Vers la fin du sans-abrisme

Il existe des personnes sans-abri qui vivent en rue durant de trĂšs longues pĂ©riodes, sans doute parce qu’elles cumulent certaines problĂ©matiques qui vont freiner systĂ©matiquement leur intĂ©gration dans le circuit classique d’aide et pour lesquels aucune des solutions intermĂ©diaires dans le circuit classique ne semblent fonctionner. Et si, pour ces personnes vivant en rue, il existait une solution ? C’est ce que nous dĂ©montrent les projets Housing First (HF). Depuis 2013, des projets inspirĂ©s de ce modĂšle ont vu le jour Ă  Bruxelles et dans d’autres grandes villes flamandes et wallonnes.Education SantĂ© est allĂ© Ă  la rencontre de deux opĂ©rateurs du projet en rĂ©gion bruxelloise ayant une spĂ©cificitĂ© dans le domaine de la santĂ© : Muriel Allart, coordinatrice Housing First au sein de l’asbl SantĂ© Mentale et Exclusion Sociale – Belgique (SMES-B), et Pierre Ryckmans, coordinateur chez Infirmiers de rue (IDR). Ils nous parlent du logement comme outil d’intĂ©gration sociale, de ce modĂšle qui fait Ă©cho Ă  la promotion de la santĂ© par sa finalitĂ©, ses mĂ©thodologies et son travail sur le logement. Un changement de paradigme est non seulement souhaitable, mais indispensable pour arriver Ă  la fin du sans-abrisme.

Le modĂšle Housing First

Le logement est un droit fondamental pour tous. Cette notion est Ă  la base des projets HF. C’est un psychologue new-yorkais, Sam Tsemberis, qui a dĂ©veloppĂ© ce projet dans les annĂ©es ’90. L’idĂ©e et le modĂšle qui en dĂ©coulent semblent, somme toute, assez simples : il s’agit de proposer un accĂšs, directement depuis la rue, Ă  un logement individuel et Ă  bas prix Ă  des personnes sans-abri qui cumulent prĂ©caritĂ© sociale, maladie mentale, assuĂ©tudes et affections physiques. Le modĂšle comprend deux volets (le logement et l’accompagnement) et s’articule autour de diffĂ©rents principes.Muriel Allart nous explique : « Finalement, le modĂšle du HF est trĂšs simple. Il repose sur l’offre de logement Ă  ceux qui n’en ont pas. Cela peut paraĂźtre incroyable mais on le dĂ©signe comme l’une des principales innovations sociales. Le HF, c’est avant tout rĂ©tablir un droit fondamental. Les autres critĂšres sont des moyens pour rendre ceci effectif : des logements Ă  bas prix, individuels et dispersĂ©s. Le HF dĂ©coule d’une sĂ©rie de questions Ă©videntes : de quoi ont besoin des personnes sans-abri ? D’un logement. De quel type de logement ont-ils besoin ? D’un logement comme les autres. Pour combien de temps ? Le plus longtemps possible. Qui sait le mieux comment elle doit ĂȘtre accompagnĂ©e ? La personne elle-mĂȘme. Etc. A mes yeux, l’ensemble du modĂšle HF rĂ©pond Ă  une sĂ©rie d’évidences. Et finalement, on constate que ça fonctionne. »

Un accĂšs direct au logement

Dans le circuit classique d’aide aux sans-abri, accĂ©der Ă  ce type de logement est l’aboutissement d’un processus. Outre les centres d’hĂ©bergement d’urgence, les modĂšles de logements transitoires, semi-collectifs, avec ou sans accompagnement social constituent gĂ©nĂ©ralement la norme. Ces solutions sont soumises Ă  certaines conditions, notamment l’obligation d’abstinence, le suivi d’un traitement
 La personne doit « faire ses preuves » avant de pouvoir bĂ©nĂ©ficier d’un logement individuel et accessible. Et c’est souvent sur ses Ă©paules que repose la responsabilitĂ© d’obtenir et parfois trouver ce logement. Pourtant, ces solutions rendent l’accĂšs au logement difficile, voire impossible pour les personnes qui cumulent des problĂ©matiques multiples (maladies mentales, addictions
). Pour Muriel Allart, « il est fondamental de changer certaines idĂ©es prĂ©conçues comme « les personnes cumulant une sĂ©rie de problĂšmes ne peuvent pas se maintenir en logement » ou « il faut faire ses preuves pour obtenir un logement ». Le HF prend le problĂšme dans l’autre sens : nous essayons de faire passer le message qu’une personne n’a pas Ă  ‘ĂȘtre prĂȘte’ pour obtenir un logement. Elle rentre d’abord dans celui-ci, et ensuite elle apprend Ă  vivre dans un logement.»

Un accompagnement sur-mesure

Le projet ne s’arrĂȘte pas lĂ . Outre l’accĂšs direct au logement, les Ă©quipes proposent un accompagnement mobile, pluridisciplinaire, sur-mesure en fonction des demandes et des besoins de la personne. Cet accompagnement n’a pas de limite dans le temps. Les Ă©quipes se composent de profils complĂ©mentaires qui varient selon les projets : mĂ©decins, assistants sociaux, infirmiers, psychologues
 L’équipe du SMES-B comprend aussi par exemple une animatrice socio-culturelle, une experte en rĂ©duction des risques, une paire-aidante
 « La prĂ©sence d’une paire-aidante dans notre Ă©quipe est une rĂ©elle plus-value. Nous serions ravis de partager notre expĂ©rience auprĂšs des acteurs qui souhaitent se lancer » ajoute Muriel Allart. Dans un premier temps, ces Ă©quipes amĂšnent Ă  la personne les domaines de compĂ©tence dont elle a besoin pour se rĂ©tablir. Mais l’idĂ©e Ă  terme est de remettre progressivement la personne en lien avec les structures existantes, les professionnels, le tissu associatif…Dans la pratique, les deux volets (le logement et l’accompagnement) sont distincts et indĂ©pendants l’un de l’autre. En effet, une personne qui bĂ©nĂ©ficie d’un accĂšs direct Ă  un logement peut dĂ©cider de ne pas poursuivre un accompagnement, sans entraĂźner la perte de ce logement. Pour la simple et bonne raison que la personne signe un contrat de bail et a les mĂȘmes droits que tout autre locataire. Et cela fonctionne dans l’autre sens Ă©galement : lorsqu’une personne perd son logement pour une raison spĂ©cifique, l’équipe d’accompagnement poursuivra son suivi si la personne le souhaite. Par exemple, les questions d’argent pour payer son loyer sont distinctes du volet accompagnement pour ne pas mettre celui-ci en pĂ©ril . Pour cette raison, notamment, les Ă©quipes d’accompagnement essaient de ne pas interfĂ©rer dans la relation entre le locataire et le propriĂ©taire. Ce suivi est assurĂ© par un autre intermĂ©diaire au sein des projets.

ImagePlusieurs tentatives sont possibles

Dans la mĂȘme idĂ©e que l’accompagnement et le logement ne s’excluent pas l’un l’autre, il est fondamental de donner une seconde chance Ă  la personne en cas de perte de logement. En effet, les Ă©quipes valorisent l’expĂ©rience en cherchant des solutions avec le locataire pour remĂ©dier aux problĂšmes rencontrĂ©s. « Par exemple, s’il y a trop d’amis de la rue qui sont passĂ©s dans le logement et que cela a menĂ© Ă  la perte du logement, nous Ă©tablissons avec la personne une stratĂ©gie pour remĂ©dier Ă  cette situation, comme ne plus donner son adresse. Si la personne oublie de payer son loyer, on peut mettre en place un systĂšme de payement automatique ou un administrateur de bien. » (Muriel Allart)

Une dispersion dans l’espace urbain

Il s’agit d’un autre principe du modĂšle : disperser les logements dans la ville afin de ne pas crĂ©er des « ghettos », mais prĂŽner la mixitĂ©, et redonner un maximum de citoyennetĂ© Ă  la personne. « Pour commencer, nous ne parlons pas de ‘bĂ©nĂ©ficiaires’ mais de ‘locataires’. Lorsque nous croisons le voisinage lors de nos visites de suivi, nous ne nous prĂ©sentons jamais comme ‘l’assistante sociale qui vient voir Mr X.’ mais comme des personnes qui viennent rendre visite. » souligne Muriel Allart.

Oser avec tous

Le projet s’adresse aux personnes qui cumulent des problĂ©matiques de santĂ© mentale, d’addiction et/ou des affections physiques. C’est ce cumul qui, ajoutĂ© aux consĂ©quences/impacts de la vie en rue, rend compliquĂ© l’accĂšs au logement et la rĂ©insertion de ces personnes via le systĂšme tel qu’il fonctionne.Pierre Ryckmans : « Chez IDR, nous travaillons depuis toujours avec les personnes qu’on pense ĂȘtre ‘le plus en danger’, c’est-Ă -dire le plus Ă  risque de mourir en rue. Et trĂšs Ă©loignĂ©es de l’insertion sociale. Ces personnes n’ont pas leur place dans le systĂšme des maisons d’accueil tel qu’il fonctionne pour le moment, les barriĂšres sont multiples. »Au SMES-B, les personnes arrivent dans le projet via les partenairesNote bas de page : Muriel Allart nous explique : « on demande Ă  nos partenaires de nous envoyer les personnes pour lesquelles elles pensent que ça ne va pas marcher. Celles pour lesquelles rien n’a fonctionnĂ© et pour lesquelles plus personne ne croit Ă  la possibilitĂ© de fonctionner en logement. Nous ne les connaissons pas au dĂ©part. Certaines ont l’air d’avoir un profil plus lĂ©ger et on se dit qu’elles vont vite se rĂ©tablir et qu’il n’y aura pas besoin de trop d’accompagnement
 mais ça demande parfois un accompagnement plus intense, il y a beaucoup de crises, etc. Et parfois on nous envoie des personnes qui ont un profil hyper lourd mais qui finalement se stabilisent trĂšs rapidement. En regardant la maniĂšre dont une personne a fonctionnĂ© en hĂŽpital, en hĂ©bergement d’urgence, dans des logements communautaires, on ne peut pas prĂ©dire comment la personne fonctionnera en logement. Il faut faire le pari avec tous. »


 Et ça fonctionne !

Actuellement, une centaine de personnes ont Ă©tĂ© relogĂ©es grĂące au HF Ă  Bruxelles. La moyenne de maintien au logement tourne autour de 80%, le SMES-B par exemple obtient des rĂ©sultats de 94%. AprĂšs une Ă©valuation longitudinale (sur 2 ans) menĂ©e sur l’ensemble de la BelgiqueNote bas de page, il apparaĂźt que les locataires HF prĂ©sentent un meilleur Ă©tat de santĂ© que les personnes qui frĂ©quentent ou ont frĂ©quentĂ© le systĂšme d’aide existant. Une stabilisation ou une amĂ©lioration est constatĂ©e, surtout concernant les problĂ©matiques de santĂ© mentale.

« Ce qui est rĂ©volutionnaire et trĂšs important, c’est de pouvoir dire aujourd’hui « on peut remettre tout le monde en logement
et personne ne devrait se retrouver en rue ». Le HF a donnĂ© une lĂ©gitimitĂ© et une crĂ©dibilitĂ© Ă  cette revendication. Le programme n’est pas rĂ©volutionnaire en soi
 mais ça amĂšne la possibilitĂ© d’une rĂ©volution. » (Pierre Ryckmans)

« Il y a une dizaine d’annĂ©es encore, c’était presque banal d’entendre : ‘on n’arrivera pas Ă  remettre cette personne en logement, elle va mourir en rue, et c’est comme ça, c’est la vie’. A l’heure actuelle, plus aucune association n’oserait dire ça mais cette idĂ©e reste encore prĂ©sente aux yeux du grand public. » (Pierre Ryckmans)

Les ponts avec la promotion de la santé

Le HF, par sa finalitĂ© d’intĂ©gration sociale et de mieux-ĂȘtre de la personne (
et de la sociĂ©tĂ© tout entiĂšre), est intrinsĂšquement liĂ© Ă  la promotion de la santĂ©. La rue (entendons par lĂ  la vie en rue) est dĂ©lĂ©tĂšre pour la santĂ©. Rappelons encore une fois que le logement est un droit fondamental qui rĂ©pond Ă  un besoin de base.

Le logement comme levier d’action

« Le secteur de la promotion de la santĂ© fait le lien entre le logement et la santĂ©. En cela, nous (les opĂ©rateurs du HF) rejoignons ce secteur » explique Pierre Ryckmans. Le logement est le levier d’action. Une fois acquis, cela offre la possibilitĂ© d’aborder d’autres facettes de la santĂ© « qu’on ne peut pas, ou qu’on a pas l’occasion ou le temps d’aborder en rue ».

Le travail sur le « rétablissement »

Le rĂ©tablissement est la premiĂšre Ă©tape lors d’une arrivĂ©e en logement. Ce terme nous vient tout droit du secteur de la santĂ© mentale. Dans le sens commun, il renvoie Ă  l’idĂ©e de se remettre d’une maladie. Pourtant, il s’agit d’une traduction du terme anglais ‘recovery’ qui a une signification plus large. « Nous allons travailler avec la personne sur ce qu’elle amĂšne. La personne, avec sa/ses difficultĂ©(s) ou sa/ses maladie(s), va trouver une maniĂšre de vivre qui lui convient le mieux possible. La dĂ©marche n’est pas d’éradiquer les symptĂŽmes mais d’essayer de ‘faire avec’, de vivre le mieux possible avec sa maladie. In fine, l’objectif est d’aller vers un bien-ĂȘtre. Mais ce bien-ĂȘtre est dĂ©fini de maniĂšre individuelle et pas en fonction de la ‘norme’ » prĂ©cise Muriel Allart.Comme l’expliquent nos deux interlocuteurs, travailler au rĂ©tablissement de la personne implique au dĂ©part de ne pas considĂ©rer les personnes qui vivent en rue comme Ă©tant diffĂ©rentes. « Par exemple, nous refusons de parler des ‘habitants de la rue’, par opposition aux ‘habitants des maisons’. Ce sont des gens qui assument Ă  un moment donnĂ© des situations qui leurs sont imposĂ©es. On part du principe que la personne que nous rencontrons a toutes les capacitĂ©s pour s’en sortir. Notre rĂŽle est de l’aider Ă  surmonter certaines difficultĂ©s qu’elle a pour le moment, mais on ne doit pas reconstruire quelque chose. C’est une vision de l’esprit mais cela nous aide Ă  aborder les personnes de façon diffĂ©rente : il s’agit plus de retirer une partie de la charge des Ă©paules d’une personne et lui permettre de reprendre sa vie en main plutĂŽt que de ‘ reconstruire’ la personne. » (Pierre Ryckmans).

La réduction des risques

« Nous considĂ©rons que la vie en rue est en elle-mĂȘme un risque majeur pour la santĂ© et mĂȘme la survie des personnes. Travailler sur la rĂ©duction des risques, nous le faisons depuis toujours chez IDR sans poser le nom dessus. C’est le travail de rue qui nous amĂšne Ă  ça. D’emblĂ©e, nous avons fait une croix sur l’abstinence des consommations. Une personne qui est en rue, mĂȘme si elle n’est pas alcoolique, va boire pour des raisons qui sont liĂ©es au fait qu’elle vit en rue » nous explique Pierre Ryckmans.Au-delĂ , cette mĂ©thodologie est utilisĂ©e de maniĂšre globale dans les projets HF en rĂ©alisant un travail sur les risques de perdre son logement. Ceci permet d’aborder toute une sĂ©rie de facettes avec le locataire. « Par exemple, explique Muriel Allart, si la consommation de drogues de la personne lui coĂ»te trop cher et qu’elle a du mal Ă  payer son loyer, nous allons partir de son souhait de maintenir son logement pour travailler Ă©ventuellement ces questions de consommation, sans en faire une condition. »

Le logement, point de départ ou aboutissement ? Un changement de paradigme

Nous nous sommes posĂ© la question de l’intersectorialitĂ©. Dans le modĂšle, les projets HF rassemblent des professionnels issus de secteurs divers : celui de la santĂ© mentale, de la toxicomanie, du logement
 qui collaborent ensemble au sein d’un mĂȘme projet. Fantastique ! Mais est-ce aussi Ă©vident que cela ? Pour rĂ©pondre Ă  cette question, il nous faut revenir sur les politiques de lutte contre le sans-abrisme, y replacer les projets HF, et aborder la question centrale du logement.

Un changement de paradigme dans les politiques est nécessaire

Pour mettre fin au sans-abrisme, plusieurs éléments doivent entrer en jeu dans les politiques publiques :

  • mettre en place des politiques ambitieuses de logement. Y compris le fait d’arriver Ă  reloger cette population trĂšs fragile pour laquelle il n’y avait pas de solutions avant.
  • Mettre en place une politique de prĂ©vention pour Ă©viter que de nouvelles personnes se retrouvent sans logement.

Pourtant, « la politique bruxelloise des 20 derniĂšres annĂ©es visait Ă  augmenter chaque annĂ©e le nombre de places dans les hĂ©bergements d’urgence » souligne Muriel Allart. Cette annĂ©e, ce sont 1000 places d’urgence qui ont Ă©tĂ© ouvertes dans le cadre du Plan Hiver « et ce nombre augmente chaque annĂ©e » ajoute-t-elle. Nos deux interlocuteurs insistent sur le fait que les politiques se sont concentrĂ©es sur une gestion du sans-abrisme plutĂŽt que sur la rĂ©solution du problĂšme. Certains pays comme la Finlande ont choisi d’opĂ©rer ce changement il y a une dizaine d’annĂ©es. D’une part, ils ont investi massivement dans la production de logements, mais Ă©galement dans la reconversion des centres de logement communautaires en logements individuels. « A Helsinki, il y a 52 places d’urgence ! Si on fait le parallĂšle avec un service d’urgence hospitaliĂšre, un tel service fonctionne bien lorsqu’il est vide. En effet, les personnes qui entrent dans l’urgence n’ont rien Ă  y faire, elles doivent ĂȘtre rĂ©orientĂ©es le plus rapidement possible vers des logements. L’urgence doit rester de l’urgence (un hĂ©bergement rapide et de courte durĂ©e). Bien sĂ»r, il ne faut pas supprimer l’urgence sociale, mais on ne peut pas faire de l’urgence sociale le principal point d’aboutissement de la politique d’aide aux sans-abri. » nous dit Muriel Allart.Les rĂ©sultats sont dĂ©jĂ  au rendez-vous : la Finlande est le seul pays d’Europe Ă  avoir vu diminuer son nombre de sans-abri ces derniĂšres annĂ©es, contrairement Ă  tous les autres pays europĂ©ensNote bas de page. Et Pierre Ryckmans d’ajouter : « ce que montre l’exemple de la Finlande, c’est que le HF n’est qu’une partie d’une politique plus globale et ambitieuse de logement et de prĂ©vention ».

S’atteler au problĂšme du logement, le rĂŽle des opĂ©rateurs du HF ?

A l’exception de la Belgique, tous les pays adeptes du HF ont mis des logements Ă  disposition. Chez nous, la responsabilitĂ© de trouver ou crĂ©er des logements repose sur les Ă©quipes d’opĂ©rateurs. DĂšs lors, de nouveaux profils Ă©taient nĂ©cessaires pour complĂ©ter les Ă©quipes HF. Au SMES-B, un responsable logement. Chez IDR, on parlera plutĂŽt d’un crĂ©ateur de logement. Pierre Ryckmans nous explique : « On s’est rapidement rendu compte qu’il fallait non seulement capter des logements existants mais Ă©galement se mettre dans une dynamique de crĂ©ation de logements car il n’y en a pas assez en rĂ©gion bruxelloise qui compte environ 7% de logements sociaux alors qu’il en faudrait au moins 15%. Or, avec environ 4000 personnes sans logement dont environ 2000 en rue, il va falloir rĂ©agir trĂšs vite et trĂšs fort pour rattraper ce retard. (
) La difficultĂ© que nous rencontrons avec le HF, c’est que la recherche et la crĂ©ation de logements sort un peu de nos compĂ©tences. La question de production suffisante de logement social, ce n’est pas notre domaine. Cela nous amĂšne Ă  ĂȘtre en contact avec tout un monde duquel nous sommes Ă©trangers. DĂšs lors, on voit un peu ce dĂ©cloisonnement comme une dĂ©rive car cela nous amĂšne Ă  faire des choses pour lesquelles nous ne sommes pas formĂ©s, qui sortent de notre champ de compĂ©tences et qui « diluent » quelque peu le travail de notre Ă©quipe. Ce n’est pas une solution Ă  long terme.» Muriel Allart souligne Ă©galement la charge de travail considĂ©rable que reprĂ©sente la recherche, la gestion et le suivi du volet logement.Travailler avec des secteurs tellement diffĂ©rents est une richesse. Nos deux interlocuteurs soulignent l’importance et la richesse du travail en rĂ©seau, le dĂ©veloppement de nouveaux partenariats (avec des AIS, des hĂŽpitaux, des services sociaux
), etc. Mais pour des opĂ©rateurs issus du secteur de la santĂ© et de la santĂ© mentale, la question du logement reste aussi une difficultĂ© rĂ©elle si davantage de logements ou de partenariats effectifs avec ce secteur ne sont pas mis en place.

L’effet positif : une (re)mise en Ă©vidence

Les deux coordinateurs sont unanimes, un effet positif indĂ©niable des projets HF est la remise en Ă©vidence de la question du logement : « Le lien entre le sans-abrisme et le manque de logement est devenu beaucoup plus Ă©vident et direct. Avant, on parlait plus de ‘mettre les gens Ă  l’abri’ mais la suite restait floue : on supposait vaguement que les gens allaient eux-mĂȘmes trouver un logement Ă  long terme, mais on ne se posait pas plus concrĂštement la question. Maintenant que nous devons nous-mĂȘmes trouver ces logements, nous sommes confrontĂ©s de façon beaucoup plus directe au problĂšme. Et comme le politique soutient ces projets et que, pour obtenir des rĂ©sultats, nous avons besoin de logements, il y a lĂ  un levier Ă  faire jouer, une prise de conscience qui peut amener de rĂ©els changements » nous dit Pierre Ryckmans.Du cĂŽtĂ© des autres acteurs de terrain Ă©galement, un changement se fait sentir, « de plus en plus d’acteurs se dirigent vers des approches orientĂ©es vers le logement. Par exemple, les maisons d’accueil dĂ©veloppent des projets de post-hĂ©bergement mais Ă©galement des projets en lien avec la santĂ© mentale, comme le fait l’Autre Lieu par exemple. » note Muriel Allart. Cela amĂšne de plus en plus d’associations Ă  s’impliquer dans la remise en logement directe et dĂ©finitive des personnes vivant en rue. Et d’ajouter : « Le HF a rĂ©ussi Ă  trouver sa place, pas dans une visĂ©e de rĂ©volutionner le secteur mais plutĂŽt dans une visĂ©e de se positionner en complĂ©ment de ce qui existait dĂ©jĂ  et de ce qui se dĂ©veloppe. C’est assez bien acceptĂ©, nous collaborons avec un maximum d’acteurs du secteur, les partenariats se passent trĂšs bien. »

Un regard critique au-delĂ  du modĂšle

Le HF se positionne de maniĂšre complĂ©mentaire au systĂšme d’aide dĂ©jĂ  existant. C’est une approche de niche. Mais selon Pierre Ryckmans, « le besoin de crĂ©er ce genre de projet – adressĂ© Ă  des personnes pour lesquelles on considĂ©rait que ‘plus rien n’était possible’ – reste rĂ©vĂ©lateur d’un dysfonctionnement profond au sein de notre sociĂ©tĂ© : d’une part, il y a la prĂ©carisation des personnes en gĂ©nĂ©ral ; et d’autre part, un dĂ©chargement de la responsabilitĂ© dans la prise en charge des personnes les plus vulnĂ©rables, et notamment les personnes avec un problĂšme de santĂ© mentale ».« Pour le moment, on copie le systĂšme nord-amĂ©ricain car, comme chez eux, l’un des travers de notre sociĂ©tĂ© est de jeter toute une sĂ©rie de gens Ă  la rue. On aurait probablement pu faire les choses diffĂ©remment lorsque le problĂšme a commencĂ© Ă  se poser, dans les annĂ©es ’80. C’est Ă  ce moment-lĂ  qu’il aurait fallu rĂ©agir et travailler Ă  la prĂ©vention. Le systĂšme des maisons d’accueil, apparu dans les annĂ©es ’60, a fonctionnĂ© pendant des annĂ©es, les hĂ©bergements d’urgence ne sont apparus que plus tard, par nĂ©cessitĂ©. Ce systĂšme intermĂ©diaire des maisons d’accueil fonctionnait bien et reste encore maintenant une solution pour un grand nombre de personnes. Mettre moins l’accent sur l’accueil d’urgence implique toutefois que le nombre de gens en rue diminue drastiquement, or on a un arriĂ©rĂ© Ă©norme Ă  rattraper. Certaines personnes passent plus de 10 ans en rue ! Ces gens ont dĂšs lors besoin d’un accompagnement intensif et ont d’autant plus de difficultĂ©s Ă  s’intĂ©grer dans une communautĂ©, etc. Mais lorsque la plupart des sans-abri ont moins d’un an de rue, comme c’est le cas dans une ville comme Gand par exemple, le systĂšme des maisons d’accueil, bien gĂ©rĂ©, avec des logements en suffisance, pourrait sans doute Ă  terme prendre en charge la grande majoritĂ© des cas : ces personnes ont encore une mutuelle, un rĂ©seau sur lequel compter, des repĂšres par rapport Ă  la vie dans un logement
 Et le Housing First ne prend alors en charge qu’une petite minoritĂ© de cas, prĂ©sentant des problĂšmes de santĂ© mentale. Pour le moment, on est obligĂ© de mettre en place un systĂšme qui ne devrait ĂȘtre destinĂ© qu’à rattraper le temps perdu. »Et de soulever un autre problĂšme de sociĂ©tĂ© : l’organisation du systĂšme fait que certains acteurs « excluent de facto les cas ‘les plus difficiles’. Une fois que la personne a passĂ© le pas de la porte (d’une consultation, d’un service d’urgence, d’un hĂŽpital psychiatrique
), on ne se soucie plus de ce qu’elle devient, si elle prend son traitement, si elle vit en rue, si elle vit tout court. Nous, on le fait
 car personne n’est lĂ  pour prendre cette responsabilitĂ©. Et ça, c’est profondĂ©ment interpellant. »

Quel message voudriez-vous faire passer au secteur de la promotion de la santé?

