Mars 2020, devant lâexplosion du nombre de cas de Covid-19, les gouvernements de plusieurs pays dĂ©cident du confinement de leur population. Pause. Une partie du monde sâarrĂȘte. Et ensuite ?
âA quoi ressemblera le monde dâaprĂšs la crise sanitaire ?â. Dans sa note de veille âLes Nouvelles des Possibles N°2â, FrĂ©dĂ©ric Claisse, de lâInstitut wallon de lâĂ©valuation, de la prospective et de la statistique (IWEPS), nous propose dâexplorer quatre scĂ©narios – des hypothĂšses ou des ârĂ©cits relatifs au futurâ – qui se sont dessinĂ©s dans les prises de position de citoyens, chercheurs, philosophes… au cours du premier mois de confinement gĂ©nĂ©ralisĂ© de prĂšs de la moitiĂ© de lâhumanitĂ©. Bien que polarisĂ©s, ces diffĂ©rents scĂ©narios ne sâexcluent pas nĂ©cessairement les uns les autres. âIls sont en conversation permanente, partagent des problĂšmes, se disputent autour dâenjeux communs quâils polarisent Ă leur maniĂšre. On nâa donc pas affaire Ă quatre routes distinctes qui sâoffriraient Ă nous, mais Ă une sĂ©rie de chemins qui peuvent se recouper pour aboutir Ă des destinations diffĂ©rentesâ(Claisse, 2020, p. 3) .DĂšs lors, quelle place sera rĂ©servĂ©e Ă la promotion de la santĂ© dans ce monde dâaprĂšs ? Quel rĂŽle pourra-t-elle jouer ? A lâheure oĂč nous nous posons cette question, les acteurs du secteur se mobilisent pour faire entendre leurs souhaits, leurs visions⊠Cette synthĂšse de la note de lâIWEPS permet dâamener des Ă©lĂ©ments complĂ©mentaires aux rĂ©flexions menĂ©es et prĂ©sentĂ©es tout au long de ce numĂ©ro spĂ©cial dâEducation SantĂ©.
Scénario 1 : la transformation
Dans ce scĂ©nario, la crise que nous traversons est Ă lâimage de la goutte dâeau qui fait dĂ©border le vase. Elle est le rĂ©sultat dâun modĂšle de sociĂ©tĂ© insoutenable. Elle rĂ©vĂšle les grandes failles de notre fonctionnement sociĂ©tal, quâil sâagisse de âlâimpasse dâun modĂšle de gouvernance qui a vu lâEtat se dĂ©sinvestir de ses missions de service publicâ(Claisse, 2020, p. 3) (sur le plan politique et social quant aux conditions de travail du personnel soignant, Ă la pĂ©nurie des masques, etc.) ou duâ systĂšme en train de causer la destruction de lâenvironnement et dâaccĂ©lĂ©rer le changement climatiqueâ(Claisse, 2020, p. 4) (sur le plan environnemental).DĂšs lors, un retour au âmonde dâavantâ nâest pas envisageable, il est nĂ©cessaire dâopĂ©rer une grande transformation, ou a minima un changement de cap. Cependant, cette transformation dĂ©pend du prisme par lequel on lâenvisage, par exemple, un retour de lâEtat social ou encore un âplan de sortieâ pour le climat. Rappelons que ces hypothĂšses ne sâexcluent pas nĂ©cessairement. Dâautres encore plaident pour ce quâils qualifient de âcorona resetâ, en portant la vision empreinte dâutopie dâun monde plus justeÂČ (Claisse, 2020, p. 5).âLâaddition ou la convergence de ces exigences de transformation (Ă©cologiques dâun cĂŽtĂ©, Ă©conomiques et sociales de lâautre) pourrait avoir pour effet une prise de conscience accrue de la nĂ©cessitĂ© de prendre en compte le long terme dans des domaines comme lâenvironnement, lâĂ©nergie, la santĂ© ou la mobilitĂ©, et pousser lâacteur public Ă relancer des politiques Ă©conomiques et sociales ambitieuses (âŠ)â, indique lâauteur.
Scénario 2: le retour à la normale
Le titre est Ă©vocateur. Pragmatisme pour les uns, ardent souhait pour les autres, fatalisme (voir pessimisme) pour dâautres encore… la situation actuelle (lâĂ©tat dâurgence) est transitoire et exceptionnelle. On est ici dans le scĂ©nario de la continuitĂ©.Sur le plan Ă©conomique, la relance de la consommation et de lâĂ©conomie ainsi que la poursuite du modĂšle capitaliste sont salvateurs. La crise permettra mĂȘme de favoriser la libĂ©ralisation du systĂšme de santĂ©, par exemple. Le plan environnemental risque fort dâĂȘtre (encore plus) lĂ©sĂ© au nom de la relance Ă©conomique (du secteur aĂ©rien, du tourisme, etc.). â Dans un tel scĂ©nario, il y a fort Ă parier quâune fois levĂ©e la pĂ©riode de confinement, les individus, trop heureux de reprendre le cours de leur vie, se remettront Ă voyager et Ă consommer comme avant. â (Claisse, 2020, p. 7). Toutefois, personne (ou trĂšs peu de gens, sâil y en a) ne nie les effets Ă long terme de la crise, assortis dâune lente reprise Ă©conomique, dans le âmonde dâaprĂšsâ.Dans cet angle dâapproche, certains redoutent toutefois la prolongation des mesures dites dâexception (mesures âde guerreâ) sur le plan Ă©conomique ou sur celui des restrictions de libertĂ©s et droits humains.
Scénario 3: la résilience
Ce scĂ©nario postule que nous ne sortirons pas indemne de la crise mais que nous serons plus rĂ©silients car nous aurons âtirĂ© des leçonsâ de ce que nous aurons traversĂ©. Dans ce scĂ©nario, on prend en compte les âeffets dâapprentissageâ(Claisse, 2020, p. 8). quâont permis cette crise, tels que les Ă©changes trĂšs rapides de savoirs scientifiques ou les âefforts de coordination et de mobilisation mondialeâ(Claisse, 2020, p. 8), par exemple. Au niveau individuel, les gestes barriĂšres sont intĂ©grĂ©s et deviennent la norme. Il est intĂ©ressant de noter, dans une rĂ©flexion sur lâavenir de la promotion de la santĂ©, quâil revient ici Ă chacun de modifier ses habitudes. Par ailleurs, une libertĂ© surveillĂ©e via des dispositifs de tracking, par exemple, est considĂ©rĂ©e comme un prix acceptable Ă payer.Il ne sâagit donc pas tout Ă fait dâun retour au âmonde dâavantâ comme dans le scĂ©nario prĂ©cĂ©dent. âLâhumanitĂ© prend davantage conscience de sa vulnĂ©rabilitĂ© : les flux dâĂ©change de biens, de services et de personnes reprĂ©sentent aussi des vecteurs de propagation pour des hĂŽtes avec lesquels elle doit (rĂ©)apprendre Ă vivre. Lâapplication du principe de prĂ©caution nâimplique pas pour autant une entrave ou une limitation Ă la circulation dans une Ă©conomie quâil serait encore plus coĂ»teux de âdĂ©mondialiserâ » (Claisse, 2020, p. 8).
ScĂ©nario 4: lâeffondrement
Ce quatriĂšme scĂ©nario est celui qui apporte sans doute le point de vue le plus catastrophiste. Il est autrement plus radical que celui du changement malgrĂ© quelques points communs. La thĂ©orie de lâeffondrement (appelĂ©e aussi collapsologie) est de plus en plus prĂ©sente ces derniĂšres annĂ©es et soutient lâidĂ©e selon laquelle la sixiĂšme extinction de masse, le tarissement des ressources (notamment Ă©nergĂ©tiques mais aussi alimentaires Ă cause de lâappauvrissement des sols liĂ© Ă lâagriculture intensive), ainsi que le changement climatique ont menĂ© nos sociĂ©tĂ©s au bord du prĂ©cipice, de lâeffondrement. Cette thĂ©orie est portĂ©e par des collapsologues. Parmi les plus illustres, on peut citer Pablo Servigne ou Jean-Marc Jancovici en France. Selon ce scĂ©nario, la crise liĂ©e Ă la pandĂ©mie est rĂ©vĂ©latrice du fait que nous avons atteint un point de non-retour :âlâeffondrement, selon eux inĂ©vitable, de la civilisation industrielle dont la plupart des indicateurs ont irrĂ©versiblement dĂ©passĂ© les seuils dâalerte.â â. LâĂ©cologiste français Noel MamĂšre parle de ârĂ©pĂ©tition gĂ©nĂ©rale avant lâeffondrement (Claisse, 2020, p9)â ou de la continuitĂ© dâun âprocessus dĂ©jĂ entamĂ© (…) [qui] pourrait prendre plusieurs annĂ©es (Claisse, 2020, p.9)âcomme le pense le sociologue Dominique Bourg, mais aussi dâeffondrement des rĂ©seaux de production et de distribution entraĂźnant lâensemble du systĂšme par un effet de dominos.NĂ©anmoins, les thĂ©ories de lâeffondrement ne tournent pas uniquement autour de la maniĂšre ou du moment oĂč le monde tel quâon le connait va sâĂ©crouler. Il serait trĂšs rĂ©ducteur de ne retenir que le discours apocalyptique de ses partisans qui Ă©voquent Ă©galement âlâĂ©mergence de nouvelles formes de production, de consommation et de sociabilitĂ© dans la pĂ©riode de lâaprĂšs, qui doit se prĂ©parer dĂšs maintenantâ(Claisse, 2020, p. 9). Sur ce point clĂ©, il rejoint donc lâidĂ©e de changement prĂŽnĂ©e par le premier scĂ©nario.
Un effondrement différencié par des inégalités sociales accrues
En Ă©voquant ce dernier scĂ©nario, lâauteur prĂ©cise quâil existe un registre voisin Ă celui de lâeffondrement. âEn rĂ©alitĂ©, il conviendrait plutĂŽt de parler dâeffondrement diffĂ©renciĂ©â, tant la crise sanitaire prĂ©carise certaines catĂ©gories de la population ou certaines zones gĂ©ographiques. Un des effets les plus soulignĂ©s de la pandĂ©mie est la maniĂšre dont la crise et sa gestion par le confinement rĂ©vĂšlent les inĂ©galitĂ©s et intensifient les vulnĂ©rabilitĂ©s. â(Claisse, 2020, p. 10).
Le âretour des communsâ, un autre scĂ©nario de lâeffondrement
Durant la crise sanitaire, un autre phĂ©nomĂšne important Ă noter est celui de la solidaritĂ©. De nombreuses initiatives ont fleuri un peu partout : fabrication de masques, de matĂ©riel de protection, distributions de nourritures, moyens pour contrer lâisolement… On observe « de la gĂ©nĂ©rositĂ© et de lâinventivitĂ© des personnes pour pallier le manque de matĂ©riel mĂ©dical, distribuer de la nourriture aux plus dĂ©munis ou garder le contact avec les personnes isolĂ©es (Claisse, 2020, p. 11) », plutĂŽt que des gens qui se dĂ©chirent les uns les autres comme le laissaient croire divers scĂ©narios de films apocalyptiques. Cette variante du scĂ©nario de lâeffondrement impliquerait donc un retour aux valeurs importantes en communautĂ©. âSâil est contre-intuitif, ce scĂ©nario de âretour des communsâ nâest, en rĂ©alitĂ©, pas incompatible avec celui de lâeffondrement – ni, dâailleurs, avec celui dâun retour de lâEtat social, dont ces actions mettent en Ă©vidence lâimpuissance ou la dĂ©faillance (Claisse, 2020, p. 11). »Parmi ces diffĂ©rents scĂ©narios mais aussi de maniĂšre transversale, il convient maintenant de se demander oĂč et comment va sâinscrire la promotion de la santĂ© dans le monde de demain. Les intervenants en promotion de la santĂ© se mobilisent. Pour Education SantĂ©, associĂ© Ă la note des FĂ©dĂ©rations bruxelloises et wallonne de Promotion de la SantĂ©, retour au « monde dâavant » et Ă ses inĂ©galitĂ©s toujours grandissantes nâest pas souhaitable.
Claisse, F. (2020). Covid-19: quatre scĂ©narios pour lâaprĂšs-crise. Les nouvelles des possibles : note de veille prospective de lâIWEPS, N°2. https://www.iweps.be/wp-content/uploads/2020/04/NVPO02.pdf
DâaprĂšs le prospectiviste Jim Dator, citĂ© dans la note de lâIWEPS : Dator, J. (2009), « Alternative Futures at the Manoa School », Journal of Futures Studies, 14(2), pp. 1â18.
Carte blanche du groupe citoyen : https://docs.google.com/forms/d/e/1FAIpQLSfoqjsCyADoUW90FOlzO94Jz7lbVItrNhkVRzoUlTfPYLvb7Q/viewform
Le volontariat est largement rĂ©pandu dans notre pays. DâaprĂšs la Fondation Roi Baudouin, prĂšs de 1,2 million de Belges font du volontariat au sein dâorganisations. Et câest loin dâĂȘtre une activitĂ© marginale : un volontaire preste « en moyenne prĂšs de 190 heures au cours de lâannĂ©e Ă©coulĂ©e, soit prĂšs de 4 heures par semaine. ». La vie associative couvre un large Ă©ventail de domaines dâactivitĂ© : sport, culture, jeunesse, santĂ© et bien-ĂȘtre, fĂ©minisme, environnement, vie de quartier… Il y en a pour tous les goĂ»ts.
Y a-t-il un lien entre engagement volontaire dans la vie associative et la santĂ© tant subjective qu’objective ? Câest la question de recherche Ă lâorigine dâune Ă©tude Ă grande Ă©chelle, menĂ©e par la MutualitĂ© chrĂ©tienne, ses mouvements partenaires et la FacultĂ© de psychologie de l’UCLouvain.
Notions clés et méthode de départ
Pour ce qui est du volontariat, nous suivons la dĂ©finition de Borgonovi (2008) : il sâagit dâune « activitĂ© dans laquelle lâindividu donne de son temps Ă des groupes et organisations, sans compensation financiĂšre en retour. » Et par participation Ă la vie associative, on entend la participation Ă une activitĂ© sociale organisĂ©e au sein dâune structure (club, organisation, mouvement). Il sâagit, par exemple, dâune randonnĂ©e organisĂ©e par un club de marche, mais pas dâune balade avec quelques amis. Cette participation Ă la vie associative peut ĂȘtre passive ou active. Il est question de participation passive si lâon participe ou bĂ©nĂ©ficie simplement des activitĂ©s organisĂ©es (ex. : aller marcher avec un club de randonnĂ©e). En cas de participation active, la personne organise les activitĂ©s (ex. : elle organise la randonnĂ©e ou lâeffectue en tant que volontaire).
Afin de permettre une comparaison entre rĂ©pondants ayant un niveau variable dâengagement social, une participation suffisamment forte des volontaires Ă©tait importante (ce sont des rĂ©pondants avec un engagement social Ă©levĂ©). Câest pourquoi l’Ă©tude a Ă©tĂ© menĂ©e en collaboration Ă©troite avec les mouvements francophones et nĂ©erlandophones partenaires de la MC : AltĂ©o et Samana (mouvements de personnes malades, valides et handicapĂ©es), ĂnĂ©o, Ă©nĂ©oSport et Okra (mouvements des aĂźnĂ©s), Ocarina – anciennement Jeunesse & SantĂ© – et Kazou (organisations de jeunesse) ainsi qu’Intersoc (service vacances de la MC). 2.033 volontaires engagĂ©s dans ces associations ont rĂ©pondu Ă un questionnaire en ligne et donnĂ© leur accord pour coupler leurs rĂ©ponses Ă l’analyse de leurs donnĂ©es de santĂ© sur les annĂ©es 2017 et 2018. 4.988 membres MC ont complĂ©tĂ© le panel selon les mĂȘmes modalitĂ©s.
Parmi les 7.021 participants Ă lâĂ©tude, il y a une majoritĂ© de femmes (55%) LâĂąge moyen est de 57 ans, mais la distribution des Ăąges est trĂšs Ă©tendue, des jeunes (18 ans, du fait de la prĂ©sence des organisations de jeunesse comme Kazou et Ocarina) aux plus ĂągĂ©s (jusquâĂ 90 ans). On dispose Ă©galement dâune diversitĂ© sociale : toutes les catĂ©gories sociales et niveaux de formation sont reprĂ©sentĂ©s.
Les participants Ă la recherche ont Ă©tĂ© rĂ©partis en quatre groupes : (1) les volontaires actifs dans un ou plusieurs mouvements partenaires de la MC (2.053), (2) les membres MC actifs dans une association ou organisation (2.028), (3) les membres MC qui prennent part Ă la vie associative de maniĂšre passive (1.108) et (4) les membres MC qui n’y participent pas du tout (1.852).
Dans les rĂ©sultats prĂ©sentĂ©s ci-aprĂšs, les effets de quatre variables ont Ă©tĂ© pris en compte : lâĂąge, le genre, le fait de bĂ©nĂ©ficier de lâintervention majorĂ©e (BIM) et le fait de vivre seul. ConcrĂštement, au niveau des indicateurs prĂ©sentĂ©s, les diffĂ©rences observĂ©es entre les quatre groupes de rĂ©pondants ne sont pas dues Ă des effets provenant de ces quatre variables de contrĂŽle (Ăąge, genre, BIM, fait de vivre seul). Par exemple, sâil y a davantage de contacts avec les mĂ©decins dans tel groupe de rĂ©pondants, on ne pourra pas dire que câest dĂ» au fait quâils seraient plus ĂągĂ©s que les autres rĂ©pondants. Les effets de ces quatre variables de contrĂŽle ayant Ă©tĂ© neutralisĂ©s, les diffĂ©rences mises en lumiĂšre reflĂštent davantage lâinfluence de la participation Ă la vie associative sur lâindicateur en cause.
Processus psychosociaux
Est-ce que la participation Ă la vie associative a une influence significative sur le bien-ĂȘtre ? Le questionnaire comportait de nombreuses questions permettant de mesurer divers processus psychosociaux participant au bien-ĂȘtre (sentiment de fusion avec la sociĂ©tĂ©, dâintĂ©gration sociale, de solitude, soutien social perçu, Ă©panouissement, estime de soi, sentiment de sens, individualisme / collectivisme, souci empathique / prise de perspective). Les rĂ©sultats sont sans appel : les liens sont significatifs pour toutes les variables psychosociales mesurĂ©es et auto-rapportĂ©es par les participants.
Par exemple, le âsentiment de fusion avec la sociĂ©tĂ©â a Ă©tĂ© mesurĂ© Ă lâaide des schĂ©mas ci-aprĂšs. Le score se dĂ©duit du schĂ©ma sĂ©lectionnĂ© par le rĂ©pondant : de A (score 1) = âJe me sens Ă cĂŽtĂ© de la sociĂ©tĂ©â Ă E (score 5) = âJe me sens en fusion avec la sociĂ©tĂ©â. Pour les quatre groupes de rĂ©pondants, le score moyen est donnĂ© Ă la Figure 1.
Parmi les schĂ©mas au-dessous, lequel correspond le mieux Ă la maniĂšre dont vous vous situez par rapport Ă la sociĂ©tĂ© ?Quâobserve-t-on ? Les personnes qui ne participent pas Ă la vie associative obtiennent un score significativement plus faible que les personnes qui y participent. Le score du âsentiment de fusion avec la sociĂ©tĂ©â augmente avec la participation : les participants actifs ont un score significativement plus Ă©levĂ© que les participants passifs. Les personnes qui participent Ă la vie associative ont donc le sentiment dâĂȘtre davantage un Ă©lĂ©ment de la sociĂ©tĂ©. Et plus la participation est active, plus ce sentiment se renforce.
Autre exemple : le âsentiment de solitudeâ. Ici, le score est calculĂ© (Likert Ă 5 points) sur la base de rĂ©ponses aux questions suivantes : âJe sens que je manque de compagnieâ, âJe me sens abandonnĂ©â, âJe me sens isolĂ© des autresâ. Les rĂ©ponses vont de : âpas du tout dâaccordâ (score 1) Ă âtout Ă fait dâaccordâ (score 5). Donc, plus le score est Ă©levĂ©, plus on se sent seul. Pour les quatre groupes de rĂ©pondants, le score moyen est donnĂ© Ă la Figure 2. On observe que plus lâengagement dans la vie sociale structurĂ©e est actif, moins on se sent seul. La simple participation permet dĂ©jĂ de se sentir moins seul que la non-participation. Si lâon sâengage activement dans un rĂŽle de volontaire, ce sentiment de solitude est encore plus faible.
Figure 1 : Sentiment de fusion avec la société
Figure 2 : Sentiment de solitude
Santé subjective
Au-delĂ des processus psychosociaux, le questionnaire a permis de mettre en lumiĂšre la maniĂšre dont les rĂ©pondants Ă©valuent leur Ă©tat de santĂ©. Sur base de quelques questions, un score factoriel a Ă©tĂ© calculĂ©, qui reflĂšte ce niveau de santĂ© âsubjectiveâ (car auto-rapportĂ©e). LâinterprĂ©tation de ce score est la suivante. Le score 0 reprĂ©sente le degrĂ© moyen de la santĂ© perçue pour lâensemble des rĂ©pondants. Un score positif dĂ©note alors une meilleure santĂ© perçue que la moyenne des rĂ©pondants. Un score nĂ©gatif signifie que le rĂ©pondant estime ĂȘtre en moins bonne santĂ© que la moyenne.
Aussi bien les participants actifs que les participants passifs se sentent dans un état de santé moyen (score proche de 0). Le groupe des « volontaires » se sent clairement en meilleure santé (score positif de 0,21), en revanche les non-participants rapportent une moins bonne santé perçue (score négatif de -0,27). Comme on peut le voir à la Figure 3, ne pas participer à la vie sociale organisée influence négativement la maniÚre dont on évalue sa propre santé. Par rapport à ce dernier groupe, le fait de participer (passivement ou activement) améliore déjà la perception de son état de santé.
Figure 3 : Santé perçue
Santé objective
Lorsqu’on se sent en meilleure santĂ©, on recourt moins souvent aux soins de santĂ©. Nous avons des rĂ©sultats qui vont dans ce sens. En effet, les personnes qui ne participent pas du tout Ă la vie associative – et se sentent en moins bonne santĂ© – entrent davantage en contact (9 Ă 10% de plus) avec les mĂ©decins que celles qui ont une participation active ou passive. Il en va de mĂȘme pour le volume des hospitalisations de jour (40% de plus).
L’engagement volontaire a Ă©galement des effets significatifs en ce qui concerne les mĂ©dicaments remboursĂ©s. La trĂšs grande majoritĂ© de nos rĂ©pondants recourent Ă lâun ou lâautre mĂ©dicament. Mais on constate que la proportion de non-consommateurs a tendance Ă diminuer – cela signifie que la proportion de consommateurs de mĂ©dicaments augmente – au fur et Ă mesure que la participation Ă la vie sociale diminue. De plus, les personnes qui ne participent pas Ă la vie associative prĂ©sentent, en volume, une consommation de mĂ©dicaments significativement plus Ă©levĂ©e (de lâordre de 17%) que les trois groupes qui y participent. Ces tendances gĂ©nĂ©rales sâobservent Ă©galement pour certaines classes thĂ©rapeutiques de mĂ©dicaments, comme la classe thĂ©rapeutique N, soit celle des mĂ©dicaments agissant sur le systĂšme nerveux (antiĂ©pileptiques, antidĂ©presseurs, antipsychotiquesâŠ). La consommation de mĂ©dicaments de la classe N est donnĂ©e Ă la Figure 4.
Figure 4 : Volume de médicaments de la classe N
Conclusion
La prĂ©sente Ă©tude se veut exploratoire. Ses premiers rĂ©sultats viennent confirmer bien des intuitions et tĂ©moignages â voir ci-dessous – relatifs aux bienfaits du volontariat. Donner son temps aux autres fait du bien ! Sâengager dans le volontariat donne du sens, crĂ©e des liens sociaux, apporte du bien-ĂȘtre et participe au sentiment dâĂȘtre en bonne santĂ©. MĂȘme si l’on ne peut affirmer avec certitude qu’il y a un lien de cause Ă effet, la corrĂ©lation entre volontariat et santĂ© ressort clairement des rĂ©sultats. Ceux-ci entrent en cohĂ©rence avec un courant scientifique qui montre combien la participation Ă la vie sociale va de pair avec le bien-ĂȘtre.
DâoĂč lâimportance dâencourager et de valoriser le volontariat. La nouvelle loi fĂ©dĂ©rale qui encadre le volontariat apporte des Ă©claircissements sur certains points (cadeaux, dĂ©fraiementsâŠ). Mais des freins Ă l’engagement volontaire subsistent, en particulier pour les prĂ©pensionnĂ©s et les chĂŽmeurs. Pointons aussi le risque de marchandisation d’activitĂ©s effectuĂ©es aujourd’hui de maniĂšre gratuite et volontaire. On peut s’inquiĂ©ter de voir des plateformes collaboratives proposer de telles activitĂ©s contre rĂ©munĂ©ration.
En guise de conclusion, on pourrait dire ceci : autant il faut Ă©viter que le volontariat soit rendu obligatoire ou instrumentalisĂ©, autant il est nĂ©cessaire de le promouvoir et de le valoriser. Le volontariat n’est pas seulement une source d’enrichissement pour la vie en sociĂ©tĂ©, il l’est aussi pour la santĂ© et le bien-ĂȘtre de ceux qui s’y engagent. Investir dans le volontariat, c’est aussi investir dans la santĂ©.
Jean, volontaire à Altéo
‘Je m’investis pour rompre l’isolement des personnes en invaliditĂ© et leur offrir un univers accueillant’.
L’invaliditĂ© et l’isolement, Jean, 73 ans, les a vĂ©cus. ‘Je travaillais comme ingĂ©nieur pour une grande multinationale lorsqu’on m’a proposĂ© un poste enviĂ© de tous. J’avais 51 ans et j’ai acceptĂ© cette nouvelle fonction⊠mais, en fait, elle ne servait Ă rien ! Un an et demi plus tard, je suis tombĂ© en ‘bore out’ (Ă©puisement professionnel liĂ© Ă un manque de travail ou Ă l’ennui suscitĂ© par les tĂąches qui sont confiĂ©es), puis en dĂ©pression profonde’, confie Jean.C’est Ă la suite d’un voyage proposĂ© aux personnes en invaliditĂ© par AltĂ©o que Jean s’est initiĂ© au volontariat. ‘Lors de ce sĂ©jour, j’ai fait la connaissance de personnes rencontrant les mĂȘmes difficultĂ©s que moi. Un an plus tard, des vacanciers ont crĂ©Ă© un comitĂ© d’invalides. Ils m’ont proposĂ© de les rejoindre. C’est alors que j’ai expĂ©rimentĂ© le bĂ©nĂ©volat pour la premiĂšre fois, explique Jean qui voit Ă sa maladie, un cĂŽtĂ© positif : J’ai dĂ©couvert un monde oĂč rĂšgnent le respect, la solidaritĂ© et la convivialitĂ©. Notre comitĂ© tente de briser l’isolement des personnes en invaliditĂ©. On organise des confĂ©rences, des excursions, des balades, des diners⊠Assez vite, j’ai retirĂ© du plaisir de cet engagement et j’ai pris conscience que je servais Ă quelque chose. J’ai longtemps Ă©tĂ© suivi par mon mĂ©decin, par un psychothĂ©rapeute et je prenais des mĂ©dicaments mais tout cela est dĂ©sormais derriĂšre moi. Ce qui m’a aidĂ©, c’est la chaleur humaine qui, selon moi, est indissociable de la guĂ©rison physique et morale.Aujourd’hui, Jean s’active toujours au sein du comitĂ© dont il est devenu le secrĂ©taire. Il s’implique aussi Ă d’autres niveaux dans le mouvement auquel il consacre deux Ă trois jours par semaine. ‘Cela me permet de rester en forme’, lance-t-il.
Louis, actif Ă Ocarina
‘J’ai envie de transmettre tout ce que l’on m’a transmis. Surtout, cette bienveillance !’
Louis, 20 ans, consacre cinq Ă six soirĂ©es par mois comme volontaire au sein d’Ocarina, organisation de jeunesse. ‘AprĂšs avoir co-animĂ© des stages pour enfants dans mon village, j’ai voulu me former pour pouvoir encadrer seul un groupe. J’ai optĂ© pour la formation d’animateur organisĂ©e par Ocarina’.Ătre animateur lui a tout de suite plu : ‘J’ai dĂ©couvert les ‘obligations positives’. Rien ne nous oblige Ă nous investir mais dĂšs qu’on fait ce choix, on l’assume Ă fond et on honore ses engagements avec plaisir. J’aime voir qu’on est tous rassemblĂ©s autour d’une mĂȘme cause’. Louis apprĂ©cie tant son volontariat qu’il a dĂ©cidĂ© de dĂ©couvrir les coulisses de l’animation et d’intĂ©grer le comitĂ© Ocarina de sa rĂ©gion. ‘Le volontariat nous force Ă bouger, Ă dĂ©couvrir nos limites aussi. Mais il m’a surtout permis de dĂ©velopper des relations, de gagner en confiance en moi, en prenant la parole en public, par exemple. Et j’ai dĂ©couvert le sentiment de bienveillance que je compte bien transmettre Ă mon tour’.
Marée M, Hustinx L, Xhauflair V, De Keyser L & Verhaeghe L. 2015. Le volontariat en Belgique : Chiffres-clés. Bruxelles. Rapport de la Fondation Roi Baudouin
https://www.kbs-frb.be/~/media/Files/Bib/Publications/PUB_3367_Volontariat.pdf (p. 25)
Borgonovi F. 2008. Doing well by doing good. The relationship between formal volunteering and self-reported health and happiness. Social Science & Medicine, 66(11):2321-34.
