂ Bruxelles, les agents de santĂ© communautaire se sont rĂ©partis sur plusieurs zones dans 6 communes.
En Wallonie, « en se tenant uniquement au classement des quartiers avec les revenus les plus faibles par habitant, les moyens risquaient dâĂȘtre trĂšs dispersĂ©s, avec certains lieux trĂšs Ă©loignĂ©s les uns des autres, constate Julien Demonceau. Or « stratĂ©giquement, il fallait aussi dĂ©montrer avec cette mission-pilote que le travail en santĂ© communautaire a une rĂ©elle plus-value. Donc, il fallait essayer de concentrer lâaction de maniĂšre plus consĂ©quente dans des zones plus restreintes. ». 3 zones ont finalement Ă©tĂ© retenues, et des communes au sein de ces zones ont Ă©tĂ© ciblĂ©es : Charleroi â ChĂątelet, LiĂšge et Verviers-Dison (oĂč opĂšrent respectivement 7, 7 et 3 facilitateur.trices), ainsi quâun facilitateur en rĂ©gion germanophone, dans la commune de la Calamine et certains quartiers dâEupen.
Des pair-aidant.es issus des quartiers dâintervention
Le recrutement des facilitateur.trices en santĂ© constituait la deuxiĂšme Ă©tape. Il a dâemblĂ©e Ă©tĂ© convenu avec le RWLP dâengager des pair-aidant.es, câest-Ă -dire des personnes ayant une situation socio-Ă©conomique Ă©quivalente (ou la plus proche possible) Ă celle du public-cible et issues de ces quartiers. « LâintĂ©rĂȘt dâavoir despersonnes aux conditions socio-Ă©conomiques Ă©quivalentes est quâelles ont un parcours de vie et ont rencontrĂ© des difficultĂ©s similaires, et peuvent donc se comprendre, dĂ©velopper un lien, une Ă©coute, un accompagnement dâautant plus soutenant et bien accueilli. Lâapproche territoriale est un autre facteur trĂšs important. Les facilitateur.trices ont une connaissance du tissu social, relationnel, des lieux de vie et du moment de la journĂ©e oĂč ces lieux sont animĂ©s. Ces compĂ©tences et connaissances peuvent aussi sâacquĂ©rir au fur et Ă mesure sur le terrain, en allant Ă la rencontre des personnes. Jâai par exemple accompagnĂ© Annas lors dâune maraude Ă Verviers. Câest surprenant de voir quâil est saluĂ© dans toutes les rues que nous avons traversĂ©es, il est constamment accostĂ© par les gens du quartier, le lien se tisse tellement plus rapidement » nous raconte Antoine Dujardin.
Un autre souhait Ă©tait de composer une Ă©quipe avec des bagages complĂ©mentaires pour crĂ©er un large Ă©ventail de connaissances et de compĂ©tences, avec une attention particuliĂšre pour lâĂ©quilibre de genre, lâaccĂšs Ă certaines communautĂ©s et une diversitĂ© de langues parlĂ©es. « Le RWLP, en lançant un appel Ă leurs rĂ©seaux associatifs, nous a renseignĂ© des personnes candidates. On a travaillĂ© au recrutement avec des expert.es du vĂ©cu», complĂšte Julien Demonceau.
 Accompagnement et formation
Au moment du lancement de la mission, toute lâĂ©quipe a reçu une formation sur lâaccĂšs aux soins, le fonctionnement et le rĂŽle de la sĂ©curitĂ© sociale, lâutilisation des outils, la pair-aidance (le statut, le fonctionnementâŠ), la pauvretĂ© (ses origines, ses causes et consĂ©quences), etc. GrĂące aux intervisions et en fonction des besoins qui ont Ă©mergĂ© au fur et Ă mesure, dâautres formations se sont ajoutĂ©es au parcours, comme par exemple les questions liĂ©es au secret professionnel avec lâaide du ComitĂ© de Vigilance en Travail Social.
Pour encadrer et soutenir le travail des facilitateur.trices, des coachs sont en charge des diffĂ©rentes zones couvertes. Ces derniers sont issus principalement des secteurs social et de la promotion de la santĂ©, certain.es dâailleurs issu.es du secteur mutuelliste. Ces coachs peuvent se rĂ©fĂ©rer Ă un comitĂ© de pilotage opĂ©rationnel (composĂ© de collaborateurs de la MC et de Solidaris). Ils sont les repĂšres directs des facilitateur.trices et sont prĂ©sents pour permettre Ă ces dernier.Ăšres de dĂ©poser leur vĂ©cu.
Une des missions confiĂ©es au RWLP (via Antoine Dujardin) est lâorganisation dâintervisions rĂ©guliĂšres, entre les Ă©quipes et les diffĂ©rentes zones, grĂące Ă son expertise et son regard externe. Ces intervisions sont avant tout un espace de parole pour permettre aux facilitateur.trices dâapprĂ©hender les situations difficiles auxquelles ils.elles sont confrontĂ©es. Elles permettent Ă©galement de travailler la posture des travailleur.euses et trouver la juste proximitĂ©Â (« ne pas devenir une Ă©ponge Ă©motionnelle », « éviter le syndrome du sauveur », par exemple).
Introduire la mission auprĂšs des partenaires
LâĂ©quipe de coordination a Ă©galement veillĂ© Ă un dernier aspect essentiel avant de dĂ©marrer le projet : lâintroduction de la mission et des collĂšgues auprĂšs des partenaires locaux et des acteurs de terrain. Julien Demonceau explique : « Câest particulier de âdĂ©barquerâ ainsi, il faut veiller Ă ce que les acteurs dĂ©jĂ en place ne nous voient pas comme des concurrents. Nous sommes vigilants Ă nous positionner comme complĂ©mentaires Ă leurs actions. En outre, le projet CHW est un projet fĂ©dĂ©ral qui bĂ©nĂ©ficie de moyens consĂ©quents, dans un horizon de temps relativement court (ndlr : du moins, au moment du dĂ©marrage), face Ă des acteurs ne disposant pas toujours de moyens suffisants pour rĂ©aliser leurs missions. Une fois encore, la collaboration avec le RWLP sâest rĂ©vĂ©lĂ©e prĂ©cieuse pour introduire la mission, ouvrir certaines portes et clarifier notre action. » Plus de 125 partenaires locaux ont ainsi Ă©tĂ© contactĂ©s en amont du lancement de la mission.
ConcrĂštement, lâaccompagnement des facilitateurs sur le terrain câestâŠ
(Re)tisser un lien de confiance avant tout
« Nous lâavions identifiĂ© dĂšs le dĂ©part mais le travail sur le terrain le confirme : il nây a jamais une seule barriĂšre Ă lever pour garantir lâaccĂšs aux soins et favoriser la santĂ© des personnes. La majoritĂ© des situations rencontrĂ©es concerne des problĂ©matiques multi-domaines, qui dĂ©passent la question de lâaccĂšs aux soins de santĂ© au sens strict du terme », commence par souligner Julien Demonceau. « La mission repose sur un processus long, qui se base avant tout sur le tissage de la confiance. »
Antoine Dujardin appuie ces propos : les personnes auxquelles sâadressent les facilitateur.trices « sont dans la dĂ©brouille, dans le âtrop peu de toutâ, et ce souvent depuis des annĂ©es. Avant tout, lâobjectif est de (re)crĂ©er un lien de confiance avec ces personnes qui peuvent avoir de la mĂ©fiance ou de la dĂ©fiance envers lâEtat, le service public ou les politiques parce que ça fait des annĂ©es quâelles nâont pas eu droit Ă un logement, Ă la mobilitĂ©, Ă un travail dĂ©cent, Ă ĂȘtre un citoyen reconnu âsymboliquementâ⊠Ces droits sont tous liĂ©s dans un ensemble et se rĂ©pondent, se renforcent. »
« La mĂ©fiance ou la dĂ©fiance envers les mesures et la vaccination est plus grande chez les personnes qui ont des annĂ©es de non-recours aux droits, au-delĂ mĂȘme de la santĂ©, et qui ne sont pas rattachĂ©es Ă un.e mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste ou une maison mĂ©dicale. Elle est un symptĂŽme de la fracture entre lâEtat, la classe politique et leur vĂ©cu. Les inondations ont creusĂ© le fossĂ©, les personnes sinistrĂ©es se sont senties complĂštement abandonnĂ©es par les services publics et les politiques. »
Antoine Dujardin, RWLP
Accompagner
Les facilitateur.trices nâont pas dâimpĂ©ratif de rĂ©sultat direct dans leur travail. Un.e facilitateur.trice peut ĂȘtre accostĂ©.e dans la rue et discuter avec une personne sans que cela ne donne lieu nĂ©cessairement Ă une intervention. Au fil dâune rencontre, un besoin peut ĂȘtre exprimĂ©. Le.la facilitateur.trice part par exemple dâune problĂ©matique de logement ou de mobilitĂ© pour â Ă©tape par Ă©tape, et Ă lâimage dâun entonnoir â arriver progressivement Ă travailler sur lâaccĂšs aux soins de santĂ©, si la personne le souhaite.
Le.la facilitateur.trice en santĂ© joue le rĂŽle de personne-pivot pour amener une personne vers une structure, ou lancer une dĂ©marche favorable Ă sa santĂ© et son bien-ĂȘtre, par exemple. Il.elle propose, accompagne, oriente mais ne fait pas « à la place de ». Lâaccompagnement peut ĂȘtre plus ou moins long, mais en ligne de mire lâobjectif est que les personnes puissent prendre en charge elles-mĂȘmes leur santĂ© et leur accĂšs aux soins. DĂ©limiter lâaction de chaque accompagnement est un Ă©quilibre Ă trouver, qui se construit au fur et Ă mesure et qui est spĂ©cifique Ă chaque situation rencontrĂ©e.
Un travail de longue haleine
Tout ce travail de rencontre et de lien Ă tisser avec les personnes peut prendre du temps, dâautant quâil est souvent alourdi par des procĂ©dures administratives longues et ardues pour dĂ©bloquer ou faire avancer la situation de ces personnes.
Christine Geron et Dorothée Mardaga, coachs sur les zones de Verviers-Dison et LiÚge, nous racontent les personnes et les situations rencontrées sur le terrain.
« Les situations sont trĂšs diverses et variables, et dĂ©pendent aussi du profil de chaque facilitateur.trice. Par exemple, un des facilitateurs de Verviers accompagne beaucoup de personnes de la communautĂ© arabophone car il parle lâarabe. Il fait par ailleurs face Ă beaucoup de dĂ©marches administratives concernant lâaide mĂ©dicale urgente3, ce qui est moins le cas de deux autres facilitatrices de cette zone, qui assurent une permanence rĂ©guliĂšre dans les locaux de la Croix-Rouge oĂč elles sont davantage en contact avec des personnes sous influence de substances diverses. Certain.es fonctionnent mieux seul.es, dâautres prĂ©fĂšrent travailler en binĂŽme. Que lâon soit un homme ou une femme amĂšne aussi Ă rencontrer des personnes aux profils diffĂ©rents. (âŠ) A LiĂšge, par exemple, beaucoup de demandes dâaccompagnement concernaient la vaccination au dĂ©but. La fracture numĂ©rique, le labyrinthe administratif, la mobilitĂ© sont des freins que lâon rencontre frĂ©quemment. (âŠ).
On se trouve aussi face Ă la difficultĂ© de travailler sur des besoins urgents, des problĂšmes qui ne peuvent pas ou plus attendre⊠Si on ne rĂ©agit pas trĂšs vite, on risque de perdre le lien avec la personne. (âŠ) Une fois le problĂšme urgent rĂ©solu, on peut se retrouver face Ă une montagne de problĂšmes sur le dos des personnes. Ce nâest pas forcĂ©ment toujours vĂ©cu partout de la mĂȘme façon, notamment parce que le projet pilote est dĂ©limitĂ© dans le temps : certains essayent plutĂŽt de dĂ©bloquer une situation Ă un moment X pour que les personnes puissent ensuite avancer dâelles-mĂȘmes. Et parfois on ne saurait faire lâimpasse sur un travail de longue haleine et un accompagnement qui prend de lâenvergure au fur et Ă mesure quâon lĂšve des barriĂšres. Voici une situation rapportĂ©e par une facilitatrice : il sâagit dâun couple de personnes dâorigine Ă©trangĂšre. La dame est en ordre au niveau de ses papiers et est enceinte actuellement. Le monsieur a introduit une demande de rĂ©gularisation mais fait face Ă des soucis de santĂ©. La facilitatrice qui les suit est confrontĂ©e Ă un ensemble de problĂ©matiques qui impactent ce couple. (âŠ)
Avec les partenaires
« A LiĂšge, nous raconte DorothĂ©e Mardaga, coach sur cette zone, nous avons Ă©tabli une belle collaboration avec lâassociation Smiâle4, qui rĂ©alise un travail de santĂ© communautaire auprĂšs des personnes vivant en rue. Au dĂ©part, nous leur avions demandĂ© de venir nous former aux maraudes et Ă lâapproche des personnes vivant en rue, parfois sous lâinfluence de psychotropes. Une collaboration toute naturelle sâest construite par rapport aux personnes que ces infirmiĂšres suivaient Ă partir du moment oĂč celles-ci retrouvent un logement. Les facilitateur.trices reprennent lâaccompagnement pour les questions ayant trait Ă la santĂ©. »
Les inondations
Un Ă©vĂšnement a fortement impactĂ© la mission au cours de lâĂ©tĂ©Â : les inondations consĂ©cutives aux intempĂ©ries ont rudement touchĂ© certains quartiers dans lesquels opĂšrent les facilitateur.trices. Du jour au lendemain et pendant plusieurs semaines, leur travail a Ă©tĂ© centrĂ© sur lâaide dâurgence aux personnes les plus dĂ©munies et souvent les plus impactĂ©es. A Verviers, lâassociation Psy-Infi-Vesdre les a contactĂ©.es pour Ă©tablir les besoins psycho-sociaux des personnes sinistrĂ©es. Par duo, ils.elles ont fait du porte-Ă -porte. Preuve sâil en faut que leur expertise, leur connaissance pointue du territoire et leurs contacts sont reconnus sur le terrain. Ils permettent ainsi dâidentifier et dâagir plus rapidement envers les personnes qui en ont le plus besoin, qui nâiraient peut-ĂȘtre pas chercher de lâaide ou ne se mettraient pas en dĂ©marche dans ce sens.
Si au dĂ©part les problĂ©matiques avaient trait Ă la santĂ© mentale, au trauma vĂ©cu, etc., des problĂšmes de santĂ© physique sont aussi arrivĂ©s dans les demandes, comme les maladies respiratoires liĂ©es aux champignons, Ă lâhumiditĂ© et Ă lâinsalubritĂ©. (âŠ)
Christine Geron et Dorothée Mardaga, MC
Evaluation et plaidoyer
« Il est clair pour toutes les parties prenantes du projet CHW que les facilitateur.trices ne vont pas « rĂ©parer » en quelques mois des annĂ©es de non-recours aux droits dans le domaine de la santĂ©. Mais tous perçoivent lâutilitĂ© de cette mission. » nous explique dâemblĂ©e le coordinateur. Au terme de ces quelques mois sur le terrain, lâĂ©valuation de la mission est confiĂ©e Ă des chercheurs de lâUniversitĂ© dâAnvers. Dans leur travail quotidien, les facilitateur.trices utilisent un outil qui fonctionne comme une street-map, dans laquelle ils notent les situations rencontrĂ©es, comme aider une personne Ă prendre rendez-vous pour la vaccination. Ils participent Ă©galement Ă des focus groups avec lâĂ©quipe de recherche.
Pour mettre davantage en lumiĂšre les signaux dâalerte structurels et la complexitĂ© des situations rencontrĂ©es, lâĂ©quipe de coordination envoie des rapports rĂ©guliers sur base des retours directs du terrain. Le RWLP formule aussi rĂ©guliĂšrement des recommandations, alimentĂ©es par son regard nourri du travail avec les tĂ©moins du vĂ©cu et les militant.es.
Un projet reconduit !
A lâheure dâĂ©crire cet article, nous apprenons que le projet est reconduit pour lâannĂ©e 2022, en bĂ©nĂ©ficiant du mĂȘme financement.
Tous les Ă©lĂ©ments plaidaient en effet en faveur dâune prolongation : pour favoriser lâaccĂšs aux soins de santĂ© et la santĂ© des personnes les plus prĂ©carisĂ©es, une approche communautaire, avec lâimplication de pair-aidant.es, a tout son sens et est en mesure de produire des rĂ©sultats positifs pour les personnes auxquelles on sâadresse. Des Ă©lĂ©ments comme le taux de vaccination au sein de ces populations ou la longueur des dĂ©marches administratives Ă entamer viennent renforcer ces constats.
Education SantĂ© vous proposera dâen tirer le bilan avec lâĂ©quipe dans un anâŠ
Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.chw-intermut.be/index-FR.php
[1] Le non-recours aux droits dans la santĂ© recouvre diffĂ©rents types tels que la non-demande, la non-proposition, la non-connaissance, et le non-accĂšs, comme formulĂ© par le SPP IntĂ©gration sociale, Lutte contre la PauvretĂ©, Economie sociale et Politique des Grandes Villes, et du SPF SĂ©curitĂ© sociale, dans son document « Proposition dâactions transversales pour un plan de lutte contre le non-recours aux droits sociaux »(https://www.mi-is.be/sites/default/files/documents/ntu_proposition_dactions_transversales_pour_un_plan_de_lutte_contre_le_non-recours_aux_droits_sociaux.pdf)
[2] Le CollĂšge Intermutualiste National (CIN) belge est une association de mutualitĂ©s composĂ©e des reprĂ©sentants des 5 Unions Nationales de mutualitĂ©s (la MutualitĂ© chrĂ©tienne, Solidaris, Union nationale des MutualitĂ©s Libres, Union nationale des MutualitĂ©s LibĂ©rales, Union nationale des MutualitĂ©s Neutres) ainsi que de la Caisse Auxiliaire d’Assurance Maladie-InvaliditĂ© et de la Caisse des Soins de SantĂ© de HR Rail. Ensemble le CIN reprĂ©sente toute la population belge assurĂ©e sociale soit plus de 10 millions de personnes. https://fra.mycarenet.be/bienvenue
[3] LâAide MĂ©dicale Urgente (AMU) est une forme dâaide sociale octroyĂ©e par les CPAS, qui a pour objectif de garantir lâaccĂšs aux soins mĂ©dicaux aux personnes sans sĂ©jour lĂ©gal.
Benoit PĂ©trĂ© travaille dans le DĂ©partement des Sciences de la SantĂ© publique de lâUniversitĂ© de LiĂšge
Retour sur une expĂ©rience dâaccompagnement des agents de suivi des contacts dans une perspective de promotion de la santĂ©.
Partout dans le monde, la pandĂ©mie de coronavirus a mis et continue de mettre au dĂ©fi lâorganisation et lâefficacitĂ© de notre systĂšme de soins de santĂ©. Les gouvernements du monde entier ont dĂ©veloppĂ© des rĂ©ponses stratĂ©giques afin de minimiser l’impact de la maladie et de sa propagation sur la morbiditĂ© et la mortalitĂ© de leur population, ainsi que les risques sociaux et Ă©conomiques associĂ©s. Lâaspect prĂ©ventif occupe une place centrale des rĂ©ponses envisagĂ©es permettant dâĂ©viter la propagation du virus et la surcharge des services sanitaires dans lâaccueil des patients. Parmi ces mesures prĂ©ventives, le tryptique « testing, tracing (en français, suivi des contacts) et isolement » constitue un socle fondamental en matiĂšre de santĂ© publique pour contrĂŽler lâĂ©volution de la maladie1.
Une littĂ©rature spĂ©cialisĂ©e sur le suivi des contacts commence Ă se dĂ©velopper. Toutefois les travaux restent assez techniques sur les structures organisationnelles nĂ©cessaires Ă un suivi des contacts structurĂ©s2 ou dĂ©crivant lâefficacitĂ© des dispositifs3. Peu de travaux se sont intĂ©ressĂ©s jusquâĂ prĂ©sent aux aspects qui facilitent lâengagement de la population dans la stratĂ©gie de prĂ©vention « suivi des contacts ». Il existe bien quelques repĂšres, notamment dans les travaux du Centre pour le contrĂŽle et la prĂ©vention des maladies (CDC), ainsi que quelques premiers travaux cherchant Ă identifier les freins et faiblesses dâengagement des citoyens dans le suivi des contacts.
Le succĂšs du suivi des contacts (comme le testing et lâisolement) repose sur la volontĂ© des citoyens de respecter les mesures proposĂ©es. Les mesures de prĂ©vention se concentrent en effet sur des stratĂ©gies qui appellent la participation active des citoyens. Dans ce contexte, les sciences du comportement devraient ĂȘtre mobilisĂ©es pour soutenir les citoyens dans la participation aux mesures prĂ©ventives5. ParticuliĂšrement, plusieurs observateurs plaident pour une approche dâaccompagnement des citoyens inscrite dans une perspective de promotion de la santĂ©6. Cet angle dâapproche se dĂ©tache dâune politique paternaliste, dâimposition des mesures prĂ©ventives pour favoriser au contraire le soutien Ă lâautonomie, la prise de dĂ©cision Ă©clairĂ©e et la mise en capacitĂ© des individus dans des stratĂ©gies de prĂ©vention en santĂ© (empowerment).
Contexte
En juin 2021, le service de Promotion de la SantĂ© de Solidaris reprend la coordination des agents de suivi de contacts qui se rendent au domicile, principalement, des personnes atteintes du Covid19 et des personnes ayant eu des contacts Ă haut risque. ComposĂ©e dâune cinquantaine dâagents intermutuellistes couvrant le territoire de la RĂ©gion wallonne, ils sont chargĂ©s de se rendre Ă domicile Ă partir de 48h aprĂšs un test positif effectuĂ© par un citoyen et un contact sans succĂšs effectuĂ© par le call center. A lâaide de scripts (document type Ă utiliser), leur mission est dâapporter soutien et accompagnement Ă ces personnes vis-Ă -vis des mesures sanitaires (stratĂ©gies dâisolement, dĂ©marches vers lâemployeurâŠ), dâeffectuer le suivi des contacts (faire le relevĂ© confidentiel des personnes ayant Ă©tĂ© en contact avec le sujet positif pendant la pĂ©riode contagieuse) et dâinviter les personnes Ă des mesures prĂ©ventives complĂ©mentaires (vaccination et application de suivi des contacts). A ce moment de lâĂ©pidĂ©mie, un des problĂšmes constatĂ©s Ă©tait un dĂ©clin majeur dans le nombre de contacts rapportĂ©s : moins de 1 contact rapportĂ© par personne rencontrĂ©e. Câest dans ce contexte que le service a fait appel Ă lâexpertise du DĂ©partement des Sciences de la SantĂ© publique de lâU-LiĂšge. La demande Ă©tait de mettre en place un dispositif de soutien aux agents de contact afin dâaborder leurs pratiques selon un angle de promotion de la santĂ©, dans la perspective dâaugmenter le nombre de contacts renseignĂ©s par les personnes.
Soubassements thĂ©oriques, intervention proposĂ©e et mise en Ćuvre de lâaccompagnement
Le DĂ©partement des Sciences de la SantĂ© publique dĂ©veloppe depuis plusieurs annĂ©es un domaine dâexpertise autour des questions dâĂ©ducation thĂ©rapeutique, Ă©ducation en santĂ© et plus largement de promotion de la santĂ© Ă travers de nombreux projets de recherche et de missions assurĂ©es pour la communautĂ©. Il sâagissait ainsi de repenser une activitĂ© relativement nouvelle sur le territoire wallon Ă travers des principes gĂ©nĂ©raux bien connus de promotion de la santĂ©.
Lâaccompagnement proposĂ© a Ă©tĂ© envisagĂ© davantage selon des Ă©changes dâexpĂ©riences que comme des exposĂ©s magistraux, mĂ©thode dâailleurs favorisĂ©e par des travaux internationaux7. Cela Ă©tait dâautant plus cohĂ©rent que certains agents Ă©taient engagĂ©s depuis plus dâun an dans le suivi des contacts. La stratĂ©gie pĂ©dagogique visĂ©e cherchait davantage Ă valider les stratĂ©gies dĂ©veloppĂ©es par les agents de suivi de contacts et les rapprocher des principes sâinscrivant dans une perspective de promotion de la santĂ©.
Plus spĂ©cifiquement, lâaccompagnement sâest donnĂ© les objectifs pĂ©dagogiques spĂ©cifiques suivants : renforcer le pouvoir dâagir des personnes, amener une rĂ©flexion sur ce sur quoi elles ont du contrĂŽle et favoriser le sentiment dâutilitĂ© de la mission. Ces 3 objectifs ne sont pas sans rappeler les composantes de motivation dans lâapprentissage du pĂ©dagogue Rolland Viau8.
Au niveau des mĂ©thodes pĂ©dagogiques, nous avons privilĂ©giĂ© lâusage de la simulation. MĂ©thode dâapprentissage actif par excellence, la simulation a comme avantage particulier de stimuler le dĂ©bat et lâĂ©change dâidĂ©es autour dâune thĂ©matique centrale abordĂ©e dans lâexercice, ce qui correspond parfaitement Ă la recherche de partage dâexpĂ©riences considĂ©rĂ©e. Les situations de simulation ont Ă©tĂ© conçues au plus prĂšs du terrain, en sâinspirant de situations rencontrĂ©es par les agents et par souci dâauthenticitĂ© (voir encadrĂ©). Le scĂ©nario reprenait systĂ©matiquement une phase dâengagement dans la conversation avec la personne rencontrĂ©e, le suivi des contacts et la vaccination.
Exemple de scénario pour la simulation
Jeremy, 35 ans, travaille en grande surface (remise en rayon). Il a 3 enfants et une Ă©pouse qui vivent tous sous le mĂȘme toit.
Il a fait le test car il souhaitait partir en France 3 jours en weekend prolongĂ©. Le test sâest rĂ©vĂ©lĂ© positif.
Il nâa pas de symptĂŽme. Il ne se sent pas trĂšs concernĂ© par ce qui lui arrive. Il a pourtant des cas sĂ©vĂšres dans sa famille (maman hospitalisĂ©e).
Il peine Ă comprendre ce quâest le tracing, sa fonction. Il montre beaucoup dâhĂ©sitation dans le dialogue (mĂ©fiance envers qui est la personne quâil rencontre). La mĂ©fiance ne diminue que si lâagent tente dâaccueillir cette Ă©motion et clarifie son rĂŽle.
Il ne souhaite pas sâarrĂȘter de travailler car il nâaurait pas de rentrĂ©e financiĂšre. Il a peur de la rĂ©action de la patronne. Il a trĂšs peur que cela impacte son boulot car les rentrĂ©es financiĂšres sont dĂ©jĂ limitĂ©es et il vient de perdre sa responsabilitĂ© dâun secteur du magasin. Il ne veut pas donner le nom du magasin car il a peur des rĂ©percussions pour lui.
Contacts potentiels : il a fait une grosse fĂȘte au 15 aoĂ»t mais ne veut pas dĂ©noncer ses copains qui ne peuvent pas se retrouver en quarantaine (la fĂȘte Ă©tait non autorisĂ©e). Il nâest pas motivĂ© Ă donner les noms des amis avec qui il a fait la fĂȘte le 15 aoĂ»t (il va jusquâĂ revenir sur ce qui a Ă©tĂ© dit avant en dĂ©clarant finalement nâavoir vu quâ1 ou 2 personnes ). Il est rĂ©fractaire au vaccin car il veut garder son choix libre sur la vaccination (et il nâen ressent pas le besoin car son sentiment de vulnĂ©rabilitĂ© est faible). Il montre de lâagressivitĂ© quand la question de la vaccination est abordĂ©e en indiquant que lâagent nâest pas mĂ©decin. Il adhĂšre partiellement aux thĂ©ories complotistes.
En termes de contenus, il sâagissait dâintroduire dans le dispositif et Ă travers le dĂ©briefing, moment dâapprentissage le plus significatif dans la simulation, diffĂ©rentes techniques et mĂ©thodes (modĂšles des croyances relatives Ă la santĂ© ; modĂšle dynamique de la motivation, techniques dâĂ©coute active, gestion des Ă©motions, introduction Ă lâentretien motivationnel) permettant dâapprocher les citoyens rencontrĂ©s selon une perspective de promotion de la santĂ© (Citoyen acteur et partenaire de santĂ© – Position active du patient – Vision positive de la santĂ© â Soutien Ă lâautonomie des personnes dans la prise de dĂ©cision – Approche globale de la personne). Le lien entre les techniques et mĂ©thodes et les principes clĂ©s de promotion de la santĂ© Ă©taient systĂ©matiquement expliquĂ©s aux participants.
DiffĂ©rentes ressources ont Ă©galement Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es et renseignĂ©es aux participants, notamment pour resituer de maniĂšre plus globale la question de la gestion de la crise sanitaire sous lâangle de la promotion de la santĂ©9,10.
En fin de formation, les participants se sont vus remettre un document reprenant des expressions types, extraites des épreuves de simulation et de leur débriefing, à utiliser de maniÚre souple lors de leur visite au domicile (voir encadré).
Chaque agent de suivi des contacts sâest vu proposer 2 sĂ©ances dâaccompagnement, soit un total de 8 sĂ©ances pour lâensemble de la population considĂ©rĂ©e : lâune introduisant les mĂ©thodes et techniques renseignĂ©es ci-dessus et une seconde permettant leur approfondissement, toujours grĂące Ă la mise en pratique par la simulation.
Evaluations et apprentissages
Pour Ă©valuer le dispositif, diffĂ©rentes sources dâinformation ont Ă©tĂ© utilisĂ©es. Dâune part, il sâagit des Ă©changes rĂ©alisĂ©s pendant les sĂ©ances dâaccompagnement avec les agents, les dĂ©briefings entre les Ă©quipes de Solidaris et du DSSP. Dâautre part, les informations issues de deux outils permettant une collecte des donnĂ©es plus systĂ©matiques auprĂšs des participants complĂštent lâĂ©valuation : une enquĂȘte de satisfaction appelant les participants Ă se positionner sur la plus-value du dispositif, le potentiel de transfert dans leur pratique, les Ă©lĂ©ments apprĂ©ciĂ©s et ceux Ă ajuster ; une enquĂȘte avant/aprĂšs formation cherchant Ă mesurer le sentiment dâefficacitĂ© des agents dans lâengagement des citoyens dans le suivi des contacts.
Ne sâagissant pas dâun article de recherche original au sens strict du terme, nous discutons ci-aprĂšs quelques apprentissages transversaux issus de ce travail et des informations collectĂ©es. Â
Une rĂ©ception favorable et un besoin dâaccompagnement
MĂȘme si lâarrivĂ©e tardive du dispositif a Ă©tĂ© dĂ©noncĂ©e, les participants se sont montrĂ©s trĂšs enthousiastes et satisfaits de leur participation aux sĂ©ances dâaccompagnement. La Figure 1 reprend quelques donnĂ©es de satisfaction des participants Ă lâissue du 1er module dâentrainement. Les rĂ©sultats suggĂšrent une haute satisfaction des participants. Sâils ont eu du plaisir Ă participer, ce sont surtout les deux indicateurs de dĂ©couverte de nouveaux outils et du transfert dans la pratique qui doivent rassurer sur lâintĂ©rĂȘt de la formation en rĂ©ponse Ă un besoin dâaccompagnement des agents.
Le besoin de se confronter, dâĂ©changer sur leurs pratiques est ressorti comme Ă©lĂ©ment central des enquĂȘtes de satisfaction. La simulation sâest rĂ©vĂ©lĂ©e ĂȘtre une stratĂ©gie de 1er choix pour soutenir cet Ă©change dâexpĂ©riences. Deux conditions dâapprentissage centrales vĂ©hiculĂ©es par la simulation (en particulier lors des dĂ©briefings) nous paraissent fondamentales vis-Ă -vis de la thĂ©matique abordĂ©e : lâinteraction entre pairs comme source dâapprentissage et lâexercice de mĂ©tacognition (entendue comme lâexercice de jugement, analyse et rĂ©gulation effectuĂ© par un apprenant sur ses propres performances11). Dans ces conditions, lâexpert en contenu (ici dâĂ©ducation et promotion de la santĂ©) prend un rĂŽle de facilitateur des Ă©changes, en prĂ©parant les scĂ©narios de simulation selon des objectifs pĂ©dagogiques prĂ©cis, et en donnant le rythme des Ă©changes avec une distribution de la parole et quelques interventions plus ponctuelles pour consolider les acquis des participants par lâintroduction de quelques repĂšres plus thĂ©oriques. Ce dernier point permet de valider les stratĂ©gies mobilisĂ©es par les agents en les inscrivant dans des stratĂ©gies Ă©prouvĂ©es de promotion de la santĂ©.
Ainsi, la simulation crĂ©e un espace sĂ©curisĂ© permettant aux participants dâĂ©changer librement et de maniĂšre structurĂ©e sur leurs expĂ©riences de suivi des contacts. Il sâagit Ă©galement dâune rĂ©ponse opĂ©rationnelle aux recommandations, notamment du CDC, qui situent les Ă©changes dâexpĂ©riences au cĆur du renforcement de compĂ©tences des agents sans vĂ©ritablement prĂ©ciser comment les organiser.
Les participants ont Ă©galement demandĂ© Ă poursuivre le travail dâĂ©change pour aborder dâautres situations complexes rencontrĂ©es sur le terrain, notamment face Ă des individus agressifs ou pour faire face aux Ă©motions gĂ©nĂ©rĂ©es par certaines situations.
Travailler lâengagement de la personne avant le suivi des contacts
Les agents de suivi se sont rĂ©vĂ©lĂ©s assez rapidement bien prĂ©parĂ©s pour faciliter lâĂ©licitation des contacts par la population. Les scripts dont ils disposent offrent des mĂ©thodes permettant de structurer le rappel des Ă©vĂšnements vĂ©cus par la personne et des contacts rĂ©alisĂ©s pendant une pĂ©riode donnĂ©e. La plus grosse difficultĂ© identifiĂ©e concerne bien la motivation ou les rĂ©ticences des personnes positives Ă communiquer leurs contacts. Câest ici quâintervient toute la subtilitĂ© des stratĂ©gies de promotion de la santĂ©. Le suivi des contacts peut en effet se rĂ©aliser selon plusieurs perspectives : dâune vision trĂšs contraignante, persuasive, Ă une vision respectant davantage lâautonomie de la personne.
Inscrite dans une approche de promotion de la santĂ©, notre vision et proposition dâaccompagnement se situe davantage dans la deuxiĂšme perspective visant Ă confĂ©rer aux personnes les moyens dâassurer un plus grand contrĂŽle sur leur santĂ© individuelle et collective. Les techniques et mĂ©thodes prĂ©sentĂ©es aux participants ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©es comme trĂšs utiles et autant de ressources Ă mobiliser par les participants. Ces derniers Ă©taient gĂ©nĂ©ralement peu familiers avec les thĂ©ories Ă©voquĂ©es. A titre dâexemple, voici quelques Ă©lĂ©ments qui ont particuliĂšrement Ă©manĂ© des discussions du groupe : se prĂ©senter de maniĂšre professionnelle aux personnes et rappeler le sens de la visite en mots simples et accessibles ; dĂ©velopper un panel de stratĂ©gies pour lever les rĂ©sistances Ă Ă©numĂ©rer ses contacts ; aborder le sujet de la vaccination tout en restant dans son rĂŽle dâagent. Ce dernier point quant Ă la posture Ă adopter est un Ă©lĂ©ment qui nous parait fondamental Ă travailler dans ce type dâaccompagnement.
Les participants ont finalement Ă©mis le souhait de disposer dâinformations actualisĂ©es sur les questions de vaccination, du suivi administratif et financier pour les personnes mises en quarantaine et de la maniĂšre de gĂ©rer les refus de collaboration.
Renforcer les compétences des agents: une approche nécessaire mais non suffisante
Un point saillant qui ressort de nos rĂ©sultats et rĂ©flexions est relatif au positionnement des agents et leur limite dâaction dans le cadre du suivi des contacts.
Ces constats questionnent les limites du pouvoir dâagir de la part des agents de suivi. Un point important discutĂ© pendant les sĂ©ances est celui dâaccepter le refus de collaboration ou lâobtention dâune information partielle de la population. Ceci rappelle que les acteurs engagĂ©s dans lâĂ©ducation en santĂ© nâont quâun rĂŽle limitĂ© sur les changements de comportements attendus. Câest toute la difficultĂ© de la promotion de la santĂ© qui crĂ©e des opportunitĂ©s sans assurer que cela se traduise en transformations du comportement.
Cela rappelle Ă©galement la nĂ©cessitĂ© de travailler sur les environnements dans lesquels Ă©voluent les personnes. Dâailleurs, les recommandations du CDC12 appellent aux campagnes de promotion du suivi des contacts dans la population gĂ©nĂ©rale et le plus tĂŽt possible en amont du testing afin de promouvoir une image positive du travail effectuĂ© et prĂ©parer la population Ă la visite de ces agents en cas de positivitĂ©.
Cet aspect plurifactoriel de comprĂ©hension des comportements humains et des interventions destinĂ©es Ă les modifier renvoient Ă©galement Ă la complexitĂ© dâĂ©valuation des stratĂ©gies dâĂ©ducation en santĂ©. Si le dispositif exposĂ© dans le cadre de cette Ă©tude vise Ă amĂ©liorer lâefficacitĂ© du suivi des contacts par lâaugmentation du nombre moyen de cas rapportĂ©s par les citoyens, tenter dâĂ©valuer notre intervention sur base de cet indicateur nous semble nier le contexte environnemental peu propice Ă lâĂ©licitation des contacts. LâOMS parle Ă juste titre dâune fatigue pandĂ©mique13 qui dĂ©signe le ras-le-bol gĂ©nĂ©ral de la population vis-Ă -vis des mesures sanitaires. Aussi, dans cette Ă©tude en particulier, nous avons prĂ©fĂ©rĂ© porter le dispositif dâĂ©valuation sur le sentiment dâefficacitĂ© des agents dans les stratĂ©gies dâengagement des citoyens utilisĂ©es (Figure 2). Nous avons en effet dĂ©cidĂ© dâorienter lâĂ©valuation sur des aspects pĂ©dagogiques plutĂŽt que sur des aspects dâimpact, compte tenu des raisons Ă©voquĂ©es ci-avant. Le sentiment dâefficacitĂ© est par ailleurs reconnu comme un Ă©lĂ©ment dĂ©terminant majeur de lâengagement Ă la tĂąche. Le suivi du sentiment dâefficacitĂ© entre le dĂ©but et la fin de la formation (Ă©valuĂ© Ă partir de 22 sujets) montre dâailleurs une Ă©volution sur lâensemble des indicateurs retenus (les participants devaient situer leur sentiment dâefficacitĂ© sur une Ă©chelle de 0 Ă 7 pour chacun des items). Globalement, le sentiment dâefficacitĂ© a augmentĂ© de 1,3 points, ce qui est loin dâĂȘtre nĂ©gligeable et contribue Ă appuyer la pertinence de la formation.