Pour conclure nos entretiens, nous avons posĂ© la question : « quel message souhaitez-vous adresser aux intervenants en promotion de la santĂ© ? ».Pour Pierre Ryckmans, il faut faire ressortir « l’importance de travailler sur les reprĂ©sentations des personnes qui vivent en rue ! Ce sont des gens comme vous et moi, qui Ă  un moment donnĂ© dans leur vie se retrouvent dans des situations complexes. Mais leur situation peut changer. Il est indispensable de faire disparaĂźtre les Ă©tiquettes du type ‘sans abri un jour, sans abri toujours’. ».Muriel Allart ajoute qu’il faut, « continuer Ă  partager l’expertise en matiĂšre de participation du public. C’est auprĂšs de la promotion de la santĂ© que nous allons chercher cette expertise. Mais surtout continuer et renforcer les collaborations avec les diffĂ©rents opĂ©rateurs, le service support du Centre bruxellois de promotion de la santĂ© (CBPS), etc. Notre message depuis toujours au SMES-B est de dĂ©cloisonner. Pour les personnes les plus vulnĂ©rables, seule une approche globale arrive Ă  donner des rĂ©sultats. ».

Pour en savoir plus sur les projets Housing First : www.housingfirstbelgium.be et www.housingfirstbrussels.bePour en savoir plus sur Infirmiers de Rue : www.infirmiersderue.orgPour en savoir plus sur SantĂ© Mentale et Exclusion Sociale – Belgique : http://smes.be/


Présentation des partenaires du SMES

La FEANTSA et la Fondation Abbé Pierre publient tous les 2 ans un rapport sur le mal-logement en Europe. Pour consulter le rapport 2018 : http://www.feantsa.org/fr/report/2018/03/21/la-deuxieme-regard-sur-le-mal-logement-en-europe

La multiplication des smartphones et le dĂ©veloppement des nouvelles technologies mobiles rĂ©volutionnent notre maniĂšre de communiquer. Tabacstop, la « quitline » belge de la Fondation contre le Cancer, est depuis toujours restĂ©e attentive Ă  ces Ă©volutions et adapte ses services afin qu’ils puissent rĂ©pondre aux besoins de l’ensemble de la population. Les chiffres du rapport annuel 2017 de Tabacstop montrent que le site web, la page Facebook et l’app Tabacstop connaissent une rĂ©elle croissance. Cette croissance est visible au nord comme au sud du pays, mais est un peu plus marquĂ©e en Flandre.Tabacstop est le service d’aide Ă  l’arrĂȘt tabagique de la Fondation contre le Cancer. DerriĂšre le numĂ©ro gratuit 0800 111 00, une Ă©quipe de tabacologues professionnels rĂ©pond Ă  toutes les questions sur l’arrĂȘt tabagique et propose des coachings tĂ©lĂ©phoniques Ă  tout fumeur qui souhaite arrĂȘter. En 2017, Tabacstop a gĂ©rĂ© 18.303 contacts dans le cadre de ses services classiques (permanence, coaching tĂ©lĂ©phonique et questions reçues par e-mail), soit une lĂ©gĂšre augmentation par rapport Ă  2016 (18.235 contacts).Une majoritĂ© de nĂ©erlandophones recourent aux services liĂ©s aux nouvelles technologies (54% de contacts NL contre 46% contacts FR), tandis qu’une majoritĂ© de francophones font appel Ă  la quitline traditionnelle Tabacstop (59% de contacts FR contre 41% de contacts NL).

Tabacstop surfe sur la vague des nouvelles technologies

A cĂŽtĂ© de ses services traditionnels, Tabacstop a constatĂ© en 2017 une augmentation particuliĂšrement importante de ses services liĂ©s aux nouvelles technologies (site web, Facebook, application).322.594 visiteurs uniques ont surfĂ© sur les sites www.tabacstop.be et www.tabakstop.be en 2017. C’est une augmentation de 15% par rapport Ă  2016. Ils Ă©taient en moyenne 53,5 % Ă  consulter les sites web depuis leur smartphone (+4,7% comparĂ© Ă  2016), contre 38 % surfant sur un ordinateur fixe et 8,5 % sur une tablette. Le site de Tabacstop est rĂ©guliĂšrement enrichi de nouveaux contenus et rassemble de nombreuses informations sur le sevrage tabagique.

Une communautĂ© online qui s’entraide pour arrĂȘter de fumer

Les pages Facebook de Tabacstop ont Ă©galement connu un beau succĂšs en 2017, avec 6.107 abonnĂ©s supplĂ©mentaires. Fin 2017, les pages francophones et nĂ©erlandophones rassemblaient au total 10.470 abonnĂ©s (contre 4.631 fin 2016). Le nombre d’abonnĂ©s a donc plus que doublĂ© en un an (+226% !). Ces pages ont pour mission de rĂ©unir une communautĂ© de fumeurs et d’ex-fumeurs qui se soutiennent. Des tabacologues y partagent des informations scientifiquement validĂ©es et en assurent l’animation et la gestion quotidienne. Ils ont Ă©galement rĂ©pondu Ă  227 messages via la messagerie de Facebook (Messenger). Ce service connaĂźt un succĂšs croissant.Les fumeurs peuvent Ă©galement tĂ©moigner de leur expĂ©rience d’arrĂȘt dans une rubrique du site web prĂ©vue Ă  cet effet. Celle-ci comptabilise 470 tĂ©moignages (120 ont Ă©tĂ© publiĂ©s en 2017). En 2017, les prĂ©sentateurs Adrien Devyver et JoĂ«lle Scoriels, ont partagĂ© leur expĂ©rience de l’arrĂȘt tabagique dans des tĂ©moignages vidĂ©o. La diffusion de ces tĂ©moignages a connu un franc succĂšs sur les rĂ©seaux sociaux. En 2018, Tabacstop espĂšre que d’autres personnalitĂ©s belges se prĂȘteront au jeu, pour encourager de plus en plus fumeurs Ă  se lancer dans l’arrĂȘt tabagique, mais aussi dĂ©courager les jeunes de commencer Ă  fumer.

Une nouvelle application gratuite en 2018

En 2017, l’application Tabac-stop a comptabilisĂ© 6.400 nouvelles inscriptions. C’est Ă©galement une belle progression. Cependant, vu les nouvelles normes dans le domaine de la sĂ©curitĂ© informatique et vu le potentiel important qu’offrent les applications dans le soutien des fumeurs vers l’arrĂȘt tabagique, Tabacstop proposera cette annĂ©e une toute nouvelle application. Celle-ci est en phase de test actuellement et sera lancĂ©e officiellement en septembre. Nous vous en tiendrons bien sĂ»r informĂ©s !

Annexe : Que trouverez-vous dans les infographiques ?

I. Tabacstop : historique du projetII. RĂ©sultats des diffĂ©rents canauxIII. Appels permanence 1. Nombre d’appels par habitant 2. RĂ©partition selon le sexe 3. RĂ©partition selon l’ñge 4. RĂ©partition selon le produit consommĂ© 5. Nombre de cigarettes par jour 6. PremiĂšre tentative ou non ? 7. Par quel canal ont-ils connu Tabacstop ?IV. Appels coaching 1. Nombre d’appels par habitant 2. RĂ©partition selon le sexe 3. RĂ©partition selon l’ñge 4. RĂ©partition selon le produit consommĂ© 5. Nombre de cigarettes par jour 6. PremiĂšre tentative ou non ?V. E-mails 1. RĂ©partition selon le sexe 2. RĂ©partition selon l’ñge 3. Evolution des contacts par e-mails dans le tempsVI. L’application Tabac-Stop 1. Nombre d’inscriptions 2. ActivitĂ© professionnelle des utilisateurs de l’app 3. Niveau d’étude des utilisateurs de l’app 4. RĂ©partition selon le sexe et l’ñgeVII. Le site internet www.tabacstop.beVIII. Tendances annĂ©e aprĂšs annĂ©e 1. Evolution du nombre de contacts tĂ©lĂ©phoniques 2. Evolution du nombre de dossiers de remboursement de substituts de nicotine (NRT) 3. Evolution du nombre de contacts par e-mail 4. Evolution du nombre de visiteurs sur le site web 5. Evolution du nombre de contacts tĂ©lĂ©phoniques francophones

Bonne Journée, Bonne Santé

Description

Matériel :

  • DĂ©pliant de prĂ©sentation (PDF)
  • Livret d’accompagnement (PDF)
  • Cartes de dialogue (PDF)
  • Fiches conseils professionnels (PDF)
  • Affichette (PDF)
  • Calendrier perpĂ©tuel (PDF)
  • Autocollants (PDF)
  • Etude prĂ©alable (PDF)
  • Didacticiel vidĂ©o (Partie 1) (YouTube)
  • Didacticiel vidĂ©o (Partie 2) (YouTube)

Concept :

Le dispositif ‘Bonne journĂ©e, bonne santĂ©’ s’adresse aux professionnels de la santĂ©, du mĂ©dico-social et du social qui interviennent auprĂšs des personnes ĂągĂ©es en situation de prĂ©caritĂ©. Il comporte des outils professionnels et des supports Ă  remettre aux personnes ĂągĂ©es que ce soit en entretien individuel ou en atelier collectif.Le professionnel y trouve des outils pour identifier les problĂ©matiques et les actions. À l’aide de cartes de dialogue, il peut engager avec la personne ĂągĂ©e un Ă©change favorisant l’acquisition de comportements protecteurs inscrits dans la durĂ©e, car co-construits et co-choisis par le professionnel et la personne ĂągĂ©e elle-mĂȘme.

Thématiques abordées :

  • Alimentation
  • ActivitĂ© physique
  • PrĂ©vention santĂ©
  • ActivitĂ© cĂ©rĂ©brale
  • Vie affective et sociale
  • Logement

Objectifs

  • Relayer les messages et les supports de prĂ©vention santĂ© auprĂšs des publics seniors en prĂ©caritĂ©, en s’appuyant sur les acteurs de proximitĂ©, aptes Ă  crĂ©er les conditions de confiance favorables Ă  la libĂ©ration de la parole
  • Permettre d’apprĂ©hender la prĂ©vention santĂ© comme un ‘mieux-ĂȘtre global’, grĂące Ă  des supports qui visent une approche globale et positive de la santĂ©, qui s’inscrivent dans le prĂ©sent et qui s’articulent autour de la notion du renforcement des compĂ©tences psychosociales
  • PrivilĂ©gier l’oral et l’image pour ĂȘtre proche des prĂ©occupations des seniors. L’ambition est de favoriser une Ă©coute authentique et un dialogue, pour installer un rapport de confiance
  • RĂ©pondre Ă  une ambition d’universalitĂ©. Le dispositif a Ă©tĂ© conçu pour ĂȘtre facilement utilisĂ©, dupliquĂ©, adaptĂ© par tous types d’acteurs de proximitĂ© dans leur diversitĂ©. À chaque acteur de se l’approprier selon son expertise et ses pratiques, Ă  l’aide des outils professionnels fournis qui entrent dans une dĂ©marche d’éducation pour la santĂ©.

Conseils d’utilisation

Le livret d’accompagnement permet aux professionnels de travailler la mĂ©thodologie, de s’approprier les outils du dispositif et les thĂ©matiques Bien vieillir ayant chacune sa couleur : alimentation, activitĂ© physique, prĂ©vention santĂ©, activitĂ© cĂ©rĂ©brale, vie affective et sociale, logement.Le didacticiel vidĂ©o (en deux parties) permet de se familiariser en quelques minutes avec les outils.Les cartes de dialogue constituent le cƓur du dispositif. L’image en noir et blanc, Ă  visĂ©e universelle et inclusive, se veut une passerelle vers l’identification, par la personne, des situations, bĂ©nĂ©fices et solutions envisagĂ©s. Le repĂšre temporel est la journĂ©e.

L’avis de PIPsa (www.pipsa.be)

Appréciation globale

Cet outil pĂ©dagogique s’adresse aux professionnels qui interviennent auprĂšs des personnes ĂągĂ©es. Il leur fournit des supports permettant d’ouvrir la parole autour de 6 thĂšmes de santĂ©, en individuel ou en collectif, en faisant des liens entre les thĂšmes.Rigoureux, bien documentĂ© Ă  partir de sources diversifiĂ©es, l’outil reflĂšte Ă  la fois le consensus scientifique par rapport Ă  la prĂ©vention et au vĂ©cu des personnes ĂągĂ©es. Il est pertinent par rapport au thĂšme (approche globale et positive de la santĂ©), aux objectifs et au public (attention accordĂ©e au public prĂ©carisĂ© parmi la population ĂągĂ©e). Le thĂšme est actuel (augmentation de la population des personnes ĂągĂ©es) et tient compte des inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ© (absence d’écrit, support imagĂ©, Ă©change autour de la parole).Le processus pĂ©dagogique, en individuel ou en collectif, repose sur l’identification de ce que font les personnes pour maintenir ou promouvoir leur santĂ©. Le langage adaptĂ©, la neutralitĂ© des images, le soutien des compĂ©tences psychosociales permettent, via le dialogue, de faire Ă©merger des opportunitĂ©s que le professionnel, dont la posture est clairement dĂ©finie, peut saisir pour aller plus loin.Le ton positif soutient le renforcement de saines habitudes de vie, voire la mise en place de nouvelles. Le calendrier, remis aux participants en fin de sĂ©ance, fournit des repĂšres, fait du lien entre professionnels autour de la personne ĂągĂ©e, et aide Ă  se projeter dans l’avenir. Notons l’importance d’installer ce coaching dans du moyen voire long terme, pour permettre un suivi et un changement par rapport aux habitudes. De mĂȘme, annoncer aux personnes les objectifs du/des activitĂ©s faciliterait la co-construction et l’adhĂ©sion.Le travail en groupe aurait pu ĂȘtre enrichi par d’autres techniques d’animation et par des actions collectives ou communautaires, vu qu’elles sont suggĂ©rĂ©es dans les pistes. De mĂȘme une proposition de processus d’évaluation aurait Ă©tĂ© bienvenue.Le document d’accompagnement prĂ©sente de nombreuses redondances qui brouillent la lecture (jargonnant et long dans les explications) et pourraient dĂ©courager le professionnel. Se rĂ©fĂ©rer Ă  la prĂ©sentation vidĂ©o, un vrai plus pour le professionnel.Le tĂ©lĂ©chargement facilite l’accĂšs Ă  l’outil.

Objectifs

  • Prendre conscience de ses reprĂ©sentations pour 6 thĂ©matiques de santĂ© (alimentation, activitĂ© physique, prĂ©vention, activitĂ© cĂ©rĂ©brale, vie affective et sociale, logement)
  • Comprendre l’intĂ©rĂȘt des conseils de prĂ©vention santĂ© et trouver des stratĂ©gies pour les intĂ©grer au quotidien
  • DĂ©couvrir des organismes relais et ressources locales/rĂ©gionales
  • Stimuler l’acquisition d’habiletĂ©s nouvelles en matiĂšre de prĂ©vention
  • Agir sur son milieu de vie pour faciliter le bien-ĂȘtre et faciliter les dĂ©placements

Public cible

55 et plus

Utilisation conseillée

  • Annoncer votre/vos objectifs aux participants facilitera la co-construction
  • PrivilĂ©gier une utilisation qui s’inscrit dans le temps, pour que de nouvelles habitudes de vie puissent se mettre en place.
  • Utilisation thĂ©matique possible, modulable et adaptable par le tri des cartes.
  • Varier le procĂ©dĂ© d’animation en collectif (cfr 25 techniques d’animation pour promouvoir la santĂ©)

OĂč trouver l’outil

Chez l’Ă©diteur :

SantĂ© Publique France 12 rue Val d’Osne 94415 – Saint-Maurice France +33 (0)1 41 79 67 00 – edif@santepubliquefrance.frhttps://www.santepubliquefrance.fr

Dans les centres de prĂȘt :

Centre local de promotion de la santĂ© du Brabant wallon +32 (0)10 62 17 62 – info@clps-bw.behttp://www.clps-bw.be Catalogue : http://www.clps-bw.be/que-proposons-nous/centre-de-documentation

Tirez votre plan ! Une analyse de « Plans » pour promouvoir la santé en Flandre, en France, au Québec et en Suisse

Les acteurs de la promotion de la santĂ© de la RĂ©gion wallonne et de la RĂ©gion Bruxelles-Capitale n’auront probablement jamais autant entendu parler de Plans que depuis ces derniĂšres annĂ©es. Dans le jargon de la profession, ce mot a dĂ©sormais une signification bien spĂ©cifique. Il est mĂȘme possible qu’il faille Ă©viter ce mot pour les 15 prochaines annĂ©es Ă  venir au risque de voir ces acteurs pĂąlir ou ĂȘtre victimes d’une crise d’angoisse.De fait, avec l’élaboration des nouvelles politiques rĂ©gionales de promotion de la santĂ© – que nous appelons « Plans de promotion de la santĂ© » – c’est tout un secteur qui ressent les consĂ©quences du processus long et complexe d’élaboration d’un Plan. MalgrĂ© tout, ce contexte aura constituĂ© une opportunitĂ© pour le secteur de se rĂ©affirmer et de se fĂ©dĂ©rer. Le service universitaire de promotion de la santĂ© de l’UniversitĂ© catholique de Louvain, le RESO, s’est attelĂ© Ă  la rĂ©alisation d’une analyse de quelques politiques nationales et rĂ©gionales afin d’alimenter les rĂ©flexions amorcĂ©es lors de la construction des Plans bruxellois et wallon. Cette analyse a fait l’objet de la rĂ©daction d’un rapport de synthĂšse que nous avons appelĂ©, en bon Belges que nous sommes[1] : « Tirez votre Plan ! Une analyse de « Plans » pour promouvoir la santĂ© en Flandre, en France, au QuĂ©bec et en Suisse ».Ce rapport de synthĂšse s’adresse aux politiques, experts et professionnels belges et d’ailleurs qui, dans le cadre de l’élaboration d’une politique de promotion de la santĂ©, seraient susceptibles de participer ou d’ĂȘtre directement impliquĂ©s dans celle-ci.Il s’est rapidement avĂ©rĂ© que la dĂ©nomination Plan n’était pas gĂ©nĂ©ralisĂ©e dans tous les pays 
 Nous en avons donc donnĂ© la dĂ©finition suivante : « Toute production des politiques (stratĂ©gies, politiques, programmes 
), autant nationales que rĂ©gionales, visant Ă  structurer le secteur de la santĂ© hors soins, Ă  prioriser les objectifs de santĂ© Ă  atteindre et Ă  guider les actions des associations oeuvrant pour amĂ©liorer la santĂ© et le bien-ĂȘtre des populations dans une vision de la santĂ© faisant Ă©cho Ă  la charte d’Ottawa. »[2]L’étape ultĂ©rieure a Ă©tĂ© de sĂ©lectionner les Plans que nous allions analyser. Notre premier choix s’est portĂ© sur le Plan de la RĂ©gion flamande[3] pour son ancrage dans un contexte similaire Ă  celui des RĂ©gions bruxelloise et wallonne. Ensuite, nous avons prĂ©fĂ©rĂ© choisir des pays francophones, afin de bien comprendre les nuances liĂ©es Ă  la langue, et proches du contexte socio-Ă©conomique de la Belgique. Ce qui nous a amenĂ©s Ă  sĂ©lectionner un Plan national et un Plan rĂ©gional pour les pays (et province) suivants : la Suisse[4][5], la France[6][7] et le QuĂ©bec[8][9]. Ce qui fait un total de 7 Plans analysĂ©s.GĂ©nĂ©ralement, les Plans suivent un dĂ©veloppement similaire : ils commencent par des Ă©lĂ©ments de contexte et de conception, continuent sur un diagnostic de l’état de santĂ© de la population, poursuivent sur les prioritĂ©s du Plan (en termes d’objectifs et d’actions), abordent la mise en Ɠuvre de ces prioritĂ©s et terminent par la prĂ©sentation des mĂ©thodes et dĂ©marches d’évaluation du Plan. L’objectif de ce rapport de synthĂšse est de mettre en exergue des faits saillants des Plans sĂ©lectionnĂ©s en termes de conception, de contenu, de mise en Ɠuvre et d’évaluation. Ces 4 parties constituent le corps du rapport et de cet article.

La dĂ©marche d’élaboration

Premier constat en matiĂšre de conception, les Plans analysĂ©s sont tous sous la tutelle du ministre ou de l’instance publique en charge de la santĂ©. DeuxiĂšme constat, il y a une volontĂ© d’adopter une approche inclusive et participative de la part des dĂ©cideurs. Bien que les mĂ©thodes d’élaboration soient succinctement dĂ©veloppĂ©es dans les Plans, tous ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de moments de concertation avec les diffĂ©rentes parties prenantes (professionnels, usagers, etc.). Cette approche inclusive prend la forme de groupes de travail ou de mise en consultation du Plan.

Le contenu des Plans

Le cƓur d’un Plan, ce sont ses prioritĂ©s de santĂ©. Celles-ci permettent d’éviter un Ă©parpillement des ressources afin de les concentrer sur des sujets auxquels la prĂ©sĂ©ance est donnĂ©e. Pour choisir les prioritĂ©s de santĂ©, diverses mĂ©thodes et sources de donnĂ©es sont utilisĂ©es : l’analyse de l’état de santĂ© de la population, les rĂ©sultats de l’évaluation du Plan prĂ©cĂ©dent, un alignement sur les orientations de l’OMS, l’utilisation de critĂšres de priorisation.Les prioritĂ©s sont ensuite Ă©noncĂ©es sous forme d’objectifs. En ce sens, leur contenu est riche en informations. Les thĂšmes sur lesquelles portent les objectifs des Plans analysĂ©s se dĂ©clinent en 5 grandes catĂ©gories : les problĂ©matiques de santĂ©, les dĂ©terminants de la santĂ©, les populations spĂ©cifiques, les milieux de vie et les stratĂ©gies d’action. Les principaux thĂšmes au sein de ces grandes catĂ©gories ont Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ©s et prĂ©sentĂ©s sous la forme de tableaux synthĂ©tiques pour permettre une comparaison entre les pays. Au terme de ce travail de classification, nous avons donc obtenu 5 tableaux Ă  l’image de celui ci-dessous.Ces tableaux ne sont pas destinĂ©s Ă  rapporter les thĂšmes non abordĂ©s par les Plans ou Ă  tirer des conclusions sur des Ă©ventuelles omissions. Il s’agit plutĂŽt d’un outil de simplification et de schĂ©matisation qui permet d’avoir une vue d’ensemble globale et immĂ©diate des thĂšmes prioritaires des Plans.Comment lire ce tableau ? ImageNous proposons ici l’exemple du tableau portant sur les objectifs ciblant des problĂ©matiques de santĂ©. Dans la deuxiĂšme colonne, on voit l’ensemble des thĂšmes qui ont trait Ă  des problĂ©matiques de santĂ©. Pour chaque Plan, nous avons indiquĂ© si un ou plusieurs de leurs objectifs portaient sur chacun de ces thĂšmes. Si c’est le cas, la case est en couleur. On remarque par exemple que le Plan national français et le Plan flamand ne formulent pas d’objectifs ciblant des problĂ©matiques de santĂ©. Sur base des 5 tableaux, nous nous sommes posĂ©s deux questions : par quelle(s) approche(s) les objectifs des Plans ont-ils Ă©tĂ© formulĂ©s et quels sont les thĂšmes prioritaires des objectifs ? En termes d’approches de formulation des objectifs, nous avons observĂ© qu’un mĂȘme Plan peut combiner plusieurs approches. Le Plan flamand dĂ©finit ses objectifs en ciblant presque uniquement des milieux de vie et les Plans français adoptent une approche ciblant principalement des stratĂ©gies d’action. Au QuĂ©bec, les Plans diversifient beaucoup plus leurs approches, mĂȘlant l’approche par problĂ©matiques de santĂ©, par population et par stratĂ©gies. Enfin, en Suisse, le Plan national utilise une approche par stratĂ©gies et par population alors que le Plan rĂ©gional utilise une approche par problĂ©matiques de santĂ©.En termes de thĂšmes prioritaires ciblĂ©s par les objectifs, nous constatons qu’ils sont assez similaires entre les Plans. Par exemple l’alimentation, les assuĂ©tudes, la qualitĂ© et l’accĂšs aux soins et Ă  la prĂ©vention. Toutefois, certains thĂšmes plus spĂ©cifiques (parce que probablement plus dĂ©pendants du contexte) sont abordĂ©s dans certains Plans seulement, comme par exemple la nutrition prĂ©natale et postnatale dans le Plan rĂ©gional quĂ©bĂ©cois, les problĂšmes d’adaptation sociale dans le Plan national quĂ©bĂ©cois, les personnes en pĂ©riode de rupture dans le Plan rĂ©gional français ou les milieux du loisir pour enfants dans le Plan de la RĂ©gion flamande. Certains objectifs suggĂšrent une timide ouverture vers la dĂ©marche de « santĂ© dans toutes les politiques » en visant l’environnement ou l’enseignement par exemple.