EstimĂ© en DDD – Defined Daily Doses. Câest la dose dâentretien moyenne prĂ©sumĂ©e par jour pour un mĂ©dicament utilisĂ© dans son indication principale chez lâadulte.
Van Haesebrouck S. 2019. Ătre volontaire Ă la MC, le choix du lien et du sens. En Marche. Ă©dition du 5 dĂ©cembre 2019. www.enmarche.be
Lâenvironnement exerce une influence considĂ©rable sur la santĂ© physique et psychique. De plus, on observe un cumul entre les inĂ©galitĂ©s environnementales et les inĂ©galitĂ©s sociales. Partant de ce constat, Forest Quartiers SantĂ©, asbl active dans le champ de la promotion de la santĂ©, a dĂ©veloppĂ© plusieurs projets pour y rĂ©pondre.
Pour agir sur les inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ©, Forest Quartiers SantĂ© (FQS) organise depuis de nombreuses annĂ©es une sĂ©rie d’actions communautaires de premiĂšre ligne dans les quartiers populaires de Forest et Saint Gilles. ConcrĂštement, FQS mĂšne de multiples projets avec les habitants, axĂ©s sur des thĂ©matiques telles que le logement, lâalimentation saine et durable, lâexercice physique, lâemploi, lâinclusion numĂ©rique, la sĂ©curitĂ© dans les milieux de vie, la participation citoyenne, etc.
Afin dâaugmenter la pertinence et lâimpact de ces actions, FQS prĂ©conise une dĂ©marche collective, intersectorielle et participative afin de favoriser l’engagement conjoint des habitants, professionnels et Ă©lus dans la dĂ©finition de leurs besoins, de leurs prioritĂ©s et leurs actions en vue de la co-construction de solutions concrĂštes. Dans cette optique, FQS agit en partenariat et en rĂ©seau avec les acteurs associatifs et institutionnels de la commune de Forest, afin dâidentifier et coordonner les actions de maniĂšre optimale, et de dĂ©velopper des stratĂ©gies qui prennent en compte la globalitĂ© des situations. Les actions visent en prioritĂ© les habitants des quartiers les plus prĂ©carisĂ©s des communes de Forest, un public multiculturel cumulant souvent des vulnĂ©rabilitĂ©s telles que faibles revenus, faible niveau de formation, non-emploi, logement dĂ©gradĂ©, situation dâexil, isolement social, etc.
Habitat et Santé
Le premier projet, initiĂ© il y a quelques annĂ©es dĂ©jĂ , a trait Ă l’habitat. La dĂ©gradation et lâinsalubritĂ© des logements relĂšvent dâune problĂ©matique qui a des effets dramatiques sur la santĂ© et les inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ©. Le diagnostic Ă©tabli sur le pĂ©rimĂštre de Forest fait Ă©tat dans certains quartiers dâune piĂštre qualitĂ© du bĂąti et de nombreux habitants vivent dans des logements exigus, vĂ©tustes, voire insalubres. On y rencontre des problĂšmes d’humiditĂ©, d’Ă©clairage insuffisant, de ventilation inadĂ©quate, dâexiguĂŻtĂ©, d’installation Ă©lectrique ou de chauffage dĂ©ficients. Il Ă©tait donc important de sensibiliser les citoyens Ă lâimpact de leurs gestes quotidiens qui peuvent contribuer Ă dĂ©grader, prĂ©server ou amĂ©liorer lâĂ©tat du logement et influer sur la qualitĂ© de vie. Câest sur cette base que FQS a mis en place des ateliers « logement sain » de premiĂšre ligne.
Leurs objectifs Ă©taient d’atteindre et sensibiliser le plus grand nombre de personnes possible, de dĂ©velopper les capacitĂ©s d’agir individuelles et collectives des participants pour rendre leurs logements plus sains, ainsi que de renforcer la cohĂ©sion sociale du quartier par des activitĂ©s communautaires, de sensibilisation, de mĂ©diation. Il s’agissait d’informer la population sur les ressources mises Ă sa disposition, sur une meilleure utilisation et une gestion plus durable du logement ainsi que de ses Ă©quipements (entretien, chauffage, aĂ©ration, etcâŠ). FQS a donc organisĂ© des ateliers consacrĂ©s Ă des thĂ©matiques telles que les polluants intĂ©rieurs, les nuisibles (principalement les acariens), lâhumiditĂ©, etc., ainsi que la gestion durable et Ă©coresponsable de lâhabitat.
Le projet propose entre autres des ateliers de fabrication de produits dâentretien Ă©coresponsables, oĂč les participants sont amenĂ©s Ă prendre conscience de l’impact des produits traditionnels sur leur santĂ© et sur l’environnement.
D’autres ateliers sont consacrĂ©s aux polluants intĂ©rieurs et Ă lâhumiditĂ©. En dĂ©tecter les sources et la nature, ĂȘtre informĂ© sur leurs consĂ©quences, et expĂ©rimenter des solutions parfois toute simples, comme une aĂ©ration rĂ©guliĂšre ou l’Ă©limination de moisissures, permet souvent de limiter les nuisances.
Les ateliers abordent aussi ce quâon appelle les « nuisibles » (organismes animaux, vĂ©gĂ©taux, bactĂ©riesâŠ) et plus prĂ©cisĂ©ment les acariens, dont la prĂ©sence multiplie lâoccurrence dâallergies ou de troubles respiratoires, et les moyens de lutte pour les Ă©viter.
L’accent est Ă©galement mis sur le recyclage, la gestion des dĂ©chets, avec une conscientisation globale sur les questions environnementales.
Pour que l’action s’Ă©tende Ă un maximum de personnes et que ses effets se prolongent dans le temps, FQS a Ă©galement mis en place un rĂ©seau de « citoyens-relais » qui pourront Ă leur tour sensibiliser leur entourage familial, leur voisinage, les associations dans lesquelles ils sont impliquĂ©s, etc.
Ateliers de cuisine « saine et durable »
Un autre axe sur lequel Forest Quartiers SantĂ© agit est l’alimentation, tant on sait que la maniĂšre de se nourrir est un facteur de santĂ© primordial. Le projet consiste Ă organiser et animer des cycles dâateliers de cuisine saine, durable, vĂ©gĂ©tarienne, et inscrits dans une optique zĂ©ro dĂ©chet. Ici, pas de cuisine gastronomique et onĂ©reuse comme c’est souvent de mode. L’animatrice tient compte des habitudes alimentaires des participants et de leur budget ; elle propose une cuisine de qualitĂ© mais accessible.
Les ateliers permettent de sensibiliser, (in)former et autonomiser les participants sur diffĂ©rents aspects de lâalimentation : sensibilisation globale Ă l’impact de nos comportements alimentaires sur la santĂ© et l’environnement, notions de diĂ©tĂ©tique et conception de menus Ă©quilibrĂ©s, achats durables, gestion du frigo, conservation et rĂ©utilisation des aliments, compostage des dĂ©chets, etc.
Ces ateliers de « cuisine durable » permettent de réaliser des recettes originales tout en apprenant à se tourner vers le local, bio, de saison et les petits marchands plutÎt que les grandes enseignes, tout en privilégiant des denrées accessibles financiÚrement.
L’animatrice de FQS a optĂ© pour des recettes vĂ©gĂ©tariennes (ce qui permet de rĂ©duire les coĂ»ts, dâĂ©viter les difficultĂ©s liĂ©es aux diffĂ©rents prescrits culturels et religieux, et de minimiser lâimpact nĂ©gatif sur la santĂ© et lâenvironnement). Le projet vise aussi Ă faire connaĂźtre les ressources disponibles et alternatives sur les territoires visĂ©s (marchĂ©s, coopĂ©ratives et magasins dâalimentation bio, potagers et composts collectifs, Jardin Essentiel Ă ForestâŠ).
De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, il sâagit aussi de prendre conscience des enjeux de lâalimentation au niveau mondial et local, tant du point de vue de la santĂ© que de celui de lâenvironnement, et dâadopter de nouveaux comportements.
Le projet entend sensibiliser les participants Ă l’amĂ©lioration de l’environnement Ă diffĂ©rents Ă©gards : utilisation de produits de proximitĂ©, de circuit court, afin de rĂ©duire les impacts Ă©nergĂ©tiques, de produits issus de culture biologique, optique ‘zĂ©ro dĂ©chet’, utilisation de matĂ©riel de cuisine et de contenants ‘zĂ©ro plastique’, produits d’entretien Ă©cologiques…
Ăvoluer dans un environnement plus favorable Ă sa santĂ©
En milieu urbain, il nâest pas toujours Ă©vident de garder un contact avec la nature.
Et pourtant, l’impact que la nature a sur la santĂ© n’est plus Ă dĂ©montrer: baisse des troubles respiratoires, de la pression artĂ©rielle et du stress, action sur la dĂ©pression ou encore amĂ©lioration de l’immunitĂ© sont quelques-uns de ses bienfaits. Reconnecter les habitants avec lâĂ©cosystĂšme urbain et pĂ©riurbain est donc particuliĂšrement important.
C’est pour cette raison que FQS a lancĂ© en 2019 un nouveau programme d’action axĂ© sur des activitĂ©s en lien avec la sauvegarde de l’environnement et l’utilisation durable et rationnelle des ressources de la nature.
Ainsi, FQS organise, principalement avec des publics d’enfants d’associations partenaires sur Forest (Le Cairn, le Partenariat Marconi), des « balades nature » dont les objectifs sont de sensibiliser les enfants Ă l’environnement et la biodiversitĂ©, de les connecter avec la nature, tout en privilĂ©giant des activitĂ©s de plein air. Forest et ses alentours possĂšdent de nombreux espaces verts trĂšs peu connus et frĂ©quentĂ©s par les habitants, particuliĂšrement des milieux dĂ©favorisĂ©s. Balade botanique par les Ă©tangs de Pede, Ă Anderlecht, avec un guide nature, visites du rucher du Parc Brel ou du jardin dâabeilles du Bois du Laerbeek (en tenue d’apiculteur!), oĂč les enfants ont Ă©galement savourĂ© des fruits et des lĂ©gumes de saison cultivĂ©s dans le verger, promenades et activitĂ©s en forĂȘt de Soignes ou au Parc Bempt pour dĂ©couvrir les diffĂ©rents Ă©cosystĂšmes, sont quelques-unes des activitĂ©s qui ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© proposĂ©es. Ces balades sont complĂ©tĂ©es par des activitĂ©s en intĂ©rieur, axĂ©es sur l’alimentation saine telles que la confection d’une pyramide alimentaire, avec des reconnaissances de fruits et lĂ©gumes Ă l’aveugle ainsi que la dĂ©gustation de produits biologiques et de saison.
Ces activités ludiques et participatives ont rencontré un grand succÚs auprÚs de ces petits citadins qui découvraient souvent pour la premiÚre fois des lieux et des ressources pourtant accessibles.
Les jardins santé
Enfin, cette annĂ©e, FQS est en passe de concrĂ©tiser dans un nouveau projet en partenariat avec l’ULB : « Jardins SantĂ© Ă Bruxelles ». Ce projet, rassemblant diverses associations, entend dĂ©velopper de vĂ©ritables lieux d’expĂ©rience en RĂ©gion bruxelloise, Ă travers un rĂ©seau de jardins collectifs en milieu urbain, qui joueront le rĂŽle de laboratoires vivants (« living labs ») oĂč les habitants pourront cultiver et mieux connaitre des plantes mĂ©dicinales, aromatiques, et « alicaments », aidĂ©s et conseillĂ©s par des professionnels.
La RĂ©gion bruxelloise recĂšle un grand nombre de jardins urbains et d’espaces verts. La biodiversitĂ© vĂ©gĂ©tale sauvage et cultivĂ©e qu’ils hĂ©bergent reprĂ©sente des outils et ressources insuffisamment exploitĂ©s. ConsidĂ©rĂ©e depuis le rĂšgne de LĂ©opold II comme la « commune des parcs », Forest est un lieu privilĂ©giĂ© pour un projet de co-crĂ©ation comme celui des « Jardins SantĂ© Ă Bruxelles ». En collaboration trĂšs Ă©troite avec le service du DĂ©veloppement durable de la Commune de Forest, qui a donnĂ© son soutien logistique et matĂ©riel, ont Ă©tĂ© identifiĂ©s plusieurs jardins potagers et espaces verts qui seraient susceptibles dâhĂ©berger des petits/moyens « living labs ». PlutĂŽt que de se concentrer en un seul lieu, plusieurs petites parcelles seront exploitĂ©es, ce qui permettra dâatteindre diffĂ©rents publics, en crĂ©ant un vĂ©ritable rĂ©seau de jardins santĂ©, chacun avec ses propres caractĂ©ristiques.Un projet riche qui, Ă travers lâenvironnement, a pour enjeu de dĂ©velopper l’autonomie des personnes dans la prise en charge de leur santĂ©.
Pour en savoir plus : Forest Quartiers Santé : www.f-q-s.be
Quelques ressources pour aller plus loin:
- Paquin, S., Laurin, M. (2016) Guide sur les environnements favorables aux saines habitudes de vie dans les municipalitĂ©s. MontrĂ©al : Direction rĂ©gionale de santĂ© publique du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Ăźle-de-MontrĂ©al, ComitĂ© quĂ©bĂ©cois de formationsur les saines habitudes de vie et QuĂ©bec en Forme. 147p.: disponible en ligne sur le site du reso www.uclouvain.be/reso
- Heritage, Z., Roué-Le Gall, A. César, C. (2015) Urbanisme et aménagements favorables à la santé. Santé en action, n° 434, 56p.: disponible en ligne sur www.santepubliquefrance.fr
- Beaudoin, M., Levasseur, M-E. (2017) Verdir les villes pour la santé de la population. Québec: Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), 111p.: disponible en ligne sur www.inspq.qc.ca
- Delamaire, C., Ducrot, P. (2018) Environnements favorables Ă une alimentation saineâŻ: une rĂ©ponse aux inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ©âŻ?. SantĂ© en action, n°444, 52p. : disponible sur www.santepubliquefrance.fr
Article paru sur So Epidemio, le 05/02/2020.
Une nouvelle Ă©tude publiĂ©e dans Journal of Adolescent Health suggĂšre quâil existe une relation Ă double sens entre la perpĂ©tration de lâintimidation en milieu scolaire (aussi appelĂ©e harcĂšlement scolaire) et les problĂšmes de santĂ© mentale chez les jeunes. La perpĂ©tration dâintimidation augmenterait le risque de dĂ©velopper des problĂšmes de comportement intĂ©riorisĂ©s â tel que la dĂ©pression, lâanxiĂ©tĂ©, le retrait social â et prĂ©senter ces problĂšmes augmenterait la probabilitĂ© dâintimider les autres. Alors que les prĂ©cĂ©dentes recherches se sont concentrĂ©es sur les causes et les consĂ©quences pour les victimes dâintimidation, il sâagit de la premiĂšre Ă©tude Ă explorer de maniĂšre approfondie la sĂ©quence temporelle entre la perpĂ©tration de lâintimidation et les problĂšmes de santĂ© mentale.
Lâintimidation en milieu scolaire, ou harcĂšlement scolaire, est dĂ©finie comme un comportement agressif intentionnel et rĂ©pĂ©tĂ©, associĂ© Ă une intention nĂ©gative, qui est utilisĂ© par un enfant ou groupe dâenfants pour maintenir son pouvoir sur un autre enfant ou groupe [1]. Aux Ătats-Unis, il a Ă©tĂ© estimĂ© quâentre 18% et 31% des jeunes ĂągĂ©s de 10 Ă 18 ans sont impliquĂ©s dans lâintimidation en tant que victime ou bourreau [2]. En France, lâenquĂȘte Health Behaviour in School-aged Children (HBSC) de 2013-2014 estime que 45% des adolescents de 11, 13 et 15 ans sont impliquĂ©s dans le harcĂšlement scolaire [3]. Concernant la santĂ© mentale des adolescents, une enquĂȘte amĂ©ricaine de 2016 rapporte que 6% des adolescents ĂągĂ©s de 12 Ă 17 ans souffrent de dĂ©pression, 11% dâanxiĂ©tĂ© et 8% ont des troubles du comportement [4]. En France, le rapport de lâInserm sur les troubles mentaux, dĂ©pistage et prĂ©vention chez lâenfant et lâadolescent [5], estime que 12% des enfants et adolescents souffrent de troubles Ă©motionnels (troubles anxieux et de lâhumeur) et comportementaux. Alors que lâassociation entre le fait dâĂȘtre victime dâintimidation et la survenue de problĂšmes de santĂ© mentale immĂ©diats comme Ă plus long terme est bien documentĂ©e, la littĂ©rature sur les causes et les consĂ©quences de la pratique dâintimidation sont beaucoup plus Ă©parses. Ă ce jour, aucune Ă©tude nâa investiguĂ© lâhypothĂšse selon laquelle la relation entre la pratique dâintimidation et les problĂšmes de santĂ© mentale pourrait ĂȘtre bidirectionnelle.
Afin dâĂ©tudier lâexistence possible dâune association bidirectionnelle entre lâintimidation et les problĂšmes de comportement intĂ©riorisĂ©s, nous avons analysĂ© les donnĂ©es de 13 200 adolescents ĂągĂ©s de 12 Ă 17 ans provenant des vagues 1 (2013-2014) et 2 (2014-2015) de lâenquĂȘte longitudinale amĂ©ricaine Population Assessment of Tobacco And Health (PATH) [6]. PATH est une Ă©tude de cohorte longitudinale reprĂ©sentative de la population amĂ©ricaine qui avait pour but premier dâĂ©tudier les comportements, attitudes et croyances en matiĂšre de tabagisme et leur impact sur la santĂ©. Parmi les adolescents interrogĂ©s, 79% ont dĂ©clarĂ© nâavoir jamais intimidĂ© dâautres jeunes, 11% ont dĂ©clarĂ© avoir intimidĂ© dâautres jeunes il y a plus dâun an et 10% ont dĂ©clarĂ© avoir intimidĂ© dâautres jeunes au cours des 12 derniers mois prĂ©cĂ©dant le dĂ©but de lâenquĂȘte. Lorsque la pratique dâintimidation a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e uniquement dans le mois prĂ©cĂ©dant le dĂ©but de lâenquĂȘte, 16% ont dĂ©clarĂ© avoir intimidĂ© dâautres personnes il y a plus dâun mois et 5% ont dĂ©clarĂ© avoir intimidĂ© dâautres personnes au cours du mois.
Lors de lâanalyse de la relation entre la perpĂ©tration de lâintimidation et les problĂšmes de comportement intĂ©riorisĂ©s, nous avons observĂ© que les jeunes ayant dĂ©clarĂ© ĂȘtre auteurs dâintimidation Ă©taient plus Ă risque de dĂ©velopper des problĂšmes de santĂ© mentale niveaux modĂ©rĂ©s Ă Ă©levĂ©s comparĂ©s aux jeunes ayant dĂ©clarĂ© ne pas avoir pratiquĂ© dâintimidation. Nous avons Ă©galement constatĂ© que les adolescents qui prĂ©sentaient des problĂšmes de comportement intĂ©riorisĂ©s de niveaux modĂ©rĂ©s Ă Ă©levĂ©s avaient un risque accru dâintimider dâautres personnes par rapport Ă ceux dĂ©clarant pas ou peu de problĂšmes de comportement intĂ©riorisĂ©s.
Notre Ă©tude [7] a permis de montrer que lâassociation entre la pratique dâintimidation et les problĂšmes de comportement intĂ©riorisĂ©s est probablement bidirectionnelle : intimider augmenterait le risque de dĂ©velopper des problĂšmes de santĂ© mentale et prĂ©senter des problĂšmes de santĂ© mentale augmenterait la probabilitĂ© dâintimider les autres. Cependant, il est important de souligner que les mĂ©thodes de recueil des donnĂ©es â incluant les dĂ©finitions utilisĂ©es, la formulation des questions et lâauto-administration des questionnaires â pourraient surestimer ou sous-estimer la prĂ©valence de lâintimidation dans notre Ă©tude et, par consĂ©quent, influencer la force de lâassociation entre la perpĂ©tration de lâintimidation et les problĂšmes de comportement intĂ©riorisĂ©s. Nos rĂ©sultats fournissent une extension importante Ă la littĂ©rature existante et suggĂšrent que les stratĂ©gies de prĂ©vention et dâintervention des comportements dâintimidation chez les jeunes devraient considĂ©rer le moyen de prendre en compte et gĂ©rer les sentiments nĂ©gatifs et les problĂšmes de santĂ© mentale.
Références
- Gladden RM, Vivolo-Kantor AM, Hamburger ME, Lumpkin CD. Bullying Surveillance Among Youths: Uniform Definitions for Public Health and Recommended Data Elements, Version 1.0. Atlanta, GA: National Center for Injury Prevention and Control, Centers for Disease Control and Prevention and U.S. Department of Education; 2014.
- Committee on the Biological and Psychosocial Effects of Peer Victimization: Lessons for Bullying Prevention, Board on Children, Youth, and Families, Committee on Law and Justice, Division of Behavioral and Social Sciences and Education, Health and Medicine Division, National Academies of Sciences, Engineering, and Medicine. Preventing Bullying Through Science, Policy, and Practice [Internet]. Rivara F, Le Menestrel S, editors. Washington (DC): National Academies Press (US); 2016 [cited 2018 Aug 24]. Available from: http://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK390413/
- Inchley J, Currie D, Young T, Samdal O, Torsheim T, Augustson L, et al., editors. Growing up unequal: gender and socioeconomic differences in young peopleâs health and well-being: Health Behaviour in School-Aged Children (HBSC) Study: international report from the 2013/2014 survey. Copenhagen, Denmark: World Health Organization Regional Office for Europe; 2016.
- Ghandour RM, Sherman LJ, Vladutiu CJ, Ali MM, Lynch SE, Bitsko RH, et al. Prevalence and Treatment of Depression, Anxiety, and Conduct Problems in US Children. The Journal of Pediatrics. 2019;206:256-267.e3.
- mĂ©dicale (Inserm) I national de la santĂ© et de la recherche. Troubles mentauxâŻ: DĂ©pistage et prĂ©vention chez lâenfant et lâadolescent [Internet]. Les Ă©ditions Inserm; 2002 [cited 2020 Jan 27]. Available from: http://www.ipubli.inserm.fr/handle/10608/165
- United States Department Of Health And Human Services. National Institutes Of Health. National Institute On Drug Abuse. Population Assessment of Tobacco and Health (PATH) Study [United States] Public-Use Files: User Guide. 2016 [cited 2019 Oct 31]; Available from: http://www.icpsr.umich.edu/cgi-bin/file?comp=none&study=36498&ds=0&file_id=1239402&path=NAHDAP
- Azevedo Da Silva M, Gonzalez JC, Person GL, Martins SS. Bidirectional Association Between Bullying Perpetration and Internalizing Problems Among Youth. J Adolesc Health. 2019.
Matériel
- Un guide pédagogique (31 pages)
- 54 cartes témoignages
- 54 photos
- Une feuille récapitulative
Concept
Cet outil est Ă destination de tout·e professionnel·le qui souhaite aborder les problĂ©matiques liĂ©es aux stĂ©rĂ©otypes ou aux discriminations en utilisant lâexpression collective, la confrontation des points de vue et tendre ainsi vers plus de respect. Les photos sont accompagnĂ©es dâun guide pĂ©dagogique qui propose des pistes de rĂ©flexions et de discussions.
Faux-to langage tente dâĂ©viter la dichotomie « nous » versus « les autres » et permet ainsi de dĂ©fendre le principe dâĂ©galitĂ©. Lutter contre les discriminations est un devoir de citoyen·ne qui vise Ă garantir le renforcement du lien social et qui tente de promouvoir la tolĂ©rance.
A noter quâĂ partir de ces photos, une exposition a Ă©tĂ© crĂ©e : ‘LumiĂšre sur zones d’ombre’. Elle est mise Ă la disposition de toutes personnes qui en feraient la demande.
Objectifs
Aborder les stéréotypes dans une perspective globale en prenant en compte les dimensions de genre, sociales, physiques, ethniques, culturelles et religieuses.
CrĂ©er un environnement de respect, dâĂ©quitĂ© et lĂ©gitimant les diffĂ©rences, notamment en prenant conscience de ses propres prĂ©jugĂ©s.
Bon Ă savoir
Faux-to langage sâinscrit dans le cadre du projet dâInitiative Locale dâIntĂ©gration, portĂ© par le centre de planning familial Infor-Femmes. Il a Ă©tait rĂ©alisĂ© en partenariat avec quatre associations liĂ©geoises (CrĂ©asol, la LEEP, LâĂ©clat de rire et SirĂ©as).
Il est disponible au prix de 20âŹ. Il peut ĂȘtre accompagnĂ©e dâune formation.
Lâavis de Pipsa (www.pipsa.be)
Appréciation globale
Cet outil simple et efficace permet de prendre conscience de ses stĂ©rĂ©otypes/prĂ©jugĂ©s/discriminations, pour un public dâadultes et grands adolescents.
Lâutilisation de lâoutil ne demande pas dâexpertise-contenu (un bagage dâanimateur.trice est toutefois souhaitable) mais une clarification de ses propres valeurs et stĂ©rĂ©otypes/prĂ©jugĂ©s/discriminations.
A partir de belles photos rĂ©alistes et de rĂ©cits authentiques, le public est amenĂ© Ă questionner ses propres reprĂ©sentations des discriminations. Les tĂ©moignages vĂ©cus interpellent, favorisant lâimplication de chacun. Les mises en situation dĂ©construisent, sans jugement, les petits automatismes/prĂ©jugĂ©s du quotidien.
Le guide de lâanimateur clarifie les quelques Ă©lĂ©ments thĂ©oriques utiles aux activitĂ©s. DiversifiĂ©es, modulables, celles-ci proposent en sus des variantes qui suggĂšrent une mise en mouvement, des pistes dâaction pour le groupe.
En milieu scolaire, les cours confessionnels ou de citoyennetĂ© pourront sâen saisir avec bonheur. Mais de maniĂšre plus large, les lieux dâĂ©ducation, de formation, les entreprises, les administrations publiques, ⊠tous les lieux oĂč le vivre ensemble est un enjeu pour la qualitĂ© des relations y trouveront un cadre pour soutenir la parole de leurs usagers.
Lâutilisation de lâoutil demande un cadre de confiance et de respect Ă poser avant lâanimation.
Objectifs
- Identifier ses reprĂ©sentations des prĂ©jugĂ©s, stĂ©rĂ©otypes, discriminations dans tous les domaines oĂč elles peuvent sâexercer (genre, social, physique, ethnique, culturel, religieux)
- Comprendre le processus de formation des discriminations (amenĂ©s par lâanimateur qui dispose des notions thĂ©oriques pour ce faire)
- Analyser ses préjugés, stéréotypes, discriminations sur base des informations apportées
- DĂ©velopper lâempathie pour lâautre
RĂ©serves
PrĂ©-requis : sâinterroger, seul ou en Ă©quipe, sur ses stĂ©rĂ©otypes et prĂ©jugĂ©s avant utilisation de lâoutil.
Public cible
A partir de 16 ans â jeunes adultes – adultes
Utilisation conseillée
- Prendre le temps dâidentifier ses propres stĂ©rĂ©otypes
- Préférer une utilisation répétée (animations diversifiées) pour faire évoluer les représentations dans un groupe
- Ne pas oublier les Ă©lĂ©ments thĂ©oriques qui permettent de faire du lien avec les situations concrĂštes qui Ă©mergent de lâanimation
Points forts
SynthÚse théorique claire, appréhension rapide, diversité des photos et authenticité des témoignages.
Points d’attention
Poser le cadre de bienveillance avant utilisation.
Sujets abordés
Discrimination, vivre ensemble, préjugés, stéréotypes, compétences psychosociales.
OĂč trouver l’outil
Chez l’Ă©diteur
Infor-Femmes LiĂšge
10 rue Trappé
4000 – LiĂšge
Belgique
+32 (0)4 222 39 65
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Dans la collection Les dĂ©clics du genre, retrouvez un nouvel outil «âŻgenre et promotion de la santĂ©âŻÂ» rĂ©alisĂ© par Le Monde selon les femmes, en partenariat avec Femmes et SantĂ©. Cet outil Ă destination des personnes-relais a pour vocation de nous aider Ă intĂ©grer lâapproche de genre dans les actions et animations en promotion de la santĂ©.
LâidĂ©e dâĂ©diter cet outil a germĂ© au fil des activitĂ©s menĂ©es par la plateforme pour la promotion de la santĂ© des femmes1, avec des publics trĂšs divers. Soutenir les personnes-relais pour inclure une lecture «âŻgenreâŻÂ» dans les pratiques sâinscrit dans la collection Les dĂ©clics du genre2, qui offre des pistes mĂ©thodologiques.
Au moyen de cet outil, nous proposons de changer de lunettes pour passer dâune approche centrĂ©e sur la santĂ© des femmes Ă une perspective « genre et santĂ© ».
Des constructions sociales intrinsÚquement idéologiques
Aucun regard, aucun savoir nâest neutre. Alors quâon a souvent tendance Ă prĂ©senter la santĂ© pour tous comme neutre et Ă©quitable, notre dĂ©marche vise Ă dĂ©passer la vision sexuĂ©e des approches, comme faire un relevĂ© sexospĂ©cifique par exemple, et interroger les mĂ©canismes de discrimination qui sont Ă lâĆuvre. Ces mĂ©canismes engendrent des inĂ©galitĂ©s de droit Ă la santĂ© de la personne.