Ces Ă©lĂ©ments dâĂ©valuation dâefficacitĂ© de son action ont Ă©tĂ© largement discutĂ©s dans les groupes permettant aux participants dâĂ©changer sur la posture Ă©ducative attendue. Lâintroduction de balises Ă©thiques dans la discussion a permis de faciliter le dĂ©bat autour des questions dâautonomie dans la prise de dĂ©cision et dâabsence de jugements de valeur par rapport aux comportements des citoyens. Ceci a permis de clarifier avec les participants que le suivi des contacts nâest pas lâultime et unique solution, et dâaccepter les refus et les informations mĂȘme partielles provenant des citoyens.
Conclusion
Cette Ă©tude propose dâenvisager un des piliers des mesures prĂ©ventives dans la lutte contre le Covid 19 â le suivi des contacts â selon une perspective de promotion de la santĂ©. Nous faisons une proposition et une discussion cohĂ©rentes dâun dispositif dâaccompagnement des agents de suivi sur les aspects dâobjectifs poursuivis, de mĂ©thodes utilisĂ©es, de contenus abordĂ©s et dâĂ©valuation selon une logique de promotion de la santĂ©. Ce document ouvre finalement la voie pour rĂ©interroger une sĂ©rie dâactions brĂšves menĂ©es auprĂšs des citoyens en matiĂšre de santĂ© selon cette mĂȘme logique de promotion.
Références
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Alice Lecroart a rĂ©alisĂ© une analyse sur lâhĂ©sitation vaccinale des soignants, selon le modĂšle des 5 C [1], dans le cadre de son mĂ©moire de fin dâĂ©tudes Ă lâUCLouvain. Son travail fait Ă©cho aux dĂ©bats dans lâactualitĂ© de cette fin dâannĂ©e 2021.
Depuis le 9 janvier 2020, un virus fortement contagieux et aux symptĂŽmes sĂ©vĂšres, le SARS-CoV-2, a fait son apparition [2]. La maladie quâil provoque, le COVID-19, a rapidement Ă©tĂ© qualifiĂ©e de pandĂ©mie [3]. De nombreuses mesures restrictives ont Ă©tĂ© mises en place en Belgique afin dâendiguer la propagation de ce virus et de protĂ©ger notre systĂšme de santĂ©. Le COVID-19 et les mesures imposĂ©es pour lutter contre lui ont bouleversĂ© nos vies.
Une solution a rapidement Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e pour sortir de cette crise : le dĂ©veloppement de vaccins. Une campagne de vaccination massive a dĂ©butĂ© en janvier 2021. Les professionnels de la santĂ© faisaient partie des publics prioritaires de cette campagne[4, 5]. NĂ©anmoins, en plus des problĂšmes dâapprovisionnement, cette campagne a Ă©tĂ© confrontĂ©e Ă lâhĂ©sitation vaccinale de la population. LâhĂ©sitation vaccinale se dĂ©finit comme le retard ou le refus des vaccins malgrĂ© leur disponibilitĂ© [6]. Ce phĂ©nomĂšne nâest pas rĂ©cent et est surveillĂ© depuis 2019 par lâOMS [7]. Câest un concept complexe et influencĂ© par de nombreux facteurs. Le contexte de crise sanitaire, le dĂ©veloppement rapide des vaccins, lâenvironnement mĂ©diatique autour de la vaccination et les problĂšmes de gestion de cette crise ont pu influencer lâhĂ©sitation vaccinale envers les vaccins contre le SARS-CoV-2. Elle peut aussi toucher les professionnels de la santĂ©. Cela pose dâautant plus problĂšme que ces derniers reprĂ©sentent une source dâinformations fiable concernant la vaccination contre le SARS-CoV-2 pour la population gĂ©nĂ©rale [8].Il existe de nombreux modĂšles pour comprendre lâhĂ©sitation vaccinale. Lâun de ces modĂšles est le modĂšle des 5C des antĂ©cĂ©dents psychologiques Ă la vaccination. Ce dernier est composĂ© de cinq antĂ©cĂ©dents qui reprĂ©sentent des prĂ©fĂ©rences individuelles ou des reprĂ©sentations psychologiques et mentales de lâenvironnement dans lequel lâindividu Ă©volue. Chacun de ces antĂ©cĂ©dents influence positivement ou nĂ©gativement lâintention de se faire vacciner [1, 9].
Lâobjectif de cette Ă©tude est de rĂ©pondre Ă cette question : quels sont les facteurs influençant lâhĂ©sitation vaccinale face aux vaccins contre le coronavirus SARS-CoV-2 parmi les professionnels de la santĂ©Â ?
MĂ©thodologie
Pour mener Ă bien cette Ă©tude, nous avons effectuĂ© une recherche de type qualitatif au moyen dâentretiens semi-directifs. Nous avons choisi dâinterroger des professionnels de la santĂ©, et plus particuliĂšrement des mĂ©decins et des infirmiers. Le recrutement des participants sâest fait grĂące Ă une mĂ©thode « boule de neige ». La collecte des donnĂ©es a eu lieu entre mars et juin 2021. Lâanalyse des donnĂ©es sâest faite en deux temps. Lors de nos entretiens, une premiĂšre analyse de type itĂ©ratif a permis dâextraire une sĂ©rie de thĂšmes. Nous les avons alors classĂ©s en trois catĂ©gories : lâimpact de la situation sanitaire, la vaccination en gĂ©nĂ©ral et la vaccination contre le SARS-CoV-2. Dans un second temps, une fois les entretiens terminĂ©s et la premiĂšre analyse faite, nous avons menĂ© une seconde analyse en nous servant du modĂšle des 5C des antĂ©cĂ©dents Ă la vaccination de Betsch et al. [1]. Ce modĂšle nous a servi de spectre thĂ©orique afin dâidentifier les antĂ©cĂ©dents psychologiques Ă la vaccination parmi notre Ă©chantillon.
RĂ©sultats
Au terme de la collecte des donnĂ©es, nous avons obtenu onze entretiens (Tableau 1 : CaractĂ©ristiques de lâĂ©chantillon).
La seconde analyse selon le modÚle des 5C a permis la mise en évidence de certains problÚmes. Ce modÚle est composé de cinq antécédents à la vaccination. Le premier est la confiance dans la sûreté des vaccins et dans le systÚme qui les délivre [1, 9]. Dans notre échantillon, si tous les participants exprimaient un avis globalement positif sur la vaccination en général, ils étaient nombreux à exprimer des doutes et de la méfiance vis-à -vis de la vaccination contre le SARS-CoV-2. Les deux personnes ayant refusé la vaccination avaient quant à elles un grand manque de confiance dans le systÚme.
Le deuxiÚme antécédent est la complaisance, cet antécédent apparaßt quand le danger que représente la maladie est perçu comme faible [1, 9]. Dans notre échantillon, bien que la crainte de la maladie eût fortement décru parmi les participants depuis le début de la crise, la volonté de se protéger ou de protéger les autres apparaissait comme une motivation pour les personnes vaccinées. Au contraire, les personnes ayant refusé la vaccination avaient tendance à se sentir invulnérables face à la maladie.
Le troisiĂšme antĂ©cĂ©dent est la contrainte, elle apparaĂźt quand des barriĂšres structurelles ou psychologiques viennent entraver la vaccination [1, 9]. Au moment des entretiens, cet antĂ©cĂ©dent nâĂ©tait pas prĂ©sent parmi notre Ă©chantillon. Les personnes interrogĂ©es percevaient quâelles avaient facilement accĂšs Ă la vaccination contre le COVID-19 et quâelles avaient le choix de se faire vacciner ou pas. Cependant, cela est remis en question par lâobligation vaccinale des professionnels de la santĂ© actuellement Ă lâĂ©tude en Belgique.
Le quatriĂšme antĂ©cĂ©dent est le calcul rationnel qui se dĂ©finit comme la recherche active dâinformations supplĂ©mentaires [1, 9]. Cet antĂ©cĂ©dent nâĂ©tait pas prĂ©sent parmi lâĂ©chantillon car, bien que certaines personnes eussent tendance Ă rechercher activement et que dâautres la recevaient de façon passive, nous nâavons pas pu faire de lien entre la recherche dâinformations et la dĂ©cision de se faire ou pas vacciner. NĂ©anmoins, cela nous a amenĂ©s Ă nous interroger sur la qualitĂ© des sources dâinformations sur la vaccination contre le COVID-19 des infirmiers. En effet, dans notre Ă©chantillon, si les mĂ©decins avaient souvent comme source des articles scientifiques ou officiels, les infirmiers avaient des sources plus traditionnelles : les mĂ©dias, les rĂ©seaux sociaux et les mĂ©decins.
Le dernier antĂ©cĂ©dent est la responsabilitĂ© collective que lâon peut dĂ©finir comme la volontĂ© de protĂ©ger les autres par notre vaccination [1, 9]. Nous avons rapprochĂ© cet antĂ©cĂ©dent de lâun de nos thĂšmes extrait des entretiens : la responsabilitĂ© professionnelle prĂ©sentĂ©e par certains participants comme une motivation pour se faire vacciner. Il faut tout de mĂȘme rester prudent avec cet antĂ©cĂ©dent car les personnes hĂ©sitantes ont tendance Ă ne pas voir les bĂ©nĂ©fices collectifs de la vaccination [10] et donc Ă se montrer rĂ©sistants Ă ce type dâarguments. Il est Ă noter que lâobligation vaccinale des professionnels de la santĂ© repose sur cet antĂ©cĂ©dent.
Discussion et conclusion
Lâanalyse selon le modĂšle des 5C a permis de mettre en Ă©vidence un problĂšme : la qualitĂ© de lâinformation de certains professionnels. Pour remĂ©dier Ă ce problĂšme, nous pensons quâune campagne dâinformation de tous les professionnels de la santĂ© concernant la vaccination contre le SARS-CoV-2 doit ĂȘtre mise en place. Le contenu de cette campagne peut sâappuyer sur le sentiment de responsabilitĂ© des professionnels de la santĂ© en prĂ©sentant les bĂ©nĂ©fices collectifs de la vaccination. NĂ©anmoins, il est primordial de mettre en avant les bĂ©nĂ©fices individuels de la vaccination afin de convaincre au mieux les personnes hĂ©sitantes [10]. Une telle campagne demande une transparence totale et de prendre le risque de dire que dans certains cas, il nâexiste pas encore de donnĂ©es. Cela va peut-ĂȘtre amener une diminution de lâintention de se vacciner Ă court terme mais, Ă long terme, va augmenter la confiance dans le systĂšme et donc influencer positivement lâintention de se vacciner [11].
En outre, cette analyse nous a amenĂ©s Ă nous interroger sur la mise en place de lâobligation vaccinale des professionnels de la santĂ© en Belgique. Elle repose sur la mise en avant dâintĂ©rĂȘts collectifs de la vaccination contre le COVID-19. Elle risque donc dâentraĂźner de fortes rĂ©sistances sur le long terme. Si elle est mise en place, il est primordial quâelle sâaccompagne de cette campagne dâinformation Ă destination de tous les professionnels de la santĂ©.
Info : depuis le 17/11/2021, lâobligation vaccinale des soignants a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e et entrera en vigueur en janvier 2022.
Bibliographie
1. Betsch, C., et al., Beyond confidence: Development of a measure assessing the 5C psychological antecedents of vaccination. PLOS One, 2018. 13(12).
2.        Institut Pasteur. Maladie COVID-19 (nouveau coronavirus). 2021 (consultĂ© le 14 juin 2021); disponible Ă l’adresse: https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/maladie-covid-19-nouveau-coronavirus.
3.        Organisation mondiale de la SantĂ©. COVID-19 – Chronologie de l’action de l’OMS. 2020 (consultĂ© le 30 juillet 2021); disponible Ă l’adresse: https://www.who.int/fr/news/item/27-04-2020-who-timeline—covid-19.
4.        CESI. Vaccination Covid-19. 2021 (consultĂ© le 14 juin 2021); disponible Ă l’adresse: https://www.cesi.be/fr/deconfinement/vaccination-covid-19.
5.        Wallonie. Covid-19 : stratĂ©gie de vaccination au niveau de la Wallonie. 2021 (consultĂ© le 14 juin 2021); disponible Ă l’adresse: https://www.wallonie.be/fr/actualites/covid-19-strategie-de-vaccination#:~:text=En%20Wallonie%2C%20la%20vaccination%20a,de%20soins%20de%201%C3%A8re%20ligne
6.        Vax info.org. Vaccine hesitancy : des rĂ©ponses adaptĂ©es. 2016 (consultĂ© le 14 juillet 2021); disponible Ă l’adresse: https://www.vaxinfopro.be/spip.php?article1914&lang=fr&retour=1.
7.        Organisation mondiale de la SantĂ©. Dix ennemis que lâOMS devra affronter cette annĂ©e. 2019 (consultĂ© le 08 juin 2021); disponible Ă l’adresse: https://www.who.int/fr/news-room/spotlight/ten-threats-to-global-health-in-2019.
8.        Sciensano. CinquiĂšme enquĂȘte de santĂ© COVID-19. 2021 (consultĂ© le 01 juillet 2021); disponible Ă l’adresse: https://www.sciensano.be/sites/default/files/report5_covid-19his_fr.pdf.
9. Betsch, C., et al., Sample study protocol for adapting and translating the 5C scale to assess the psychological antecedents of vaccination. BMJ open, 2020. 10(3).
10. Freeman, D., et al., Effects of different types of written vaccination information on COVID-19 vaccine hesitancy in the UK (OCEANS-III): a single-blind, parallel-group, randomised controlled trial. Lancet Public Health, 2021. 6(6): p. e416-e427.
11. Petersen, M.B., et al., Transparent communication about negative features of COVID-19 vaccines decreases acceptance but increases trust. Proceedings of the National Academy of Sciences, 2021. 118(29): p. e2024597118.
Une publication du RESO, le service universitaire de promotion de la santĂ© de lâUniversitĂ© catholique de Louvain1
En 2016, la ConfĂ©rence Mondiale sur la Promotion de la SantĂ©2, tenue Ă Shanghai mettait les Objectifs de DĂ©veloppement Durable (ODD)3 au centre des Ă©changes. Le rĂŽle dĂ©terminant des acteurs (porteurs de projet, dĂ©cideurs politiques, scientifiques) de promotion de la santĂ© dans lâatteinte de ces objectifs Ă lâhorizon 2030 y a Ă©tĂ© soulignĂ©. La DĂ©claration de Shanghai a Ă©tĂ© dĂ©crite par certains auteurs4 comme un potentiel tournant pour la promotion de la santĂ©, au mĂȘme titre que la charte dâOttawa, signifiant par lĂ que les stratĂ©gies de promotion de la santĂ© sâinscriraient Ă prĂ©sent dans un mouvement mondial guidĂ© par les ODD.
Dans ce Lu Pour Vous, nous synthétisons trois articles scientifiques, publiés entre 2012 et 2020, dans lesquels différents auteurs dressent une analyse critique de la réponse du secteur de promotion de la santé aux enjeux soulevés par les changements climatiques et dégagent des pistes pour stimuler une réponse plus adéquate.
Changements climatiques, urbanisation et promotion de la santé
DâaprĂšs Hancock et coll. (2020), lâavĂšnement de lâanthropocĂšne et lâurbanisation font du 21e siĂšcle la plus menaçante pour la santĂ© des populations.
LâanthropocĂšne est considĂ©rĂ© (bien que le terme choisi ne soit pas unanimement acceptĂ©) comme une Ă©poque gĂ©ologique caractĂ©risĂ©e par des changements gĂ©ologiques et Ă©cologiques provoquĂ©s par les activitĂ©s humaines. Parmi ces changements, les auteurs relĂšvent notamment lâappauvrissement des ressources, la pollution, lâacidification des ocĂ©ans, les catastrophes naturelles rĂ©pĂ©titives et lâextinction dâespĂšces animales et vĂ©gĂ©tales.
Lâurbanisation est souvent comprise comme lâaccroissement du nombre de personnes vivant en milieu urbain, ce qui renvoie Ă une dĂ©finition assez Ă©troite. Pourtant, ce concept recouvre Ă©galement les infrastructures et les services de la vie en milieu urbain tel lâaccĂšs Ă lâĂ©ducation, au travail, aux soins de santĂ©, au soutien social, aux lieux de spiritualitĂ©, Ă un systĂšme alimentaire de qualitĂ©, Ă lâeau, Ă des espaces verts, etc.
Il a Ă©tĂ© estimĂ© que les villes, qui accueillent la moitiĂ© de la population mondiale, consomment entre 60 Ă 80% de la consommation dâĂ©nergie mondiale, 75% des Ă©missions de carbone, et plus de 75% des ressources naturelles mondiales. Les pays du Nord Ă©tant majoritairement responsables de ces chiffres. [Patrick R. et coll. (2016)]
DÚs lors que la population mondiale est de plus en plus urbaine, réduire la consommation en ressources naturelles des villes et de leur population est un objectif prioritaire pour lutter contre les changements climatiques.
Patrick R. et coll. (2016 & 2012) font Ă©galement remarquer que les changements climatiques ont un impact plus grand sur les populations plus vulnĂ©rables, non seulement au moment oĂč des Ă©vĂšnements extrĂȘmes (tels que les canicules ou les inondations) se produisent, mais dans lâaprĂšs coup, face aux consĂ©quences de ces Ă©vĂšnements (de par un accĂšs aux soins de santĂ© limitĂ© ou un accĂšs Ă un logement dĂ©cent plus difficile). Ces changements climatiques exacerbent donc les inĂ©galitĂ©s dĂ©jĂ existantes en matiĂšre de santĂ©, ont un impact nĂ©gatif sur les dĂ©terminants de santĂ© et touchent de maniĂšre disproportionnĂ©e les populations dĂ©jĂ vulnĂ©rables.
Le lien entre les changements climatiques, lâurbanisation, la santĂ© des populations et les inĂ©galitĂ©s de santĂ© est assez Ă©vident Ă faire, mais cache en rĂ©alitĂ© de nombreuses interconnexions qui rendent complexe le dĂ©veloppement de solutions durables.
Réponses du secteur de promotion de la santé
Face à ces enjeux, les auteurs [Patrick R. et coll. (2016)] relÚvent la difficulté du secteur de promotion de la santé à prendre une place qui, par ailleurs, ne lui est pas donnée intuitivement.
MalgrĂ© quâen 1986, la charte dâOttawa proposait dĂ©jĂ une approche socioĂ©cologique de la santĂ© reconnaissant lâinterdĂ©pendance entre les individus et lâenvironnement (approche soutenue par dâautres dĂ©clarations internationales), de solides fondements thĂ©oriques et des pratiques en synergie avec les enjeux climatiques (telles que le mouvement « ville en santĂ© »), les auteurs attirent lâattention sur la lenteur du secteur de promotion de la santĂ© Ă sâengager activement sur les questions climatiques. Patrick R. et coll. (2016) identifient 3 problĂšmes centraux Ă cet « engourdissement » :
- Les professionnels de promotion de la santĂ©, en sâintĂ©ressant principalement aux dĂ©terminants sociaux de la santĂ©, ont probablement nĂ©gligĂ© les dĂ©terminants Ă©cologiques de la santĂ©5 .
- Le rĂŽle de lâenvironnement naturel a Ă©tĂ© inadĂ©quatement thĂ©orisĂ© comme un dĂ©terminant de la santĂ© des humains et de lâĂ©quitĂ©, ce qui a pour consĂ©quence de rĂ©duire les rĂ©elles interconnexions entre la santĂ© de lâenvironnement et des humains.
- JusquâĂ la DĂ©claration de Shanghai, les dĂ©clarations en matiĂšre de changement global qui font le lien entre la santĂ© des humains et la santĂ© des Ă©cosystĂšmes nâauraient pas Ă©tĂ© suffisamment fortes.
Selon les mĂȘmes auteurs [Patrick R. et coll. (2016)], la promotion de la santĂ© « souffrirait » dâanthropocentrisme. Dans cette vision, les changements climatiques sont vus comme une menace pour la santĂ© des humains exclusivement, plutĂŽt que comme le symptĂŽme dâune utilisation inadĂ©quate des ressources qui menace lâintĂ©gritĂ© des Ă©cosystĂšmes dans leur globalitĂ©.
Potentiel du secteur de promotion de la santé
Les auteurs [Patrick R. et coll. (2016 & 2012)] suggĂšrent diffĂ©rentes maniĂšres pour le secteur de promotion de la santĂ© de contribuer Ă la construction de solutions durables tout en se reposant sur ses principes dâaction phares6 et les compĂ©tences centrales dans le secteur.
Avec sa comprĂ©hension des dĂ©terminants sociaux de la santĂ©, le secteur de promotion de la santĂ© peut par exemple accompagner les acteurs du dĂ©veloppement urbain et les encourager Ă sâouvrir Ă une valorisation du rĂŽle social des infrastructures et de lâengagement communautaire, au lieu de se focaliser uniquement sur le « bĂąti », comme câest encore souvent le cas.
Les principes dâaction et compĂ©tences des acteurs de promotion de la santĂ© devraient, selon Patrick R. et coll. (2016), ĂȘtre appliquĂ©s aux programmes et aux politiques visant le dĂ©veloppement de milieux urbains. En effet, en tenant compte des dĂ©terminants sociaux de la santĂ© dans la construction des programmes et politiques, la promotion de la santĂ© apporte une perspective unique au dĂ©veloppement urbain et aux dĂ©cisions liĂ©es aux changements climatiques. Elle ajoute par exemple une dimension dâĂ©quitĂ©, de justice sociale, dâinterconnexion des problĂ©matiques, etc. Autant de dimensions nĂ©cessaires Ă la construction de rĂ©ponses, politiques et sociĂ©tales, holistiques. Dâun autre cĂŽtĂ©, le secteur de promotion de la santĂ© a tout Ă gagner Ă Ă©largir sa comprĂ©hension des dĂ©terminants de la santĂ© aux dĂ©terminants Ă©cologiques de la santĂ©, et ainsi dâĂȘtre mieux prĂ©parĂ© aux dĂ©fis Ă venir.
Des (nouveaux) « outils » pour la promotion de la santé
La pensée résiliente
La pensĂ©e rĂ©siliente serait selon les auteurs [Patrick R. et coll. (2016)] un outil Ă investir davantage, en complĂ©ment dâoutils dĂ©jĂ familiers du secteur tels que la pensĂ©e systĂ©mique, lâengagement des parties prenantes et les dĂ©terminants de la santĂ©.
La pensĂ©e rĂ©siliente aide Ă construire la capacitĂ© des communautĂ©s et des environnements Ă faire avec des changements inattendus et Ă dĂ©velopper des solutions au travers dâadaptations ou de transformations, sans chercher Ă maintenir une forme de statu quo.
DĂ©velopper la pensĂ©e rĂ©siliente des intervenants (de terrain, scientifiques et politiques) implique de les accompagner dans lâexploration de leurs pratiques, des dynamiques sociales et organisationnelles auxquelles ils prennent part et qui, sans prise de recul, peuvent les conduire Ă nier la complexitĂ©. Cette pensĂ©e rĂ©siliente se dĂ©veloppe au travers de la rencontre dâacteurs lors de retours dâexpĂ©riences, formation, sensibilisation, supervision, etc. Elle faciliterait la collaboration avec les autres secteurs concernĂ©s par la construction de rĂ©ponses holistiques aux enjeux des changements climatiques et de lâurbanisation.
One Planet Living©
Au début des années 2000, une entreprise sociale et environnementale a imaginé 10 principes guides (cf. ci-dessous) pour prendre en compte la systémique des déterminants sociaux, environnementaux et économiques de la santé des écosystÚmes.
Selon les auteurs [Hancock et coll. 2020)], ces principes aident les personnes Ă voir lâinterconnexion de leurs actions et Ă aligner leurs aspirations individuelles ou collectives Ă la santĂ© de la PlanĂšte.
En complément à cet outil, nous ajoutons que ces principes sont complémentaires aux objectifs de développement durable des Nations Unies, qui sont au coeur du travail de la plate-forme belge francophone « Associations 21 ».
Eco-Health et Planetary health
Il sâagit de mouvements internationaux prĂŽnant la transdisciplinaritĂ©7 pour dĂ©velopper des solutions qui lient la santĂ© des individus et la santĂ© environnementale. SâĂ©cartant ainsi du modĂšle dominant de santĂ© publique qui considĂšre la santĂ© des individus comme le but ultime et qui se repose essentiellement sur des approches biomĂ©dicales ou focalisĂ©es sur les comportements de santĂ©.
Selon Hancock et coll. (2020), ces mouvements impliquent un changement de paradigme de la part des professionnels qui ne devraient plus considĂ©rer lâenvironnement naturel comme une menace pour la santĂ© des populations, mais comme une ressource dont le pouvoir dâagir doit, au mĂȘme titre que celui des individus, ĂȘtre renforcĂ©. La formation des professionnels est un dĂ©terminant important de ce changement de paradigme.
Si les auteurs des articles utilisĂ©s dans ce Lu pour vous nâen parlent pas, ces mouvements renvoient nĂ©anmoins vers le concept dâune seule santĂ© (« One Health »), dont lâactualitĂ© et la pertinence ont Ă©tĂ© renforcĂ©es par la crise sanitaire (i.e. COVID- 19)8
La formation des professionnels de promotion de la santé
Au travers dâune recherche qualitative, les auteurs [Patrick R. et coll. (2012)] ont mis en Ă©vidence des compĂ©tences dont les professionnels de la promotion de la santĂ© auraient besoin pour rĂ©pondre aux dĂ©fis que posent les changements climatiques, et ce plus particuliĂšrement pour les populations vulnĂ©rables et Ă un niveau dâaction local/communautaire. LâĂ©tude indique que les compĂ©tences professionnelles qui reposent sur des savoir-ĂȘtre (par exemple la confiance en soi, la motivation personnelle, lâempathie, la capacitĂ© dâadaptation, lâaptitude Ă la communication, Ă la nĂ©gociation, mais Ă©galement Ă la mobilisation) combinĂ©es aux compĂ©tences de base en promotion de la santĂ© (plaidoyer, mĂ©diation, leadership, communication, empowerment, planification, mise en oeuvre, Ă©valuation, recherche) sont nĂ©cessaires pour rĂ©pondre aux problĂšmes soulevĂ©s par les changements climatiques.
Plus concrĂštement, ces diffĂ©rents niveaux de compĂ©tences se traduisent notamment pour les professionnels de la promotion de la santĂ© dans leur capacitĂ© Ă favoriser des partenariats, Ă travailler en collaboration, et Ă mener des analyses de besoins basĂ©es sur les interactions des dĂ©terminants socioĂ©cologiques de la santĂ©. La mĂ©diation et la capacitĂ© Ă travailler en interdisciplinaritĂ© et en intersectorialitĂ© font Ă©galement partie des compĂ©tences relevĂ©es dans lâĂ©tude [Patrick R. et coll. (2012)]. Lâutilisation de mĂ©thodes dâĂ©valuation diversifiĂ©es et la mise en oeuvre de recherche appropriĂ©es (qualitative ou quantitative), en partenariat avec les parties prenantes, pour dĂ©terminer la portĂ©e, lâimpact et lâefficacitĂ© des actions en promotion de la santĂ© sont tout aussi importants. De mĂȘme, il est recommandĂ© de recourir Ă des approches dâĂ©valuation culturellement et Ă©thiquement appropriĂ©es qui fassent lien avec les valeurs de justice sociale, dâengagement communautaire et dâapproches participatives. [Patrick R. et coll. (2012)] Il sâagit Ă©galement de favoriser la capacitĂ© de comprendre et dâinterprĂ©ter les empreintes Ă©cologiques9 et les notions de justice environnementale, de rĂ©silience et de pensĂ©e systĂ©mique.
Conclusion
En complément des pistes développées dans ce Lu pour vous, nous reprenons quelques-unes des recommandations des auteurs à destination du secteur de promotion de la santé afin que ce dernier se positionne plus fermement comme une partie prenante du développement de solutions durables et puisse amorcer les changements nécessaires à ce positionnement.
- DĂ©velopper une solide base de connaissances sur la science du changement climatique et son impact sur la santĂ© et lâurbanisation, afin dâĂ©tayer les politiques publiques et les stratĂ©gies aux niveaux local, rĂ©gional et international.
- Travailler avec pour référence un cadre socioécologique basé sur les systÚmes, tel que la pensée résiliente, pour faciliter une action collaborative interdisciplinaire et intersectorielle sur le changement climatique.
- Plaidoyer pour lâinvestissement dans des programmes de collaboration intersectorielle sur le changement climatique, qui promeuvent simultanĂ©ment la santĂ© urbaine, lâĂ©quitĂ©, la santĂ© des Ă©cosystĂšmes et la durabilitĂ©.
- Soutenir le dĂ©veloppement de mouvements sociaux urbains et dâautres alliances qui peuvent promouvoir la durabilitĂ© Ă©cologique et la participation communautaire.
- Contribuer aux connaissances scientifiques en constituant une base de recherche dâĂ©tudes de cas et de donnĂ©es probantes sur de nouvelles approches rĂ©ussies ou prometteuses pour promouvoir la santĂ© et le bien-ĂȘtre dans un monde urbanisĂ© et affectĂ© par le climat.
- Aller au-delà des « espaces » traditionnellement associés à la santé pour collaborer au développement de projets et de politiques pour la santé des écosystÚmes.
- Prendre davantage en compte la santé des écosystÚmes comme déterminante pour la santé publique.
- Travailler collaborativement avec des partenaires du secteur du dĂ©veloppement durable pour soutenir une pensĂ©e agile et crĂ©ative sur le bien-ĂȘtre en milieu urbain.
[1] Titre proposé par le RESO
[2] Disponible ici : https://www.who.int/healthpromotion/conferences/9gchp/Shanghai-declaration-final-draft-fr.pdf?ua=1
[3] Pour aller plus loin : https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/
[4] Kickbusch I. & Nutbeam D., A watershed for health promotion: The Shanghai Conference 2016, Health Promotion International, Volume 32, Issue 1, February 2017, Pages 2â6.
[5] Pour aller plus loin : Association canadienne de santĂ© publique (ACSP). Les changements globaux et la santĂ© publique: quâen est-il des dĂ©terminants Ă©cologiques de la santĂ© ? Ottawa: ACSP; 2015. Disponible ici : https://www.cpha.ca/sites/default/files/assets/policy/edh-discussion_f.pdf
[6] Tels que la prise en compte du modĂšle socioĂ©cologique de la santĂ©, des dĂ©terminants de la santĂ©, de lâĂ©quitĂ© et de la justice sociale, du respect de la diversitĂ© culturelle, de lâengagement en faveur du dĂ©veloppement durable, de la collaboration intersectorielle ou de la participation des publics concernĂ©s/de la communautĂ© Ă lâĂ©valuation des besoins, Ă la planification, Ă la mise en oeuvre et Ă lâĂ©valuation des activitĂ©s/programmes.
[7] Il sâagit de la « rencontre de personnes issues de milieux acadĂ©miques et non acadĂ©miques, ayant des perspectives ou des modes de pensĂ©e diffĂ©rents, concernĂ©es par une problĂ©matique sociale complexe commune et visant le dĂ©veloppement dâune solution utilisable sur le terrain » St-Cyr Bouchard M., Bouchard C., Sky Oestreicher J., et al. « La pratique de la transdisciplinaritĂ© dans les approches Ă©cosystĂ©miques de la santĂ© », VertigO – la revue Ă©lectronique en sciences de lâenvironnement [En ligne], Hors-sĂ©rie 19 | aoĂ»t 2014
[8] Parodi AL. Le concept « One Health », une seule santĂ© : rĂ©alitĂ© et perspectives [The ââOne healthââ concept: reality and future prospect]. Bull Acad Natl Med. 2021;205(7):659-661.
[9] Mesure de la pression quâexerce les humains sur la nature, sâexprimant par la quantitĂ© de surface terrestre bioproductive nĂ©cessaire pour produire les biens et services que nous consommons et absorber les dĂ©chets que nous produisons. (dĂ©finition du WWF)
Références :
- Hancock T., Desai P. & Patrick R. (2020) Tools for creating a future of healthy One Planet cities in the Anthropocene, Cities & Health, 4:2, 180-192, DOI: 10.1080/23748834.2019.1668336
- Patrick R., Noy S. & Henderson-Wilson C. (2016) Urbanisation, climate change and health equity: how can health promotion contribute ?, International Journal of Health Promotion and Education, 54:1, 34-49, DOI: 10.1080/14635240.2015.1057653
- Patrick R., Capetola T., Townsend M., Nuttman S. Health promotion and climate change: exploring the core competencies required for action. Health Promot Int. 2012 Dec;27(4):475-85. doi: 10.1093/heapro/dar055. Epub 2011 Sep 12. PMID: 21914637.
Sandrine Roussel de l’UniversitĂ© Catholique de Louvain, Marie Porcu de la Clinique Mont-LĂ©gia , François Martin du CH Dreux (expert pour Innoviris), et Stephan Van Den Broucke de l’UniversitĂ© Catholique de Louvain.
INNOVIRIS, l’Institut bruxellois pour la Recherche et lâInnovation, finance des projets de recherche thĂ©matiques, associant Ă©quipes de recherche et organismes intĂ©ressĂ©s par les implications directes de ces recherches, les projets Bridge. En 2017, lâappel Ă projets concernait la mĂ©decine personnalisĂ©e et les soins intĂ©grĂ©s. CARE-TEST fait partie des projets sĂ©lectionnĂ©s. Il bĂ©nĂ©ficie du parrainage de la MutualitĂ© ChrĂ©tienne, de la SociĂ©tĂ© Scientifique de MĂ©decine GĂ©nĂ©rale, de lâAssociation Pharmaceutique Belge et de lâAssociation Belge des praticiens de lâart infirmier.
A lâissue de la recherche qualitative âCARE-TESTâ en rĂ©gion de Bruxelles-Capitale, voici les recommandations formulĂ©es par lâĂ©quipe de recherche concernant les relations patient-mĂ©decin-pharmacien Ă lâĂ©preuve des autotests Ă visĂ©e diagnostique.
CARE-TEST sâintĂ©resse aux relations patient-mĂ©decin-pharmacien, en gĂ©nĂ©ral et Ă ces relations dans le contexte des autotests Ă visĂ©e diagnostique0 , en particulier. Les autotests sont un phĂ©nomĂšne rĂ©cent en Belgique. Ils pourraient crĂ©er un nouvel Ă©quilibre dans la relation patient-professionnel, dans la mesure oĂč le patient peut rĂ©aliser un test, sans lâintervention dâun professionnel de santĂ©. Cet Ă©quilibre pourrait induire plus de partenariat 1, 2. Une marge dâamĂ©lioration est en effet possible : les pratiques dâĂ©ducation du patient sont encore souvent limitĂ©es Ă une transmission unilatĂ©rale dâinformations biomĂ©dicales sur la maladie 3-5, alors que des approches partenariales impliquant le patient dans la gestion de sa santĂ©/maladie sâavĂšrent plus efficaces. Ces approches considĂšrent le patient et le professionnel comme dĂ©positaires de connaissances propres de la santĂ©/maladie. Elles impliquent la dĂ©cision partagĂ©e, comprennent un travail sur la motivation basĂ© sur les objectifs du patient et consistent en un accompagnement progressif vers lâautonomie. Lâautonomie est comprise comme la capacitĂ© de gĂ©rer sa santĂ© au quotidien (autonomie fonctionnelle) mais aussi de faire des choix Ă©clairĂ©s en matiĂšre de santĂ© (autonomie dĂ©cisionnelle). Il ne sâagit pas de gĂ©rer sa santĂ© indĂ©pendamment de tout professionnel de santĂ©3.
CARE-TEST considĂšre les autotests comme un Ă©lĂ©ment de contexte susceptible dâinterroger les relations patient-mĂ©decin-pharmacien. Il ne sâagit ni dâĂ©tudier les autotests, ni de les promouvoir.
MĂ©thodologie
Cette recherche qualitative exploratoire a Ă©tĂ© menĂ©e, par entretiens semi-directifs, auprĂšs de 17 patients, 25 mĂ©decins et 16 pharmaciens de la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale. Elle a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e de lâĂ©tĂ© 2018 Ă lâĂ©tĂ©2019, soit avant la pandĂ©mie de Covid-19. Elle visait Ă obtenir une vue d’ensemble des relations patient-mĂ©decin-pharmacien, Ă explorer les reprĂ©sentations des autotests ainsi quâĂ comprendre les changements escomptĂ©s dans les relations patient-professionnel et mĂ©decin-pharmacien, suite Ă l’introduction des autotests en officine. La durĂ©e moyenne des entretiens Ă©tait de 69 minutes [33min ; 148min]. Une analyse thĂ©matique rĂ©flexive a ensuite Ă©tĂ© menĂ©e.
Recommandations-clés
Cet article prĂ©sente les recommandations-clĂ©s relatives aux relations patient-professionnel. Le lecteur dĂ©sireux de prendre connaissance de lâensemble des rĂ©sultats/recommandations trouvera, Ă la fin de lâarticle, un lien permettant dâaccĂ©der au rapport de recherche.
Les principaux changements escomptĂ©s par les participants Ă la recherche Ă©taient plus dâautonomie, au sens de « se rĂ©approprier sa santĂ© » pour le patient et un risque de mise Ă lâĂ©cart du mĂ©decin. Les autotests pourraient en effet encourager une prise de distance du patient vis-Ă -vis du monde mĂ©dical (notamment par des pratiques dâauto-traitement), faute prĂ©cisĂ©ment de relations partenariales prĂ©alables. En effet, des tendances sont favorables Ă une telle Ă©volution. Elles soulignent la pertinence de dĂ©velopper des approches partenariales, en amont.
Voici un exemple. Des patients favorables aux autotests Ă©taient insatisfaits du peu de dialogue dans leur relation avec les mĂ©decins. Les mĂ©decins dĂ©favorables aux autotests prĂ©sentaient quant Ă eux des pratiques peu partenariales. La rĂ©alisation dâun autotest par le patient risque dâĂȘtre accueillie nĂ©gativement par ces mĂ©decins. Cette rĂ©action pourrait alors renforcer la prise de distance par le patient.
Les recommandations reposent sur :
- les rĂ©sultats de recherche. Les rĂ©sultats correspondants sont spĂ©cifiĂ©s aprĂšs chaque recommandation, sous lâintitulĂ© « observations » ;
- les propositions Ă©mises par les participants Ă la recherche. Elles permettent dâoptimiser lâadhĂ©sion aux recommandations ;
- une discussion des recommandations avec les parrains de la recherche ;
- le cadre idéologique de la recherche. CARE-TEST vise le développement et le maintien de relations partenariales.
Recommandations pour le terrain
Assurer un « service de base »
LâidĂ©e est ici de proposer une approche qui satisfasse les attentes du patient afin de ne pas encourager une prise de distance vis-Ă -vis du monde mĂ©dical. Il sâagit dâune approche Ă minima.
- Le mĂ©decin : donner au patient des informations claires et comprĂ©hensibles, sur la maladie, les causes, le pourquoi du traitement. Respecter ses options de santĂ© (plus ou moins de mĂ©dicaments, dâexamens perçus comme invasifs, dâacharnement thĂ©rapeutique). RĂ©Ă©valuer « rĂ©guliĂšrement » les desiderata du patient en matiĂšre de participation.
Observations : Les patients attendent au minimum cette approche. RĂ©pondre Ă cette attente, câest aussi prĂ©venir la « non-observance » du patient voire sa rupture avec le monde mĂ©dical, faute de « dialogue ». Les souhaits du patient peuvent varier vers plus ou moins de participation, suite Ă lâapparition/aggravation dâune pathologie.