La mise en Ɠuvre des Plans

Dans la suite logique des choses, les Plans abordent ensuite la mise en Ɠuvre de leurs objectifs. Il s’agit ici de comprendre comment il est prĂ©vu d’atteindre les objectifs des Plans. Avec la dĂ©finition des objectifs, cette partie est centrale. Le Plan flamand et les Plans nationaux suisse et quĂ©bĂ©cois dĂ©veloppent d’ailleurs la mise en Ɠuvre sous la forme d’un « plan de mesures » plus concret. Le plan rĂ©gional français est quant Ă  lui dĂ©clinĂ© en programmes territoriaux. Le Plan rĂ©gional quĂ©bĂ©cois se prĂ©sente sous la forme de « fiches » dĂ©taillĂ©es. Le Plan rĂ©gional suisse est mis en Ɠuvre par des contrats de prestations avec les acteurs de terrain. Enfin, le Plan national français a Ă©tĂ© mis en Ɠuvre par une loi[10].

Les dispositifs d’évaluation de la mise en Ɠuvre des Plans

Nous faisons le constat que dans les Plans sĂ©lectionnĂ©s, des indicateurs d’évaluation de l’implĂ©mentation et de l’efficacitĂ© sont prĂ©vus mais il ne semble pas clair cependant si les dispositifs d’évaluation permettraient de vĂ©rifier la prĂ©sence d’effets de contexte. Autrement dit, « dans quelle mesure le contexte (socio-Ă©conomique, culturel, ethnique, etc.) et les acteurs (professionnels, citoyens, etc.) interagissent avec l’implĂ©mentation des Plans, affectent leur fidĂ©litĂ© et affectent leur potentiel d’efficacitĂ© pour la santĂ© des personnes et des communautĂ©s »[11].L’évaluation des programmes et actions de promotion de la santĂ© est au cƓur de nombreux dĂ©bats entre acteurs/chercheurs/dĂ©cideurs. Nous souhaitons mettre en avant que l’évaluation des interventions de promotion de la santĂ© vise d’une part Ă  permettre de produire des connaissances autant sur les effets de ces interventions que sur leurs processus et d’autre part Ă  mesurer leur efficacitĂ© et leur efficience. L’enjeu est de s’appuyer sur ces connaissances pour optimiser les actions de terrain. En rĂ©ponse Ă  un besoin d’outils et de mĂ©thodes adaptĂ©s aux rĂ©alitĂ©s des interventions de promotion de la santĂ©, nous avons relevĂ© quelques initiatives prĂ©sentĂ©es dans les Plans analysĂ©s, comme par exemple l’outil quint-essenz en Suisse, la matrice utilisĂ©e en Flandre ou encore la recherche interventionnelle en santĂ© des populations dans laquelle la France et le QuĂ©bec investissent de plus en plus.Dans un ouvrage publiĂ© en 2013 par Carole Clavier et Evelyne de Leeuw, intitulĂ© « Health promotion and the policy process »[12], les auteures soutiennent qu’en promotion de la santĂ©, les acteurs et les chercheurs auraient tout Ă  gagner de mieux comprendre comment les politiques publiques sont Ă©laborĂ©es afin de les influencer positivement, de les Ă©valuer adĂ©quatement et de les implĂ©menter efficacement. Notre rapport fait Ă©cho Ă  leur constat qui souligne que l’axe premier de la charte d’Ottawa « Ă©laboration de politiques pour la santĂ© », manque d’une base thĂ©orique solide pour appuyer l’action. Les rĂ©sultats de notre analyse sont un pas dans ce sens. L’analyse complĂšte est tĂ©lĂ©chargeable sur le site : https://uclouvain.be/reso


[1] L’expression « tirez votre plan » est un belgicisme qui signifie « dĂ©brouille-toi ».

[2] Malengreaux SégolÚne, « Tirez votre plan ! Une analyse de « Plans » pour promouvoir la santé en Flandre, en France, au Québec et en Suisse », Woluwé Saint Lambert : RESO, 2017, p.9 Téléchargeable sur https://uclouvain.be/reso

[3] « Strategisch plan – de vlaming leeft gezonder in 2025 », Agentschap Zorg & Gezondheid, 2016. TĂ©lĂ©chargeable sur : https://www.zorg-en-gezondheid.be/sites/default/files/atoms/files/Strategisch_Plan_GezLev_vGCCorr.pdf

[4] « Stratégie Nationale Prévention des maladies non transmissibles (stratégie MNT) 2017-2024 », Berne, Office fédéral de la Santé Publique et la Conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de la santé, 2016. Téléchargeable sur : https://www.bag.admin.ch/bag/fr/home/themen/strategien-politik/nationale-gesundheitsstrategien/strategie-nicht-uebertragbare-krankheiten.html?_organization=317

[5] « Stratégie cantonale de prévention et de promotion de la santé 2016-2026 », République et canton de Neuchùtel. Téléchargeable sur http://www.ne.ch/autorites/DFS/SCSP/prevention/Documents/Strat%C3%A9gie_cantonale_pr%C3%A9vention_promotion_sant%C3%A9_rapport%20complet.pdf

[6] « Stratégie Nationale de Santé, feuille de route », MinistÚre des Affaires Sociales et de la Santé, Septembre 2013. Téléchargeable sur : http://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/SNS-Feuille_de_route.pdf

[7] « Projet Régional de Santé des Pays de la Loire », version actualisée du 26 mars 2016, Agence Régionale de Santé Pays de la Loire. Téléchargeable sur : https://www.pays-de-la-loire.ars.sante.fr/le-projet-regional-de-sante-1ere-generation-2012-2016

[8] « Programme national de santé publique pour améliorer la santé de la population du Québec 2015-2025 », MinistÚre de la Santé et des Services Sociaux, Gouvernement du Québec, 2015. Téléchargeable sur http://publications.msss.gouv.qc.ca/msss/fichiers/2015/15-216-01W.pdf

[9] Direction de santĂ© publique de la MontĂ©rĂ©gie (2016), « Plan d’action rĂ©gional de santĂ© publique 2016-2020 », Longueuil, Centre intĂ©grĂ© de santĂ© et de services sociaux de la MontĂ©rĂ©gie-Centre. TĂ©lĂ©chargeable sur http://extranet.santemonteregie.qc.ca/depot/document/3858/PAR-VF.pdf

[10] LOI 2016-41 du 26 janvier 2016 de « modernisation de notre systÚme de santé »

[11] Malengreaux SégolÚne, « Tirez votre plan ! Une analyse de « Plans » pour promouvoir la santé en Flandre, en France, au Québec et en Suisse », Woluwé Saint Lambert : RESO, 2017, p.46 Téléchargeable sur https://uclouvain.be/reso

[12] CLAVIER C. and de LEEUW E., « Health promotion and the policy process », Oxford University Press, 2013.

« Ville en santé, ville en mouvement », une premiÚre matinée pour réfléchir ensemble la mobilité

Comme l’indique le nom de la matinĂ©e d’échange organisĂ©e par l’Observatoire de la santĂ© du Hainaut (OSH), « Ville en santĂ©, ville en mouvement Â», la santĂ© et la mobilitĂ© sont Ă©troitement  liĂ©s. Le 29 novembre dernier Ă©taient conviĂ©s dans les locaux de l’observatoire,  diffĂ©rents acteurs en lien avec la mobilitĂ© au sens large. Du sport Ă  l’amĂ©nagement urbain, des enfants aux personnes ĂągĂ©es, des initiatives communales au plan wallon, les Ă©changes d’idĂ©es ont Ă©tĂ© riches ! Cette matinĂ©e prend d’autant plus de sens lorsqu’on nous rappelle que la sĂ©dentaritĂ© est devenue la 4Ăšme cause de mortalitĂ©. Alors, comment « bouge-t-on Â» aujourd’hui dans notre pays ?

Quelques focus de la matinée

La mobilitĂ©, vaste sujet que voilà
 Voici donc quelques focus sur certaines idĂ©es, faits marquants prĂ©sentĂ©s ou Ă©lĂ©ments de rĂ©flexion exposĂ©s lors de cette matinĂ©e ainsi que des initiatives rĂ©alisĂ©es dans diffĂ©rentes rĂ©gions du pays.

  • L’observatoire de la santĂ© du Hainaut dont les prioritĂ©s de recherches et d’actions sont « manger-bouger-respirer Â» nous indique qu’il ressort de leurs Ă©tudes que les loisirs des jeunes sont en Ă©volution. On constate une diminution du temps consacrĂ© Ă  une activitĂ© sportive au profit de l’utilisation des Ă©crans, soit une activitĂ© passive. DerriĂšre le terme gĂ©nĂ©ral des Ă©crans on y retrouve Ă©videmment les smartphones mais aussi les consoles de jeux vidĂ©o qui occupent une place importante.Pour en savoir plus sur les projets et actions de l’OSH : http://www.hainaut.be/sante/osh/template/template.asp?page=accueil
  • Philippe Lorent, directeur Ă  la direction la planification et de la mobilitĂ© pour la rĂ©gion wallonne, a expliquĂ© que la rĂ©gion souhaite penser la mobilitĂ© pour plus de dĂ©placements physiquement actifs. Cela demande une rĂ©flexion sur la mobilitĂ© en elle-mĂȘme pour qu’elle soit plus conviviale et surtout diffĂ©rente de la voiture en favorisant par exemple les transports en commun. Il est Ă©galement important d’avoir des endroits qui soient agrĂ©ables pour se dĂ©placer. A titre d’exemple, les citoyens ont moins envie de se dĂ©placer Ă  pied si les trottoirs sont occupĂ©s par des voitures garĂ©es dessus

Il faut permettre au citoyen de se déplacer au bon moment, avec le bon moyen de transport.

Monsieur Lorent a Ă©galement remis en avant le plan Wallonie cyclable qui promeut une mobilitĂ© durable pour tous les citoyens. Actif depuis 2010, il a pour but d’amĂ©liorer les conditions de pratique du vĂ©lo sur le territoire wallon pour augmenter son utilisation d’ici 2020. Sept ans aprĂšs sa mise en place, on constate dĂ©jĂ  des effets significatifs notamment Ă  LiĂšge oĂč l’usage du vĂ©lo Ă  triplĂ©.

Pour en savoir plus :

Des ASBL qui soutiennent la mobilité douce:

  • Mouscron, ville cyclable reprĂ©sentĂ©e par sa bourgmestre Brigitte Aubert.

Dans le cadre du plan wallon, la ville a Ă©tĂ© choisie comme commune pilote au mĂȘme titre que Namur, Wanze ou encore Marche-en-Famenne. Mouscron a donc repensĂ© sa ville ou plutĂŽt sa ville en vĂ©lo en amĂ©nageant son territoire avec des bandes cyclables suggĂ©rĂ©es, des chevrons, des zones avancĂ©es pour cyclistes et  autorisĂ© dans certaines rues Ă  sens unique le passage des vĂ©los Ă  contre sens. Ce dernier amĂ©nagement est particuliĂšrement important puisque la ville compte un bon nombre de rues Ă  sens unique. Cette transformation du paysage mouscronnois a demandĂ© du temps et parfois un rĂ©amĂ©nagement complet de la voirie.

  • Caroline Ena, coordinatrice fĂ©dĂ©rale pour EnĂ©o Sport, a apportĂ© un Ă©clairage sur la place de l’activitĂ© sportive pour les ainĂ©s. Nous sommes tous de plus en plus d’accord sur l’importance de rendre le citoyen acteur de sa santĂ©, et donc de sa mobilitĂ©. Pourtant, on remarque que les espaces sportifs sont trĂšs occupĂ©s : la journĂ©e par les Ă©coles, le soir par les loisirs. OĂč se trouve donc la place des ainĂ©s ? Caroline Ena souligne Ă©galement toute l’importance de proposer des espaces accueillants sans oublier de proposer des activitĂ©s. Ces activitĂ©s devraient non seulement valoriser l’activitĂ© sportive mais aussi anticiper une plus-value sociale pour l’ainĂ©, par exemple, enrichir son rĂ©seau social. De plus, une bonne activitĂ© est celle pensĂ©e en fonction des rĂ©gions et du mode de vie des gens. On sait qu’en rĂ©gion bruxelloise les citoyens sont moins enclins Ă  faire de longs dĂ©placements pour pratiquer un sport Ă  l’inverse des wallons.

En savoir plus sur http://www.eneo.be/

  • L’ASBL GYMSANA Ă©tait reprĂ©sentĂ©e par Thierry Boutte, son directeur. Elle a pour mission d’aider Ă  reculer l’entrĂ©e en dĂ©pendance des personnes ĂągĂ©es. AidĂ©e de 150 partenaires locaux elle organise diffĂ©rentes activitĂ©s sportives. Tout en se basant sur les donnĂ©es scientifiques elle a pour mission de rendre ces activitĂ©s accessibles Ă  tous, peu importe l’ñge, le lieu de vie, le niveau socio-Ă©conomique ou encore la pathologie. Monsieur Boutte a soulignĂ© toute l’importance de comprendre que les personnes ĂągĂ©es ne sont pas un groupe mais bien des groupes. En effet, un passĂ© de sportif, une pathologie, un manque de moyen financier sont des facteurs influençant l’accĂšs au sport des ainĂ©s.Promouvoir le sport c’est lutter contre la sĂ©dentaritĂ© mais aussi contre l’isolement en faisant de l’activitĂ© sportive un espace-temps de rencontre et d’échanges. Mais comment amener les ainĂ©s vers le sport ? Une piste Ă©voquĂ©e Ă©tait de travailler sur l’image de jeunesse vĂ©hiculĂ©e par le sport qui s’accompagne de « ce n’est pas/plus pour moi Â» dans la bouche des ainĂ©s. Il faut faire naĂźtre/renaĂźtre le dĂ©sir de pratiquer un sport. Pour ce faire, pratiquer un discours non paternalisant ou infantilisant en passant par des personnes ressources comme le mĂ©decin traitant, la famille ou l’efficacitĂ© du bouche Ă  oreille serraient des pistes Ă  explorer.

En savoir plus sur http://www.gymsana.be/accueil.php

Quid de demain ?

Une telle matinĂ©e d’échanges permet de croiser nos savoirs et nos actions. Elle permet surtout de faire se rencontrer des acteurs de diffĂ©rents niveaux qui ne se connaissent pas toujours mais Ɠuvrent pour le mĂȘme but. Des acteurs qui travaillent pour un mode de vie plus actif car aujourd’hui, dans le domaine de la santĂ© publique, la sĂ©dentaritĂ© occupe une place tout aussi importante que l’alcool !

« En 40 ans, un quart de la capacitĂ© cardio-vasculaire des jeunes a disparu Â» – Pierre Bizel (OSH)

A l’heure actuelle, ce qui diffĂ©rencie la sĂ©dentaritĂ© des autres « grandes Â» pathologies de santĂ© publique c’est le fait que nous n’avons pas encore d’histoire de la maladie. Nous avons donc moins de recule, moins de plateformes, de porte-paroles ou de rĂ©seaux d’échanges que l’alimentation par exemple.

Le prochain rendez-vous donnĂ© par l’observatoire de la santĂ© du Hainaut sera en novembre 2018
 Ă  vos agendas !

Eurotox a publiĂ© son rapport sur l’usage de drogues en Wallonie et Ă  Bruxelles pour l’annĂ©e 2016. Nous vous avons prĂ©sentĂ© les rĂ©sultats pour la rĂ©gion bruxelloise dans notre dernier numĂ©ro. Voici ceux pour la Wallonie.

Les tendances épidémiologiques marquantes

L’usage de drogues dans la population gĂ©nĂ©rale – EnquĂȘte HIS 2013

Selon la derniĂšre enquĂȘte Health Interview Survey (HIS)Note bas de page, la prĂ©valence de l’usage de cannabis au cours de la vie (usage du produit au moins une fois dans la vie) est de 14,8 % dans la population wallonne ĂągĂ©e de 15 Ă  64 ans. L’usage de cannabis sur la vie est plus Ă©levĂ© au sein de la tranche d’ñge des 25-34 ans (32,4 %) ainsi que chez les hommes. L’ñge moyen du premier contact avec ce produit est de 18 ans et 8 mois. La prĂ©valence de l’usage actuel de cannabis (au moins une consommation au cours des 30 derniers jours) est de 3,6 % dans la population wallonne. Il concerne surtout les 15-24 ans (8,4 %) ainsi que les 25-34 ans (7,4 %). L’usage quotidien (ou presque) de cannabis concernerait 0,7 % des Wallons de 15-64 ans. La prĂ©valence de l’usage au cours de la vie d’une drogue illicite autre que le cannabis est de 2,6 % dans la population wallonne de 15 Ă  64 ans. La tranche d’ñge la plus concernĂ©e est celle des 25-34 ans (7,8 %).En Wallonie, comme partout en Belgique, la prĂ©valence d’usage de cannabis sur la vie a significativement et continuellement augmentĂ© depuis 2001, alors que l’usage actuel est restĂ© relativement stable. Cela suggĂšre une augmentation progressive du nombre de personnes qui expĂ©rimentent ce produit, sans que cela ne s’accompagne d’une augmentation du nombre de consommateurs rĂ©guliers. La prĂ©valence de l’usage sur la vie d’une autre drogue illicite que le cannabis ne diffĂšre pas entre 2008 et 2013.

L’usage d’alcool dans la population gĂ©nĂ©rale – EnquĂȘte HIS 2013

Selon l’enquĂȘte HIS 2013, la prĂ©valence de la surconsommation hebdomadaire d’alcoolNote bas de page (au cours des 12 derniers mois) est de 7,3 % chez les Wallons ĂągĂ©s de 15 ans et plus. Elle augmente Ă  partir de 45 ans et est plus frĂ©quente chez les hommes. La prĂ©valence de la consommation quotidienne est de 16,4 % dans la population wallonne de 15 ans et plus, et celle de la consommation quotidienne Ă  risqueNote bas de page est de 5,2 %. Elles augmentent Ă©galement avec l’ñge des rĂ©pondants. Contrairement aux autres indicateurs, la diffĂ©rence de genre est peu marquĂ©e pour la consommation quotidienne Ă  risque : il semble y avoir autant de femmes que d’hommes qui consomment quotidiennement une quantitĂ© excessive d’alcool. La prĂ©valence du binge drinking hebdomadaireNote bas de page s’élĂšve Ă  8 % chez les Wallons de 15 ans et plus. Elle est nettement plus Ă©levĂ©e chez les hommes que chez les femmes. Contrairement aux autres indicateurs, dont la prĂ©valence augmente avec l’ñge, ce comportement est plus frĂ©quent chez les jeunes, en particulier chez les 15-24 ans (12,2 %). Enfin, 10 % de la population wallonne de 15 ans et plus aurait dĂ©jĂ  eu un problĂšme d’usage d’alcool. La prĂ©valence sur la vie de l’usage problĂ©matique d’alcool est plus Ă©levĂ©e chez les hommes que chez les femmes, et elle concerne un peu moins les 15-24 ans ainsi que les 75 ans et plus.Les analyses standardisĂ©es pour l’ñge et le sexe montrent que la consommation quotidienne a augmentĂ© de maniĂšre progressive et significative depuis 1997 en Wallonie. En revanche, l’usage problĂ©matique sur la vie, la surconsommation hebdomadaire et le binge drinking hebdomadaire sont restĂ©s relativement stables au cours du temps.

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L’usage de drogues chez les jeunes – EnquĂȘte HBSC 2014

Selon la derniĂšre enquĂȘte Health Behaviour in School-aged Children (HBSC) rĂ©alisĂ©e chez les jeunes scolarisĂ©s dans l’enseignement secondaire, la prĂ©valence sur la vie de la consommation de cannabis est en diminution chez les Ă©lĂšves de 15-20 ans scolarisĂ©s en Wallonie. En 2014, plus d’un tiers des jeunes de 15-20 ans ont dĂ©clarĂ© en avoir consommĂ© au moins une fois. La consommation des autres produits, peu courante, est soit relativement stable soit en diminution par rapport Ă  ce que l’on observait prĂ©cĂ©demment. En 2014, 2,4 % des Ă©tudiants wallons de 15-20 ans interrogĂ©s ont dĂ©clarĂ© consommer du cannabis tous les jours au moment de l’enquĂȘte, et 3,7 % pas quotidiennement mais chaque semaine.

Les demandes de traitement – TDINote bas de page 2015

Selon le Treatment Demand Indicator (TDI), on dĂ©nombre actuellement plus de 2200 nouvelles prises en charge annuelles pour une problĂ©matique de consommation d’alcool ou de drogues (ce qui correspond Ă  2140 patients) dans les services spĂ©cialisĂ©s en assuĂ©tudes de la Wallonie. La demande de traitement Ă©mane le plus souvent d’une rĂ©orientation du secteur psycho-mĂ©dico-social (26,3 %) ou d’une dĂ©marche initiĂ©e par la personne (41,6 %), plus rarement du secteur judiciaire (12,2 %). Les demandes Ă©manant du secteur judiciaire sont toutefois relativement Ă©levĂ©es lorsque le produit problĂ©matique principal est le cannabis (25,2 %). Les opiacĂ©s sont les produits principaux les plus frĂ©quemment citĂ©s comme Ă©tant Ă  l’origine des demandes de traitement des patients (39,4 %), suivi par l’alcool (30,3 %), le cannabis (16,7 %) et la cocaĂŻne (10,5 %). Les patients prĂ©sentent gĂ©nĂ©ralement des antĂ©cĂ©dents thĂ©rapeutiques pour un usage problĂ©matique d’alcool ou de drogues (64,4 %). Ils sont relativement nombreux Ă  prĂ©senter, voire Ă  cumuler certains facteurs de prĂ©caritĂ© : problĂšme de logement (11,4 %), revenus limitĂ©s (35,3 %), faible niveau d’instruction (43,7 %). Enfin, 15,8 % des patients ont dĂ©jĂ  eu recours Ă  l’injection et parmi ceux-ci, 44 % ont dĂ©jĂ  partagĂ© une seringue usagĂ©e.

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Les traitements de substitution aux opiacés en 2015

Selon l’enregistrement des traitements de substitution aux opiacĂ©s (TSO), le nombre de patients mutualisĂ©s rĂ©sidant en Wallonie et ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© au moins une fois d’un traitement de substitution Ă  la mĂ©thadone s’élevait Ă  8.269 en 2015. Les traitements Ă  base de mĂ©thadone sont beaucoup plus frĂ©quemment dĂ©livrĂ©s que ceux Ă  base de buprĂ©norphine (environ 8 pour 1). Les TSO sont majoritairement prescrits Ă  des hommes (davantage consommateurs d’hĂ©roĂŻne que les femmes), ayant un Ăąge compris entre 25 et 54 ans. La tranche d’ñge la plus reprĂ©sentĂ©e est celle des 35-44 ans. Sur base de ce registre, on peut estimer qu’il y aurait parmi la population wallonne environ 12.000 usagers d’hĂ©roĂŻne.

Le systĂšme d’alerte prĂ©coce

Le systĂšme d’alerte prĂ©coce (Early Warning system – EWS) est un systĂšme de veille sanitaire europĂ©en qui permet de recenser les nouvelles drogues de synthĂšse (NDS) et d’en Ă©valuer les risques. Il permet aussi d’informer rapidement les autoritĂ©s, les travailleurs de terrain et les usagers de drogues lorsqu’une substance prĂ©sente un risque sanitaire Ă©levĂ©.Le nombre de NDS recensĂ©es sur le territoire europĂ©en via ce systĂšme Ă©tait relativement peu Ă©levĂ© et constant au dĂ©but des annĂ©es 2000, mais il n’a cessĂ© de croĂźtre ces derniĂšres annĂ©es, passant de 13 NDS en 2008 Ă  98 en 2015. L’EWS belge a quant Ă  lui recensĂ© un total de 42 NDS sur la pĂ©riode 2005-2011 (contre 164 au niveau europĂ©en), 8 en 2013, 31 en 2014 et 42 en 2015. Cette augmentation est attribuable au dĂ©veloppement du marchĂ© des «euphorisants lĂ©gaux» (legal highs) et des research chemicals, ces substances gĂ©nĂ©ralement de nature synthĂ©tique qui sont proposĂ©es Ă  la vente sur Internet par des entrepreneurs peu scrupuleux en contournant les lois sur les stupĂ©fiants et sur les substances rĂ©glementĂ©es.Le nombre d’alertes prĂ©coces diffusĂ©es par Eurotox a considĂ©rablement augmentĂ© depuis 2013, en partie en raison d’une augmentation des alertes portant sur des NDS : 9 alertes sur 15 en 2013, 6 alertes sur 13 en 2014 et 9 alertes sur 14 en 2015. Les 14 alertes diffusĂ©es en 2015 portaient sur 34 Ă©chantillons de produits diffĂ©rentsNote bas de page, dont 12 NDS.