Chausser des lunettes «âŻgenre et santĂ©âŻÂ», câest donc partir du principe que la santĂ© reflĂšte les inĂ©galitĂ©s sociales. Celles-ci dĂ©coulent de constructions sociales qui nous enferment dans les stĂ©rĂ©otypes du sexe biologique.
Ces constructions sociales sont idĂ©ologiquesâŻen ce sens quâelles prĂ©servent un systĂšme Ă©conomique fondĂ© sur des rapports de domination. Prenons un exemple universel trĂšs Ă©loquentâŻ: les discours autour de lâamour maternel utilisĂ©s pour assigner les femmes au travail domestique, non payĂ© et invisible. Ou encore tout le montage mensonger autour de la fragilitĂ© du corps fĂ©minin selon lequel le corps des femmes a besoin dâĂȘtre assistĂ©, et surtout contrĂŽlĂ©, tout au long de la vie, au cours des cycles reproductifs ou non-reproductifs.
Les femmes et leurs corps ne sont pas fragiles en soi, mais se voient fragilisés par des valeurs sociétales péjoratives qui les enferment dans des rÎles considérés comme spécifiquement féminins.
Ce processus de fragilisation des femmes et de leurs corps a, en plus, tendance Ă sâaccroĂźtre quand on le combine Ă des facteurs de prĂ©caritĂ©âŻ: ĂȘtre une jeune mĂšre ou cheffe de famille monoparentale, ĂȘtre ĂągĂ©e, migrante, handicapĂ©e ou encore affaiblie par une maladie. Ce constat est dâautant plus vrai dans le contexte socio-Ă©conomique actuel oĂč les mesures dâaustĂ©ritĂ© adoptĂ©es Ă diffĂ©rents niveaux de pouvoir ont un impact direct sur les conditions de vie â dĂ©favorables Ă la santĂ© â qui touchent plus sĂ©vĂšrement les femmes.
Le modÚle hégémonique de la médecine
Si on observe plus spĂ©cifiquement les discriminations Ă lâĆuvre dans le modĂšle hĂ©gĂ©monique du mĂ©decin, on constate que la tendance dominante dans le secteur professionnel de la santĂ© a dictĂ© la norme de ce qui est «âŻnormalâŻÂ» ou ce qui est «âŻpathologiqueâŻÂ». Cette norme est fondĂ©e sur la «âŻvĂ©ritĂ© biologiqueâŻÂ» (basĂ©e sur les variables biologiques). Depuis longtemps dĂ©jĂ , cette tendance a Ă©tĂ© analysĂ©e en termes de pouvoir. Dans les actions de santĂ© de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les savoirs des patient.e.s ne sont pas considĂ©rĂ©s, la conception et les pratiques mĂ©dicales sont guidĂ©es par une rationalitĂ© scientifique qui exclue les autres modĂšles de santĂ©. Les pratiques autoritaires et non inclusives des mĂ©decins envers les patient.e.s engendrent une asymĂ©trie dans la relation mĂ©decin-patient.e.s, un lien de subordination.
Ces mĂ©canismes rĂ©sultent dâune volontĂ© de contrĂŽle social et idĂ©ologique.
Avoir une vision dâensemble au moyen de lâanalyse intersectionnelle
RepĂ©rer les inĂ©galitĂ©s et les mĂ©canismes de discriminations ouvre la voie Ă une analyse intersectionnelle. Ce type dâanalyse vise Ă apprĂ©hender de façon globale et croisĂ©e les inĂ©galitĂ©s de sexe/genre, classe, race/ethnicitĂ©, Ăąge, handicap et orientation sexuelle.
LâĂ©tape suivante a Ă©tĂ© de repĂ©rer les inĂ©galitĂ©s et les mĂ©canismes de discriminations pour ouvrir la voie Ă une analyse intersectionnelle, qui vise Ă apprĂ©hender de façon globale et croisĂ©e les inĂ©galitĂ©s de sexe/genre, classe, race/ethnicitĂ©, Ăąge, handicap et orientation sexuelle. La mĂ©thodologie utilisĂ©e pour construire les contenus de cette publication est participative. Nous faisons confiance Ă nos savoirs thĂ©oriques et pratiques ainsi quâĂ nos intuitions et surtout nous nous attachons Ă reconnaĂźtre et Ă respecter les compĂ©tences de chacun.e.
Dans lâanalyse, il y a un aller-retour entre le regard collectif et individuel. Celui-ci nous a montrĂ© lâimportance de rester dans les pratiques de groupes de santĂ© autogĂ©rĂ©s par les participantes. En effet, ceux-ci, qui sâinscrivent dans une dĂ©marche collective et inclusive de la santĂ© (voir le DĂ©clic du genre RĂ©fĂ©rentiel Auto-santĂ© des femmes). Celle-ci porte sur la valorisation des compĂ©tences et des expertises propres des femmes, qui est le garant de lâhorizontalitĂ© du partage collectif.
Le dĂ©clic, rĂ©sultats de lâanalyse et pistes dâaction
A travers ce DĂ©clic, nous souhaitons proposer des pistes et aider Ă aborder la promotion de la santĂ© Ă partir dâune analyse de dĂ©terminants sociaux qui intĂšgre lâapproche de genre.
La mĂ©thodologie propose de comprendre les enjeux liĂ©s Ă lâapproche de genre Ă partir de la vie quotidienne. La place du questionnement fait partie de la dynamique : tensions entre vie professionnelle et familiale, maternitĂ©, allaitement, contraception pour les femmes et les hommes⊠dans une sociĂ©tĂ© tournĂ©e vers la performance, la productivitĂ© et lâindividualisation. Elle vise aussi Ă comprendre quelles sont les rĂ©percussions des reprĂ©sentations et mythes normatifs auxquels les femmes et les hommes sont confrontĂ©.e.s dans leur vie quotidienne concernant leur corps, leur santĂ©, leur sexualité⊠Elle cherche Ă Ă©clairer la raison pour laquelle le systĂšme socio- Ă©conomique a besoin de ces stĂ©rĂ©otypes pour fonctionner.
Celui-ci propose une lecture genre dans les diffĂ©rents domaines de la santĂ©, pas seulement dans celui de la santĂ© reproductive et sexuelle mais aussi en promotion de la santĂ©. Cette dĂ©marche demande de connaĂźtre les stratĂ©gies dĂ©veloppĂ©es par les mouvements de femmes, dâidentifier la place du droit Ă la santĂ©, au niveau international, dans le lobbying politique, de prendre conscience de lâimpact des croyances et de dĂ©couvrir les propositions utilisĂ©es dans les ateliers dâauto-santĂ©.
IntĂ©grer la dimension de genre dans une dĂ©marche de promotion de la santĂ© consiste aussi Ă reconnaitre la personne dans sa dimension plurielle, Ă valoriser son bien-ĂȘtre individuel et collectif, Ă reconnaĂźtre les conditions de vie nĂ©cessaires Ă lâexercice de ses droits. En promotion de la santĂ©, la question des droits est importante ; sâapproprier lâinformation permet de faire valoir ses droits pour ĂȘtre libre de faire ses propres choix. Le mouvement social, inhĂ©rent au projet de promotion de la santĂ©, permet de combattre collectivement les discriminations, Ă commencer par celles basĂ©es sur le genre.
Pour se procurer lâoutil (tĂ©lĂ©chargeable ou Ă commander): http://www.mondefemmes.be-genre-developpement-outils.htmPour aller plus loinâŻ:
- Le Monde selon les femmesâŻ: www.mondefemmes.org
- Femmes et SantĂ©âŻ: www.femmesetsante.be
La santĂ© publique, comme tant d’autres secteurs, est percutĂ©e de plein fouet par le phĂ©nomĂšne Big data en tous genres qu’il charrie. La mĂ©decine, l’Ă©pidĂ©miologie ou encore la prĂ©vention intĂšgrent bon an mal an ce nouvel outil, la santĂ© publique pourrait bien ĂȘtre en train de changer de visage. Mais alors, est-il possible que nous ne la reconnaissions plus ?
La santĂ© publique, comme tant d’autres secteurs, est percutĂ©e de plein fouet par le phĂ©nomĂšne Big data en tous genres qu’il charrie. La mĂ©decine, l’Ă©pidĂ©miologie ou encore la prĂ©vention intĂšgrent bon an mal an ce nouvel outil, la santĂ© publique pourrait bien ĂȘtre en train de changer de visage. Mais alors, est-il possible que nous ne la reconnaissions plus ? Cette question Ă©tait au cĆur d’une journĂ©e d’Ă©changes organisĂ©e par le groupe de recherche DataSantĂ© le 26 avril dernier Ă Nantes (France), au cours de laquelle sont intervenus une dizaine de chercheurs quĂ©bĂ©cois et français.
Le Big data dĂ©signe les quantitĂ©s faramineuses de donnĂ©es gĂ©nĂ©rĂ©es par nos activitĂ©s numĂ©riques. Tellement nombreuses qu’on n’essaie mĂȘme plus de les compter. A ce stade, il importe plus de savoir quoi en faire. Combien parmi elles sont susceptibles d’ĂȘtre exploitĂ©es Ă des fins sanitaires ? Beaucoup assurĂ©ment, toutes peut-ĂȘtre. Certaines semblent pouvoir servir Ă mieux dĂ©pister une maladie gĂ©nĂ©tique ou Ă prĂ©voir l’Ă©volution d’une Ă©pidĂ©mie, d’autres Ă suivre les effets d’une campagne de prĂ©vention ou Ă influencer les comportements plus ou moins favorables Ă la santĂ©.
Cela n’a pas Ă©chappĂ© aux organisateurs de la journĂ©e de rĂ©flexion intitulĂ©e « DonnĂ©es massives et santĂ© publique », membres du programme scientifique DataSantĂ© (voir encadrĂ©), qui Ă©crivent : « Les discours favorables des acteurs publics projettent l’Ă©laboration de nouveaux plans de prĂ©vention en santĂ©, des traitements mieux ciblĂ©s pour les patients et l’ouverture de voies de recherche insoupçonnĂ©es en santĂ© publique ». Certes, mais cela ne risque-t-il pas d’Ă©branler les murs de la santĂ© publique ? Si tel est le cas, quel sera son nouveau socle ? Ses mĂ©thodes et ses pratiques devront-elles ĂȘtre reconfigurĂ©es ?
Contre les épidémies
Une cinquantaine de personnes sont rĂ©unies dans l’amphithĂ©Ăątre violet et rouge. Lara Khoury, de l’UniversitĂ© McGill, vient de prĂ©senter le systĂšme quĂ©bĂ©cois de collecte de donnĂ©es des infections liĂ©es aux soins de santĂ© et de divulgation des informations Ă la population. C’est au tour du Dr Paul VĂ©ron de prendre le micro pour montrer comment le Big data participe Ă la lutte contre les Ă©pidĂ©mies. « Jusqu’ici, dit-il, les dispositifs mis en place – obligations vaccinales, mises en quarantaine, messages de prĂ©vention, systĂšme de dĂ©claration obligatoire de certaines maladies – Ă©manaient de la puissance publique. »
Mais alors que des donnĂ©es issues des requĂȘtes des internautes concernant la grippe, des discussions sur les rĂ©seaux sociaux ou du trafic aĂ©rien sont gĂ©nĂ©rĂ©es en grand nombre, ceux qui les possĂšdent commencent Ă investir ce champ en Ă©laborant des outils d’analyse pour identifier la naissance d’un foyer Ă©pidĂ©mique ou dĂ©tecter de nouvelles souches virales en circulation. Le service Google Flu, imaginĂ© par le gĂ©ant de la Silicon Valley en 2008, ne cache pas son ambition de participer au contrĂŽle des Ă©pidĂ©mies, et plus si affinitĂ© (avec les fabricants de vaccins notamment). C’Ă©tait sans compter les critiques sur son algorithme jugĂ© peu fiable, qui a finalement sonnĂ© le glas du service en 2015. Mais la boĂźte de Pandore est ouverte et il va de soi que d’autres outils du mĂȘme genre sont soit dĂ©jĂ opĂ©rationnels, soit sur les rails.
La médecine prédictive, recto-verso
Avec la mise au point du sĂ©quençage haut-dĂ©bit, la prĂ©vention des maladies gĂ©nĂ©tiques, en particulier celles dites rares en raison de leur faible prĂ©valence (moins d’une personne sur 2000), connaĂźt depuis quelques annĂ©es des avancĂ©es considĂ©rables. La composition de tout ou partie du gĂ©nome devenant accessible, il est dĂ©sormais possible de rechercher toute une sĂ©rie de variants gĂ©nĂ©tiques et, ce faisant, de mettre Ă jour pour chaque individu des prĂ©dispositions vis-Ă -vis de cancers, de maladies cardiovasculaires, etc. Est-ce pourtant souhaitable en toutes circonstances ? Rien n’est moins sĂ»r. Le Dr Sandra Mercier, gĂ©nĂ©ticienne mĂ©dicale, rappelle qu’une variation gĂ©nĂ©tique peut ĂȘtre bĂ©nigne, voire protectrice.
Qui plus est, l’interprĂ©tation clinique des donnĂ©es gĂ©nomiques Ă©volue rapidement et il est certain que les rĂ©sultats des tests de certains patients changeront avec le temps. Mieux vaut donc apprĂ©hender ces tests (prĂ©-conceptionnels ou rĂ©crĂ©atifs) pour ce qu’ils sont, c’est-Ă -dire des outils de mĂ©decine prĂ©dictive Ă manier avec prudence et Ă©thique, loin de tout « dĂ©terminisme gĂ©nĂ©tique », tout en prĂ©servant l’autonomie des individus et en respectant le droit de ne pas savoir.
Questions de droit
Sans nier les avancĂ©es considĂ©rables permises par ces technologies en matiĂšre de dĂ©pistage et de connaissance des risques, Emmanuelle Rial-Sebbag, directrice de recherche Ă l’Inserm*, a tenu Ă souligner la difficile intĂ©gration, en France, de la gĂ©nomique dans le champ de la santĂ© publique. De fait, si l’utilisation de ces donnĂ©es Ă des fins de dĂ©pistage ciblĂ© est autorisĂ©e dans ce pays, elle ne l’est pas (encore) pour le dĂ©pistage de masse, preuve que les rĂ©sistances Ă l’Ă©gard des donnĂ©es massives sont fortes, et les reprĂ©sentations quant Ă leur potentiel de nuisance Ă l’Ă©gard des politiques de santĂ© publique bien vivaces. Pour Ma’n H. Zawati, qui dirige le Centre de gĂ©nomique et de politiques de l’UniversitĂ© MacGill, la convergence de bases de donnĂ©es gĂ©nomiques, de rĂ©seaux et d’intelligence artificielle devrait bientĂŽt permettre aux mĂ©decins de recontacter leurs patients en cas de changement de signification d’un test gĂ©nĂ©tique. « Un devoir de recontacter le patient pourrait exister dans le futur », prĂ©voit-il. Avec quelles consĂ©quences sur la relation mĂ©decin-patient et la vie de la personne concernĂ©e ⊠? VoilĂ la question sur laquelle est restĂ©e l’assemblĂ©e Ă la fin de la matinĂ©e.
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La seconde partie de la journĂ©e Ă©tait consacrĂ©e Ă discuter les nouvelles frontiĂšres de la santĂ© publique et plus particuliĂšrement le renouvellement des champs de la nutrition et de l’Ă©ducation alimentaire. David Buckeridge, Ă©pidĂ©miologiste Ă l’UniversitĂ© MacGill, a rapportĂ© les rĂ©sultats d’un travail visant Ă affiner la connaissance des habitudes de consommation alimentaire de la population Ă l’Ă©chelle d’un bassin de vie Ă partir des donnĂ©es issues du scan des aliments achetĂ©s en magasin et des cartes de fidĂ©litĂ© des clients. « La plupart des causes de dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ©s sont liĂ©es Ă la nutrition, or nous manquons cruellement de donnĂ©es sur ce sujet », a-t-il justifiĂ©. Par exemple, les donnĂ©es extraites permettent d’Ă©tudier quels produits remplacent les sodas aprĂšs une campagne de prĂ©vention incitant Ă en consommer moins. Et de conclure que le facteur limitant pour ce genre d’Ă©tude n’est pas de collecter les donnĂ©es, gĂ©nĂ©ralement existantes et accessibles (moyennant finances Ă©ventuelles), mais bien de possĂ©der les mĂ©thodes d’analyse qui souvent manquent encore.
Nouvelle norme ?
L’exposĂ© suivant par Marine Friant-Perrot, juriste Ă l’UniversitĂ© de Nantes, remettait en cause l’idĂ©e selon laquelle les grandes quantitĂ©s de donnĂ©es disponibles concernant la composition des aliments mais aussi les comportements alimentaires des individus, reprĂ©sentent systĂ©matiquement un gain pour la santĂ© et une aide Ă la dĂ©cision. Et de relever, d’une part « une surresponsabilitĂ© des personnes dans la gestion de leur alimentation et de leur mode de vie, alors que 90% de ce que nous mangeons est dĂ©terminĂ© par l’environnement alimentaire », d’autre part « une captation par le secteur marchand du discours nutritionnel et de prĂ©vention de l’obĂ©sitĂ© et du surpoids », avec Ă la clĂ© la crĂ©ation d’une nouvelle norme alimentaire nĂ©e dans le giron du Big data.
Un constat partagĂ© par Margo Bernelin, juriste elle aussi, dont les travaux sur les textes de loi en lien avec la santĂ© publique indiquent que la collecte de donnĂ©es est devenue une finalitĂ© en soi, et non plus un outil au service de la santĂ© publique, et que de grandes entreprises investies dans l’hĂ©bergement de donnĂ©es sont entrĂ©es dans un rĂŽle d’acteurs normatifs. Pour sĂ»r, la santĂ© publique n’a pas fini de trembler.
DataSanté, kesako ?
InitiĂ© en 2017 pour une durĂ©e de cinq ans, DataSantĂ© est un programme de recherche visant Ă Ă©tudier les questions – Ă©thiques, juridiques, mĂ©dicales, mathĂ©matiques – soulevĂ©es par l’utilisation des donnĂ©es massives dans le champ de la santĂ© et l’Ă©mergence de la mĂ©decine personnalisĂ©e. Soutenu par l’UniversitĂ© de Nantes et la RĂ©gion des Pays de la Loire, il s’appuie sur un rĂ©seau interdisciplinaire d’une cinquantaine d’experts en recherche biomĂ©dicale (juristes, philosophes, mĂ©decins, bio-informaticiens, etc.)
De la construction des donnĂ©es aux transformations de la mĂ©decine en passant par la mise au point des algorithmes, leurs travaux couvrent tout le spectre de la transformation Ă l’oeuvre. Colloques et ateliers sont rĂ©guliĂšrement organisĂ©s pour partager et faire avancer les rĂ©flexions.
Leurs contenus, ainsi qu’une sĂ©rie de vidĂ©os Ă caractĂšre pĂ©dagogique, sont consultables en ligne : https://www.data-sante.fr/portail-video/
Provac
DĂ©but 2016, une modification lĂ©gislative portant sur lâart infirmier a retenu lâattention de lâĂ©quipe interuniversitaire Provac, qui a souhaitĂ© en Ă©valuer les freins et les opportunitĂ©s en termes dâimpact sur la mission vaccinale pour la population scolaire desservie par les Ă©quipes PSE.
Plus de 250 professionnels PSE, essentiellement mĂ©decins et infirmier-Ăšres, participants aux rencontres PSE/PROVAC de juin 2016 et 2017 se sont exprimĂ©s sur les impacts potentiels de cette modification dans leurs pratiques vaccinales. Leur rĂ©flexion a aussi portĂ© sur les conditions Ă rĂ©unir pour que la vaccination par les infirmiĂšres soit porteuse de sens et dâamĂ©lioration de lâoffre vaccinale aux populations scolaires sous tutelle.
Lâarticle synthĂ©tise diffĂ©rentes recherches menĂ©es par lâĂ©quipe interuniversitaire Provac, dans le cadre de financements de la DG SantĂ© de la FWB puis de lâONE[4].
Que disent les textes de lâarrĂȘtĂ© royal et des diffĂ©rents organes dâavis ?
LâarrĂȘtĂ© royal du 29 fĂ©vrier 2016[5] a modifiĂ© le statut de « la prĂ©paration et lâadministration de vaccins », reprises dans la « liste des prestations techniques de lâart infirmier et des actes pouvant ĂȘtre confiĂ©s par un mĂ©decin Ă des praticiens de lâart infirmier ». Cet acte peut, Ă prĂ©sent, ĂȘtre exĂ©cutĂ© par lâinfirmier-Ăšre sans que la prĂ©sence physique du mĂ©decin ne soit requise. Il nâest dĂšs lors plus considĂ©rĂ© comme un acte « confiĂ© » mais bien comme une « prestation technique de soins infirmiers » requĂ©rant une prescription mĂ©dicale, prestation dite de type B2. Les AcadĂ©mies royales de MĂ©decine de Belgique (flamande et francophone) avaient remis un avis conjoint positif en juin 2015.
« En fonction des besoins de prĂ©vention et de la maximalisation de la protection de populations Ă risque, la possibilitĂ© de vacciner et l’impact des programmes de vaccination doivent ĂȘtre aussi larges que possible. Pour obtenir un taux important de vaccination de la population, il y a lieu de limiter au mieux les obstacles Ă cette pratique. Les AcadĂ©mies sont d’avis que la possibilitĂ© de vaccination par le personnel infirmier, sans prĂ©sence physique dâun mĂ©decin, permettra de vacciner en temps utile et promptement. Ceci s’applique Ă©galement pour les tests Ă la tuberculine intradermique. Ces procĂ©dĂ©s sont en concordance avec la rĂ©glementation et la pratique dans d’autres pays, comme le Royaume-Uni, l’Australie, les Ătats-Unis d’AmĂ©rique, et le Canada. Comme condition, celle ou celui qui administre le vaccin doit avoir participĂ© Ă une formation continue complĂ©mentaire sur les vaccins et leur administration, comportant en outre le contrĂŽle des effets indĂ©sirables et les premiers soins en cas dâanaphylaxie. ».
Lâavis Ă©mettait aussi des recommandations concernant les modalitĂ©s dâexĂ©cution relatives Ă ces prestations ainsi que les qualifications requises.[6]En septembre 2015, tant le Conseil national de lâOrdre des mĂ©decins que la Commission Technique de lâArt Infirmier[7] (CTAI) se ralliaient Ă lâavis Ă©mis par les AcadĂ©mies royales de mĂ©decine. La CTAI « recommande quâinfirmier-Ăšre et mĂ©decin dĂ©finissent ensemble une procĂ©dure reprenant les observations et les prĂ©cautions nĂ©cessaires pour un acte de type B2 ».
Quelle vision les acteurs PSE ont-ils de la modification lĂ©gislative autorisant le personnel infirmier Ă vacciner, sans la prĂ©sence physique dâun mĂ©decin ?
En juin 2016, sur base de la mĂ©thode du MĂ©taplanÂź[8], les opinions, craintes, besoins de formation perçus, et questionnements des acteurs PSE ont Ă©tĂ© dĂ©battus durant des ateliers dâĂ©changes autour de la question « Quelle vision les acteurs PSE ont-ils de la modification lĂ©gislative autorisant le personnel infirmier Ă vacciner ? ».
Le matĂ©riel rĂ©coltĂ© a Ă©tĂ© encodĂ© et analysĂ© Ă lâaide du logiciel dâanalyse qualitative NVivo, puis synthĂ©tisĂ©, discutĂ© avec le PĂŽle Vaccination de lâONE en avril 2017, et prĂ©sentĂ© aux professionnels PSE lors des rencontres organisĂ©es en juin 2017.
La prĂ©occupation formulĂ©e par le plus grand nombre de participants interrogeait lâimpact de cette modification lĂ©gislative sur la place et les rĂŽles du mĂ©decin en PSE. Etaient mis en tension ses diffĂ©rents rĂŽles, vis-Ă -vis des Ă©lĂšves lors des bilans de santĂ© et envers les Ă©coles. Si le mĂ©decin devait rĂ©aliser moins dâactes vaccinaux, certains professionnels ont Ă©mis lâopinion quâil serait plus disponible pour dâautres composantes du bilan de santĂ© telles que parler avec lâĂ©lĂšve de sa santĂ©, alors que dâautres, au contraire, craignaient quâil ne diminue le temps de contact avec chaque Ă©lĂšve. Certains disaient quâil aurait moins dâoccasions dâentrer en contact avec les Ă©coles, alors que dâautres, au contraire, le voyaient plus disponible pour y dĂ©velopper de nouveaux projets. Le statut du mĂ©decin a aussi Ă©tĂ© interrogĂ©. Pour ceux sous statut dâindĂ©pendant, lâacte vaccinal est rĂ©munĂ©rĂ© comme tel. Il conviendrait donc de rĂ©flĂ©chir Ă la rĂ©munĂ©ration liĂ©e Ă la responsabilitĂ© du mĂ©decin, tant dans lâorganisation du protocole de collaboration mĂ©decin/infirmier-Ăšre que des modalitĂ©s de la « prescription vaccinale » pour chaque Ă©lĂšve.
Les professionnels ont aussi largement Ă©voquĂ© les questions de formation et de responsabilitĂ©. Ils ont mentionnĂ© les modifications dâorganisation de la pratique vaccinale de lâĂ©quipe en lien avec lâaugmentation de lâoffre vaccinale et le risque dâaugmentation de la charge de travail de lâinfirmier-Ăšre. Ils ont formulĂ© des craintes liĂ©es Ă la compĂ©tence pour cet acte technique. Ils se sont Ă©galement montrĂ©s sensibles aux notions de procĂ©dure, de reconnaissance professionnelle de lâinfirmier-Ăšre, ainsi que de communication vers les parents. Permettre aux infirmiers-Ăšres de vacciner en lâabsence de mĂ©decin constituerait une rĂ©ponse dĂ©guisĂ©e Ă la pĂ©nurie et au manque de disponibilitĂ© des mĂ©decins.
Dâautres prĂ©occupations, plus rares, ont Ă©tĂ© exprimĂ©es en termes de coĂ»ts, dâassurances, de rĂŽles et image de lâinfirmiĂšre, de gestion de la charge de travail de lâĂ©quipe, de pouvoir dĂ©cisionnel et de gestion dâĂ©ventuels refus, de cadre lĂ©gislatif, et de lâexistence de cette pratique hors secteur PSE.Ces diffĂ©rents aspects de la vision dĂ©veloppĂ©e par les professionnels de la PSE ont Ă©tĂ© analysĂ©s en termes dâopportunitĂ©s, de freins ou de neutralitĂ© eu Ă©gard Ă la mise en Ćuvre de la modification lĂ©gislative. Parmi les 937 idĂ©es Ă©mises, 48,1% ont Ă©tĂ© classĂ©es comme freins par les acteurs eux-mĂȘmes, 29,5% comme opportunitĂ©s, et 22,4% comme neutres (ou inclassables).
La vision qui s’est progressivement dessinĂ©e autour de l’impact de la modification lĂ©gislative sur les pratiques vaccinales en PSE se montre assez complexe, contrastĂ©e et nuancĂ©e. Elle dĂ©passe largement la mission vaccinale et touche de nombreuses facettes de lâorganisation de la PSE, dont lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© nâest plus Ă dĂ©montrer. On nâenregistre ni refus massif, ni franche adhĂ©sion. Toutefois, vacciner ne fait que trĂšs peu partie des actes pratiquĂ©s par les infirmiers-Ăšres de PSE, mĂȘme en prĂ©sence de mĂ©decin. Vacciner est vĂ©cu comme un travail de collaboration du binĂŽme mĂ©decin / infirmier-Ăšre, essentiel Ă une mĂ©decine prĂ©ventive de qualitĂ© en PSE. Toucher au rĂŽle dâun des membres met en question celui de lâautre, et par lĂ lâĂ©quilibre du binĂŽme.
Champ dâapplication de la pratique vaccinale infirmier-Ăšre en lâabsence physique de mĂ©decin et points dâattention vis-Ă -vis des diffĂ©rentes parties prenantes : proposition de ProvacAu terme dâune rĂ©flexion de deux ans avec le secteur PSE, Provac propose de considĂ©rer que lâintĂ©rĂȘt de cette nouveautĂ© lĂ©gislative rĂ©side dans la flexibilitĂ© du vaccinateur plus que dans la vaccination âsystĂ©matiqueâ par lâinfirmier-Ăšre, en lieu et place du mĂ©decin, le rĂŽle du mĂ©decin au moment de lâindication et de la âprescriptionâ de la vaccination Ă©tant clairement affirmĂ© et rĂ©munĂ©rĂ©. DĂšs lors, toute premiĂšre dose de vaccin (HPV 1, rattrapage RRO 1, mĂ©ningocoque) resterait administrĂ©e par un mĂ©decin, en bilan de santĂ© ou Ă lâĂ©cole. Compte tenu du calendrier vaccinal 2018-19 en PSE, les infirmiers-Ăšres administreraient donc toute vaccination de rappel (TetravacÂź et BoostrixÂź) ainsi que la 2Ăšme dose des vaccins RRO, hĂ©patite B et HPV.
Sur base des freins et des leviers identifiĂ©s avec les professionnels de la PSE, des recommandations Ă©mises dans les diffĂ©rents organes dâavis et de son expertise de la gestion du programme de vaccination, lâĂ©quipe Provac a formulĂ© une sĂ©rie de points de vigilance Ă lâattention des diffĂ©rentes parties prenantes dâune mise en Ćuvre optimale de cette nouveautĂ© lĂ©gislative dans les pratiques en PSE, dont le but ultime est dâoptimaliser la protection vaccinale des enfants et des jeunes, et de limiter au mieux les obstacles Ă cette pratique.