- Le pharmacien : fournir au patient une information sur le « produit », systĂ©matique, comprĂ©hensible et acceptable pour celui-ci. Un tel rĂŽle permet aussi de faire Ă©voluer lâimage du pharmacien. Sensibiliser, en amont, le pharmacien aux outils existants (phrases-types, fiche didactique, Ă©tiquettes Ă apposer sur la boite).
Observations : accompagner la dĂ©livrance dâun produit pharmaceutique par une information ne fait pas partie des routines de toute officine. Elle peut ĂȘtre conditionnĂ©e Ă lâaffluence Ă lâofficine, lâexistence dâune prescription, la demande du patient, la motivation du pharmacien⊠En lâabsence de ces conditions, le « produit » est dĂ©livrĂ© sans information. Il nâest parfois pas utilisĂ© notamment en raison de son incompatibilitĂ© avec le traitement existant.
Viser des relations partenariales
LâidĂ©e est ici dâĂ©voluer vers un vĂ©ritable partenariat.
Recommandations portant sur la formation
- Le patient : intensifier les efforts en matiĂšre dâĂ©ducation santĂ©, en la rendant systĂ©matique lors de la scolaritĂ© obligatoire. Les sĂ©ances seraient donnĂ©es par des professionnels qualifiĂ©s, lĂ©gitimes pour en parler et formĂ©s aux approches partenariales. Les contenus suggĂ©rĂ©s sont : situer ses organes, identifier les signaux dâalarme, acquĂ©rir un esprit critique en regard des informations, connaitre les implications pratiques des droits du patient, communiquer avec le gĂ©nĂ©ralisteâŠ
Observations : le niveau de littĂ©ratie en santĂ©6 de la population est perçu comme bas, par les patients et par les professionnels. Ce bagage insuffisant est dĂ©crit comme maintenant le patient dans la passivitĂ© voire dans la surconsommation dâexamens/soins/mĂ©dicaments, par manque dâesprit critique. Il complique aussi le travail du professionnel qui ne peut sâappuyer sur une base minimale pour informer. Enfin, il ne permet pas au patient de dialoguer avec le professionnel.
- Le professionnel de santĂ© : former systĂ©matiquement les (futurs) professionnels aux approches partenariales, en formation initiale et continue. Discuter les concepts qui sâinscrivent dans un discours de « participation ». Sensibiliser Ă la pertinence dâune dĂ©marche partenariale en encourageant lâutilisation de typologies permettant de situer sa pratique en regard de la participation.
Observations : les relations patient-professionnel ne sont pas massivement partenariales. Or, une partie des patients est en demande de relations plus partenariales avec le mĂ©decin et les patients les plus satisfaits de leur relation avec le pharmacien sont ceux qui ont Ă©tabli une relation Ă©galitaire, de confiance avec lui. Par ailleurs, les approches partenariales sont dĂ©ployĂ©es par des professionnels formĂ©s Ă ces approches. Enfin, un discours de « participation » (expliquer, patient partenaire, responsabilitĂ© partagĂ©e, autonomie, nĂ©gocier, etc.) est intĂ©grĂ© au langage du professionnel. Il recouvre toutefois des pratiques variĂ©es. Il peut ĂȘtre mal aisĂ© pour le professionnel dâestimer dans quelle mesure sa pratique est partenariale.
Recommandations portant sur les sources dâinformation
- Mettre Ă disposition des sources dâinformations fiables, comprĂ©hensibles et Ă jour (par exemple des sites web avec une navigation, une fonction de recherche et une impression papier aisĂ©es) afin de faciliter le dialogue. Cette recommandation vise la relation patient-gĂ©nĂ©raliste, elle est toutefois valable pour tout professionnel de santĂ©.
Observations : lâinformation sur Internet peut ĂȘtre de mauvaise qualitĂ©. Disposer dâun support papier pouvant ĂȘtre lu aprĂšs consultation est utile pour certains patients.
Recommandations relatives à la gestion des données
- (Re)Penser la circulation des donnĂ©es de santĂ© du patient entre les professionnels ainsi quâentre le patient et le professionnel. Trouver un Ă©quilibre entre accessibilitĂ© et respect de la vie privĂ©e.
Observations : des patients craignent de vieillir dans un systĂšme « oĂč il est nĂ©cessaire dâĂȘtre suffisamment bien pour assurer le suivi de sa santĂ© ». Le dĂ©lai pour accĂ©der aux rĂ©sultats en ligne est jugĂ© trop long. Il ne permet pas au patient dâĂȘtre acteur de santĂ©. Par ailleurs, lâinformatisation prĂ©occupe patients et mĂ©decins sur les dimensions suivantes : le respect du non partage de donnĂ©es demandĂ© par le patient, la protection des donnĂ©es vis-Ă -vis de tiers et le risque de commercialisation des donnĂ©es.
Recommandations portant sur le rĂŽle du pharmacien
- Mener une rĂ©flexion sur la profession de pharmacien dâofficine et son avenir, par les pharmaciens. Cette rĂ©flexion intĂ©grerait la relation Ă la personne et aux autres professionnels de santĂ©. Les questions suggĂ©rĂ©es sont : quâest-ce quâun bon pharmacien ? Quelles compĂ©tences doit-il avoir ? Comment les dĂ©velopper ? Quelle est la place du conseil, de la vente ? Clarifier ensuite les rĂŽles respectifs du mĂ©decin et du pharmacien en matiĂšre de « suivi » du patient.
Observations : le pharmacien est perçu comme une « profession en crise ». La perspective des autotests souligne des crispations sur le plan de la rĂ©partition des rĂŽles entre mĂ©decin et pharmacien. Lâutilisation que pourrait en faire le pharmacien (information fournie, initiation du traitement, âŠ) suscite la mĂ©fiance de certains mĂ©decins et la rĂ©probation de quelques pharmaciens. La rĂ©action escomptĂ©e du mĂ©decin plonge des pharmaciens dans lâinconfort. Cette situation nâest pas spĂ©cifique aux autotests. Elle est vĂ©cue au quotidien lors de la substitution et lâavance de mĂ©dicaments.
- Autres points dâattention : outiller le professionnel pour la gestion des « mauvaises nouvelles » ; former les soignants aux pathologies transmissibles (afin dâĂ©viter les mesures de protection inadaptĂ©es qui nuisent au soin) ; poursuivre les efforts en vue dâune approche concertĂ©e avec les patients maitrisant dâautres langues ou issus dâautres cultures, tout en capitalisant ces initiatives.
Recommandations pour la recherche
- Déterminer dans quelle mesure les tendances observées sont présentes dans la population bruxelloise, par des recherches à plus grande échelle.
Observations : La recherche est qualitative. Elle permet de mettre en Ă©vidence lâexistence de tendances mais ne donne pas dâindication sur lâampleur de ces derniĂšres.
- Etudier dans quelle mesure la notion de fiabilitĂ© (âŠĂ traduire pour la rendre intelligible !) est maitrisĂ©e et souhaitĂ©e par les patients, mĂ©decins, pharmaciens.
Observations :Il nâexiste de consensus ni sur la pertinence dâen parler au patient, ni sur le degrĂ© de maitrise de cette notion par les professionnels.
Conclusion
Les autotests, apparus dans un contexte peu partenarial, ont eu un succĂšs trĂšs limitĂ© sur le plan du volume des ventes. Ils invitent Ă rĂ©flĂ©chir plus globalement aux balises dâune relation plus partenariale. Dâautres dispositifs dâautomesure feront en effet tĂŽt ou tard leur apparition. Or, dans une relation Ă©galitaire apaisĂ©e, les autotests apparaissent comme un outil au service de la relation patient-professionnel, non comme un outil de dĂ©rĂ©gulation de cette derniĂšre.
Enfin, si les prĂ©sentes recommandations concernent les patients, les mĂ©decins et les pharmaciens, celles-ci sâinscrivent dans le contexte dâune politique de soins de santĂ©. Des relations partenariales patient-professionnel nĂ©cessitent des efforts concertĂ©s, dans la durĂ©e (Ă©ducation pour la santĂ©, formation, contexte favorableâŠ).
Le rapport de recherche sera disponible sur http://hdl.handle.net/2078.1/249438, en septembre 2022. Il est disponible sur demande auprĂšs de : sandrine.roussel@uclouvain.be .
[0] Ce terme dĂ©signe ici les autotests commercialisĂ©s en officine Ă lâautomne 2016. Ils peuvent ĂȘtre rĂ©alisĂ©s et interprĂ©tĂ©s par le patient lui-mĂȘme. Ils concernent les infections urinaires, le VIH, la maladie de Lyme, le tĂ©tanos, le Chlamydia, le cholestĂ©rol⊠Ils nâincluent pas les tests de grossesse et les autotests Covid-19. Le terme « autotest » sera utilisĂ© dans cet article.
[1] Szasz TS, Hollender MH. A contribution to the philosophy of medicine. The basic models of the doctor-patient relationship. AMA Archives of internal medicine. 1956;97(5):585-92.
[2] Botelho RJ. A Negotiation Model for the Doctor-Patient Relationship. Fam Pract. 1992;9(2):210-8.
[3] Roussel S. Interactions entre les reprĂ©sentations sociales des professionnels de soins de santĂ© et leurs pratiques d’Ă©ducation du patient [ThĂšse de doctorat]. Bruxelles: UniversitĂ© Catholique de Louvain; 2016. http://hdl.handle.net/2078.1/177070
[4] Chambouleyron M, Lasserre-Moutet A, Lagger G, Golay A. History of patient education, what a story! Med Mal Metab. 2013;7(6):543-7.
[5] Hoving C, Visser A, Mullen PD, van den Borne B. A history of patient education by health professionals in Europe and North America: From authority to shared decision making education. Patient Educ Couns. 2010;78(3):275-81.
[6] Les participants parlent de niveau dâĂ©ducation santĂ© « bas ». Le terme « littĂ©ratie » nâĂ©tait pas utilisĂ© par les patients et utilisĂ© dans une acception souvent limitĂ©e par les professionnels (« utiliser des mots simples »). La littĂ©ratie en santĂ© est la capacitĂ© dâaccĂ©der Ă lâinformation, de la comprendre, de lâĂ©valuer et de lâappliquer afin dâamĂ©liorer/maintenir sa santĂ© et sa qualitĂ© de vie. LâĂ©ducation santĂ© est un moyen pour parvenir Ă un niveau plus Ă©levĂ© de littĂ©ratie.
Curieux dâen apprendre davantage sur le processus de conception de lâoutil, Education SantĂ© a rencontrĂ© StĂ©phanie Devaux (PrĂ©vention et Promotion de la SantĂ© Mentale du Centre Public de lâAction Sociale de Charleroi) et Nancy Peltier (Centre Local de Promotion de la SantĂ© de Charleroi-Thuin). Elles partagent avec nous leur expĂ©rience de co-construction avec un rĂ©seau de professionnel.les Ă lâorigine de cet outil âcoup de cĆurâ.
E.S. : DâoĂč vient le projet Emotika ?
Le CLPS de Charleroi-Thuin et le CPAS collaborent depuis plusieurs annĂ©es sur le thĂšme de lâestime de soi. Dâun cĂŽtĂ©, le CPAS organise des formations Ă lâestime de soi auprĂšs de son rĂ©seau de professionnel.les des secteurs social et Ă©ducatif, auxquelles le CLPS collabore dans le cadre des outils et ressources.
De lâautre cĂŽtĂ©, le CLPS organise tous les ans un cinĂ©-dĂ©bat. A chaque cinĂ©-dĂ©bat on choisit un partenaire en fonction du film et de la thĂ©matique qui est traitĂ©e. En 2018, on a programmĂ© le film dâanimation de Disney© Vice-versa, en partenariat avec le CPAS, pour les liens Ă©vidents avec lâestime de soi. En quelques mots, le rĂ©cit personnifie les cinq Ă©motions de base (la joie, la tristesse, la peur, le dĂ©goĂ»t et la colĂšre) dâune petite fille, et prĂ©sente sous forme dâĂźle des Ă©lĂ©ments essentiels qui fondent sa personnalitĂ© (la bĂȘtise, la famille, lâhonnĂȘtetĂ©, la passion et lâamitiĂ©). Toute une histoire prend forme autour de la gestion des Ă©motions et lâimportance dâinvestir chaque Ăźle. GaĂ«tan Bienfait (chargĂ© de projets au CPAS jusque juin 2020) avait alors proposĂ© un Ă©clairage thĂ©orique Ă partir du film.
A lâissue du cinĂ©-dĂ©bat, lâidĂ©e a Ă©mergĂ© de mettre sur pied des ateliers pour co-construire un outil autour des Ă©motions et de lâestime de soi Ă partir dâĂ©lĂ©ments du film, et avec des participant.es au cinĂ©-dĂ©bat. Un groupe de travail avec des partenaires locaux a Ă©tĂ© constituĂ©, pilotĂ© par les deux chargĂ©.es de projet du CPAS et du CLPS.
ES : Qui constituait ce groupe et comment sâest-il mis au travail ?
Au dĂ©part, il y avait des Ă©ducateur.trice.s, des psychologues, des formateur.trice.s dâadultes, une coordinatrice ATL, une infirmiĂšre PMS, une psychomotricienne relationnelle⊠Le groupe Ă©tait assez hĂ©tĂ©roclite et diversifiĂ© au niveau des apports.
Ce sont les deux chargé.es de projet du CPAS et CLPS qui ont piloté le groupe. Cette coordination en binÎme a été trÚs riche pour faire avancer le projet et construire une dynamique de groupe. Pour avancer dans notre processus, nous nous sommes basés sur une méthodologie de travail en vigueur dans les CLPS et nous avons travaillé par étapes.
Les premiĂšres rĂ©unions ont permis au groupe de se connaĂźtre et dâĂ©changer sur les aspects pĂ©dagogiques du film Vice-Versa. Le concept de lâintelligence Ă©motionnelle sâest progressivement imposĂ© Ă nous, câĂ©tait la clĂ© de ce quâon voulait aborder.
Nous nous sommes donc mis dâaccord sur ce quâest lâintelligence Ă©motionnelle. Ensemble, nous avons construit un langage commun, une comprĂ©hension commune du concept. Pour ce faire, nous avons Ă©laborĂ© en groupe des cartes mentales, Ă partir des 5 Ă©motions de base et leurs Ă©lĂ©ments dĂ©clencheurs. Ce processus a fait Ă©merger beaucoup dâidĂ©es au sein du groupe.
En parallÚle au début de chaque atelier, nous avons expérimenté des outils qui existent sur les émotions tels que Zemos, Feelincks, les cartes Le langages des émotions, etc.
Emotika est Ă lâimage du groupe, qui a lui-mĂȘme grandi au fil de la crĂ©ation de lâoutil.
Assez rapidement, nous avons dĂ» nous dĂ©tacher du film Vice-versa car la question des droits dâauteur avec Disney © nous a limitĂ©. On a basculĂ© petit Ă petit vers un tout autre processus de crĂ©ation. Et toujours suivant une mĂ©thodologie de projet, nous avons cheminĂ© vers les autres Ă©tapes : les ressources disponibles (il nây avait pas de budget spĂ©cifique allouĂ© au projet), la dĂ©finition des objectifs (gĂ©nĂ©raux, spĂ©cifiques), lâidentification du public, lâĂ©laboration des activitĂ©s, et ainsi de suite.
Une Ă©tape dĂ©cisive aura Ă©tĂ© les premiers prĂ©-test de lâoutil au sein de groupes dâenfants en Ă©cole primaire et en institution. Ces prĂ©-tests nous ont permis de rĂ©ajuster une sĂ©rie dâĂ©lĂ©ments de lâoutil mais aussi de nous inspirer pour en crĂ©er de nouveaux.
Des vidéos pour préparer chaque séance
Des vidĂ©os explicatives sont disponibles pour chaque sĂ©ance dâanimation. Ces vidĂ©os ont pour objectif de vous faciliter la prise en main de lâoutil et de vous montrer concrĂštement lâunivers dans lequel se dĂ©roule les animations. Pour obtenir les supports et les vidĂ©os, il vous suffit dâadresser une demande Ă coordination@clpsct.org ou Ă pps@cpascharleroi.be.
E.S. Comment avez-vous identifié les besoins et choisi le public final des 9-12 ans ?
DÚs le départ, nous sommes partis des ressentis et des besoins des membres du groupe par rapport à leurs publics respectifs.
Au dĂ©part, nous avions envisagĂ© de cibler la tranche des 7-8 ans, mais les prĂ©-tests nous ont rĂ©orientĂ© vers les 9-12 ans. Cette tranche dâĂąge a Ă©tĂ© choisie en fonction des compĂ©tences psycho-Ă©motionnelles des enfants : ils doivent ĂȘtre capables dâidentifier et de rĂ©guler leurs Ă©motions. Les enfants doivent aussi avoir la capacitĂ© Ă se projeter ainsi quâun niveau de lecture suffisant.
DââĂźle en Ăźle, les compĂ©tences Ă©motionnelles
Dans le dĂ©roulement du jeu, chaque Ăźle se concentre sur un objectif spĂ©cifique, câest-Ă dire le dĂ©veloppement dâune compĂ©tence Ă©motionnelle :
- sur les Ăźles MOA et KATU SANTI (âQuâest-ce que câest ?â et âQuâest-ce que ça me fait ?â), lâobjectif est dâidentifier les diffĂ©rentes Ă©motions et leurs manifestations (expressions verbales et non-verbales des Ă©motions) ;
- lâĂźle KEPASSO (âDâoĂč ça vientâ) vise comme compĂ©tence Ă©motionnelle de comprendre, identifier et dĂ©tecter les signaux dĂ©clencheurs des Ă©motions ;
- sur lâĂźle POURKOISSA (âA quoi ça sert ?â), lâobjectif est de comprendre lâutilitĂ© des Ă©motions et ĂȘtre capable de les associer aux besoins quâelles sous-tendent ;
- enfin, sur lâĂźle EUREKA (âQuâest-ce que jâen fais ?â), il sâagit dâidentifier des attitudes adĂ©quates en rĂ©action aux Ă©motions et aux besoins ressentis.
E.S. : Les objectifs de lâoutil prĂ©sentent un vaste programme. Lâanimateur.trice peut-il sâapproprier lâoutil Ă sa guise ?
Tout Ă fait, Emotika permet Ă chaque animateur.trice de traiter un axe ou une thĂ©matique de maniĂšre plus particuliĂšre. Il peut lâadapter en fonction du vĂ©cu de son groupe. On recommande dĂšs lors que lâanimateur.trice connaisse dĂ©jĂ la situation de dĂ©part et son groupe. Par exemple, si une problĂ©matique de harcĂšlement apparait dans une Ă©cole, lâoutil peut ĂȘtre utilisĂ© pour travailler le bien vivre ensemble et le dĂ©veloppement de lâempathie.
Emotika travaille lâintra- mais aussi lâinter-personnel. Câest vraiment un outil de coopĂ©ration et de cohĂ©sion de groupe. Il peut ĂȘtre utilisĂ© pour mettre en mot, libĂ©rer la parole sur ce que les enfants ont vĂ©cu en une annĂ©e de pandĂ©mieâŠ
De plus, lâoutil propose beaucoup de cartes vierges, ce qui laisse la place Ă lâadaptation au vĂ©cu du groupe.
E.S. : Comment lâoutil a-t-il Ă©tĂ© finalisĂ©, avec lâirruption de la pandĂ©mie ?
Les prĂ©-tests ont dĂ©marrĂ© fin 2019-dĂ©but 2020. A cette pĂ©riode, les deux chargĂ©.es de projet ont assistĂ© Ă la plupart dâentre eux. Ils ont repris dans le primaire en septembre 2020, avec chaque fois 6 sĂ©ances prises en charge par lâAMO1 OxyJeunes.
Cette phase nous a permis de rĂ©ajuster lâoutil. Une graphiste est Ă©galement arrivĂ©e dans le processus, qui nous a aidĂ©.es Ă mettre en forme Emotika. DĂ©but 2021, nous avons travaillĂ© sur la mise en cohĂ©rence de lâensemble : tellement de gens ont travaillĂ© sur lâoutil quâil a fallu revoir lâensemble pour harmoniser les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments, ou rĂ©Ă©crire certaines situations, redĂ©finir certaines Ă©motions⊠On a aussi Ă©laguĂ©, gardĂ© ce qui Ă©tait le plus important, le plus clair pour les enfants. Puis on a fait relire par des personnes extĂ©rieures au groupe de travail, dans les secteurs santĂ© ou social ou tout Ă fait externe.
LâarrivĂ©e inopinĂ©e de la Covid a marquĂ© un coup de frein dans notre processus et a fait retomber lĂ©gĂšrement la motivation et l’engouement du groupe. Nous avons toutefois continuĂ© de nous concerter Ă distance. Heureusement, les classes du primaire ont repris en prĂ©sentiel en septembre 2020 pour les prĂ©-tests et cela nous a permis de poursuivre le travail de rĂ©ajustement de lâoutil.
E.S. : Quelle suite envisagez-vous ? Avez-vous prévu une évaluation avec les utilisateur.trices ?
Un groupe Facebook (fermĂ©, accessible uniquement aux utilisateurs et modĂ©rĂ© par le groupe de travail) a Ă©tĂ© crĂ©Ă© afin quâils puissent Ă©changer sur leur vĂ©cu de lâoutil, faire un retour sur leur expĂ©rience, partager des connaissances et des idĂ©es. Câest un vrai plus pour nous. Cela permet aussi de mettre Ă jour certains fichiers ressources. Lorsquâune personne demande lâoutil, elle reçoit les outils pĂ©dagogiques en ligne ainsi quâune invitation Ă participer au groupe Facebook.
Cet espace nous permet de faire une Ă©valuation continue. Pour une Ă©valuation plus formelle, il faudra attendre une âvraieâ annĂ©e scolaire. On pourrait imaginer que lâoutil fasse lâobjet dâune deuxiĂšme Ă©dition qui tienne compte de lâexpĂ©rience et du recul. Câest le propre de cet outil dâĂȘtre pleinement Ă©volutif.
E.S. : Quelles furent les surprises du projet, les inattendus ?
Câest surtout le renforcement du rĂ©seau tout au long de ces deux annĂ©es de fonctionnement qui nous a marquĂ©. DiffĂ©rent.es professionnel.les du secteur psycho-socio-Ă©ducatif issu.es de lâarrondissement de Charleroi et de Thuin se sont mobilisĂ©.es pour fournir un important travail de rĂ©flexion et de collaboration. Nous nâavions pas envisagĂ© au tout dĂ©but lâampleur de cette mobilisation et sommes ravies de voir les synergies qui sont nĂ©es de ce processus. Le moteur du projet a Ă©tĂ© la confiance de lâensemble des partenaires entre eux et dans les chargĂ©.es de projet. Cette vie de rĂ©seau se prolonge aussi dans les Ă©changes des utilisateur.trices, via le groupe fermĂ© Facebook notamment.
Et ce qui rend Emotika unique en son genre, câest la prise en compte de lâensemble du processus Ă©motionnel. Câest le seul outil, Ă notre connaissance, qui aborde les Ă©motions depuis leurs manifestations, leur expression, leur origine, les besoins sous-jacents jusqu’Ă la maniĂšre dây rĂ©pondre et dây rĂ©agir (mise en action, ressources intra/interpersonnelles).
[1] Service dâaction en milieu ouvert
Eric Muraille est MaĂźtre de recherches F.R.S.-FNRS., rattachĂ© au Laboratoire de Parasitologie de lâUniversitĂ© Libre de Bruxelles, et ULB Center for Research in Immunology (U-CRI).
La pandémie de SARS-CoV-2, un révélateur de la fragilité de nos sociétés
Apparue en novembre 2019 dans la rĂ©gion de Wuhan en Chine, lâĂ©pidĂ©mie du nouveau coronavirus du syndrome respiratoire aigu sĂ©vĂšre (SARS-CoV-2) causant la maladie Ă coronavirus 2019 (Covid-19) sâest rapidement muĂ©e en pandĂ©mie. Au 21 mars 2020, en 4 mois, elle avait dĂ©jĂ gagnĂ© plus de 160 pays et causĂ© plus de 20 000 morts. En aoĂ»t 2021, bien que des mesures exceptionnelles de distanciation sociale aient Ă©tĂ© appliquĂ©es sur lâensemble de la planĂšte et que plusieurs vaccins sĂ»rs et efficaces aient Ă©tĂ© validĂ©s et distribuĂ©s, nous peinons toujours Ă maĂźtriser cette pandĂ©mie qui a dĂ©jĂ causĂ© officiellement plus de 4.5 millions de morts. Un chiffre considĂ©rĂ© comme trĂšs sous-estimĂ© par de nombreuses organisations1 et qui serait dans les faits plus proche du double.
Depuis la tristement cĂ©lĂšbre pandĂ©mie de grippe espagnole de 1918, responsable de plus de 50 millions de morts, la vaccination de masse, la dĂ©couverte des antibiotiques et antiviraux, une meilleure comprĂ©hension des infections, lâamĂ©lioration des services de santĂ© ainsi que la crĂ©ation dâorganisations internationales comme lâOrganisation mondiale de la santĂ© (WHO) ont fortement accru notre capacitĂ© Ă gĂ©rer les Ă©pidĂ©mies. Mais, par dâautres aspects, nos sociĂ©tĂ©s sont Ă©galement devenues structurellement beaucoup plus fragiles face aux Ă©pidĂ©mies.
Par exemple, le vieillissement des populations ainsi que la forte occurrence de bronchopneumopathie chronique obstructive (COPD) contribuent Ă aggraver le bilan des infections pulmonaires. La proportion dâindividus de plus de 65 ans dans nos sociĂ©tĂ©s a fortement augmentĂ© ces derniĂšres dĂ©cennies et cette fraction de la population est plus susceptible aux infections virales2 . Plus de 250 millions dâindividus dans le monde souffrent de COPD due au tabagisme et Ă la pollution. La COPD augmente fortement la susceptibilitĂ© aux infections pulmonaires3 en rĂ©duisant lâefficacitĂ© de la rĂ©ponse immune. Lors dâinfection par le SARS-CoV-2, les patients prĂ©sentant une COPD affichent un taux de mortalitĂ© deux fois supĂ©rieur Ă la norme4 .
Le sous-financement et la gestion managĂ©riale de la recherche fondamentale5 ainsi que des services de santĂ©6 , dĂ©noncĂ©s depuis de nombreuses annĂ©es, rĂ©duisent notre capacitĂ© dâanticiper et de rĂ©pondre aux Ă©pidĂ©mies. Les chercheurs sont prĂ©carisĂ©s et les rĂ©seaux coopĂ©ratifs entre Ă©quipes de recherche fragilisĂ©s. Cette situation ne favorise pas le maintien des compĂ©tences et lâexploration de nouveaux domaines de recherche pouvant contribuer Ă mieux connaĂźtre les agents infectieux Ă©mergents et Ă identifier les nouvelles menaces. La pratique du flux tendu dans les hĂŽpitaux est devenue la norme7 , ce qui rĂ©duit leur capacitĂ© Ă faire face Ă des crises sanitaires majeures. En dĂ©but de pandĂ©mie de Covid-19, lâItalie a notamment dĂ» pratiquer un tri des malades8 , ce qui pose de sĂ©rieuses questions Ă©thiques.
Il est bien Ă©tabli que notre systĂšme Ă©conomique favorise lâĂ©mergence mais aussi la dissĂ©mination des agents infectieux. Les activitĂ©s agricoles, par exemple, sont associĂ©es Ă 25% de toutes les Ă©mergences dâagents infectieux9 . En 2018, on comptait plus de 4.3 milliards de passagers aĂ©riens et plus de 37 millions de vols10 . Cette interconnexion rend quasi inĂ©luctable la dissĂ©mination mondiale extrĂȘmement rapide des agents pathogĂšnes Ă partir dâun certain niveau de contagiositĂ©.
Lâinterconnexion des Ă©conomies nationales rend nos systĂšmes Ă©conomiques extrĂȘmement fragiles face aux Ă©pidĂ©mies. Les consĂ©quences Ă©conomiques de celles-ci, bien que difficiles Ă quantifier, sont considĂ©rables. On estime que les pertes Ă©conomiques mondiales liĂ©es Ă lâĂ©pidĂ©mie de SARS-CoV en 2003 seraient proches de 40 milliards de dollars11 . Dans lâhypothĂšse oĂč la pandĂ©mie de SARS-CoV-2 serait maĂźtrisĂ©e fin 2021, les experts estiment quâelle aura alors coĂ»tĂ© aux Ătats-Unis entre 3 00012 et 16 000 milliards de dollars13 . Ces coĂ»ts gigantesques grĂšvent le budget des Ătats et rĂ©duisent le financement des services publics, ce qui affecte nos sociĂ©tĂ©s dans leur ensemble.
Enfin, de nombreux experts ont pointĂ© la gestion chaotique et souvent inefficace de la pandĂ©mie de SARS-CoV-2 par les gouvernements occidentaux. En l’absence de vaccins et de traitements spĂ©cifiques, les seules mesures possibles au cours des 9 premiers mois de l’Ă©pidĂ©mie Ă©taient de limiter la propagation du virus Ă l’aide de tests, de traçage ainsi que l’imposition du port du masque et de la distanciation sociale. Avec le recul, cette riposte, qui nĂ©cessitait surtout une bonne organisation et une bonne communication avec les citoyens, s’est souvent avĂ©rĂ©e trop tardive pour empĂȘcher la propagation du virus et surtout trĂšs dĂ©sordonnĂ©e. Chaque gouvernement a mis en Ćuvre sa propre stratĂ©gie, conduisant Ă une absence de coordination internationale qui a parfois gĂ©nĂ©rĂ© des situations absurdes.
Par exemple, certains pays europĂ©ens ont optĂ© au dĂ©but de la pandĂ©mie pour une stratĂ©gie de confinement14 tandis que dâautres ont adoptĂ© une stratĂ©gie de « laisser faire » avec l’espoir d’obtenir rapidement une immunitĂ© collective naturelle15 . Ce manque de coordination a mĂȘme Ă©tĂ© observĂ© entre rĂ©gions ou Ătats d’un mĂȘme pays. Par exemple, aux Ătats-Unis, chaque Ătat a menĂ© sa propre politique de lutte, indĂ©pendamment de ce que faisaient ses voisins, ce qui s’est avĂ©rĂ© particuliĂšrement contre-productif16 . La crise du Covid-19 a Ă©galement Ă©tĂ© caractĂ©risĂ©e par une attitude antiscience de plusieurs dirigeants politiques, comme les prĂ©sidents Trump et Bolsonaro, qui ont publiquement niĂ© la dangerositĂ© de l’Ă©pidĂ©mie, l’efficacitĂ© des mesures de distanciation sociale ou prĂŽnĂ© des thĂ©rapies non validĂ©es. Cela a gĂ©nĂ©rĂ© de fortes divisions politiques et rĂ©duit l’acceptation par les citoyens des mesures de santĂ© publique.
Pourtant, en appliquant une stricte politique de confinement, de dĂ©pistage, de tracing des contacts des individus infectĂ©s et de mise en quarantaine de ceux-ci, la Chine, la Nouvelle ZĂ©lande, la CorĂ©e du Sud et Taiwan ont pu drastiquement limiter le nombre de dĂ©cĂšs sur leur territoire. Mais la majoritĂ© des autres pays ont Ă©tĂ© incapables dâappliquer ces mesures assez rapidement ou avec efficacitĂ©. Ces Ă©checs ont conduit les Ă©diteurs de revues scientifiques rĂ©putĂ©es, telles que The Lancet17 et The New England Journal of Medicine18 , Ă condamner fermement la gestion politique de la pandĂ©mie de Covid-19 en Europe et aux USA. Le WHO a Ă©galement frĂ©quemment fustigĂ© la trop faible rĂ©activitĂ© de nombreux gouvernements dans la lutte contre la pandĂ©mie19 .
Ces Ă©checs dĂ©montrent la nĂ©cessitĂ© de changer drastiquement de stratĂ©gie de santĂ© publique face aux menaces globales. Une stratĂ©gie rĂ©active est trĂšs coĂ»teuse, difficile Ă mettre en Ćuvre dans lâurgence et Ă faire accepter par la population. Il est donc indispensable de tenter dâanticiper ces menaces et surtout de les prĂ©venir en agissant sur les conditions favorisant leur Ă©mergence. Câest ce que prĂŽne la nouvelle approche de la santĂ© publique connue comme One Health (une seule santĂ©).
One Health, une vision unifiée de la santé
One Health constitue aujourdâhui le cadre conceptuel de rĂ©fĂ©rence de la plupart des organisations nationales et internationales de santĂ© publique, comme lâOrganisation mondiale de la santĂ© (WHO), lâOrganisation des Nations unies pour lâalimentation et lâagriculture (FAO), lâOrganisation mondiale de la SantĂ© animale (OIE) ainsi que les centres pour le contrĂŽle et la prĂ©vention des maladies (CDC) amĂ©ricains.
One Health peut se rĂ©sumer Ă la reconnaissance de lâinterconnexion du vivant.
Câest-Ă -dire de lâinterconnexion entre santĂ© humaine, santĂ© animale et Ă©tat des Ă©cosystĂšmes, et ce sur base des Ă©vidences scientifiques accumulĂ©es en plus dâun demi-siĂšcle. Historiquement, on peut reconstituer sa genĂšse en trois grandes Ă©tapes.
1. Le terme One medicine (une médecine)
Il fut introduit en 1984 par Calvin Schwabe, un vĂ©tĂ©rinaire et Ă©pidĂ©miologiste amĂ©ricain, dans son ouvrage MĂ©decine VĂ©tĂ©rinaire et SantĂ© Humaine20 . Schwabe proposa le terme One medicine pour souligner que : « Il nây a aucune diffĂ©rence de paradigme entre mĂ©decine humaine et mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire. Les deux sciences partagent un corpus commun de connaissances en anatomie, physiologie, pathologie, sur les origines des maladies chez toutes les espĂšces ».
Lâinterconnexion entre santĂ© animale et humaine est aujourdâhui bien documentĂ©e en matiĂšre dâĂ©pidĂ©mie. Sur les 1 407 agents pathogĂšnes affectant lâhumain, 58 % sont dâorigine animale21 , dont un quart capable dâune transmission interhumaine potentiellement source dâĂ©pidĂ©mie ou de pandĂ©mie, Ă lâinstar des virus Influenza et Ebola. De plus, 75 % des maladies infectieuses Ă©mergentes sont dâorigine animale22 . Schwabe fait Ă©galement le constat que la collaboration entre vĂ©tĂ©rinaires et mĂ©decins gĂ©nĂšre des bienfaits qui sont bien plus que simplement additifs. Par exemple, en identifiant chez lâanimal une Ă©pidĂ©mie pouvant affecter lâhumain, il est souvent possible de la contrĂŽler plus rapidement et Ă moindre coĂ»t, ce qui se traduit par une rĂ©duction des risques et dâimportantes Ă©conomies financiĂšres.
Prenons le cas de la brucellose. Cette maladie est due aux bactĂ©ries Brucella, dont plusieurs espĂšces infectent de maniĂšre chronique les ruminants domestiques et causent des avortements. Lâhumain peut ĂȘtre infectĂ© par contact direct avec les animaux touchĂ©s ou, le plus souvent, suite Ă la consommation dâaliments contaminĂ©s, mais la transmission entre humains est quasi inexistante. Agir sur le rĂ©servoir animal permet ainsi de rĂ©duire les coĂ»ts Ă©conomiques liĂ©s Ă la perte du bĂ©tail et dâamĂ©liorer la santĂ© humaine.
2. Les â12 principes de Manhattanâ23
Ils ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s en 2004, lors dâune confĂ©rence organisĂ©e Ă New York par la SociĂ©tĂ© pour la conservation de la vie sauvage (Wildlife Conservation Society).
Le premier de ces principes insiste sur la nécessaire reconnaissance des liens entre santé humaine, santé animale et environnement. Illustrons ces liens par quelques exemples.
Le lien entre lâintrusion de lâhumain dans un Ă©cosystĂšme et lâapparition dâune Ă©pidĂ©mie est bien illustrĂ© par le cas du virus de lâimmunodĂ©ficience humaine (VIH), qui a fait plus de 32 millions de morts entre 1981 et 2018. Son Ă©mergence est vraisemblablement due Ă une augmentation de la chasse et de la consommation de viande de chimpanzĂ© dans la rĂ©gion de Kinshasa (RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo) dans les annĂ©es 1920-50 : les contacts alors accrus entre humains et primates infectĂ©s par le virus de lâimmunodĂ©ficience simienne ont favorisĂ© lâadaptation de cet agent pathogĂšne Ă lâhumain24 .
On peut Ă©galement citer pour exemple la maladie de Lyme. Cette pathologie, qui tĂ©moigne des liens entre altĂ©ration de la biodiversitĂ© et Ă©pidĂ©mies25 , est due Ă une bactĂ©rie, Borrelia burgdorferi, transmise par la morsure de tiques. Dans la nature, les tiques se nourrissent sur un grand nombre de vertĂ©brĂ©s. Certains, comme les Ă©cureuils et les cervidĂ©s, sont assez rĂ©sistants Ă lâinfection. Dâautres, telles les souris, y sont en revanche trĂšs susceptibles. Suite Ă un effet de dilution, on trouve ainsi peu de tiques infectĂ©es dans les forĂȘts prĂ©sentant une grande biodiversitĂ©. Mais lĂ oĂč elle est faible, dans de petites parcelles boisĂ©es oĂč les prĂ©dateurs sont donc peu nombreux, les souris peuvent voir leur nombre augmenter, ce qui accroĂźt la frĂ©quence dâinfection des tiques et le risque pour lâhumain : dans le nord-est des Ătats-Unis et en Europe, un cycle historique de dĂ©forestation, de reboisement et de fragmentation des zones boisĂ©es a ainsi favorisĂ© la progression de la maladie.
Dernier exemple emblĂ©matique : le rĂ©chauffement climatique. Il est dĂ©sormais bien Ă©tabli quâil change la donne pour un large Ă©ventail de maladies Ă transmission vectorielle en Europe, et continuera de le faire dans les dĂ©cennies Ă venir26 . On sait par exemple que le moustique tigre dâorigine asiatique (Aedes albopictus), vecteur de maladies telles que Zika, la dengue et le chikungunya, ou encore la mouche des sables (phlĂ©botome), originaire du Bassin mĂ©diterranĂ©en et de lâAfrique du Nord et qui transmet la leishmaniose, se sont dĂ©sormais Ă©tablis dans le sud de lâEurope.
Les â12 principes de Manhattanâ pointent Ă©galement la nĂ©cessitĂ© dâapproches holistiques et prospectives des maladies infectieuses Ă©mergentes en mĂȘlant des spĂ©cialistes de toutes les disciplines et en tenant compte des interconnexions complexes entre espĂšces. La prĂ©vention des Ă©pidĂ©mies passe notamment par une rĂ©duction du commerce dâanimaux sauvages en raison de « la menace rĂ©elle quâil reprĂ©sente pour la sĂ©curitĂ© socioĂ©conomique mondiale » ; une augmentation des investissements dans les infrastructures de santĂ© et les rĂ©seaux de surveillance des maladies infectieuses ; un partage rapide et clair des informations ; une Ă©ducation et une sensibilisation des populations et des dĂ©cideurs politiques Ă lâinterconnexion du vivant.