Cadre légal et organisationnel

Les compétences fédérales

Suite Ă  la 6Ăšme RĂ©forme de l’État et les accords de la Sainte-Emilie, et afin d’assurer la cohĂ©rence et la convergence des politiques francophones, la FWB, la Commission communautaire française (COCOF) et la RĂ©gion wallonne (RW) ont dĂ©cidĂ© de former un comitĂ© ministĂ©riel et d’ériger un organe de concertation permanent. Ainsi, avant tout changement de lĂ©gislation, de rĂ©glementation Ă  portĂ©e gĂ©nĂ©rale, de programmation et dans le cadre de toute concertation sociale relative au secteur «non-marchand», une entitĂ© fĂ©dĂ©rĂ©e devra obligatoirement se concerter avec les autres via le comitĂ© ministĂ©riel, qui ne pourra statuer qu’à partir de l’avis de l’organe de concertation rassemblant les diffĂ©rents partenaires.Sur proposition de la ministre de la santĂ© Mme De Block, la loi portant des dispositions diverses en matiĂšre de santĂ© de la ministre fĂ©dĂ©rale de la santĂ© a Ă©tĂ© adoptĂ©e le 18 dĂ©cembre 2016. La loi clarifie les compĂ©tences des inspecteurs du Service public fĂ©dĂ©ral SantĂ© publique. Le projet de loi prĂ©voit notamment que les inspecteurs puissent demander des comptes aux supermarchĂ©s si de l’alcool est offert en dĂ©gustation ; il propose Ă©galement d’autoriser les inspecteurs Ă  saisir (voire dĂ©truire) les boissons alcoolisĂ©es en possession de mineurs d’ñge. Le projet autorise aussi les personnes qui ne sont pas des professionnels du soin Ă  effectuer des tests dĂ©mĂ©dicalisĂ©s (dont les tests VIH) et rend obligatoire les dossiers informatisĂ©s pour les mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes.Une ConfĂ©rence interministĂ©rielle (CIM) SantĂ© publique, rassemblant les membres du Gouvernement fĂ©dĂ©ral et des Gouvernements des CommunautĂ©s et des RĂ©gions ayant des compĂ©tences en santĂ©, a eu lieu le 24 octobre 2016. Elle devait aboutir Ă  l’actualisation de la DĂ©claration Conjointe pour une politique globale et intĂ©grĂ©e en matiĂšre de drogues. Toutefois, les ministres compĂ©tents en santĂ© ne sont pas parvenus Ă  un accord concernant les salles de consommation Ă  moindre risque (SCMR) et le Plan national alcool, deux enjeux qui conditionnent l’actualisation de la DĂ©claration. Ainsi, d’une part, le pouvoir fĂ©dĂ©ral s’est dĂ©clarĂ© en dĂ©faveur de la mise en place de SCMR, contrairement aux gouvernements fĂ©dĂ©rĂ©s ; et la ministre fĂ©dĂ©rale de la santĂ©, Mme De Block, a commandĂ© une nouvelle Ă©tude de faisabilitĂ© des SCMR.Les nĂ©gociations au sujet du Plan nation alcool n’ont pas non plus abouti, faute d’accord au sein de la majoritĂ© fĂ©dĂ©rale et de propositions satisfaisantes aux yeux des entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es, et sont reportĂ©es Ă  mars 2017. Dans la perspective de cette CIM, le secteur non-marchand avait Ă©mis des recommandations vis-Ă -vis du futur plan alcool. Le groupe «Jeunes, alcool et sociĂ©té», d’une part, et la FĂ©dito bruxelloise, d’autre part, s’accordent (entre autres) sur certaines propositions :‱ Interdire la publicitĂ© pour les boissons alcoolisĂ©es ;‱ DĂ©pĂ©naliser l’apprentissage parental (la loi actuelle interdisant toute dĂ©livrance de boissons alcoolisĂ©es aux jeunes de moins de 16 ans, mĂȘme dans le contexte familial) ;‱ Clarifier et simplifier la loi en vigueur (notamment en modifiant le degrĂ© d’alcool des boissons autorisĂ©es aux mineurs d’ñge) ; ‱ RĂ©Ă©quilibrer le financement des actions de prĂ©vention, de RdR et de promotion de la santĂ© par rapport aux actions liĂ©es Ă  la sĂ©curitĂ© et Ă  la rĂ©pression.Le Conseil des Ministres a adoptĂ© la Note-Cadre de SĂ©curitĂ© IntĂ©grale (NCSI) et le Plan National de SĂ©curitĂ© 2016-2019 en juin 2016. La NCSI comprend un volet «politique intĂ©grĂ©e et intĂ©grale actualisĂ©e en matiĂšre de drogues» qui agit Ă  la fois sur l’offre et la demande de drogues. Afin de rĂ©aliser ses prioritĂ©s en matiĂšre de rĂ©duction de la demande, le Gouvernement entend (entre autres) : renforcer la prĂ©vention, renforcer l’usage d’outils de dĂ©tection, d’intervention prĂ©coce et de rĂ©duction des risques, dĂ©velopper la politique de santĂ© pour les consommateurs en prison, etc. Toutefois, la NCSI 2016- 2019 renforce la sĂ©grĂ©gation lĂ©gislative entre l’alcool et les autres drogues, d’une part, en Ă©largissant sinueusement la loi de 1921 Ă  la consommation-mĂȘme de drogues illicites, et, d’autre part, en insufflant l’idĂ©e que tout usage de drogues illicites est par nature problĂ©matique. Dans un tel cadre, les propositions pour rĂ©duire la demande, renforcer la prĂ©vention et impulser des initiatives de RdR revĂȘtent le manteau rĂ©pressif.

En RĂ©gion wallonne

Suite Ă  la 6Ăšme RĂ©forme de l’État, les RĂ©gions ont hĂ©ritĂ©, en l’état, des dĂ©crets auparavant communautaires, relatifs aux compĂ©tences transfĂ©rĂ©es. Les anciens dĂ©crets restent de vigueur jusqu’à ce que les RĂ©gions dĂ©cident ou non de les adapter. Ainsi, la RĂ©gion wallonne travaille Ă  l’élaboration d’un nouveau dĂ©cret de promotion de la santĂ© et de diffĂ©rents plans visant Ă  amĂ©liorer la santĂ© et l’accĂšs aux soins des Wallon.ne.s.Le futur plan de prĂ©vention et promotion de la santĂ© s’inscrit sur le long terme et sera prĂ©vu jusqu’à l’horizon 2030. L’élaboration d’un nouveau plan de prĂ©vention et de promotion de la santĂ© s’inscrit dans le nouveau cadre politique de l’Organisation Mondiale de la SantĂ© (OMS) pour la rĂ©gion europĂ©enne, baptisĂ© Health 2020 et qui poursuit deux orientations stratĂ©giques : amĂ©liorer la santĂ© de tous et rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s de santĂ©, et amĂ©liorer le leadership et la gouvernance participative pour la santĂ©. ConformĂ©ment aux recommandations de l’OMS, le ministre wallon compĂ©tent en matiĂšre de santĂ© s’est prononcĂ© en faveur du concept «SantĂ© dans toutes les politiques».Le ministre PrĂ©vot a dĂ©clarĂ© vouloir prĂ©senter au Gouvernement un Plan rĂ©gional de promotion et de prĂ©vention de la SantĂ© pour la fin de l’annĂ©e 2017. Le plan de promotion de la santĂ© intĂšgre le Plan d’amĂ©lioration de la santĂ© des Wallons et des Wallonnes et le plan wallon Nutrition-SantĂ©, et devra s’articuler avec le Plan de lutte contre la pauvretĂ© 2015-2019. L’un des grands enjeux de la mise en place de ces diffĂ©rents plans est Ă©videmment de veiller Ă  leur articulation. Et afin de tendre vers plus de cohĂ©rence politique et de respecter la libertĂ© de choix et de circulation des usagers, la promotion de la santĂ© doit aussi ĂȘtre pensĂ©e au-delĂ  des compĂ©tences et du territoire wallons. La santĂ© est en effet une problĂ©matique transterritoriale et transversale qui, d’une part, doit tenir compte de la mobilitĂ© des usagers, et, d’autre part, doit ĂȘtre apprĂ©hendĂ©e au sens large, en incluant les compĂ©tences communautaires et fĂ©dĂ©rales.Le Fonds rĂ©gional de cohĂ©sion sociale a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par le Gouvernement en mars 2016. Il remplace le dĂ©cret relatif au Plan de cohĂ©sion sociale (PCS) et s’inscrit dans le Plan de lutte contre la pauvretĂ© 2015-2019. Les conditions d’éligibilitĂ© au Fonds excluent d’emblĂ©e une centaine de communes, majoritairement de petite taille et rurales. L’arrĂȘt des PCS signifie pour celles-ci la fin d’actions, dont certaines sont en place depuis plusieurs annĂ©es. C’est alors un ensemble de liens Ă©tablis avec des partenaires locaux et la continuitĂ© de l’expertise de terrain qui risquent fortement d’ĂȘtre rompus.Le 21 juillet 2016, le Gouvernement a approuvĂ© une note-cadre concernant la rĂ©organisation de la 1Ăšre ligne de soins en Wallonie proposĂ©e par le ministre wallon en charge de la santĂ©. Le ministre PrĂ©vot souhaite amĂ©liorer les dispositifs de 1Ăšre ligne, afin de rĂ©pondre aux enjeux actuels du systĂšme de santĂ©. L’un des grands enjeux de cette rĂ©organisation est la lutte contre les inĂ©galitĂ©s d’accĂšs aux soins de santĂ© entre les diffĂ©rentes couches de la population. Dans cette perspective, le ministre et le Gouvernement entendent mieux faire connaĂźtre l’offre de soins de 1Ăšre ligne aux usagers et aux professionnels, et envisagent de mobiliser l’Agence pour une Vie de QualitĂ© (AViQ) pour mener un tel travail de sensibilisation. Le ministre veut Ă©galement encourager le travail en rĂ©seau des diffĂ©rents acteurs de 1Ăšre ligne et escompte amĂ©liorer la couverture de la 1Ăšre ligne sur le territoire wallon.Retrouvez le rapport complet sur https://eurotox.org/publications/publications-deurotox/


Il est trĂšs probable que les rĂ©sultats de cette enquĂȘte sous-estiment la prĂ©valence rĂ©elle de l’usage d’alcool et de drogues, en partie parce qu’ils ne couvrent pas, de par la mĂ©thodologie utilisĂ©e, les personnes marginalisĂ©es (incarcĂ©rĂ©es, en institutions, sans domicile fixe, etc.).

Consommation de plus de 21 verres standards par semaine pour les hommes et de 14 verres par semaine pour les femmes au cours des 12 derniers mois.

Consommation de plus de 2 verres standards par jour chez les femmes et de plus de 4 verres par jour chez les hommes au cours des 12 derniers mois.

Consommation d’au moins 6 verres d’alcool lors d’une mĂȘme occasion chaque semaine au cours des 12 derniers mois.

Il s’agit d’un des 5 indicateurs Ă©pidĂ©miologiques-clĂ©s crĂ©Ă©s par l’Observatoire EuropĂ©en des Drogues et des Toxicomanies (OEDT). Il est constituĂ© d’environ 20 variables et permet d’estimer le nombre et de dresser le profil des personnes ayant fait une demande de traitement auprĂšs d’un centre spĂ©cialisĂ© en assuĂ©tude.

Une mĂȘme alerte peut parfois porter sur plusieurs Ă©chantillons d’un mĂȘme produit ayant une composition diffĂ©rente (par exemple, plusieurs pilules d’ecstasy) ou sur des produits diffĂ©rents. Par exemple, une des deux alertes lancĂ©es le 28 septembre 2015 portait sur 15 pilules d’ecstasy fortement dosĂ©es en MDMA.

Ensemble pour la santé : la première biennale

Le premier et deux dĂ©cembre, s’est tenue Ă  Bruxelles, la premiĂšre biennale nationale pour la santĂ© et le mieux-ĂȘtre, « Ensemble pour la santĂ© ». Cet Ă©vĂšnement de taille a Ă©tĂ© organisĂ© Ă  l’initiative de la Plate-forme d’Action SantĂ© et SolidaritĂ©. Son objectif principal ? Promouvoir les actions locales et participatives sur les dĂ©terminants sociaux de la santĂ© afin d’amĂ©liorer la santĂ© des populations et de rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ©.

La Plate-forme d’Action SantĂ© et SolidaritĂ©, c’est qui ? C’est quoi ?

C’est plus de 30 reprĂ©sentants de la santĂ© et du bien-ĂȘtre issus des milieux associatifs, mutualistes, syndicaux, des universitĂ©s, de la citoyennetĂ©, 
 Qu’ils viennent de Flandre, de Wallonie ou de Bruxelles, ils se rassemblent tous autour d’un projet commun. Ce projet commun, fondement de la charte de la plate-forme, c’est de promouvoir des politiques de santĂ© progressistes et Ă©galitaires en Belgique, en Europe et dans le monde.Ensemble, ils forment un groupe militant et enrichissant qui unit ses forces pour d’une part informer et sensibiliser les professionnels et la population sur les consĂ©quences des attaques des politiques nĂ©olibĂ©rales sur la protection sociale et le service public des soins de santĂ©. Et d’autre part pour proposer, encourager et dĂ©fendre des politiques de santĂ© et de promotion du bien-ĂȘtre progressistes et solidaires. Ces deux axes principaux se dessinent autour de grands thĂšmes bien connus dans la santĂ© :

  • La santĂ© comme droit pour tous,

  • La lutte contre les inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ©,

  • RĂ©sister au processus de privatisation et de marchandisation du secteur de la santĂ©,

  • Encourager la recherche publique et le prix bas des mĂ©dicaments,

  • DĂ©fendre des soins de qualitĂ© et de bonnes conditions de travail pour le personnel de santĂ©.

La plate-forme d’Action SantĂ© et SolidaritĂ© est fĂ©dĂ©rale et bilingue. Elle fonctionne grĂące aux affiliĂ©s et Ă  leur investissement. Si aujourd’hui on y compte une majoritĂ© d’acteurs francophones, on prĂ©voit une plus grand paritĂ© d’ici 2019 avec l’arrivĂ©e de nouveaux affiliĂ©s nĂ©erlandophones.

Le bilinguisme, voire mĂȘme le multilinguisme a particuliĂšrement Ă©tĂ© bien mis Ă  l’honneur durant la biennale. En plus de proposer une traduction simultanĂ©e lors de la sĂ©ance plĂ©niĂšre, des traducteurs Ă©taient prĂ©sents pour permettre Ă  chacun de communiquer au sein d’un mĂȘme groupe. A l’image mĂȘme de la plate-forme, il n’y a pas de barriĂšre de la langue mais bien des moyens de connexion entre les acteurs porteurs d’expertise.

« Ensemble pour la santé »

« Ensemble pour la santĂ© » c’est un grand projet qui touche les nombreuses rĂ©alitĂ©s qui gravitent autour de la santĂ© et du bien-ĂȘtre en mobilisant les citoyens, les professionnels (bien au-delĂ  du secteur de la santĂ©) et les politiques.

Ses objectifs

L’objectif gĂ©nĂ©ral est de « promouvoir les actions locales et participatives sur les dĂ©terminants sociaux de la santĂ© afin d’amĂ©liorer la santĂ© des populations et de rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ©. »Note bas de pageCet objectif gĂ©nĂ©ral couvre plusieurs dimensions :

  • « Mettre en Ă©vidence les facteurs sociaux (logement, culture, environnement,
) comme dĂ©terminants majeurs de la santĂ©.

  • Mettre en valeur les dynamiques et stratĂ©gies d’action qui ont un impact sur ces dĂ©terminants sociaux de la santĂ© et qui sont mises en Ɠuvre Ă  un niveau local et Ă  travers des dĂ©marches participatives. Ainsi:

    • Contribuer Ă  la visibilitĂ© et la reconnaissance de ces dĂ©marches, par le grand public et par les politiques.

    • Etre un moment d’interpellation du politique pour Ă  la fois montrer que des alternatives existent et fonctionnent, en vue d’obtenir son soutien.

  • Permettre l’échange de savoirs et d’expĂ©riences entre acteurs dans le but de renforcer les compĂ©tences et les actions.

  • Mettre en valeur l’impact des actions locales et participatives Ă  travers la recherche scientifiques (existantes ou Ă  mettre en Ɠuvre).

  • CrĂ©er des liens solidaires entre acteurs, citoyens, professionnels et Ă©lus, provenant des diffĂ©rentes rĂ©gions de la Belgique et de diffĂ©rents secteurs. Ils se baseront sur des valeurs communes dans le but d’un mieux-ĂȘtre pour tous.

  • Identifier les conditions nĂ©cessaires au dĂ©veloppement des actions locales et notamment mettre en Ă©vidence les stratĂ©gies mises en Ɠuvre Ă  diffĂ©rents niveaux de dĂ©cision (fĂ©dĂ©ral, rĂ©gional, communautaire, communal). »Note bas de page

La biennale

Nous le savons, la santĂ© est influencĂ©e par une multitude de dĂ©terminants tels que le logement, la scolaritĂ©, la culture, l’environnement, 
 et bien d’autres encore. Les membres organisateurs, et maintenant les participants de la biennale, sont convaincus qu’en reconnaissant la diversitĂ© de chacun et en unissant les savoirs et les ressources nous pouvons favoriser des projets qui s’élaborent dans un processus de co-construction Ă  diffĂ©rents niveaux. Une co-construction oĂč nous passons du « je » au « nous » pour partager nos ressources et donner de l’énergie Ă  nos crĂ©ativitĂ©s. Cet Ă©vĂšnement a Ă©tĂ© l’occasion de tourner les projecteurs vers des initiatives locales qui proposent des projets innovants et participatifs. C’est rassembler en un mĂȘme lieu des acteurs de diffĂ©rents niveaux qui ne se connaissent pas toujours et ainsi faire Ă©merger une meilleure adĂ©quation entre eux.

« Nous le faisons car nous pensons que ces initiatives contribuent Ă  une plus grande justice sociale, une plus grande solidaritĂ©, une meilleure qualitĂ© de vie et santĂ© pour toutes et tous. »Note bas de pageLes participants ont Ă©tĂ© particuliĂšrement bien accueillis durant cet Ă©vĂšnement. Comme cela avait Ă©tĂ© mentionnĂ© avec humour dans l’introduction le premier jour, nous avons assistĂ© Ă  deux journĂ©es de « chaos crĂ©atif », un peu organisĂ© quand mĂȘme. Cette biennale est dĂ©crite comme cela car plus il y a d’ordre, moins il y a de place pour la crĂ©ativitĂ©, pour amener de nouvelles choses. Et c’était vrai !S’il Ă©tait impossible d’assister Ă  la totalitĂ© des activitĂ©s proposĂ©es durant ces deux jours, voici quelques exemples de ce qui nous Ă©tait proposĂ©:

  • Une sĂ©ance plĂ©niĂšre oĂč monsieur Wim Van Hees a prĂ©sentĂ© le groupe d’action Ademloos, mouvement citoyen qui milite depuis plus de 20 ans pour un recouvrement respectueux de la santĂ© du ring d’Anvers. Madame Christine Ferron, directrice de la FNESNote bas de page illustrait toute l’importance de lutter contre les inĂ©galitĂ©s de santĂ©.

  • Le thĂ©Ăątre du Copion jouait quelques scĂšnes de son spectacle « Je me soigne moi non plus ! » portant sur les inĂ©galitĂ©s d’accĂšs aux soins.

« Tu vois mon p’ti Oscar, je crois qu’on ne peut guĂ©rir que quand on a du monde autour de soi » – Je me soigne moi non plus !

  • Un marchĂ© aux initiatives : la LUSS, la Plate-forme pour promouvoir la santĂ© des femmes, Cultures & SantĂ©, Prenons soins de nous, Handicap & SantĂ©, 
soit plus de 30 associations prĂ©sentes pour expliquer leurs projets et activitĂ©s.

  • DiffĂ©rents ateliers autour de sujets proposĂ©s par les participants ou autour de projets dĂ©jĂ  existants pour dĂ©couvrir, Ă©changer, alimenter les dĂ©bats, 
 quels sont nos obstacles d’aujourd’hui et les solutions de demain ? Quelles pourraient ĂȘtre nos stratĂ©gies ? Que serait notre action symbolique pour marquer la biennale ?

  • Des prĂ©sentations artistiques sous forme de confĂ©rence gesticulĂ©e, film ou slam pour illustrer des problĂ©matiques vastes et complexes comme l’accĂšs au logement ou l’ingĂ©rence de la santĂ© des femmes.

De maniĂšre gĂ©nĂ©rale nous avons contribuĂ©s durant cette premiĂšre biennale Ă  rĂ©pondre Ă  la question de « comment amĂ©liorer la santĂ© entre 2018 et 2024 ? ». Papillonnant d’un atelier Ă  un autre pour contribuer aux Ă©changes ou simplement Ă©couter, chaque participant pouvait rĂ©pondre avec bienveillance Ă  la loi des deux pieds. Cette loi nous dit que si sur le pied droit nous n’apprenons plus rien et que sur le pied gauche nous ne sommes plus en train de contribuer
 alors il faut aller voir ailleurs, comme dans un autre atelier.

Et si on ne devait en retenir qu’une chose de cette biennale


Ce serait que ce n’est pas tant l’apport de nouvelles connaissances qui a marquĂ© cette premiĂšre Ă©dition d’ « Ensemble pour la santĂ© » mais bien la prise de conscience de l’importance du processus en lui-mĂȘme ! C’est par la façon de penser le processus de co-construction de nos projets que nous pourrons peut-ĂȘtre agir au mieux pour la santĂ© de demain, pour la santĂ© de chacun.Pour en savoir plus : http://www.samenvoorlasante.be/fr/


FĂ©dĂ©ration Nationale d’Education et de promotion de la SantĂ© en France.

Le diabète : une urgence sanitaire à l’échelle mondiale

Pour marquer la JournĂ©e Mondiale du DiabĂšte qui avait lieu le 14 novembre dernier, la FĂ©dĂ©ration Internationale du DiabĂšte (FID) a publiĂ©, dans sa 8Ăšme Ă©dition de l’Atlas du DiabĂšte (*voir ci-contre), les nouvelles estimations sur la prĂ©valence du diabĂšte dans le monde : entre 2015 et 2017, le nombre d’adultes atteints de cette maladie a augmentĂ© de 10 millions. Aujourd’hui, un adulte sur onze est touchĂ© par le diabĂšte. Et les chiffres continuent de grimper. L’OMS classe dĂ©sormais cette maladie au rang de pandĂ©mie et la considĂšre comme une des plus grandes urgences sanitaires mondiales. La FID attire par ailleurs l’attention sur la situation des femmes chez qui le diabĂšte a un impact catastrophique.425 millions d’adultes sont actuellement atteints de diabĂšte Ă  travers le monde. Plus de 350 millions d’adultes courent un risque Ă©levĂ© de dĂ©velopper un diabĂšte de type 2, la forme la plus rĂ©pandue de la maladie. À ce rythme-lĂ , prĂšs de 700 millions de personnes seront touchĂ©es par le diabĂšte d’ici Ă  2045. Selon l’Institut de SantĂ© Publique (ISP), le diabĂšte pourrait ĂȘtre la 7Ăšme cause de dĂ©cĂšs dans le monde en 2030. Mais ce n’est pas tout : un adulte atteint de diabĂšte sur deux reste non diagnostiquĂ©.La FID en appelle donc Ă  faire plus d’efforts et Ă  mener encore davantage d’actions au niveau national pour rĂ©duire le fardeau social et Ă©conomique causĂ© par le diabĂšte.Car le gros problĂšme du diabĂšte, c’est qu’il est associĂ© Ă  de graves complications affectant les yeux, le cƓur, les reins, les nerfs et les pieds. « Il provoque des souffrances personnelles dĂ©vastatrices et conduit les familles Ă  la pauvretĂ©, dĂ©clare le Dr Nam Cho, prĂ©sident-Ă©lu de la FID et prĂ©sident du comitĂ© de l’Atlas du DiabĂšte de la FID. Il est urgent de mettre en place une action collective et multisectorielle pour amĂ©liorer les rĂ©sultats du diabĂšte et rĂ©duire le fardeau mondial de ce dernier. Si nous n’agissons pas Ă  temps pour prĂ©venir le diabĂšte de type 2 et amĂ©liorer la prise en charge de tous les types de diabĂšte, nous mettons en pĂ©ril les moyens de subsistance des gĂ©nĂ©rations futures. »

Impact du diabĂšte sur les femmes

À l’occasion de la JournĂ©e Mondiale du DiabĂšte, la FID a voulu donner un coup de projecteur sur les femmes atteintes de diabĂšte parce que celui-ci a malheureusement un impact disproportionnĂ© sur leur vĂ©cu et leur situation. Plus de 200 millions de femmes sont actuellement touchĂ©es par la maladie. TrĂšs nombreuses sont celles qui se heurtent Ă  de multiples obstacles pour accĂ©der Ă  la prĂ©vention du diabĂšte, Ă  la dĂ©tection prĂ©coce, au diagnostic, au traitement et aux soins, en particulier dans les pays en dĂ©veloppement. Les femmes souffrant de diabĂšte sont aussi plus susceptibles d’ĂȘtre pauvres et de disposer de moins de ressources, d’ĂȘtre encore plus discriminĂ©es et de devoir survivre dans des environnements sociaux hostiles. Le diabĂšte est, en outre, une menace grave et nĂ©gligĂ©e pour la santĂ© de la mĂšre et de l’enfant. Il affecte une naissance sur six et risque d’entraĂźner des complications pendant et aprĂšs l’accouchement.Pourtant, « Les femmes et les filles sont des agents clĂ©s dans l’adoption de modes de vie sains pour prĂ©venir la progression du diabĂšte, fait remarquer le Dr Shaukat Sadikot, prĂ©sident de la FID. Il est donc important qu’elles aient accĂšs aux mĂ©dicaments, aux technologies, Ă  l’Ă©ducation et Ă  l’information dont elles ont besoin pour obtenir des rĂ©sultats de santĂ© optimaux vis-Ă -vis du diabĂšte et renforcer leur capacitĂ© Ă  promouvoir des comportements sains. »

Objectifs à l’horizon 2025 et 2030

On le voit, c’est un vĂ©ritable cri d’alarme que lance la FID face Ă  la pandĂ©mie de diabĂšte, mĂȘme si elle se rĂ©jouit de tous les engagements internationaux sur le diabĂšte qui ont Ă©tĂ© pris ces derniĂšres annĂ©es et reconnaĂźt que certains progrĂšs ont Ă©tĂ© accomplis.Des mesures urgentes sont toutefois encore nĂ©cessaires pour atteindre les objectifs convenus par les États membres des Nations Unies en 2013 et en 2015. Ceux-ci comprennent une augmentation de 0% de la prĂ©valence du diabĂšte et de l’obĂ©sitĂ©, 80% d’accĂšs aux mĂ©dicaments et dispositifs essentiels d’ici Ă  2025, ainsi qu’une rĂ©duction de 30% de la mortalitĂ© prĂ©maturĂ©e causĂ©e par les Maladies non-transmissibles (MNT) d’ici Ă  2030.À cette fin, la FID a lancĂ© un appel Ă  l’action en vue de la RĂ©union de haut niveau de 2018 sur les MNT, appelant les gouvernements Ă  renouveler leurs engagements et Ă  redoubler d’efforts afin d’atteindre les objectifs convenus. « Nous avons Ă  la fois les connaissances et l’expertise pour crĂ©er un avenir meilleur pour les gĂ©nĂ©rations Ă  venir », estime le Dr Sadikot.Le Professeur Martin Buysschaert, PrĂ©sident de l’Association Belge du DiabĂšte (ABD), endocrino-diabĂ©tologue et Professeur Ă©mĂ©rite Ă  l’UCL, cite quelques mesures concrĂštes qui feront le poids pour enrayer l’épidĂ©mie : « Il faut vraiment essayer de sensibiliser tout le monde, citoyens et dirigeants, Ă  la nĂ©cessitĂ© d’amĂ©liorer notre politique de santĂ©. Il faut continuer Ă  encourager l’activitĂ© physique, lutter contre le surpoids et l’obĂ©sitĂ©. Le dĂ©pistage prĂ©coce doit ĂȘtre une prioritĂ©. Un diabĂšte de type 2 ne vient pas du jour au lendemain, il est prĂ©cĂ©dĂ© d’une pĂ©riode plus ou moins longue au cours de laquelle des anomalies au niveau du taux de sucre peuvent dĂ©jĂ  ĂȘtre dĂ©celĂ©es. Si on agit Ă  ce moment-lĂ , le traitement est simple : on revoit le mode de vie, l’hygiĂšne, l’alimentation pour empĂȘcher l’évolution vers le diabĂšte. Mais attention, il n’y a pas de symptĂŽmes spĂ©cifiques ni de plaintes durant la pĂ©riode de prĂ©diabĂšte. Aussi faut-il penser recourir au dĂ©pistage par une simple mesure du taux de sucre chez tous les individus Ă  risques, Ă  savoir ceux qui ont un certain Ăąge, qui sont en surpoids, qui ne pratiquent aucune activitĂ© physique. En agissant de la sorte, il est tout Ă  fait possible de circonscrire l’épidĂ©mie. »

E-learning Ă  l’échelle mondiale

Les projets ne manquent pas pour tenter de contrer l’épidĂ©mie mondiale de diabĂšte. Ainsi, en dĂ©cembre dernier, la FID a lancĂ©, lors d’un congrĂšs Ă  Abou Dhabi, un programme e-learning destinĂ© aux Ă©ducateurs en diabĂ©tologie, aux soignants et mĂ©decins de tous les pays du monde. « GrĂące Ă  ce programme, toute une sĂ©rie d’informations sur le diabĂšte seront disponibles pour les acteurs moins privilĂ©giĂ©s que nous en matiĂšre d’informations », se rĂ©jouit le Pr Buysschaert.EspĂ©rons que ces initiatives commenceront Ă  porter leurs fruits, aussi petits soient-ils, dĂ©jĂ  en 2018.