Provac a identifiĂ© 4 types de parties prenantes : le pouvoir subsidiant ONE, le pĂŽle Vaccination de lâONE responsable du programme de vaccination de la FWB, les Pouvoirs Organisateurs des services PSE et des centres PMS-CF, les Ă©quipes de professionnels eux-mĂȘmes.
Vis-Ă -vis du pouvoir subsidiant ONE, le principal point dâattention porte sur la nĂ©cessitĂ© dâĂ©mettre une circulaire prĂ©cisant que lâArrĂȘtĂ© royal du 29 fĂ©vrier 2016 est applicable dans la pratique vaccinale en PSE Ă partir dâune date Ă fixer. Cette circulaire reprendrait le texte de lâAR, les titres requis pour lâexercice de cet acte technique, le canevas du protocole de collaboration entre mĂ©decins et infirmiers-Ăšres, les modalitĂ©s de formation et de sa prise en charge financiĂšre ou non par le pouvoir subsidiant, ainsi que lâAvis des AcadĂ©mies Royales de MĂ©decine de Belgique et celui de la CTAI.
Vis-Ă -vis du PĂŽle Vaccination de lâONE, les points dâattention portent sur trois dimensions de la gestion dâun programme de vaccination :
- lâinformation de lâensemble des reprĂ©sentants des vaccinateurs et acteurs de la vaccination rĂ©unis au sein du ComitĂ© de Concertation Intersectorielle Vaccination (mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes, pĂ©diatres, AVIQ, COCOF, Sciensano, Question SantĂ©, Groupe Interuniversitaire dâExperts en Vaccinologie (GIEV), MutualitĂ©sâŠ) ;
- la rĂ©daction dâun rĂ©fĂ©rentiel « Vaccination » auquel chaque service/centre puisse se rĂ©fĂ©rer pour rĂ©diger son protocole de collaboration (conditions dâinjection dâun vaccin, rĂ©elles contre-indications gĂ©nĂ©rales et spĂ©cifiques Ă la vaccination, check-list des contre-indications momentanĂ©es, contenu de la trousse de secours, adaptation pour les PSE de la fiche du CSS[9] permettant la prise en charge dâun choc anaphylactique et dosage dâadrĂ©naline en fonction du poids de lâenfant, prise en charge de la douleurâŠ) ;
lâinformation des parents, via les dĂ©pliants et les autorisations parentales, mentionnant que la vaccination en PSE est rĂ©alisĂ©e par l’Ă©quipe PSE et non plus par le seul mĂ©decin scolaire.
Vis-Ă -vis des pouvoirs organisateurs des services/centres, les points dâattention portent sur des aspects juridico-administratifs : contrat dâassurance obligatoire en ResponsabilitĂ© Civile couvrant toute personne portant le titre dâinfirmier-Ăšre (en ce compris la dĂ©fense en justice, non obligatoire), mention de lâadministration de vaccins dans le profil de fonction des infirmiers-Ăšres (annexĂ© au rĂšglement de travail) et modalitĂ©s de gestion dâun possible refus dâinfirmier-Ăšre (nouveau-elle ou dĂ©jĂ engagĂ©-e), formation, de base et continue, des infirmiers-Ăšres Ă lâadministration de vaccins et Ă la gestion du suivi des effets indĂ©sirables sĂ©vĂšres, en ce compris les premiers soins en cas de choc anaphylactique.
Vis-Ă -vis des Ă©quipes de professionnels, les points dâattention comportent plusieurs aspects :
- la formation : ĂȘtre capable de vacciner, de gĂ©rer dâĂ©ventuels effets indĂ©sirables sĂ©vĂšres (rĂ©action vagale), dâadministrer les premiers soins en cas de choc anaphylactique, et avoir travaillĂ© et surmontĂ© ses diffĂ©rentes apprĂ©hensions (personnelles, techniques, relationnelles et communicationnelles). Chacun peut, de façon progressive, se familiariser Ă vacciner (mĂ©decin prĂ©sent dans le local, puis seulement prĂ©sent dans le service/centre, puis Ă deux avec un-e autre infirmier-Ăšre) ;
- la rĂ©daction de la procĂ©dure de collaboration entre mĂ©decin et infirmier-Ăšre, sous la responsabilitĂ© du mĂ©decin coordonnateur : chaque Ă©quipe a Ă rĂ©diger son protocole sur base du rĂ©fĂ©rentiel proposĂ© par lâONE. LâĂ©quipe doit sâorganiser pour rĂ©partir la charge de travail de la mission vaccinale entre les diffĂ©rentes professions, dans le respect et en cohĂ©rence avec les responsabilitĂ©s et temps de travail de chacune. En cas de vaccination Ă lâĂ©cole pour plusieurs Ă©lĂšves, il faut prĂ©voir que lâinfirmier-Ăšre soit accompagnĂ©-e dâun autre membre de lâĂ©quipe, mĂ©decin exceptĂ© ;
- lâinformation des parents : lâĂ©quipe a Ă communiquer de maniĂšre transparente mais rassurante sur son professionnalisme afin dâĂ©viter que des parents renoncent Ă faire vacciner leur enfant par la PSE.
En conclusion, la mise en application de la vaccination par les infirmiers-Ăšres en lâabsence de mĂ©decin est conditionnĂ©e par un important travail de prĂ©paration qui tient compte du rĂŽle de chacune des parties prenantes concernĂ©es. DĂ©velopper un projet pilote avec quelques services/centres volontaires permettrait lâapprofondissement des aspects plus opĂ©rationnels de la mise en Ćuvre de cette modification lĂ©gislative.
[4] Pour aller plus loin, le rapport complet de ces recherches est accessible sur le lien : http://hdl.handle.net/2268/235240
[5] ArrĂȘtĂ© royal du 29 fĂ©vrier 2016 paru au Moniteur le 30 mars 2016 portant modiïŹcation de lâarrĂȘtĂ© royal du 18 juin 1990 portant ïŹxation de la liste des prestations techniques de lâart infirmier et de la liste des actes pouvant ĂȘtre conïŹĂ©s par un mĂ©decin Ă des praticiens de lâart inïŹrmier, ainsi que des modalitĂ©s dâexĂ©cution relative Ă ces prestations et Ă ces actes et des conditions de qualiïŹcation auxquelles les praticiens de lâart inïŹrmier doivent rĂ©pondre
[6] AcadĂ©mie royale de MĂ©decine de Belgique. Avis sur lâacte de vacciner par le personnel infirmier, Juin 2015
Notre systĂšme de santĂ© est rĂ©guliĂšrement soumis Ă un « check up » de ses performances. Câest le Centre fĂ©dĂ©ral dâExpertise des Soins de SantĂ© (KCE) qui tient le stĂ©thoscope, en collaboration avec Sciensano, lâINAMI et le SPF SantĂ© publique. Pour cette quatriĂšme Ă©dition, 121 indicateurs ont Ă©tĂ© passĂ©s au crible. Le rĂ©sultat : une analyse en 5 dimensions transversales et 5 thĂ©matiques spĂ©cifiques, qui constitue un vĂ©ritable tableau de bord du systĂšme. Le rapport signale les points forts et faibles par des feux verts et rouges. Les feux verts vont, par exemple, au taux de survie Ă 5 ans aprĂšs un cancer colorectal, Ă la mortalitĂ© nĂ©onatale ou au recours aux mĂ©dicaments bon marchĂ©. Les feux rouges nous alertent sur la surconsommation dâantibiotiques, la baisse de la vaccination contre la grippe des personnes ĂągĂ©es ou encore les perspectives de renouvellement en mĂ©decine gĂ©nĂ©rale. Un tableau de bord belge dans un cadre europĂ©en.
Le rapport sur la performance du systĂšme belge de soins de santĂ© (Health system performance assessment – HSPA) sâinscrit dans une dĂ©marche internationale de monitoring des systĂšmes de soins Ă travers lâEurope. Il permet aux autoritĂ©s des diffĂ©rents pays de planifier leur stratĂ©gie de santĂ©, dâĂ©tablir des comparaisons entre pays et de se fixer des objectifs Ă atteindre. Lâobjectif final Ă©tant de pouvoir offrir Ă la population un systĂšme de santĂ© de grande qualitĂ© Ă un coĂ»t abordable.
Le rapport HSPA belge se construit selon cinq dimensions : lâaccessibilitĂ©, la qualitĂ©, lâefficience, la soutenabilitĂ© et lâĂ©quitĂ© des soins. Par ailleurs, cinq thĂ©matiques de soins particuliĂšres sont mises sous la loupe : les soins prĂ©ventifs, les soins de santĂ© mentale, les soins aux personnes ĂągĂ©es, les soins de fin de vie et â nouveau dans cette Ă©dition â les soins Ă la mĂšre et au nouveau-nĂ©.
Un site internet dynamique
Autre nouveautĂ© : un site internet healthybelgium.be rĂ©unit le rapport HSPA, celui sur lâĂ©tat de santĂ© de la population (Health Status Report, rĂ©alisĂ© par Sciensano) et celui sur les variations de pratiques de soins (rĂ©alisĂ© par lâINAMI). Ce site internet permettra Ă tout un chacun de se renseigner directement sur lâĂ©volution de trĂšs nombreux paramĂštres â dont les 121 indicateurs HSPA â et mĂȘme dâen tĂ©lĂ©charger les donnĂ©es Ă partir de graphiques dynamiques. Une mine dâinformations pour les chercheurs en santĂ© publique, les dĂ©cideurs politiques, les journalistes, les Ă©tudiants et tous les curieux intĂ©ressĂ©s par le sujet.
Des soins efficaces mais souvent peu adéquats
Que montrent les 121 indicateurs qui constituent ce rapport ? En ce qui concerne la qualitĂ© des soins, on notera que leur efficacitĂ© est plutĂŽt bonne, que leur sĂ©curitĂ© est moyenne (avec un feu orange pour les infections nosocomiales) et quâen ce qui concerne leur adĂ©quation (leur conformitĂ© aux recommandations de bonne pratique), quelques feux rouges doivent attirer notre attention, notamment en matiĂšre de prescription dâantibiotiques. On notera toutefois que plusieurs indicateurs, dont lâutilisation inadĂ©quate de radiographies de la colonne vertĂ©brale, amorcent une tendance vertueuse.
Accessibilité et équité
Les dĂ©penses de santĂ© totales du pays reprĂ©sentent 10 % de notre produit intĂ©rieur brut. Ce chiffre est stable depuis 2009 ; il est lĂ©gĂšrement supĂ©rieur Ă la moyenne europĂ©enne. Notre systĂšme de santĂ© peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme relativement accessible, grĂące Ă notre assurance maladie obligatoire, doublĂ©e de filets de sĂ©curitĂ© sociaux pour les revenus les plus faibles (interventions majorĂ©es, maximum Ă facturer). La contribution personnelle par habitant diminue lĂ©gĂšrement mais la proportion des personnes qui ont dĂ» reporter des consultations mĂ©dicales pour des raisons financiĂšres reste plus Ă©levĂ©e que la moyenne europĂ©enne, surtout pour les catĂ©gories sociales les plus dĂ©favorisĂ©es.Pour ces mĂȘmes catĂ©gories dĂ©favorisĂ©es, certains autres points restent problĂ©matiques : moindre participation au dĂ©pistage du cancer, frĂ©quence moins Ă©levĂ©e de visites chez le dentiste, consommation plus Ă©levĂ©e de mĂ©dicaments. Le KCE publiera plus tard cette annĂ©e des analyses approfondies sur lâĂ©quitĂ© dans lâaccĂšs aux soins, rĂ©alisĂ©es grĂące au couplage des donnĂ©es de santĂ© Ă dâautres donnĂ©es socio-Ă©conomiques (revenus, travail).
Trop peu de médecins généralistes
Le chapitre du personnel qualifiĂ© disponible reste dĂ©licat. Les indicateurs relatifs Ă la mĂ©decine gĂ©nĂ©rale et aux soins infirmiers mettent en question la capacitĂ© de la Belgique Ă faire face au vieillissement de la population et Ă lâaugmentation des maladies chroniques. Le nombre de mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes en exercice pose problĂšme, mais aussi leur Ăąge moyen. Contrairement aux besoins Ă©valuĂ©s par la commission de planification, les jeunes diplĂŽmĂ©s sâorientent toujours trop vers la mĂ©decine spĂ©cialisĂ©e au dĂ©triment de la mĂ©decine gĂ©nĂ©rale (mais cette situation semble sâamĂ©liorer). Petite consolation : lâutilisation des dossiers mĂ©dicaux informatisĂ©s progresse bien et le recours aux mĂ©dicaments bon marchĂ© continue Ă augmenter.
Dans les hÎpitaux, les postes en personnel infirmier sont difficiles à pourvoir, de quoi alimenter une réflexion sur la politique de rétention de ce personnel qualifié.
Personnes ùgées : préparer le papy boom
Dans les maisons de repos pour personnes ĂągĂ©es, on prescrit encore trop de mĂ©dicaments (surtout les anticholinergiques, antidĂ©presseurs, neuroleptiques). Par contre, le taux de vaccination contre la grippe y est plus Ă©levĂ© quâĂ domicile. Les places disponibles pourraient ĂȘtre mieux utilisĂ©es ; elles sont souvent occupĂ©es par des personnes peu dĂ©pendantes pour qui il serait plus utile de dĂ©velopper des formes alternatives dâhĂ©bergement plus adaptĂ©es. De façon gĂ©nĂ©rale, le nombre de gĂ©riatres reste trop faible dans notre pays.En ce qui concerne les soins en fin de vie, on observe une progression du recours aux soins palliatifs, mais lâhĂŽpital demeure le lieu de dĂ©cĂšs le plus frĂ©quent pour les personnes atteintes de cancer, alors que ce nâest pas le souhait de la majoritĂ© dâentre elles.
Prévention et santé mentale peuvent mieux faire
Les soins de santĂ© mentale restent les parents pauvres du systĂšme, avec des dĂ©lais dâattente parfois considĂ©rables avant un premier contact. Les prescriptions dâantidĂ©presseurs continuent Ă augmenter, comme partout en Europe, mais les chiffres belges restent plus Ă©levĂ©s que la moyenne, surtout en Wallonie.Les soins prĂ©ventifs dĂ©crochent aussi un score plutĂŽt mĂ©diocre. Seule la couverture vaccinale des nourrissons atteint un niveau acceptable. La vaccination des adolescents contre la rougeole est trop faible en Wallonie et Ă Bruxelles et celle contre la grippe est insuffisante chez les personnes ĂągĂ©es dans les trois rĂ©gions. Le dĂ©pistage du cancer du sein â surtout le dĂ©pistage organisĂ© â est trop peu suivi, en particulier Ă Bruxelles et en Wallonie.
MÚre et nouveau-né
En matiĂšre de soins Ă la mĂšre et au nouveau-nĂ©, notre pays atteint aujourdâhui un taux favorable de mortalitĂ© nĂ©onatale. Lâinduction de lâaccouchement et lâĂ©pisiotomie systĂ©matique sont encore trop souvent pratiquĂ©es, mais la situation sâamĂ©liore. Le nombre de visites prĂ©natales est loin dâĂȘtre optimal, souvent trop Ă©levĂ©, mais parfois aussi trop faible pour les femmes des catĂ©gories sociales les moins favorisĂ©es. Enfin, certains tests de dĂ©pistage en cours de grossesse sont surutilisĂ©s (toxoplasmose, cytomĂ©galovirus).
Vue dâhĂ©licoptĂšre
Lâobjectif premier dâune Ă©valuation de la performance du systĂšme de santĂ© nâest pas de distribuer des bons et des mauvais points, mais dâoffrir une vision large et rĂ©guliĂšrement remise Ă jour de lâensemble du systĂšme. Les donnĂ©es analysĂ©es datent parfois de plusieurs annĂ©es, ce qui est un dĂ©lai normal quand on utilise des bases de donnĂ©es administratives. Certes, cela ne permet pas de prendre en compte les modifications rĂ©centes de stratĂ©gie. Il reste nĂ©anmoins intĂ©ressant de voir lâĂ©volution dans le temps des indicateurs, pour vĂ©rifier quâune politique donnĂ©e porte ses fruits sur le long terme, ou pour constater, au contraire, quâune situation sâest dĂ©tĂ©riorĂ©e depuis la derniĂšre mesure.
Pour lâavenir : fixer des objectifs et intĂ©grer les donnĂ©es
Un rapport HSPA nâa pas pour vocation de formuler des recommandations sur la politique de santĂ©, mais le KCE insiste tout de mĂȘme sur la nĂ©cessitĂ©, pour notre pays, de se doter dâobjectifs de santĂ© mesurables en tenant compte des points dâattention que le rapport met en avant. Une autre recommandation est de continuer Ă amĂ©liorer lâintĂ©gration des diffĂ©rentes sources de donnĂ©es relatives Ă la santĂ©. En effet, la qualitĂ© des donnĂ©es et leur disponibilitĂ© en temps utile sont essentielles pour une Ă©valuation telle que celle-ci. Utiliser un identifiant unique pour chaque patient permettrait de suivre chaque personne Ă travers lâentiĂšretĂ© du systĂšme de soins. Cette intĂ©gration des diffĂ©rentes donnĂ©es relatives aux patients ne peut toutefois pas faire lâĂ©conomie dâun dĂ©bat autour des enjeux Ă©thiques, juridiques et techniques dâune telle entreprise, qui doit Ă©videmment ĂȘtre conditionnĂ©e Ă un respect strict des donnĂ©es individuelles et de la vie privĂ©e.
Pour entrer en contact avec les chercheurs du KCE :
Karin Rondia, Communication scientifique KCE
TĂ©l. : +32 (0)2 287 33 48
GSM : +32 (0)475 769 766
Email : press@kce.fgov.be
Le 26 fĂ©vrier dernier, Similes Wallonie et Psytoyens ont tenu, Ă Namur, un colloque sur la participation en santĂ© mentale. Tout au long de la journĂ©e, le point sur les pratiques participatives et leur Ă©volution a pu ĂȘtre fait devant 150 professionnels et acteurs de la rĂ©forme des soins de santĂ© mentale. Il y a lieu de se rĂ©jouir devant les progrĂšs rĂ©alisĂ©s : la participation des usagers et des proches a bien commencĂ©. Des obstacles doivent cependant encore ĂȘtre levĂ©s, les plus tenaces semblant venir des professionnels de la santĂ©. Rien dâĂ©tonnant Ă cela si lâon regarde lâĂ©volution des mentalitĂ©s quâexige une telle participationâŠ
La participation des usagers et des proches en santĂ© mentale est donc bien devenue rĂ©alitĂ©, mĂȘme sâil reste du chemin Ă faire pour quâelle soit parfaitement intĂ©grĂ©e dans les mentalitĂ©s. Un bref parcours de lâhistoire de la folie, guidĂ© par Christiane Bontemps, directrice du Centre de RĂ©fĂ©renceen SantĂ© Mentale (CRĂ©SaM), montre quâil nâa pas Ă©tĂ© Ă©vident du tout dâen arriver lĂ oĂč nous sommes aujourdâhui, Ă savoir considĂ©rer le patient et ses proches comme des partenaires de soins.
Ainsi, durant le Moyen-Ăge et jusquâau 15Ăšme siĂšcle, la folie relevait de la pensĂ©e philosophique et de pratiques magiques, mais pas de la mĂ©decine. En vertu de « lâEdit royal du Grand renfermement », les « fous » furent ensuite mis sur le mĂȘme pied que les criminels et enfermĂ©s dans un mĂȘme lieu. Les malades mentaux Ă©taient davantage maltraitĂ©s que les criminels et rĂ©duits Ă des conditions pires que celles des animaux.
Avec la naissance de la psychiatrie au 19Úme siÚcle, qui considérait la folie comme une maladie mentale nécessitant un traitement propre et particularisé, le malade est devenu un sujet social.
LâarrivĂ©e des mĂ©dicaments au milieu du 20Ăšme siĂšcle a radicalement bouleversĂ© lâunivers des soins au profit des traitements ambulatoires et de la remise en question de lâasile.
Mai 68 fut marquĂ© par les mouvements antipsychiatriques et par une rĂ©sistance Ă lâaspect rĂ©pressif de la psychiatrie. Cela a donnĂ© lieu Ă une diversification des soins : une place fut ainsi faite aux enfants et Ă la prĂ©vention. Les soins ambulatoires ont fait leur apparition avec la crĂ©ation de centres de santĂ© mentale, de maisons dâhabitations protĂ©gĂ©es, de centres de jours, etc. Des associations dâusagers et de familles ont vu le jour.
La place et la participation des usagers ainsi que de leurs proches est progressivement devenue une rĂ©alitĂ© au cours du 21Ăšme siĂšcle. Cette belle Ă©volution a demandĂ© la crĂ©ation dâespaces de dialogue et dâĂ©coute rĂ©ciproque tant au niveau de la relation de soins et des institutions que sur le plan politique.
Citons lâexemple de lâInstitut wallon pour la santĂ© mentale – devenu le Centre de RĂ©fĂ©rence en SantĂ© Mentale (CRĂ©SaM) – qui lors dâune rĂ©union de lâensemble des acteurs de santĂ© mentale de la RĂ©gion, en 2003, a souhaitĂ© faire une place aux usagers et aux familles. Similes, qui reprĂ©sentait les familles, fut invitĂ©. Comme rien n’existait encore dans la RĂ©gion au niveau des usagers, Psytoyens a vu le jour. Câest ainsi que, depuis 15 ans, Psytoyens et Similes sont assis Ă la table des acteurs wallons de santĂ© mentale.
La participation des usagers et des familles a franchi un nouveau cap lors du dernier renouvellement du conseil dâadministration du CrĂ©Sam en juin 2018, avec, pour la premiĂšre fois,Similes Wallonie et Psytoyens, reprĂ©sentĂ©s non pas par leur coordinatrice mais bien par un usager et un proche.
Dâautres associations et services ont Ă©galement ouvert leurs portes aux associations dâusagers et de familles, mĂȘme si les initiatives restaient encore trĂšs locales et relativement isolĂ©es.
La solidaritĂ© entre pairs, le soutien procurĂ© au sein des associations et la formation ont permis aux reprĂ©sentants dâusagers et de proches de se faire petit Ă petit leur place et, avec les autres acteurs, de porter leurs messages Ă lâattention de la population, des institutions et des organes politiques.
Enfin, au niveau fĂ©dĂ©ral, en 2007, le SPF dĂ©clarait officiellement son soutien au « Projet participation des reprĂ©sentations des usagers et de leurs familles » qui a dĂ©butĂ© avec les projets thĂ©rapeutiques. Lâobjectif Ă©tait dâamĂ©liorer la reprĂ©sentation des familles et des usagers Ă lâorganisation des soins de santĂ© mentale et dâaccroĂźtre cette reprĂ©sentation au niveau politique.
La RĂ©forme 107
A partir de 2010, le « projet participation » sâest poursuivi dans le cadre de la rĂ©forme des soins en santĂ© mentale, appelĂ©e RĂ©forme 107. En cours depuis 2011, la rĂ©forme cible actuellement la prise en charge de la personne malade dans son milieu de vie, quel quâil soit, et veille Ă la continuitĂ© des soins par un travail en rĂ©seau des diffĂ©rents acteurs concernĂ©s, y compris le malade et son entourage. La famille est dĂ©sormais envisagĂ©e comme un partenaire de soin indispensable et complĂ©mentaire aux soignants.
Quatre associations de proches et dâusagers sont mandatĂ©es par le SPF SantĂ© publique pour participer Ă la RĂ©forme 107 : Similes Wallonie (en concertation avec Similes Bruxelles), Similes Vlaanderen, Psytoyens et UilenSpiegel. Ces quatre associations sont aidĂ©es par deux partenaires scientifiques : le Centre de recherche et de consultation en soins de santĂ© (LUCAS, KU Leuven) et lâAgence interrĂ©gionale de guidance et de soins (AIGS).
Dans le cadre de ce mandat, les quatre associations de proches et dâusagers donnent chaque annĂ©e leurs recommandations pour amĂ©liorer la prise en charge des usagers et des proches au sein des diffĂ©rents rĂ©seaux crĂ©Ă©s dans la cadre de la RĂ©forme 107.
MĂȘme sâil y a encore du pain sur la planche, on le voit, la participation se traduit plus concrĂštement dans les faits. Il reste aux professionnels Ă partager davantage sur leur savoir et Ă communiquer dans un langage accessible Ă tous.
Similes, du cĂŽtĂ© des prochesClaire Van Craesbeeck, psychologue et responsable de projet chez Similes Wallonie, le confirme : la rĂ©forme des soins en santĂ© mentale est une avancĂ©e de taille pour les usagers, les proches et les associations qui les soutiennent. « La reconnaissance de la famille comme partenaire de soins est au cĆur de ce que nous dĂ©fendons chez Similes et que nous essayons de faire essaimer dans les rĂ©seaux sous diffĂ©rentes formes. Dans le cadre de la rĂ©forme, Similes sâest vu octroyer un mandat pour former des reprĂ©sentants de familles. Ceux-ci sont dĂ©sormais aux cĂŽtĂ©s des professionnels pour discuter de lâorganisation des soins dans les rĂ©seaux. »
Tout nâest pas pour autant facile depuis la rĂ©forme. « Entre lâesprit de la rĂ©forme, la maniĂšre dont elle sâorganise et les avancĂ©es sur le terrain, certaines choses vont moins bien. Comme la rĂ©forme a Ă©tĂ© instituĂ©e en haut et que les progrĂšs doivent prendre forme en redescendant sur le terrain, des changements prennent du temps pour se rĂ©aliser. Ainsi, si certaines familles sont associĂ©es pleinement aux soins envers leur proche, dâautres souffrent encore parfois de ne pas ĂȘtre suffisamment reconnues comme partenaires de soins, voire dâĂȘtre exclues du soin ou Ă©cartĂ©es de leur proche malade. Des familles se disent associĂ©es mais de maniĂšre maladroite. »
Or, les familles peuvent apporter beaucoup, notamment en termes dâefficacitĂ©. Pour cela, elles ont besoin dâĂȘtre suffisamment informĂ©es sur la pathologie, le traitement, lâĂ©volution et les rechutes possibles, les comportements Ă adopter ou Ă Ă©viter. Elles apportent Ă©galement des informationsutiles , notamment sur la situation vĂ©cue en famille et sur les effets des mĂ©dicaments. « Si on ne les associe pas, elles ne pourront pas ĂȘtre efficientes sur le terrain », dĂ©plore Claire Van Craesbeeck.
Il semble que les associations dâusagers et de familles ne soient pas toujours sur la mĂȘme longueur dâonde. « Par exemple, il arrive quâune association dâusagers revendique le droit des usagers Ă sâopposer Ă la participation de leur entourage. Bien sĂ»r, mais il nâest pas pour autant nĂ©cessaire de juger ni de bannir la famille. Des explications peuvent ĂȘtre donnĂ©es aux proches, ou relayĂ©es vers des associations de familles qui se chargeront de les accompagner dans leurs difficultĂ©s. »
Par ailleurs, il nâest pas Ă©vident pour Similes de recruter des proches qui deviendront des reprĂ©sentants au sein de la rĂ©forme. « Ils vont ĂȘtre amenĂ©s Ă dĂ©fendre le point de vue de tous les proches et pas leur seule opinion. Par ailleurs, ils sont souvent dĂ©jĂ bien occupĂ©s par leur vie professionnelle. Et prendre soin dâune personne malade au sein de la famille est trĂšs prenant. Il leur est donc difficile de trouver du temps pour sâinvestir dans une association comme Similes. »
Psytoyens, du cÎté des usagers
MĂȘme son de cloche du cĂŽtĂ© de Psytoyens : « La rĂ©forme constitue un grand progrĂšs, mĂȘme si on se rend compte quâil reste encore beaucoup de travail, explique AngĂ©lique Vrancken, coordinatrice et chargĂ©e de projet chez Psytoyens. Le fait que les usagers de la santĂ© mentale participent Ă des rĂ©unions aux cĂŽtĂ©s de professionnels et sont donc davantage entendus quâauparavant, câest une grosse Ă©volution. Un changement dans les mentalitĂ©s sâamorce. Par rapport Ă une dizaine dâannĂ©es auparavant, lâamĂ©lioration est mĂȘme assez importante. » Le ressenti des usagers sur le terrain diffĂšre nĂ©anmoins selon les rĂ©gions.
« Des institutions et comitĂ©s de rĂ©seaux sont plus avant-gardistes que dâautres et ont plus facilement donnĂ© la place aux usagers de la santĂ© mentale. Mais on ressent encore de la rĂ©ticence dans certains lieux. »Les blocages quant Ă la participation des usagers dans les soins semblentdĂ»s Ă la peur et Ă la stigmatisation de la maladie mentale. « Des retours de terrain indiquent que certaines pathologies, notamment les psychoses, font peur car il est difficile de comprendre de quoi il sâagit, dâautant plus quâil nây a pas vraiment de signes physiques », tĂ©moigne encore AngĂ©lique Vrancken.