La conclusion livrĂ©e dans le rĂ©sumĂ© du congrĂšs est sans appel : « RĂ©soudre les menaces dâaujourdâhui et les problĂšmes de demain ne peut ĂȘtre accompli avec les approches dâhier ». « Nous devons concevoir des solutions adaptatives, prospectives et multidisciplinaires aux dĂ©fis qui nous attendent sans aucun doute ».
3. Le concept One World, One Health (un seul monde, une seule santé)
Ce concept fut prĂ©sentĂ© en 2008 lors dâun symposium Ă Sharm el-Sheikh sur les risques infectieux liĂ©s aux contacts des Ă©cosystĂšmes humain et animal27 . Il prĂ©sente un cadre stratĂ©gique global pour rĂ©duire les risques dâĂ©mergence de nouvelles maladies infectieuses Ă l’interface animal-humain-Ă©cosystĂšmes.
Pour atteindre cet objectif, plusieurs changements stratĂ©giques importants sont prĂ©sentĂ©s comme indispensables. Il est nĂ©cessaire dâinitier des actions plus prĂ©ventives en s’attaquant aux causes profondes et aux moteurs de maladies infectieuses, en particulier Ă l’interface animal-homme-Ă©cosystĂšmes. De passer d’intervention Ă court terme Ă des interventions Ă long terme. De renforcer des capacitĂ©s nationales et internationales d’intervention d’urgence afin de prĂ©venir et contrĂŽler les Ă©pidĂ©mies avant qu’elles ne deviennent rĂ©gionales et surtout internationales. De promouvoir une large collaboration institutionnelle entre les secteurs et disciplines.
Peu de temps aprĂšs ce symposium, suite Ă la pandĂ©mie de grippe A due au virus H1N1 de 2008-2009, lâOMS adopta un nouveau programme mondial de lutte contre la grippe basĂ© sur la stratĂ©gie One Health et impliquant une surveillance accrue des rĂ©servoirs animaux. Et dans le mĂȘme temps, une premiĂšre agence One Health fut crĂ©Ă©e aux Ătats-Unis en collaboration avec les CDCs28. Elle Ćuvre aujourdâhui Ă promouvoir un agenda mondial de la sĂ©curitĂ© sanitaire29 , en coopĂ©ration avec de nombreuses autres organisations nationales et internationales, et implique plus de 70 pays.
One Health, EcoHealth et Planetary Health
Depuis lâĂ©mergence de One Health, dâautres concepts sâen rapprochant30 , comme EcoHealth et Planetary Health, ont vu le jour et ont Ă©tĂ© adoptĂ©s par la communautĂ© scientifique.
Pour des raisons historiques, One Health reste trĂšs focalisĂ©e sur la prĂ©vention des Ă©pidĂ©mies pouvant toucher lâhumain et donc se soucie principalement de la santĂ© des vertĂ©brĂ©s, mĂȘme si son approche inclus Ă©galement les Ă©cosystĂšmes. EcoHealth et Planetary Health partagent le mĂȘme socle conceptuel que One Health mais ont fortement Ă©largi la dimension environnementale, le type de menaces Ă considĂ©rer dans le cadre dâune politique efficace de santĂ© publique et ont introduit des considĂ©rations dâĂ©quitĂ©s dans les politiques de santĂ© publique.
L’approche EcoHealth, supportĂ©e par le journal EcoHealth, sâaxe sur la protection de la biodiversitĂ© dans son ensemble et la prĂ©vention de toutes les menaces dans le domaine de la santĂ©. Elle sâintĂ©resse donc Ă©galement aux menaces dâorigine non infectieuses comme la pollution atmosphĂ©rique ou les polluants contaminant lâenvironnement. Elle insiste sur la valeur intrinsĂšque de la biodiversitĂ© et la nĂ©cessitĂ© de trouver des solutions Ă©quitables, et donc plus acceptables par les populations, face aux menaces pesant sur la santĂ© humaine.
Planetary Health est lâapproche la plus rĂ©cente. Elle est portĂ©e par la fondation Rockefeller et le journal The Lancet. Elle se prĂ©sente comme une approche globale pour faire face Ă lâensemble des menaces croissantes dans le domaine de la santĂ© humaine Ă l’Ă©chelle mondiale. Elle insiste notamment sur la nĂ©cessitĂ© dâune Ă©conomie soutenable et respectueuse de la santĂ© animale et humaine ainsi que des Ă©cosystĂšmes.
Si ces trois approches traduisent des sensibilitĂ©s et des composantes disciplinaires diffĂ©rentes, elles convergent cependant toutes sur la nĂ©cessitĂ© dâune politique de santĂ© publique basĂ©e sur la prĂ©vention des menaces en agissant sur les facteurs socio-Ă©conomiques favorisant leur Ă©mergence. Elles sâaccordent Ă©galement sur le constat quâune partie croissante des causes de dĂ©cĂšs sont la consĂ©quence directe de notre systĂšme socioĂ©conomique. Par exemple, la pollution de lâair cause 9 millions de dĂ©cĂšs par annĂ©e, soit 16% des dĂ©cĂšs totaux (chiffre OMS 2019). Si lâon additionne les dĂ©cĂšs liĂ©s Ă la pollution, au tabac (8 millions, 13.6%), Ă lâalcool (3.3 millions, 5.6%) et Ă lâobĂ©sitĂ© liĂ©e Ă la consommation dâaliments ultra-transformĂ©s (2.8 millions, 4.7%), on constate que 39.9% des causes de dĂ©cĂšs sont directement liĂ©es Ă la qualitĂ© de lâair et Ă lâalimentation. Bien loin devant les dĂ©cĂšs liĂ©s aux maladies infectieuses.
La conclusion dâun rapport publiĂ© en 2015 par la fondation Rockefeller et la Commission Lancet est sans ambiguĂŻtĂ© : « Nous hypothĂ©quons la santĂ© des gĂ©nĂ©rations futures pour rĂ©aliser des gains Ă©conomiques et de dĂ©veloppement dans le prĂ©sent. En exploitant de maniĂšre non durable les ressources de la nature, la civilisation humaine sâest Ă©panouie, mais elle risque Ă lâavenir dâavoir Ă faire face Ă des effets importants sur la santĂ© dus Ă la dĂ©gradation des systĂšmes de survie de la nature. »31 .
One Health, de la théorie à la pratique
Si le concept One Health sâest imposĂ© depuis les annĂ©es 2010 dans les agences de santĂ© publique, son application concrĂšte par les dĂ©cideurs politiques reste encore trĂšs timide.
A lâexception de programmes de surveillance ciblĂ© sur des menaces connues, comme celle des virus influenza, on consacre encore trop peu de moyens Ă dĂ©tecter lâĂ©mergence de nouvelles menaces. Lâexemple du SARS-CoV-2 est dĂ©sormais emblĂ©matique. Suite Ă lâĂ©pidĂ©mie de SARS-CoV-1 de 2003 et de Middle East respiratory syndrome coronavirus (MERS-CoV) de 2012, de trĂšs nombreuses Ă©tudes ont Ă©tĂ© consacrĂ©es aux coronavirus. DĂšs 2013, des recherches indiquaient clairement que des coronavirus proches du SARS-CoV-1 et disposant dâun fort potentiel infectieux pour lâhumain Ă©taient prĂ©sents en nature chez les chauves-souris32 33 . Ces Ă©tudes soulignaient la « menace permanente (âŠ) et la nĂ©cessitĂ© d’une Ă©tude et d’une surveillance continues »34 de ces virus. LâĂ©pidĂ©mie de SARS-CoV-2 de 2019 a pourtant Ă©tĂ© accueillie avec surprise, voire avec un certain dĂ©ni, par de nombreux gouvernements.
La prĂ©vention de lâapparition de nouveaux agents pathogĂšnes se heurte Ă la difficultĂ© dâagir sur les conditions socioĂ©conomiques favorisant leur Ă©mergence et surtout Ă lâabsence dâune gouvernance mondiale en matiĂšre sanitaire. Des mesures internationales coordonnĂ©es sont indispensables pour lutter efficacement contre les Ă©pidĂ©mies. Rappelons que le WHO est une simple agence spĂ©cialisĂ©e de lâOrganisation des Nations unies. FinancĂ©e par les Ătats et des fondations privĂ©es, elle ne dispose dâaucune capacitĂ© dâinvestigation autonome et est tributaire du bon vouloir des gouvernements qui font malheureusement souvent passer lâĂ©conomie avant la santĂ© publique. Son rĂŽle se borne donc Ă fournir une expertise et des recommandations aux Ătats. Elle ne peut ĂȘtre tenue pour responsable de lâinaction de ceux-ci.
Une rĂ©ponse internationale coordonnĂ©e n’est possible que si la menace est perçue de la mĂȘme maniĂšre par tous et si les gouvernements fixent des prioritĂ©s similaires. Son efficacitĂ© dĂ©pend Ă©galement de lâacceptation des mesures par la population, ce qui implique souvent des sacrifices en faveur de lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Certaines caractĂ©ristiques fondamentales de lâidĂ©ologie libĂ©rale qui domine les sociĂ©tĂ©s occidentales rendent problĂ©matique cette rĂ©ponse globale et collective : la neutralitĂ© de l’Ătat et le primat de l’individu sur le collectif. DâaprĂšs John Rawls35 et Charles Larmore36 , le libĂ©ralisme prĂ©conise que les institutions et les politiques publiques soient neutres. Câest-Ă -dire quâelles ne sont pas censĂ©es favoriser une conception spĂ©cifique du bien commun. Ce qui est le mieux pour tous est gĂ©nĂ©ralement dĂ©terminĂ© dĂ©mocratiquement, par une « compĂ©tition d’opinions ». Le libĂ©ralisme impose Ă©galement un strict respect des libertĂ©s individuelles et des intĂ©rĂȘts privĂ©s et tend Ă rejeter toute forme de collectivisme ou de dictat imposĂ© par le bien commun. Une politique de santĂ© publique inspirĂ©e par One Health implique donc certains amĂ©nagements de lâidĂ©ologie libĂ©rale et des choix Ă©thiques. A minima, la santĂ© doit ĂȘtre rĂ©habilitĂ©e comme un bien commun et devenir une prioritĂ© de lâaction des gouvernements car elle est indispensable Ă toutes les activitĂ©s Ă©conomiques ou culturelles au sein dâune sociĂ©tĂ© moderne.
Enfin, lâapproche One Health repose sur un socle de connaissances scientifiques empiriques et rationnelles. Or, la valeur des connaissances scientifiques elles-mĂȘmes et leur lĂ©gitimitĂ© Ă Ă©clairer la gouvernance est de plus en plus frĂ©quemment combattue, et ce mĂȘme au sein des universitĂ©s. Le mouvement postmoderne37 incarne une dĂ©fiance envers la science et la rationalitĂ©, perçues comme normatrices et outils de domination. De nombreux universitaires, particuliĂšrement en sciences humaines, ont intĂ©grĂ© la vision constructiviste de la connaissance faisant des thĂ©ories scientifiques des constructions sociales et non de vĂ©ritables descriptions de la rĂ©alitĂ©38 . Dans cette perspective, les vĂ©ritĂ©s scientifiques ne doivent plus ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des vĂ©ritĂ©s universelles mais comme des « vĂ©ritĂ©s locales », câest-Ă -dire des vĂ©ritĂ©s nâayant de valeur quâau sein de certains groupes sociaux.
Ainsi, bien que lâapproche One Health ait Ă de nombreuses reprises prouvĂ© son efficacitĂ©, sa mise en application se heurte Ă un grand nombre de problĂšmes pratiques (lâabsence de gouvernance mondiale), idĂ©ologiques (lâabsence de dĂ©finition claire de lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, la dominance de lâindividu sur le collectif) et mĂȘme Ă©pistĂ©mologique (le rejet de la lĂ©gitimitĂ© de la science comme source de vĂ©ritĂ©). Son application nĂ©cessite donc une vĂ©ritable rĂ©volution sociĂ©tale. Une rĂ©volution quâil est urgent de mener car face aux menaces globales comme la pollution et le changement climatique, le coĂ»t de lâinaction peut sâavĂ©rer exorbitant et mener Ă terme Ă lâeffondrement de nos sociĂ©tĂ©s.
[1]Https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/05/22/le-covid-19-a-fait-plus-de-six-millions-de-morts-dans-le-monde_6081100_3244.html (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[2]https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S128645791000211X?via%3Dihub (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[3]https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(11)60968-9/fulltext (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[4]https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0233147 (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[5]https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/01/20/nous-chercheurs-voulons-defendre-l-autonomie-de-la-recherche-et-des-formations_6026543_3232.html (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[6]https://www.fhf.fr/Presse-Communication/Espace-presse/Communiques-de-presse/La-ligne-rouge-est-depassee-les-hopitaux-devraient-connaitre-un-deficit-historique-de-1-5-milliards-d-euros.-Reformes-structurelles-et-financieres-sont-desormais-vitales (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[7]https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/11/coronavirus-l-hopital-ne-peut-pas-fonctionner-comme-une-clinique-privee-qui-choisit-ses-patients-pour-optimiser-sa-plomberie_6032559_3232.html (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[8]https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/16/coronavirus-la-question-du-tri-des-malades-est-un-enjeu-ethique-et-democratique-majeur_6033323_3232.html (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[9]https://www.nature.com/articles/s41893-019-0293-3 (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[10]https://www.icao.int/annual-report-2018/Pages/FR/the-world-of-air-transport-in-2018.aspx (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[11]https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK92473/ (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[12]https://www.insurancejournal.com/news/national/2020/12/14/593838.htm (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[13]https://jamanetwork.com/journals/jama/fullarticle/2771764 (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[14]https://www.lesoir.be/287310/article/2020-03-15/coronavirus-larmee-requisitionnee-pour-lutter-contre-lepidemie-en-espagne (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[15]https://www.lesoir.be/287724/article/2020-03-17/laisser-faire-le-coronavirus-les-pays-bas-et-le-royaume-uni-misent-sur-une (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[16]R. L. Haffajee, M.M. Mello. Thinking Globally, Acting Locally â The U.S. Response to Covid-19. N Engl J Med. 382, e75 (2020).
[17]R. Horton, Ed., The COVID-19 Catastrophe: What’s Gone Wrong and How to Stop It Happening Again (Policy Press, Cambridge, UK and Medford, MA, 2020)
[18]Editors. Dying in a Leadership Vacuum. N Engl J Med. 383(15), 1479-1480 (2020).
[19]https://www.rtbf.be/info/monde/detail_pour-l-oms-beaucoup-de-pays-n-en-font-pas-assez-pour-combattre-le-coronavirus%C2%A0?id=10449010 (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[20]Schwabe C.W. Williams & Wilkins; Baltimore: 1984. Veterinary Medicine and Human Health.
[21]https://wwwnc.cdc.gov/eid/article/11/12/05-0997_article (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[22]https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rstb.2001.0888 (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[23]http://www.oneworldonehealth.org/sept2004/owoh_sept04.html (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[24]https://science.sciencemag.org/content/346/6205/56 (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[25]https://www.nature.com/articles/nature09575 (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[26]https://academic.oup.com/femsle/article/365/2/fnx244/4631076 (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[27]https://www.oie.int/doc/ged/D5720.PDF (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[28]https://www.cdc.gov/onehealth/index.html (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[29]https://ghsagenda.org/ (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[30]https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fvets.2017.00163/full (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[31]https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(15)60901-1/fulltext (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[32]https://www.nature.com/articles/nature12711 (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[33]https://www.nature.com/articles/nm.3985 (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[34]https://www.pnas.org/content/113/11/3048 (derniĂšre consultation: 2 septembre 2021)
[35]J. Rawls, Ed., Theory of Justice (Harvard University Press, Cambridge, MA, 1973)
[36]C. Larmore. Political Liberalism. Political Theory. 18(3), 339-360 (1990)
[37]Jean-François Lyotard. La Condition postmoderne. 1979
[38]Bruno Latour et Steven Woolgar. La vie de laboratoire. La production des faits scientifiques. 1979
Dans ce contexte de crise sanitaire, nous entendons frĂ©quemment ce rapprochement fait entre la pandĂ©mie Covid-19 et des prĂ©occupations de santĂ© environnementale1 . Les acteurs de la promotion de la santĂ© sont directement concernĂ©s et mis Ă contribution pour dâune part faire face Ă la crise sanitaire et dâautre part pour aider Ă rĂ©vĂ©ler des liens subtils entre les soubresauts des Ă©cosystĂšmes et notre santĂ©. A premiĂšre vue des prĂ©occupations complĂ©mentaires mais avec entre les deux un changement dâĂ©chelle dans le temps et dans lâespace et des notions dâĂ©cologie difficiles Ă manier comme la «biodiversité». Sommes-nous prĂȘts Ă faire le saut ?
Ce texte a Ă©tĂ© publiĂ© dans La grande minute doc, n°1-2021, publiĂ© par lâIREPS Nouvelle-Aquitaine. Nous les remercions pour leur aimable autorisation de reproduction. Retrouvez le texte initial sur LaGrandeMinuteDoc-1-Irepsna.pdf.
La lutte contre le coronavirus sâappuie dâabord sur des gestes barriĂšres avec peu de consĂ©quences nĂ©fastes pour lâenvironnement. Mais lâutilisation de produits nettoyants et/ou dĂ©sinfectants, ainsi que la consommation des masques et de diverses fournitures jetables, souvent constituĂ©es de matiĂšre plastique peuvent rĂ©ellement poser problĂšme. Il ne faut pas sous-estimer ce que coĂ»tent sur le plan environnemental lâensemble de tous les process, depuis la fabrication des produits jusquâĂ la gestion des dĂ©chets. Nous pourrions chercher Ă suivre les effets des biocides que nous rĂ©pandons autour de nous, que nous inhalons ou que nous manipulons sans toujours prendre les prĂ©cautions que cela demande pourtant. De nombreux acteurs sâen prĂ©occupent dĂ©jĂ sĂ©rieusement, notamment parmi les Etablissements Recevant du Public (ERP), et câest un premier lien entre COVID-19 et santĂ© environnementale.
Dans nos mains du gel hydroalcoolique et des télécommandes
ParallĂšlement nous subissons le confinement, imposant a priori un mode de vie Ă©conome et sans danger. Mais il sâavĂšre quâil montre vite les limites de lâespace dans lequel nous sommes confinĂ©s. Sâagit-il dâun petit appartement sans balcon au dixiĂšme Ă©tage dâun immeuble en zone urbanisĂ©e ou bien dâun pied-Ă -terre spacieux entourĂ© dâune vĂ©gĂ©tation luxuriante ? Tout ce qui nous entoure a alors le don de nous faire changer dâair ou Ă lâinverse de nous faire tourner en rond entre les Ă©crans, dans un bain de rayonnements divers. En contrepartie de la rĂ©duction des dĂ©placements il nây aura sans doute jamais eu autant de flux de donnĂ©es entre les serveurs et une telle surchauffe des rĂ©seaux. Deux autres liens assez Ă©vidents donc entre COVID-19 et santĂ© environnementale, maintenant bien connus dâacteurs de terrain Ćuvrant pour le lien social : des situations de cumul de lâisolement et dâenvironnements dĂ©favorables dâune part, lâadoption pour un temps ou pour longtemps de modes de vie sĂ©dentaires et trĂšs connectĂ©s.
Dans ce contexte dâurgence face Ă lâĂ©pidĂ©mie prenant le pas sur dâautres prĂ©occupations, des voix sâĂ©lĂšvent malgrĂ© tout pour maintenir des engagements de choix des solutions les plus Ă©cologiques possibles. Avec dâautres, les acteurs de lâEducation Ă lâEnvironnement et au DĂ©veloppement Durable (EEDD) et ceux de la promotion de la santĂ© se font entendre pour que la santĂ© environnementale ne soit pas oubliĂ©e et proposent de vĂ©ritables stratĂ©gies de survie en milieu hostile, en guidant vers les Ă©co-gestes toujours valables en situation de crise sanitaire (le Do It Yourself ou faire soi-mĂȘme des produits mĂ©nagers simples et sans danger, encouragĂ© par exemple par les Centres Permanents dâInitiation Ă lâEnvironnement).
Mais si la prise de conscience et les engagements sur le terrain en restaient lĂ nous ne ferions en fait quâaborder trop partiellement le sujet. LâĂ©pidĂ©mie de COVID-19 nous a appris trĂšs tĂŽt, dĂšs le mois de mars 2020, que nous avions dâautres interactions avec la biosphĂšre, avec des consĂ©quences potentiellement considĂ©rables. Tout particuliĂšrement lorsque des populations continuent dâaller chercher un apport alimentaire non nĂ©gligeable en prĂ©levant sur une faune sauvage habitant des milieux semi-naturels trĂšs perturbĂ©s par les activitĂ©s humaines (braconnage des pangolins par exemple).
Quand la santé tire ses forces et ses faiblesses des écosystÚmes et de la biodiversité
Câest ce que nous sommes en train dâapprendre comme si câĂ©tait la premiĂšre grande leçon de ce genre : des causes humaines de la dĂ©gradation de certains Ă©quilibres naturels provoquent des causes de mise en danger pour des populations entiĂšres. Des phĂ©nomĂšnes dâune telle ampleur que cela remet en cause lâimage dâune nature gĂ©nĂ©reuse et «protectrice», soutien de notre bien-ĂȘtre.
Pour aller un peu plus loin nous pouvons dire que lorsque lâenvironnement «pose problĂšme» Ă la santĂ© humaine cela provient dâau moins trois grands cas de figure :
- Quand certaines caractĂ©ristiques du monde vivant crĂ©ent des difficultĂ©s sans cause humaine prĂ©alable : câest le cas des pollens provenant dâune zone boisĂ©e provoquant des allergies ou encore celui des moustiques se dĂ©veloppant dans une zone humide et devenant vecteurs de certaines maladies,
- Lorsque des activitĂ©s humaines volontaires bien identifiĂ©es sont Ă lâorigine de la prĂ©sence de substances toxiques dans notre environnement : les particules fines dans lâair que nous respirons par exemple, ou encore lâutilisation de pesticides pouvant migrer de la plante vers le sol, puis vers les aquifĂšres,
- Enfin, sans doute le cas le plus problĂ©matique en raison de lâampleur des phĂ©nomĂšnes, quand lâhumanitĂ© agit pour son dĂ©veloppement et que les consĂ©quences de ses actes entraĂźnent directement ou indirectement de nouvelles confrontations avec les Ă©lĂ©ments naturels : câest manifestement le cas pour le SARS-CoV-2 ainsi que pour le changement climatique qui doivent tous les deux beaucoup Ă la civilisation industrielle.
La COVID-19 provoque lâirruption de cette image schĂ©matique mais percutante de lâenchaĂźnement dâun facteur dĂ©clenchant de la responsabilitĂ© des hommes conduisant Ă lâapparition dâun Ă©lĂ©ment pathogĂšne et Ă des consĂ©quences inattendues. Câest dans le cas prĂ©sent la transmission du virus de lâanimal Ă lâhomme puis la pandĂ©mie, comme cela semble maintenant clairement Ă©tabli. Le changement climatique, causĂ© par les activitĂ©s humaines, rĂ©vĂ©lera progressivement lâĂ©tendue des dĂ©gĂąts quâil peut causer et qui sâarticuleront aussi autour des Ă©volutions de la faune et de la flore (comme avec les espĂšces invasives).
Cette situation peut donc ĂȘtre Ă lâorigine dâun changement de regard sur une santĂ© environnementale qui fait sa mue et qui rejoint ce quâavait initiĂ© le mouvement One Health2 , en français Une seule santĂ©. Un changement de perspective et dâĂ©chelle de temps aussi pour la promotion de la santĂ© amenĂ©e Ă embrasser cette si longue chaĂźne de causes Ă effets. Celle qui se dĂ©roule entre, au dĂ©part, les conditions semi-naturelles façonnĂ©es par lâhomme, ensuite les rĂ©percussions sur la biodiversitĂ©3 (faune et flore, espĂšces et Ă©cosystĂšmes), puis enfin des situations dĂ©favorables ou favorables aux ĂȘtres humains.
Susciter et animer la transition socio-écologique avec des arguments en faveur de la santé
La promotion de la santĂ© a bien cette vocation Ă faire apparaĂźtre la globalitĂ© des dĂ©terminants de santĂ© et Ă montrer les liens quâils entretiennent entre eux, grĂące Ă son approche intersectorielle. Si la promotion de la santĂ© est une clĂ© pour ouvrir cette complexitĂ©, puis est en mesure dâĂ©clairer et de diffuser largement la comprĂ©hension des liens entre environnement et santĂ©, câest aussi un dĂ©fi pour elle de se saisir des grands bouleversements planĂ©taires que sont lâĂ©rosion de la biodiversitĂ© et le changement climatique. Il sâagit en effet dâune mission Ă mener en amont des crises Ă venir. Ceci constitue un vĂ©ritable changement dâĂ©chelle de temps alors que la prĂ©occupation est encore Ă contre-courant de ce qui anime actuellement les publics. Câest aussi un changement de «relation Ă lâespace» car la question se pose globalement et est assez Ă©vidente Ă lâĂ©chelle planĂ©taire (la situation dans lâarctique, les courants ocĂ©aniques, etc.) mais reste plus discrĂšte encore dans les territoires et nâest pas encore perçue localement.
Enfin le dĂ©tour par lâĂ©cologie comme science contribuant Ă expliquer ces phĂ©nomĂšnes ne va pas de soi, mĂȘme si câest bien dans les dĂ©bats entre Ă©cologues que nous trouverons une partie des clĂ©s de comprĂ©hension de la dynamique des Ă©cosystĂšmes, de la biodiversitĂ© et des services quâelle rend, ceux quâelle ne rendra plus, de la place de lâhumanitĂ© dans ces Ă©volutions…
Avec la COVID-19 la promotion de la santĂ© va davantage se prĂ©occuper de lâĂ©tat et de la gestion des environnements proches et lointains, ainsi que de leurs consĂ©quences directes et indirectes sur la santĂ©. Les enjeux sont considĂ©rables et mĂ©ritent quâelle sây consacre, notamment en Nouvelle-Aquitaine, premiĂšre rĂ©gion agricole et forestiĂšre de France. Elle a des atouts pour favoriser lâappropriation de ces questions par les citoyen·ne·s. En Ă©vitant lâĂ©cueil de lâanxiĂ©tĂ© dĂ©mobilisatrice elle peut rendre accessible les arguments scientifiques, co-construire les rĂ©ponses appropriĂ©es avec les habitants. Elle favorisera dâautant mieux lâĂ©mergence de mobilisations collectives en sâappuyant sur un diagnostic des changements globaux et de leurs consĂ©quences prĂ©visibles Ă moyen-terme dans les territoires.
La promotion de la santĂ© est lĂ©gitime pour susciter une meilleure possession par toutes et tous, communautĂ©s et individus, des liens entre environnement et santĂ© et des moyens dâengager une transition socio-Ă©cologique4 prĂ©ventive. Pour leur montrer comment passer les obstacles et faire en sorte que cette transition pour une meilleure santĂ© grĂące Ă un environnement plus sain soit Ă notre portĂ©e, entre nos mains.
Entretien avec Linda Cambon5
Avec la Covid-19, sommes-nous à un tournant du regard que nous portons sur la biodiversité ?
L.C. – Il le faudrait. Cette Ă©niĂšme Ă©pidĂ©mie nous rappelle Ă quel point les caractĂ©ristiques de notre fonctionnement mondial nous mettent en pĂ©ril. La mondialisation des systĂšmes de production animale, la vente dâanimaux sauvages vivants, le tourisme de masse, le commerce international, lâhypermobilitĂ© sont les facteurs qui conduisent Ă la situation que nous vivons. Nous mettons la planĂšte Ă mal et en recueillons les fruits. Cela dit, je ne suis pas sĂ»re que les responsables se rendent compte des liens qui existent entre lâĂ©cosystĂšme et ce qui se produit. Par exemple, en France, au moment mĂȘme oĂč nous luttons contre cette pandĂ©mie, une loi vient dâĂȘtre prise par la ministre en charge de lâenvironnement permettant la rĂ©introduction des nĂ©onicotinoĂŻdes dans les cultures dont la betterave alors mĂȘme que cet insecticide avait Ă©tĂ© interdit en raison de sa toxicitĂ© humaine et environnementale. Nous sommes donc loin dâune approche « One health », une seule santĂ©.
Lâapproche One Health «une seule santé» veut-elle nous faire prendre conscience des liens entre qualitĂ© de lâenvironnement et santĂ© humaine ?
L.C. – Oui. Lâapproche One Health (Une seule santĂ©) rappelle que 75 % des maladies infectieuses Ă©mergentes sont dâorigine animale. Les Ă©pidĂ©mies dâorigine zoonotique sont liĂ©es aux perturbations de la dynamique des interactions entre les populations dâhumains, dâagents infectieux, de rĂ©servoirs animaux, et parfois dâinsectes vecteurs. Câest la modification des habitats des diffĂ©rentes espĂšces (dĂ©forestation, urbanisation, etc), les changements environnementaux, climatiques et socio-Ă©conomiques, et les concentrations dâespĂšce qui modifient les probabilitĂ©s dâinteractions entre chaque population et la circulation dâagents infectieux entre elles. Plus que la prise de conscience, cette approche convoque donc des stratĂ©gies globales de respect de lâĂ©cosystĂšme que les responsables nâont pas encore intĂ©grĂ©. En effet, nous le voyons bien, alors que lâĂ©mergence de nouvelles pandĂ©mies virales dâorigine zoonotique avait Ă©tĂ© maintes fois prĂ©dite par la communautĂ© scientifique, il nây a ni anticipation, ni synergie entre les pays dans les rĂ©ponses apportĂ©es. Les mesures restent hĂ©tĂ©roclites (et parfois contradictoires), alors quâune pandĂ©mie est un problĂšme supranational.
La «santĂ© de lâenvironnement», la «santĂ© des milieux naturels», cela existe vraiment ?
L.C. – Il est courant dâinventer ou modifier des termes pour renforcer le discours politique. Cela fait partie du plaidoyer. Parler de santĂ© de lâĂ©cosystĂšme ou des milieux naturels plutĂŽt que de qualitĂ© va dans ce sens. La santĂ© humaine dĂ©pend de lâĂ©cosystĂšme (la disponibilitĂ© de sources dâeau douce, de nourriture, de carburant, la qualitĂ© de lâair, etc.) car la perte de biodiversitĂ© a des consĂ©quences directes non nĂ©gligeables sur la santĂ© si les services de lâĂ©cosystĂšme ne rĂ©pondent plus aux besoins des populations. La qualitĂ© ou la santĂ© de lâĂ©cosystĂšme est donc essentielle Ă lâhomme. Parler de santĂ© de lâenvironnement contribuera peut-ĂȘtre Ă rapprocher dans les consciences la santĂ© animale et des milieux Ă celle de lâHomme.
A long terme un Ă©quilibre de la nature et des activitĂ©s humaines respectueuses de lâenvironnement pourrait-il conduire Ă un monde sans risque sanitaire ?
L.C. – La question est moins celle du long terme que celle du courage politique. Je ne crois pas que lâon puisse prĂ©venir tous les risques sanitaires, mais une approche par dĂ©terminant ici sâapplique. Nous connaissons les consĂ©quences de la maltraitance de lâenvironnement mais nous continuons en nous aveuglant de ces connaissances ou en continuant Ă mettre en compĂ©tition nos intĂ©rĂȘts (enrichissement, tourisme versus pollution, appauvrissement par exemple) et nos ministĂšres (santĂ© versus agriculture) et en nâinvestissant pas dans les solutions alternatives protectrices de lâĂ©cosystĂšme (Ă©nergie propre, culture biologique, tourisme et consommation durable, etc.). Nous multiplions les COPs et les confĂ©rences citoyennes sur lâenvironnement sans en appliquer vĂ©ritablement les mesures. Je crois que si des mesures Ă©taient prises avec courage, nous nâaurions pas besoin dâattendre longtemps pour voir les rĂ©sultats.
Pour en savoir plus
- COVID-19 : les recommandations et travaux de lâAnses [dossier]. Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de lâalimentation, de lâenvironnement et du travail, novembre 2020 www.anses.fr/fr/content/covid-19-toutes-les-actualit%C3%A9s-de-lanses
- One Health. Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de lâalimentation, de lâenvironnement et du travail, novembre 2020 www.anses.fr/fr/content/one-health
- One Health, une seule santĂ© [dossier]. INRAE, novembre 2020 https://www.inrae.fr/alimentation-sante-globale/one-health-seule-sante Le saut dâespĂšce : quand un virus animal engendre lâĂ©mergence dâune maladie humaine. Jean-Christophe Avarre, Anne-Sophie Gosselin-Grenet, the conversation, 4 novembre 2020 https://theconversation.com/le-saut-despece-quand-un-virus-animal-engendre-lemergence-dune-maladie-humaine-136204
- Coronavirus SARS-CoV-2 : ce que lâon sait, ce que lâon ignore encore. Anne Goffard, the conversation, 13 octobre 2020-12-07 https://theconversation.com/coronavirus-sars-cov-2-ce-que-lon-sait-ce-que-lon-ignore-encore-146545
- Politiques liant santé et développement durable : les ressources [Grand dossier]. Plan régional santé environnement Normandie, maj novembre 2020 www.normandie.prse.fr/politiques-liant-sante-et-developpement-durable-a140.html
- Covid-19 et notre relation santé-environnement [webinaire ]. Centre des politiques de la terre, 7 octobre 2020 https://www.youtube.com/watch?v=tCM6_4XLYe4
- BiodiversitĂ©, nature et santĂ© : comment la crise sanitaire rebat-elle les cartes du dĂ©bat ? Gouvernement, PUCA, Note dâanalyse #2, septembre 2020, 12 p. http://www.urbanisme-puca.gouv.fr/IMG/pdf/note_covid_2.pdf
- Le concept « One Health » doit sâimposer pour permettre lâanticipation des pandĂ©mies. Jacques Godfroid, Eric Muraille, the conversation, 24 juin 2020 https://theconversation.com/le-concept-one-health-doit-simposer-pour-permettre-lanticipation-des-pandemies-139549
- Origine et évolution du SARS-Cov-2. Académie des sciences, Fiche Expert, 11 juin 2020, 8 p. https://www.academie-sciences.fr/pdf/rapport/2020_06_11_origine_evolutio_SARSCOV2.pdf
- Covid-19 et santĂ© environnementale. DĂ©bat-confâĂźsee [webinaire]. RĂ©seau Ăle-de-France santĂ© environnement, AgnĂšs Lefranc, Robert Barouki, 10 juin 2020 www.youtube.com/watch?v=4Jn518ca2FI
- Contre les pandĂ©mies, lâĂ©cologie. Sonia Shah, le Monde diplomatique, mars 2020 https://www.monde-diplomatique.fr/2020/03/SHAH/61547
- Position française sur le concept « One Health/ Une seule santé ». MinistÚre des affaires étrangÚres et européennes. Direction générale de la mondialisation, du développement et des partenariats, août 2011, 32 p. https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_One_Health.pdf
Pour suivre lâactualitĂ© de ces sujets avec lâIREPS Nouvelle-Aquitaine
- Le blog Santé environnement https://nouvelleaquitaine-santeenvironnement.org
- La veille documentaire https://www.pearltrees.com/irepsnouvelleaquitaine
- La page dédiée Covid-19 https://irepsna.org/covid-19/
- Le padlet Ressources Covid-19 https://padlet.com/irepsna/fgppmtwe2jo2prfd
- Le site de lâIreps Nouvelle-Aquitaine https://irepsna.org/
- Avec lâensemble des acteurs de la santĂ© environnementale en Nouvelle-Aquitaine www.santeenvironnement-nouvelleaquitaine.fr
[1] La santĂ© environnementale, selon la dĂ©finition de lâOMS, comprend les aspects de la santĂ© humaine, y compris la qualitĂ© de la vie, qui sont dĂ©terminĂ©s par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthĂ©tiques de notre environnement. Elle concerne Ă©galement la politique et les pratiques de gestion, de rĂ©sorption, de contrĂŽle et de prĂ©vention des facteurs environnementaux susceptibles dâaffecter la santĂ© des gĂ©nĂ©rations actuelles et futures.
[2] Lâapproche dite «One Health» sâintĂ©resse aux liens fondamentaux entre la santĂ© humaine et celle des animaux et des Ă©cosystĂšmes, ainsi que sur la valeur ajoutĂ©e des collaborations interdisciplinaires et intersectorielles dans ce domaine. Cette approche intĂ©grĂ©e de la santĂ© repose notamment sur le renforcement des capacitĂ©s des autoritĂ©s sanitaires en matiĂšre de prĂ©vention, de prĂ©paration et dâintervention face aux foyers de maladies.
[3] La biodiversitĂ© : câest le tissu vivant de notre planĂšte. Cela recouvre lâensemble des milieux naturels et des formes de vie (plantes, animaux, champignons, bactĂ©ries, etc.) ainsi que toutes les relations et interactions qui existent, dâune part, entre les organismes vivants eux-mĂȘmes, dâautre part, entre ces organismes et leurs milieux de vie. Nous autres, humains, appartenons Ă une espĂšce â Homo sapiens â qui constitue lâun des fils de ce tissu. La notion mĂȘme de biodiversitĂ© est complexe, car elle comprend trois niveaux interdĂ©pendants : la diversitĂ© des milieux de vie Ă toutes les Ă©chelles, la diversitĂ© des espĂšces, la diversitĂ© des individus au sein de chaque espĂšce.
[4] La transition socio-écologique : évolution vers un nouveau modÚle économique et social, un modÚle de développement durable qui renouvelle nos façons de consommer, de produire, de travailler, de vivre ensemble pour répondre aux grands enjeux environnementaux, ceux du changement climatique, de la rareté des ressources, de la perte accélérée de la biodiversité et de la multiplication des risques sanitaires environnementaux.
[5] PhD-HDR, titulaire Chaire Prévention ISPED-SpF, Equipe MeRISP Centre Inserm U1219, Bordeaux Population Health, Université de Bordeaux.
Cette sĂ©lection, rĂ©alisĂ©e pour le numĂ©ro de rentrĂ©e 2021 de la revue Ăducation SantĂ©, propose une liste de ressources sur la thĂ©matique de « One Health » ou santĂ© unique, une approche systĂ©mique qui unifie la santĂ© publique, la santĂ© environnementale et la santĂ© animale. Des documents en lien avec le concept gĂ©nĂ©ral « One Health », la santĂ© Ă lâĂ©preuve des changements climatiques et environnementaux, et la santĂ© animale sont prĂ©sentĂ©s. Ces derniers sont rĂ©pertoriĂ©s en fonction de leur provenance (Belgique, Europe, Canada et viennent ensuite dâautres documents issus de la littĂ©rature internationale). Ils sont ensuite classĂ©s selon leur annĂ©e de publication, des plus rĂ©cents aux moins rĂ©cents.
Cette sĂ©lection vient en appui Ă la veille sur la santĂ© environnementale, publiĂ©e en continu sur notre site et vient Ă©galement en complĂ©ment des ressources partagĂ©es par les auteur·es qui ont contribuĂ© Ă ce nouveau numĂ©ro dâĂducation SantĂ©. Les 33 rĂ©fĂ©rences ont Ă©tĂ© choisies sur base de mots-clĂ©s [1], Ă travers de nombreuses bases de donnĂ©es [2] qui rĂ©pertorient tant des articles scientifiques que de la littĂ©rature grise. La majoritĂ© de ces ressources sont en français et en anglais, elles sont accessibles en ligne, sur les sites de leur provenance et/ou sur Doctes, ou au RESOdoc, le centre de documentation du RESO.