En Belgique, 4 000 décÚs par an

Chez nous, la prĂ©valence du diabĂšte est estimĂ©e Ă  un peu plus de 6%. Cela fait donc au moins 600 000 personnes touchĂ©es par cette maladie fortement invalidante. Aux cas connus, il faut ajouter quelque 200 000 diabĂ©tiques qui s’ignorent. Sans compter le nombre de personnes prĂ©diabĂ©tiques qui seraient Ă©galement de l’ordre de 200 000 ! La situation est donc trĂšs prĂ©occupante !« Les chiffres sont censĂ©s augmenter au cours des prochaines annĂ©es, partout dans le monde », s’inquiĂšte le Professeur Martin Buysschaert qui confirme que « le diabĂšte est bien devenu un problĂšme Ă  l’échelle mondiale et belge. Il faut savoir qu’environ 4 000 personnes dĂ©cĂšdent chaque annĂ©e des suites de leur diabĂšte dans notre pays. »

Un fardeau humain, mais aussi financier

Il convient aussi d’aborder le coĂ»t financier de la maladie. « Une personne diabĂ©tique coĂ»te environ 6 000€ par an, prĂ©cise le Pr Buysschaert. Ce qui coĂ»te trĂšs cher, ce sont les complications du diabĂšte qui apparaissent aprĂšs un certain nombre d’annĂ©es : l’infarctus ou encore l’insuffisance rĂ©nale qui entraĂźne une dialyse, pour ne citer que ces deux exemples, augmentent trĂšs fort les coĂ»ts. Par contre, le patient qui est traitĂ© en dĂ©but de maladie par un comprimĂ© de metformine ne coĂ»te pas cher. »Importance du diagnostic prĂ©coceLe dĂ©pistage et le diagnostic prĂ©coces du diabĂšte sont dĂšs lors trĂšs importants. « Cela permet de traiter trĂšs tĂŽt la maladie et d’éviter toutes les complications Ă  suivre au niveau des yeux, des reins, des nerfs, des pieds et du coeur. »

2 types de diabĂšte

Le diabĂšte de type 1 (insulinodĂ©pendant qui touche davantage les jeunes) reprĂ©sente environ 10% des personnes diabĂ©tiques.La majoritĂ© des patients diabĂ©tiques sont atteints d’un diabĂšte de type 2 (ce diabĂšte, non insulinodĂ©pendant, survient gĂ©nĂ©ralement chez les personnes un peu plus ĂągĂ©es, sĂ©dentaire et en surcharge pondĂ©rale).Il existe Ă©galement d’autres formes de diabĂšte, mais elle sont plus rares.

TrĂšs bonne prise en charge

« Le rĂ©seau de soins belge est excellent, y compris en diabĂ©tologie, assure le PrĂ©sident de l’ABD. La prise en charge du diabĂšte est trĂšs bonne, mĂȘme si nous rencontrons quelques difficultĂ©s. Je pense notamment au prix Ă©levĂ© des nouveaux mĂ©dicaments permettant de traiter le diabĂšte, ce qui complique leur inscription dans la pharmacopĂ©e. Ceci dit, par rapport Ă  d’autres pays, la Belgique est privilĂ©giĂ©e en matiĂšre de prise en charge du diabĂšte. Les patients qui ont peu de moyens financiers peuvent se soigner convenablement chez nous. »

La nĂ©cessitĂ© d’éduquer les patients

Si les moyens sont lĂ  pour assurer une bonne prise en charge de la maladie, encore faut-il les utiliser correctement, met en garde l’endocrino-diabĂ©tologue. « Actuellement, l’adhĂ©rence au traitement reste un rĂ©el problĂšme. C’est pourquoi il est absolument nĂ©cessaire que le mĂ©decin donne une explication complĂšte de la maladie et du traitement au patient, de sorte que celui-ci en saisisse tous les tenants et aboutissants. Il faut expliquer ce qu’est l’insuline, quand l’augmenter et quand la diminuer, ce qui se produit quand un patient ne la prend pas. La prise en charge du diabĂšte doit relever de la parole hippocratique : il s’agit d’un partenariat entre le patient et le mĂ©decin, et passe par le dialogue entre les deux. Il faut que l’un comprenne bien et que l’autre motive. »

Journée Mondiale du DiabÚte

La JournĂ©e Mondiale du DiabĂšte est cĂ©lĂ©brĂ©e chaque annĂ©e, le 14 novembre. Sous l’impulsion de la FĂ©dĂ©ration Internationale du DiabĂšte (FID), la JournĂ©e Mondiale du DiabĂšte a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 1991 par la FID et l’Organisation Mondiale de la SantĂ© (OMS) en rĂ©ponse aux inquiĂ©tudes croissantes concernant la menace sanitaire grandissante que reprĂ©sente le diabĂšte. La JournĂ©e Mondiale du DiabĂšte est devenue une journĂ©e officielle des Nations Unies en 2006.

Fédération Internationale du DiabÚte

La FĂ©dĂ©ration Internationale du DiabĂšte (FID) est une organisation regroupant plus de 230 associations nationales du diabĂšte dans 165 pays et territoires. Elle reprĂ©sente les intĂ©rĂȘts du nombre croissant de personnes atteintes de diabĂšte et de personnes Ă  risque. La FĂ©dĂ©ration oriente la communautĂ© mondiale du diabĂšte depuis 1950. Les activitĂ©s de la FĂ©dĂ©ration visent Ă  influencer les politiques, Ă  sensibiliser le public et Ă  encourager l’amĂ©lioration de la santĂ©, Ă  promouvoir l’Ă©change d’informations de qualitĂ© sur le diabĂšte et dispenser une Ă©ducation aux personnes atteintes de diabĂšte et Ă  leur fournisseur de santĂ©. La FID est associĂ©e au DĂ©partement de l’information des Nations Unies et elle entretient des relations officielles avec l’Organisation Mondiale de la SantĂ© (OMS).

L’Atlas du Diabùte de la FID

L’Atlas du DiabĂšte de la FID est la source de donnĂ©es sur le diabĂšte faisant autoritĂ© pour les professionnels de la santĂ©, les universitaires et les responsables politiques. Des estimations mondiales, rĂ©gionales et nationales sont produites sur la prĂ©valence du diabĂšte, la tolĂ©rance diminuĂ©e au glucose, le diabĂšte non diagnostiquĂ©, la mortalitĂ©, les dĂ©penses de santĂ©, l’hyperglycĂ©mie pendant la grossesse et le diabĂšte de type 1 chez les enfants et les adolescents. L’Atlas du DiabĂšte de la FID, publiĂ© depuis 2000, est disponible en version imprimĂ©e et en tĂ©lĂ©chargement numĂ©rique gratuit. Le site internet de l’Atlas comprend une carte interactive et dynamique, des publications scientifiques et des donnĂ©es dĂ©taillĂ©es.

Liens utiles :

*Association belge du diabÚte (ABD) : www.diabete-abd.be*Fédération Internationale du DiabÚte (FID) : www.idf.org*Atlas du diabÚte de la FID : www.diabetesatlas.org*Journée Mondiale du DiabÚte : www.worlddiabetesday.org

Maux de dos : un mode d’emploi pour la prise en charge

Mal au dos, que faire ? Face Ă  la grande variĂ©tĂ© de solutions proposĂ©es Ă  ceux et celles qui souffrent de ce « mal du siĂšcle », le KCE avait dĂ©jĂ  publiĂ© en mai dernier un Guide de pratique clinique basĂ© sur les plus rĂ©centes connaissances scientifiques. En guise de prolongation, voici un itinĂ©raire de soins qui dĂ©finit, pour un patient donnĂ© et en fonction du type et de la durĂ©e de sa douleur, les examens Ă  effectuer et les traitements Ă  proposer pour progresser de la façon la plus cohĂ©rente possible. C’est la premiĂšre fois qu’un itinĂ©raire de soins est rĂ©alisĂ© en commun avec des reprĂ©sentants de toutes les professions de soins concernĂ©es et avec les patients. Il englobe Ă  la fois les douleurs lombaires (mal de dos simple) et radiculaires (de type sciatique). Pour en faciliter l’usage, le KCE en a Ă©galement dĂ©veloppĂ© une version interactive en ligne (www.lombalgie.kce.be).Si vous souffrez de mal de dos, il y a de fortes chances que vous ayez dĂ©jĂ  testĂ© toutes sortes de traitements, de votre propre initiative ou sur le conseil de votre kinĂ©, mĂ©decin traitant, ostĂ©opathe,
 et ceci avec des succĂšs variables. C’est le constat de cette hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© – d’approches mais aussi de rĂ©sultats – qui a incitĂ© le KCE Ă  dĂ©velopper un itinĂ©raire de soins pour tous les professionnels de la santĂ© concernĂ©s par ce problĂšme frĂ©quentissime.

Qu’est-ce qu’un itinĂ©raire de soins ?

Un itinĂ©raire de soins est une sorte de « marche Ă  suivre » qui dĂ©finit, pour un patient donnĂ© Ă  un moment donnĂ© de sa pathologie, les examens Ă  effectuer et les traitements Ă  proposer pour progresser de la façon la plus cohĂ©rente possible. Pour caricaturer, il ne saurait ĂȘtre question de proposer d’emblĂ©e une intervention chirurgicale avant d’avoir essayĂ© la kinĂ©sithĂ©rapie !

Fruit d’un travail commun de toutes les professions concernĂ©es

L’itinĂ©raire de soins que publie aujourd’hui le KCE est en quelque sorte la suite du guide de pratique clinique pour les douleurs lombaires et radiculaires qu’il avait publiĂ© en mai dernier. L’un comme l’autre rĂ©sultent d’un travail de longue haleine menĂ© en Ă©troite collaboration avec la Spine Society of Belgium et des reprĂ©sentants des mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes, kinĂ©sithĂ©rapeutes et autres praticiens des techniques manuelles (ostĂ©opathes et chiropracteurs), spĂ©cialistes en mĂ©decine physique et rĂ©adaptation, chirurgiens orthopĂ©distes, neurochirurgiens, anesthĂ©sistes/algologues (cliniques de la douleur) et psychologues.

Une grande attention aux aspects liés au travail

Pour la conception de l’itinĂ©raire de soins, le groupe de travail s’est adjoint les compĂ©tences d’ergothĂ©rapeutes et d’ergonomes, de mĂ©decins du travail et de mĂ©decins-conseils des mutualitĂ©s. En effet, la volontĂ© du groupe Ă©tait de consacrer une grande attention au maintien ou Ă  la reprise du travail, un domaine oĂč beaucoup de nouvelles dispositions ont Ă©tĂ© prises, qui ne sont pas encore bien connues. « L’itinĂ©raire a Ă©tĂ© pensĂ© tous ensemble pour s’adresser Ă  tous les professionnels de soins dans un esprit de bonne collaboration et de complĂ©mentaritĂ©, en n’oubliant pas de leur rappeler, ici et lĂ , l’importance d’une bonne communication entre eux » soulignent Pascale Jonckheer et Anja Desomer, les deux chercheuses du KCE qui ont pilotĂ© cette longue aventure.

La parole aux patients

Les patients ont Ă©galement Ă©tĂ© sollicitĂ©s pour la conception de cet itinĂ©raire de soins, via des groupes de discussion oĂč ils ont Ă©voquĂ© leurs cheminements Ă  travers le systĂšme de soins. Cela a permis aux chercheuses d’identifier plusieurs malentendus fondamentaux entre patients et soignants. Par exemple, les patients sont souvent trĂšs anxieux d’obtenir un « diagnostic » prĂ©cis pour leur mal de dos, alors que les soignants savent d’expĂ©rience que, le plus souvent, le mal de dos n’est pas la manifestation d’une lĂ©sion prĂ©cise de la colonne vertĂ©brale mais bien l’expression d’un dysfonctionnement passager, qui ne peut ĂȘtre visualisĂ© sur une radio ou une IRM. Ces examens sont donc superflus et la prise en charge immĂ©diate doit ĂȘtre la moins mĂ©dicale possible, au risque que les patients interprĂštent parfois cela comme de la dĂ©sinvolture de la part des soignants. Une communication plus claire Ă  ce sujet s’impose donc.

Prévenir le passage à la chronicité

Dans environ 10% des cas, le mal de dos persiste plusieurs semaines ; Ă  partir de 3 mois, on considĂšre qu’il est chronique. Tout l’itinĂ©raire de soins est focalisĂ© sur la prĂ©vention de ce passage Ă  la chronicitĂ©. En effet, il existe des facteurs de risque, dĂ©sormais bien identifiĂ©s, qui permettent de distinguer les personnes dont la douleur risque de perdurer. Ces facteurs sont Ă  la fois psychologiques (p.ex. une anxiĂ©tĂ© trĂšs marquĂ©e) et socio-professionnels (p.ex. un conflit avec l’employeur). À chaque Ă©tape de l’itinĂ©raire, ce risque doit ĂȘtre (rĂ©-)Ă©valuĂ©, afin d’adapter la prise en charge au profil spĂ©cifique du patient.Il s’agit donc pour les soignants de trouver un juste Ă©quilibre. D’une part, ils doivent prĂ©coniser une dĂ©marche dĂ©dramatisante pour la majoritĂ© de leurs patients lombalgiques, encourager l’activitĂ© physique, ne pas faire de radios, prescrire le moins de mĂ©dicaments possible. Et d’autre part, ils doivent rester attentifs Ă  dĂ©tecter les 10% d’entre eux qui risquent de dĂ©velopper un problĂšme chronique potentiellement invalidant.

Un outil interactif pour mieux s’y retrouver

C’est la premiĂšre fois qu’un itinĂ©raire de soins s’adresse de façon globale Ă  tous les intervenants professionnels concernĂ©s, englobe Ă  la fois les phases aigues et chronique et considĂšre en parallĂšle les douleurs lombaires (mal de dos simple) et radiculaires (de type sciatique). Revers de la mĂ©daille, le rĂ©sultat est inĂ©vitablement assez complexe. C’est pourquoi le KCE a dĂ©veloppĂ© un outil informatique sous la forme d’un site web interactif que chacun peut utiliser Ă  partir de son ordinateur ou de sa tablette (www.lombalgie.kce.be). « Nous l’avons voulu le plus convivial possible et nous l’avons fait tester par des praticiens de terrain. Toutes les associations scientifiques participantes y ont apposĂ© leur logo. Nous avons Ă©galement pris contact avec eHealth et les principaux producteurs de logiciels mĂ©dicaux en leur proposant d’inclure un lien vers cet outil dans leurs logiciels. De cette façon, nous espĂ©rons qu’il sera adoptĂ© par le plus grand nombre de soignants » concluent les deux chercheuses.

Personnes de contact sur le terrain :

Dr Thomas ORBAN, médecin généraliste, président de la Société Scientifique de Médecine générale : 0475 / 902 926Prof Henri NIELENS, Service de Médecine physique et réadaptation, Cliniques universitaires St Luc : 02 /764.16.50 (ou 010.47.45.05 vendredi aprÚs-midi)Pour entrer en contact avec les chercheurs du KCE :Karin Rondia, Communication scientifique KCETél. : +32 (0)2 287 33 48GSM : +32 (0)475 769 766Email : press@kce.fgov.be

Du nouveau sur www.jeunesetalcool.be

Le Groupe « Jeunes, alcool & sociĂ©té » , composĂ© de plusieurs associations actives dans le secteur de la jeunesse, de la santĂ©, des assuĂ©tudes et de l’éducation, s’est donnĂ© pour mission de promouvoir une consommation d’alcool responsable et prudente. L’attention porte particuliĂšrement sur la relation entre les jeunes et l’alcool, dont la consommation est toujours acceptĂ©e et souvent encouragĂ©e.

DĂ©sormais, le site web du groupe – http://www.jeunesetalcool.be – propose deux nouvelles fonctionnalitĂ©s sur son site web:

  • le signalement d’une publicitĂ© ou d’une pratique commerciale liĂ©e Ă  l’alcool qui semble poser problĂšme, afin de permettre au groupe d’appuyer son plaidoyer concernant la rĂ©glementation de la publicitĂ© et du marketing des boissons alcoolisĂ©es.
  • Une marque de soutien, pour les associations, groupements et fĂ©dĂ©ration, une ou plusieurs des huit revendications fondatrices du groupe. Leur signature apparaĂźt ensuite lorsque les rĂ©flexions correspondantes sont abordĂ©es par « Jeunes, alcool & sociĂ©tĂ© ».

L’action du Groupe est fortement axĂ©e sur trois points:

‹ « La publicitĂ©, qui se montre toujours aussi agressive et dont les limites se basent sur une convention privĂ©e largement insuffisante. Les boissons alcoolisĂ©es restent ainsi le seul psychotrope pour lequel il est autorisĂ© de faire de la publicitĂ©. Une pratique que le groupe voudrait voir interdire par les autoritĂ©s publiques. »

‹ « La lĂ©gislation, trop mĂ©connue et peu claire pour les consommateurs mais aussi pour les commerçants, qui ont du mal Ă  la mettre en pratique. « Jeunes, alcool & sociĂ©tĂ© » propose donc de simplifier la lecture de la loi en associant aux limites d’ñge des limites de degrĂ©s d’alcool permis, ainsi qu’en autorisant aux parents Ă  servir de l’alcool Ă  leurs enfants (ce qui est jusque maintenant interdit) dans le but de leur donner un rĂŽle dans l’éducation des jeunes par rapport Ă  leur consommation. »

‹ « La prĂ©vention, qui ne dispose que d’une toute petite partie du budget « drogues » en Belgique, avec seulement 1,24 % des 975 millions d’euros mis Ă  disposition par l’État en 2011. Elle est pourtant essentielle Ă  la bonne comprĂ©hension de la lĂ©gislation. »

Les 8 propositions de « Jeunes, alcool & société » sont :

  1. supprimer la publicité pour les produits alcoolisés ;
  2. clarifier et simplifier la loi ;
  3. renforcer structurellement l’éducation, la prĂ©vention et la rĂ©duction des risques ;
  4. dĂ©pĂ©naliser l’apprentissage parental ;
  5. créer un conseil fédéral de la publicité ;
  6. rendre l’eau gratuite dans l’Horeca ;
  7. obliger l’étiquetage nutritionnel sur les boissons alcoolisĂ©es ;
  8. découpler la publicité alcool des espaces de campagnes de prévention sur les médias publics.

Soins de santé en prison, en route vers une réforme

Education SantĂ© a participĂ© Ă  la journĂ©e d’étude « Soins de SantĂ© en Prison » organisĂ©e par l’asbl I.Care ce 23 janvier. Au centre de l’attention, le transfert de la compĂ©tence des soins de santĂ© en prison du SPF Justice vers le SPF SantĂ© publique qui se profile Ă  l’horizon. L’occasion nous est donnĂ©e ici de revenir Ă©galement sur des questions telles que l’indĂ©pendance des soins de santĂ©, ses enjeux, ainsi que sur la place de la promotion de la santĂ© en prison et la notion d’environnement favorable Ă  la santĂ©.Au cours de cette journĂ©e d’étude, les diffĂ©rents thĂšmes abordĂ©s Ă©taient d’une part la place de l’indĂ©pendance des soins de santĂ© en prison, par le Pr. Hans WolffNote bas de page (dont Vinciane Saliez, directrice d’I.Care a portĂ© les propos) ; et d’autre part, les rĂ©sultats du rapport du Centre fĂ©dĂ©ral d’expertise des soins de santĂ© (KCE) sur les soins de santĂ© pĂ©nitentiaires et les recommandations et scĂ©narios pour la rĂ©forme Ă  venir. S’en sont suivies une table ronde et une intervention des reprĂ©sentants des ministres Koen Geens (Justice), Maggy De Block (SantĂ©) et CĂ©cile Jodogne (SantĂ© pour le Gouvernement francophone bruxellois).

Soins de santé en prison : des constats alarmants

Revenons tout d’abord briĂšvement sur l’état des lieux gĂ©nĂ©ral de la santĂ© en prison. (TrĂšs) BriĂšvement
 car nous pourrions en dire tellement plus tant tous les indicateurs santĂ© sont au rouge. Sans surprise, la prison est un environnement dĂ©lĂ©tĂšre pour la santĂ© de la personne. Outre le fait que la santĂ© globale des personnes qui arrivent en prison est moins bonne que la moyenne gĂ©nĂ©rale de la population, le sĂ©jour en prison gĂ©nĂšre une dĂ©gradation de la santĂ© chez les dĂ©tenus, des pathologies propres aux conditions de dĂ©tention, un risque plus Ă©levĂ© de contamination d’une maladie infectieuse, etc. La question de la santĂ© des dĂ©tenus, amenĂ©s Ă  rĂ©intĂ©grer la population « libre » en fin de peine, ne se limite pas aux murs d’enceinte de la prison.

Les besoins sont donc gigantesques. Qu’en est-il de l’offre de soins ?

Les soins de santĂ© sont gratuits en prison et les professionnels sont souvent trĂšs dĂ©vouĂ©s
 mais il y a un tel dysfonctionnement au sein des Ă©tablissements liĂ©s Ă  une absence de stratĂ©gie globale et de coordination, un manque criant de ressources, de formation
 que ceux-ci sont tĂ©moins de situations kafkaĂŻennes en termes d’accĂšs aux soins. Education SantĂ© a pris connaissance du rapport final « santĂ© » des Commissions de surveillance pĂ©nitentiaire pour 2015 et 2016. Voici – toujours dans les grandes lignes – les principaux problĂšmes rapportĂ©s :

  • « l’accĂšs aux soins de premiĂšre ligne est un souci majeur ». Par exemple, la durĂ©e d’une consultation auprĂšs d’un mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste est parfois de quatre, voire deux minutes par patient. Ou encore, les infirmiers sont parfois absents en dehors des heures de bureaux et la nuit pour les soins urgents.
  • « les Ă©quipes soignantes sont incomplĂštes, tant en diversitĂ© qu’en nombre ». Au regard des besoins de prise en charge en santĂ© mentale (or « les problĂšmes psychiques sont un souci majeur » souligne Ă  maintes reprises le rapport), on constate que peu de psychothĂ©rapeutes font partie de l’équipe, un intervenant dans la salle Ă©voquait mĂȘme une liste d’attente de prĂšs d’un an pour obtenir un rendez-vous chez le psy ! Les assistants sociaux ne sont pas non plus nĂ©cessairement intĂ©grĂ©s dans ces Ă©quipes de premiĂšre ligne.
  • Des problĂšmes multiples dans la continuitĂ© des soins, l’accĂšs Ă  la mĂ©decine de seconde ligne et en ce qui concerne les traitements sont rapportĂ©s. Nous pouvons lire notamment le refus de donner des soins en raison d’une libĂ©ration prochaine, des refus d’opĂ©rer ou un changement de mĂ©dication

« Les prisons en Belgique, c’est l’antithĂšse des environnements promoteurs de santĂ© » (un intervenant dans la salle)

Cette situation prend en otage le personnel psycho-mĂ©dico-social, qui en est rĂ©duit Ă  faire du micro-management, c’est-Ă -dire Ă  rĂ©pondre aux crises aigues, Ă  faire du cas par cas, dans des conditions d’exercice difficiles
 mais surtout, ceux qui en font le plus les frais : les patients dĂ©tenus. Pourtant, selon l’article 88 de la Loi de principes « concernant l’administration pĂ©nitentiaire ainsi que le statut juridique des dĂ©tenus » (2005), « Le dĂ©tenu a droit Ă  des soins de santĂ© qui sont Ă©quivalents aux soins dispensĂ©s dans la sociĂ©tĂ© libre et qui sont adaptĂ©s Ă  ses besoins spĂ©cifiques »  Mais Ă  ce jour, cette loi n’a Ă©tĂ© que partiellement traduite en ArrĂȘtĂ©s Royaux d’Application.