Dâautre part, il nâest pas Ă©vident pour tous les professionnels dâaccepter un tel changement de mentalitĂ©. « Le fait de dire aux professionnels que les usagers et proches ont droit Ă la parole peut ĂȘtre vĂ©cu comme une remise en cause de leur pratique mĂ©dicale. Cela peut donner le sentiment que lâon va venir leur dire comment faire leur travail. Lâhistoire de la psychiatrie montre combien ce domaine est compliquĂ©, Ă quel point les stĂ©rĂ©otypes sont importants et ont la vie dure. Cela explique pourquoi lâĂ©volution est aussi lente. Un gros travail de sensibilisation reste Ă faire. Heureusement, des reprĂ©sentants de Psytoyens sont souvent invitĂ©s dans des Ă©coles pour sensibiliser les futurs assistants sociaux et Ă©ducateurs Ă la participation des usagers dans les soins. On voit bien que ce travail porte ses fruits auprĂšs des jeunes diplĂŽmĂ©s ces derniĂšres annĂ©es. Ils montrent moins dâa priori et de craintes. ça facilite lâamorce du changement. »
En route vers la pair-aidance
Lâaccent est Ă©galement mis sur la pair-aidance, qui peut constituer un facteur de progrĂšs important, car elle est caractĂ©risĂ©e par la participation de tous : usagers, proches et professionnels, cela au profit de tous.Du cĂŽtĂ© des patients, le principe de la pair-aidance repose sur lâentraide entre personnes en souffrance ou ayant souffert dâune mĂȘme maladie. Le partage du vĂ©cu de la maladie et du parcours de rĂ©tablissement constitue les principes fondamentaux de la pair-aidance. Il sâagit dâune valeur sĂ»re du rĂ©tablissement dans le domaine de la santĂ© mentale, de la prĂ©caritĂ© et des addictions.
La pair-aidance entre proches permet Ă©galement le partage dâexpĂ©riences et de connaissances, tout comme la sensibilisation des professionnels Ă la problĂ©matique des proches. Elle encourage les pratiques plus collaboratives. La pair-aidance entre proches peut par ailleurs mener Ă des interpellations au niveau politique.
Enfin, pour les professionnels, la pair-aidance apporte un point de vue complĂ©mentaire et relĂšve de la reconnaissance du savoir expĂ©rientiel Ă cĂŽtĂ© du savoir acadĂ©mique. Dans lâesprit de la RĂ©forme 107, la pair-aidance encourage les professionnels Ă voir le patient comme un partenaire. Cette pratique devrait donc les aider Ă faire un pas de plus vers la participation. Un pas trĂšs attendu par les usagers et les prochesâŠ
Informations supplĂ©mentaires : Le compte-rendu du colloque peut ĂȘtre consultĂ© sur le site de Similes, onglet « Participation ».Contacts : Similes WallonieRue Lairesse 154020 LiĂšgeTĂ©l. : 04/344 45 45Similes BruxellesRue Malibran 491050 BruxellesTĂ©l. : 02/511.06.19Site internet pour Similes Wallonie et Bruxelles : www.similes.orgPsytoyensChaussĂ©e des PrĂ©s 42-444020 LiĂšgeTĂ©l. : 0491/89 17 84Site internet : www.psytoyens.beCRĂ©SamBoulevard de Merckem 75000 NAMURTĂ©l. : 081/25 31 40Site internet : www.cresam.beLigue des usagers des services de santĂ© (LUSS)Site internet : www.luss.beLUSS BruxellesRue Victor Oudart 71030 SCHARRBEEKTĂ©l. : 02/734 13 30LUSS LiĂšgeRue de la Sation 484032 CHENEETĂ©l. : 04/247 30 57
Livre blanc
Georges Legros, membre de Similes Wallonie et reprĂ©sentant de Similes au RĂ©seau 107 de Namur, rappelle quâen 2004, un livre blanc a Ă©tĂ© Ă©ditĂ© par Similes. ConsacrĂ© au vĂ©cu de familles de personnes atteintes de troubles psychiques entre 1982 et 2001, cet ouvrage, qui entendait prĂŽner la participation des proches aux soins, montrait Ă quel point on Ă©tait encore loin du compte.MalgrĂ© dâheureuses Ă©volutions çà et lĂ , lâaccueil, la communication et les rencontres dans le milieu hospitalier sâavĂ©raient insatisfaisants. Les proches ne se sentaient ni reconnus ni soutenus dans leur dĂ©sarroi et leur souffrance, ainsi que dans leur rĂŽle dâacteur auprĂšs du patient, et donc de partenaire potentiel des soins. Au contraire, la famille, considĂ©rĂ©e comme toxique, Ă©tait soupçonnĂ©e dâĂȘtre la source du mal avec une responsabilitĂ© particuliĂšre attribuĂ©e Ă la mĂšre.Au niveau collectif et institutionnel, oĂč se joue lâĂ©laboration dâune politique des soins, la participation des proches Ă©tait pratiquement nulle. Aucun lieu nâĂ©tait prĂ©vu Ă cet effet, que ce soit dans les hĂŽpitaux ou au MinistĂšre de la santĂ©. Si les soignants et les proches visaient le mĂȘme objectif, celui du rĂ©tablissement du patient, de grands obstacles empĂȘchaient la participation des proches : cĂŽtĂ© soignant, la formation nâaccordait pas de place au malade en tant que partenaire, ni Ă son entourage. Le mĂ©decin avait davantage affaire Ă des maladies quâĂ des malades. Ainsi, on parlait de « patients » et non pas dâusagers. Certaines lois et rĂšgles dĂ©ontologiques â comme le secret professionnel, les droits du patient oula protection du colloque singulier – pesaient plus en santĂ© mentale quâailleurs. Des obstacles existaient Ă©galement du cĂŽtĂ© du patient : la culture gĂ©nĂ©rale de la sociĂ©tĂ© Ă©tait plus orientĂ©e vers la soumission aux autoritĂ©s et aux compĂ©tences quâĂ la revendication dâune participation Ă©galitaire. Dâautre part, les familles Ă©taient souvent paralysĂ©es par un grand sentiment dâisolement et dâimpuissance, voire de culpabilitĂ© devant des pathologies mal connues et lourdement stigmatisĂ©es. Autres difficultĂ©s : certaines spĂ©cificitĂ©s de la maladie mentale qui modifient profondĂ©ment les liens ordinaires avec lâusager, un dĂ©ni frĂ©quent de la pathologie et un refus des soins, une vision perturbĂ©e du rĂ©el, des reproches ou accusations adressĂ©s Ă lâentourage de sorte que le dialogue et la collaboration deviennent difficiles mĂȘme avec le premier intĂ©ressĂ©. Tous ces Ă©lĂ©ments contribuaient Ă installer ou Ă conforter chez beaucoup de proches une tendance Ă passer le relais aux professionnels compĂ©tents.Une Ă©volution favorable a, fort heureusement, pu se faire grĂące Ă deux facteurs. Dâune part, la crĂ©ation de certaines associationspour les proches, comme Similesa permis de faire entendre la voix des familles aux soignants et aux responsables politiques. Ces associations ont aussi permis aux familles de sortir de lâisolement, dâĂ©changer entre elles, de recevoir des informations et des formations en psychoĂ©ducation. Dâautre part, les autoritĂ©s publiques ont dĂ©cidĂ© dâassocier dâemblĂ©e des usagers et des proches Ă leur RĂ©forme 107 en donnant un mandat explicite Ă leurs associations reprĂ©sentatives, de sorte que, comme le montrera la suite, câest paradoxalement par le niveau collectif et institutionnel quâa commencĂ© Ă sâinscrire dans les faits un partenariat qui avait Ă©tĂ© souhaitĂ© dâabord dans les pratiques de soins.
Lâinternement, une mesure inhumaine
Le colloque a Ă©tĂ© lâoccasion de rappeler combien le sort des personnes hospitalisĂ©es dans le cadre de la loi de dĂ©fense sociale donne Ă penser quâil relĂšve de pratiques inhumaines. Un usager, Johan, est venu tĂ©moigner de son internement qui lâa fortement marquĂ© sur le plan psychologique. Il a pu se reconstruire grĂące Ă la participation. « Je me suis retrouvĂ© internĂ© Ă Lantin, stabilisĂ© grĂące au traitement en annexe psychiatrique, raconte Johan. Quand on y entre, on comprend vite quâil faut sâen sortir car on nâest plus personne. Le systĂšme carcĂ©ral gomme toute marque de singularitĂ©, de personnalitĂ©. Jâavais beaucoup de colĂšre en moi. Heureusement, ma famille et mes amis mâont apportĂ© un grand soutien. Mes proches ont suivi le module de psychoĂ©ducation Profamille, qui fournit des outils pour les aider et mâaider Ă©galement. Cela leur a permis de moins culpabiliser, ils Ă©taient plus armĂ©s Ă vivre cette situation trĂšs compliquĂ©e. Jâai construit mon projet de sortie avec un avocat spĂ©cialisĂ©. Le fait que je sois stabilisĂ© mâa aidĂ© dans mes dĂ©marches. Jâai Ă©tĂ© libĂ©rĂ© Ă lâessai mais pas encore de façon dĂ©finitive. Jâai encore une Ă©pĂ©e de DamoclĂšs au-dessus de la tĂȘte⊠Jâai eu la chance de retrouver mon ancien emploi. Je me reconstruis mais la lourdeur administrative est toujours lĂ . Je dois me prĂ©senter devant la Commission de dĂ©fense sociale tous les six mois. Aujourdâhui, si je pouvais effacer mon casier judiciaire, je serais lâhomme le plus heureux sur terre. »
Le nouveau site de référence belge francophone en matiÚre de vaccination
Bruxelles, le 15 avril 2019 – Le 24 avril 2019, Ă lâoccasion de la Semaine europĂ©enne de la vaccination, lâasbl Question SantĂ©, en collaboration avec lâAgence pour une Vie de QualitĂ©, lâOffice de la Naissance et de lâEnfance et le Service public bruxellois francophone, lancera la nouvelle version du site de rĂ©fĂ©rence francophone en matiĂšre de vaccination.
En janvier 2019, lâOrganisation mondiale de la SantĂ© pointait lâhĂ©sitation vaccinale comme lâune des 10 plus grandes menaces pour la santĂ© de lâhumanitĂ©. Cette menace trouve notamment un terrain propice sur internet et sur les rĂ©seaux sociaux, oĂč des croyances et de multiples thĂ©ories dâorigines douteuses – maintes fois dĂ©menties par le monde scientifique – continuent de revenir sur le devant de la scĂšne.
La vaccination serait-elle victime de son succĂšs ?
Aujourdâhui, nombreux sont ceux qui se posent des questions quant Ă lâutilitĂ© de la vaccination : « Pourquoi vacciner contre des maladies quâon ne voit plus ? Ne court-on pas plus de risques dâavoir des effets indĂ©sirables suite Ă une vaccination que dâĂȘtre un jour confrontĂ© Ă la maladie et Ă ses consĂ©quences ? »La gĂ©nĂ©ralisation de la vaccination a permis Ă la population de se protĂ©ger contre de nombreuses maladies en les Ă©radiquant ou en diminuant fortement leur incidence. Le revers de la mĂ©daille rĂ©side en ce que le public, nâĂ©tant plus – ou trĂšs peu – confrontĂ© Ă ces maladies et Ă leurs consĂ©quences potentiellement graves, croit quâelles ont disparu et se vaccine moins, ce qui permet Ă ces maladies de ressurgir. La rougeole en est un trĂšs bon exemple. Entre janvier et mars 2019, on recensait 54 cas en Wallonie et 80 cas Ă Bruxelles[1].
Un site web francophone belge de référence
Dans un contexte oĂč circulent de multiples messages provenant de sources parfois peu crĂ©dibles, comment faire la part des choses entre les informations farfelues et celles scientifiquement validĂ©es ? Soucieux de fournir Ă la population des informations rigoureuses et scientifiques, exprimĂ©es dans un langage clair et comprĂ©hensible par le plus grand nombre, lâAVIQ sâest associĂ©e Ă la Cocof et Ă lâONE pour soutenir la crĂ©ation dâune nouvelle version du site www.vaccination-info.be.Les contenus proposĂ©s se basent sur :
- les recommandations officielles de santé publique du Conseil Supérieur de la Santé ;
- le Programme de vaccination de la Fédération Wallonie-Bruxelles ;
- des avis scientifiques et publications reconnues.
Ceux-ci ont fait lâobjet dâune relecture scientifique par les institutions partenaires et ne rĂ©percutent pas dâinformations basĂ©es sur des expĂ©riences ou opinions personnelles. Le site dĂ©veloppe lâinformation suivant diffĂ©rents niveaux de lecture afin dâen favoriser lâaccessibilitĂ©. Dâabord succinctes, les informations sont ensuite complĂ©tĂ©es par des rĂ©fĂ©rences et liens vers des documents scientifiques validĂ©s.
CoordonnĂ© par lâasbl Question SantĂ© et indĂ©pendant de tout intĂ©rĂȘt commercial, le site www.vaccination-info.be poursuit lâambition dâĂȘtre la rĂ©fĂ©rence belge francophone en matiĂšre de vaccination. Il est destinĂ© Ă tous ceux qui sâinterrogent sur la vaccination et les vaccins et apporte des rĂ©ponses aux questions les plus communĂ©ment posĂ©es, telles que : « A quoi ça sert de se faire vacciner ? Mon enfant est enrhumĂ©, peut-il se faire vacciner ? Pourquoi vacciner contre plusieurs maladies en mĂȘme temps ? Pourquoi y a-t-il de lâaluminium dans les vaccins ? Le vaccin contre la rougeole, la rubĂ©ole et les oreillons cause-t-il lâautisme ? Lâindustrie pharmaceutique ne pousse-t-elle pas Ă ce que tout le monde se fasse vacciner ? ».
On trouve Ă©galement sur www.vaccination-info.be :
- Des informations sur chaque maladie contre laquelle une vaccination existe : descriptif de la maladie, symptĂŽmes, vaccins recommandĂ©s, contre-indications…
- Les aspects pratiques de la vaccination : Qui vaccine ? OĂč se faire vacciner ? A quel moment de la vie se faire vacciner ? Les recommandations vaccinales suivant les contextes de vie (voyage, travail, frĂ©quentation dâune collectivitĂ©, etc.)…
- Un regard sur la vaccination au travers de ses grands principes, de son histoire ou encore du contexte institutionnel dans lequel elle sâimbrique.
A propos de Question Santé
Lâasbl Question SanteÌ met en dĂ©bat les enjeux individuels et collectifs de la santeÌ et les traduit en projets et outils, accessibles aÌ des publics variĂ©s. Lâasbl Question SantĂ© offre un service de rĂ©fĂ©rence en matiĂšre de communication en promotion de la santĂ© et assure une expertise, des accompagnements mĂ©thodologiques et des ateliers de mise en pratique pour les professionnels qui dĂ©sirent traduire leurs actions et outils en projets de communication. Question SantĂ© rĂ©alise des outils mĂ©thodologiques, dâinformation et de sensibilisation Ă destination des professionnels et du grand public. Ăgalement active dans le champ de lâEducation Permanente, lâasbl Question SantĂ© met en dĂ©bat les questions de sociĂ©tĂ© sur diverses thĂ©matiques liĂ©es aux dĂ©terminants de la santĂ©. En rĂ©sulte chaque annĂ©e une sĂ©rie dâoutils, dĂ©clinĂ©s en animations, vĂ©ritables lieux de dĂ©bat et de participation citoyenne.
Plus dâinformations sur les activitĂ©s de lâasbl
A propos de lâAgence pour une Vie de QualitĂ©
Assurer la santĂ© et le bien-ĂȘtre des Wallons : une compĂ©tence de lâAVIQLâAVIQ est le service public compĂ©tent pour les questions relatives au bien-ĂȘtre et Ă la santĂ© de tous en rĂ©gion wallonne. LâAVIQ a pour ambition de proposer Ă chaque Wallon des rĂ©ponses adaptĂ©es Ă ses besoins en matiĂšre dâaide, dâaccompagnement, de bien-ĂȘtre et de santĂ© pour lui permettre de mener une vie de qualitĂ©, tout en simplifiant ses dĂ©marches et en veillant Ă lâamĂ©lioration constante de la qualitĂ© de ses services.LâAgence pour une Vie de QualitĂ© assure de nombreuses missions pour accompagner les Wallons Ă chaque Ă©tape de leur vie : informations, Ă©coute, conseils, travail en rĂ©seau, agrĂ©ments, octrois de subsides, dĂ©marche « qualitĂ© » avec ses diffĂ©rents services : services conseil en amĂ©nagements, logements individuels ou collectifs, Ă©tablissements dâhĂ©bergement, achat de matĂ©riel spĂ©cifique, formations professionnelles adaptĂ©esâŠ
Plus dâinformations sur les missions de lâAVIQ :
A propos du Service public bruxellois francophone
Le service de la SantĂ© du Service public bruxellois francophone (SPFB-COCOF) est chargĂ© de lâagrĂ©ment et du suivi des services ambulatoires, et met Ćuvre la politique de Promotion de la santĂ© Ă Bruxelles (hors PSE). FormalisĂ©e au sein du Plan stratĂ©gique de Promotion de la santĂ©, cette matiĂšre est portĂ©e concrĂštement par des opĂ©rateurs (acteurs, rĂ©seaux et services piliers) financĂ©s pour des projets de trois Ă cinq ans. Leurs prioritĂ©s dâaction comprennent, entre autres : la promotion des environnements favorables en matiĂšre dâalimentation, dâactivitĂ© physique, de consommation de tabac ou dâalcool ; la prĂ©vention des IST et la promotion de la santĂ© sexuelle ; la rĂ©duction des risques en matiĂšre dâusage de drogues licites et illicites ; la promotion de la santĂ© des personnes en situation de vulnĂ©rabilitĂ©, etc. Les opĂ©rateurs dĂ©signĂ©s doivent Ă©galement contribuer aux programmes de mĂ©decine prĂ©ventive du dispositif de promotion de la santĂ© bruxellois : dĂ©pistages des cancers du sein et colorectal, dĂ©pistage de la tuberculose.
Plus dâinformations sur lâorganisation, les acteurs et les enjeux de la promotion de la santĂ© Ă Bruxelles, voir la rubrique bien-ĂȘtre et santĂ© sur :
A propos de lâOffice de la Naissance et de lâEnfance
L’Office de la Naissance et de l’Enfance est l’organisme de rĂ©fĂ©rence de la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles pour toutes les questions relatives Ă l’enfance. Cela concerne aussi bien lâorganisation dâun accompagnement de l’enfant, dans et en relation avec son milieu familial et son environnement social, que celui de l’accueil de l’enfant en dehors de son milieu familial. LâONE a Ă©galement pour mission de mener des actions de soutien Ă la parentalitĂ© et de promotion de la santĂ©, par le biais de l’organisation de consultations prĂ©natales et pour enfants, de lâorganisation des visites Ă domicile, et des services de promotion de la santĂ© Ă l’Ă©cole. ParallĂšlement aux missions de base d’accompagnement de l’enfant dans son environnement familial et d’accueil du jeune enfant, l’ONE dĂ©veloppe des missions transversales communes Ă ses deux grands secteurs.
En plus du soutien Ă la parentalitĂ© et l’information des parents, la promotion de la santĂ© et l’Ă©ducation de celle-ci, il sâagit de la promotion de la formation continue des acteurs des politiques de l’enfance, la rĂ©alisation de recherches, l’Ă©valuation des besoins et des expĂ©riences innovantes.
Plus dâinformations sur les missions de lâONE :
[1] Chiffres non exhaustifs au 5 avril 2019. 68,52% en Wallonie et 80% Ă Bruxelles des suspicions de cas de rougeole ont Ă©tĂ© confirmĂ©es par un laboratoire. 11,11% en Wallonie et 6,25% Ă Bruxelles des suspicions sont des cas probables de rougeole, câest-Ă -dire quâils prĂ©sentent une clinique compatible Ă celle de la rougeole ainsi quâun lien clairement Ă©tabli avec une personne qui a prĂ©sentĂ© une rougeole avĂ©rĂ©e endĂ©ans la pĂ©riode dâincubation.
Depuis quelques temps, la thĂ©orie du nudge et sa mise en application prennent une relative ampleur dans le champ de la santĂ© publique. Le nudging tutoie un vieux rĂȘve libĂ©ral, celui de faire adopter, par des moyens ingĂ©nieux et modestes, les bons comportements sans sanctionner, faire la morale ni altĂ©rer la libertĂ© de choix. Mais, les nudges sont-ils compatibles avec une Ă©thique de promotion de la santĂ© ? Constituent-ils des outils efficaces pour rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ© ? Ne dĂ©douaneraient-ils pas lâĂtat de prendre des dispositions plus coĂ»teuses budgĂ©tairement, mais plus impactantes sur la santĂ© des populations ? Coup dâĆil sur le phĂ©nomĂšne.
Quâest-ce quâun nudge ?
Ăa y est ! La SNCF a enfin pu dissuader les voyageurs dâune de ses gares, de prendre Ă contresens un couloir quâils empruntaient allĂšgrement pour accĂ©der aux quais. Comment ? En remplaçant simplement le panneau « sens interdit » par la signalĂ©tique « voie sans issue ». Autre dĂ©cision Ă©tonnante, celle dâune municipalitĂ© asiatique qui a repeint les marches dâun escalier public en indiquant sur chacune dâelles le nombre de calories consommĂ©es Ă chaque franchissement. Pourquoi ? Pour soutenir le choix de lâeffort physique et encourager une mobilitĂ© bĂ©nĂ©fique pour la santĂ©, sans toutefois supprimer lâalternative de lâescalator. Encore un exemple de nudge : vous circulez en voiture lorsquâun panneau lumineux vous rappelle dâĂȘtre prudent ou vous remercie vertement pour le caractĂšre adaptĂ© de votre vitesse. Et la liste pourrait ĂȘtre longueâŠ
Un « nudge », littĂ©ralement « un petit coup de coude », est un dispositif technique mis en place pour inciter un individu ou un groupe dâindividus Ă adopter sans obligation un comportement souhaitĂ©. Le principe est dâĂ©tablir une « voie royale » vers le meilleur choix et/ou de dresser des obstacles sur la route de la mauvaise option. Câest une forme dâautomatisation du comportement de la personne qui est visĂ©e. Quand elle sây conforme, elle le fait malgrĂ© elle, souvent inconsciente du mĂ©canisme sur lequel il repose. SĂ©curitĂ© routiĂšre, lutte contre les incivilitĂ©s, Ă©cologie, don dâorganes, fiscalité⊠Ces dispositifs graphiques, sonores, urbanistiques, sĂ©mantiques, ludiques, numĂ©riques sont utilisĂ©s dans le vaste champ des politiques publiques pour amener le citoyen Ă suivre une norme dans son propre intĂ©rĂȘt et dans celui de la collectivitĂ©.
Sur quoi se base le nudge ?
Câest Ă la science des comportements quâon doit le nudging. Son principal thĂ©oricien, lâĂ©conomiste nobĂ©lisĂ© Richard Thaler, sâest appuyĂ© sur le constat suivant : la rationalitĂ© de nos dĂ©cisions est souvent mise Ă mal par des Ă©motions et des paramĂštres environnementaux. Chaque nudge est alors crĂ©Ă© Ă partir dâune analyse de nos biais cognitifs. Il sâagit dâexploiter cette irrationnalitĂ© mais aussi le caractĂšre prĂ©visible de nos comportements pour modifier lâenvironnement de choix. Premier exemple, avec le biais de cadrage. Celui-ci renvoie Ă la maniĂšre dont les choix nous sont prĂ©sentĂ©s. En rĂ©duisant la taille dâune assiette contenant une certaine quantitĂ© dâaliments, la satiĂ©tĂ© pourra ĂȘtre plus vite atteinte quâen utilisant un plus grand format proposant le mĂȘme contenu. Ici, la taille de lâassiette influence la perception de la quantitĂ© dâaliments quâelle contient. Le biais de dotation constitue un deuxiĂšme exemple. Lâexploitation de ce biais se concrĂ©tise par les formulaires prĂ©remplis. Comme nous avons gĂ©nĂ©ralement tendance Ă donner plus de valeur Ă ce qui nous est attribuĂ© dâoffice, de nombreux services publics orientent nos choix en cochant des cases par dĂ©faut (opting-out).
Ainsi, aux Ătats-Unis, un plan dâĂ©pargne proposĂ© automatiquement aux salariĂ©s a permis dâaugmenter sensiblement le taux dâĂ©pargne. TroisiĂšme et dernier exemple, le biais de conformitĂ©. Lâindividu a tendance Ă ĂȘtre rassurĂ©, motivĂ© ou responsabilisĂ© par les expĂ©riences du plus grand nombre constituant dĂšs lors pour lui un point de rĂ©fĂ©rence. Le ministĂšre des impĂŽts au Royaume Uni sâest appuyĂ© sur ce biais en envoyant un sms prĂ©cisant que « 90% des contribuables rendent leur feuille dâimpĂŽt dans les temps », ce qui a permis de diminuer le retard des dossiers.
Notre cerveau parfois nous gruge. Y a-t-il une flĂšche plus longue que lâautre ?
Le nudge en santĂ© publique : lâexemple du Nutri-score
Les suggestions subtiles, indirectes voire subliminales qui influencent la prise de dĂ©cision servent depuis longtemps les intĂ©rĂȘts et la communication du secteur marchand, Ă travers lâingĂ©nierie marketing. La thĂ©orie du nudge a, quant Ă elle, Ă©tĂ© pensĂ©e dans une optique de service public. Diminution de la prĂ©valence des maladies chroniques, augmentation de lâactivitĂ© physique, limitation de la consommation dâalcool⊠: lâamĂ©lioration de la santĂ© de la population fait partie des multiples engagements de lâĂtat. Mais, les politiques de santĂ© peinent actuellement Ă atteindre leurs objectifs. Toujours focalisĂ©s sur la modification des comportements, limitĂ©s sur le plan budgĂ©taire et poussĂ©s par le manque de rĂ©sultat des campagnes de communication, les responsables de la prĂ©vention voient dans le nudging une stratĂ©gie Ă investir.
Le Nutri-score, adoptĂ© rĂ©cemment par la Ministre fĂ©dĂ©rale de la santĂ©, entre dans cette logique de nudge. Ce logo nutritionnel qui est apposĂ© sur certains emballages de produits alimentaires entend faciliter les choix santĂ© du consommateur, classant les produits du vert (A), les plus qualitatifs dâun point de vue nutritionnel, au rouge (E), les produits Ă consommer de maniĂšre mesurĂ©e. Ă travers une pondĂ©ration dâindicateurs nutritionnels, il constitue une simplification de lâinformation. LâĂ©tiquetage obligatoire actuel noie effectivement le consommateur dans un ocĂ©an de chiffres et de signes, impossibles Ă dĂ©crypter sans prĂ©alable Ă©ducatif. Le Nutri-score rĂ©pond Ă cela en apparaissant comme une clĂ© de clarification. Mais, cet Ă©tiquetage est plus quâinformatif, il vise clairement Ă Ă©tablir un comportement-rĂ©flexe Ă lâaide dâun rĂ©fĂ©rent culturel intĂ©riorisĂ© : le signal vert est associĂ© Ă ce qui est autorisĂ©, le rouge, Ă ce qui est interdit. DĂšs lors, consommer un aliment classĂ© rouge sâassimilerait Ă braver un interdit. Dans une perspective de santĂ© publique, le Nutri-score est une avancĂ©e dans le sens oĂč il permet dâune part, de faire pression sur les industriels – la plupart hostiles vis-Ă -vis de la mesure – pour amĂ©liorer la qualitĂ© de leurs produits, et dâautre part, dâamener les consommateurs Ă sâintĂ©resser un peu plus Ă la qualitĂ© nutritionnelle des aliments. Mais, le principe gĂ©nĂ©ral de nudging sur lequel le dispositif repose, charrie une sĂ©rie de questions Ă©thiques au regard des approches dĂ©fendues en promotion de la santĂ©.
La santĂ©, ressource Ă©minemment intime et subjective, se construit Ă partir dâun ensemble dâĂ©lĂ©ments socio-environnementaux relevant dâune responsabilitĂ© multiple, non exclusivement individuelle. Pour atteindre une meilleure santĂ©, la promotion de la santĂ© mobilise plusieurs stratĂ©gies dâactions, sâappuyant sur une sĂ©rie de valeurs parmi lesquelles on retrouve lâautodĂ©termination, lâĂ©mancipation et lâengagement collectif. DĂšs lors, la thĂ©orie du nudge est-elle compatible avec ce cadre de valeurs ?
Premier point de tension Ă©thique : le conditionnement
Intervenir Ă lâaide dâun nudge revient Ă modifier lâarchitecture du choix, Ă pousser le citoyen vers la bonne dĂ©cision en utilisant ses failles cognitives. Le but, lâadoption du comportement souhaitĂ©, prĂ©vaut sur la prise de conscience de ses tenants et aboutissants. En dâautres mots, la fin justifie les moyens. Si les stratĂ©gies Ă©ducatives en promotion de la santĂ© cherchent Ă maximiser les connaissances et les compĂ©tences en vue dâune autodĂ©termination des choix pris par la personne quels quâils soient, le nudge vise, lui, pour reprendre les mots de Linda Cambon, à « Ă©conomiser ses ressources mentales afin quâelle puisse prendre des dĂ©cisions rapides allant dans le sens voulu par la puissance publique ». On sâĂ©loigne nettement de la citoyennetĂ© critique revendiquĂ©e par les acteurs de promotion de la santĂ©. MĂȘme si ces influences discrĂštes et subtiles sont pensĂ©es et mises en Ćuvre de maniĂšre bienveillante, elles nous amĂšnent sur une pente glissante, celle dâun conditionnement de nos pensĂ©es et de nos actes.
DeuxiĂšme point de tension Ă©thique : le paternalisme
Le paternalisme est mort, vive le paternalisme ! Puisque les citoyens ne font pas les meilleurs choix pour leur santĂ©, lâautoritĂ© publique les y aidera. Les thĂ©oriciens du nudge se rĂ©clament dâune forme de paternalisme, le paternalisme libĂ©ral. Si, par ses apparences non-contraignantes et son caractĂšre non-autoritaire, il semblerait plus acceptable quâun paternalisme frontal et assumĂ©, ce courant reste basĂ© sur une posture en surplomb, dĂ©finissant a priori la norme Ă suivre et le bien commun, et faisant fi des systĂšmes de valeurs propres Ă chaque individu. Et sâil ne remet pas en cause la libertĂ© de chacun, le nudge crĂ©e les conditions dâune culpabilisation voire dâune stigmatisation des personnes qui rĂ©sistent. La sanction sociale est latente.