Cette sĂ©lection de ressources est le rĂ©sultat dâun travail collaboratif entre les membres de lâĂ©quipe du RESO [3].
One Health – Concepts, approches et positions
Le Concept « One Health », Une seule santé : réalité et perspectives
- Ăditorial
- France
- Parodi A. (2021). Le concept « One Health », une seule santĂ©Â : rĂ©alitĂ© et perspectives. Bulletin de lâAcadĂ©mie Nationale de MĂ©decine, vol. 205 n°7, pp.659-661.
- En ligne: https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S000140792100193X
Contenu : Lâapparition de la pandĂ©mie COVID-19 a plongĂ© notre monde dans une crise sanitaire et Ă©conomique sans prĂ©cĂ©dent. ProvoquĂ©e par un virus, le SARS-Cov-2, trĂšs probablement dĂ©rivĂ© dâun virus dâorigine animale, câest un nouvel Ă©pisode des risques permanents que les perturbations imposĂ©es Ă notre environnement naturel font peser sur la santĂ© de lâHomme. Ces derniĂšres dĂ©cennies ont ainsi vu lâĂ©mergence du SIDA, du SRAS, du MERS, du Chikungunya, de la fiĂšvre Ebola ou encore des diffĂ©rents Ă©pisodes dâinfluenza dâorigine aviaire. Chaque fois, une intervention humaine, favorisant le passage Ă lâHomme dâagent infectieux animaux, a pu ĂȘtre dĂ©montrĂ©e ou fortement suspectĂ©e.
One Health, Une Seule Santé: Théorie et pratique des approches intégrées de la santé
- Ouvrage
- France
- Zinsstag J., Whittaker M. & Waltner-Toews D. (2020). One health, une seule santĂ© : ThĂ©orie et pratique des approches intĂ©grĂ©es de la santĂ©. Versailles : Ădition Quae
- Disponible au RESOdoc
https://sites.uclouvain.be/reso/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=1004883
Contenu : Lâinitiative One Health (« une seule santĂ© ») est un mouvement crĂ©Ă© au dĂ©but du XXIe siĂšcle qui sâappuie sur une alliance entre 3 entitĂ©s de l’ONU (Organisation mondiale de la santĂ©, Organisation des Nations unies pour lâAgriculture et lâAlimentation et Organisation mondiale de la santĂ© animale). Elle promeut une approche intĂ©grĂ©e, systĂ©mique et unifiĂ©e de la santĂ© publique, animale et environnementale aux Ă©chelles locales, nationales et planĂ©taire. Elle vise notamment Ă mieux affronter les maladies Ă©mergentes Ă risque pandĂ©mique. Bien que ce concept sâĂ©tende, la littĂ©rature en français reste rare. Traduit de lâanglais et coordonnĂ© par dâĂ©minents Ă©pidĂ©miologistes, cet ouvrage examine les origines du concept et prĂ©sente un contenu pratique sur les outils mĂ©thodologiques, la collecte de donnĂ©es, les techniques de surveillance, les plans dâĂ©tude et les modĂšles mathĂ©matiques. Il combine recherche et pratique en un seul volume.
Pour une mise en oeuvre effective du concept « One World – One Health »
- Article
- France
- Angot J-L. (2020). Pour une mise en Ćuvre effective du concept « one world-one health ». Bulletin de lâAcadĂ©mie VĂ©tĂ©rinaire de France, vol.173 n°1, pp. 192-195.
- En ligne :
http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/70851/00_angot.pdf?sequence=3
Contenu : La crise Covid-19 a remis au premier plan les liens Ă©troits qui existent entre santĂ© humaine, santĂ© animale et santĂ© environnementale et le continuum entre animaux et ĂȘtres humains. Le concept « One World-One Health/Un monde-Une seule santĂ© », qui prĂŽne une approche intĂ©grĂ©e, systĂ©mique et unifiĂ©e de la santĂ© aux Ă©chelles locales, nationales et mondiales vise Ă mieux affronter les maladies Ă©mergentes Ă risque Ă©pidĂ©mique voire pandĂ©mique. Une alliance a Ă©tĂ© instituĂ©e, il y a tout juste dix ans, en avril 2010 Ă HanoĂŻ, entre lâOMS (www.who.int), la FAO (www.fao.org) et lâOIE (WHO, 2010). LâOIE (www.oie.int) ou Organisation mondiale de la santĂ© animale est une structure non onusienne dont le siĂšge est Ă Paris.
Imprtance of a One Health Approach in Advancing Global Health Security and the Sustainable Development Goals
- Article
- France
- Sinclair J. (2019). Importance of a One Health approach in advancing global health security and the Sustainable Development Goals. Revue Scientifique et Technique, vol.38 n°1, pp.145-154.
- En ligne : https://doc.oie.int/dyn/portal/index.xhtml?page=alo&aloId=38590
Contenu : The One Health approach supports global health security by improving coordination, collaboration and communication at the human-animal-environment interface to address shared health threats such as zoonotic diseases, antimicrobial resistance, food safety and others. Over the past decade, country after country has implemented the One Health approach and demonstrated recognised benefits. However, in order to build sustainability of One Health in these efforts, One Health champions and implementers need to collect and provide government decision-makers with country-level data on One Health’s impact to help justify policy decisions and resource allocations. Due to the broad, often seemingly all encompassing, nature of One Health in promoting synergies of multiple disciplines and sectors, the One Health community has faced difficulties in determining specific One Health impact indicators for formally evaluating One Health successes. In this paper, the author a) briefly reviews the ongoing commentary on the recognised benefits of the implementation of a One Health approach in the global health security context, b) discusses challenges in measuring the impact of One Health, and c) proposes possible solutions for evaluating the impact of One Health on global health security.
Position française sur le concept « One Health/Une Seule Santé »
- Document politique
- France
- Direction générale de la mondialisation, du développement et des partenariats (2011). Position française sur le concept « One Health/Une seule santé ». Paris : Direction générale de la mondialisation, du développement et des partenariats, 32p.
- En ligne : https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_One_Health.pdf
Contenu : Ces dix derniĂšres annĂ©es ont vu un accroissement significatif de la circulation des agents infectieux et des risques de pandĂ©mies : expansion mondiale de la grippe aviaire depuis 2003, grippe H1N1 en 2009, Ă©pidĂ©mies de syndrome respiratoire aigu sĂ©vĂšre (SRAS), chikungunya et dengue, pour ne citer que quelques exemples. Ces rĂ©centes Ă©pidĂ©mies mettent en Ă©vidence la mondialisation croissante des risques sanitaires ainsi que lâimportance de lâinterface homme-animal-Ă©cosystĂšme dans lâĂ©volution et lâĂ©mergence des pathogĂšnes. LâAnnĂ©e internationale de la biodiversitĂ© en 2010 a permis dâenrichir cette constatation, qui doit permettre de mieux Ă©quilibrer lâinterprĂ©tation de ces Ă©mergences entre causes et consĂ©quences de certaines activitĂ©s humaines dans les Ă©cosystĂšmes, et aider Ă la prise de dĂ©cisions cohĂ©rentes dans des champs sectoriels variĂ©s. Bien public mondial, la sĂ©curitĂ© sanitaire doit ĂȘtre apprĂ©hendĂ©e Ă lâĂ©chelle de la planĂšte et dans une perspective globale et transversale, intĂ©grant santĂ© humaine, santĂ© animale, santĂ© vĂ©gĂ©tale et santĂ© des Ă©cosystĂšmes et de la biodiversitĂ©. Cette approche globale pourra se concrĂ©tiser au travers de dĂ©clinaisons opĂ©rationnelles plus resserrĂ©es.
The Concept of Health in One Health and some practical implications for Research and Education: What is One Health?
- Article
- SuĂšde
- Lerner H. & Berg C. (2014). The concept of health in One Health and some practical implications for research and education: what is One Health? Infection Ecology & Epidemiology, vol.5 n°1.
- En ligne :
https://www.tandfonline.com/doi/full/10.3402/iee.v5.25300#xd_co_f=YTRkYjRhYWMtNmY3Ny00MmZlLWIxZmEtNDIxYjgxODY2MDJi~
Contenu : From a strict biological point of view, humans are just one species among other species, albeit one with very special capacities, characteristics, and skills. Among scientists, it is generally acknowledged that we share many features with other animal species, which are certainly relevant when the concepts of health and disease are discussed. The term âOne Healthâ is used in many different contexts and by people with varying backgrounds. However, there appears to be some confusion as to what the term really means, and it is used in a wide range of contexts, often including or bordering concepts such as infection biology, contagious diseases, zoonotic infections, evolutionary medicine, comparative medicine, and translational medicine. Without claiming to present the one and only true interpretation, we will argue for a wide approach using the âumbrellaâ depiction developed by One Health Sweden. We argue that this one should, compared to other demarcations, be more useful to science. We will also analyze the concept of health on different levels: individual, population, and ecosystem health, and describe how these levels inherently influence each other for both humans and animals. Both these choices are normative and have practical consequences for research and education, a way of reasoning which we develop further in this paper. Finally, we conclude that the choice of term for the approach might be normative in deciding which disciplines or parts of disciplines that may be included.
Quantitative Outcomes of a One Health Approach to study Global Health Challenges
- Article
- International
- Falzon L., Lechner I., Chantziaras I. et al. (2018). Quantitative Outcomes of a One Health approach to Study Global Health Challenges. EcoHealth, vol.15 n°1, pp.209-217.
- En ligne : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6003973/
Contenu : Having gained momentum in the last decade, the One Health initiative promotes a holistic approach to address complex global health issues. Before recommending its adoption to stakeholders, however, it is paramount to first compile quantitative evidence of the benefit of such an approach. The aim of this scoping review was to identify and summarize primary research that describes monetary and non-monetary outcomes following adoption of a One Health approach. An extensive literature search yielded a total of 42,167 references, of which 85 were included in the final analysis. The top two biotic health issues addressed in these studies were rabies and malaria; the top abiotic health issue was air pollution. Most studies described collaborations between human and animal (n = 42), or human and environmental disciplines (n = 41); commonly reported interventions included vector control and animal vaccination. Monetary outcomes were commonly expressed as costâbenefit or costâutility ratios; non-monetary outcomes were described using disease frequency or disease burden measurements. The majority of the studies reported positive or partially positive outcomes. This paper illustrates the variety of health challenges that can be addressed using a One Health approach, and provides tangible quantitative measures that can be used to evaluate future implementations of the One Health approach.
Une Seule Santé (Organisme mondial de la santé animale)
- Site internet
- France
- Organisme mondial de la santé animale
- https://www.oie.int/fr/ce-que-nous-faisons/initiatives-mondiales/une-seule-sante/
One Health (ANSES)
- Site Internet
- France
- Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de lâalimentation, de lâenvironnement et du travail (ANSES)
- https://www.anses.fr/fr/content/one-health
Contenu : Le concept « One Health » ou « une seule santĂ© » en français, est mis en avant depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, avec la prise de conscience des liens Ă©troits entre la santĂ© humaine, celle des animaux et lâĂ©tat Ă©cologique global. Il vise Ă promouvoir une approche pluridisciplinaire et globale des enjeux sanitaires. Les travaux de lâAnses sâinscrivent dans le concept One health. LâAgence coordonne plusieurs projets basĂ©s sur ce concept.
L’approche multisectorielle de l’OMS « Une Monde, Une Santé »
- Site Internet
- International
- Organisme mondial de la santé
- https://www.who.int/news-room/q-a-detail/one-health
Contenu : ‘One Health’ is an approach to designing and implementing programmes, policies, legislation and research in which multiple sectors communicate and work together to achieve better public health outcomes.
The areas of work in which a One Health approach is particularly relevant include food safety, the control of zoonoses (diseases that can spread between animals and humans, such as flu, rabies and Rift Valley Fever), and combatting antibiotic resistance (when bacteria change after being exposed to antibiotics and become more difficult to treat).
One Health Commission
- Site internet
- Ătats-Unis
- https://www.onehealthcommission.org/
Contenu : One Health is a collaborative, multisectoral, and trans-disciplinary approach – working at local, regional, national, and global levels – to achieve optimal health and well-being outcomes recognizing the interconnections between people, animals, plants and their shared environment.
One Health – revue thĂ©matique
- Revue
- International
- En ligne : https://www.sciencedirect.com/journal/one-health/about/aims-and-scope
Contenu : The mission of One Health is to provide a platform for rapid communication of high quality scientific knowledge on inter- and intra-species pathogen transmission, bringing together leading experts in virology, bacteriology, parasitology, mycology, vectors and vector-borne diseases, tropical health, veterinary sciences, pathology, immunology, food safety, mathematical modelling, epidemiology, public health research and emergency preparedness.Â
La santĂ© globale Ă l’Ă©preuve des changements climatiques et environnementaux
Conséquences des changements climatiques sur le systÚme de santé en Belgique
- Rapport de recherche
- Belgique
- Service public fĂ©dĂ©ral â SantĂ© Publique, SĂ©curitĂ© de la chaĂźne alimentaire et environnement (SPF santĂ© publique) (2021). ConsĂ©quences des changements climatiques sur le systĂšme de santĂ© en Belgique. Disponible sur https://www.health.belgium.be/en/fhs-climate-healthcare-final-report [ConsultĂ© le 24 septembre 2021]
Contenu : Le 9 septembre 2021, le SPF SantĂ© publique, SĂ©curitĂ© de la chaĂźne alimentaire et Environnement a publiĂ© les rĂ©sultats d’une Ă©tude sur les consĂ©quences des changements climatiques sur le systĂšme de santĂ© en Belgique.
L’Ă©tude comprend un inventaire et une Ă©valuation des mesures (actuelles et prĂ©vues) qui visent Ă amĂ©liorer la rĂ©silience des systĂšmes de soins de santĂ© en Belgique. L’accent est mis sur l’Ă©valuation de leur efficacitĂ©, leur Ă©tat d’avancement et leurs limitations. Elle identifie Ă©galement les risques actuels et futurs liĂ©s aux changements climatiques sur le systĂšme de santĂ©.
Ces rĂ©sultats ont permis de proposer 61 recommandations de mesures d’adaptation visant Ă attĂ©nuer ou Ă Ă©viter les effets nĂ©gatifs des changements climatiques. Elles ont trait Ă la disponibilitĂ© des donnĂ©es, la mise en place de systĂšmes de surveillance, la lĂ©gislation, la communication, les mesures de gestion, l’amĂ©nagement du territoire, la recherche, etc. Ces recommandations s’adressent principalement aux dĂ©cideurs et aux acteurs du secteur de la santĂ©.
Elles couvrent divers sujets tels que :
– les effets de la chaleur sur la santĂ©
– les maladies Ă transmission vectorielle, hydrique ou alimentaire
– les allergies et les maladies respiratoires
– la santĂ© mentale
– le personnel et les infrastructures de santĂ©
– la gestion de crise et des risques
L’Ă©tude accorde une attention particuliĂšre sur la maniĂšre de rĂ©duire ou d’Ă©viter les effets nĂ©gatifs du changement climatique sur les groupes de population vulnĂ©rables (personnes Ă faibles revenus, travaillant Ă l’extĂ©rieur, ĂągĂ©es ou sujets Ă une maladie chronique, etc.).
L’Ă©tude fournit des Ă©lĂ©ments de base pour l’identification de mesures d’adaptation pour le systĂšme de soins de santĂ©, conformĂ©ment au plan national d’adaptation 2017-2020 qui recommande de prendre en compte l’impact du changement climatique et les besoins d’adaptation nĂ©cessaires.
Ces Ă©lĂ©ments seront examinĂ©s et dĂ©veloppĂ©s dans le cadre du futur Plan d’Action National SantĂ© et Environnement (NEHAP) et dâun ensemble cohĂ©rent de mesures d’adaptation fĂ©dĂ©rales.
VITO, Möbius et Sciensano ont rĂ©alisĂ© cette Ă©tude pour le compte du SPF. Il s’agit d’une initiative transversale qui sâinscrit pleinement dans la volontĂ© du SPF de promouvoir le principe de « One World, One Health » et de renforcer les liens entre les diffĂ©rents piliers de la santĂ© (santĂ© humaine, santĂ© des animaux et des vĂ©gĂ©taux, et environnement).
Vers une Forest EnSanté
- Article
- Belgique
- Duquesne C & Vankelegom B. (2020). Vers une Forest en santĂ©. Ăducation SantĂ©, vol.366, pp. 18-21.
- https://www.educationsante.be/vers-une-Forest-EnSante/
Contenu : Lâenvironnement exerce une influence considĂ©rable sur la santĂ© physique et psychique. De plus, on observe un cumul entre les inĂ©galitĂ©s environnementales et les inĂ©galitĂ©s sociales. Partant de ce constat, Forest Quartiers SantĂ©, asbl active dans le champ de la promotion de la santĂ©, a dĂ©veloppĂ© plusieurs projets pour y rĂ©pondre.
L’Ă©valuation d’impact sur la santĂ©, un outil pour promouvoir des politiques climatiques favorables Ă la santĂ©
- Article
- France
- Diallo T. et al. (2021). LâĂ©valuation dâimpact sur la santĂ©, un outil pour promouvoir des politiques climatiques favorables Ă la santĂ©. SantĂ© Publique, vol.33 n°1, pp.71-76.
- Disponible au RESO : https://sites.uclouvain.be/reso/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=1031653
Contenu : Introduction : Les effets potentiels des changements climatiques sur la santĂ© font lâobjet dâĂ©tudes de plus en plus nombreuses en raison de la multiplicitĂ© des risques associĂ©s (vagues de chaleur, pollution de lâair, maladies hydriques et vectorielles, etc.). En consĂ©quence, de nombreuses stratĂ©gies dâattĂ©nuation et dâadaptation, ainsi que des outils ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es par les villes pour Ă©valuer les effets sur la santĂ© des changements climatiques, les Ă©tats et les organisations supranationales.
Objectif : LâĂ©valuation dâimpact sur la santĂ© (EIS) est un outil qui peut ĂȘtre utilisĂ© pour analyser les impacts potentiels sur la santĂ© des politiques relatives aux changements climatiques avant leur mise en Ćuvre. Lâobjectif de notre Ă©tude est ainsi dâanalyser comment lâEIS est utilisĂ©e dans lâĂ©laboration de ces politiques.
MĂ©thode : Une revue exploratoire de la littĂ©rature grise et scientifique en langue anglaise et française conduite sur la pĂ©riode 1990 Ă 2019 a permis dâidentifier 35 articles et rapports, dont six utilisaient spĂ©cifiquement lâEIS. Les domaines dâapplication de lâoutil sont liĂ©s au transport, Ă lâamĂ©nagement urbain ou au secteur du bĂątiment. Les principaux enjeux de santĂ© abordĂ©s dans ces EIS concernent lâair, le bruit, lâactivitĂ© physique, les Ăźlots de chaleur urbains, les espaces verts, la mixitĂ© fonctionnelle.
RĂ©sultats : Ces Ă©tudes ont montrĂ© que lâEIS est une dĂ©marche qui peut faciliter la collaboration intersectorielle, et sa flexibilitĂ© permet une application Ă des politiques dâadaptation et dâattĂ©nuation, ainsi quâĂ plusieurs Ă©chelles spatiales (villes, rĂ©gions).
Discussion : La principale limite de cette approche est lâincertitude associĂ©e Ă la quantification des impacts projetĂ©s.
Guide méthodologique: pour une meilleure prise en compte des enjeux santé-environnement dans les politiques territoriales
- Article
- France
- Strilka H. (2021). Guide mĂ©thodologique : Pour une meilleure prise en compte des enjeux santĂ© environnement dans les politiques territoriales. Rennes : Instance RĂ©gionale dâĂducation et de Promotion de la SantĂ© (IREPS), 38p.
- En ligne : https://irepsbretagne.fr/publications/guide-methodologique-pour-une-meilleure-prise-en-compte-des-enjeux-sante-environnement-dans-les-politiques-territoriales/
Contenu : Dans le cadre du Plan RĂ©gional SantĂ© Environnement Bretagne 2017-2021, les collectivitĂ©s sont encouragĂ©es Ă dĂ©ployer une dĂ©marche santĂ©-environnement dans leur politique territoriale. Pour les aider, un guide mĂ©thodologique a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© ; il explique les Ă©tapes dâune dĂ©marche locale en santĂ© environnement, les facteurs de rĂ©ussite, les points de vigilance, et prĂ©cise les ressources pouvant ĂȘtre mobilisĂ©es pour faciliter leur mise en Ćuvre. Il sâadresse aux Ă©lus et aux chargĂ©s de mission compĂ©tents en charge des questions de santĂ© et/ou dâenvironnement. Il a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par un collectif constituĂ© de lâIREPS Bretagne, du Centre Permanent dâInitiatives en Environnement de BrocĂ©liande, et de lâObservatoire RĂ©gional de la SantĂ©, soutenus par lâEtat, lâAgence RĂ©gionale de SantĂ© et la RĂ©gion Bretagne.
Quels indicateurs pour faciliter la prise en compte de la santĂ© publique dans les politiques d’adaptation au changement climatique?
- Rapport
- France
- Pascal M. (2021). Quels indicateurs pour faciliter la prise en compte de la santĂ© publique dans les politiques d’adaptation au changement climatique ? Paris : SantĂ© Publique France, 67p.
- En ligne : https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/climat/changement-climatique/documents/rapport-synthese/quels-indicateurs-pour-faciliter-la-prise-en-compte-de-la-sante-publique-dans-les-politiques-d-adaptation-au-changement-climatique
Contenu : Les impacts sanitaires du changement climatique couvrent tous les champs de la santĂ© publique. Pourtant, ils sont encore peu pris en compte dans les politiques d’adaptation au changement climatique. Le dĂ©veloppement d’indicateurs appropriĂ©s pourrait faciliter la prise en compte de la santĂ© dans l’identification et Ă la priorisation des besoins d’adaptation. La crĂ©ation d’indicateurs prĂ©suppose des donnĂ©es, des connaissances et leur structuration. Elle peut constituer une dĂ©marche intĂ©ressante pour amener des professionnels de l’environnement, de l’amĂ©nagement, de l’urbanisme et des professionnels de santĂ© publique Ă collaborer, et Ă terme, contribuer Ă l’intĂ©gration de la santĂ© dans toutes les politiques. Ce document prĂ©sente les conclusions de la rĂ©flexion menĂ©e Ă SantĂ© publique France pour produire des indicateurs de danger, d’exposition, de vulnĂ©rabilitĂ©, d’impact et d’intervention. Ces indicateurs doivent fournir des informations quantitatives, synthĂ©tiques, pour des enjeux sanitaires susceptibles d’ĂȘtre influencĂ©s directement ou indirectement par les Ă©volutions climatiques passĂ©es, en cours ou Ă venir, et permettre d’analyser des tendances spatiales, temporelles ou sociodĂ©mographiques. Le prĂ©sent rapport propose une grille d’analyse des qualitĂ©s scientifiques, mĂ©trologiques, pĂ©dagogiques et dĂ©cisionnelles devant ĂȘtre associĂ©es Ă un indicateur. Ces Ă©lĂ©ments y sont discutĂ©s de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, afin d’ĂȘtre transposables pour tous les thĂšmes de santĂ© publique potentiellement affectĂ©s par le changement climatique, l’adaptation ou l’attĂ©nuation de ses effets, et ce pour toutes les Ă©chelles gĂ©ographiques.
One Planet, one Health, One Future: The Environmental Perspective
- Article
- Italie
- Naddeo V. (2021). One planet, one health, one future: The environmental perspective. Water Environment Research, vol.963 n°9, pp.1472-1475.
- En ligne : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/wer.1624
Contenu : The final goal of the âOne Healthâ is the control of the global health of our planet with a multidisciplinary approach that involves knowledge for different disciplines. In the near future, we could see in the same team veterinarians, doctors, and environmental experts work together to guarantee the health of our planet and one sustainable future for all.
Force de FRAPS, santé et environnement. Développer nos savoirs pour agir
- Dossier
- France
- Fédération régionale des acteurs en promotion de la santé (FRAPS) Centre-Val de Loire (2020). Force de FRAPS, Santé et environnement. Développer nos savoirs pour agir. Force de Fraps, n°6, 40p.
- En ligne :
https://sante-environnement-frapscentre.org/wp-content/uploads/2020/11/F2F6_Sante_Environnement_2020_V3.pdf
Contenu : Lâenvironnement constitue un dĂ©terminant important de la santĂ© et contribue fortement au fardeau des maladies. Changement climatique, pollution atmosphĂ©rique, glyphosate ou nĂ©onicotinoĂŻde, ondes Ă©lectromagnĂ©tiques, les sujets de prĂ©occupation sont nombreux et font souvent la une des mĂ©dias et rĂ©seaux sociaux. La pandĂ©mie de Covid19, elle Ă©galement, nous rappelle lâacuitĂ© des interactions entre la sphĂšre humaine, celle des autres espĂšces animales (transgression de la « barriĂšre inter espĂšces » ) et leurs Ă©cosystĂšmes. Le lien entre environnement et santĂ© nâest pas toujours facile Ă Ă©tablir et a profondĂ©ment Ă©voluĂ© au cours du temps, Ă la fois dans la nature des dangers et des risques pour la santĂ© (ex. : exposition Ă des produits chimiques), dans sa dimension spatiale (du local au global), dans son impact sanitaire (dâune toxicitĂ© aigĂŒe Ă une toxicitĂ© chronique) et dans sa perception par la population et par chacun dâentre nous. Plusieurs enjeux peuvent ĂȘtre ici soulignĂ©s : âą Une approche intĂ©grĂ©e, systĂ©mique et unifiĂ©e de la santĂ© publique, animale et environnementale est Ă privilĂ©gier tant au niveau local, national que planĂ©taire. Lâinitiative « One Health » en est une illustration. Cette approche globale permet Ă la fois de complĂ©ter une approche par risque environnemental qui a montrĂ© ses limites et de mettre lâaccent sur lâimportance dâune approche populationnelle en favorisant des environnements sains. Elle implique dâinsĂ©rer la santĂ© dans toutes les politiques publiques et de faciliter les dynamiques intersectorielles. âą La lutte contre les inĂ©galitĂ©s environnementales de santĂ© (environmental health inequities) doit Ă©galement constituer un objectif prioritaire des politiques publiques nationales et rĂ©gionales et se dĂ©cliner au travers du Plan National et des Plans RĂ©gionaux SantĂ© Environnement. Elle nĂ©cessite Ă la fois des initiatives nationales fortes et une territorialisation des politiques publiques au plus proche des situations vĂ©cues par les populations. Les Contrats Locaux de SantĂ© ont ici toute leur place. âą La dĂ©finition de prioritĂ©s en matiĂšre de politique nationale ou rĂ©gionale en SantĂ© Environnement doit se faire avec plus de dĂ©mocratie sanitaire, de participation citoyenne et en associant les acteurs de terrain et de la sociĂ©tĂ© civile. Cela implique le renforcement d’une culture en  » SantĂ© Environnement  » partagĂ©e entre habitants, professionnels, Ă©lus, experts et dĂ©cideurs et des dispositifs de formation initiale et continue dans ce domaine. Câest lâambition de ce nouveau numĂ©ro de Force de Fraps que de contribuer Ă ces enjeux et Ă sâinscrire dans les dynamiques existantes portĂ©es par lâAgence RĂ©gionale de SantĂ© et les services dĂ©concentrĂ©s de lâEtat, lâensemble des collectivitĂ©s territoriales et notamment le Conseil rĂ©gional, ou encore les acteurs associatifs. Au travers de ce document nous espĂ©rons Ă©galement pouvoir mobiliser les professionnels des diffĂ©rents secteurs dâactivitĂ©s Ă©conomiques et les diffĂ©rents acteurs de la sociĂ©tĂ© civile, les accompagner dans leurs dĂ©marches dâintervention et renforcer leurs capacitĂ©s dâaction en ce domaine. Ce numĂ©ro de Force de Fraps sâinscrit dans une dynamique associant de nombreux partenaires parmi lesquels la FĂ©dĂ©ration Nationale dâEducation et de promotion de la SantĂ© (au travers de son groupe national SantĂ© Environnementale), des Ă©quipes universitaires, des organismes et associations de la rĂ©gion Centre-Val de Loire. Quâils en soit, toutes et tous, remerciĂ©s. Il sâinscrit aussi dans une dynamique au long court. Dâores et dĂ©jĂ nous vous donnons rendez-vous Ă la journĂ©e rĂ©gionale « prĂ©vention â promotion de la santĂ© » du 19 novembre 2020 qui sera consacrĂ©e à « SantĂ© Environnement : DĂ©velopper nos savoirs pour agir ».
Cassandre, le climat et la Covid-19
- Article
- France
- Goulard S. (2020). Cassandre, le climat et la Covid-19. Revue dâĂ©conomie financiĂšre, vol.3-4 n°139-140, pp. 201-210.
- En ligne (article payant) : https://www.cairn.info/revue-d-economie-financiere-2020-3-page-201.htm
Contenu : Le changement climatique et la pandĂ©mie de la Covid-19 prĂ©sentent des similitudes tenant Ă leurs causes comme aux solutions requises. Des connexions existent, dans les deux sens, entre les risques environnementaux liĂ©s au climat et Ă la perte de biodiversitĂ© et les risques sanitaires. En outre, les rĂ©ponses du secteur financier au dĂ©fi climatique peuvent aider, par analogie, Ă Ă©laborer des outils bĂ©nĂ©fiques pour la santĂ©. Dans les deux cas, les pistes dâaction tournent autour de trois prioritĂ©s : amĂ©liorer la gouvernance globale, redonner aux marchĂ©s une rationalitĂ© perdue, en corrigeant leurs dĂ©faillances, et rendre rentables les activitĂ©s durables, grĂące Ă la complĂ©mentaritĂ© entre investisseurs publics et privĂ©s. Ces pistes pourraient ĂȘtre explorĂ©es par la Commission paneuropĂ©enne sur la santĂ© et le dĂ©veloppement durable de lâOMS-Europe, selon une approche « One Health » (« une seule santĂ© »).
Effets sanitaires induits par le changement climatique sur la santé des travailleurs
- Article
- France
- Poirier R., Niaudet A. & Bastos H. (2019). Effets sanitaires induits par le changement climatique sur la santé des travailleurs. Les tribunes de la santé, vol. 61, pp.65-73.
- En ligne : https://www.cairn.info/revue-les-tribunes-de-la-sante-2019-3-page-65.htm?contenu=article
Contenu : Le changement climatique est susceptible dâaffecter la santĂ© humaine, avec des effets spĂ©cifiques ou aggravĂ©s pour les professionnels. Les travaux de lâAnses visaient Ă identifier les risques professionnels susceptibles dâĂȘtre impactĂ©s par le changement climatique. Ce travail a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en sâappuyant sur un groupe de travail multidisciplinaire. Dans le cadre dâune dĂ©marche dâanticipation prospective, les effets sanitaires liĂ©s aux changements climatiques prĂ©visibles dâici Ă cinq ans et Ă 2050 ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s. Sur le base des changements climatiques et environnementaux dĂ©jĂ observĂ©s et des scĂ©narios dâĂ©volution les plus probables, les interactions entre climat, environnement et santĂ© au travail ont Ă©tĂ© caractĂ©risĂ©es. Ces travaux montrent quâĂ lâexception des risques liĂ©s au bruit et aux rayonnements artificiels, tous les risques professionnels sont et seront affectĂ©s par le changement climatique. Des exemples de circonstances dâexpositions professionnelles ont Ă©tĂ© associĂ©s Ă chaque risque professionnel potentiellement accru par les modifications climatiques. Trois principales modifications climatiques et environnementales en sont Ă lâorigine : hausse des tempĂ©ratures, Ă©volution de lâenvironnement biologique et chimique, modification de la frĂ©quence et de lâintensitĂ© de certains alĂ©as climatiques. Les travaux de lâAnses mettent Ă©galement en Ă©vidence la pertinence dâune approche dite par « circonstances dâexposition », qui permet de regrouper les professionnels en fonction de leurs expositions rĂ©elles et non pas en fonction de leurs mĂ©tiers.
Espaces verts et forĂȘts en ville: bĂ©nĂ©fices et risaue pour la santĂ© humaine selon l’approche « Une Seule Santé » (One Health)
- Article
- Suisse
- Bolon I., Cantoreggi N., Simos J. et al. (2019). Espaces verts et forĂȘts en ville : bĂ©nĂ©fices et risques pour la santĂ© humaine selon lâapproche « Une seule santĂ© » (One Health). SantĂ© Publique, Vol.HS1 n°1, pp.173-186.
- En ligne : https://www.cairn.info/journal-sante-publique-2019-HS1-page-173.htm#:~:text=Fran%C3%A7ais-,L’approche%20%C2%AB%20Une%20seule%20sant%C3%A9%20%C2%BB%20(One%20Health),moiti%C3%A9%20de%20la%20population%20mondiale)
Contenu : Lâapproche « Une seule santĂ© » (One Health) propose dâaborder les relations homme-animal-Ă©cosystĂšmes dans leur continuum. Cette approche systĂ©mique peut sâavĂ©rer fort utile pour aborder les liens entre espaces verts boisĂ©s en rĂ©gion urbaine et santĂ© des citadins (plus de la moitiĂ© de la population mondiale). Ces liens commencent Ă ĂȘtre maintenant bien documentĂ©s par la littĂ©rature scientifique dans leur diversitĂ© et complexitĂ©. Des bienfaits et des risques pour la santĂ© humaine peuvent ĂȘtre mieux analysĂ©s et des pistes dâaction pour lâavenir utilement dĂ©gagĂ©es.
Climate change and One Health
- Article
- Suisse
- Zinsstag J., Crump L., Schelling E. et al. (2018). Climate Change and One Health. FEM microbiology letters, vol.365 n°11, art.fny085.
- En ligne : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5963300/
Contenu : The journal The Lancet recently published a countdown on health and climate change. Attention was focused solely on humans. However, animals, including wildlife, livestock and pets, may also be impacted by climate change. Complementary to the high relevance of awareness rising for protecting humans against climate change, here we present a One Health approach, which aims at the simultaneous protection of humans, animals and the environment from climate change impacts (climate change adaptation). We postulate that integrated approaches save human and animal lives and reduce costs when compared to public and animal health sectors working separately. A One Health approach to climate change adaptation may significantly contribute to food security with emphasis on animal source foods, extensive livestock systems, particularly ruminant livestock, environmental sanitation, and steps towards regional and global integrated syndromic surveillance and response systems. The cost of outbreaks of emerging vector-borne zoonotic pathogens may be much lower if they are detected early in the vector or in livestock rather than later in humans. Therefore, integrated community-based surveillance of zoonoses is a promising avenue to reduce health effects of climate change.
Changements climatiques et santĂ©: prĂ©venir, soigner et s’adapter
- Ouvrage
- Canada
- BĂ©langer D., Bustinza R., Campagna C. et al. (2019). Changements climatiques et santĂ©: PrĂ©venir, soigner et s’adapter. Canada : Les Presses de lâUniversitĂ© Laval, 236p.
- Disponible au RESOdoc : https://sites.uclouvain.be/reso/opac_css/index.php?lvl=notice_display&id=987603
Contenu : De nombreux bouleversements climatiques affectent maintenant toutes les rĂ©gions du monde. Le bien-ĂȘtre des populations est ainsi mis en pĂ©ril, car ces changements s’attaquent aux fondements de la santĂ© publique par leurs rĂ©percussions sur l’air, l’eau, les denrĂ©es alimentaires et le logement, tout en augmentant les risques de maladie. Peu d’importance a Ă©tĂ© accordĂ©e jusqu’ici Ă l’Ă©chelle internationale aux impacts sur la santĂ©, les services de santĂ© ou les services sociaux, non plus que sur les coĂ»ts engendrĂ©s pour la sociĂ©tĂ©. Pourtant, l’Organisation mondiale de la santĂ© promeut depuis plusieurs annĂ©es une participation plus active du monde de la santĂ© en changements climatiques, vu la grande menace qu’ils posent Ă la santĂ© publique. Ce livre met en lumiĂšre Les nombreux impacts des changements climatiques sur la santĂ©. En parallĂšle, il propose des mesures d’adaptation et de soins pour attĂ©nuer et prĂ©venir les incidences dans le domaine de la santĂ©, ainsi que dans d’autres domaines connexes. Les professionnels de la santĂ© et des services sociaux pourront approfondir le rĂŽle Ă©tiologique du climat en matiĂšre de santĂ©. De mĂȘme, des professionnels d’autres secteurs, tout comme le grand public averti, pourront se familiariser avec ces sujets pour lesquels leurs interventions s’avĂšrent souvent cruciales.
Les changements climatiques – AbrĂ©gĂ© Ă l’intention des professionnels de la santĂ©
- Abrégé
- Canada
- Gosselin P., Bustinza R. & BĂ©langer D. (2021). Les changements climatiques AbrĂ©gĂ© Ă l’intention des professionnels de la santĂ©. QuĂ©bec : Institut National de SantĂ© Publique du QuĂ©bec (INSPQ), 138p.
- En ligne : https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/2777-changements-climatiques-abrege-professionnels-sante.pdf
Contenu : Cet abrĂ©gĂ© contient de lâinformation qui permettra aux mĂ©decins et aux cliniciens de cerner, dans leur pratique quotidienne, les rĂ©percussions des risques mĂ©tĂ©orologiques dĂ©coulant des changements climatiques. Sa structure donne rapidement accĂšs Ă des donnĂ©es claires, concises et rĂ©centes pour chaque domaine clinique.
Les effets des changements climatiques sur la santĂ© humaine se font dĂ©jĂ sentir partout dans le monde. Les recherches scientifiques fournissent des donnĂ©es empiriques dĂ©montrant le lien sans Ă©quivoque entre les changements climatiques, les risques mĂ©tĂ©orologiques et la santĂ©. En fait, de nombreux problĂšmes de santĂ© rĂ©sultent dâune exposition Ă une chaleur intense, Ă des tempĂȘtes, Ă des sĂ©cheresses ou Ă des inondations. Toutefois, ces problĂšmes sont habituellement non spĂ©cifiques et leur physiopathologie nâest pas Ă©vidente. Pour les reconnaĂźtre, il faut obtenir les antĂ©cĂ©dents mĂ©dicaux adĂ©quats du patient, ce qui nĂ©cessite, entre autres, de poser des questions sur la prĂ©sence potentielle de risques mĂ©tĂ©orologiques. En outre, on sait que les effets indĂ©sirables de certains mĂ©dicaments peuvent exacerber ces mĂȘmes problĂšmes de santĂ©. Si les cliniciens sont en mesure de reconnaĂźtre ces problĂšmes et ces effets indĂ©sirables, ils pourront offrir de meilleurs traitements et conseils, ainsi que dĂ©terminer leur impact potentiel sur les services de santĂ©.
Lâintroduction dĂ©crit briĂšvement les mĂ©canismes complexes par lesquels les changements climatiques influent sur la santĂ© humaine, ainsi que les rĂŽles des cliniciens, des professionnels de la santĂ© publique et des autoritĂ©s sanitaires. On y trouve Ă©galement des conseils sur la façon dâutiliser cet abrĂ©gĂ© de maniĂšre Ă maximiser les soins aux patients.