Paroles d’un dĂ©tenu

« Quand tu rentres, soit tu sais comment ça marche et t’arrives Ă  t’en tirer un peu, soit t’es larguĂ©. Dans tous les cas tu subis le systĂšme, les chefs… et tu attends, seul toujours seul parfois en duo et lĂ  ça peut ĂȘtre pire. T’es non-stop en cellule, c’est pour devenir dingue et le prĂ©au c’est pas toujours facile. Si tu veux quelque chose t’écris un billet de rapport et Ă  un moment on t’appelle et tu vois le mĂ©decin, vite fait alors que ça fait parfois des jours que tu attends et au mieux tu ressors avec des mĂ©docs. Ces mĂ©docs m’aident Ă  tenir, Ă  m’évader, Ă  acheter aussi des trucs au prĂ©au. Avant de rentrer mon traitement me permettait de tenir en rue, mais en prison il a changĂ©, je ne sais pas toujours ce qu’on me donne et c’est pas facile. Les agents font des remarques parce que j’ai de la mĂ©thadone. Je suis maquĂ© et les journĂ©es ne passent pas. J’ai pas de visite et le temps est long ». (Luis)

La nécessaire indépendance des soins en prison

Depuis plusieurs annĂ©es dĂ©jĂ , les associations actives dans le milieu carcĂ©ral rĂ©clament le transfert des compĂ©tences « santĂ© » du SPF Justice vers le SPF SantĂ© publique. Elles s’appuient notamment sur les recommandations formulĂ©es par l’OMSNote bas de page et le Conseil de l’EuropeNote bas de page. Les « Standard Minimum Rules for the Treatment of Prisoners »Note bas de page des Nations Unies (appelĂ©es « Mandela Rules », 2015) mettent en exergue trois principes fondamentaux: la continuitĂ© des soins, leur Ă©quivalence par rapport Ă  ceux donnĂ©s dans la sociĂ©tĂ© et l’indĂ©pendance des prestataires. Cette question fut l’objet de la prĂ©sentation du Pr. Hans Wolff (dont Vinciane Saliez fut la porte-parole) lors de la journĂ©e d’étude.En effet, quand les missions sĂ©curitaires et sanitaires sont ainsi mĂȘlĂ©es, cela pose toute une sĂ©rie de questions Ă©thiques. Prenons l’exemple du conflit de loyautĂ© envers l’employeur (la Justice) et les difficultĂ©s pour un mĂ©decin Ă  se positionner quand sa hiĂ©rarchie formule des injonctions qui ne sont pas dans l’intĂ©rĂȘt du patient. Parfois, le mĂ©decin traitant est aussi directement impliquĂ© dans les procĂ©dures disciplinaires quand il lui est demandĂ© de remettre un avis pour qu’un dĂ©tenu soit mis Ă  l’isolement. De plus, on peut se poser la question de la perception du personnel soignant de la part des patients eux-mĂȘmes. Comme le soulignait Vinciane Saliez, « l’indĂ©pendance des soignants favorise la confiance et libĂšre la parole des patients dĂ©tenus ».

Une approche essentiellement curative

Au fil des discussions de cette journĂ©e d’étude, nous voyons resurgir un vieux dĂ©mon : les soins de santĂ© en prison sont abordĂ©s sous un angle presque exclusivement biomĂ©dical, peu de place est laissĂ©e Ă  une approche psycho-mĂ©dico-sociale de la santĂ©. Comme le fait remarquer un mĂ©decin pĂ©nitentiaire prĂ©sent dans la salle, cela se traduit aussi par une trĂšs grande consommation de mĂ©dicaments, outre les pathologies lourdes qui le nĂ©cessitent parfois. A ce jour, le curatif en prison relĂšve de la compĂ©tence du SPF Justice tandis que la prĂ©vention et la promotion de la santĂ© ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s aux rĂ©gions, suite Ă  la 6Ăšme rĂ©forme de l’Etat. Les rĂ©gions financent quant Ă  elles une myriade d’acteurs externes Ă  la prison pour prendre en charge ces aspects de prĂ©vention et de promotion de la santĂ©. Cela amĂšne Ă  considĂ©rer les soins curatifs et la « santĂ© » de maniĂšre plus globale comme des compĂ©tences distinctes. Ce morcellement de l’approche « santĂ© » des dĂ©tenus impacte directement les acteurs de terrain. Comme le souligne le rapport du KCE, il y a un besoin criant d’établir une stratĂ©gie globale et une coordination entre les acteurs internes (prestataires de soins, personnel pĂ©nitentiaire, assistants sociaux, etc.) et les acteurs externes tels que les associations actives en promotion de la santĂ©. Au sein d’une mĂȘme structure pĂ©nitentiaire, ils ne se connaissent pas toujours entre eux, ne sont pas toujours au courant du travail des uns et des autres
et cela renvoie notamment au problĂšme de la continuitĂ© des soins, Ă©voquĂ© de nombreuses fois au cours de la journĂ©e, avec toutes les consĂ©quences dramatiques que cela peut amener pour le patient. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, il y a un manque d’offre en promotion de la santĂ© dans le milieu carcĂ©ral. Le porte-parole de Mme Jodogne a toutefois expliquĂ© dans son allocution que l’importance de la promotion de la santĂ© a Ă©tĂ© soulignĂ©e lors de la confĂ©rence interministĂ©rielle intra-francophone. Dans le Plan de Promotion de la SantĂ© Bruxellois (2018-2022), le milieu carcĂ©ral est indiquĂ© comme un des milieux prioritaires dans les milieux de vie spĂ©cifiques.

Des scénarios pour une réforme à venir

« La prison doit devenir un milieu favorable Ă  la santĂ©Note bas de page ». C’est par ces mots que dĂ©bute la prĂ©sentation de Marie Dauvrin, chercheuse au KCE, pour prĂ©senter un modĂšle qui, dit-elle, « essaye de tendre vers cet idĂ©al ».A la faveur d’un transfert des compĂ©tences vers le SPF santĂ© publique, Le KCE a Ă©tĂ© mandatĂ© pour formuler toute une sĂ©rie de recommandations et des scĂ©narios pour une rĂ©forme des soins de santĂ© en prison. Ce rapport est sorti Ă  la fin de l’annĂ©e 2017 et pose les balises pour les diffĂ©rents domaines : les soins de premiĂšre et de seconde ligne, les soins dentaires et pour la santĂ© mentale. L’interdisciplinaritĂ©, indispensable, serait coordonnĂ©e par un « coordinateur de soins » dans chaque prison par exemple. Les besoins humains et financiers ont Ă©tĂ© rĂ©Ă©valuĂ©s et devraient ĂȘtre dĂ©fini en fonction des besoins des patients dĂ©tenus. Une autre piste serait l’élaboration d’un plan de soins individuel rĂ©alisĂ© Ă  l’arrivĂ©e de chaque personne, ou encore le maintien de la couverture par la mutuelle durant tout le sĂ©jour en prison. Toutefois, une question Ă  l’attention du Ministre de la Justice, Koen Geens, posĂ©e par un membre de l’assemblĂ©e mĂ©rite d’ĂȘtre partagĂ©e: « les conditions de dĂ©tention Ă©tant un dĂ©terminant majeur de la santĂ© en prison, le SPF Justice est-il prĂȘt Ă  aborder cette question ? Car le transfert des compĂ©tences « santĂ© » n’enlĂšve pas l’environnement nĂ©faste de la prison ». Rappelons qu’en septembre 2016, la Belgique a Ă©tĂ© condamnĂ©e par la Cour EuropĂ©enne des Droits de l’Homme pour l’état lamentable de ses conditions d’enfermement. Affaire Ă  suivre


Quelques liens utiles :


Médecin-chef du service de médecine et de psychiatrie pénitentiaires dans les HÎpitaux Universitaires de GenÚve, également membre du CPT (Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants).

Voir à ce sujet le rapport « Prisons and Health » (2005) : http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0005/249188/Prisons-and-Health.pdf?ua=1 (en anglais)

La « crĂ©ation d’environnements favorables » est l’une des grandes actions pour promouvoir la santĂ© mises en avant par la Charte d’Ottawa.

Une Province et ses communes, amies des aßnés

Il est de bon ton de commencer un article sur un sujet qui concerne les aĂźnĂ©s par quelques donnĂ©es sur le vieillissement de la population. Est-il cependant nĂ©cessaire de rappeler que les plus de 65 ans sont et seront de plus en plus nombreux au sein de nos communautĂ©s ? Insister sur ces donnĂ©es, c’est souvent mettre en Ă©vidence le poids Ă©conomique et social que reprĂ©sente ce phĂ©nomĂšne inĂ©luctable 
 Et si on abordait la question sous un angle plus optimisteNote bas de page ? Par exemple, en observant ce qui se fait dĂ©jĂ  avec succĂšs avec et pour les aĂźnĂ©s, et pourrait ĂȘtre intensifiĂ©.La Province de Namur cherche depuis longtemps Ă  amĂ©liorer le bien-ĂȘtre de la population de son territoire, avec une attention particuliĂšre pour les aĂźnĂ©sNote bas de page. En 2014, elle s’y est engagĂ©e plus intensĂ©ment encore en dĂ©veloppant le concept « Ville amie des aĂźnĂ©s » (VADA)Note bas de page proposĂ© par l’Organisation mondiale de la SantĂ©. Ce positionnement est en phase avec la prioritĂ© qu’elle s’est donnĂ©e de rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s sociales et de santĂ© de la population Ă  toutes les Ă©tapes de la vie. Et l’an dernier, elle a officiellement rejoint le rĂ©seau mondial OMS des Villes et des CommunautĂ©s amies des aĂźnĂ©s et le RĂ©seau francophone Villes Amies des AĂźnĂ©s.

À l’échelon communal

Pour devenir « amie des aĂźnĂ©s », la Province de Namur a choisi de travailler avec les communes, qui reprĂ©sentent les lieux de dĂ©cision les plus proches des citoyens, surtout en milieu rural. ConcrĂštement, la Province a proposĂ© aux 38 communes de son territoire d’entrer dans le processus « Ville amie des aĂźnĂ©s », dans le cadre d’un partenariat. Elle a ainsi organisĂ© des formations interactives Ă  destination des acteurs locaux pour qu’ils se familiarisent avec la dĂ©marche VADA et puissent ensuite jouer un rĂŽle actif dans sa mise en Ɠuvre. La premiĂšre formation s’est tenue en septembre 2016. Neuf communes namuroises y Ă©taient reprĂ©sentĂ©es : Andenne, Assesse, Jemeppe-sur-Sambre, Namur, Philippeville, Ohey, Profondeville, Sambreville et Rochefort. AprĂšs un exposĂ© sur le vieillissement Ă  l’échelle de leur territoire et sur les effets du vieillissement actif, Pierre-Olivier Lefebvre, DĂ©lĂ©guĂ© GĂ©nĂ©ral du RĂ©seau francophone Villes Amies des AĂźnĂ©s a expliquĂ© et illustrĂ©, avec enthousiasme et de nombreux exemples concrets les expĂ©riences VADA en France. La dĂ©marche de diagnostic participatif proposĂ©e par la Province a finalement Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e aux reprĂ©sentants des communes. Cette formation Ă©tait accompagnĂ©e de la diffusion d’un Guide pratique « Ville amie des aĂźnĂ©s » Ă  l’intention des acteurs locaux rĂ©digĂ© par la ProvinceNote bas de page.

 

Les « arbres causaux»

Fortes de leurs nouvelles connaissances, quatre communes se sont engagĂ©es dans la rĂ©alisation d’un diagnostic participatif, avec le soutien mĂ©thodologique de la Province. Les groupes se sont rassemblĂ©s Ă  plusieurs reprises pour Ă©tablir un diagnostic partagĂ© de la situation propre Ă  chaque commune. C’est la mĂ©thode de l’approche causale, outil diagnostic d’une mĂ©thode de planification plus globale et participative (Comprehensive Participatory Planning and Evaluation en anglais, ou CPPE)Note bas de pagequi a Ă©tĂ© adoptĂ©e pour la rĂ©alisation de ces diagnostics. PubliĂ©e par l’OMS en 1988 dans le cadre d’interventions nutritionnellesNote bas de page, cette approche vise Ă  Ă©laborer un « arbre causal », reprĂ©sentant un jeu hiĂ©rarchisĂ© de dĂ©terminants, Ă  partir d’une question centrale – dans ce cas-ci, celle de l’isolement des personnes ĂągĂ©es de plus de 65 ans. En rassemblant l’ensemble des parties prenantes, on croise les regards selon un mode trĂšs structurĂ© et bien accompagnĂ© par un animateur pour Ă©noncer rapidement les principales hypothĂšses qui expliquent la situation observĂ©e. Ces hypothĂšses sont ensuite validĂ©es par d’autres mĂ©thodes plus classiques. Les arbres causaux qui prĂ©sentent une vision synthĂ©tique de la problĂ©matique abordĂ©e permettent ensuite d’identifier les ressources existantes, les besoins Ă  combler et les pratiques inspirantes observĂ©es ailleurs et de les relier aux dĂ©terminants identifiĂ©s. La mĂ©thode propose en outre une maniĂšre de prioriser les actions pertinentes identifiĂ©es, Ă  partir de critĂšres dĂ©finis et classĂ©s par ordre d’importance de maniĂšre consensuelle.

 

Facteurs et sous-facteurs

A Andenne, par exemple, les participants au groupe de diagnostic VADA ont dĂ©terminĂ© que l’isolement des ainĂ©s vivant Ă  domicile dĂ©pendait de la capacitĂ© Ă  entrer en relation, de l’état de santĂ© et de la mobilitĂ©. Ils ont ensuite « dĂ©cortiquĂ© » chacun de ces facteurs en sous-facteurs. Par exemple, la mobilitĂ© est influencĂ©e par l’utilisation des moyens de transport, par la localisation de l’habitat et par l’urbanisme. L’analyse a rĂ©vĂ©lĂ© jusqu’à six niveaux de cause pour certains facteurs. Ci-dessous le petit Ă©chantillon de l’arbre causal dressĂ© Ă  Andenne, portant sur les facteurs sous-jacents Ă  l’utilisation des moyens de transport.ImageOutre les dĂ©terminants eux-mĂȘmes, on trouve en rouge sur le schĂ©ma les interventions et services existants et en vert les interventions souhaitables. La dĂ©marche permet en effet de rendre compte des besoins mais aussi des ressources disponibles, ce qui rend le diagnostic rapidement opĂ©rationnel.Il est important de relever que le schĂ©ma, qui illustre les reprĂ©sentations des participants sur les causes du phĂ©nomĂšne et sur les liens entre elles, est une production Ă  un moment donnĂ©, avec un groupe donnĂ©. La mĂȘme analyse rĂ©alisĂ©e quelques mois plus tard ou avec d’autres participants pourrait rĂ©sulter en un autre modĂšle causal : si les hypothĂšses identifiĂ©es resteraient sans doute les mĂȘmes, la maniĂšre de les reprĂ©senter graphiquement serait sans doute diffĂ©rente puisque chaque modĂšle reprĂ©sente une vision partagĂ©e. NĂ©anmoins, le nombre (entre 6 et 15), la diversitĂ© des participants et leur proximitĂ© avec le terrain permettent d’augmenter la finesse et la validitĂ© du modĂšle diagnostic.L’ensemble de la dĂ©marche a fait l’objet d’une publication par commune qui en rappelle les Ă©tapes et prĂ©sente l’ensemble des rĂ©sultats, afin de les mettre Ă  disposition du plus grand nombre et de disposer d’une base de discussion pour la suite, c’est-Ă -dire l’élaboration, la mise en Ɠuvre et l’évaluation d’un plan d’action local.

L’ensemble des parties prenantes

Dans une dĂ©marche de diagnostic « bottom-up » comme celle-lĂ , comme dans les Ă©tudes de type qualitatif en gĂ©nĂ©ral, on ne parle pas de reprĂ©sentativitĂ© mais de richesse et diversitĂ© des regards croisĂ©s. Dans le cas qui nous intĂ©resse, les aĂźnĂ©s sont Ă©videmment prĂ©sents au sein des comitĂ©s VADA communaux. Ce sont souvent des membres du Conseil consultatif communal des AĂźnĂ©s, ou d’un mouvement social ou d’une association. À leurs cĂŽtĂ©s, les travailleurs de terrain sont Ă©galement au cƓur de la dĂ©marche : ici un agent communal ou de CPAS, lĂ  un employĂ© de la Fondation rurale de Wallonie, ou un reprĂ©sentant d’un Groupe d’action locale
Enfin, Ă  Andenne, Assesse et Namur, le comitĂ© de diagnostic VADA incluait aussi des Ă©lus communaux ou des membres de leur cabinet. Les dĂ©bats et le processus de construction se dĂ©roulent de maniĂšre strictement Ă©galitaire : chacun participe de la mĂȘme maniĂšre, avec son vĂ©cu et sa comprĂ©hension de la question, sans ĂȘtre dans une position hiĂ©rarchisĂ©e ou de « dĂ©fense d’un secteur ».Pour mener Ă  bien leurs diagnostics, les communes ont Ă©tĂ© guidĂ©es par le personnel de la Province, en collaboration avec le Centre local de Promotion de la SantĂ© de Namur. Les Ă©quipes ont apportĂ© aux communes une expertise et un appui mĂ©thodologique, qui leur a permis de co-construire un diagnostic riche, nuancĂ© et proche de leur rĂ©alitĂ© locale.

De la promotion de la santé ?

La dĂ©marche « Ville amie des aĂźnĂ©s » en tant que telle, tout comme la maniĂšre dont elle est dĂ©veloppĂ©e en province de Namur, repose sur les principes chers Ă  la promotion de la santĂ©. D’abord, la participation des bĂ©nĂ©ficiaires est rĂ©elle et active. Les aĂźnĂ©s sont impliquĂ©s depuis le dĂ©but dans la dĂ©marche. Dans toutes les communes, le Conseil consultatif communal des aĂźnĂ©s a apportĂ© une immense contribution au travail de diagnostic. À Namur, les habitants du quartier Germinal visĂ© par l’action sont associĂ©s Ă  toutes les Ă©tapes de la dĂ©marche. Ensuite, la rĂ©duction des inĂ©galitĂ©s sociales et de santĂ© est au cƓur des attentions, puisque les projets visent en prioritĂ© les aĂźnĂ©s souffrant d’isolement. Le territoire choisi pour l’action Ă  Namur est un quartier densĂ©ment peuplĂ© et peu favorisĂ© socio-Ă©conomiquement.Par ailleurs, diffĂ©rentes stratĂ©gies de promotion de la santĂ© sont activĂ©es :

  • Le renforcement de l’action communautaire : Selon la Charte d’Ottawa « la promotion de la santĂ© passe par la participation effective et concrĂšte de la communautĂ© Ă  la fixation des prioritĂ©s, Ă  la prise des dĂ©cisions et Ă  l’Ă©laboration et Ă  la mise en Ɠuvre des stratĂ©gies de planification en vue d’atteindre une meilleure santĂ©. Au cƓur mĂȘme de ce processus, il y a la dĂ©volution de pouvoir aux communautĂ©s considĂ©rĂ©es comme capables de prendre en main leurs destinĂ©es et d’assumer la responsabilitĂ© de leurs actions. (
 ) ». C’est bel et bien ce qui guide la dĂ©marche VADA : la conviction profonde que les communautĂ©s locales – citoyens, professionnels et Ă©lus – sont en mesure de dĂ©terminer leurs besoins et les moyens d’y rĂ©pondre.
  • La crĂ©ation d’environnements favorables : De l’installation de bancs publics Ă  la rĂ©fection de trottoirs en passant par l’augmentation de l’accessibilitĂ© des transports publics, la plupart des actions qui sont envisagĂ©es visent des amĂ©liorations du milieu et des conditions de vie.
  • L’élaboration de politiques pour la santĂ© : Trois groupes de diagnostic sur quatre comprennent des Ă©lus communaux ou leurs reprĂ©sentants. Lorsque ceux-ci sont partie prenante de la rĂ©flexion, les chances que les besoins identifiĂ©s dĂ©passent les constats pour dĂ©boucher sur de vĂ©ritables changements sont plus grandes.

Perspective de réseautage au niveau wallon

Au niveau rĂ©gional aussi, le concept VADA – ou plutĂŽt WADA pour « Wallonie amie des aĂźnĂ©s » – est fortement appuyĂ©. Six communes wallonnes se sont dĂ©jĂ  engagĂ©es dans le processus avec le soutien de la RĂ©gion. Les objectifs et la dĂ©marche proposĂ©e par l’AVIQ sont relativement semblables Ă  ceux que dĂ©veloppe la Province de Namur, puisqu’ils s’inspirent des mĂȘmes rĂ©fĂ©rentiels de l’OMS. Les deux apports sont complĂ©mentaires, tant sur le terrain qu’au niveau du pilotage. Dans le quartier Germinal Ă  Namur, la RĂ©gion et la Province ont croisĂ© leurs expertises, en co-construction avec d’autres acteurs locaux et avec une Ă©quipe de la facultĂ© d’architecture et d’urbanisme de l’UCL : la mĂ©thode des arbres causaux a fait Ă©merger un Ă©ventail d’hypothĂšses expliquant la situation des aĂźnĂ©s, tandis que la « marche exploratoire » menĂ©e par l’UCL et financĂ©e par la RĂ©gion a permis d’explorer plus en profondeur et de vĂ©rifier certaines de ces hypothĂšses. À un niveau plus stratĂ©gique, la Province de Namur est dĂ©sormais reprĂ©sentĂ©e au sein du ComitĂ© de pilotage de WADA, ce qui encourage Ă©galement les synergies et permettra de mettre en exergue les diagnostics dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ©s dans les communes namuroises.

Du diagnostic au plan d’action
 et au-delà

Si l’on se rĂ©fĂšre Ă  ces sept Ă©tapes-clĂ©s, les communes d’Andenne, d’Assesse, de Sambreville et de Namur sont sur le point d’aborder la quatriĂšme Ă©tape : elles ont achevĂ© un important travail de diagnostic et sont en passe de se lancer dans l’élaboration d’un plan d’action. Il s’agira peut-ĂȘtre d’installer des bancs le long de l’eau, d’amĂ©nager les trottoirs aux abords d’un carrefour central, d’Ă©tendre les horaires du taxi social, de mettre en place une ligne d’information communale sur les droits sociaux des sĂ©niors, de crĂ©er une plaine de jeux intergĂ©nĂ©rationnelle… Cette Ă©tape sera assumĂ©e par chaque comitĂ© de pilotage VADA local, en partie constituĂ© des personnes ayant pris part au diagnostic. Pour cette nouvelle phase, les quatre communes ont Ă  nouveau sollicitĂ© la collaboration de la Province de Namur et du CLPS. Le Province apportera son soutien mĂ©thodologique, mais aussi un appui Ă  la recherche de financements, qui ne sera pas superflu pour permettre aux projets rĂȘvĂ©s de devenir rĂ©alitĂ©.La Ville de Namur, qui avait menĂ© la phase de diagnostic sur un quartier particulier, envisage maintenant d’amener le groupe Ă  une autonomie progressive et de rĂ©pĂ©ter le travail dans un nouveau quartier.Par ailleurs, afin de favoriser le partage des informations et des expĂ©riences entre communes dans une dynamique de supracommunalitĂ©Note bas de page, le DĂ©partement SĂ©niors de la Province prĂ©pare pour 2018 la mise en place d’une plateforme provinciale VADA.Enfin, deux communes qui avaient dĂ©jĂ  manifestĂ© un intĂ©rĂȘt en 2013 (Jemeppe-sur-Sambre et Profondeville) et de nouvelles communes (Gesves et Fosses-la-Ville) ont rĂ©pondu positivement au nouvel appel de la Province et souhaitent Ă  leur tour faire pousser des arbres et des marguerites avec et pour leurs citoyens aĂźnĂ©s.