SollicitĂ© de toute part par une sĂ©rie de nudges, lâindividu qui prendrait, malgrĂ© tout et pour de bonnes raisons (se faire plaisir, par exemple), la mauvaise dĂ©cision pourrait entendre cette petite voix intĂ©rieure, ou la voix plus tangible de ses pairs, lui rappeler quâil sâĂ©gare voire quâil y met de la mauvaise volontĂ©. La promotion de la santĂ© nous apprend au contraire que ce qui est juste nâest pas toujours ce que lâon croit bon pour lâautre. Elle invite Ă comprendre le monde dans lequel chaque personne Ă©volue. Se dĂ©gager des assignations, donner du sens aux normes voire les reconfigurer, sâapproprier du pouvoir, voilĂ les balises dâune philosophie tĂ©lescopant Ă maints Ă©gards les principes paternalistes, fussent-ils libĂ©raux.
TroisiĂšme point de tension Ă©thique : lâindividualisme
Faire le choix du nudge câest donner plus de poids Ă la responsabilitĂ© individuelle. David Cameron, quand il Ă©tait encore premier ministre conservateur britannique, voyait dans le nudge un des outils de mise en Ćuvre de son idĂ©ologie politique, la Big Society. Son dessein Ă©tait de remplacer lâaction de lâĂtat par lâagglomĂ©ration des (bonnes) volontĂ©s individuelles, postulant que la sociĂ©tĂ© est bien capable de sâoccuper dâelle-mĂȘme et quâelle a seulement besoin de petits coups de pouce pour se responsabiliser. Plusieurs dĂ©cennies de recherche en santĂ© publique ont mis en Ă©vidence que la voie du comportementalisme ne permet pas dâamĂ©liorer durablement la santĂ© de toutes et tous, et que ce sont les dĂ©terminants de santĂ© structurels, dĂ©pendant avant tout de lâaction publique, qui pĂšsent majoritairement sur la santĂ©.
NudgĂ©es dans lâespace social, les personnes contraintes par des rĂ©alitĂ©s sociales, Ă©conomiques et culturelles ne se trouveront pas moins en difficultĂ© face Ă des normes comportementales tĂ©lĂ©guidĂ©es. Par exemple, si le Nutri-score nâest pas associĂ© Ă dâautres stratĂ©gies, si le pouvoir public ne se penche pas simultanĂ©ment sur la qualitĂ© de lâoffre alimentaire et sur son coĂ»t, sâil nâagit pas sur les conditions de vie dans lesquelles sâinscrivent les choix, ce nudge nourrira une forme de marginalisation. RĂ©duire les inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ© se fonde sur un investissement de lâĂtat et un accroissement des responsabilitĂ©s collectives, tout lâinverse de lâobjectif avouĂ© de la Big society qui visait surtout Ă les rĂ©duire.
Conclusion : un usage sous conditions
Un nudge nâest pas lâautre et un contexte dâutilisation nâest pas lâautre. Mais, pour quâil soit Ă©thique dans le champ de la santĂ© publique, le nudge doit ĂȘtre assorti dâune sĂ©rie de conditions, mĂȘme si celles-ci tendraient peut-ĂȘtre Ă le dĂ©naturer.
- PremiĂšrement, la transparence doit prĂ©valoir dans le dispositif. MĂȘme si des tenants du nudge disent quâune fois dĂ©voilĂ©, il perdrait de son efficacitĂ©, une politique publique dans un espace dĂ©mocratique ne peut se fonder sur une manipulation, mĂȘme douce et bienveillante. LâautoritĂ© doit donc expliciter les intentions qui lâamĂšne Ă mettre en place le nudge ainsi que les mĂ©canismes qui le tissent.
- DeuxiĂšmement, avant de lancer un nudge dans lâespace social, il y a lieu de rĂ©flĂ©chir Ă la norme que le nudge encourage Ă suivre. Quel sens a-t-elle ? Comment est-elle partagĂ©e au sein de la population et des diffĂ©rentes couches qui la composent ? Quels sont les freins, autres que ceux dâordre psychologique, et les coĂ»ts liĂ©s Ă son adoption par les personnes ? En faisant ressortir ce contexte de sociĂ©tĂ© et les divers registres des valeurs et de prĂ©fĂ©rence, la rĂ©flexion permettra dâestimer la pertinence de la stratĂ©gie.
- La troisiĂšme condition se situe dans le prolongement de la prĂ©cĂ©dente : le nudge ne doit aucunement nuire. Il est donc indispensable de penser en amont (notamment Ă travers des ballons dâessai) Ă ses effets collatĂ©raux et Ă la distribution de ces effets au sein de la population afin quâil ne soit pas contre-productif (sentiment dâimpuissance, disqualification, stigmatisationâŠ) et ne devienne un facteur aggravant les inĂ©galitĂ©s.
- QuatriĂšmement, le nudge doit, sâil rĂ©pond aux conditions prĂ©cĂ©dentes, ĂȘtre considĂ©rĂ© comme un outil parmi dâautres et sâinscrire dans un ensemble de mesures parmi lesquelles la mise en place de dĂ©marches Ă©ducatives nourrissant lâempowerment et la rĂ©flexion.
Dans tous les cas, les nudges ne doivent pas ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme la clĂ© de voĂ»te des politiques de prĂ©vention. Faire le choix exclusif de stratĂ©gies dâactivation des individus serait une erreur. Cela reviendrait Ă limiter les problĂšmes sociaux Ă lâorigine des disparitĂ©s de santĂ© Ă des comportements individuels et Ă nier la complexitĂ© des interventions utiles pour promouvoir la santĂ© qui ont, plus que jamais, besoin de soutiens et dâinvestissements publics.
Bibliographie
BERGERON H., CASTEL P. et al., Le Biais comportementaliste, Presses Sciences Po, 2018, 128p.CAMBON L., Le nudge en prĂ©vention⊠troisiĂšme voie ou sortie de route?, in : SantĂ© Publique, 2016/1 (vol 28), pp. 43-48DEHOUCK L., TRONTIN C. & GAMASSOU C.E., Les nudges un coup de pouce pour votre santĂ©, in : The conversation.com, novembre 2017,DRIEU LA ROCHELLE M., La thĂ©orie du nudge en santĂ© publique : Quelles perspectives et limites pour lâavenir en France?, ThĂšse, UniversitĂ© de Poitiers, FacultĂ© de MĂ©decine et de Pharmacie, 2018, 96p.FRENKIEL E., La main invisible du nudge, in : Sciences Humaines, n°225, avril 2011, pp. 48-49JOURNET N., Comportements sous influence, in : Sciences Humaines, n°312, mars 2019, pp. 8-9SUNSTEIN C. & THALER R., Nudge, comment inspirer la bonne dĂ©cision, Pocket, 2012, 480p.SUSSAN R., La manipulation bienveillante, in : Sciences Humaines, n°287, dĂ©cembre 2016, pp. 48-49
Le fait de crĂ©er des nudges et de les placer dans lâespace social.
Il a Ă©ditĂ© en 2008 avec son co-auteur Cass Sunstein lâouvrage de rĂ©fĂ©rence « Nudge : La mĂ©thode douce pour inspirer la bonne dĂ©cision ».
Notons que lâefficacitĂ© de lâexploitation de ce biais est relativisĂ©e par des mĂ©canismes de rĂ©sistance face Ă des choix proposĂ©s par dĂ©faut (SUSSAN R., Nudge, la manipulation bienveillante, Sciences Humaines, 2016).
Aucune disposition contraignante nâa Ă©tĂ© prise par le lĂ©gislateur. Lâindustrie est donc libre de placer ou non lâĂ©tiquetage sur les emballages.
Le nudge et les sciences du comportement : lâavenir des politiques publiques?, confĂ©rence, mars 2019, sciencespo.fr
Il a crĂ©Ă© en 2010 la Behaviourial Insights Team, un cabinet dâexperts se penchant sur les nudges.
Description selon l’Ă©diteur
Matériel
9 outils qui abordent diffĂ©rentes thĂ©matiques :1) PublisextĂ© : publicitĂ©s sexistes2) Chatroom : phĂ©nomĂšne du sexting3) Miroir, miroir : lâimage corporelle. Sept cartes ‘scĂ©narios’ pour diffĂ©rents jeux de rĂŽle4) Le rideau tombe : la pornographie. Jeu mĂ©mory de 22 cartes5) Shop moi : impact des logiciels de retouche de photos6) Distop : harcĂšlement de rue. 16 cartes7) Paroles aux jeunes : EVRAS (Education Ă la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle)Qui est qui ? : stĂ©rĂ©otypes de genre. 11 cartesUne image vaut mieux que des mots : diffĂ©rents sujets. 20 dessins humoristiquesVision Ă©largie : questions de sociĂ©tĂ©. ClĂ© USB avec plusieurs capsules vidĂ©oGuide pĂ©dagogique
Concept
La BOX est une mallette pĂ©dagogique abordant la thĂ©matique de lâhypersexualisation au sens large. Elle se compose de neuf outils qui abordent diffĂ©rentes thĂ©matiques ainsi quâun guide pĂ©dagogique qui reprend certains repĂšres thĂ©oriques. Pour chacun des supports, vous trouverez une farde avec une fiche contenant des informations utiles Ă la mise en place des animations : dĂ©roulement de lâanimation, variantes possibles, questions de relance, matĂ©riel nĂ©cessaire, objectifs, etc.Cette BOX sâadresse Ă tout.e.s les professionnel.le.s qui souhaitent aborder la thĂ©matique de lâhypersexualisation auprĂšs dâun public dâadolescent.e.s.
Objectifs
Identifier et dĂ©construire les messages vĂ©hiculĂ©s dans les mĂ©dias, notamment les stĂ©rĂ©otypes liĂ©s au genre, la rĂ©fĂ©rence Ă la pornographieDĂ©velopper son esprit critique par rapport aux intentions des mĂ©dias et de la sociĂ©tĂ© de consommation dans laquelle nous Ă©voluonsIdentifier les consĂ©quences de lâhpersexualisation sur son image corporelle et son identitĂ©Renforcer son estime de soiPromouvoir le respect, la responsabilitĂ© envers soi et les autres, le libre choix et lâĂ©galitĂ© dans les relations et les pratiques sexuellesDĂ©velopper une vision positive de la sexualitĂ© et valoriser la diversitĂ© des vĂ©cus et pratiques sexuelles selon sa personnalitĂ© et ses prĂ©fĂ©rences
Bon Ă savoir
Cet outil a été créé par le Centre de planning familial Infor-Femmes LiÚge, en collaboration avec la FCPPF.Commande via Infor-Femmes ou via la FCPPF
Lâavis de Pipsa (www.pipsa.be)
Appréciation globale
Lâhypersexualisation, phĂ©nomĂšne omniprĂ©sent et actuel dans notre sociĂ©tĂ©, est questionnĂ©e au travers dâun dossier pĂ©dagogique clair et concis, mettant en lumiĂšre deux de ses dĂ©terminants : le capitalisme et la consommation.Cet outil trĂšs accessible, tant aux adultes quâaux jeunes, reflĂšte avec rĂ©alisme les difficultĂ©s relationnelles et comportementales de ces pratiques. Au travers des 9 activitĂ©s proposĂ©es (modulables/adaptables selon le groupe), le thĂšme est abordĂ© sous diffĂ©rentes facettes et de maniĂšre globale.Les activitĂ©s questionnent la rĂ©alitĂ© sans jugement, lâimplication collective est sollicitĂ©e par le dĂ©bat et la construction du groupe. CrĂ©Ă©es par des professionnels de terrain, militants pour lâĂ©galitĂ©, elles tĂ©moignent de la rĂ©alitĂ© et du vĂ©cu des jeunes.Lâoutil, riche en crĂ©ativitĂ©, permet de faire vivre lâEVRAS en transversalitĂ© : certaines activitĂ©s peuvent ĂȘtre prises en charge par des acteurs scolaires, dâautant que les fiches sont directement opĂ©rationnelles, claires et efficaces.Une activitĂ© autour de lâidentification des jeux de pouvoir et des rapports de domination (indĂ©pendantes du genre), aurait Ă©tĂ© bienvenue dans la mesure oĂč ces questions sont transversales aux thĂ©matiques dĂ©veloppĂ©es par lâoutil.
Objectifs
Prendre conscience de ses reprĂ©sentations liĂ©es au genre et la sexualitĂ©Identifier et dĂ©construire les messages vĂ©hiculĂ©s dans les mĂ©dias, notamment les stĂ©rĂ©otypes liĂ©s au genre, la rĂ©fĂ©rence Ă la pornographieDĂ©velopper son esprit critique par rapport aux intentions des mĂ©dias et de la sociĂ©tĂ© de consommation dans laquelle nous Ă©voluonsIdentifier les consĂ©quences de lâhypersexualisation sur son image corporelle et son identitĂ©
Public cible
A partir de 12 ans
Utilisation conseillée
– Certaines activitĂ©s sont plus accessibles pour 14 ans- Tester le dĂ©roulĂ© des activitĂ©s avant utilisation avec les jeunes- Lire le guide avant les animations pour dĂ©finitions clĂ© (sexting notamment).- La dĂ©marche de dĂ©construction stĂ©rĂ©otype (p.7 du guide) mĂ©rite dâĂȘtre travaillĂ©e avec les jeunes- Penser Ă informer les parents : leur fonction est le rappel de la loi.
Points forts
Concis et opĂ©rationnel, rĂ©aliste, accessible, trĂšs soutenant pour lâanimateur.
Sujets abordés
Hypersexualisation, image de soi, genre, image corporelle, médias, pornographie.
Complémentarité
La réputation
OĂč trouver l’outil
Chez l’Ă©diteur :FCPPFAvenue Emile de BĂ©co 109 1050 – Ixelles Belgique +32 (0)2 514 61 03 – info@fcppf.behttp://www.fcppf.be – https://www.facebook.com/fcppfInfor-Femmes LiĂšge10 rue TrappĂ© 4000 – LiĂšge Belgique +32 (0)4 222 39 65 – inforfemmesliege@gmail.comhttp://www.inforfemmesliege.beDans les centres de prĂȘt :Centre liĂ©geois de promotion de la santĂ© +32 (0)4 349 51 44 – promotion.sante@clps.behttp://www.clps.beCatalogue : http://www.clps.be/outils-pĂ©dagogiquesCentre local de promotion de la santĂ© en province de Luxembourg +32 (0)84 31 05 04 – clps.lux@skynet.behttp://www.clps-lux.beCatalogue : http://bit.ly/1AfCwMDCEDIF, Centre de Documentation et d’Information (FLCPF) 02 / 502 68 00 – cedif@planningfamilial.nethttp://www.planningfamilial.net/
LâĂ©ducation sexuelle Ă lâĂ©cole : diversitĂ© des pratiques
En Suisse, lâĂ©ducation sexuelle sâest dĂ©veloppĂ©e de maniĂšre diverse et Ă des rythmes diffĂ©rents en fonction des rĂ©gions. Comme ailleurs en Europe, lâĂ©ducation sexuelle Ă lâĂ©cole sâest vraiment institutionnalisĂ©e aprĂšs la rĂ©volution sexuelle, lorsquâil sâest avĂ©rĂ© nĂ©cessaire dâinformer les jeunes sur la contraception et le couple. Mais câest vĂ©ritablement lâarrivĂ©e de lâĂ©pidĂ©mie du VIH qui a dĂ©clenchĂ© la gĂ©nĂ©ralisation des cours dâĂ©ducation sexuelle dans tous les cantons en Suisse. Aujourdâhui, la situation reste trĂšs hĂ©tĂ©rogĂšne dans sa mise en Ćuvre.
SANTĂ SEXUELLE Suisse, lâorganisation qui fĂ©dĂšre les centres de conseil en santĂ© sexuelle et services dâĂ©ducation sexuelle ainsi que les associations professionnelles concernĂ©es, promeut en Suisse une Ă©ducation sexuelle holistique selon les standards OMS Europe[1]. Elle attache beaucoup dâimportance Ă la qualitĂ© des cours donnĂ©s dans le cadre scolaire, et participe dans ce sens Ă la formation des professionnel(le)s. Toutefois, sur le terrain, les cours proposĂ©s aux enfants et aux jeunes sont diffĂ©rents dâune rĂ©gion Ă lâautre, voire dâune Ă©cole Ă lâautre. Ainsi, en Suisse romande, ce sont des spĂ©cialistes externes en santĂ© sexuelle qui interviennent dans les Ă©coles pour assurer une Ă©ducation sexuelle continue. Ce modĂšle a fait ses preuves depuis plus de 30 ans. Il est trĂšs bien accueilli et apprĂ©ciĂ© par les parents.
En Suisse alĂ©manique, ce sont le plus souvent les enseignant(e)s qui sont responsables de la mise en Ćuvre de lâĂ©ducation sexuelle et de nombreux modĂšles existent, en fonction des Ă©coles ou des enseignant(e)s : ceux proposant des prestations trĂšs complĂštes, mais aussi ceux transmettant seulement le strict minimum, la plupart du temps sous forme de cours de biologie et reproduction, en laissant de cĂŽtĂ© les aspects relationnels et sociaux. Un modĂšle de coopĂ©ration entre le personnel enseignant et le personnel spĂ©cialisĂ© en santĂ© sexuelle serait incontestablement souhaitable et garantirait la qualitĂ© des cours dispensĂ©s. Au Tessin, la partie italophone de la Suisse, les enseignant(e)s sont responsables de lâĂ©ducation sexuelle. Ils sont soutenus dans leur tĂąche Ă©ducative par des coachs spĂ©cifiquement formĂ©s. Au secondaire et post-obligatoire, les spĂ©cialistes externes en santĂ© sexuelle interviennent pour complĂ©ter lâĂ©ducation Ă la santĂ© sexuelle.[2]
Le cours dâĂ©ducation sexuelle par un(e) spĂ©cialiste en santĂ© sexuelle: une approche interactive et participative
Comme mentionnĂ©, il existe diffĂ©rentes approches pour les cours dâĂ©ducation sexuelle Ă lâĂ©cole. Nous choisissons ici de dĂ©crire un cours type donnĂ© par un ou une spĂ©cialiste en santĂ© sexuelle, ayant Ă la fois une formation professionnelle en Ă©ducation sexuelle ainsi quâune expĂ©rience en la matiĂšre.ConcrĂštement, ce cours dâĂ©ducation sexuelle sâintĂšgre dans la vie de lâĂ©cole : les parents sont informĂ©s par une lettre et conviĂ©s Ă une sĂ©ance de prĂ©sentation de lâintervention. Les enseignant(e)s sont associĂ©(e)s Ă la dĂ©marche avant et aprĂšs le cours car leur rĂŽle est fondamental pour que lâintervention se dĂ©roule dans de bonnes conditions. Pour soutenir cette approche de coopĂ©ration, SANTĂ SEXUELLE Suisse dĂ©veloppe des outils dâinformation pour les parents et les professionnel(le)s (voir la liste sur le site www.sante-sexuelle.ch).
Selon lâĂąge des Ă©lĂšves, diffĂ©rentes mĂ©thodes pĂ©dagogiques sont utilisĂ©es, avec ou sans support prĂ©Ă©tabli, et une place importante est donnĂ©e Ă la discussion de groupe. La rĂ©colte de questions anonymes, avant ou en dĂ©but de cours, est souvent privilĂ©giĂ©e pour les Ă©lĂšves de lâĂ©cole secondaire car elles leur permettent de poser leurs rĂ©elles demandes sans risque de sâexposer trop personnellement. Câest aussi une maniĂšre pour lâintervenant(e) de savoir oĂč en sont les Ă©lĂšves, ce qui les intĂ©resse et les prĂ©occupe.
LâentrĂ©e en matiĂšre du dĂ©but de cours est fondamentale car lâĂ©ducateur/trice ne connaĂźt gĂ©nĂ©ralement pas la classe. Des petits jeux « brise-glace » sont habituellement utilisĂ©s pour permettre de parler trĂšs spontanĂ©ment dâamour, dâamitiĂ©, de sexualitĂ©. Ces exercices offrent aux Ă©lĂšves un espace dâexpression assez libre qui permet de poser les Ă©motions ou tensions Ă©ventuelles et de sâancrer dans le moment. Il permet Ă©galement dâinstaurer un rapport de confiance entre lâintervenant(e) et la classe. Ensuite, en fonction des prioritĂ©s et de la classe, diffĂ©rents supports pĂ©dagogiques sont utilisĂ©s : dessins, images, sĂ©quences vidĂ©os, planches anatomiques, objets symboliques, moyens de contraception, brochures, etc.
SANTĂ SEXUELLE Suisse dĂ©veloppe, avec son rĂ©seau partenaire des supports dâinformation et dâĂ©ducation, par exemple des brochures pour les adolescent(e)s (HĂ© les filles HĂ© les gars, Crac crac boum boum), ou des films de tĂ©moignage (Body Talk) permettant de lancer une discussion sur une grande diversitĂ© de thĂ©matiques.
Un accent important est mis sur lâinteraction et lâĂ©change, dans une perspective positive de la sexualitĂ© et selon une approche basĂ©e sur les droits humains. Chaque Ă©lĂšve est libre de dĂ©cider dans quelle mesure il/elle veut participer.
LâĂ©ducation sexuelle est aussi proposĂ©e aux Ă©lĂšves en situation de handicap, quel que soit leur lieu dâĂ©tude ou de vie. Cette Ă©ducation sâappuie sur les mĂȘmes bases que lâĂ©ducation sexuelle holistique tout en mettant lâaccent sur les besoins spĂ©cifiques et lâĂ©coute de chaque enfant ou jeune.
LâĂ©ducation sexuelle pour les jeunes enfants
SANTĂ SEXUELLE Suisse promeut une Ă©ducation sexuelle dĂšs le plus jeune Ăąge. Chez les enfants en Ăąge prĂ©-scolaire (0-4 ans), lâapproche proposĂ©e associe dâabord les parents et les Ă©ducateurs/trices de la petite enfance. A lâexemple du projet proposĂ© par lâAssociation pour lâEducation Familiale du canton de Fribourg, lâĂ©ducation sexuelle est avant tout une Ă©ducation familiale oĂč adultes et enfants apprennent ensemble Ă Ă©changer autour de thĂšmes de lâĂ©ducation quotidienne dont la sexualitĂ© fait partie. Lâun des principaux dĂ©fis est dâapprendre aux adultes Ă se mettre Ă la place des enfants car la sexualitĂ© exprimĂ©e dans la petite enfance nâest souvent sexuĂ©e que dans le regard des adultes. Pour les enfants, la dĂ©couverte du corps est globale. Elle se fait par les sensations, le toucher et les mots, et nâest pas spĂ©cifique aux parties intimes.
LâĂ©ducation sexuelle est gĂ©nĂ©ralement intĂ©grĂ©e sous forme de programme dĂšs lâentrĂ©e Ă lâĂ©cole. Dans les petits degrĂ©s il sâagit de poser un cadre permettant la socialisation de lâenfant, notamment par lâapprentissage des rĂšgles de vie en sociĂ©tĂ© et des droits de lâenfant. Dans le contexte de la sexualitĂ©, cela se concrĂ©tise par lâapprentissage des diffĂ©rences entre les activitĂ©s qui relĂšvent du domaine privĂ© de celles qui ont leur place en public. Ceci nĂ©cessite une connaissance et un respect de son propre corps ainsi que de ses Ă©motions.
Lâenseignement des Ă©motions est une partie importante de la prĂ©vention des abus sexuels. Les enfants apprennent Ă les reconnaĂźtre, Ă les exprimer. DĂšs les premiĂšres annĂ©es dâĂ©cole, lâĂ©ducation sexuelle aborde aussi la question des diffĂ©rents modĂšles familiaux et relationnels et travaille avec les enfants sur leurs reprĂ©sentations. Les grands thĂšmes de lâĂ©ducation sexuelle comme la reproduction humaine, lâidentitĂ© sexuĂ©e et de genre, ou encore les normes sociales sur la sexualitĂ© sont aussi abordĂ©s sous forme dâhistoires, de jeux ou encore de dessins.
Les dĂ©fis de demain pour lâĂ©ducation sexuelle en Suisse
Les enfants et les jeunes grandissent dans une sociĂ©tĂ© oĂč lâexercice de leurs droits ne va pas de soi (ex. droit Ă lâintĂ©gritĂ© sexuelle, droit Ă la vie privĂ©e, droit Ă lâĂ©galitĂ© pour les personnes en situation de handicap). LâĂ©ducation est la meilleure porte dâentrĂ©e pour apprendre les droits et commencer Ă les exercer. Or, selon une Ă©tude en voie de publication[3], ni les parents, ni lâĂ©cole dans son ensemble ne dispensent une Ă©ducation tout Ă fait holistique au sens des standards europĂ©ens de lâOMS.
Sur la base de ce constat, SANTĂ SEXUELLE Suisse a identifiĂ© au moins trois dĂ©fis. LâĂ©cole devrait dĂ©velopper un programme dâĂ©ducation sexuelle holistique basĂ© sur les droits humains en se basant sur lâexpertise des spĂ©cialistes en santĂ© sexuelle. Ce programme devrait ĂȘtre mis en Ćuvre par les spĂ©cialistes en santĂ© sexuelle tout en impliquant de maniĂšre complĂ©mentaire dâautres intervenant(e)s comme, par exemple, lâinfirmiĂšr(e) scolaire, lâenseignant(e) de biologie ou l’intervenant(e) en travail social scolaire.
Lâensemble de ces professionnel(le)s devrait aussi se donner lâoccasion dâexpliquer et de rappeler les droits fondamentaux lorsquâils/elles abordent des questions de contraception ou dâinterruption de grossesse, rĂšglent lâutilisation du smartphone Ă lâĂ©cole ou rĂ©agissent Ă des injures homophobes. LâĂ©ducation sexuelle participe en effet Ă lâĂ©ducation citoyenne et tous les intervenant(e)s scolaires devraient bĂ©nĂ©ficier dâune formation pour assurer la qualitĂ© de leur cours. LâĂ©ducation sexuelle devrait faire partie de lâĂ©ducation de lâĂ©lĂšve au mĂȘme titre que les autres contenus, y compris pour lâĂ©lĂšve en situation(s) de handicap.
Quâils le souhaitent ou non, les parents sont en premiĂšre ligne dans lâĂ©ducation sexuelle. MĂȘme de bonne volontĂ©, ils ne parviennent que difficilement Ă faire lâĂ©ducation sexuelle de leur enfant. Tout comme la sexualitĂ©, lâĂ©ducation sexuelle nĂ©cessite un apprentissage. Les parents devraient pouvoir bĂ©nĂ©ficier dâoffres Ă bas seuil oĂč lâon Ă©change sur la sexualitĂ© comme lâon parle dâalimentation ou de gestion des devoirs Ă domicile. Les pĂšres en particulier devraient prendre une place dans cette Ă©ducation, de laquelle ils sont quasiment absents, selon les Ă©tudes scientifiques. Les enfants et les adolescent(e)s sont les bĂ©nĂ©ficiaires de lâĂ©ducation sexuelle mais les parents et les professionnel(le)s ne leur accordent pas souvent la parole pour exprimer leurs besoins sur l’Ă©ducation sexuelle. Si en gĂ©nĂ©ral les approches pĂ©dagogiques des intervenant(e)s externes Ă l’Ă©cole sont interactives et favorisent la participation des jeunes au cours, lâĂ©tude sur lâĂ©ducation sexuelle et les droits montre que le droit Ă la participation est surtout compris comme la participation des parents mais pas celle des adolescent(e)s.
Lâapproche des droits de lâenfant nâest donc clairement pas appliquĂ©e. Le droit dâĂȘtre entendu(e)s devrait sâappliquer aux enfants et aux jeunes lors de la conception et de la mise en Ćuvre des programmes. Ils devraient pouvoir donner leur avis sur les sujets Ă dĂ©velopper et les approches pĂ©dagogiques. Le principe de participation inscrit dans la Convention des Droits de lâEnfant devrait ĂȘtre appliquĂ© Ă lâĂ©ducation sexuelle. Ceci permettrait de mieux Ă©quilibrer les contenus entre mandat de prĂ©vention et discussion sur des sujets qui prĂ©occupent les Ă©lĂšves au quotidien (ex. identitĂ© et orientation sexuelle, stĂ©rĂ©otypes et sexisme, plaisir et sexualitĂ©, consentement et zone grise, etc.). Ceci permettrait aussi de complĂ©ter les cours dâĂ©ducation sexuelle par des approches diffĂ©rentes telles que lâapproche par les pairs.
[1] OMS Bureau rĂ©gional pour l’Europe et BZgA (2010/2013 version française), Standards pour l’Ă©ducation sexuelle en Europe, https://www.alliance-educationsexuelle.ch/jt_files/jt_files_filename_0005_1202974180.pdf, consultĂ© le 18.02.2019
[2] Questions rĂ©ponses sur lâĂ©ducation sexuelle Ă lâĂ©cole auprĂšs des enfants et des jeunes, www.alliance-educationsexuelle.ch, consultĂ© le 18.02.2019
[3] Charmillot, M. (UNIGE), Földhazi, A. (HETS GenĂšve), Jacot-Descombes, C. (SSCH), Kunz, D. (HSLU), Roth, N. (HSLU) (en voie de publication). Parler des droits sexuels Ă lâĂ©cole ? Une Ă©vidence, un idĂ©al ou un luxe ? Perceptions et pratiques des parents, des jeunes, des enseignant.e.s et des spĂ©cialistes de lâĂ©ducation sexuelle.