Les dix premiÚres sections résument la physiopathologie de certaines maladies ayant trait aux risques météorologiques, classées par domaine clinique :
o maladies cardiovasculaires,
o maladies respiratoires,
o maladies rénales,
o maladies de lâĆil,
o maladies de la peau,
o maladies Ă transmission vectorielle et zoonoses,
o maladies gastro-intestinales,
o troubles neurologiques,
o troubles de santé mentale,
o problÚmes de santé maternelle et infantiles.
La section suivante porte sur les facteurs modulant les répercussions des changements climatiques et décrit les facteurs venant modifier les effets des changements climatiques sur la santé et les services de santé.
La derniĂšre section, qui contient des conseils aux patients et Ă la communautĂ©, prĂ©sente des recommandations et des lignes directrices pour rĂ©duire lâexposition aux risques mĂ©tĂ©orologiques ainsi que des exemples de collaboration communautaire pour sâattaquer aux changements climatiques.
Economie écologique et santé publique: une entrevue avec le Dr. Trevor Hancock
- Article
- Canada
- Hancock T. (2020). Ăconomie Ă©cologique et santĂ© publique : une entrevue avec le Dr Trevor Hancock. QuĂ©bec : Centre de collaboration nationale sur les politiques publiques et la santĂ© (CCNPPS), 39p.
- En ligne : http://www.ccnpps.ca/869/Publications.ccnpps?id_article=2051
Contenu : En 2019, le CCNPPS contactĂ© le Dr Hancock pour explorer comment prĂ©senter les idĂ©es fondamentales de l’Ă©conomie Ă©cologique aux praticiens et aux dĂ©cideurs en santĂ© publique. Ces discussions ont finalement pris la forme d’une entrevue que le CCNPPS publie dans ce document. Le thĂšme gĂ©nĂ©ral abordĂ© est celui du respect des limites Ă©cologiques et de la nĂ©cessitĂ© de focaliser l’attention des politiques et de la santĂ© publique sur le bien-ĂȘtre pour tous. Dans le contexte oĂč de nombreux gouvernements, notamment le gouvernement fĂ©dĂ©ral canadien, rĂ©flĂ©chissent Ă des moyens d’aller au-delĂ d’un focus Ă©troit sur la croissance Ă©conomique pour aller vers la mise en Ćuvre de « budgets de bien-ĂȘtre » ou « budgets durables », les idĂ©es prĂ©sentĂ©es dans ce document permettent d’informer ces rĂ©flexions.
Inégalités
Dans cette section, nous proposons des ressources qui traitent des liens entre lâapproche « One Health » et les inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ©.
Santé environnementale: inégalités et inconnues
- Article
- Belgique
- Luong J. (2017). SantĂ© environnementale : inĂ©galitĂ©s et inconnues. Ăducation santĂ©, vol.335, pp.4-6.
Contenu : Inter-Environnement Wallonie (IEW), la fĂ©dĂ©ration des associations au service de lâenvironnement, a organisĂ© en fĂ©vrier dernier son UniversitĂ© annuelle. Une septiĂšme Ă©dition consacrĂ©e Ă la santĂ© environnementale et plus spĂ©cifiquement Ă la pollution de lâair extĂ©rieur et aux perturbateurs endocriniens
S’attaquer aux problĂšmes de pollution et changement climatique en Europe amĂ©liorera la santĂ© et le bien-ĂȘtre, notamment des plus vulnĂ©rables
- Article issu de site internet
- Danemark
- Agence EuropĂ©enne pour lâEnvironnement (2020). Sâattaquer aux problĂšmes de pollution et changement climatique en Europe amĂ©liorera la santĂ© et le bien-ĂȘtre, notamment des plus vulnĂ©rables.
- Disponible sur https://www.eea.europa.eu/fr/highlights/s-attaquer-aux-problemes-de [Consulté le 24 septembre 2021]
Contenu : La pollution atmosphĂ©rique et sonore, les consĂ©quences du changement climatique, notamment les vagues de chaleur et lâexposition Ă des produits chimiques dangereux sont Ă lâorigine de problĂšmes de santĂ© en Europe. Selon une importante Ă©tude sur la santĂ© et lâenvironnement publiĂ©e aujourdâhui par lâAgence europĂ©enne pour lâenvironnementâŻ(AEE), la mauvaise qualitĂ© des environnements contribue Ă 13âŻ% des dĂ©cĂšs.
SantĂ© animale – zoonose
Hommes et animaux: Une Seule Santé
- Article issu de site internet
- France
- Agence nationale de sĂ©curitĂ© sanitaire de lâalimentation, de lâenvironnement et du travail (ANSES) (2021). Hommes et animaux : une seule santĂ©.
- Disponible sur https://www.anses.fr/fr/content/hommes-et-animaux-une-seule-sant%C3%A9 [Consulté le 24 septembre 2021]
Contenu : La pandĂ©mie de la COVID-19 a mis en lumiĂšre les liens Ă©troits entre la santĂ© des animaux et celle de l’Homme.
Ă lâoccasion de la journĂ©e mondiale de la santĂ©, nous vous proposons un dĂ©cryptage scientifique et un Ă©clairage de nos actions pour mieux comprendre ces interactions au regard du concept One health, une seule santĂ© pour les animaux, l’Homme et l’environnement.
Le concept « une Seule Santé »”: une rĂ©ponse Ă l’incertitude dans la gouvernance internationale des zoonoses Ă©mergentes?
- Article
- France
- FiguiĂ© M. & Peyre M. (2013). Le concept « Une seule santĂ© » : une rĂ©ponse Ă lâincertitude dans la gouvernance internationale des zoonoses Ă©mergentes ? Revue dâĂ©levage et de mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire des pays tropicaux, vol.66 n°2, pp.41-46.
- En ligne : https://agritrop.cirad.fr/572333/1/document_572333.pdf
Contenu : A partir de lâanalyse du rĂ©fĂ©rentiel « Une seule santĂ© » et de lâĂ©volution des Organisation internationale â instruments juridiques de lâOrganisation mondiale de la santĂ© (OMS) et de Surveillance Ă©pidĂ©miologique â lâOrganisation mondiale de la santĂ© animale (OIE), nous examinons comment Gestion du risque â Politique sanitaire. ces organisations internationales intĂšgrent la gestion de lâincertitude associĂ©e aux Ă©mergences zoonotiques rĂ©centes. Nous montrons quâen passant dâune gestion de risques Ă celle dâincertitudes, ces organisations internationales Ă©tendent considĂ©rablement leur domaine dâaction Ă travers notamment le systĂšme de notification obligatoire. Dans le mĂȘme temps, elles promeuvent une gestion intersectorielle (entre santĂ© humaine et santĂ© animale en particulier) et un Ă©largissement du systĂšme dâacteurs reconnus lĂ©gitimes pour intervenir dans ce domaine. Lâobjectif antĂ©rieur dâĂ©radication dâun nombre limitĂ© de maladies clairement identifiĂ©es laisse la place Ă une volontĂ© de prĂ©paration Ă lâinconnu. Ce dispositif renforce le rĂŽle de lâinformation pour la surveillance Ă©pidĂ©miologique.
One Health contributions towards more effective and equitable approaches to health in low-asnd-middle income countries
- Article
- International
- Cleaveland S., Sharp J., Abel-Ridder B. et al. (2017). One Health contributions towards more effective and equitable approaches to health in low- and middle-income countries. Philosophical transactions, vol.372 n°1725, art.20160168.
- En ligne : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5468693/
Contenu : Emerging zoonoses with pandemic potential are a stated priority for the global health security agenda, but endemic zoonoses also have a major societal impact in low-resource settings. Although many endemic zoonoses can be treated, timely diagnosis and appropriate clinical management of human cases is often challenging. Preventive âOne Healthâ interventions, e.g. interventions in animal populations that generate human health benefits, may provide a useful approach to overcoming some of these challenges. Effective strategies, such as animal vaccination, already exist for the prevention, control and elimination of many endemic zoonoses, including rabies, and several livestock zoonoses (e.g. brucellosis, leptospirosis, Q fever) that are important causes of human febrile illness and livestock productivity losses in low- and middle-income countries. We make the case that, for these diseases, One Health interventions have the potential to be more effective and generate more equitable benefits for human health and livelihoods, particularly in rural areas, than approaches that rely exclusively on treatment of human cases. We hypothesize that applying One Health interventions to tackle these health challenges will help to build trust, community engagement and cross-sectoral collaboration, which will in turn strengthen the capacity of fragile health systems to respond to the threat of emerging zoonoses and other future health challenges. One Health interventions thus have the potential to align the ongoing needs of disadvantaged communities with the concerns of the broader global community, providing a pragmatic and equitable approach to meeting the global goals for sustainable development and supporting the global health security agenda.
One Health approach to address zoonotic diseases
- Article
- Inde
- Aggarwal D. & Ramachandran (2020). One Health Approach to Address Zoonotic Diseases. Indian Journal of community medicine, vol.45 n°1, S6-S8.
- En ligne : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7232973/
Contenu : The world of animals, humans, and environment is interlinked, giving rise to a number of benefits as well as a spread in zoonosis and multifactorial chronic diseases. With the emergence of antimicrobial resistances and environmental pollution, addressing these diseases needs an interdisciplinary and intersectoral expertise. âOne Health (OH)â refers to such collaboration between local, national, and global experts from public health, health care, forestry, veterinary, environmental, and other related disciplines to bring about optimal health for humans, animals, and environment. The concept of OH is still in embryonic stage in India and increasingly gaining importance. The Government of India has taken some initiatives to tackle burgeoning problems such as antimicrobial resistance, zoonotic diseases, and food safety using the OH approach, but there are several challenges at the level of implementation. The major bottlenecks in implementing OH include absence of a legal framework to implement OH, poor coordination among different governmental and private agencies, lack of proper surveillance of animal diseases, poor data-sharing mechanism across sectors, and limited budget. Implementing systematic zoonotic surveillance; regulated antibiotic use among humans and animals; development of a zoonotic registry in the country; constitution of a wide network of academic, research, pharmaceutical, and various implementation stakeholders from different sectors is the need of the hour to effectively use OH in order to combat increasing zoonotic diseases.
Si la crise liĂ©e au coronavirus a dĂ©jĂ fait couler beaucoup dâencre et fait lâobjet de nombreux dĂ©bats (politiques, mĂ©diatiques, scientifiques, familiaux, amicaux, sur les rĂ©seaux sociauxâŠ) pour autant, que peut-elle raconter sur notre quotidien et sur nos sociĂ©tĂ©s ?
Au fil des semaines confinĂ©es, cette situation a rĂ©vĂ©lĂ© la profondeur des traits inĂ©galitaires de nos sociĂ©tĂ©s. Elle a Ă©galement dĂ©fiĂ© la vision individuelle et mĂ©dicale de la santĂ©, en forçant Ă prendre en compte les dĂ©terminants sociaux de la santĂ© susceptibles de jouer dans lâaugmentation ou la diminution de la contamination et propagation du virus1 voire dans la distribution dâautres effets socio-sanitaires de lâĂ©pidĂ©mie.
Le logement : un déterminant de santé majeur
En effet, le confinement nâa pas Ă©tĂ© Ă©prouvĂ© de la mĂȘme maniĂšre que lâon soit seul·e, en famille, en tĂ©lĂ©travail ou dans une profession de contact, en appartement ou dans une maison. La diversitĂ© des vĂ©cus met au jour lâinfluence des conditions de vie sur notre quotidien et sur notre santĂ©. Les inĂ©galitĂ©s se sont dĂ©ployĂ©es et renforcĂ©es dans tous les domaines2 et en particulier celui liĂ© au logement.
En contraignant Ă rester chez soi pour travailler, apprendre, Ă©duquer, le confinement a mis en Ă©vidence la centralitĂ© du logement et son incapacitĂ© Ă rĂ©pondre aux besoins fondamentaux pour une grande partie de la population : promiscuitĂ©, insalubritĂ©, manque de lumiĂšre et d’espace extĂ©rieur, mauvaise isolation et insonorisation⊠mais aussi impossibilitĂ© de respecter un vĂ©ritable isolement en cas dâinfection. Les problĂšmes de l’habitat sont multiples, et leurs consĂ©quences, encore plus violentes lorsqu’il est interdit d’en sortir. Pour beaucoup, le confinement a Ă©tĂ© vĂ©cu comme une double peine, enfermé·e dans lâinconfort et lâĂ©troitesse sans Ă©chappatoire possible (ou sous peine de sanction).
Bien que la crise ait mis en Ă©vidence la souffrance qui peut naĂźtre de la vie dans un logement inadaptĂ©, celle-ci nâest pas nouvelle. Nous savons que le logement est un dĂ©terminant majeur de santĂ© et sa qualitĂ© va influencer lâĂ©tat de santĂ© et le bien-ĂȘtre des personnes. Au-delĂ du droit Ă un toit qui nâest toujours pas garanti pour toutes et tous, lâaccĂšs Ă un logement qui rĂ©ponde Ă nos besoins nâest pas chose aisĂ©e. Les ressources Ă©conomiques et patrimoniales dâune personne ou dâun mĂ©nage dĂ©terminent la qualitĂ© de son logement, le quartier dans lequel elle vit et donc tout autant sa qualitĂ© de vie que son quotidien, plus ou moins stressant.
En temps confinĂ©s ou en temps [a]normaux, vivre dans un logement insalubre, inadaptĂ©, humide, expose les habitant·es Ă des risques accrus pour leur santĂ©, Ă des maladies chroniques ou infectieuses et un stress permanent. Il en va de mĂȘme pour les enfants grandissant dans de tels logements : ils et elles sont impacté·es non seulement au niveau de leur santĂ© et de leur dĂ©veloppement mais aussi au niveau de leur rĂ©ussite scolaire qui est compromise, car suivre une scolaritĂ© normale dans des conditions dâinsalubritĂ© et/ou de surpeuplement du logement est difficile. Les conditions de logement sont inĂ©vitablement inĂ©gales et se rĂ©percutent sur tout un spectre dâĂ©lĂ©ments de vie.
Le systĂšme des dĂ©terminants : des facteurs qui sâauto-influencent
La santĂ© et ses dĂ©terminants sâinscrivent dans des chaĂźnes de causalitĂ© câest-Ă -direune articulation complexe de causes et dâeffets multiples. Ainsi, sâil y a modification de dĂ©terminants globaux, câestâĂ -dire contextuels ou structurels, comme nous lâavons vu avec la pandĂ©mie, cela entraĂźnera des consĂ©quences sur les dĂ©terminants liĂ©s au quotidien des personnes, le logement par exemple.
ConcrĂštement, un changement dans la politique du logement pourra avoir un effet tangible sur le type de logements disponibles, leur coĂ»t et leur qualitĂ©. Ce qui amĂšnerait Ă prĂ©venir et prĂ©munir la population des effets nocifs de lâhabitat inadaptĂ© sur la santĂ©. Quelques solutions qui amĂšneraient des bĂ©nĂ©fices en termes de santĂ© de la population peuvent ĂȘtre identifiĂ©es : renforcer lâoffre de logements sociaux ; rĂ©quisitionner les bĂątiments vides (ex. : 6,5 millions de mÂČ vacants en RĂ©gion bruxelloise3 ) ; rĂ©guler de façon stricte le prix des loyers et le secteur de lâimmobilier pour rendre le droit au logement concret et inaliĂ©nable ; prendre en compte lâhabitat dans sa globalitĂ© et le rendre plus propice Ă la vie (biodiversitĂ©, espaces de loisir, de rencontre, mobilitĂ© et accessibilitĂ©âŠ).
Enjeux santé : Les déterminants de santé sous la loupe
Cet outil a reçu un coup de cĆur Pipsa .
Ă lâimage dâune sĂ©rie de poupĂ©es russes qui sâemboĂźtent, les contextes de sociĂ©tĂ© influencent les systĂšmes qui, eux-mĂȘmes, influencent les conditions et situations de vie. Et ainsi de suite, jusquâĂ un impact concret sur la santĂ© des individus. Les liens entre les dĂ©terminants (surtout ceux dâordre collectif et structurel) et la santĂ© ne sont donc pas toujours aisĂ©ment identifiables.
Afin de mettre en lumiĂšre ce qui dĂ©termine notre santĂ© et ainsi pointer ce sur quoi nous pouvons agir, individuellement et collectivement, Cultures&SantĂ© a crĂ©Ă© un outil dâanimation, qui se veut accessible Ă tous et toutes. Il permet de partager en groupe ses ressentis, son vĂ©cu, ses observations en scrutant les ingrĂ©dients qui composent une sociĂ©tĂ© complexe et dâen dĂ©gager une analyse prospective en lien avec la santĂ© ; Ă lâimage de ce qui a pu ĂȘtre fait dans le dĂ©but de cet article sur lâimpact de la qualitĂ© du logement en situation de crise sanitaire.
Cet outil permet donc dâexplorer et dâinterroger les dĂ©terminants de santĂ©. Il sâinscrit dans le prolongement de La santĂ© câest aussiâŠ, kit pĂ©dagogique Ă©ditĂ© il y a plus de 10 ans par Cultures&SantĂ© et qui proposait une vision multifactorielle de la santĂ©.
Enjeux santĂ© propose 12 pistes d’animation qui reposent sur une sĂ©rie de 78 cartes illustrĂ©es. Il soutient une rĂ©flexion active sur lâensemble des facteurs influençant la santĂ© ainsi que sur les relations quâils entretiennent entre eux. Ă lâaide de ces cartes, de multiples rĂ©flexions peuvent ĂȘtre menĂ©es sur les causes de certaines situations dans la perspective dâune prise de conscience, dâun diagnostic, dâune Ă©valuation, dâune action ou dâune dĂ©cision. Il peut ĂȘtre utilisĂ© aussi bien avec des citoyen·nes que dans un groupe de professionnel·les ou dans des Ă©changes avec des politiques.
Le kit a pour objectifs de :
- prendre conscience de la multiplicité des facteurs qui influencent la santé ;
- cerner les relations qui existent entre ces facteurs et la santé, et entre ces facteurs entre eux ;
- développer les capacités à analyser les facteurs multiples qui produisent une situation de santé satisfaisante ou insatisfaisante ;
- identifier les responsabilités multiples et collectives liées à la santé.
Contenu de lâoutil :
- un set de 78 cartes illustrées représentant des déterminants de santé ;
- un guide dâaccompagnement (70 p.) qui fournit des repĂšres thĂ©oriques et pratiques (12 pistes d’animation) pour travailler la question des dĂ©terminants de santĂ© ;
- un guide des illustrations (42 p.) qui propose un titre pour chacune des illustrations, parfois d’un terme descripteur principal, et d’Ă©lĂ©ments objectifs et subjectifs, qu’elle peut Ă©voquer ;
- 2 affiches « La santé ça se construit » représentant une sélection des déterminants de santé (parmi les 78 cartes illustrées) et une proposition de catégorisation, allant du plus proche des individus aux plus éloignés de ceux-ci ;
- 2 sĂ©ries de 7 fiches mosaĂŻque reprenant les 78 dĂ©terminants et qui permettent la rĂ©flexion en sous-groupes pour certaines pistes d’animation.
Un ensemble de supports complĂ©mentaires peut ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ© :
- un support mini-récits (nécessaire pour exploiter la piste 7)
- un feuillet dâexploitation de lâaffiche
DĂ©couvrez Enjeux santĂ© au travers de la vidĂ©o de prĂ©sentation rĂ©alisĂ©e par lâĂ©quipe de Cultures&SantĂ© : facebook.com/culturesetsante/videos/885759608881627
Pour lâobtenir
Vous pouvez le trouver en prĂȘt au centre de documentation de Cultures&SantĂ© et en tĂ©lĂ©chargement sur le site cultures-sante.be. Si vous envisagez de lâutiliser rĂ©guliĂšrement en groupe, vous pouvez faire une demande pour lâacquĂ©rir, par mail cdoc@cultures-sante.be ou par tĂ©lĂ©phone au 02 558 88 11. NâhĂ©sitez pas Ă contacter Cultures&SantĂ© si vous souhaitez organiser un atelier de dĂ©couverte.
Animer un atelier numérique avec Enjeux santé
Consciente de lâĂ©loignement des professionnel·les avec les publics dĂ» Ă la crise de Covid-19, lâĂ©quipe de Cultures&SantĂ© a dĂ©veloppĂ© un fichier pour exploiter Enjeux santĂ© virtuellement. Disponible uniquement en tĂ©lĂ©chargement, « Animer un atelier numĂ©rique avec Enjeux santĂ© » partage nos mĂ©thodes, dĂ©veloppĂ©es et expĂ©rimentĂ©es pendant le confinement, pour animer Ă distance un atelier de sensibilisation sur les dĂ©terminants de santĂ©.
Retrouvez le fichier et ses supports sous format PDF sur cultures-sante.be/nos-outils/outils-promotion-sante/item/577-enjeux-sante-les-determinants-sous-la-loupe.html
[1]COVID-19 : le virus des inégalités, Oxfam France, 10 avril 2020.
IREPS Auvergne RhĂŽne-Alpes, 30 mars 2020. Estelle Carde, La Covid-19 creuse les inĂ©galitĂ©s dâaujourdâhui, mais aussi celles de demain, in : The Conversation, mai 2020.
On a beaucoup entendu parler « des jeunes » durant la crise sanitaire qui a frappĂ© notre pays. Pendant que dâaucuns les accusaient de nĂ©gliger les prĂ©cautions sanitaires et de participer Ă la propagation du virus, de nombreux professionnels travaillant avec ces publics nâont pas tardĂ© Ă pointer le manque de communication adaptĂ©e Ă leur Ă©gard et se sont alarmĂ©s des consĂ©quences dĂ©sastreuses de la rĂ©duction drastique de leur vie sociale et acadĂ©mique sur leur santĂ© mentale. Marie-Marie van der Rest, chargĂ©e de communication chez Univers santĂ©, a acceptĂ© de revenir avec nous sur la campagne KotâVid Friendly, Ă destination du public Ă©tudiant, nĂ©e dans cette pĂ©riode si particuliĂšre.
GenÚse du projet : se réinventer en temps de Covid
Lorsque le premier confinement a Ă©tĂ© annoncĂ© au printemps 2020, face Ă la soudainetĂ© de la situation, lâassociation a dans un premier temps relayĂ© les recommandations officielles des autoritĂ©s. En parallĂšle, elle a continuĂ© Ă travailler ses thĂ©matiques dâactions habituelles, mais sous lâangle de la Covid-19 et du confinement. Par exemple, en abordant des questions telles que « comment maintenir une activitĂ© physique», «comment maintenir ses relations malgrĂ© la distance » ou encore, en faisant de la prĂ©vention en matiĂšre dâassuĂ©tudes. Si, Ă la faveur du dĂ©confinement, les Ă©tudiant·e·s ont pu se retrouver Ă la rentrĂ©e, le spectre de la seconde vague sâest rapidement fait sentir.
Ă cette Ă©poque, le Service dâaide aux Ă©tudiant·e·s de lâUCLouvain recevait de nombreuses interrogations concernant la mise en quarantaine. LâĂ©quipe professionnelle constatait que, si beaucoup dâĂ©tudiant·e·s cherchaient Ă se faire tester pour continuer Ă assister aux cours et maintenir – autant que faire se peut – une vie sociale, de nombreux malentendus subsistaient quant Ă la quarantaine, dâautant que les rĂšgles Ă©voluaient sans cesse en fonction de la situation sanitaire.
En octobre, en collaboration avec lâUCLouvain, Univers santĂ© a donc imaginĂ© un arbre dĂ©cisionnel. Lâobjectif Ă©tait de rassembler les informations et recommandations officielles, dans un mĂȘme support de communication visuel, accessible et adaptĂ© aux jeunes. EditĂ© sous forme de flyer, le verso rĂ©pondait Ă des questions frĂ©quemment abordĂ©es telles que « quâest-ce quâune bonne mise en quarantaine ? » mais Ă©galement Ă des situations plus spĂ©cifiques telles que « que dois-je faire si mon co-koteur est malade ? », « cela signifie-t-il que je suis âcas contactâ ? »⊠Les retours sur cet arbre dĂ©cisionnel se sont montrĂ©s trĂšs positifs et ont appuyĂ© la nĂ©cessitĂ© de travailler sur une communication adaptĂ©e aux Ă©tudiant·e·s dans le cadre de la crise sanitaire. Ainsi a Ă©mergĂ© lâidĂ©e de crĂ©er une campagne collaborative spĂ©cifique Ă ce public : la campagne KotâVid Friendly1 .
La campagne KotâVid Friendly
Les étudiant·e·s, un public spécifique
Du fait de leur mode de vie, entre cocon familial et premiĂšres envolĂ©es, les Ă©tudiant·e·s rencontrent des problĂ©matiques qui leur sont propres. Une partie dâentre eux notamment vit dans des logements communautaires ou kots. Or, comme le rappelle Marie-Marie van der Rest : « nous ne nous rendions pas compte quâĂȘtre Ă 6, 7, 8 dans un logement pouvait donner lieu Ă des perspectives totalement diffĂ©rentes sur la crise sanitaire, le respect des rĂšgles⊠En colocation aussi, pour les jeunes travailleurs, cela pose sans doute problĂšme. Câest dâautant plus prĂ©gnant pour les Ă©tudiant·e·s car pour certains, câest la premiĂšre fois quâils n’habitent plus chez leurs parents. Il y a aussi la situation des Ă©tudiant.e.s qui rentrent dans leurs familles le week-end et qui sont soumis Ă leurs rĂšgles. Et puis un kot, câest parfois moins confortable pour le wifi, pour la cuisine⊠». Ces aspects spĂ©cifiques Ă la vie Ă©tudiante Ă©taient Ă prendre en compte.
Outre la question des logements, dâautres Ă©lĂ©ments liĂ©s au public des jeunes entre 18 et 25 ans sont aussi Ă considĂ©rer et Ă aborder avec eux : le besoin de vie sociale, dâĂ©mancipation, de crĂ©er un rĂ©seau, le stress qui peut ĂȘtre liĂ© au dĂ©roulement de lâannĂ©e et des examens, etc.
Des besoins identifiés en amont par les étudiants
Outre le Service dâaide aux Ă©tudiant·e·s, en contact permanent avec leur public, Univers santĂ© a donc fait appel aux Ă©tudiant·e·s avec lesquels lâassociation avait lâhabitude de travailler ses thĂ©matiques. « Ce sont des Ă©tudiant·e·s qui gĂ©nĂ©ralement sont identifiĂ©es comme rĂ©fĂ©rent·e·s en santĂ© dans leur comitĂ© ou collectif respectif. Par exemple, dans un kot-Ă -projet, un cercle ou une rĂ©gionale, ils ont souvent dans leur comitĂ© une personne qui a la casquette de « sport-santĂ© » ou de « vie saine » ». Finalement, ce sont 3 Ă©tudiant·e·s issus de diffĂ©rentes entitĂ©s (kot-Ă -projet, rĂ©gionale et cercle) qui se sont portĂ©s volontaires.
La volontĂ© Ă©tait de partir des problĂ©matiques que rencontraient concrĂštement les Ă©tudiant·e·s et de leur vĂ©cu pour rappeler les rĂšgles dâor en matiĂšre sanitaire en adoptant un ton un peu plus dĂ©calĂ© et davantage adaptĂ© Ă ce public. « Par exemple, un des Ă©tudiants avec lequel nous avons construit la campagne a portĂ© Ă notre attention un message que nous nâavions pas identifiĂ© de prime abord : lâimportance de choisir son mode/lieu de vie (dans le contexte du second confinement, ndlr). Il nous a relayĂ© que cela crĂ©ait beaucoup de difficultĂ©s dans les kots parce que certains faisaient la fĂȘte la semaine et rentraient chez leurs parents le weekend, crĂ©ant des tensions avec les Ă©tudiant·e·s qui avaient choisi de rester lĂ tout le temps ». De ce constat est nĂ© le premier visuel travaillĂ© dans le cadre de la campagne KotâVid Friendly : « Choisis ton camp ».
Une communication adaptée dans une approche de réduction des risques
PandĂ©mie oblige, une grande partie de la communication de la communication Ă©tĂ© relayĂ©e principalement via les rĂ©seaux sociaux. La campagne dispose dâailleurs de pages Facebook et Instagram dĂ©diĂ©es.
Retrouvez la campagne sur :
- Facebook : facebook.com/kotvidfriendly/
- Instagram : instagram.com/kotvidfriendly/
En parallĂšle des messages de prĂ©vention qui y Ă©taient diffusĂ©s, il a semblĂ© important, dĂšs le dĂ©part, de dĂ©passer les seules recommandations sanitaires pour proposer des idĂ©es que lâon pourrait qualifier de « kotâvid friendly ». « Par exemple, nous avons proposĂ© une liste de promenades Ă Louvain-la-Neuve et Ă Bruxelles qui changeaient des lieux trĂšs frĂ©quentĂ©s, avec toujours lâidĂ©e de ne jamais encourager Ă se voir Ă plus de 4 (selon les rĂšgles en vigueur Ă lâĂ©poque – ndlr) mais sans ĂȘtre dans le ton nĂ©gatif ».
Ă un discours moralisateur, lâassociation a prĂ©fĂ©rĂ© adopter une approche de rĂ©duction des risques afin dâaccompagner et de limiter les dommages sanitaires. « MĂȘme quand il y a eu, en mars-avril 2021, de plus gros rassemblements, nous nâĂ©tions pas dans la condamnation. En revanche, nous Ă©tions prĂ©sents pour rappeler quâil y avait une possibilitĂ© de se faire tester, quâil y avait des procĂ©dures de mise en quarantaine, quâil fallait faire attention⊠mais en essayant de ne pas stigmatiser » ajoute notre interlocutrice. Et de complĂ©ter, « lâidĂ©e nâest pas de cautionner mais bien dâadmettre que câest une rĂ©alitĂ© bien prĂ©sente ».
Une attention particuliĂšre a donc Ă©tĂ© portĂ©e au ton des messages adressĂ©s aux Ă©tudiant·e·s en prenant le parti de ne pas dramatiser, tout en rappelant les rĂšgles rĂ©guliĂšrement. Ainsi, plutĂŽt que dâintimer « Ă©vitez les rassemblements », lâassociation a prĂ©fĂ©rĂ© le message : « compte (sur) tes potes » pour rappeler le concept de « bulle sociale ». Le groupe de travail a Ă©galement choisi de sâexprimer Ă la premiĂšre personne dans ses supports. « Nous avons crĂ©Ă© des visuels mettant en scĂšne une personne qui parle en « je », lâidĂ©e Ă©tait de pouvoir sâidentifier au message en se disant « ah bon, je ne suis peut-ĂȘtre pas la seule personne Ă penser ça⊠» » prĂ©cise Marie-Marie van der Rest.
Changer de prisme et renforcer la capacitĂ© dâagir des Ă©tudiant·e·s
Comme le souligne Marie-Marie van der Rest, « nous souhaitions aussi montrer que les Ă©tudiant·e·s prennent leurs responsabilitĂ©s puisquâon a travaillĂ© avec eux sur la campagne. Ils remontaient les messages quâils souhaitaient voir passer pour montrer que tous les Ă©tudiant·e·s ne nĂ©gligent pas les rĂšgles sanitaires, que tous ne se retrouvent pas dans des kots Ă 45 mais, quâau contraire, la plupart essaient de sensibiliser leurs pairs Ă cette problĂ©matique ».
Favoriser le dialogue entre les Ă©tudiant·e·s, en dĂ©dramatisant certains comportements mais en expliquant aussi pourquoi ils sont dangereux est lâun des objectifs de cette campagne. Les compĂ©tences des Ă©tudiant·e·s et leur capacitĂ© dâagir sâen trouvent ainsi renforcĂ©es.
Des relais par les pairsâŠ
Cela permet aussi une meilleure adhĂ©sion aux messages de la part des Ă©tudiant·e·s eux-mĂȘmes, qui Ă leur tour seront plus prompts Ă relayer les messages. La plupart des cercles, rĂ©gionales ou kots-Ă -projet ayant Ă©galement un compte Instagram, « nous avons eu beaucoup de relais des Ă©tudiant·e·s qui nâhĂ©sitaient pas Ă diffuser auprĂšs de la population Ă©tudiante que nous avons parfois plus de mal Ă toucher, dâautant que nous sommes souvent associĂ©s Ă lâuniversitĂ© » rajoute notre interlocutrice.
Et par le réseau..
En outre, Univers santĂ© a mobilisĂ© son rĂ©seau institutionnel pour relayer ses messages. LâUCLouvain a ainsi relayĂ© la campagne auprĂšs de ses Ă©tudiant·e·s Ă plusieurs reprises. De mĂȘme certains acteurs locaux, telle que la zone de police de Louvain-la-Neuve, ont fait montre dâun intĂ©rĂȘt pour cette approche adaptĂ©e.
DĂ©fis & perspectives
Faut-il le rappeler, cette campagne est nĂ©e dans un contexte trĂšs spĂ©cifique : la pandĂ©mie, son Ă©volution et les diverses mesures sanitaires qui lâont accompagnĂ©e, souvent dans lâurgence, parfois dans une certaine confusion. Par son caractĂšre soudain et le nombre dâinconnues quâelle a gĂ©nĂ©rĂ©, la pandĂ©mie a Ă©tĂ© le thĂ©Ăątre dâune production dâinformations frĂ©nĂ©tique et continue, dont une partie sâest avĂ©rĂ©e erronĂ©e, incomplĂšte, voire orientĂ©e. NĂ©e dans lâurgence de faire face Ă cette pandĂ©mie, la campagne KotâVid Friendly, caractĂ©risĂ©e par sa rĂ©activitĂ© Ă lâĂ©volution sanitaire, nâa donc pas vocation Ă ĂȘtre permanente.
Cependant, force est de constater que la situation reste fragile et traversée de nouveaux enjeux, tels que la couverture vaccinale de la population.
Dans une perspective plus positive, nous pouvons bien sĂ»r espĂ©rer que les activitĂ©s « en prĂ©sentiel » reprendront bientĂŽt, ce qui donnera aussi une autre possible dimension Ă la campagne. « Sâil y a de nouveau un retour des animations sur les sites, on pourrait aussi mettre en place ce fameux label : lâactivitĂ© en question est « kotâvid friendly », pour attester quâelle respecte les rĂšgles sanitaires». Tout cela nâest cependant pas encore Ă lâordre du jour.
Un autre dĂ©fi sera aussi de reconstituer une Ă©quipe pour continuer le processus de co-construction de la campagne. En effet, chaque annĂ©e, la composition des comitĂ©s change. Et par consĂ©quent, les Ă©tudiant·e·s avec lesquel·le·s travaille Univers santĂ©. Un dĂ©fi, car câest toute une dynamique Ă (re)construire, mais Ă©galement une opportunitĂ© comme le souligne Marie-Marie van der Rest : « câest dommage de ne plus travailler avec eux mais on va dĂ©couvrir de nouvelles personnes qui auront sans doute dâautres maniĂšres de travailler ou de nouveaux messages Ă identifier ». Dâautres Ă©tudiant·e·s qui Ă leur tour, reprĂ©senteront leurs pairs, car ils partagent leur(s) rĂ©alitĂ©(s) : « (âŠ)peut ĂȘtre vont-ils avoir de nouvelles choses Ă nous apporter ou, au contraire, nous diront-ils quâil faut vraiment quâon parte sur autre chose parce que la lassitude sâinstalle, ou quâil faudra changer lâidentitĂ© visuelle ou autre pour donner un coup de neuf et que le message soit de nouveau lu et vĂ©cu ». Car câest bien dans cette dĂ©marche collaborative, en Ă©cho avec les besoins de son public, que rĂ©side le succĂšs de cette campagne.
Univers santé
Sur les campus de lâUniversitĂ© Catholique de Louvain (UCLouvain), Univers santĂ© dĂ©veloppe depuis 2000 des actions de promotion de la santĂ© en milieu jeune et Ă©tudiant, et travaille en partenariat direct avec ses publics cibles, des acteurs et des associations de terrains, des enseignants, des professionnels de la santĂ©, etc. Lâassociation aborde tous les sujets qui concernent les publics jeunes et Ă©tudiants : alimentation, assuĂ©tudes, vie affective et sexuelle, santĂ© mentale, stress, blocus, santĂ© sociale, etc.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur : univers-sante.be
[1] PensĂ© dâabord comme un label qui attesterait des lieux ou activitĂ©s qui respectent les recommandations sanitaires, le projet a dĂ» rapidement se rĂ©-orienter en raison du second confinement.
Mis en exergue par Isabelle Roskam et MoĂŻra Mikolojaczak, chercheuses au sein de lâInstitut de recherche en psychologie (IPSY) de lâUCLouvain, le burnout parental fait l’objet d’une attention accrue, particuliĂšrement lors de la crise sanitaire qui a mis les familles Ă rude Ă©preuve. Si son existence est reconnue mondialement, on observe que sa prĂ©valence diffĂšre d’un pays Ă l’autre. Notre pays se trouve parmi les trois pays les plus Ă risque. Un constat qui a poussĂ© les chercheuses Ă se demander ce qui pouvait expliquer de telles diffĂ©rences et Ă lancer une Ă©tude internationale. MenĂ©e dans 42 pays, cette Ă©tude met en avant lâindividualisme de nos sociĂ©tĂ©s comme dĂ©terminant dans la prĂ©valence du burnout parental.
Le burnout parental, retour sur un syndrome
Le burnout parental (BOP) est un syndrome qui touche tous les parents exposĂ©s Ă un stress chronique. Il sâexprime au travers de diffĂ©rentes facettes.
- LâĂ©puisement : câest sans doute le symptĂŽme le plus manifeste. Il fait Ă©cho Ă la sensation dâĂȘtre âau bout du rouleauâ. Le parent a le sentiment dâavoir Ă©puisĂ© ses ressources, que ce soit au niveau cognitif, Ă©motionnel ou physique.
- La distanciation affective avec lâenfant : par un mĂ©canisme de protection vis-Ă -vis de lâĂ©puisement, le parent se coupe de ses Ă©motions pour se concentrer sur les tĂąches strictement nĂ©cessaires Ă la vie familiale, au dĂ©triment de lâaspect relationnel.
- La perte dâefficacitĂ© et dâĂ©panouissement dans son rĂŽle de parent : le BOP met la personne en souffrance vis-Ă -vis de son identitĂ© de parent elle-mĂȘme, crĂ©ant un sentiment de dĂ©calage.
- Le contraste : le parent se sent diffĂ©rent, en dehors de lui-mĂȘme. Il nâest plus le parent quâil a Ă©tĂ©. Câest un symptĂŽme qui accompagne souvent la prise de conscience dâun dysfonctionnement.
Il faut que ces symptĂŽmes sâexpriment de maniĂšre suffisamment sĂ©vĂšre et rĂ©guliĂšre pour que lâon parle de BOP.
Les symptĂŽmes du burnout parental peuvent avoir des consĂ©quences dĂ©lĂ©tĂšres, tant pour le parent en souffrance (sentiment de culpabilitĂ©, dâisolement et risques de suicideâŠ) que pour lâĂ©quilibre familial et la relation parent-enfant (dont la nĂ©gligence et violence parentale Ă lâĂ©gard des enfants).
Pour approfondir les explications sur le burnout parental, retrouvez lâarticle « Burnout parental : quel rĂŽle pour la promotion de la santĂ© ? » (Education SantĂ©, fĂ©vrier 2019).