 

Un réseau mondial

À travers 37 pays du monde, plus de 500 Villes et CommunautĂ©s tentent d’adapter leurs structures et leurs services afin que les aĂźnĂ©s puissent pleinement participer Ă  la vie de la sociĂ©tĂ©. Elles constituent ensemble le RĂ©seau mondial OMS des Villes et des CommunautĂ©s amies des aĂźnĂ©s (VADA), crĂ©Ă© en 2010. En mai 2017, l’OMS a acceptĂ© la candidature de la Province de Namur Ă  ce rĂ©seau mondial. Une belle reconnaissance pour l’action dĂ©veloppĂ©e par l’institution. Pourtant ce label n’est pas un trophĂ©e : il est surtout le signe d’un engagement. Celui d’aller plus loin, de continuer Ă  soutenir les communes, afin qu’elles soient encore davantage Ă  l’écoute des besoins des sĂ©niors et qu’elles continuent Ă  travailler Ă  la crĂ©ation d’espaces accessibles, d’environnements sociaux inclusifs et d’une offre de service adaptĂ©e. Par son adhĂ©sion au rĂ©seau VADA de l’OMS, la Province bĂ©nĂ©ficie – et peut faire bĂ©nĂ©ficier ses communes partenaires – de toutes les ressources du rĂ©seau : experts du vieillissement, ressources documentaires, appuis techniques, formations… Elle profite aussi de l’expĂ©rience et des bonnes pratiques des autres membres, ce qui constitue une prĂ©cieuse source d’inspiration. En retour, elle s’engage Ă  partager ses propres rĂ©alisations et enseignements. Les communes peuvent aussi rejoindre le rĂ©seau en leur nom propre. Ainsi, la commune de Sambreville y a adhĂ©rĂ© en juin 2017, tandis que deux autres communes namuroises attendent la rĂ©ponse de l’OMS Ă  leur candidature. Enfin, parce que l’on est plus fort ensemble, la Province a Ă©galement rĂ©cemment adhĂ©rĂ© au RĂ©seau francophone Villes Amies des AĂźnĂ©sNote bas de page.

Une marguerite et 7 Ă©tapes

Une ville ou une communautĂ© amie des aĂźnĂ©s encourage le vieillissement actif et la cohabitation harmonieuse des citoyens de tous les Ăąges: si les aĂźnĂ©s vont bien, l’impact sera positif pour tout le monde. Elle s’engage Ă  crĂ©er un environnement participatif et accessible pour sa population ĂągĂ©e. Elle applique le processus « Vieillir en restant actif » dĂ©fini par l’Organisation des Nations Unies (ONU)Note bas de page qui aborde huit thĂ©matiques reprĂ©sentĂ©es par la cĂ©lĂšbre marguerite VADA :ImageLe processus VADA comprend par ailleurs sept Ă©tapes-clĂ©s :

  1. L’adhĂ©sion des Ă©lus
  2. La crĂ©ation d’un comitĂ© de pilotage local
  3. Le diagnostic
  4. L’élaboration du plan d’actions
  5. La mise en Ɠuvre
  6. La communication à toutes les étapes de la démarche VADA
  7. L’Ă©valuation

Pour en savoir plus, contactez le DĂ©partement SĂ©niors de la Province de Namur : vada@province.namur.be – 081 77 54 55 .


 

Pour ceux qui veulent quand mĂȘme des chiffres, le Tableau de Bord de la SantĂ© de la Province de Namur et les profils locaux de santĂ© sont disponibles sur simple demande Ă  cellule.observation@province.namur.be

Les actions et services de la Province de Namur en faveur des aĂźnĂ©s : « Catupan », le numĂ©ro gratuit Ă  destination des seniors et de leur entourage (0800/23147) ; « Avec nos aĂźnĂ©s » un service de santĂ© mentale spĂ©cialisĂ© pour les aĂźnĂ©s ; le service de tĂ©lĂ©vigilance TĂ©lĂ©pronam ; l’organisation de la Plate-forme des conseils consultatifs communaux des aĂźnĂ©s et l’OpĂ©ration « Carrefours des gĂ©nĂ©rations ».

http://www.who.int/ageing/projects/age_friendly_cities_network/fr/

Disponible sur demande Ă  vada@province.namur.be

Lefùvre P, Kolsteren P, De Wael M-P, Byekwaso F, Beghin I. Comprehensive participatory planning and evaluation (CPPE). Antwerp: Nutrition Unit – Institute of Tropical Medicine; 2000.

Beghin I, Cap M, Dujardin B. A Guide to Nutritional Assessment. [Internet]. Geneva: World Health Organization; 1988 [citĂ© 22 sept 2017] p. 202‑202. Disponible sur: http://doi.wiley.com/10.1002/food.19890330223

www.villesamiesdesaines-rf.fr

Organisation mondiale de la Santé. Vieillissement et qualité de la vie : Réseau mondial OMS des villes et des communautés amies des aßnés [Internet]. [cité 6 juin 2017]. Disponible sur: http://www.who.int/ageing/projects/age_friendly_cities_network/fr/

Pour la Province de Namur, la supracommunalitĂ© est dĂ©finie comme une collaboration entre la Province et une ou plusieurs communes pour rĂ©pondre Ă  des besoins communaux s’inscrivant dans les prioritĂ©s provinciales, au bĂ©nĂ©fice des communes et dans l’intĂ©rĂȘt du citoyen.

Claire était bizarre. Elle ne pouvait plus tenir sa tasse. Des difficultés à parler, sa bouche était déformée. Elle ne pouvait plus bouger son bras ni sa jambe


Vingt-six secondes. Pour rappeler les signes d’un AVC et motiver celui qui les constate Ă  faire appel. C’est court
Et pourtant des mĂ©decins en tĂ©moignent : ces patients sont venus parce qu’une voix leur rappelait inlassablement« Lors de mon AVC, chaque minute a compté  ».

Campagne 2017 « Lors de mon AVC, chaque minute a compté  »

Pour la deuxiĂšme annĂ©e consĂ©cutive, le Centre d’Education du Patient et Question SantĂ© inscrivent Ă  leur agenda une campagne de communication portant sur l’importance de diminuer les dĂ©lais d’attente face aux signes pouvant Ă©voquer un AVC.

L’objectif de la campagne « Lors de mon AVC, chaque minute a compté  » est d’amener le public Ă  repĂ©rer ces signes et Ă  adopter des rĂ©actions rapides et adĂ©quates en prĂ©sence de ceux-ci. Car du temps gagnĂ© reprĂ©sente pour la victime des possibilitĂ©s de rĂ©cupĂ©ration en supplĂ©mentaires.

Cette campagne 2017 est rĂ©alisĂ©e en Ă©troit partenariat avec la SSMG et le Belgian Stroke Council ; elle bĂ©nĂ©ficie du soutien du Fonds A.B gĂ©rĂ© par la Fondation Roi Baudouin. Cette annĂ©e encore, les spots tv et radio, pilier de la campagne, concourent Ă  la diffusion du message clĂ© « Faire appel – sans attendre ».

Une attitude qui va Ă  l’encontre de croyances encore bien ancrĂ©es « de toute façon, les mĂ©decins ne savent rien faire » ; « A l’hĂŽpital, ils vont s’acharner » ou encore opinion contraire, « ils vous laissent dans un lit alors autant rester chez soi
 » Ces croyances prennent racines dans des pratiques et des faits du passĂ©. Mais il convient d’expliquer et de persuader tous les publics, qu’aujourd’hui, avec l’évolution des traitements et des pratiques mĂ©dicales des interventions qui vont permettent aux personnes touchĂ©es de garder des capacitĂ©s sont possibles.

La campagne 2017 « Lors de mon AVC, chaque minute a comptĂ© » 


La stratĂ©gie de communication repose dans un premier temps, sur une sensibilisation des professionnels avec une mise Ă  disposition de supports d’information et dans un second temps, sur une information du public. Comme en 2016, la campagne s’ancre sur

  • la diffusion de spots TV et radio dans des lieux publics et sur les chaines nationales ;
  • la mise Ă  disposition de supports de communication standardisĂ©s et personnalisĂ©s (spots, affiches, feuillets, banniĂšres
);
  • l’organisation d’une confĂ©rence de presse.

Nouveautés et objectifs pour 2017 : « susciter et renforcer les initiatives du terrain »

  • une invitation aux initiatives et Ă  la mobilisation de tous les acteurs (professionnels, associations de patients
),
  • la participation Ă  la diffusion du rapport europĂ©en prĂ©sentĂ© ce 11 mai 2017 au Parlement EuropĂ©en, « Le Fardeau de l’AVC en Europe »Note bas de page
  • et enfin, une actualisation du site internet www.DelaiAVC.eu.

AVC, d’un problĂšme de santĂ© majeur Ă  un tsunami

Comme le rappelle le Professeur Laloux, chef de service associĂ© au CHU UCL Namur, l’Accident Vasculaire CĂ©rĂ©bral (AVC) est une maladie dont il faut se prĂ©occuper car c’est une pathologie frĂ©quente – une personne sur six dans le monde subira au court de sa vie un AVC ; cela reprĂ©sente 19 000 nouveaux cas par an en Belgique -, grave – deuxiĂšme cause de mortalitĂ© chez les personnes de plus de 60 ans dans notre pays -, aux consĂ©quences pouvant ĂȘtre invalidantes – 1/3 des personnes vont avoir besoin d’une aide extĂ©rieure.

Pourquoi reconnaßtre les symptÎmes représente-t-il une urgence ?

Les accidents vasculaires cĂ©rĂ©braux sont de deux sortes : les hĂ©morragies cĂ©rĂ©brales dues Ă  une rupture d’une artĂšre cĂ©rĂ©brale (20% des cas) et les infarctus cĂ©rĂ©braux liĂ©s Ă  une artĂšre qui se bouche (80 % des cas). Comme le souligne encore le Pr Laloux, aujourd’hui, il est possible de rĂ©duire les consĂ©quences de l’AVC par des traitements administrĂ©s trĂšs prĂ©cocement : la thrombolyse intraveineuse doit ĂȘtre administrĂ©e dans les 4h30 (injection d’un produit qui dissout le caillot obstruant l’artĂšre du cerveau) et la thrombectomie (aspirer le caillot par un fin cathĂ©ter introduit jusqu’au caillot) dans les 6 heures. Une prise en charge rapide dans une unitĂ© clinique permettra d’effectuer un bilan et un suivi correct de la personne.

En comparant les deux pĂ©riodes 1992-1993 et 2010 -2011, la thrombolyse et les traitements en unitĂ© spĂ©cialisĂ©e ont permis d’augmenter de 30 % le nombre de patients autonomes et de rĂ©duire de 40 % le taux de mortalitĂ©.Des avancĂ©es dont il faut se fĂ©liciter.

Une campagne 2017 aux accents de participation et de solidarité

La confĂ©rence de presse de lancement de la campagne et des actions en 2017 s’est tenue ce 1er juin Ă  Namur. Elle a rassemblĂ© les partenaires du projet, les reprĂ©sentants politiques et ceux des associations de patients, unis dans cette mĂȘme optique d’une lutte contre l’AVC et d’optimaliser le soutien aux victimes et aux familles.

Les reprĂ©sentantes des Ministres de la SantĂ©, Anne Boucquiau, Cheffe de cabinet du Ministre Maxime PrĂ©vot et Pascale Pensis, Directrice de cabinet adjointe de la Ministre CĂ©cile Jodogne ont tenu Ă  rappeler combien lutter contre cette pathologie est importante, doit rassembler les efforts et mobiliser l’ensemble des acteurs tant au niveau de la dĂ©tection prĂ©coce que de la prise en charge aprĂšs l’accident. Lutter contre l’AVC est donc bien l’affaire de tous.

Comme le rappelait Anne Boucquiau, deux axes du Plan prĂ©vention santĂ© Horizon 2030 pour la Wallonie ciblent particuliĂšrement la lutte contre les AVC. Il s’agit de la Promotion des modes de vie et des milieux de vie favorables Ă  la santĂ© – promotion d’une alimentation Ă©quilibrĂ©e, lutte contre la consommation excessive d’alcool et contre le tabagisme et promotion de l’activitĂ© physique et lutte contre la sĂ©dentaritĂ© ainsi que la prĂ©vention des maladies chroniques avec la prĂ©vention des maladies de l’appareil circulatoire et du diabĂšte de type II.

L’importance de la prĂ©vention se retrouve aussi dans le cadre du plan de promotion de la santĂ© du Gouvernement francophone bruxellois. Une place sera faite, le souligne Mme Pensis, pour encourager les personnes les plus fragiles Ă  adopter des comportements favorables pour prĂ©venir les risques cĂ©rĂ©brovasculaires (bouger ; arrĂȘter de fumer ; traiter l’hypertension artĂ©rielle, combattre le diabĂšte et le cholestĂ©rol).

Des supports pour vos initiatives et projets 


Vous pouvez dĂ©couvrir et commander les affiches et supports de communication de la campagne 2017 sur le site www.delaiAVC.eu . Le Centre d’Éducation du Patient souhaite aussi soutenir vos projets et initiatives en rĂ©pondant au mieux Ă  vos attentes par la mise Ă  disposition de supports et de moyens « personnalisĂ©s ». N’hĂ©sitez pas Ă  nous contacter.

Prochain Ă©vĂ©nement mobilisateur : JournĂ©e mondiale des accidents vasculaires cĂ©rĂ©braux – dimanche 29 octobre 2017.


Burden of stroke report in Europe. Recherche rĂ©alisĂ©e par le King’s College (London) Ă  la demande de l’association europĂ©enne SAFE (Stroke Alliance for Europe). Ce rapport est disponible sur www.strokeeurope.eu

ImageDĂ©pistage du cancer colorectal : oĂč en est-on ?

Le cancer colorectal est une prioritĂ© de SantĂ© publique dans le monde car il affecte plus d’un million de personnes chaque annĂ©e dont 50% en dĂ©cĂšdent.

En Belgique, en 2014, presque 9 700 nouveaux cas de cancer colorectal ont été diagnostiquésNote bas de page.

C’est le troisiĂšme cancer le plus frĂ©quent chez l’homme, le deuxiĂšme chez la femme. Il reprĂ©sente le cancer digestif le plus frĂ©quent et 13% de tous les cancers en Belgique.

Il est souvent diagnostiquĂ© Ă  un stade avancĂ© et il est donc associĂ© Ă  une mortalitĂ© Ă©levĂ©e. Avec plus de 11%, c’est la seconde cause de dĂ©cĂšs par cancer, aprĂšs le cancer du poumon. Avec plus de 3000 dĂ©cĂšs par an par cancer colorectal en Belgique, c’est plus de 4 fois le nombre de tuĂ©s sur nos routes chaque annĂ©e, c’est presque 10 dĂ©cĂšs par jour !

L’incidence de ce cancer augmente nettement Ă  partir de 50 ans et environ Ÿ des cancers colorectaux se manifestent dans la population asymptomatique sans antĂ©cĂ©dents personnels ou familiaux.

DĂ©tectĂ© Ă  un stade prĂ©coce, le cancer colorectal se guĂ©rit dans 9 cas sur 10. Les experts du Conseil de l’Union europĂ©enne et du Centre FĂ©dĂ©ral d’ExpertiseNote bas de page (KCE) ont recommandĂ© d’offrir un dĂ©pistage du cancer colorectal aux personnes asymptomatiques et sans antĂ©cĂ©dents personnels ou familiaux entre 50 et 74 ans.Image

Le test de dépistage

Le test qui a Ă©tĂ© utilisĂ© depuis 2009 dans le Programme de dĂ©pistage du cancer colorectal en FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles est l’HemoccultÂź, test de recherche de sang occulte dans les selles Ă  base de rĂ©sine de gaĂŻac (gFOBTNote bas de page). Celui-ci a montrĂ© son efficacitĂ© mais aussi ses limites.

Sur base de nombreuses Ă©tudes internationales et les rĂ©sultats d’un projet pilote menĂ© en 2014 dans deux entitĂ©s de la Wallonie, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© d’évoluer vers un test immunologique de recherche de sang occulte dans les selles (iFOBTNote bas de page).

La gĂ©nĂ©ralisation de l’utilisation de ce nouveau test reprĂ©sente une avancĂ©e significative pour le dĂ©pistage du cancer colorectal.

Avantages multiples du test iFOBT

Ce test est plus performant en dĂ©tectant des lĂ©sions Ă  un stade plus prĂ©coce tout en dĂ©tectant environ deux fois plus de cancers et trois fois plus d’adĂ©nomes. Sa fiabilitĂ© est plus importante (spĂ©cifique de l’hĂ©moglobine humaine, lecture automatisĂ©e, ajustement possible du seuil de positivitĂ©). Ce test est aussi plus simple : un seul prĂ©lĂšvement suffit. Sa rĂ©alisation est rapide et la compliance des patients est meilleure.

Au vu de ses qualitĂ©s, la gĂ©nĂ©ralisation de l’utilisation du test immunologique est un Ă©lĂ©ment dĂ©cisif pour accroĂźtre l’efficacitĂ© du programme, amĂ©liorer la participation et la fidĂ©lisation Ă  ce dĂ©pistage.

L’utilisation du test immunologique en FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles a Ă©tĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e en mars 2016. En parallĂšle, la lecture des tests HemoccultÂź encore en circulation s’est poursuivie jusqu’en mai 2017.

Que se passe-t-il en cas de test positif ?

Image

En cas de test positif, une coloscopie complĂšte est recommandĂ©e. Dans un cas sur deux, la coloscopie ne montrera rien, mais dans les autres cas elle permettra de dĂ©celer la prĂ©sence d’un cancer ou d’enlever une lĂ©sion prĂ©cancĂ©reuse pour Ă©viter qu’elle ne dĂ©gĂ©nĂšre en cancer.

Comment réaliser un test de dépistage ?

PremiĂšre participation

Pour une premiĂšre participation Ă  ce dĂ©pistage, les personnes sont invitĂ©es Ă  en parler avec leur mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste qui pourra leur remettre un test iFOBT. Une nouvelle procĂ©dure mise en place dĂ©but 2016 permet de rĂ©approvisionner automatiquement le stock du mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste. Les avantages de cette nouvelle procĂ©dure sont le respect de l’ñge de l’éligibilitĂ© (50 Ă  74 ans) et de la pĂ©riodicitĂ© de 2 ans entre deux tests, le rĂ©approvisionnement automatique du stock chez le mĂ©decin, la diminution du gaspillage due Ă  l’inutilisation de tests qui se pĂ©riment et la relance possible des patients n’ayant pas rĂ©alisĂ© le test remis par leur mĂ©decin.

Depuis juillet 2017, les personnes invitĂ©es mensuellement ont la possibilitĂ© de demander gratuitement l’envoi du kit de dĂ©pistage Ă  leur domicile via une plateforme web sĂ©curisĂ©e et un code unique prĂ©cisĂ© sur la lettre d’invitation. Cette alternative devrait permettre aux personnes qui consultent trĂšs peu leur mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste de participer Ă  ce dĂ©pistage sans devoir nĂ©cessairement se rendre chez leur mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste.

SystĂ©matisation de l’envoi des tests Ă  domicile lors des rĂ©examens.

Pour les personnes ayant dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ© un test de dĂ©pistage, l’envoi d’un nouveau test de dĂ©pistage deux ans aprĂšs un test nĂ©gatif directement au domicile de la personne a Ă©tĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ© en mars 2015. Cette procĂ©dure garantit une plus grande fidĂ©lisation au programme de dĂ©pistage du cancer colorectal et un plus grand respect de la pĂ©riodicitĂ© entre deux dĂ©pistages.

Quel est le public cible pour le dépistage ?

Depuis 2009, toute la population Ă©ligible est invitĂ©e tous les deux ans entre 50 et 74 ans Ă  participer au Programme de dĂ©pistage sans aucune exclusion. Cette population de la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles reprĂ©sente environ 1.150.000 personnes.Une partie de cette population bĂ©nĂ©ficie dĂ©jĂ  de coloscopies rĂ©guliĂšres, de tests de recherche de sang dans les selles en dehors du Programme ou d’un suivi pour un cancer colorectal. Cela reprĂ©sente environ 17% de la population cible. Afin de ne pas importuner ces personnes et de rĂ©duire les coĂ»ts liĂ©s Ă  ces courriers d’invitations inutiles, ces personnes doivent ĂȘtre exclues temporairement des listes d’invitation. Par ailleurs, en n’excluant pas ces personnes, le taux de participation de la vraie population cible est Ă©videmment trĂšs sous-Ă©valuĂ© !

Suite Ă  l’autorisation de la Commission de la protection de la vie privĂ©e et grĂące Ă  une collaboration avec la Fondation Registre du cancer et l’Agence intermutualiste, ces listes de sĂ©lection ont Ă©tĂ© appliquĂ©es en FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles depuis juillet 2016.

RĂ©sultats

Les rĂ©sultats des tests HemoccultÂź analysĂ©s pendant la pĂ©riode 2009 Ă  2015 sont en conformitĂ© avec les chiffres attendus avec ce test gFOBT. Sur presque 280.000 tests analysĂ©s au cours de cette pĂ©riode, 3,3% des tests ont Ă©tĂ© positifs. Sur plus de 7.000 coloscopies connues Ă  ce jour, 516 cancers ont Ă©tĂ© dĂ©pistĂ©s et 2803 prĂ©sences d’adĂ©nomes tous stades confondus.

Seule la participation de la population est trop faible. Des changements de procĂ©dures ont donc Ă©tĂ© appliquĂ©s en cours de pĂ©riode afin d’augmenter la participation et la fidĂ©lisation Ă  ce programme de dĂ©pistage.

Depuis la généralisation du test immunologique en mars 2016, les premiers résultats montrent un taux de positivité de 7,5% au seuil de détection de 75ng Hb /ml. Il est prématuré de donner des résultats complets sur le suivi des tests positifs par manque de connaissance de toutes les coloscopies réalisées, mais les premiers résultats sont en adéquation avec les attendus.

Taux de participation

Afin d’avoir un impact rĂ©el sur la rĂ©duction de la mortalitĂ© liĂ©e au cancer colorectal, il faut au minimum que 50% de la population soit dĂ©pistĂ©e.Entre 2009 et 2015, le taux de participation Ă©tait bas, environ 10%, variable d’une rĂ©gion Ă  l’autre.Suite Ă  de nombreux changements dans l’organisation de ce Programme en FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles, le taux de participation augmente sensiblement depuis 2016 et devrait atteindre 25% fin 2017.

Source : Fondation Registre du Cancer, 2016

gaĂŻac Faecal Occult Blood Test

immunological Faecal Occult Blood Test

De plus en plus de patients prennent part activement aux dĂ©cisions liĂ©es Ă  leur santĂ© et deviennent des ‘patients Ă©clairĂ©s’. Pour assumer ce rĂŽle actif, diffĂ©rentes compĂ©tences sont nĂ©cessaires. Ces compĂ©tences sont l’essence mĂȘme du concept de ‘littĂ©ratie en santé’. Ce concept est dĂ©fini comme « la connaissance, la motivation et les compĂ©tences des individus à accĂ©der, comprendre, évaluer et utiliser l’information de santĂ© en vue de porter des jugements et prendre des dĂ©cisions dans la vie de tous les jours en ce qui concerne la santĂ©, la prĂ©vention des maladies et la promotion de la santĂ©, de maniĂšre Ă  maintenir ou amĂ©liorer la qualitĂ© de vie. »(SØRENSEN K. et al., 2012). Etre un ‘littĂ©raire en santé’ signifie donc bien plus que de disposer d’un savoir ou une connaissance en matiĂšre de santĂ©. Il s’agit de compĂ©tences, de capacitĂ©s Ă  agir.

En 2014, une Ă©tude menĂ©e par la MutualitĂ© chrĂ©tienne et l’UCL Ă©tait la premiĂšre Ă  mesurer le niveau de littĂ©ratie en santĂ© dans la population belge, montrant que 4 belges sur 10 n’avaient pas un niveau de compĂ©tence suffisant en matiĂšre de santĂ©. Bien que ces rĂ©sultats Ă©taient trĂšs semblables aux ceux d’autres pays europĂ©ens, ils mĂ©ritaient une confirmation. C’est pourquoi, en 2016, la MC et l’UCL ont organisĂ© une nouvelle enquĂȘte. Au-delĂ  de l’évaluation du niveau de littĂ©ratie en santĂ©, cette Ă©tude visait Ă©galement Ă  mieux savoir si le public interrogĂ© recherche des informations en santĂ©, sur quels thĂšmes, auprĂšs de quelles sources, ainsi que ce qu’il pense de la fiabilitĂ© de ces sources et comment il les utilise.

1.MĂ©thode

L’enquĂȘte a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e durant les mois de mars et avril 2016, grĂące Ă  un questionnaire en ligne, entiĂšrement anonyme, en français et nĂ©erlandais. Ce questionnaire a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© par les chercheurs de l’UCL et relu par les services de promotion de la santĂ© de la MC ainsi que par le dĂ©partement R&D. PrĂšs de 100.000 membres de la MC, de 18 ans et plus, ont Ă©tĂ© contactĂ©s afin de participer Ă  cette Ă©tude. Ils formaient, au dĂ©part, un Ă©chantillon reprĂ©sentatif de la population belge.

Au total, 7.197 personnes ont rĂ©pondu au questionnaire. AprĂšs l’élimination de ceux et celles qui n’avaient rĂ©pondu qu’à quelques questions, 5.711 rĂ©pondants ont Ă©tĂ© conservĂ©s. Du fait que les jeunes adultes Ă©taient insuffisamment reprĂ©sentĂ©s parmi les rĂ©pondants, on a procĂ©dĂ© Ă  une repondĂ©ration sur l’ñge, le sexe, et la rĂ©gion. AprĂšs cette repondĂ©ration, les 5.711 rĂ©pondants donnent une image reprĂ©sentative de la population belge, ce qui garantit la robustesse des rĂ©sultats.

2.RĂ©sultats

2.1 Niveau de littératie en santé

Le questionnaire comportait 16 questions destinĂ©es Ă  mesurer la littĂ©ratie en santĂ©, permettant de calculer un score final entre 0 et 16. Sur la base de ce score, 3 niveaux de compĂ©tences en santĂ© peuvent ĂȘtre diffĂ©rentiĂ©s : « insuffisant » pour un score de 0 Ă  8, « limitĂ© » pour un score de 9 Ă  12 et « suffisant » pour un score de 12 et plus.