[4] Voir par exemple : Barrense-Dias Y., Akre C., Berchtold A., Leeners B., Morselli D., Suris J-C. (2018). Sexual health and behavior of young people in Switzerland. Lausanne: Institut universitaire de médecine sociale et préventive. Zugriff 19.03.2019 : http://dx.doi.org/10.16908/issn.1660-7104/291
« La premiĂšre fois que votre bĂ©bĂ© vous dit « Maman », câest le plus beau jour de votre vie. Aujourdâhui, ce nâest plus un mot que je suis heureuse dâentendre. « Maman », câest devenu un mot de torture. »
TĂ©moignage d’un parent Ă©puisĂ©
Quand on devient parent, nombreuses sont les attentes autour de la parentalitĂ©. En gĂ©nĂ©ral, on pense que celle-ci va apporter majoritairement de l’Ă©panouissement et des Ă©motions positives. La sociĂ©tĂ© et l’entourage renforcent cette image biaisĂ©e. Pourtant, la parentalitĂ© est loin dâĂȘtre un long fleuve tranquille. Elle est un « mĂ©tier » Ă la fois complexe et stressant. Etre parent, c’est aussi souvent un travail exigeant dont on ne peut jamais dĂ©missionner. Les pĂšres et les mĂšres n’ont jamais Ă©tĂ© aussi conscients du rĂŽle qu’ils jouent dans le dĂ©veloppement de leur enfant. Ils ne se sont jamais autant posĂ© de questions sur « comment ĂȘtre un bon parent ». Jamais dans lâhistoire la pression sociale nâa Ă©tĂ© aussi forte envers eux.
Face Ă ces nombreux dĂ©fis, il peut arriver que les parents craquent. Pour certains, durablement. Ces pĂšres et ces mĂšres se retrouvent en souffrance. Ils sont passĂ©s du stress ordinaire Ă un Ă©puisement intense dans leur rĂŽle de parent. Câest ce quâon appelle le burnout parental (BOP).
Face Ă ce constat, la MutualitĂ© chrĂ©tienne (MC) a souhaitĂ© sâinscrire rĂ©solument dans la voie du soutien Ă la parentalitĂ©. Câest donc tout naturellement quâelle a rĂ©pondu favorablement Ă la demande du DĂ©partement de Psychologie de lâUCLouvain de participer activement Ă ses Ă©tudes relatives Ă la prĂ©valence et aux consĂ©quences du BOP. La collaboration UCLouvain/MC sâest ensuite poursuivie via la participation Ă une recherche visant la prise en charge des parents touchĂ©s par le burnout parental. Cette recherche, qui constitue une premiĂšre mondiale, a pris la forme de cycles dâatelier pour parents en burnout, en huit sĂ©ances animĂ©es par des psychologues. Lâobjectif Ă©tait de mesurer lâefficacitĂ© de deux protocoles de prise en charge distincts. Nous y reviendrons plus loin dans cet article.
Une collaboration solide entre la MC et lâUCLouvain sâest donc dĂ©veloppĂ©e au fil des annĂ©es autour de trois dimensions du burnout parental : la recherche, le thĂ©rapeutique et la prĂ©vention.
Le burnout parental, câest quoi ?
Le burnout parental est un syndrome qui touche tous les parents exposés à un stress parental chronique. Il présente plusieurs facettes :
LâĂ©puisement
Câest la facette qui apparaĂźt le plus souvent en premier. Le parent a le sentiment dâĂȘtre Ă©puisĂ©, vidĂ©, au bout du rouleau. Cet Ă©puisement peut se manifester au niveau Ă©motionnel (sentiment de ne plus en pouvoir), cognitif (impression de ne plus arriver Ă rĂ©flĂ©chir correctement) et/ou physique (fatigue).
La distanciation affective avec les enfants
Il sâagit probablement dâun mĂ©canisme de dĂ©fense vis-Ă -vis de lâĂ©puisement. Le parent nâa plus lâĂ©nergie de sâinvestir autant qu’avant dans sa relation avec ses enfants : il prĂȘte moins d’attention Ă ce qu’ils lui racontent ; il accorde moins d’importance Ă ce qu’ils vivent et ressentent, il fait le minimum pour leur bien-ĂȘtre (trajets, repas, coucher…) mais n’a plus le courage d’en faire plus.
La perte dâefficacitĂ© et dâĂ©panouissement dans son rĂŽle de parent
âLe parent nâen peut plus dâassumer son rĂŽle de pĂšre ou de mĂšre, rĂŽle dans lequel il ne sâĂ©panouit plus. Il a lâimpression que ce rĂŽle lui demande « trop » et il ne le supporte plus. Ce nâest pas tant les enfants qui sont directement en cause mais plutĂŽt lâidentitĂ© parentale elle-mĂȘme.
Le contraste
Cette autre facette du burnout parental correspond Ă une prise de conscience : le parent nâest plus le parent quâil a Ă©tĂ©. Il se sent « diffĂ©rent », Ă cĂŽtĂ© de lui-mĂȘme. Lorsquâil interagit avec ses enfants, il ne se reconnaĂźt plus. Il pense quâil nâest plus le bon pĂšre/la bonne mĂšre quâil a Ă©tĂ© pour ses enfants. De cette prise de conscience dĂ©coulent honte et perte de fiertĂ©. On retrouve bien lâidĂ©e dâun contraste entre un avant (le parent idĂ©al auquel on a voulu ressembler) et un aprĂšs (le parent Ă©puisĂ©, distant et saturĂ© quâon est devenu).Notons quâil nâest pas nĂ©cessaire que toutes les facettes (Ă©puisement, distanciation, saturation et contraste) soient prĂ©sentes pour quâon parle de burnout parental. Il suffit que 60% des symptĂŽmes soient suffisamment sĂ©vĂšres et frĂ©quents pour quâon parle identifie de burnout parental. On lâaura compris, chaque histoire de burnout parental est singuliĂšre.
« JâĂ©tais Ă©puisĂ©e, jâĂ©tais juste incapable de rĂ©pondre aux sollicitations de mon aĂźnĂ©e. La moindre chose Ă faire me demandait vraiment trop dâĂ©nergie et je nâen avais plus. Vraiment plus. JâĂ©tais juste en mode survie. »
Facteurs de risque versus Facteurs de protection
Le burnout parental est une maladie du spectre du stress. On peut le considĂ©rer comme le rĂ©sultat dâun dĂ©sĂ©quilibre entre des facteurs de stress spĂ©cifiques Ă la parentalitĂ© (les stresseurs parentaux) et des ressources incapables de compenser les effets dĂ©lĂ©tĂšres de ces stresseurs (les ressources parentales).
On distingue cinq catégories de stresseurs :
- Stresseurs dĂ©mographiques : le nombre d’enfants, la taille de l’habitation, le manque de revenusâŠ
- Stresseurs situationnels : liĂ©s Ă la situation prĂ©sente, ils peuvent ĂȘtre compliquĂ©s par une maladie ou un handicap de l’enfant.
- Stresseurs personnels : liés à la personnalité du parent. Les parents perfectionnistes éprouvent plus de difficultés à trouver leur équilibre.
- Stresseurs liĂ©s Ă la relation avec l’enfant : la maniĂšre dont on se comporte avec l’enfant peut augmenter le stress quotidien (Ă©ducation inconsistanteâŠ).
- Stresseurs liĂ©s au couple: si les deux parents ne s’accordent pas sur la maniĂšre d’Ă©lever les enfants ou si l’un des deux doit rĂ©guliĂšrement s’absenterâŠ
Les Ă©tudes de lâUCLouvain ont montrĂ© que tous les stresseurs/ressources nâavaient pas la mĂȘme importance. Ce sont les stresseurs personnels, ceux liĂ©s Ă la relation Ă lâenfant et ceux liĂ©s au couple, qui sont les plus dĂ©terminants pour le burnout, alors que les stresseurs/ressources sociodĂ©mographiques et situationnels ont moins dâimportance.
Ces rĂ©sultats sont rassurants car, contrairement Ă la plupart des facteurs sociodĂ©mographiques et situationnels, les stresseurs personnels, ceux liĂ©s Ă la relation Ă lâenfant et ceux liĂ©s au couple, sont des facteurs sur lesquels on peut agir pour Ă©viter le burnout ou en sortir.
En Belgique, la prĂ©valence estimĂ©e des parents en situation de burnout parental est de 5 Ă 8%. Cela signifie quâĂ lâheure prĂ©cise de ce rapport, entre 150.000 et 210.000 parents seraient donc concernĂ©s par cette problĂ©matique.
Conséquences du burnout parental
Le burnout parental est avant tout une affaire dâaccumulation. Il nâapparaĂźt pas subitement, mais est davantage un processus, un cercle vicieux.
Le burnout peut avoir des conséquences graves :
- sur le parent lui-mĂȘme : problĂšmes de santĂ©, addictions, intentions suicidaires… Par comparaison avec le burnout professionnel, on retrouve beaucoup plus dâidĂ©es suicidaires et dâenvies de fuir en cas de burnout parental. sur le couple : irritabilitĂ©, augmentation des conflits…
- sur la relation parent-enfant : augmentation des comportements de nĂ©gligence et de violence Ă lâencontre des enfants. Le burnout parental multiplie par 13 le risque de nĂ©gliger ses enfants et par 20 le risque de les violenter (en comparaison, le burnout professionnel multiplie ces risques de 1.3 concernant la nĂ©gligence et de 0.6 concernant la violence).
Et, gĂ©nĂ©ralement, la personne qui en est victime se sent trĂšs coupable. Les consĂ©quences et les symptĂŽmes prĂ©sentĂ©s ne sont pas prĂ©sents chez tous les parents. A noter Ă©galement que câest le contraste qui importe. Par exemple, un parent qui a toujours Ă©tĂ© nĂ©gligent, colĂ©rique ou violent nâest pas en burnout parental.
Dans ce contexte, le dĂ©veloppement dâinterventions ciblĂ©es et efficaces pour soutenir les parents en burnout devient prioritaire. Câest Ă ce besoin que vise Ă rĂ©pondre la prise en charge spĂ©cifique que nous aborderons plus loin dans cet article.
Comment agir face au burnout parental ?
Le burnout parental se combat, dâune part, via la sensibilisation/la prĂ©vention et, dâautre part, par une prise en charge spĂ©cifique.
Câest parce que ces deux aspects sont complĂ©mentaires que le partenariat MC â UCLouvain est si pertinent, si porteur de sens. La combinaison de ces deux niveaux dâaction permet une approche globale du problĂšme.
Avant toute intervention : la sensibilisation et la prévention
Comment combattre quelque chose qui nâest pas reconnu, pas identifiĂ© ? Comment savoir si on est malade quand la maladie nâest pas nommĂ©e ? Une premiĂšre Ă©tape consiste donc Ă lever le voile sur la problĂ©matique du burnout parental et de la porter Ă la connaissance du grand public et des professionnels de la santĂ©. Pour Ćuvrer Ă cette tĂąche, les deux institutions ont joint leurs forces.
La MC a mis sur pied en 2015 un vaste programme autour du bien-ĂȘtre psychologique intitulĂ© « je pense aussi Ă moi », mettant en avant la nĂ©cessitĂ© de prĂ©server un espace de bien-ĂȘtre personnel, un Ă©quilibre entre tous les rĂŽles que chacun est amenĂ© Ă jouer dans sa vie, et notamment le rĂŽle de parents parents. Ainsi, dans le cadre de ce projet, nous avons mobilisĂ© des experts du bien-ĂȘtre mental pour sensibiliser, dans un premier temps, la population globale et, dans un second temps, spĂ©cifiquement les parents Ă se questionner sur leur rĂ©alitĂ© quotidienne.
LâUCLouvain nous a alors apportĂ© son expertise de recherche et dĂ©montrĂ© statistiquement, pour la premiĂšre fois, lâexistence et la prĂ©valence du burnout parental en Belgique. Ceci nous a permis dâĂ©noncer des messages spĂ©cifiques de sensibilisation Ă lâĂ©gard des parents, au travers de plusieurs outils: site internet, rĂ©seaux sociaux, cartes postales, Ă©vĂ©nementsâŠNous avons poursuivi notre collaboration pour mettre en place des actions prĂ©ventives Ă destination des parents :
- des conférences avec Isabelle Roskam et Moïra Mikolajczak portant sur les défis de la parentalité et le risque de burnout parental dans la partie francophone et germanophone du pays (plus de 900 personnes ont assisté à ces conférences) ;
- des ateliers ciblĂ©s « familles » permettant de faire face Ă des situations difficiles pouvant plonger les parents dans le burnout : gestion des Ă©motions, enfants difficiles, relations parent-enfantâŠ;
- la publication dâun carnet de bord pour les parents, avec une large contribution dâIsabelle Roskam, sur les « ficelles » du mĂ©tier de parents et les piĂšges Ă Ă©viter ;
- un site internet avec des contenus ciblant le burnout parental, et des solutions concrĂštes pour ne pas sây enliser (www.jepenseaussiamoi.be) + un site internet dĂ©diĂ© au burnout parental (www.burnoutparental.com)
- des Ă©missions radios et des passages tĂ©lĂ©visĂ©s pour les chercheuses de lâUCL, avec des questions de parents en direct.
La prise en charge des parents en détresse
Le deuxiĂšme volet consiste Ă apporter directement de lâaide aux parents en Ă©puisement. Comme dit plus haut, actuellement en Belgique, cette rĂ©alitĂ© est celle de 5 Ă 8% des parents.
Une prise en charge spécifique pour le burnout parental : premiÚres avancées au niveau mondial !
Au vue de lâimportance et de lâurgence des demandes dâaide autour de la problĂ©matique du burnout parental, les chercheuses ont souhaitĂ© Ă©tudier une prise en charge spĂ©cifique et tester lâefficacitĂ© de prises en charge de groupes. Il sâagit dâune premiĂšre mondiale sur le sujet. Des groupes dâaccompagnement pour parents en burnout ont Ă©tĂ© proposĂ©s gratuitement en Wallonie et Ă Bruxelles entre fĂ©vrier et juin 2018.
Cette Ă©tude a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e grĂące Ă la collaboration entre LâUCLouvain et la MC.Sur base des recherches menĂ©es sur le vĂ©cu et les facteurs de risque du burnout parental, deux types dâinterventions de groupe ont Ă©tĂ© proposĂ©es :
- Une intervention quâon pourrait appeler « intervention structurĂ©e », plus directive, dĂ©veloppĂ©e sur la base du modĂšle Ă©tiologique du burnout parental, la balance des risques et des ressources. Le burnout parental rĂ©sulte en effet dâun dĂ©sĂ©quilibre entre les facteurs qui augmentent le stress parental (= risques) et les facteurs qui le diminuent (= ressources). Lâobjectif de lâintervention est de rĂ©Ă©quilibrer leparent en allĂ©geant les stresseurs et/ou en optimisant les ressources.
- Une intervention appelĂ©e « intervention de type groupe de parole », plus libre, dans laquelle les intervenants adressent aux parents des questions ouvertes afin de leur permettre dâextĂ©rioriser leur souffrance, de mieux la comprendre et la soulager avec lâaide du groupe. Dans ce cas-ci, lâobjectif est de favoriser la conscientisation des parents, de les amener Ă trouver leurs propres solutions : « les parents savent, mais ils ne savent pas quâils savent ».
Les deux interventions ont exactement les mĂȘmes caractĂ©ristiques formelles : elles se dĂ©veloppent en 8 sĂ©ances dâune durĂ©e de 2 heures environ, une fois par semaine, en groupe de 12-15 parents, animĂ©es par des psychologues spĂ©cifiquement formĂ©s.
MĂ©thodologie
L’objectif principal de lâĂ©tude Ă©tait de tester l’efficacitĂ© de prises en charge de groupe dans les cas de burnout parental. Pour ce faire, le travail de prĂ©paration et collecte des donnĂ©es sâest dĂ©roulĂ© en plusieurs Ă©tapes :
1. Formation des intervenants : une Ă©quipe de 22 psychologues a Ă©tĂ© formĂ©e aux deux types dâintervention par lâĂ©quipe de lâUCL (Isabelle Roskam, MoĂŻra Mikolajczak et Maria Elena Brianda).
2. Actions dâinformation et sensibilisation du grand public autour du burnout parental et de cette initiative.
3. Recrutement des participants : les parents intĂ©ressĂ©s se sont inscrits aux groupes via un formulaire en ligne. Les seuls critĂšres dâinclusion Ă©taient avoir au moins un enfant vivant encore au domicile et ressentir les symptĂŽmes principaux de lâĂ©puisement parental.
4. RĂ©alisation des groupes et collecte des donnĂ©es : 14 groupes ont Ă©tĂ© finalement animĂ©s (8 interventions « structurĂ©es » et 6 interventions de type « groupe de parole »). Tous les participants ont complĂ©tĂ© un protocole dâĂ©valuation avant le dĂ©but de la prise en charge (temps 1), immĂ©diatement aprĂšs (temps 2) et trois mois aprĂšs la fin des sĂ©ances (temps 3). LâĂ©valuation a consistĂ© en la prise des mesures suivantes :
- des mesures auto-rapportĂ©es par questionnaire (telles que la sĂ©vĂ©ritĂ© des symptĂŽmes de burnout parental, les comportements de nĂ©gligence et violence Ă lâĂ©gard des enfantsâŠ) ;
- des mesures auto-rapportées par enregistrements (le parent est invité à parler pendant 5 minutes de sa parentalité et pendant 5 minutes de son travail) ;
- des mesures hétéro-rapportées par le conjoint ou un proche (sévérité perçue des symptÎmes de burnout parental, irritabilité) ;
- des mesures biologiques (analyse des niveaux de cortisol capillaire, qui permet de mesurer le stress accumulé au cours des trois derniers mois).
Des résultats éloquents
La prĂ©sentation des rĂ©sultats de cette Ă©tude se focalise essentiellement sur les effets des deux types dâinterventions proposĂ©es sur le niveau du burnout parental des participants et la frĂ©quence des comportements de nĂ©gligence et de violence envers les enfants.
Analyse du groupe contrĂŽle de type « liste dâattente »
Par lâobservation du groupe contrĂŽle, nous pouvons vĂ©rifier si le niveau de burnout parental et la prĂ©sence de comportements de nĂ©gligence et de violence se modifient spontanĂ©ment avec le temps, en lâabsence de lâintervention, au cours dâune pĂ©riode de 8 semaines (ce qui correspond Ă la durĂ©e des groupes dâaccompagnement proposĂ©s dans le cadre de cette Ă©tude). Les rĂ©sultats sur un Ă©chantillon de 40 parents montrent quâen lâabsence dâintervention, les niveaux de burnout parental, de nĂ©gligence et de violence restent stables entre les deux temps de mesure : les symptĂŽmes ne se rĂ©duisent pas spontanĂ©ment avec le temps.
Analyses des effets des interventions de groupe sur le niveau de burnout parental
Les changements des niveaux de burnout parental entre le temps 1 (juste avant le début des groupes) et le temps 2 (immédiatement aprÚs la fin des groupes), dans le cadre des deux différentes interventions (« structurée » et « groupe de parole ») ont été analysés.
- Chez les parents qui ont participĂ© aux groupes dâintervention de type « groupe de parole », les symptĂŽmes du burnout parental rĂ©gressent de 22.67% (rĂ©duction significative du score moyen au questionnaire dâĂ©valuation du burnout parental, qui passe de 84.21 Ă 65.12, câest-Ă -dire en dessous du seuil clinique du burnout parental).
- Chez les parents qui ont participĂ© aux groupes dâintervention « structurĂ©e », les symptĂŽmes du burnout parental rĂ©gressent de 32.42% (rĂ©duction significative du score moyen qui passe de 89.85 Ă 60.72, câest-Ă -dire en dessous du seuil clinique du burnout parental).
Analyses des effets des interventions de groupe sur les comportements de négligence et de violence envers les enfants
La présence de comportements de négligence et violence envers les enfants au temps 1 (juste avant le début des groupes) et au temps 2 (immédiatement aprÚs la fin des groupes), dans le cadre des deux différentes interventions (« structurée » et « groupe de parole ») ont été analysés.
- Les comportements de nĂ©gligence diminuent significativement entre les temps 1 et 2 dans les deux types dâintervention. Plus en dĂ©tail, les parents qui ont suivi lâintervention de type « groupe de parole » montrent une rĂ©duction des comportements de nĂ©gligence de 21.49% (rĂ©duction significative du score moyen qui passe de 23.17 Ă 18.19 ; chez les parents qui ont suivi lâintervention « structurĂ©e » on observe une rĂ©duction lĂ©gĂšrement supĂ©rieure de 24.92% (le score moyen passe de 22.23 Ă 16.69).
- De mĂȘme, les comportements de violence diminuent significativement entre les temps 1 et 2 dans les deux types dâintervention. Plus en dĂ©tail, les parents qui ont suivi lâintervention de type « groupe de parole » montrent une rĂ©duction des comportements de violence de 23.08% (le score moyen de violence envers les enfants passe de 21,79 Ă 16,76) ; chez les parents qui ont suivi lâintervention « structurĂ©e » on observe une rĂ©duction lĂ©gĂšrement supĂ©rieure de 28.2% (le score moyen passe de 21.56 Ă 15.48 ).
Analyses des effets des interventions de groupe sur le long terme
Nous avons invitĂ© les participants Ă complĂ©ter une derniĂšre fois le protocole dâĂ©valuation trois mois aprĂšs la fin des sĂ©ances (temps 3), afin de vĂ©rifier si les effets observĂ©s immĂ©diatement aprĂšs la fin de lâintervention (temps 2) se maintiennent sur le long terme. 67 parents ont acceptĂ© de remplir les mesures demandĂ©es au temps 3 .
- Le niveau du burnout parental des participants continue Ă dĂ©croĂźtre significativement jusquâau temps 3, dans les deux types dâintervention : par rapport Ă la ligne de base, on observe une rĂ©duction du niveau de burnout parental de 27.56% au temps 2 et de 37.64% au temps 3. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, on observe une rĂ©duction plus marquĂ©e entre le temps 2 et le temps 3 pour les parents qui ont suivi lâintervention de type « groupe de parole » par rapport Ă lâintervention « structurĂ©e ».
- La prĂ©sence de comportements de nĂ©gligence envers les enfants continue Ă dĂ©croĂźtre significativement jusquâau temps 3, mais seulement auprĂšs des parents qui ont suivi lâintervention de type « structurĂ©e ». La chute des comportements de nĂ©gligence envers les enfants sâinterrompt entre le temps 2 et le temps 3 chez les parents qui ont suivi lâintervention de type « groupe de parole ». Au contraire, pour les parents faisant partie des groupes dâintervention « structurĂ©e », le score de nĂ©gligence envers les enfants continue Ă baisser : on observe une rĂ©duction de 27.62% au temps 2 qui devient de 36.56% des symptĂŽmes au temps 3.
- La prĂ©sence de comportements de violence envers les enfants continue Ă dĂ©croĂźtre significativement jusquâau temps 3, dans les deux types dâintervention : par rapport Ă la ligne de base, on observe une rĂ©duction des comportements maltraitants de 24.20% au temps 2 et de 28.64% au temps 3.
Des suites déjà prévues
Forte de ces avancĂ©es, lâUCLouvain souhaite Ă©valuer lâefficacitĂ© dâun programme amĂ©liorĂ© dâaccompagnement pour parents en burnout. La MC a donc tout naturellement souhaitĂ© se mobiliser autour de cette nouvelle recherche. Ainsi, 6 nouveaux cycles de prise en charge pour parents en burnout seront proposĂ©s, dans ces 4 rĂ©gions : Bruxelles, Brabant-Wallon, Namur et Hainaut. Les parents peuvent sâinscrire gratuitement sur www.mc.be/burnout-parent. Les rĂ©sultats seront attendus pour la fin de lâannĂ©e 2019.
Qui prend en charge les parents ?
Maintenant que nous savons que les protocoles de prise en charge fonctionnent, se pose lĂ©gitimement la question du « qui ». Quels professionnels sont en mesure de comprendre la dĂ©tresse des parents et de les aider Ă retrouver leur Ă©quilibre ?La problĂ©matique du burnout parental Ă©tant assez neuve, il sâavĂšre nĂ©cessaire de sensibiliser dâune part, et de former dâautre part les professionnels qui entourent les parents.
Des conférences pour sensibiliser, des formations pour développer le réseau
Pour relever le dĂ©fi, les Ă©quipes de la MCont contactĂ© les professionnels de leur rĂ©gion afin dâattirer leur attention sur la problĂ©matique : mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes, ONE, sages-femmes, travailleurs sociaux, SAJ (Services de lâAide Ă la Jeunesse), pĂ©diatres, et bien entendu psychologues et psychiatres, et bien dâautres encore ont Ă©tĂ© invitĂ©s Ă 6 confĂ©rences sur la thĂ©matique du burnout parental, dispensĂ©es par MoĂŻra Mikolajczak, Isabelle Roskam et Maria-Elena Brianda. Ce ne sont pas moins de 500 professionnels qui ont ainsi Ă©tĂ© sensibilisĂ©s et informĂ©s au cours de ce mois de dĂ©cembre 2018.
Toujours dans le mĂȘme esprit de synergie des formations certifiĂ©es seront organisĂ©es au printemps 2019. Elles permettront la constitution dâun panel de professionnels formĂ©s Ă la dĂ©tection et Ă la prise en charge du burnout parental dans chaque rĂ©gion, y compris dans les centres de planning et dans les centres de santĂ© mentale (structures plus accessibles dâun point de vue financier).
- Pour les professionnels dits de « premiĂšre ligne » (psys, AS, mĂ©decins, sages-femmes, Ă©ducateurs, puĂ©ricultrices, accueillantes dâenfants.âŠ), il sâagira de repĂ©rer les parents et de les orienter.
- Pour les professionnels dits de « deuxiĂšme ligne » (psychologues et psychothĂ©rapeutes), il sâagira de sâoutiller pour prendre en charge le burnout parental.
Ces formations seront assurĂ©es par les Ă©quipes de lâUCLouvain et donneront accĂšs Ă une certification. Les inscriptions sont dâores et dĂ©jĂ ouvertes (www.mc.be/burnout-parent), et plus de 50 professionnels ont dĂ©jĂ manifestĂ© leur intĂ©rĂȘt Ă ĂȘtre formĂ©s.
Conclusions
Cette Ă©tude, est la premiĂšre Ă©tude au monde visant lâefficacitĂ© dâune prise en charge spĂ©cifique pour le burnout parental. Le burnout parental Ă©tant un syndrome spĂ©cifique (diffĂ©rent du stress parental, de la dĂ©pression et du burnout professionnel), avec des consĂ©quences spĂ©cifiques (notamment lâapparition de comportements de nĂ©gligence et violence envers les enfants), il est nĂ©cessaire de concevoir des accompagnements ciblĂ©s pour rĂ©duire ses symptĂŽmes.
Les rĂ©sultats indiquent que les interventions de groupe conçues dans le cadre de cette Ă©tude rĂ©duisent significativement les symptĂŽmes du burnout parental, ainsi que lâapparition de comportements de nĂ©gligence et violence envers les enfants, plus particuliĂšrement encore dans le cas de lâintervention que nous avons appelĂ©e « structurĂ©e ». Ces effets positifs ont Ă©tĂ© constatĂ©s immĂ©diatement aprĂšs la fin des 8 sĂ©ances de lâaccompagnement et ils tendent Ă augmenter au fil du temps, pour les deux types dâintervention.
La MC, via son service de promotion de la santĂ©, poursuit le travail de soutien Ă la parentalitĂ©. Cette prĂ©vention a un impact primordial sur la santĂ©. Elle agit comme un rempart contre la nĂ©gligence et la maltraitance Ă lâĂ©gard des enfants, et impacte positivement les parents souffrant de burnout. En effet, le diagnostic rapide et un accompagnement adĂ©quat peut permettre de prĂ©venir le suicide, la consommation dâalcool, les problĂšmes de sommeil, etc.
Dans un premier temps, le rĂŽle de la MC a Ă©tĂ© essentiellement dâinformer, de faire parler du sujet et de sensibiliser la sociĂ©tĂ© et plus spĂ©cifiquement les parents au burnout sur base des connaissances accumulĂ©es. Lâobjectif est bien de lever le tabou, mettre des mots sur la souffrance et lĂ©gitimer auprĂšs des parents la demande dâaide. Ce travail constitue la trame de fond et est toujours dâactualitĂ©, mĂȘme si le dialogue est dĂ©sormais plus ouvert sur le burnout parental.
Dans un second temps, la MC a tenu Ă endosser son rĂŽle de partenaire santĂ© de rĂ©fĂ©rence auprĂšs des professionnels pour, lĂ aussi, amĂ©liorer la prĂ©vention et la promotion de la santĂ©. Cela sâest traduit, dâune part, par la mise en place des confĂ©rences pour informer et sensibiliser les professionnels/prestataires. Et dâautre part, par la mise en place des formations certifiĂ©es au printemps 2019, qui permettront la constitution dâun panel de professionnels formĂ©s Ă la dĂ©tection et Ă la prise en charge du burnout parental en Wallonie et Ă Bruxelles.
Retrouvez le projet Je pense aussi Ă moi de la MutualitĂ© ChrĂ©tienne sur le site http://www.jepenseaussiamoi.be/ ou dans le numĂ©ro 341 dâEducation SantĂ© https://educationsante.be/article/je-pense-aussi-a-moi-des-outils-pour-ne-pas-soublier/
Travaux de recherches des docteures et professeures Isabelle Roskam et MoĂŻra Mikolajczak.
Pourquoi opter pour un dispositif de groupe ? Celui-ci a une fonction de « normalisation » et de « soulagement » de la souffrance, par la prĂ©sence dâautres parents dans la mĂȘme situation.