Une Ă©tude internationale
JusquâĂ prĂ©sent, les recherches sur le burnout parental sâĂ©taient concentrĂ©es sur des facteurs individuels. Or, comme le prĂ©cise Isabelle Roskam, « le dĂ©savantage, câest quâon se focalise sur lâindividu, ce qui est culpabilisant pour lui. Il va se dire, « pourquoi est-ce que moi, je tombe en burnout ? ». Si on ne pointe que des facteurs individuels, il y a le risque que la personne se sente la seule responsable. » Pourtant comme dans le burnout professionnel, le contexte pĂšse Ă©galement sur le dĂ©veloppement de lâĂ©puisement parental. Ainsi, la difficultĂ© pour un parent de « trouver du temps pour lui », souvent exprimĂ©e par les parents en souffrance, est une prĂ©occupation qui sâinscrit dans un modĂšle de sociĂ©tĂ© individualiste.
Afin de valider ces observations, les chercheuses ont activĂ© leur rĂ©seau international. La thĂ©matique semble rassembleuse, les retours ne se sont pas fait attendre. Isabelle Roskam pose un premier constat : âcette notion de burnout parental a lâair de parler Ă tout le mondeâ. CâĂ©tait un prĂ©alable nĂ©cessaire Ă lâĂ©tude. Pourtant, âce nâĂ©tait pas gagnĂ© dâavance parce que parfois quelque chose qui fait beaucoup de sens dans une culture nâen a pas dans une autreâ. De fil en aiguille, des chercheuses et chercheurs issus de 42 pays diffĂ©rents se joignent ainsi Ă lâĂ©tude et alimentent la base de donnĂ©es.
Des facteurs dâordre socio-dĂ©mographiques (par exemple, le nombre dâenfants dans la cellule familiale, le nombre dâadultes investis dans lâĂ©ducation de lâenfant) mais Ă©galement socio-Ă©conomiques (notamment le Produit IntĂ©rieur Brut (PIB) de chaque nation) ont dâabord Ă©tĂ© envisagĂ©s. Aucune de ces variables ne permettait cependant dâexpliquer les disparitĂ©s dans la prĂ©valence du burnout parental Ă travers le monde. Les chercheuses se sont alors intĂ©ressĂ©es aux valeurs culturelles, « qui, prĂ©cise Isabelle Roskam, ne sont pas que lâindividualisme. Il y a par exemple tout ce qui concerne les rapports hiĂ©rarchiques, les rapports de pouvoir entre les membres dâune sociĂ©tĂ©, il y a des sociĂ©tĂ©s plus ou moins Ă©galitaires⊠». Ces diffĂ©rentes valeurs contrĂŽlĂ©es, lâanalyse met en avant lâinfluence de la culture individualiste comme dĂ©terminante dans la prĂ©valence du burnout parental. Isabelle Roskam enchĂ©rit « câest interpellant de constater que ce sont les pays les plus riches et oĂč on fait le moins dâenfants que le niveau de burnout est le plus Ă©levĂ© ». Selon la chercheuse, « quand on fait partie dâune culture dite individualiste, on a lâhabitude dâĂȘtre focalisĂ© sur ses besoins, dâĂȘtre Ă lâĂ©coute de soi, de devoir « tracer notre routeâ, etc.; et finalement, la façon dont cela va impacter les autres, câest secondaire. Tandis que dans une culture collectiviste, le rapport est inverse ; on va dâabord se tracasser de ce quâil se passe pour le groupe avant de regarder vers soi. »
Culture individualiste: quelles conséquences sur la parentalité ?
Lâindividualisme qui imprĂšgne notre culture occidentale impacte lâexercice de la parentalitĂ© dans de multiples dimensions.
Une sociĂ©tĂ© individualiste va valoriser la performance et la compĂ©tition. Les narratifs qui nous entourent regorgent de success stories[1] et de self made (wo)men[2]. Dans une sociĂ©tĂ© oĂč on nous encourage Ă toujours ĂȘtre le meilleur, la surexposition aux modĂšles parentaux idĂ©alisĂ©s gĂ©nĂšre comparaison et insĂ©curitĂ© :  » Câest vrai aussi dans la parentalitĂ© ; on veut ĂȘtre le meilleur parent par rapport au voisin, avoir les enfants qui performent le mieux Ă lâĂ©cole. On devient Ă©galement perfectionniste dans sa parentalitĂ©, or cela a un coĂ»t : on nâest jamais content de soi, on est toujours Ă lâaffĂ»t de recommandations sur la parentalitĂ© positive, on se fatigue dans des tĂąches oĂč on a lâimpression que lâon ne peut jamais atteindre le standard Ă©levĂ© que lâon recherche ». Insidieusement, cette quĂȘte de perfection sans cesse inassouvie mĂšne Ă lâĂ©puisement.
Cet environnement compĂ©titif et portĂ© sur la performance impacte aussi les buts de socialisation. Comme lâexplique la chercheuse « dans une sociĂ©tĂ© individualiste, on va Ă©lever nos enfants en leur transmettant les valeurs dont ils vont avoir besoin pour se dĂ©brouiller eux-mĂȘmes. Et une de ces valeurs, câest leur apprendre Ă ĂȘtre assertif, Ă donner leur avis et Ă ne pas se laisser faire quand on leur dit quelque chose ». Or cette assertivitĂ©, les enfants la dĂ©veloppent aussi Ă lâĂ©gard de leurs parents, qui se retrouvent Ă devoir nĂ©gocier ou se justifier auprĂšs de leur progĂ©niture. Dans une sociĂ©tĂ© collectiviste, en revanche, ce ne seront pas les mĂȘmes buts qui seront plĂ©biscitĂ©s : « dans des pays comme la Chine ou le Japon, explique Isabelle Roskam, on retrouve ce quâon appelle la « piĂ©tĂ© filiale », qui inculque le respect inconditionnel des aĂźnĂ©s. Il y a cette notion dâobĂ©issance par dĂ©faut qui fait quâun enfant comprend quâil y a une hiĂ©rarchie, quâil nâest pas lâĂ©gal de lâadulte et nâa pas son mot Ă dire sur tout ce que lâadulte raconte. Il y a donc un coĂ»t Ă©motionnel Ă la parentalitĂ© qui est moins fort. »
En outre, dans une sociĂ©tĂ© individualiste, on observe quâil y a trĂšs peu de dĂ©lĂ©gation de lâautoritĂ© parentale et ce, mĂȘme dans les familles monoparentales. Une charge consĂ©quente repose sur les Ă©paules des seuls parents. En cause, lâidĂ©e trĂšs rĂ©pandue dans nos sociĂ©tĂ©s quâil ne faudrait compter que sur soi-mĂȘme. Isabelle Roskam explique : « dans une sociĂ©tĂ© individualiste, on apprend Ă ne compter que sur soi, Ă ne pas faire confiance aux autres, et ça, dans la parentalitĂ©, câest trĂšs saillant. Nous serions trĂšs surpris, voire sur la dĂ©fensive, quâun voisin nous propose spontanĂ©ment de sâoccuper de nos enfants par exemple. On a perdu cette idĂ©e de communautĂ©. Alors que dans certaines rĂ©gions dâAfrique on dit que âpour Ă©lever un enfant, il faut tout un villageâ ».
Enfin, selon la chercheuse, une autre caractĂ©ristique des cultures individualistes rĂ©side dans la recherche de lâĂ©galitĂ© hommes-femmes. Elle rappelle que « dans beaucoup de pays traditionnels, les femmes et les hommes nâont pas les mĂȘmes rĂŽles dans la parentalitĂ©. Dans un pays individualiste comme le nĂŽtre, avec des indicateurs dâĂ©galitĂ© trĂšs Ă©levĂ©s – qui vont imposer la paritĂ© dans le domaine politique, des entreprises, etc.- les femmes vont revendiquer cette Ă©galitĂ© ». Or dans le domaine de la parentalitĂ©, on constate que ce sont toujours elles qui assument plus de 70% de la charge liĂ©e aux soins et Ă lâĂ©ducation des enfants. Ainsi, illustre-t-elle, « il y a encore beaucoup de lois qui placent la mĂšre dans le rĂŽle du premier donneur de soins : il y a tout ce qui touche au congĂ© de maternitĂ©, mais pas seulement ; par exemple pour les allocations familiales, câest le pĂšre qui ouvre les droits et par dĂ©faut câest la mĂšre qui les touche, puisque câest elle qui Ă©lĂšve les enfants lĂ oĂč le pĂšre serait le pourvoyeur de moyens. Tout cela contribue Ă maintenir lâidĂ©e que le premier donneur de soins par dĂ©faut, câest la mĂšre. » Dans une sociĂ©tĂ© qui semble prĂŽner lâĂ©galitĂ©, mais oĂč beaucoup reste Ă faire notamment dans le domaine de la parentalitĂ©, cela contribue Ă renforcer un sentiment dâinjustice face Ă ce qui apparait comme un dĂ©calage entre le discours affichĂ© et la rĂ©alitĂ© vĂ©cue par les mĂšres.
Quels leviers dâactions pour la promotion de la santĂ© ?
Au vu des conclusions de cette Ă©tude, lâĂ©quipe de recherche Ă©voque avec nous quelques pistes, mais souligne quâelles sont encore nombreuses et multiples, telles quâun travail sur les aspects politiques, socio-Ă©conomiques, les reprĂ©sentations⊠pour mener un travail de fond sur la notion dâĂ©galitĂ© dans la famille par exemple.
Une prise de conscience collective
Dans une sociĂ©tĂ© individualiste qui prĂŽne la performance, demander de lâaide est encore trop souvent perçu comme un aveu de faiblesse. DĂ©construire les tabous autour de lâĂ©puisement parental, informer le grand public et faire passer ces termes dans le langage courant sont autant dâĂ©tapes nĂ©cessaires dans la prise de conscience du phĂ©nomĂšne. Isabelle Roskam prĂ©cise : « câest le genre de recherches qui ne peut pas rester dans le domaine acadĂ©mique, câest essentiel dâavoir un relais. Pour le parent concernĂ©, âsi on en parle, sâil y a des mots pour parler de ce que je vis, câest que du coup je ne suis pas le seul Ă ĂȘtre concernĂ©. Et que cela ne fait pas de moi un mauvais parentâ ».
Le burnout parental nâest pas quâune problĂ©matique individuelle, il se nourrit aussi des paradoxes de notre modĂšle individualiste. Une prise de conscience collective de cette dimension est nĂ©cessaire. Car lâomniprĂ©sence dâimages de parentalitĂ© heureuse et Ă©panouie isole ceux, parmi les parents, qui ont lâimpression dâĂȘtre dĂ©faillant par rapport Ă ce modĂšle. « Typiquement, câest ce quâon fait sur les rĂ©seaux sociaux en se mettant en avant, en laissant penser que nous-mĂȘmes nâavons jamais de difficultĂ©s, parfois au dĂ©triment de lâimpact que cela a sur les autres », ajoute Isabelle Roskam.
La sensibilisation des professionnels
Outre le frein culturel Ă oser exprimer la difficultĂ© que lâon rencontre et ayant Ă©tĂ© Ă©levĂ© avec lâidĂ©e quâil faut se dĂ©brouiller par soi-mĂȘme, ces parents ont davantage de mal Ă accepter un soutien de lâextĂ©rieur.
DĂšs lors, sensibiliser et former les professionnels de premiĂšre ligne Ă ces composantes culturelles semble un premier pas essentiel afin de leur donner des clĂ©s pour aborder le parent, lui offrir un espace oĂč exprimer ses difficultĂ©s sans se sentir jugĂ©.
Une formation pour les professionnels
Des formations sont proposĂ©es par le Training Institute for Parental Burnout. Pour plus dâinformation, rendez-vous sur http://www.parental-burnout-training.com
Des supports et des relais
La libĂ©ration de la parole autour des difficultĂ©s du rĂŽle de parent permet au parent en souffrance de sortir de lâisolement et de faire Ă©merger, au niveau des communautĂ©s, des rĂ©seaux dâinitiatives informelles de support et dâentraide. On pense, par exemple, aux solutions de garderie tournante que peuvent mettre en place des parents entre eux.
Au niveau formel, on retrouve les services qui sont offerts par des institutions, organismes et asbl qui offrent du soutien aux familles. Isabelle Roskam invite toutefois Ă la prudence lorsquâon prĂ©sente ces services afin dâĂ©viter de sous-entendre que tous les parents ont besoin de l’assistance d’un professionnel, ce qui aurait pour effet d’augmenter, symboliquement, la pression qui pĂšse sur eux : « câest faire passer la parentalitĂ© pour quelque chose de tellement difficile, avec tellement dâenjeux que si on ne prend pas les conseils dâun professionnel, on va forcĂ©ment faire des erreurs. » Et de l’envisager sous le prisme de la bienveillance : « Dire Ă tous les parents de se faire confiance, câest aussi trĂšs important et on lâa parfois oublié⊠»
Les rĂ©sultats de lâĂ©tude « Parental Burnout Around the Globe: a 42-Country Studyâ (Roskam, I., Aguiar, J., Akgun, E. et al., 2021) a Ă©tĂ© publiĂ©e dans la revue Affective Science (en anglais : https://doi.org/10.1007/s42761-020-00028-4).
Des ressources pour les parents et les professionnels
La MutualitĂ© chrĂ©tienne a mis sur pied un vaste programme autour du bien-ĂȘtre psychologique intitulĂ© « je pense aussi Ă moi », mettant en avant la nĂ©cessitĂ© de prĂ©server un espace de bien-ĂȘtre personnel, un Ă©quilibre entre tous les rĂŽles que chacun est amenĂ© Ă jouer dans sa vie, et notamment le rĂŽle de parent.
www.jepenseaussiamoi.be: un site internet avec des contenus ciblant notamment le burnout parental, et des solutions concrĂštes pour ne pas sây enliser
Isabelle Roskam et Moïra Mikolojaczak ont créé un site dédié au burnout parental, à destination des parents, professionnels et chercheurs : www.burnoutparental.com.
[1] Cette expression anglophone signifie « des modÚles, des histoires de réussite »
[2] Cette expression anglophone désigne des hommes ou femmes « qui se sont construits/ qui ont construit leur réussite tout.es seul.es »
Le point de départ
AprĂšs une dizaine de jours de confinement, les membres du rĂ©seau wallon pour la santĂ© des femmes [1] sont vite interpellĂ©s par les impacts de cette situation sur les femmes et notamment les plus fragilisĂ©es dâentre elles. De nombreuses questions Ă©mergent entre incertitudes et perplexitĂ© : combien de temps cela va-t-il durer ? Comment maintenir un lien ? Quelles solutions temporaires mettre en place pour se soigner, continuer Ă travailler, ou vivre tout simplement ? Câest ainsi que ces associations dĂ©cident de lancer un appel Ă tĂ©moignages pour entendre les vĂ©cus des femmes pendant ce premier confinement.
Entre avril et juin 2020, le rĂ©seau a collectĂ© plus dâune cinquantaine de tĂ©moignages, gĂ©nĂ©ralement par mail ou par tĂ©lĂ©phone. AprĂšs lectures, Ă©changes et analyses des contenus, lâidĂ©e dâen faire un podcast a Ă©mergĂ©. Femmes et travailleuses ont ensuite prĂȘtĂ© leur voix Ă ces diffĂ©rentes histoires pour un enregistrement durant lâĂ©tĂ© 2020.
Quatre capsules dâune durĂ©e totale de quatre-vingt minutes sont proposĂ©es sous la forme dâateliers dâĂ©changes comme sâils avaient pu avoir lieu rĂ©ellement. Elles sont disponibles sur le site de Radio 27.
Ce projet a permis de tisser des liens nouveaux entre des femmes dâhorizons diffĂ©rents en les rĂ©unissant par la magie de la technologie.
« Je suis une femme de 79 ans, jâai oubliĂ© que câĂ©tait mon anniversaire ce samedi⊠câest un coup de fil qui me lâa rappelĂ©. »
Extrait de Paroles de femmes
« Je ne suis pas inquiĂšte du virus. Je veux travailler le plus vite possible, aussi parce que je dois payer mon loyer et jâai du retard. Jâai peur de me retrouver dans la rue. »
Extrait de Paroles de femmes
Un podcast du réseau wallon pour la santé des femmes,
Réalisé par Claire Fockeday,
Soutenu par Radio 27.
A retrouver ici : https://www.radio27.be/index.php/replays/item/355-ma-sante-en-confinement-paroles-de-femmes-d-une-bulle-a-l-autre
PointCulture SantĂ© s’associe au projet
PointCulture a dĂ©cidĂ© de publier ces paroles de femmes. Pour garder une trace Ă©crite, pour continuer Ă Ă©changer ensemble, pour poursuivre lâanalyse, pour servir de base Ă la rĂ©flexionâŠ
PointCulture SantĂ© valorise ainsi lâexpression des besoins dâune population particuliĂšre face Ă une problĂ©matique spĂ©cifique et soutient, en cette pĂ©riode unique de pandĂ©mie, des actions menĂ©es par des associations de terrain en promotion de la santĂ©.
Il a été décidé de coller au regroupement des témoignages proposé dans les capsules. Ainsi leur retranscription est identique et se découpe dans les quatre chapitres thématiques.
En résonance au vécu de ces femmes, les illustrations de Prisca Jourdain proposent une lecture visuelle pour une appréhension plus immédiate.
Quelques ressources documentaires ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es. Elles viennent tantĂŽt en dĂ©calage tantĂŽt en Ă©cho au contenu Ă©voquĂ© : la diversitĂ© des situations, le travail des femmes, le systĂšme de santĂ©, la charge mentale, la violence conjugaleâŠ
Lâobjectif poursuivi est de partager diffĂ©rents formats audiovisuels(documentaires et reportages) ainsi que faire dĂ©couvrir lâunivers particulier de certain.e.s rĂ©alisateur.rĂ©alisatrice.s.
Gageons que ces films apporteront un éclairage complémentaire aux voix de ces femmes !
La collection audiovisuelle Education pour la SantĂ© fait partie du service Ă©ducatif de PointCulture. Elle est le reflet dâune sĂ©lection de films documentaires engrangĂ©s depuis plus de 30 ans sur divers thĂšmes liĂ©s Ă la santĂ©.
Elle est accessible via lâadresse https://www.pointculture.be/education/collection-sante/
Des outils pĂ©dagogiques (brochures, animations, formations, articles) destinĂ©s aux professionnels de la santĂ© et aux enseignants sont proposĂ©s pour faciliter lâutilisation de documentaires thĂ©matiques avec leur public. Lâaudiovisuel devient ainsi un vĂ©ritable point dâaccroche pour dĂ©velopper des projets/activitĂ©s plus large de promotion de la santĂ© en association avec des partenaires de ce secteur en FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles.
La brochure est gratuite sur demande dans tous les PointCulture.
Elle est téléchargeable en PDF sur le site : www.pointculture.be/education/publications/
Pour toute question : christel.depierreux@pointculture.be
Illustrations : www.priscajourdain.com
[1] Corps Ă©crits, la FĂ©dĂ©ration des Maisons MĂ©dicales, Femmes et SantĂ©, le GAMS-BE, Synergie Wallonie pour lâĂ©galitĂ© entre les femmes et les hommes et Vie FĂ©minine â Antenne Brabant wallon.
Valisette destinée à des éducateurs de tous milieux qui souhaitent aborder le travail du corps sous une forme ludique.
Description selon l’Ă©diteur
Matériel
- 10 livrets dâHISTOIRES : 1 La boĂźte magique, 2 Les petites souris, 3 La petite graine, 4 Le petit robot, 5 Le pirate, 6 La fleur, 7 La pizza, 8 Le train, 9 Le gĂąteau, 10 Le feu de camp
- 1 CD des 10 histoires
- 1 CD des musiques ambiantes
- 24 cartes : un jeu Postures des animaux
- 40 cartes : un jeu de rÎle (8 cartes par catégorie) pour création de nouvelles histoires
Concept
Dix histoires pour bouger⊠écouter, jouer, s’exprimer avec son corps, prendre confiance en soi.
10 histoires pour accompagner les enfants dans lâapprentissage de la concentration et de lâĂ©coute; pour crĂ©er du lien. Chacune dâelles va les inviter Ă se glisser dans la peau dâun chat, dâun pirate ou dâune pizza⊠Par lâimitation, les enfants effectuent alors des mouvements qui mobilisent chaque articulation.
Un outil pédagogique destiné aux enfants de 3 à 7 ans, qui encourage leur créativité comme celle des éducateurs.
Objectifs
- Jouer, sâexprimer avec son corps et prendre confiance en soi
- Améliorer la cohésion de groupe
- Améliorer ses capacités de perception sensorielle
- AmĂ©liorer ses capacitĂ©s dâimagination
- Apprendre Ă mieux connaĂźtre ses Ă©motions
- Améliorer ses capacités de concentration
Lâavis de PIPSa
Appréciation globale
Cet outil pĂ©dagogique, Ă©laborĂ© Ă partir dâune pratique de terrain de 15 ans, fournit une dĂ©marche originale et crĂ©ative, bien pensĂ©e, adaptĂ©e au public et Ă son besoin de bouger, pour mettre en mouvement le corps et lâimaginaire. En phase avec lâair du temps (mĂ©ditation, yoga), il propose des activitĂ©s respectueuses du rythme de dĂ©veloppement de lâenfant et des apprentissages de la vie en groupe.
Les histoires fournissent un prĂ©texte Ă bouger : lâutilisateur prendra le temps de se les approprier pour les enrichir en tension dramatique (avec des enfants plus grands notamment). Bouger son corps â avec une image dans la tĂȘte â facilite le mouvement et construit le lien corps/esprit. En outre, cela dĂ©veloppe lâimaginaire, le schĂ©ma corporel, la concentration : dâexcellents antidotes aux limitations mentales crĂ©Ă©es par les Ă©crans.
Le matĂ©riel attractif, solide, de trĂšs bonne qualitĂ© est adaptĂ© Ă une utilisation frĂ©quente. Lâutilisation de lâoutil demande un espace assez vaste, chaud, confortable. Une utilisation rituelle sera privilĂ©giĂ©e.
Lâoutil est accessible Ă tous les enseignants (ouverts ⊠au travail corporel, il va falloir se bouger !) ainsi que les professeurs de gym et de psychomotricitĂ©.
Vu son coĂ»t, lâoutil gagnera Ă se trouver en centre de prĂȘt.
Lâutilisateur veillera aussi aux enjeux dâinclusion dans son discours (peu prĂ©sent dans lâoutil), en utilisant une terminologie qui inclut les filles et les garçons.
Objectifs
- DĂ©velopper la conscience de son corps, se concentrer, ĂȘtre attentif
- Améliorer cohésion de groupe
- Stimuler lâimaginaire
Public cible
- De 2 ans (en petits groupes) Ă 7 ans
- Maternelle – accueil
Utilisation conseillée
- utiliser un espace dégagé, confortable, adapté à la taille du groupe
- ritualiser lâusage
- ĂȘtre attentif au langage inclusif lors de lâhistoire (une ou un pirate)
- pour la clĂŽture de sĂ©ance, proposer un autre terme Ă complĂ©ter par lâenfant plutĂŽt que « sage »
Vidéo de présentation sur YouTube.
OĂč trouver l’outil
Chez l’Ă©diteur
Editions pédagogiques du Grand Cerf
3, avenue du Grand Cerf
93220 – Gagny
France
+33 (0)1 64 21 70 85 – grand-cerf@wanadoo.fr
https://www.grand-cerf.com
En centre de prĂȘt
Disponible en ludothĂšque (Watermael-Boitsfort, Ludivine, âŠ) et dans plusieures bibliothĂšques en Wallonie (Samarcande). Consultez les catalogues sur la page « Les centres de prĂȘt ».
« Ensemble pour la santĂ© », un projet initiĂ© par la Plate-forme dâaction SantĂ© & SolidaritĂ© (la PASS), fĂȘte ses cinq ans. Ă son actif, une mobilisation de citoyen·es et dâassociations de diffĂ©rents secteurs et, depuis 2019, un chantier ouvert sur les liens ente santĂ© et mobilitĂ©. Tour dâhorizon de nos avancĂ©es oĂč la crise sanitaire sâest invitĂ©e sans crier gare.
Cet article a Ă©tĂ© initialement publiĂ© dans Bruxelles en Mouvement, n°309 novembre/dĂ©cembre 2020, pĂ©riodique Ă©ditĂ© par Inter-Environnement-Bruxelles et la FĂ©dĂ©ration des ComitĂ©s de quartier et Groupes dâhabitants. Retrouvez-le sur www.ieb.be/Accessibilites. Nous les remercions, ainsi que les auteurs, pour leur aimable autorisation de reproduction.
2017⊠Citoyen·es et professionnel·les de diffĂ©rents secteurs des quatre coins du pays se retrouvent pour Ă©changer sur la santĂ©. Car oui, les projets locaux qui misent sur la participation des citoyens font santĂ© et la promotionnent trĂšs certainement. Ă lâorigine de cet Ă©vĂšnement, un groupe de professionnel·les issu·es des secteurs de la santĂ©, de la promotion de la santĂ©, du social, mais aussi quelques habitant·es passionné·es et impliqué·es dans des initiatives citoyennes. En 2019, plus fort·es de lâengagement et de la prĂ©sence de citoyen·es, nous dĂ©cidons de creuser la question des liens ente santĂ© et mobilitĂ©. En 2020, la crise sanitaire sâest invitĂ©e Ă la table de nos Ă©changes. QuâĂ cela ne tienne, nous optons pour rĂ©orienter le projet en cherchant Ă cerner les effets du confinement sur la mobilitĂ©. Nous Ă©pluchons et Ă©changeons des articles, travaillons Ă un questionnaire pour rĂ©colter des tĂ©moignages de citoyen·es et Ă©laborons une grille de lecture pour croiser tout ce matĂ©riel.
ĂmaillĂ©es de tĂ©moignages, constats et interrogations, les lignes qui suivent vous proposent un morceau de notre cheminement.
Mobilité, santé et inégalités
2019, nous voici donc arrimĂ©s au thĂšme de la mobilitĂ©. Nous passons dâabord par une Ă©tape de dĂ©finition et de recueil de nos reprĂ©sentations sur ce que recouvre ce thĂšme. Le constat est dressĂ©: tous et toutes, nous partageons la conviction que la mobilitĂ© est un facteur qui influence positivement ou nĂ©gativement notre santĂ©. De ces Ă©changes, se dĂ©gage une vision large de la mobilitĂ©: câest le fait de pouvoir se dĂ©placer aussi bien physiquement, au quotidien et sur le long terme (si on pense Ă la migration par exemple) que socialement et virtuellement (si on pense Ă la capacitĂ© Ă se projeter, Ă se dĂ©placer sur lâĂ©chelle sociale).
La mobilitĂ© est Ă©troitement liĂ©e Ă la santĂ©, autrement dit câest un « dĂ©terminant de la santĂ© ». Dâabord et parce quâelle nous permet de nous mouvoir, la mobilitĂ© participe Ă notre activitĂ© physique et est vectrice dâautonomie et dâĂ©mancipation. Elle permet Ă©galement lâaccĂšs aux services (sociaux et de santĂ©), aux offres (alimentaires, de loisirs) et aux contacts sociaux. Aussi, les temps de dĂ©placement plus ou moins longs peuvent jouer sur notre qualitĂ© de vie. Son accessibilitĂ© pour tous et toutes est donc un enjeu majeur de santĂ© publique. Or, il existe encore de trop nombreuses inĂ©galitĂ©s, quâelles soient gĂ©ographiques (certains quartiers Ă©tant mieux desservis par les transports en commun que dâautres), physiques (des lieux publics nâĂ©tant pas toujours adaptĂ©s aux personnes Ă mobilitĂ© rĂ©duite), financiĂšres (se dĂ©placer pouvant coĂ»ter cher), de genre (une femme seule ne se dĂ©plaçant pas de la mĂȘme maniĂšre quâun homme seul), psychologiques (sentiment dâinsĂ©curitĂ© routiĂšre, prises de risque), environnementales (pollutions sonores, circulation accrue), ou encore administratives (circulation des personnes sans papier).
Ces inĂ©galitĂ©s peuvent se cumuler, entravant encore davantage la capacitĂ© dâune personne Ă se mouvoir et impactant in fine sa santĂ©.
Et la Covid dans tout ça?
En mars, le confinement stoppe net la libertĂ© de circulation, impactant par lĂ Ă©galement la santĂ© des populations: report de soins, approvisionnement alimentaire au plus proche mĂȘme quand lâoffre est rĂ©duite, diminution des contacts sociaux, isolement, sĂ©dentarité⊠Le moral et la santĂ© mentale des Belges en prennent alors un coup!
Ici aussi, les conséquences sur la santé de la population se voient réparties inégalement. Et les médias le relayent fortement : la crise du coronavirus exacerbe des inégalités préexistantes, voire crée de nouvelles inégalités.
Pour documenter la maniĂšre dont cela est vĂ©cu par notre groupe, nous effectuons une dizaine dâinterviews par tĂ©lĂ©phone. Une façon Ă©galement de maintenir le lien avec les citoyen·es malgrĂ© lâarrĂȘt des activitĂ©s.
Voici quelques retours de ces témoignages et de nos réflexions à ce propos.
Si certaines personnes ont limitĂ© au maximum leurs dĂ©placements (par peur du virus, par mĂ©connaissance ou incomprĂ©hension de certaines rĂšgles, par peur des contrĂŽles dâidentitĂ©), dâautres ont redĂ©couvert la marche comme mode de dĂ©placement privilĂ©giĂ©: «Pendant le confinement jâai pris du poids et mon mĂ©decin mâa demandĂ© de faire plus dâactivitĂ© physique alors je marche beaucoup et comme ça jâĂ©vite dâĂȘtre avec les gens». Pour dâautres encore, les dĂ©placements ont Ă©tĂ© facilitĂ©s pendant le confinement : «Mon mari ne travaillait pas, donc la voiture Ă©tait toujours disponible», «Mon trajet vers le bureau me prenait 40 minutes au lieu dâune heure trente habituellement».
Quel que soit leur quartier, les interviewé·es ont tous ressenti une amĂ©lioration de leur environnement lors du confinement. Ils tĂ©moignent dâune diminution des bruits et de la pollution ainsi que dâune meilleure qualitĂ© de lâair : «Jâai pu observer la diminution de la pollution sur ma peau et mes cheveux : mon coton de visage Ă©tait propre tout le temps du confinement!», «Durant le confinement, câĂ©tait comme des dimanches sans voiture».
Si les reports de soins pendant le confinement ne sont pas liĂ©s directement Ă la mobilitĂ© mais Ă lâannulation des rendez-vous par les services de santĂ©, notons quâils ont pu impacter la santĂ© physique des personnes et par lĂ leur mobilitĂ©: «Je bĂ©nĂ©ficie dâun traitement aux orteils rĂ©guliĂšrement et je nâai pas pu en bĂ©nĂ©ficier pendant le confinement alors que cela impacte ma capacitĂ© Ă marcher». La numĂ©risation des services sociaux et de santĂ© pour rĂ©pondre aux mesures de sĂ©curitĂ© liĂ©es au Covid pose la question de leur accessibilitĂ©: la fracture numĂ©rique est encore trĂšs forte.
Comme Ă©noncĂ© plus haut, la mobilitĂ© comme nous lâentendons nâest pas uniquement quotidienne et immĂ©diate, elle dĂ©passe les frontiĂšres, en tĂ©moigne cette personne: «Mon plus grand regret est de ne pas pouvoir partir au Maroc car les frontiĂšres sont fermĂ©es et quâil y a beaucoup de Corona. Dâhabitude je pars chaque annĂ©e au Maroc».
La rĂ©duction des contacts sociaux a plongĂ© certaines personnes dans un Ă©tat dâisolement. LâimpossibilitĂ© de rendre visite aux proches est particuliĂšrement difficile Ă vivre pour les personnes qui vivent seules ou qui sont Ă risque. Ces tĂ©moignages vont dans le sens de lâenquĂȘte rĂ©alisĂ©e par Sciensano: prĂšs de 60% des sondĂ©s sont insatisfaits de leurs contacts sociaux. Ils nâĂ©taient que 8% dans lâenquĂȘte santĂ© de 2018 [1].
Enfin, notons que la crise sanitaire a entraĂźnĂ© une nouvelle rĂ©partition de lâespace public: de longues files sur les trottoirs, des amĂ©nagements temporaires, une augmentation du nombre de cyclistesâŠ
Aujourdâhui, alors que nous sommes dans un nouveau confinement, mais moins strict que le prĂ©cĂ©dent, nos dĂ©placements sont soumis Ă une nouvelle contrainte: celle du port du masque dans les transports en commun et les espaces publics Ă forte frĂ©quentation. Est-ce que cela entrave la mobilitĂ© de certaines personnes? Ou au contraire, cette mesure peut-elle les rassurer, leur permettant ainsi dâoser sortir? La question reste ouverte.
Les citoyen.nes prennent les rĂȘnes
Divers mouvements et initiatives citoyennes ont Ă©mergĂ© pour rĂ©pondre, dans lâurgence, aux besoins de certaines personnes particuliĂšrement fragilisĂ©es par la crise sanitaire [2].
En effet, de nombreu·ses habitant·es ont rencontrĂ© des difficultĂ©s Ă sâapprovisionner pour des raisons financiĂšres, mais Ă©galement pour des raisons de mobilitĂ© ou dâaccessibilitĂ© aux denrĂ©es. Pour rĂ©pondre Ă ces difficultĂ©s, des rĂ©seaux dâentraide, allant dâun niveau familial ou de voisinage Ă des initiatives plus structurĂ©es, sont apparus au sein des quartiers. Des mouvements citoyens se sont organisĂ©s pour collecter des vivres (comme «Collectmet») ou mĂȘme les livrer (comme les Brigades populaires de Saint-Gilles).
Des initiatives citoyennes, sâapparentant selon les dires des participant·es Ă de vrais apprentissages dâorganisation de solidaritĂ©, ont aussi vu le jour. Ainsi, prĂšs de la porte dâAnderlecht, des bĂ©nĂ©voles se sont organisĂ©s pour collecter les invendus des magasins et les redistribuer et, ce faisant, se sont dĂ©couverts une vraie fibre civique: «Avec un groupe de potes, on sâest dit quâon ne pouvait pas rester les bras ballants quand on savait que dans le quartier il y avait des situations trĂšs compliquĂ©es⊠PremiĂšre dĂ©marche, pas simple, convaincre les responsables de petites enseignes du coin de cĂ©der leurs invendus puis penser au dispatching. On savait qui avait besoin mais comment approcher ces personnes ? Il a fallu gagner la confiance⊠Puis on sâest organisĂ©s; le groupe de bĂ©nĂ©voles sâest Ă©largi, le bouche Ă oreille a fonctionnĂ©. Maintenant, on nous a Ă la bonne dans le quartier, on a lâimpression quâon fait partie dâune communautĂ©, bien soudĂ©e» commente Olivier.
Lâespace public a Ă©galement Ă©tĂ© rĂ©appropriĂ© par les habitant·es. Tel est le cas, par exemple, de la rue ouverte Ă Molenbeek. Comment sâĂ©chapper des appartements confinĂ©s ou trop exigus et/ou rompre lâisolement sans aller trĂšs loin? Des riverains ont fait en sorte que des rues puissent ĂȘtre investies de jeux dâenfants et des papotes entre voisin·es⊠Voitures non admises et distances physiques respectĂ©es !
On observe donc, dans cette pĂ©riode de confinement et de renforcement des inĂ©galitĂ©s, de nombreuses initiatives nĂ©es au plus proche des rĂ©alitĂ©s. Nous ne relevons que quelques exemples mais il en existe quantitĂ© dâautres qui tĂ©moignent aussi de la crĂ©ativitĂ© et de la pertinence de ces actions. Elles se sont dĂ©veloppĂ©es pour rĂ©pondre Ă des besoins et se sont adaptĂ©es rapidement, en regard de lâĂ©volution de la situation, lĂ oĂč les dispositifs politiques traditionnels ont Ă©tĂ© lents Ă se mettre en place.
Vers un plaidoyer communautaire
Ces initiatives citoyennes sont lâillustration dâune capacitĂ© dâobservation et dâĂ©coute des personnes et des quartiers, de rĂ©activitĂ©, de rĂ©flexion et dâentraide. Elles confortent dans lâidĂ©e, dĂ©jĂ dĂ©fendue par la plateforme Agora [3], quâil y a urgence Ă inclure la population dans les prises de dĂ©cision. Dans son courrier Ă la PremiĂšre Ministre, cette plateforme, comme tant dâautres, a marquĂ© son Ă©tonnement quant aux profils des experts censĂ©s conseiller nos politiques face Ă cette pandĂ©mie: acteurs sanitaires (Ă©pidĂ©miologistes, virologues) ou Ă©conomiques. Quelle place pour les citoyen·es ? La gestion de cette crise semble les avoir envisagé·e·s comme des destinataires de consignes dâhygiĂšne Ă suivre, voire comme responsables de la propagation du virus⊠leur faisant endosser des rĂŽles, tels que confectionner des masques et des Ă©quipements pour nos soignant·es ou mettre en place les dispositifs dâurgence exemplifiĂ©s plus haut, pour pallier lâimprĂ©voyance ou le manque de rĂ©activitĂ© de celles et ceux qui nous gouvernent. Les citoyen·es ont pourtant montrĂ© bien dâautres compĂ©tences et capacitĂ©s dâinitiatives.
Quelle place pour les citoyen·es ? La gestion de cette crise semble les avoir envisagé·e·s comme des destinataires de consignes dâhygiĂšne Ă suivre, voire comme responsables de la propagation du virusâŠ
Le projet Ensemble pour la SantĂ© parie sur les expertises dâhabitant·s, expert·es de leur vĂ©cu, croisĂ©es avec celles dâassociations (des secteurs de lâĂ©ducation permanente, de la promotion de la santĂ©, du social, ou dâautres impliquĂ©es dans la mobilitĂ©). Ensemble, nous partageons nos constats et questions, soutenu·es dans notre rĂ©flexion par des Ă©tudes, des enquĂȘtes, des Ă©changes et des observations prĂ©sentĂ©es et mises en dĂ©bat par dâautres associations expertes dans les questions de mobilitĂ© (comme par exemple ProvĂ©lo, Responsible Young Driver, IEB ou le Bral). La constitution et la maniĂšre de travailler du groupe Ă©voluent au grĂ© de ces rencontres et dĂ©bats: un Ă©tat des lieux se construit. Et progressivement Ă©mergent des propositions, des idĂ©es pour pallier des manques et rĂ©pondre Ă des besoins simples ou plus complexes. Ensemble, nous rĂ©flĂ©chissons aux possibles changements, nous construisons un plaidoyer communautaire pour une mobilitĂ© plus Ă©quitable.
Si ces questions vous intĂ©ressent ou si vous vous retrouvez dans ces dĂ©marches, nâhĂ©sitez pas Ă nous contacter via le site dâEnsemble Pour la SantĂ© (www.samenvoorlasante.be) ou via la page Facebook (Samen voor gezondheid â Ensemble pour la santĂ©)!
En complĂ©ment de cet article, dĂ©couvrez Ă©galement lâarticle « DĂ©marche communautaire et mobilitĂ© en santĂ© » de FrĂ©dĂ©ric Dejou, Les Pissenlits asbl, paru dans Bruxelles en Mouvement, n°309, novembre/dĂ©cembre 2020, pĂ©riodique Ă©ditĂ© par Inter-Environnement-Bruxelles et la FĂ©dĂ©ration des ComitĂ©s de quartier et Groupes dâhabitants. Retrouvez-le sur www.ieb.be/Accessibilites.
Parler de clitoris, de masturbation, de consentement ou encore dâempowerment avec des femmes originaires du monde arabe : câest, entre autres, le challenge que sâest lancĂ© lâasbl AWSA. Son site SexualitĂ©s Sans Tabou regorge de ressources, dâoutils et de tĂ©moignages recueillis par lâasbl.
Avant tout, AWSA-Be (pour Arab Women Solidarity Association dans sa version belge) se dĂ©finit comme une association laĂŻque et mixte, indĂ©pendante de toute appartenance nationale, politique ou religieuse. Elle est reconnue en Ă©ducation permanente et y intĂšgre le fĂ©minisme dans le but de favoriser lâĂ©panouissement et le vivre-ensemble. Lâasbl milite pour la promotion des droits des femmes originaires du monde arabe, que ce soit dans leurs pays dâorigine ou celui dâaccueil. Son objectif est de briser les clichĂ©s sur les femmes, et de crĂ©er des ponts interculturels. En pratique, lâassociation organise de nombreux Ă©vĂšnements et activitĂ©s, parmi lesquels : des confĂ©rences et formations, des week-ends thĂ©matiques Ă destination des femmes, des Ă©changes avec des professionnels de santĂ© mais aussi des artistes originaires du monde arabe, un thĂ©Ăątre, une chorale ou encore des ateliers Ă destination dâun public jeune, pour ne citer que cela. Education SantĂ© a rencontrĂ© Alicia Arbid, coordinatrice de l’asbl.
ES : Alicia, pouvez-vous nous parler de la genĂšse dâAWSA en quelques mots ? Pourquoi vous ĂȘtre portĂ©.es sur ce public spĂ©cifique que sont les femmes issues du monde arabe ?
Lâassociation a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 2006 sous forme dâasbl, mais existait depuis 2 ans comme association de fait. A lâorigine, un groupe dâamies, 3 femmes dâorigine arabe, a dĂ©cidĂ© de crĂ©er des activitĂ©s conviviales⊠Ăa a commencĂ© chez lâune puis chez lâautre, notamment avec la chorale qui est lĂ depuis le tout dĂ©but (bien avant la crĂ©ation dâAWSA sous forme dâasbl), avec lâidĂ©e de promouvoir les cultures du monde arabe et de faire entendre la voix des femmes, ainsi que de combler un manque quâil y avait -et qui perdure – de structures pour ces femmes (outre celles pour lâapprentissage de la langue, ou dâaide aux primo-arrivant.esâŠ). Ce sont des femmes qui ont la volontĂ© de se connecter, dâĂȘtre en lien et de promouvoir leurs cultures.
ES : Quels sont vos principaux chevaux de bataille ?
Nous nous situons dans du plaidoyer fĂ©ministe avec une approche positive pour promouvoir lâĂ©galitĂ©, le vivre-ensemble et la justice. Ce qui est transversal dans toutes nos actions, câest la volontĂ© de valoriser les femmes originaires du monde arabe. Pour elles-mĂȘmes, pour la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral, et pour les communautĂ©s qui vĂ©hiculent aussi parfois des clichĂ©s. Dans toutes nos activitĂ©s, nous voulons garder cette approche positive et valorisante des femmes originaires du monde arabe, en cassant les clichĂ©s sur elles ; mais nous souhaitons aussi crĂ©er des ponts entre les cultures et travailler sur les mĂ©connaissances mutuelles. On insiste sur la diversitĂ© des parcours et des profils de ces femmes, mais aussi la diversitĂ© des pays et des cultures du monde arabe.
Le fĂ©minisme dans lequel nous nous inscrivons est un fĂ©minisme qui nâhiĂ©rarchise pas les discriminations et qui porte un intĂ©rĂȘt particulier au contexte dans lequel les femmes vivent. Ce contexte politique, Ă©conomique, social, religieux et culturel façonne les vies des femmes et toute atteinte aux femmes est une atteinte aux droits humains.
Dans cette optique, bien que nos outils mettent en avant des femmes issues du monde arabe, nous allons toujours faire un lien avec la Belgique ou avec dâautres fĂ©ministes du monde. Notre plaidoyer sâinscrit tant dans une grille de lecture intersectionnelle que dans une approche globale de tous les enjeux de sociĂ©tĂ©
ES : Quels sont vos lieux dâaction ? Bruxelles essentiellement ?
Nous sommes dĂ©jĂ sorti.e.s de Bruxelles et avons fait des activitĂ©s ou des piĂšces de thĂ©Ăątre au Liban et au Maroc, par exemple. Nous essayons de crĂ©er des ponts avec les pays du monde arabe, et ce, notamment en faisant venir des artistes, des auteures et des professionnels de la santĂ©, (sexologue, mĂ©decin, etc.). Dans le cadre de la santĂ© par exemple, nous avions invitĂ© encore la fondatrice et prĂ©sidente de la premiĂšre organisation de patients sĂ©ropositifs au Maroc vivant elle-mĂȘme avec le VIH.
Sinon, en plus de Bruxelles, nous travaillons parfois avec des partenaires Ă LiĂšge, Verviers ou, par exemple Grenoble oĂč nous allons organiser une exposition⊠Cela dĂ©pend un peu des projets.
ES : Vous avez dĂ©veloppĂ© un site qui sâappelle « SexualitĂ©s Sans Tabous » et qui traite beaucoup dâEVRAS1. Dans quel but et dâoĂč est partie cette idĂ©e ?
Le site est nĂ© de la volontĂ© de rendre plus accessibles des thĂšmes que nous abordons frĂ©quemment pendant des ateliers de terrain avec les femmes et les jeunes. A lâorigine, avant dâenvisager ce site, nous avons organisĂ© des week-ends âsexualitĂ©s sans tabousâ avec une quinzaine de femmes et⊠câĂ©tait gĂ©nial ! Nous sommes allĂ©es Ă la mer dans un centre de bien-ĂȘtre, on a parlĂ©, on sâest retrouvĂ©es entre nous, on a fait des ateliers pour dĂ©construire, libĂ©rer la parole. Le but Ă©tait de faire Ă la fois du collectif et de lâindividuel, le temps dâun week-end. Des intervenantes externes sont venues, comme Zina Hamzaoui, sexologue fĂ©ministe et musulmane. Pour les femmes prĂ©sentes, pouvoir juste sâoffrir un moment Ă elles, le temps dâun week-end et dans ce cadre-lĂ Ă©tait dĂ©jĂ trĂšs fort. Nous avions aussi une diversitĂ© de femmes trĂšs intĂ©ressante : des femmes jeunes ou plus ĂągĂ©es, mariĂ©es ou pas, trĂšs pratiquantes religieusement ou pas du tout ⊠Cela a crĂ©Ă© une bonne ambiance et de trĂšs beaux moments dâĂ©changes. Suite Ă cette premiĂšre expĂ©rience, les demandes pour la rĂ©itĂ©rer ont affluĂ©
Le site est nĂ© d’une volontĂ© de prolongation, de garder une trace de ces week-ends, parce que malheureusement ça a un coĂ»t et quâon ne peut pas en faire Ă volontĂ©. Les thĂ©matiques, les paroles de femmes, ou par exemple, les podcasts : cela vient des intervenantes qui ont participĂ© aux week-ends. Ce site est Ă la fois un outil et le rĂ©sultat de tout un projet, tout en Ă©tant pensĂ© pour rester dynamique et ĂȘtre mis Ă jour. Il ne sâagit pas de quelque chose de figĂ©.
ES : Vous travaillez et développez des actions sur le terrain. Pour quels types de structure ?
Chaque annĂ©e, nous avons des partenariats EVRAS oĂč lâon travaille avec des jeunes du secondaire (Ă partir de la 3Ăšme). Cela fait longtemps quâon y participe et le cadre est bien prĂ©cis : nous tenons un stand dans un parcours itinĂ©rant oĂč les jeunes passent de stand en stand. Nous intervenons aussi ponctuellement dans des hautes Ă©coles, par exemple. Nous nous adressons donc Ă un public dâadolescents Ă jeunes adultes, femmes, mais aussi auprĂšs dâanimateurs qui nâarrivent pas Ă parler des questions de sexualitĂ© avec leurs jeunes, par exemple. Câest au cĆur de nos actions.
En parallĂšle, on travaille le mĂȘme type de questions avec des femmes sur diffĂ©rents projets. Par exemple, dans le cadre dâun projet âmariage et migrationâ oĂč nous avons beaucoup abordĂ© les questions de sexualitĂ© et de tabous en termes de relation affective. Selon le type de projet, nous sensibilisons diffĂ©rents groupes.
Il nous arrive aussi, dans le cadre de nos visites aux cafĂ©s2 notamment, de traiter des questions de sexualitĂ© et de violence liĂ©es Ă lâhonneur. Entre autres quand on a jouĂ© des extraits de notre piĂšce de thĂ©Ăątre âQuand Fatima se fait appeler Sophieâ, qui touche aux questions de sexualitĂ© et de rĂ©appropriation du corps. Cela a menĂ© Ă des Ă©changes trĂšs intenses avec les hommes. Nous avons aussi fait venir une troupe de thĂ©Ăątre marocaine qui parlait de violences et discriminations envers les mĂšres cĂ©libataires et de la question des enfants nĂ©s hors mariage, et lĂ câest un public complĂštement diffĂ©rent de celui des jeunes de nos partenariats. Donc finalement on brasse assez large en termes de publics et de structures, mĂȘme si nos premiĂšres bĂ©nĂ©ficiaires restent les femmes
ES : Justement, lors de vos actions auprÚs des femmes pour parler de sexualité, quelles principales difficultés rencontrez-vous ?
Il y a des questions qui reviennent souvent chez nos publics de femmes et jeunes femmes, – dâoĂč lâimportance de notre approche fĂ©ministe interculturelle – comme : la pression autour de la virginitĂ©, la chastetĂ©, le consentement, le choix de partenaire ou mĂȘme celui dâavoir une sexualitĂ© ou pas, ou encore les questions de vaginisme, qui touche quand mĂȘme assez fort les publics du monde arabe dâaprĂšs les professionnels de santĂ© avec qui nous Ă©changeons. Par exemple, Amal Chabach, sexologue marocaine au Maroc, nous expliquait que câest un pays trĂšs touchĂ©, notamment Ă cause de toutes ces craintes liĂ©es au contrĂŽle du corps des jeunes filles, des questions dâhonneur, etc.
Pour parler de sexualitĂ©, il faut aussi pouvoir mettre Ă lâaise nos publics dans un cadre convivial et sĂ©curisant. Il faut pouvoir libĂ©rer la parole etâŠnotre agenda.
Nos difficultĂ©s sont aussi liĂ©es au fait que nous sommes une petite Ă©quipe avec plusieurs demandes dâinterventions et dâateliers. Il nous est difficile parfois de ne pas pouvoir accompagner les femmes et jeunes femmes dans la durĂ©e.
ES : Yâa-t-il des sujets dont il vous est plus difficile de parler ?
Les violences restent un sujet complexe. Nous ne sommes pas toutes psychologues et on est parfois sur le terrain en animation quand on se rend compte quâon passe du rire (on utilise souvent lâhumour pour aider Ă briser les tabous) aux larmes face Ă la prise de conscience des violences vĂ©cues. Parfois, certaines jeunes femmes sâen rendent compte Ă ce moment-lĂ en pleine discussion collective, comme par exemple, cette jeune fille que sa mĂšre emmenait se faire contrĂŽler lâhymen chez le gynĂ©co tous les trois moisâŠPour elle, il Ă©tait Ă©vident que câĂ©tait normal. Mais ça la dĂ©rangeait, et câest aussi pour ça quâelle nous en a parlĂ© si facilement. Cependant, elle a pris conscience Ă ce moment-lĂ que toutes nâavaient pas la mĂȘme expĂ©rience.
Ou encore, par exemple lorsque des femmes enceintes vivent des situations de violence. DâoĂč notre approche globale qui met en Ă©vidence le fait que ce ne sont pas des marques traditionnelles qui vont crĂ©er de la violence mais quâil y a un environnement familial malsain parfois.
ES : Quâen est-il de la question du plaisir fĂ©minin ?
Elle est primordiale et lâenjeux se trouve dans lâĂ©ducation Ă la sexualitĂ© fĂ©minine. Le plaisir fĂ©minin Ă©tait au centre de nos weekends sexualitĂ©s sans tabou avec les femmes. Pourtant, ça reste tabou, comme si câĂ©tait gĂȘnant pour une femme de vouloir avoir du plaisir, de ressentir du dĂ©sir, dâen parler⊠Nous avions, par exemple, une dame de plus de 40 ans qui ne sâĂ©tait jamais masturbĂ©e. Lorsquâelle a vu les autres femmes en ĂȘtre Ă©tonnĂ©es, elle a Ă©tĂ© gĂȘnĂ©e et en mĂȘme temps trĂšs curieuse. Heureusement il y a eu beaucoup de bienveillance et de rire. Câest encore souvent trĂšs tabou alors quâon parle de la masturbation des garçons tout le temps. Il est trĂšs intĂ©ressant de constater que quand on parle de sexualitĂ© avec les femmes, systĂ©matiquement elles ont tendance Ă vouloir parler dâĂ©ducation sexuelle pour leur garçon ou leur fille. Donc, lors de lâun de nos week-ends, une consigne Ă©tait de ne pas parler dâĂ©ducation sexuelle des enfants mais de parler de leurs sexualitĂ©s, de plaisir fĂ©minin et de leurs besoins et expĂ©riences Ă elles.
ES : Quelle.s difficulté.s rencontrez-vous en travaillant avec vos partenaires ?
Eviter de tomber dans le relativisme culturel et dâentendre dire âNon non, ils et elles ne sont pas prĂȘt.es pour parler de ces choses-lĂ â. Ce nâest pas du tout notre approche. Par exemple, lorsque nous avons invitĂ© Amal Chabach (sexologue marocaine), nous avions contactĂ© des associations partenaires avec qui nous avions dĂ©jĂ fait des ateliers sur dâautres thĂšmes ; mais parce quâil sâagissait de parler de sexualitĂ© dans ce cas-lĂ , certaines animatrices nous ont rĂ©pondu que cela nâirait pas, sans mĂȘme en parler avec leur public au prĂ©alable. Finalement, nous avions rĂ©ussi Ă persuader une des associations de faire lâanimation et cela sâest super bien passĂ©. Les femmes sont mĂȘme restĂ©es prĂšs dâune heure de plus et elles Ă©taient trĂšs heureuses dâavoir une sexologue Ă qui parler.
Heureusement les choses Ă©voluent, cet exemple date dâil y a quand mĂȘme quelques annĂ©es, mais cela permet de montrer quâil y a parfois aussi des craintes et des reprĂ©sentations des animateur.trice.s ou personnes de terrain eux.elles-mĂȘmes.
De plus, ce que lâon va trouver dĂ©licat Ă aborder peut venir du fait que nous-mĂȘmes ne soyons pas Ă lâaise parfois avec certains sujets. Pour animer nous devons nous aussi nous mettre dans une posture dâouverture et dâapprentissage et dĂ©passer/questionner les Ă priori et Ă©ventuelles fausses croyances sur notre public aussi.
ES : Vous vous heurtez parfois Ă la barriĂšre de la langue ? Lâarabe est-il utilisĂ© ?
Sur le parcours EVRAS, nous nâavons pas ce problĂšme car ce sont souvent des jeunes qui parlent français. Mais avec les femmes, certaines ne parlent pas bien français. Cela dit, en termes de sexualitĂ©, il y a beaucoup de mots dans la langue arabe qui ne sont pas dits, donc on va utiliser des mĂ©taphores, lâanglais ou le français⊠Câest trĂšs intĂ©ressant Ă voir, il nâest donc pas toujours Ă©vident de parler de sa sexualitĂ© en arabe. On essaie quand mĂȘme toujours dâavoir une collĂšgue arabophone pendant les animations.
ES : Dans la mĂȘme idĂ©e, la culture et/ou la religion posent-t-elles parfois problĂšme ?
La frontiĂšre entre le culturel et le religieux est souvent trĂšs floue, en particulier dans le contexte migratoire. Souvent lâargument religieux est utilisĂ© comme Ă©tant un argument dâautoritĂ© mais qui a besoin dâĂȘtre questionnĂ©, qui ne peut pas juste ĂȘtre Ă©vitĂ© que ce soit par racisme ou relativisme culturel.
On cherche Ă Ă©viter la posture de mise Ă lâĂ©cart. Dâailleurs si lâanimatrice est musulmane, il peut ĂȘtre parfois plus difficile pour elle de parler avec une femme musulmane sur les questions de sexualitĂ© et de fĂ©minisme, par peur dâĂȘtre jugĂ©.e ou de se sentir jugĂ©.e
Ensuite, il yâa les clichĂ©s entre femmes du monde arabe elles-mĂȘmes. Quelques fois, des femmes mâont dit âOui, mais tu es Libanaise, ce nâest pas la mĂȘme-chose quâau MarocâŠâ. Il y a effectivement des diffĂ©rences mais il y a aussi beaucoup de points communs entre toutes les femmes, peu importe leurs origines, liĂ©s notamment aux discriminations et violences du patriarcatâŠ
Je pense quâil faut mettre de cĂŽtĂ© nos clichĂ©s, parce quâĂ partir du moment oĂč lâon sâintĂ©resse Ă lâautre et oĂč lâon va poser des questions, câest pour nouer une relation de confiance. On va essayer de comprendre les codes culturels parce quâon y donne du sens, câest une forme de reconnaissance. Cela peut parfois amĂ©liorer significativement la relation âanimateur/animĂ©â ou âsoignant.e/soignĂ©.eâ, et ça peut faciliter la communication. Je pense quâil est faux de penser que lâon ne peut pas se parler si on nâest pas de la mĂȘme culture.
Mais il faut bien sĂ»r dâabord ĂȘtre Ă lâaise, sâinformer, dĂ©velopper ses connaissances et sa curiositĂ©, travailler sur sa posture et ses fausses croyances. DâoĂč notre travail en Ă©ducation permanente oĂč nous dĂ©veloppons des outils et des supports pour les animateurs.trices et quâil est possible de retrouver sur notre site, avec les fiches ludiques et pĂ©dagogiques
Pour retrouver ces fiches, rendez-vous sur :
ES : Alicia, quâest-ce qui vous fait ressentir un sentiment de petite victoire ?
Jâavoue adorer ces moments de terrain, dâanimation, pendant ces week-ends. Jâai lâimpression dâapprendre Ă chaque fois. Ăa me fait plaisir de voir ces femmes avec cette volontĂ© dâaller de lâavant et de prendre soin dâelles. On voit que des choses se mettent en place, mĂȘme si tout le monde nâest pas forcĂ©ment prĂȘt Ă changer tout de suite ses comportements. Ce qui est chouette câest aussi cette envie de transmission, lorsquâune femme dit âJâai envie que mon enfant voie ça, ou que mon amie voie çaâŠÂ ». Ou encore pendant les cafĂ©s, lorsquâun homme prend notre brochure en nous disant quâil en parlera Ă sa sĆur ou Ă sa femme en rentrant, par exemple.
Et quand on parle dâanimations autour de la sexualitĂ©, ce qui fait vraiment plaisir est de pouvoir mettre rĂ©ellement les femmes au centre de la discussion, de prendre le temps et de leur permettre de prendre ce temps, mais aussi de sentir quâun lien sâest crĂ©Ă© mĂȘme si ce nâest que pour 1h ou 1h30. Le fait de sentir quâil y a eu un Ă©change riche et de la bienveillance de la part de ces femmes. Et mĂȘme si elles ne sont parfois pas du tout dâaccord entre elles, dâailleurs !
ES : Quels sont les projets dâavenir d’AWSA ?
Avec la situation sanitaire, il nous faut nous adapter mais cela fait plusieurs annĂ©es quâon travaille sur des questions dâinsertion socio-professionnelle et de travail sur lâintĂ©riorisation des discriminations dans le cadre de la recherche dâemploi. Nous continuons en partenariat avec Pour La SolidaritĂ© , mĂȘme en confinement, Ă faire des coachings individuels et collectifs avec des jeunes qui sont hors circuit, câest Ă -dire ni dans un parcours scolaire, ni dans un circuit de formation, ni enregistrĂ© chez Actiris (les NEETT3). Suite Ă nos ateliers/interventions dans des partenariats en insertion socioprofessionnelle, nous avons eu envie de lancer le projet âAmbitionâ. Il consiste Ă faire de lâaccompagnement Ă lâemploi de maniĂšre alternative. ConcrĂštement, il sâagit, le temps dâun week-end, de proposer Ă ces jeunes demandeuses dâemploi dâeffectuer un travail de coaching individuel ainsi que sur leurs projets professionnels.
Accessible sur le site internet via : https://www.awsa.be/fr/page/discriminations-identites
Ă cĂŽtĂ© de ça et toujours en lien avec cette thĂ©matique dâinsertion professionnelle, nous allons mener une campagne de promotion de la diversitĂ© des mentors4. Souvent, les mentors sont des personnes issues du mĂȘme milieu culturel, plus ĂągĂ©es, souvent des hommes⊠Il serait important dans ce travail de mentorat dâavoir aussi des femmes, originaires du monde arabe ainsi que dâautres cultures, pour pouvoir travailler Ă lâamĂ©lioration de la relation entre mentor et mentee.
ParallĂšlement, pour 2021, nous avons le projet de crĂ©er une exposition photo sur base dâun concours photos destinĂ© aux Libanais et Libanaises du Liban, avec le soutien de la Ville de Bruxelles, SolidaritĂ© Internationale. LâidĂ©e est de reprĂ©senter la diversitĂ© du pays et des femmes tout en montrant ce qui rassemble malgrĂ© cette diversitĂ©. Nous voulons Ă©galement faire un appel aux jeunes du pays du CĂšdre pour quâils/elles produisent des textes (en français, anglais ou arabe) afin de sâexprimer sur la laĂŻcitĂ©. Le but est que ce soit, Ă Bruxelles, dâabord une opportunitĂ© dâen savoir plus sur le pays, et ensuite quâil sâagisse dâun âcas dâĂ©coleâ pour parler de lâimportance de la laĂŻcitĂ© dans un contexte communautaire difficile.
Enfin, il y a nos animations, formations et interventions externes mais aussi des partenariats, entres autres, sur le thĂšme « Femmes, vĂȘtements et sociĂ©tĂ© » (avec la Maison des Femmes de Molenbeek) ou un projet de dessins avec lâartiste Hanane Khaldouni pour dĂ©noncer les diffĂ©rentes formes de violences faites aux femmes avec le European Network of Migrant Women.
Cette programmation ne constitue quâune partie de ce qui est Ă l’agenda dâAWSA pour 2021. Nous vous invitons Ă retrouver lâensemble de leurs projets sur www.awsa.be.
(1) Education Ă la Vie Relationnelle Affective et Sexuelle
(2) AWSA organise des sorties dans certains cafĂ©s bruxellois dits «arabes». Certains sont uniquement frĂ©quentĂ©s par des hommes. LâidĂ©e est donc de sây rendre afin de crĂ©er un espace de mixitĂ© (genre, origine,⊠) et dâĂ©changes. Elles y organisent aussi ponctuellement divers Ă©vĂšnements.
(3) Not in Education, Employment or Training (« ni étudiant, ni employé, ni stagiaire »).
(4) âLe mentorat est une forme de coaching dispensĂ© par une personne expĂ©rimentĂ©e, le mentor, Ă un partenaire inexpĂ©rimentĂ©, le mentee. LâidĂ©e est de former un binĂŽme pour partager, Ă©changer et progresser ensemble. Le mentor ne va pas trouver du travail Ă votre place mais il va donner de son temps pour vous Ă©couter, vous conseiller et vos aider Ă progresser pas Ă pas dans votre recherche dâemploi, votre reconversion ou votre lancement dâentreprise.â DĂ©finition fournie par Actiris
La pair-aidance et les pratiques participatives sont âdes façons de faireâ qui recouvrent une multitude de pratiques et dâacteurs issus de diffĂ©rents secteurs du social et de la santĂ©. Rendre compte de cette diversitĂ©, rassembler ses acteurs, partager les outils et les expĂ©riences, et donner envie Ă dâautres de âsauter le pasâ, tels Ă©taient les objectifs de la plĂ©niĂšre organisĂ©e fin septembre par les asbl SMES, En Route et le RĂ©seau Nomade en guise dâintroduction au cycle de rencontres quâils organisent.
La pair-aidance dĂ©signe la participation professionnelle dâancien.ne.s bĂ©nĂ©ficiaires de services sociaux ou de santĂ© au sein de dispositifs psycho-mĂ©dico-sociaux. Ces pair.e.s-aidant.e.s, parce quâelles et ils ont cheminĂ© vers le rĂ©tablissement et vers une meilleure qualitĂ© de vie, peuvent mettre leur expĂ©rience au service dâautrui.
Le concept nâest pas nouveau, des projets le mettent en pratique depuis des dĂ©cennies dĂ©jĂ en Belgique, Ă lâinstar des projets âBoules-de-neigeâ par exemple dans le champ de la rĂ©duction des risques liĂ©s Ă lâusage de drogues. Pourtant, cela reste encore relativement marginal. âUn besoin de renouveau en matiĂšre de social, une volontĂ© de dĂ©finir des dispositifs dans lesquels lâinstitution sâadapte aux spĂ©cificitĂ©s des bĂ©nĂ©ficiaires plutĂŽt que de leur imposer des conditions. A lâheure oĂč le travail social est distordu par le culte de lâactivation, ce dĂ©centrement est essentiel.â Il sâagit ici de donner la parole aux premier.e.s concernĂ©.e.s et reconnaitre le vĂ©cu et lâexpĂ©rience de chacun.e comme une plus-value dans lâaccompagnement des personnes, dans la relation avec le professionnel du social, de la santĂ©, dans le projet, dans la construction dâun savoir collectif, de besoins et de revendications communes… Dans son introduction, Tommy Thiange (membre du RĂ©seau Nomade) insiste sur le fait que âlâĂ©coute de cette parole, sa prise en compte, a un effet positif tant sur le/la bĂ©nĂ©ficiaire, lâusager.e, le/la patient.e, que sur le/la professionnel.le. La participation des pairs humanise le soin. Elle tisse des liens entre lâusager et le professionnel, elle permet de dĂ©velopper une relation dâaide plus Ă©quilibrĂ©e, plus horizontale, plus partagĂ©e. Câest en fait une opportunitĂ© pour crĂ©er, construire, une relation basĂ©e sur les savoirs et les ressources de chacun.e. Dans une sociĂ©tĂ© qui se veut dĂ©mocratique, prendre en compte la parole des premier.e.s concernĂ©.e.s devrait relever de lâĂ©vidence.â Plusieurs acteurs participent Ă lâĂ©mergence et Ă la visibilitĂ© de la pair-aidance en Belgique francophone ces derniĂšres annĂ©es. On peut citer lâasbl En Route qui â fĂ©dĂšre les pairs-aidant.e.s, quâils/elles soient rĂ©munĂ©rĂ©.e.s ou bĂ©nĂ©voles, et promeut la professionnalisation de cette pratique. (âŠ) La pair-aidance, dans une Ă©quipe dâaccompagnement et de soins, apporte une certaine forme dâaide et de complĂ©mentaritĂ© par rapport aux outils dont dispose lâĂ©quipe, une comprĂ©hension mutuelle par rapport aux usagers ou aux bĂ©nĂ©ficiaires, une traduction de leur rĂ©alitĂ© et surtout une maniĂšre complĂ©mentaire de mieux rĂ©pondre aux besoins de toutes ces personnes qui cherchent Ă se rĂ©tablir », comme nous lâexplique StĂ©phane Waha (membre de lâassociation).
Autre acteur-clĂ© et co-organisateur de cette matinĂ©e, le RĂ©seau Nomade regroupe Ă Bruxelles une quinzaine dâassociations impliquĂ©es dans la participation des pairs Il a pour mission de promouvoir les pratiques participatives au sein du secteur social-santĂ© et de susciter la rĂ©flexion et les Ă©changes sur ces sujets, que ce soit au travers dâĂ©vĂšnements, de groupes de travail, etc. Un focus particulier est mis sur la pair-aidance et les groupes dâauto-support.
Son site www.reseaunomade.be propose des ressources thĂ©oriques, un agenda, ainsi quâun rĂ©pertoire des expĂ©riences participatives en Belgique et ailleurs.
Carrousel de pratiques
Lâimplication et la participation de pair-aidant.e.s peut prendre de multiples formes. DĂ©marrons avec les projets Housing First, dont le modĂšle implique lâintĂ©gration de pair-aidant.e.s. Au travers de ceux-ci, le Smes entend promouvoir cette pratique comme « une dĂ©marche permettant dâamĂ©liorer lâaccĂšs des publics plus fragiles Ă lâaide et aux soins». Le public final auquel sâadresse le Smes sont des « personnes qui cumulent des problĂ©matiques de prĂ©caritĂ© sociale, de santĂ© mentale et dâaddiction. Par ce cumul des problĂ©matiques, ce sont des personnes qui rencontrent dâimportantes difficultĂ©s Ă accĂ©der Ă lâaide sociale et aux soins de santĂ©, qui sont pourtant des droits fondamentaux » (Matthieu De Backer, directeur).Nous continuons le tour par les groupes dâentraide avec Le Funambule, une association de personnes qui vivent avec un trouble bipolaire et leurs proches. « Il faut casser cette image de âbras-cassĂ©s qui se regroupent entre eux » appuie lâune des participantes, « il y a un rĂ©el travail de sensibilisation qui peut ĂȘtre fait », tant sur les reprĂ©sentations que sur le bĂ©nĂ©fice de la participation des pairs.MĂȘmes Ă©chos auprĂšs du groupe âMĂ©docsâ de LâAutre Lieu : « Je suis toujours en recherche par rapport Ă la mĂ©dication. Le seul lieu oĂč je pouvais en discuter, câest le cabinet mĂ©dical. Le groupe MĂ©docs (âŠ) me donne dâautres sons de cloches, dâautres voix. Pour moi, ça rĂ©pond Ă un rĂ©el besoin. Jâavais beaucoup de questions qui ne trouvaient pas de place et pas dâĂ©cho. Ici, on Ă©change avec beaucoup de personnes Ă ce sujet » (un membre du groupe). Mais le groupe MĂ©docs va plus loin que la dĂ©marche de soutien, câest aussi un groupe de co-production de savoirs en santĂ© mentale. Ils souhaitent, par exemple, Ă©laborer un outil de sensibilisation sur la prise de mĂ©dicaments, ou encore produire des cahiers de revendications, des argumentaires. « On ne prĂ©tend pas avoir la vĂ©ritĂ© mais ce qui nous intĂ©resse, câest de discuter avec des professionnels de la santĂ© mentale, avoir un vocabulaire commun, ne pas ĂȘtre trop dans le tĂ©moignage, dans lâexpĂ©rientiel mais avoir une discussion « au mĂȘme niveau », avec des personnes qui sont considĂ©rĂ©es comme experts. On a beaucoup de choses Ă dire sur notre vĂ©cu » (un membre du groupe)
Dans ce carrousel de dĂ©couvertes de pratiques liĂ©es Ă la pair-aidance, on retrouve Ă©galement les espaces de parole du collectif Sylloge, les anciens espaces de parole de La Strada et le collectif C-PrĂ©vu, crĂ©Ă© par dâanciens SDF. La volontĂ© de ces collectifs est de donner la voix Ă celles et ceux qui nâen ont pas lâoccasion ou le droit pour ainsi sensibiliser le grand public et les politiques Ă leurs situations de vie.Autre groupe, autre pratique : nous retrouvons lâexpĂ©rience dâUTSOPI, « un collectif par les travailleur.euse.s du sexe, pour les travailleur.euse.s du sexe (âŠ) auto-gĂ©rĂ©, auto-organisĂ©, qui fait de lâauto-support ». Maxime Maes (coordinateur dâUTSOPI) ajoute Ă©galement que le collectif ne se reconnaĂźt pas dans les termes « pair-aidant.e.s », ils ne se dĂ©finissent pas ainsi. En effet, ce vocable fait rĂ©fĂ©rence, pour les membres du collectif, Ă la prĂ©sence et Ă la supervision (mĂȘme bienveillante) de travailleurs sociaux, psys ou issus du secteur mĂ©dical. Outre crĂ©er des espaces sĂ©curisĂ©s et bienveillants pour se regrouper, le collectif dĂ©veloppe Ă©galement un travail de plaidoyer sur de multiples thĂ©matiques les concernant. « Notre mot dâordre est « rien Ă propos de nous sans nous ».Et câest ainsi que se termine ce premier tour de prĂ©sentation des pratiques participatives impliquant des pair-aidant.e.s⊠mais celles-ci revĂȘtent encore de multiples formes. « La participation des pairs est un terrain mouvant, la recherche de lâĂ©quilibre est constante. Rien nâest jamais acquis et câest finalement Ă lâimage de la complexitĂ© des relations humaines, et en particulier de celles qui se nouent dans le cadre de lâaide et du soin. » (Tommy Thiange, membre du RĂ©seau Nomade
« Yâa-t-il moyen dâĂȘtre pair-aidant.e.s quand on nâa pas vĂ©cu les mĂȘmes choses ? Est-ce quâune personne qui vit avec un trouble bipolaire est capable dâaccompagner une personne schizophrĂšne, est-ce quâun parcours de vie est quelque chose quâon est capable de partager avec une personne qui a lâexpĂ©rience de la drogue et des addictions ? En fait, oui. On partage certaines choses mĂȘme si lâorigine de nos vies est trĂšs diffĂ©rente. Ce quâon partage, câest ce dont on se remet : le dĂ©crochage social, la perte totale de lâestime de soi, le dĂ©sespoir et les rĂȘves qui sâĂ©vanouissent. » (StĂ©phane Waha, membre dâEn Route)
Cartographie de la pair-aidance
Le Smes et Le Forum â Bruxelles contre les inĂ©galitĂ©s ont rĂ©alisĂ© un Ă©tat des lieux de la pair-aidance en FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles, paru en fĂ©vrier 2020. Le but est dâobjectiver le dĂ©veloppement de ces pratiques et illustrer leurs diversitĂ©s. Voici une cartographie des pratiques par secteur :
Santé mentale
- La Clinique Sans Souci (HĂŽpital psychiatrique) â Bruxelles : www.sans-souci.be
- La CharniĂšre (Centre de revalidation fonctionnelle – Namur et RĂ©gion wallonne : www.reseausantenamur/initiatives/c-r-f-la-charniere
- Lâespoir (Initiative dâhabitations protĂ©gĂ©es) â Namur et RĂ©gion wallonne : www.ihp-espoir.be
- Intercommunale de Soins SpĂ©cialisĂ©s de LiĂšge (Soins spĂ©cialisĂ©s en santĂ© mentale) â LiĂšge : www.isosl.be
- PsyâCause asbl (Expertise du vĂ©cu en santĂ© mentale) â Verviers et RĂ©gion wallonne : www.psytoyens.be/psycause-verviers
- Psynergie (Initiative dâhabitations protĂ©gĂ©es) â Namur et RĂ©gion wallonne : www.psynergie.be/psynergie-2/projet-therapeutique
Addictions et RĂ©duction des Risques
- Modus Vivendi (RdR liĂ©s Ă lâusage de drogues) â RĂ©gion bruxelloise : www.modusvivendi-be.org
- Service prĂ©vention de Mons â Mons et RĂ©gion wallonne : www.prevention.mons.be
- SĂ©same asbl (Centre dâaccueil et de soins pour usager.Ăšre.s de drogues) â Namur et RĂ©gion wallonne : www.asblsesame.com
- Risquer moins (RĂ©seau liĂ©geois dâAide et de Soins spĂ©cialisĂ©s en assuĂ©tudes) â LiĂšge et RĂ©gion wallonne : www.xn--rlia-bpa.net
- Plate-forme PrĂ©vention Sida asbl â toute la Belgique : www.preventionsida.org/fr
Précarité
- Service Experts du VĂ©cu (Service public fĂ©dĂ©ral IntĂ©gration sociale, Lutte contre la PauvretĂ© & Politique des grandes villes) â toute la Belgique : www.mi-is.be/fr/service-experts-du-vecu
- Housing first Namur (Accompagnement en logement Relais social urbain namurois) â Namur : www.rsun.jimdo.com/housing-first
- Housing First Brussels (asbl Smes) â Bruxelles: www.housingfirstbrussels.be
- Housing first Station logement (asbl DiogĂšnes vzw) â RĂ©gion bruxelloise: www.diogenes.brussels/fr
- Les Amis dâAccompagner (Orientation de premiĂšre ligne et accompagnement ambulatoire) â RĂ©gion bruxelloise : www.accompagner.be/fr
Travailleur.euse.s du sexe
- UTSOPI (Union de Travailleur.euse.s du Sexe OrganisĂ©.e.s pour lâIndĂ©pendance) â toute la Belgique : www.rainbowhouse.be/fr/association/utsopi
- Espace P (Accompagnement de travailleur.euse.s du sexe) â RĂ©gions wallonne et bruxelloise : www.espacep.be
- Alias asbl (Accompagnement travailleur.euse.s du sexe) â RĂ©gion bruxelloise : www.alias-bru.be
Aide aux victimes
- Brise le silence asbl (Aide aux victimes de violences sexuelles, physiques et psychologiques) â Mons et RĂ©gion wallonne : www.briselesilence.be
Sensibilisation Ă la pair-aidanceâŻ
- En Route asbl â Bruxelles : www.enrouteweb.org
Outre cette cartographie, le Smes et Le Forum â Bruxelles contre les inĂ©galitĂ©s ont Ă©galement Ă©ditĂ© un guide mĂ©thodologique Ă lâintention de toute association souhaitant se lancer dans lâaventure et dâengager un.e pair-aidant.e dans sa structure. Partant de lâanalyse des besoins jusquâĂ lâaccompagnement et lâĂ©volution de la fonction, ce guide soulĂšve toutes les questions que lâon est amenĂ©.e Ă se poser successivement lorsquâon initie cette rĂ©flexion et cette dĂ©marche.
Retrouvez lâĂ©tat des lieux et le guide mĂ©thodologique ici :ALLARD M., LO SARDO S., La Pair-aidance en FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles â Etat des lieux â Guide mĂ©thodologique, Le Forum et le Smes, Bruxelles, 2020.Disponible en ligne via https://smes.be/fr/la-pair-aidance-en-federation-wallonie-bruxelles/ ou http://www.le-forum.org/uploads/Pair-aidance-web.pdf
ALLARD M., LO SARDO S., La Pair-aidance en FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles â Etat des lieux â Guide mĂ©thodologique, Le Forum et le Smes, Bruxelles, 2020.
Disponible en ligne via http://www.le-forum.org/uploads/Pair-aidance-web.pdf ou https://smes.be/fr/la-pair-aidance-en-federation-wallonie-bruxelles/
‘Projet coordonnĂ© par Modus Vivendi : https://www.modusvivendi-be.org/spip.php?article234
Idem (1)
Retrouvez lâarticle que nous avions consacrĂ© sur le sujet : https://educationsante.be/article/vers-la-fin-du-sans-abrisme/
Retrouvez leur ouvrage : SYLLOGE, Paroles donnĂ©es, paroles perdues ?, MaelstrĂm, 2020, 276 p.