Brianda M-E., Mikolajczak M., Roskam I., Une prise en charge spécifique pour le burn-out parental. PremiÚre étude au monde sur le sujet. Louvain-la-Neuve, 2018.
Mikolajczak M., Roskam I., Le burn-out parental. Comprendre, diagnostiquer et prendre en charge, Louvain-la-Neuve, 2018.
Il est important de noter que cette prĂ©valence[5] de 5 Ă 8% est calculĂ©e sur un temps « T » dĂ©fini, mais en rĂ©alitĂ©, il semblerait quâau moins 15 Ă 20% des parents soient en difficultĂ© Ă un moment de leur parentalitĂ©.
« Ăa veut dire que certains jours, vous dites oui pour quelque chose et dâautres jours, le contraire. Cela augmente les demandes et donc le stress parce que lâenfant comprend que si il insiste, il peut obtenir ce quâil veut ». – http://www.jepenseaussiamoi.be/
Mikolajczak M., Roskam I., Le burn-out parental. Comprendre, diagnostiquer et prendre en charge, Louvain-la-Neuve, 2018.
Mikolajczak M., Roskam I., Le burn-out parental. Comprendre, diagnostiquer et prendre en charge, Louvain-la-Neuve, 2018.
Pour le ComitĂ© de Pilotage des Rencontres « Ensemble pour la santĂ© – Samen voor gezhondheid », http://www.samenvoorlasante.be
Dans le numĂ©ro 340 dâEducation SantĂ©, Manon Gobeaux est lâauteure dâun article faisant suite aux Rencontres ‘Ensemble pour la santĂ©’, organisĂ©es les 1ier et 2 dĂ©cembre 2017.
Lâobjectif gĂ©nĂ©ral de ces Rencontres Ă©tait de « promouvoir les actions locales et participatives sur les dĂ©terminants sociaux de la santĂ© afin dâamĂ©liorer la santĂ© des populations et de rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ©. » De leur organisation jusquâĂ leur Ă©valuation, ces Rencontres Ă©taient placĂ©es sous le signe de la participation dâacteurs de la santĂ©, quâils soient professionnels â politiques â citoyens (Retrouvez plus de contenu sur lâĂ©valuation dans lâarticle dâEstelle Georgin et de Chantal Vandoorne dans le numĂ©ro 353).
Outre le fait que la participation soit la thĂ©matique des Rencontres, il sâagissait de la considĂ©rer comme une fin en soi, câest-Ă -dire de voir dans le processus participatif un intĂ©rĂȘt tout aussi important que le rĂ©sultat final, Ă savoir lâĂ©mergence dâun corpus de connaissances partagĂ©es. Ces deux aspects sont reflĂ©tĂ©s dans la conclusion de lâarticle de Manon Gobeaux: « [âŠ] ce nâest pas tant lâapport de nouvelles connaissances qui a marquĂ© cette premiĂšre Ă©dition dâ « Ensemble pour la santĂ© » mais bien la prise de conscience de lâimportance du processus en lui-mĂȘme ! ».
Un an aprĂšs, nous revenons sur ces Rencontres par le biais dâune mindmap, co-construite lors dâun des ateliers de lâĂ©vĂšnement, dont nous souhaitons mettre en avant le processus de construction ainsi que son contenu. Lâatelier en question visait Ă rĂ©flĂ©chir et Ă Ă©changer sur les conditions au dĂ©veloppement dâactions locales, participatives et citoyennes.
Pour rĂ©flĂ©chir cette question, lâensemble des participant(-es) a Ă©tĂ© rĂ©parti en groupes dâune dizaine de personnes. Dans chaque groupe, 2 personnes Ă©taient des « contributeurs/contributrices », câest-Ă -dire des reprĂ©sentant(-es) dâactions locales et participatives menĂ©es sur le terrain belge.
Dans un premier temps, les contributeurs/contributrices ont partagé leur expérience à leur groupe, ils ont expliqué en quoi consiste leur action, comment elle est née, pour qui et par qui elle est menée, etc.
Dans un deuxiĂšme temps, sur base de lâexpĂ©rience de ces deux initiatives et de lâexpĂ©rience des personnes, chaque groupe Ă©tait invitĂ© Ă trouver des rĂ©ponses aux trois questions suivantes :
- Quels sont les points communs entre les deux initiatives présentées ?
- Quels sont les leviers Ă la mise en place dâinitiatives locales et participatives ?
- Quels sont les freins Ă la mise en place dâinitiatives locales et participatives ?
La consigne Ă©tait dâinscrire les rĂ©ponses sur des post-it de couleur (bleu pour les points communs, vert pour les leviers et jaune pour les freins) qui allaient ensuite ĂȘtre reportĂ©es et organisĂ©es sur une toile par un animateur en intelligence collective[1]. Cette animation a permis dâaboutir Ă la mindmap ci-dessous. Les Ă©lĂ©ments qui la composent ont donc Ă©tĂ© proposĂ©s par les 150 participant(es).
Cette forme dâanimation a Ă©tĂ© bĂ©nĂ©fique Ă plusieurs Ă©gards et fait lâobjet dâune analyse pointue dans le rapport dâĂ©valuation de lâAPES-ULG[2].
Quelque temps aprĂšs lâĂ©vĂšnement, un groupe de travail au sein des organisateurs des Rencontres a ressorti la toile et sâest penchĂ© sur sa traduction graphique pour en faire un outil interactif par lequel diffuser les rĂ©sultats des Ă©changes aux participant(-es), mais plus largement aussi, Ă toutes personnes dĂ©sireuses dâĂȘtre acteurs/actrices du changement. Ce travail impliquait aussi de se plonger dans le contenu de la mindmap et dâen faire Ă©merger des constats.
Pour ce faire, nous avons travaillĂ© avec un graphiste et un informaticien. Nous leur apportions le contenu et ils le mettaient en action. Ainsi, la mindmap a vu le jour sur lâinternet 2.0. Le principe est simple : lorsque lâon passe sa souris sur les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments du dessin, le contenu des post-it apparait. Mais, pour garantir la lisibilitĂ© de la mindmap, il a fallu regrouper les post-it en catĂ©gories en fonction du dessin de fond. Ce dernier, imaginĂ© par lâanimateur en intelligence collective simultanĂ©ment Ă la rĂ©ception des post-it, a quant Ă lui Ă©tĂ© redessinĂ© graphiquement (Ă lâidentique) comme on le voit sur lâillustration ci-dessous.
Que nous dit la mindmap sur les freins et leviers au dĂ©veloppement dâactions locales et participatives ?
Dâabord, quâau commencement, un certain nombre de facteurs peuvent venir freiner la participation des individus Ă des actions collectives : pour participer il faut se comprendre et donc, parler la mĂȘme langue ; il faut avoir la volontĂ© de participer et se sentir en confiance ; il faut avoir les informations, et puis il faut comprendre lâintĂ©rĂȘt des actions locales et participatives. En rĂ©ponse Ă ces freins, des leviers ayant trait Ă une posture individuelle ont Ă©tĂ© identifiĂ©s : sâengager, sâinvestir, ĂȘtre motivĂ©, croire en, ĂȘtre tenaceâŠ
A lâanalyse de la mindmap, on tombe Ă plusieurs reprises sur un post-it qui renvoie Ă une question bien connue de toutes et tous : comment susciter la participation des publics prĂ©caires, comment les atteindre ? Les leviers relevĂ©s par les participant(-es) ? CrĂ©er des espaces collectifs de proximitĂ©, encourager la mixitĂ© dans les groupes collectifs, faire preuve de flexibilitĂ© et de tĂ©nacitĂ©, poser un cadre qui favorise la confiance et le respect, prendre le temps de la participation, dĂ©velopper des actions autour de rĂ©seaux. Un grand nombre de freins fait rĂ©fĂ©rence aux aspects financiers des actions locales et participatives ainsi quâau cadre institutionnel et politique dans lequel elles sâinscrivent. Les leviers existent pour les surpasser : adopter une vision globale de la santĂ©, ne plus travailler en silo, penser Ă la santĂ© dans toutes les politiques, etc.
Il ne sâagit lĂ que de quelques tendances parmi les Ă©lĂ©ments apportĂ©s par les participant(es). Pour parcourir la mindmap et ainsi en savoir davantage sur le contenu des Ă©changes, nous vous invitons Ă vous rendre sur le site des Rencontres « Ensemble pour la SantĂ© » : http://www.samenvoorlasante.be/fr/mindmap/
La transformation dâun brainstorming semi-Ă©crit Ă un outil de connaissances partagĂ©es, est un processus enrichissant pour remettre en perspective le contenu. La diffusion de cet outil permet aussi de faire Ă©cho aux Ă©changes au-delĂ de lâĂ©vĂšnement. La question Ă se poser maintenant est comment faire Ă©voluer cet outil, et surtout les rĂ©flexions qui en sont lâobjet ? Le comitĂ© de pilotage se penche actuellement sur les suites Ă donner aux Rencontres.
Ouvrages
« La Tyrannie du genre »
« Un dĂ©guisement de princesse et un aspirateur pour les filles, un chĂąteau fort et une voiture radiocommandĂ©e pour les garçons⊠On pourrait penser qu’un choix de jouets aussi stĂ©rĂ©otypĂ© appartiendrait au passĂ©. Il n’en est rien. Une sexualisation de plus en plus marquĂ©e sâobserve dans lâĂ©ducation comme dans tous les domaines de la vie sociale. Ces traitements diffĂ©renciĂ©s ne sont pas systĂ©matiquement perçus comme des inĂ©galitĂ©s. Ils sont justifiĂ©s par des croyances en des distinctions essentielles, dâordre « naturel », entre femmes et hommes. Un ensemble de discours psychologisants, de normes et de symboles en dĂ©coule, qui a des consĂ©quences multiformes sur les rĂŽles assignĂ©s Ă chacun et chacune. Alors que la notion de genre a Ă©tĂ© promue par les sociologues pour rĂ©vĂ©ler les rapports de domination, lâinvoquer Ă tout propos, quâil sâagisse de fĂ©miniser la langue ou de prĂŽner la paritĂ©, instille lâidĂ©e que femmes et hommes sont toujours, partout et avant tout, non des personnes uniques mais des prototypes de leur groupe de sexe. »
- DURU-BELLAT M., La Tyrannie du genre, Paris, Presses de Sciences Po, 2017, 308 p.
- Disponible Ă la BibliothĂšque des sciences Ă©conomiques, sociales, politiques et de communication de lâUCL Ă Louvain-la-Neuve.
« Partager la ville, Genre et espace public en Belgique francophone »
« La question du sexisme dans l’espace public occupe le devant de la scĂšne politique et mĂ©diatique. On sait toutefois peu de choses sur la situation en Belgique francophone. Cet ouvrage pionnier offre un regard inĂ©dit sur la situation en FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles. Loin de se cantonner Ă la question du harcĂšlement sexiste, il analyse comment femmes et hommes expĂ©rimentent l’espace public diffĂ©remment. Il relate aussi plusieurs expĂ©riences de terrain visant Ă un meilleur partage de l’espace public. »
- Sacco, M. Paternotte, D. Partager la ville, Genre et espace public en Belgique francophone, Louvain-La-Neuve, L’harmattan Academia, 2018, 202 p.
- Disponible Ă la BibliothĂšque des Sciences Humaines, Sciences sociales et politiques de lâULB.
« Les stéréotypes de genre nuisent à la santé des femmes⊠et des hommes »
« En matiĂšre de santĂ©, femmes et hommes ne sont pas logĂ©s Ă la mĂȘme enseigne. Le livre coĂ©crit par Catherine Vidal et Muriel Salle « Femmes et santĂ©, encore une affaire dâhommes ? » (Ă©dition Belin) se donne lâobjectif de tordre le cou aux idĂ©es reçues, chez les soignants comme chez les patients, sur la santĂ© des femmes et des hommes. Lâarticle proposĂ© ici en prĂ©sente un extrait. Les chiffres de lâinfographie et le quiz sont Ă©galement tirĂ©s de lâouvrage. Les vidĂ©os qui illustrent les propos ont Ă©tĂ© coproduites par lâInserm, le CNRS et lâuniversitĂ© Paris Diderot. »
- Vidal C., Salle M., Les stéréotypes de genre nuisent à la santé des femmes⊠et des hommes, The Conversation, 2017
- https://theconversation.com/les-stereotypes-de-genre-nuisent-a-la-sante-des-femmes-et-des-hommes-88989
Revues, numĂ©ros thĂ©matique de revue, articlesâŠ
La revue « Genre, sexualité & société »
Cette revue francophone Ă comitĂ© de lecture, consacrĂ©e Ă la sexualitĂ© et aux questions de genre, a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 2009 par un groupe de jeunes chercheur-e-s en sciences humaines et sociales. La revue se revendique comme un espace de dialogues et dâĂ©changes, ouverte Ă diffĂ©rentes approches disciplinaires.
« Le genre, représentations et réalités »
« Lâintrication « sexe et sociĂ©tĂ© » traverse lâactualitĂ© dans ses institutions : famille, mariage, filiation, parentalitĂ©, Ă©cole, Ă©glise, entreprise, partis politiques. Le genre, comme systĂšme de reprĂ©sentation sociale du masculin et du fĂ©minin, fait de la diffĂ©rence anatomique des sexes le marqueur selon lequel une sociĂ©tĂ© ordonne et hiĂ©rarchise ce que lâon est censĂ© ĂȘtre ou faire afin dâĂȘtre reconnu en tant quâhomme ou femme dans les Ă©tapes de la vie et les domaines dâexpĂ©rience, assignant rĂŽles et formes autorisĂ©es comme faits de nature, et stigmatisant ceux qui adoptent une sexualitĂ© ou des modes de vie non conformes. Dans une perspective psychosociale, la question se pose dans les termes de la subjectivitĂ© et dans ceux des systĂšmes sociaux, voire du discours de la science « marquĂ© » par le genre, qui relĂšvent de lâindivision conflictuelle entre nature et culture. Les auteurs interrogent la place assignĂ©e aux sexes et particuliĂšrement celle faite aux femmes non seulement dans leur sexualitĂ© mais dans la vie sociale et professionnelle, en termes de pouvoir et de travail. Cela concerne la formation, lâintervention, lâanalyse des reprĂ©sentations et des assignations dans les pratiques les relations et les fonctions, terrains sur lesquels se mesurent biologie, religion, psychanalyse et sciences sociales. Comment les psychosociologues, eux-mĂȘmes traversĂ©s par ces questions, prennent-ils part au dĂ©bat social qui met en question les reprĂ©sentations et les relations dans leurs traditions les plus ancrĂ©es ? »
- Nouvelle revue de psychosociologie 2014/1 (n° 17), 232 p.
- Disponible au centre de documentation du Centre dâĂ©tudes et de documentation sociales (CDES) Ă LiĂšge.
âQuelle politique de santĂ© pour les mineurs trans ?â
« La santĂ© des mineurs trans, câest-Ă -dire des enfants et adolescents qui ne se sentent pas appartenir au sexe assignĂ© Ă la naissance, reste un angle mort des politiques de santĂ© nationales. La littĂ©rature portant sur les transidentitĂ©s permet de mieux connaĂźtre cette population et esquisse ce quâil est envisageable de rĂ©aliser dans le cadre des parcours scolaires de ces jeunes, afin dâamĂ©liorer leur participation scolaire et veiller Ă leur santĂ© globale. »
- Arnaud Alessandrin, Quelle politique de santé pour les mineurs trans�, Santé scolaire et universitaire, n° 45, 2017, pp. 29-30.
- Disponible au centre de documentation UCL/IRSS-RESO
« Genre et santé »
« Le genre : dĂ©terminant social de la santĂ©. Le genre est un rĂ©vĂ©lateur des multiples rapports de pouvoir qui structurent la sociĂ©tĂ© [âŠ] : femmes et hommes ne vivent pas les mĂȘmes expĂ©riences (socialisation, inĂ©galitĂ©s, discriminations) selon leur classe sociale, leur couleur de peau, leur religion, leur orientation sexuelle, leur Ăąge, etc. DĂšs lors, le genre, en tant que systĂšme de diffĂ©renciation et de hiĂ©rarchisation, contribue â entre autres facteurs â Ă expliquer la permanence des inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ©, mais il permet Ă©galement, comme concept et catĂ©gorie dâanalyse critique, dâidentifier et de prĂ©coniser les marges dâaction, les pistes dâamĂ©lioration, notamment dans le domaine de la santĂ©. »
- AmsellemâMainguy Y., Gelly M.,Vuattoux A. (dir.), Genre et SantĂ©, La SantĂ© en Action, Vol. 441 (4), 2017, pp. 8-45
- Disponible au RESO et sur http://inpes.santepubliquefrance.fr/SLH/pdf/sante-action-441.pdf
« Lâenfant en non-conformitĂ© de genre et sa famille : une approche systĂ©mique »
« Cet article analyse les rĂ©actions parentales face aux dĂ©veloppements non conformes du genre de leur enfant et avance que les mandats parentaux de protection et dâacceptation deviennent problĂ©matiques du fait des diffĂ©rences qui existent entre les normes de genre de lâenfant et celles de sa famille, aussi bien quâentre celles de lâenfant et celles de son environnement. Au travers de multiples modalitĂ©s thĂ©rapeutiques â Ă©ducation et accompagnement parental, groupes de soutien de parents, thĂ©rapie de lâenfant et thĂ©rapie familiale â lâauteur illustre des interventions soutenant Ă la fois les parents et les enfants prĂ©-pubĂšres dans leur façon de nĂ©gocier les liens familiaux et la fluiditĂ© du genre. »
- Malpas J., Bosman S., « L’enfant en non-conformitĂ© de genre et sa famille : une approche systĂ©mique », Cahiers critiques de thĂ©rapie familiale et de pratiques de rĂ©seaux, Vol. 52 (1), 2014, pp. 139-165
- Au centre de documentation UCL/IRSS-RESO et au centre de documentation du Centre d’Ă©tudes et de documentation sociales (CEDS) Ă LiĂšge
Web-documentaire
« LâĂ©cole du Genre »
Le web-documentaire L’Ă©cole du genre est le rĂ©sultat dâun travail qui aura durĂ© deux ans et lors duquel des dizaines d’experts furent interrogĂ©s mais aussi des familles, des Ă©lĂšves et des Ă©quipes pĂ©dagogiques Ă travers toute la France. Ce webdoc, qui sâinterroge sur la construction et la transmission des stĂ©rĂ©otypes de genre dans notre sociĂ©tĂ© actuelle, comprend 8 Ă©pisodes qui sont complĂ©tĂ©s par des vidĂ©os bonus permettant dâapprofondir les questions investiguĂ©es.http://www.ecoledugenre.com/#Accueil
PremiĂšre publication dans La SantĂ© en action n°444 â juin 2018Pour les organismes publics, les rĂ©seaux sociaux sont un outil de promotion de la santĂ© publique dans tous les domaines, nutrition incluse. La littĂ©rature scientifique montre que, pour ĂȘtre efficaces, les interventions doivent se fonder sur les thĂ©ories psychosociales afin dâinfluer sur les comportements. Les rĂ©seaux sociaux (par exemple, Facebook, Youtube, Google+, Twitter, Snapchat ou Instagram) font partie des mĂ©dias sociaux au mĂȘme titre que les applications mobiles, blogs, forums santĂ©, jeux en ligne, etc. Cependant, ils sâen diffĂ©rencient grĂące Ă leurs fonctionnalitĂ©s permettant aux internautes de crĂ©er un vĂ©ritable rĂ©seau dâindividus (crĂ©ation de profils dâutilisateurs et communication avec dâautres personnes connectĂ©es). Les mĂ©dias sociaux peuvent ĂȘtre des vecteurs dâinformation intĂ©ressants pour promouvoir des comportements favorables Ă la santĂ©. En France, selon le CREDOC (baromĂštres du numĂ©rique 2017 et 2018), les rĂ©seaux sociaux sont de plus en plus utilisĂ©s (59 % de la population en 2017 contre 48 % en 2014). Cette progression est plus Ă©levĂ©e parmi les personnes les moins connectĂ©es : peu diplĂŽmĂ©es et/ou disposant de faibles revenus et habitant en zones rurales. Cependant, des inĂ©galitĂ©s sociales subsistent : en 2017, les 18-24 ans et les plus diplĂŽmĂ©s Ă©taient les internautes les plus connectĂ©s.Face Ă cet engouement, de plus en plus dâorganismes de santĂ© publique utilisent les rĂ©seaux sociaux pour atteindre leurs publics lors dâinterventions en santĂ© telles que des campagnes de prĂ©vention et de promotion de la santĂ©.En ce qui concerne le sujet de la nutrition plus spĂ©cifiquement, lâalimentation et les boissons reprĂ©sentaient, en 2017, le troisiĂšme thĂšme de recherche des internautes le plus frĂ©quent sur le moteur de recherche Google, aprĂšs le sport et les voyages. Sur les rĂ©seaux sociaux, 208 millions de posts (messages) sont estampillĂ©s #food (hashtag « alimentation »), faisant de ce hashtag â outil qui permet de marquer un contenu avec un motclĂ© plus ou moins partagĂ© â lâun des plus populaires. En effet, 29 % des internautes partagent des photos de plats (50 % pour les 18-24 ans) et 39 % donnent leur avis sur les marques et produits alimentaires.
IntĂ©rĂȘts des rĂ©seaux sociaux lors dâinterventions en santĂ©
Comprendre les comportements et attentes des internautes
Les rĂ©seaux sociaux permettent dâanalyser en temps rĂ©el les pensĂ©es des individus. Les organismes publics peuvent donc sâappuyer sur lâanalyse des conversations et des commentaires des internautes pour Ă©laborer des messages rĂ©pondant aux besoins et attentes de leur(s) cibles(s).
Diffuser et partager de lâinformation
Les rĂ©seaux sociaux permettent de diffuser des messages Ă un nombre Ă©levĂ© de personnes, « lĂ oĂč les gens sont », câest-Ă -dire dans un espace dĂ©jĂ occupĂ© par les internautes. Ces messages pourront alors ĂȘtre partagĂ©s entre les individus. Le partage dâinformation sur ce support Ă©tant gratuit, les campagnes de santĂ© publique peuvent alors facilement se propager dâun « ami » Ă lâautre, et permettre, a priori, un plus grand impact des messages de santĂ© publique. Au-delĂ de lâintĂ©rĂȘt du partage massif, cette action est particuliĂšrement importante car le bouche-Ă -oreille est un moyen puissant dâaccroĂźtre la confiance des internautes. Il a dâailleurs Ă©tĂ© montrĂ© que les personnes partagent de lâinformation sur Facebook quand elles pensent que celle-ci est bĂ©nĂ©fique pour les autres.
CrĂ©er de lâengagement
Les fonctions like (aimer), share (partager) et post (poster) des rĂ©seaux sociaux permettent des interactions et conversations entre internautes, mais Ă©galement entre ces rĂ©seaux et les structures de santĂ© publique. Le fait de recourir plus ou moins aux diverses fonctionnalitĂ©s des rĂ©seaux sociaux constitue un engagement plus ou moins fort des utilisateurs pour le rĂ©seau social en question. Par exemple, une personne qui nâutilise que la fonction like est considĂ©rĂ©e comme moins engagĂ©e quâune personne qui partage des publications. Tout lâenjeu des organismes de santĂ© publique est donc de crĂ©er un haut degrĂ© dâengagement chez ses internautes ; cet engagement influe positivement sur la motivation des individus, sur leur volontĂ© Ă suivre lâintervention en santĂ© jusquâĂ sa fin et leur capacitĂ© Ă se sentir aptes Ă adopter des comportements sains.
Points de vigilance lors dâinterventions en santĂ© sur les rĂ©seaux sociaux
La surcharge dâinformation
La grande disponibilitĂ© des rĂ©seaux sociaux induit un accroissement de lâexposition Ă une diversitĂ© de messages qui peut impliquer une surcharge dâinformations et conduire Ă une exposition aux messages de santĂ© publique plus difficile. Cette abondance dâinformations peut Ă©galement ĂȘtre dĂ©lĂ©tĂšre pour lâutilisateur qui se trouve face Ă des discours parfois discordants et des informations erronĂ©es, mais Ă©galement pour les organismes de santĂ© publique qui doivent sâassurer que lâinformation dĂ©livrĂ©e est correctement comprise par les internautes et correctement reprise, câest-Ă -dire que les messages diffusĂ©s ne sont pas dĂ©formĂ©s.
Le manque dâengagement et lâattrition
La plupart des Ă©tudes qui Ă©valuent les interventions en santĂ© menĂ©es via les rĂ©seaux sociaux nâattestent dâun bon niveau dâengagement que sur une courte durĂ©e (moins de 4 semaines) avec une diminution progressive de la participation sur cette pĂ©riode. Ce dĂ©clin rapide de lâengagement est probablement dĂ» Ă la difficultĂ© de motiver les internautes dans un environnement Ă©voluant sans cesse et dans lequel les organismes doivent toujours ĂȘtre en interaction avec les utilisateurs. Du fait des consĂ©quences nĂ©gatives dâun manque dâengagement sur lâefficacitĂ© des interventions, les organismes de santĂ© doivent donc rester vigilants face Ă cette problĂ©matique et Ă lâattrition Ă©levĂ©e qui peut en dĂ©couler (fait de perdre des internautes durant la durĂ©e de lâintervention).
Agir sur les comportements alimentaires via les réseaux sociaux
Ce que dit la recherche
Des recherches bibliographiques non exhaustives rĂ©alisĂ©es dĂ©but 2017 nâont pas permis dâidentifier dâĂ©tude traitant uniquement de lâefficacitĂ© des rĂ©seaux sociaux sur les changements de comportements alimentaires. Ceci peut-ĂȘtre dĂ» Ă la complexitĂ© du recueil de donnĂ©es sur lâalimentation des individus. Cependant, des rĂ©sultats sur dâautres thĂ©matiques, telle lâactivitĂ© physique, semblent encourageants pour accroĂźtre le niveau des connaissances, crĂ©er de lâengagement, favoriser le soutien social et induire des changements de comportement.Afin de dĂ©velopper des interventions efficaces reposant sur les rĂ©seaux sociaux, la littĂ©rature suggĂšre que celles-ci se fondent sur au moins une thĂ©orie psychosociale de la santĂ© et sâappuient sur des techniques de changement de comportement. Les thĂ©ories psychosociales permettent dâidentifier les facteurs psychosociaux susceptibles dâinfluencer le comportement et dâadapter ainsi les interventions. La thĂ©orie de lâaction planifiĂ©e dâAjzen (TAP) et la thĂ©orie sociale cognitive de Bandura (TSC) semblent ĂȘtre les thĂ©ories les plus efficaces dans le changement de comportement alimentaire. La TAP stipule que lâintention dâune personne dâadopter ou non un comportement est dĂ©terminĂ©e par son attitude Ă lâĂ©gard du comportement, par lâimportance accordĂ©e Ă lâopinion des personnes qui lâentourent (normes subjectives) et par la perception de son contrĂŽle sur un comportement donnĂ©. La TSC reprend aussi lâimportance de lâenvironnement social mais aborde deux notions supplĂ©mentaires : lâapprentissage social (expĂ©riences antĂ©rieures et observation de son entourage) et lâefficacitĂ© personnelle (efficacitĂ© du comportement pour obtenir le rĂ©sultat dĂ©sirĂ© et sa propre efficacitĂ© Ă adopter ce comportement).En parallĂšle, des techniques de changement de comportement ont Ă©tĂ© identifiĂ©es comme particuliĂšrement efficaces en nutrition ; il sâagit du soutien social (apportĂ© par ses proches ou ses pairs), de la comparaison sociale (Ă©valuation de son comportement en fonction de celui des autres), des retours dâexpĂ©rience et de lâauto-surveillance.En conclusion, les rĂ©seaux sociaux se caractĂ©risent par lâinteraction sociale et le partage dâinformations. Ce sont deux leviers majeurs pour agir. Ainsi, lors dâinterventions via ce mĂ©dia, la sensibilitĂ© dâun individu aux opinions des personnes qui lâentourent (normes subjectives) est la variable psychosociale la plus susceptible dâinfluencer son comportement. Enfin, le soutien social est la technique de changement de comportement la plus efficace.
Perspectives
Que cela soit dans le domaine de lâalimentation ou de la santĂ© en gĂ©nĂ©ral, des Ă©tudes robustes, telles que des essais contrĂŽlĂ©s randomisĂ©s, menĂ©es sur une longue pĂ©riode et tenant compte des caractĂ©ristiques des publics et des diffĂ©rents types de rĂ©seaux sociaux, semblent intĂ©ressantes Ă conduire pour mieux comprendre le potentiel des rĂ©seaux sociaux, les clĂ©s de lâefficacitĂ© et remĂ©dier aux problĂ©matiques du manque dâengagement. Cependant, Ă©tant donnĂ© le nombre croissant dâinformations diffusĂ©es sur les rĂ©seaux sociaux, notamment dans le domaine de lâalimentation, et lâaugmentation du temps passĂ© par les Français sur ces mĂ©dia, il semble judicieux que les organismes de santĂ© publique les incluent rapidement dans leurs programmes de santĂ© pour Ă©viter Ă dâautres structures de combler le manque dâinformations par des donnĂ©es non fiables.
Disponible sur : http://inpes.santepubliquefrance.fr/SLH/sommaires/444.asp
Collectif, Le MarchĂ© food and drink sur les mĂ©dias sociaux, Ătude Digimind 2017, en ligne : https://blog.digimind.com/fr/tendances/nouvelle-etude-food-drink-moments-deconsommation-sujets-plus-partages-surreseaux-sociaux
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Idem note 3
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Idem note 9
Idem note 10
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