Globalement, environ six Belges sur dix (57%) disposent d’un niveau de compĂ©tence suffisant en matiĂšre de santĂ©. Le niveau de littĂ©ratie en santĂ© est limitĂ© pour trois Belges sur dix (28%) et il est mĂȘme insuffisant pour 15% de Belges. Donc, au total, prĂšs quatre Belges sur dix en savent trop peu en matiĂšre de santĂ© 


Ce rĂ©sultat confirme largement celui qu’on avait obtenu lors de la premiĂšre Ă©tude menĂ©e en 2014. Il place la Belgique au mĂȘme niveau que d’autres pays europĂ©ens, comme le montre l’European Health Literacy Survey (HLS-EU), qui a mesurĂ©, en 2011, le niveau de littĂ©ratie en santĂ© dans 8 pays europĂ©ens (l’Autriche, la Bulgarie, l’Allemagne, la GrĂšce, l’Irlande, les Pays-Bas, la Pologne et l’Espagne). Selon cette Ă©tude, portant sur 8.000 europĂ©ens, 12% des rĂ©pondants ont des compĂ©tences insuffisantes, 35% des compĂ©tences limitĂ©es, et seuls 53% disposent d’un niveau suffisant de littĂ©ratie en santĂ©. Or, mĂȘme si les rĂ©sultats belges sont comparables aux autres pays europĂ©ens, ils nous placent aussi assez loin derriĂšre nos voisins des Pays-Bas. En effet, dans l’étude europĂ©enne, 75% des NĂ©erlandais ont un niveau de compĂ©tence suffisant en santĂ©.

Pour les rĂ©pondants Ă  notre Ă©tude, examinons comment le niveau de littĂ©ratie en santĂ© varie selon divers critĂšres d’analyse. On peut observer des diffĂ©rences selon le niveau d’études, la rĂ©gion, l’ñge, l’état de santĂ©.

Le niveau de formation a une grande influence sur le niveau de compĂ©tence en santĂ© (voir Figure 1). En effet, 45% des personnes qui n’ont qu’un diplĂŽme de l’enseignement primaire disposent d’un niveau suffisant de littĂ©ratie en santĂ©, contre 62% chez les personnes qui ont une formation universitaire. On retrouve aussi ce clivage social au niveau d’un indicateur de privation matĂ©rielle. Cette notion Ă©tait mesurĂ©e dans le questionnaire par le fait de ne pas avoir les moyens de s’offrir certaines choses figurant sur une liste de 9 items. PrĂšs de 5% de nos rĂ©pondants peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme Ă©tant en situation de privation matĂ©rielle. La proportion de ces personnes avec un niveau suffisant de compĂ©tences en santĂ© est plus faible : 46%, par rapport Ă  58% pour ceux et celles qui ne vivent pas en situation de privation matĂ©rielle.

On observe des différences régionales. Ainsi, les répondants résidant en Région flamande et à Bruxelles ont un meilleur niveau de littératie en santé que ceux qui résident en Wallonie. Pour les Wallons, le pourcentage de répondants ayant un niveau suffisant est de 47%, bien inférieur à celui observé en Flandre et à Bruxelles (voir Figure 2).

Si on ne remarque pas de diffĂ©rence importante selon le sexe, on voit toutefois un effet d’ñge. Dans les groupes d’ñge de 18 Ă  74 ans, le pourcentage de rĂ©pondants ayant un niveau suffisant de compĂ©tences en santĂ© oscille autour de 60% (de 55 Ă  61%). Par contre, pour les 75 ans et plus, ce pourcentage est nettement infĂ©rieur : 46%. (voir Figure 3).

Les diffĂ©rences sont bien marquĂ©es selon l’état de santé des rĂ©pondants. On peut le mettre en Ă©vidence de diverses façons : selon l’état de santĂ© dĂ©clarĂ©, l’indice de masse corporelle, la frĂ©quence de contact avec le mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste.

Par rapport Ă  l’état de santĂ© dĂ©clarĂ© par les rĂ©pondants (voir Figure 4) : 35% de ceux et celles qui dĂ©clarent leur santĂ© ‘mauvaise’ Ă  ‘trĂšs mauvaise’ ont un niveau suffisant de littĂ©ratie en santĂ©. Par contre, pour les rĂ©pondants qui disent avoir une ‘bonne’ ou ‘trĂšs bonne’ santĂ©, ce pourcentage est, respectivement de 64% et 67%.

Quant Ă  l’indice de masse corporelle, on observe que la proportion des personnes en sous-poids (BMI<18,5) ou obĂšse (BMI>=30) avec un niveau suffisant de littĂ©ratie en santĂ© est plus faible que la moyenne : respectivement 49% et 52%.

Et, selon la frĂ©quence de contact avec le mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste, on observe que plus cette frĂ©quence est Ă©levĂ©e, plus le niveau de littĂ©ratie diminue (voir Figure 5). Pour les personnes qui consultent plusieurs fois par mois leur mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste, 39% d’entre elles disposent d’un niveau suffisant de compĂ©tences en santĂ©. Par contre, pour ceux et celles qui consultent (moins d’) une fois par an, ce pourcentage est nettement plus Ă©levé : 63%.

Figure 1 : Niveau de littĂ©ratie en santĂ© selon le niveau d’études (en %)

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Figure 2 : Niveau de littératie en santé selon la région (en %)

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Figure 3 : Niveau de littĂ©ratie en santĂ© selon l’ñge (en %)

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Figure 4 : Niveau de littĂ©ratie en santĂ© selon l’état de santĂ© dĂ©clarĂ© (en %)

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Figure 5 : Niveau de littératie en santé selon la fréquence de contact avec un médecin généraliste (en %)

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2.2 La recherche et les sources d’information en santĂ©

Par informations en santĂ©, on vise les informations en rapport avec les problĂšmes de santĂ©, les traitements, les contacts avec les professionnels de santĂ©, mais aussi la prĂ©vention et le bien-ĂȘtre. Les rĂ©pondants de l’enquĂȘte sont 95% Ă  chercher ce type d’informations. Evidemment tout le monde ne cherche pas avec la mĂȘme intensité : prĂšs de 54% des rĂ©pondants cherchent ‘occasionnellement’, 29% ‘rĂ©guliĂšrement’ et 12% ‘souvent’.

Quand on cherche de l’information en santĂ©, sur quels sujets plus prĂ©cisĂ©ment ? Au Tableau 1, nous reprenons les rĂ©pondants qui cherchent bien de l’information en santĂ©, les sujets recherchĂ©s Ă©tant classĂ©s selon que la frĂ©quence de recherche se fait ‘rĂ©guliĂšrement’ ou ‘souvent’ (derniĂšre colonne du tableau). Le top 3 des sujets recherchĂ©s sont : les informations sur un mode de vie sain, sur les symptĂŽmes et sur les causes de maladies ou plaintes. Les sujets moins frĂ©quemment recherchĂ©s sont les informations relatives aux thĂ©rapies alternatives, au choix d’un Ă©tablissement de soins et aux associations de patients.

Tableau 1 : « Sur quels sujets avez-vous déjà recherché des informations ? » (en %)

Sujets

JAMAIS

PARFOIS

RÉGULIÈREMENT

SOUVENT

RÉGULIÈREMENT + SOUVENT

Mode de vie sain (alimentation, activitĂ© physique, arrĂȘter de fumer…)

17

42

29

13

42

SymptĂŽmes d’une maladie ou plaintes

10

58

24

8

32

Causes de maladies ou de plaintes

13

56

23

8

31

Traitement d’une maladie spĂ©cifique

14

55

22

9

31

Éventuels effets secondaires de mĂ©dicaments

29

42

21

8

30

Utilisation correcte de médicaments

31

40

22

7

29

Choix d’un prestataire de soins (p. ex. mĂ©decin, kinĂ©sithĂ©rapeute…)

30

46

19

5

24

Éventuels risques de traitements

28

48

18

6

24

Vos droits dans l’assurance maladie (sĂ©curitĂ© sociale), tels que le droit Ă  l’intervention majorĂ©e ou Ă  un remboursement spĂ©cifique

35

43

17

5

22

Mesures de prĂ©vention (vaccination, dĂ©pistage, soins dentaires prĂ©ventifs…)

35

46

15

4

19

Vos droits en tant que patient

44

37

14

5

19

Les traitements alternatifs (p. ex. homéopathie, phytothérapie, acupuncture, etc.)

49

34

11

6

17

Le choix d’un Ă©tablissement de soins (p. ex. hĂŽpital)

44

40

12

4

16

Organisations de patients

72

21

5

2

7

Quant aux motivations Ă  l’origine d’une recherche d’information, les deux premiĂšres motivations mises en avant sont : le fait d’avoir ainsi plus de contrĂŽle sur sa propre santé et connaĂźtre les expĂ©riences d’autres personnes vivant des situations similaires (voir Tableau 2). On remarque aussi une proportion non nĂ©gligeable (de 9 Ă  13%) de rĂ©pondants pour lesquels il s’agit de compenser, ‘rĂ©guliĂšrement’ ou ‘souvent’, un oubli, un manque ou une incomprĂ©hension par rapport aux informations transmises par le mĂ©decin. Quant aux deux derniĂšres raisons, elles sont bien plus prĂ©sentes chez ceux qui ont un trĂšs faible niveau d’instruction (respectivement 16% et 22%) ou vivent en situation de privation matĂ©rielle (respectivement 15% et 23%).

Tableau 2 : « Pourquoi avez-vous recherché des informations sur la santé ? » (in %)

JAMAIS

PARFOIS

RÉGULIÈREMENT

SOUVENT

RÉGULIÈREMENT + SOUVENT

Cela me permet de mieux contrÎler ma santé

25

44

23

8

31

Je voulais connaĂźtre l’expĂ©rience d’autres personnes dans la mĂȘme situation que moi

29

45

19

7

26

Pour bien me préparer avant de me rendre à la consultation chez mon médecin ou un autre prestataire de soins

30

48

17

6

22

J’avais besoin d’un second avis

41

41

14

4

18

Je ne me souvenais pas de tout ce que mon médecin a dit

47

41

10

2

13

Mon mĂ©decin me donne trop peu d’informations

58

32

7

3

10

Je n’avais pas bien compris ce que mon mĂ©decin a dit

57

34

7

2

9

Certaines sources d’information sont clairement privilĂ©giĂ©es. Pour prĂšs de 55% des rĂ©pondants, la premiĂšre source est le mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste. On voit, Ă  nouveau, toute l’importance et la place centrale qu’occupe le mĂ©decin de famille. L’Internet vient en seconde position (28%), la famille en troisiĂšme (5%). D’autres sources qui sont sollicitĂ©es sont le mĂ©decin spĂ©cialiste (4%) et le pharmacien (2%).

Le niveau de ‘confiance’ exprimĂ© par les rĂ©pondants envers les diffĂ©rentes sources possibles n’est pas le mĂȘme (Figure 6). D’une façon gĂ©nĂ©rale, elle est trĂšs grande vis-Ă -vis des mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes, spĂ©cialistes et pharmaciens. Elle est moindre vis-Ă -vis de la famille et de l’Internet. Globalement, pour ce dernier, seulement 29% des rĂ©pondants ont ‘beaucoup’ ou ‘totalement’ confiance. Mais si on se limite Ă  ceux et celles qui ont sĂ©lectionnĂ© l’Internet comme Ă©tant la premiĂšre source d’information consultĂ©e, le niveau de confiance augmente : 48% d’entre eux ont ‘beaucoup’ ou ‘totalement’ confiance. Cela dit, mĂȘme si c’est leur source privilĂ©giĂ©e, 51% de ces rĂ©pondants n’ont qu’ ‘un peu’ confiance en Internet. C’est assez rassurant : ils ont bien un regard critique, savent que toutes les informations qu’on peut trouver sur l’Internet ne sont pas forcĂ©ment fiables.

Figure 6 : « Dans quelle mesure vous fiez-vous aux sources d’information suivantes en matiĂšre de santé ? » (in %)

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Un rĂ©sultat frappant est que les sources d’information privilĂ©giĂ©es par les rĂ©pondants varient avec l’ñge (voir Figure 7). Le mĂ©decin de famille est la premiĂšre source d’information dans toutes les tranches d’ñge sauf celle des 18-34 ans. Et, plus on avance en Ăąge, plus l’importance du mĂ©decin de famille comme premiĂšre source est croissante. Par contre, pour les 18-34 ans, c’est l’Internet qui est la premiĂšre source prĂ©fĂ©rĂ©e (42%), devant le mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste. Si les 35-44 ans sont encore prĂšs de 35% Ă  citer l’Internet comme premiĂšre source d’information, la frĂ©quence du web comme premiĂšre source diminue rapidement avec l’ñge. Par rapport au mĂ©decin et Ă  l’Internet, la famille apparaĂźt plutĂŽt ‘marginale’ comme premiĂšre source d’information, sauf dans la tranche 18-34 ans ou 14% la mentionnent. Mais ce pourcentage diminue trĂšs vite avec l’ñge.

Il y a Ă©galement une influence du niveau d’études sur les sources d’information privilĂ©giĂ©es : comme on peut le constater Ă  la Figure 8, au fur et Ă  mesure que le niveau d’études augmente, l’importance de l’Internet comme premiĂšre source d’information augmente, ainsi que celle de la famille. Ainsi, pour les rĂ©pondants qui ont suivi des Ă©tudes de l’enseignement supĂ©rieur de type long, l’Internet constitue la premiĂšre source d’information pour 37% d’entre eux. Cela dit, quel que soit le niveau d’études, c’est bien le mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste qui reste la premiĂšre source d’information, avec toutefois une frĂ©quence dĂ©croissante en fonction du niveau d’études.

D’une façon gĂ©nĂ©rale, l’Internet est un outil de recherche fort prĂ©sent : prĂšs de 89% de ceux qui cherchent de l’information en santĂ© l’utilisent d’une façon ou d’une autre. Ce dernier rĂ©sultat est peut-ĂȘtre biaisĂ© du fait de la mĂ©thode d’enquĂȘte : le questionnaire Ă©tant en ligne, par dĂ©finition tous les rĂ©pondants Ă©taient informatiquement Ă©quipĂ©s. Mais pas tant que cela, car le taux d’équipement des mĂ©nages belges est trĂšs Ă©levĂ©. D’aprĂšs le SPF Economie, 82,1% des mĂ©nages en Belgique possĂšdent au moins un ordinateur et 81,8% disposent d’une connexion internet. Les Belges vivent vraiment Ă  l’heure de la sociĂ©tĂ© de l’information!

Et, quand on est en recherche d’information en santĂ©, comme on le voit Ă  la Figure 9, les sites les plus frĂ©quemment consultĂ©s sont les moteurs de recherche. Notons Ă©galement que le site de la MC et les sites de prestataires de soins (gĂ©nĂ©raliste, spĂ©cialiste, hĂŽpital, …) sont Ă©galement bien positionnĂ©s.

Figure 7 : « Quand vous avez des questions en matiĂšre de santĂ©, quelles sources d’information consultez-vous en premier lieu ? » – Top-3 en fonction de l’Ăąge (en %)

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Figure 8 : « Quand vous avez des questions en matiĂšre de santĂ©, quelles sources d’information consultez-vous en premier lieu ? » – Top 3 selon le niveau de formation (en %)

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Figure 9 : « Sur quels sites Web recherchez-vous des informations en matiÚre de santé ? » (en %)

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Chercher de l’information en santĂ© n’est pas neutre, elle entraĂźne certaines consĂ©quences. Et elles sont parfois frappantes. Ainsi, prĂšs de 19% des rĂ©pondants ne parlent jamais de l’information sur la santĂ© qu’ils ou elles ont trouvĂ©e auprĂšs d’un professionnel de la santĂ©. En revanche, comme on le voit au Tableau 3, la trĂšs grande majoritĂ© des rĂ©pondants a plutĂŽt tendance Ă  consulter son mĂ©decin. Notons malgrĂ© tout une proportion non nĂ©gligeable de rĂ©pondants (de 6 Ă  8%) qui se diagnostiquent eux-mĂȘmes, se sentent anxieux, prennent le risque de reporter une consultation auprĂšs de leur mĂ©decin, ce qui n’est pas souhaitable. Et, ici, un clivage social apparaĂźt à nouveau : le pourcentage de rĂ©pondants qui disent reporter ‘rĂ©guliĂšrement’ ou ‘souvent’ une consultation est plus Ă©levĂ© chez ceux qui ont seulement un diplĂŽme de primaire (14,5%) ou sont soumis Ă  privation matĂ©rielle (9%).

Tableau 3 : « Quelles sont les consĂ©quences de votre recherche d’informations en matiĂšre de santĂ© ? » (en %)

JAMAIS

PARFOIS

RÉGULIÈREMENT

SOUVENT

RÉGULIÈREMENT + SOUVENT

Je consulte mon médecin traitant

8

39

36

17

53

Ces informations m’ont rassurĂ©(e)

10

63

24

4

28

Je consulte mon pharmacien

29

49

17

6

22

Je pose mon propre diagnostic

56

36

7

2

8

La lecture des informations m’angoisse

43

49

6

2

8

Je reporte les consultations chez mon médecin

72

22

5

1

6

3. Un axe d’actions pour la MC

Depuis longtemps, la MC prend de nombreuses initiatives relatives Ă  la promotion de la santĂ© et entend bien poursuivre ses efforts afin d’amĂ©liorer les connaissances et compĂ©tences en santĂ© du public. Avec 4 Belges sur 10 qui ont des compĂ©tences limitĂ©es ou insuffisantes en matiĂšre de santĂ©, il y a encore du travail Ă  faire ! Et il s’agit bien d’une mission fondamentale, car de bonnes compĂ©tences en santĂ© ont des consĂ©quences positives par rapport aux comportements liĂ©s Ă  la santĂ©, comme l’alimentation Ă©quilibrĂ©e, l’activitĂ© physique, la consommation d’alcool, la prise de mĂ©dicaments ou encore la participation au dĂ©pistage et l’autogestion de soins chez des malades chroniques. La MC souligne le fait que la mutualitĂ© doit Ă©voluer vers le concept de ‘mutualitĂ© santé’ et se profiler comme « une source fiable de conseils et d’informations sur la santĂ©, l’initiatrice et le soutien d’une multitude de projets qui favorisent la bonne santĂ© de tous, au quotidien ».

Sans compter les publications (presse mutualiste, brochures, e-zine, 
), les sĂ©ances, cours et sessions d’information rĂ©gionales, le site de la MC regorge d’informations relatives Ă  la santĂ©, aux maladies et traitements, ainsi que des conseils liĂ©s Ă  la prĂ©vention. Ces informations sont validĂ©es par des experts et rĂ©guliĂšrement actualisĂ©es.

De plus, ces derniĂšres annĂ©es, des points d’information ‘malades chroniques’ ont Ă©tĂ© mis en place (avec, du cĂŽtĂ© francophone, l’organisation d’un chat mensuel). Des outils ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s, par exemple, du cĂŽtĂ© francophone : www.jepenseaussiamoi.be, ainsi qu’une plateforme sur l’incapacitĂ© de travail.

Ne vous laissez pas piéger : lisez et cliquez intelligemment en vous posant 7 questions

Des informations sur la santĂ© sont disponibles partout : sur Internet, dans le journal, les magazines. Mais que pouvez-vous encore croire ? Évaluer les informations en gardant sept questions intelligentes Ă  l’esprit fera du bien Ă  votre santĂ©.

1. Qui ?

Qui prend la parole ?

  • Est-ce un professeur ou un expert ? Cette personne travaille-t-elle pour une universitĂ© ou un organisme de santĂ© fiable ?
  • S’agit-il d’une personne qui se fait passer pour un expert, mais qui en fait n’a rien Ă  voir avec la santĂ© ?

2. Quoi ?

  • Quel est le vĂ©ritable message ?
  • Lisez toujours l’article complet.
  • Ne vous laissez pas piĂ©ger par des en-tĂȘtes ou des photos Ă  sensation.

3. OĂč ?

OĂč lisez-vous les informations ?

  • Sur le site Web d’une organisation fiable ou dans une revue fiable ? VĂ©rifiez toujours qui sont les auteurs ou les initiateurs sur un Web.
  • Sur un site Web non fiable dĂ©bordant de publicitĂ©s ou dans une revue Ă  sensation pure ?

4. Quand ?

Quand le texte a-t-il été rédigé ?

  • S’agit-il d’un texte rĂ©cent ou d’une Ă©tude rĂ©cente ? La science Ă©volue sans cesse.
  • S’agit-il d’informations obsolĂštes ?

5. Pourquoi ?

Dans quel but ce texte a-t-il été rédigé ?

  • L’objectif est-il d’informer correctement ou de sensibiliser le public ? Veut-on mettre en exergue une nouvelle Ă©tude fiable ?
  • Souhaite-t-on uniquement faire de la publicitĂ© pour certains produits (p. ex. des supplĂ©ments alimentaires) ?

6. Comment ?

Comment arrive-t-on Ă  la conclusion ?

  • Sur la base d’une Ă©tude fiable ?
  • AprĂšs une enquĂȘte auprĂšs d’une poignĂ©e de personnes ? S’agit-il d’un avis ou d’une idĂ©e ?

7. Crédible ?

  • Écoutez votre bon sens.
  • Est-ce trop beau pour ĂȘtre vrai ? Dans ce cas, ce n’est gĂ©nĂ©ralement pas vrai.

[1] Exemples : A quel point trouvez-vous facile ou difficile de trouver des informations sur les traitements des maladies qui vous concernent ? de suivre les instructions de votre médecin ou votre pharmacien ?

Ces 16 questions forment la version courte du questionnaire qui a servi Ă  l’étude europĂ©enne HLS-EU.

Voir : http://www.healthliteracyeurope.net/hls-eu.

[2] RĂ©sultats Ă©galement comparables Ă  ceux obtenus au Canada oĂč environ 60% des adultes ont un faible niveau de littĂ©ratie en santĂ©.

Source : http://www.phac-aspc.gc.ca/cd-mc/hl-ls/index-fra.php .

[3] Sont considĂ©rĂ©es en situation de privation matĂ©rielle les personnes vivant dans un mĂ©nage ne pouvant pas se permettre financiĂšrement quatre des Ă©lĂ©ments suivants : (1) payer des factures Ă  temps, (2) s’offrir chaque annĂ©e une semaine de vacances hors de son domicile, (3) s’offrir un repas composĂ© de viande, de poulet ou de poisson tous les deux jours au moins, (4) faire face Ă  une dĂ©pense imprĂ©vue, (5) possĂ©der un tĂ©lĂ©phone, (6) possĂ©der une tĂ©lĂ©vision couleur, (7) possĂ©der un lave-linge, (8) possĂ©der une voiture personnelle et (9) chauffer convenablement son domicile.

La définition de la privation matérielle provient de :

http://statbel.fgov.be/fr/binaries/COMMUNIQU%C3%89%20DE%20PRESSE%20privation%20mat%C3%A9rielle%20SILC2015_tcm326-277076.pdf .

[4] Body Mass Index ou indice de masse corporelle : calculé en divisant le poids (exprimé en kg) par le la taille (exprimé en mÚtre) au carré.

Source : http://apps.who.int/bmi/index.jsp?introPage=intro_3.html .

[6] Il reste bien une fracture numĂ©rique : en 2015, 13% des Belges entre 16 et 74 ans n’ont jamais utilisĂ© Internet. Il s’agit de mĂ©nages avec de faibles revenus, de personnes plus ĂągĂ©es, de personnes avec un niveau d’études plus faible.

Source : http://economie.fgov.be/fr/binaries/Barometre_de_la_societe_de_l_information_2016_tcm326-278973.pdf, page 34.

[7] Hermesse J. 2016. Un Pacte est un engagement mutuel ! Editorial d’En marche, Ă©dition du 1er dĂ©cembre 2016

Eurotox a publiĂ© son rapport sur l’usage de drogues en Wallonie et Ă  Bruxelles pour l’annĂ©e 2016. Nous vous prĂ©sentons ci-dessous un rĂ©sumĂ© pour la rĂ©gion bruxelloise. Les rĂ©sultats pour la rĂ©gion wallonne paraitrons dans un prochain numĂ©ro d’Education SantĂ©.

Les tendances épidémiologiques marquantes

L’usage de drogues dans la population gĂ©nĂ©rale – EnquĂȘte HIS 2013

Selon la derniĂšre enquĂȘte Health Interview Survey (HIS)Note bas de page, la prĂ©valence de l’usage de cannabis au cours de la vie (usage du produit au moins une fois dans la vie) est de 22 % dans la population bruxelloise ĂągĂ©e de 15 Ă  64 ans. L’usage de cannabis sur la vie est plus Ă©levĂ© au sein de la tranche d’ñge des 15-24 ans (34 %) ainsi que chez les hommes. L’ñge moyen du premier contact avec ce produit est d’environ 18 ans et 4 mois. La prĂ©valence de l’usage actuel de cannabis (au moins une consommation au cours des 30 derniers jours) est de 5,2 % dans la population bruxelloise. Il concerne surtout les 15-24 ans (13,4 %) ainsi que les 25-34 ans (8,2 %). L’usage quotidien (ou presque) de cannabis concernerait 1,2 % des Bruxellois de 15-64 ans. La prĂ©valence de l’usage au cours de la vie d’une drogue illicite autre que le cannabis est de 5,6 % dans la population bruxelloise de 15 Ă  64 ans. La tranche d’ñge la plus concernĂ©e est celle des 15- 24 ans (10,9 %). En RĂ©gion bruxelloise, comme partout en Belgique, la prĂ©valence d’usage de cannabis au cours de la vie a significativement augmentĂ© depuis 2001, quoiqu’elle semble s’ĂȘtre stabilisĂ©e. L’usage actuel est quant Ă  lui restĂ© relativement stable. Cela suggĂšre une augmentation progressive du nombre de personnes qui expĂ©rimentent ce produit, sans que cela ne s’accompagne d’une augmentation du nombre de consommateurs rĂ©guliers. La prĂ©valence d’usage sur la vie d’une autre drogue illicite que le cannabis est relativement stable entre 2008 et 2013.

L’usage d’alcool dans la population gĂ©nĂ©rale – EnquĂȘte HIS 2013

Selon l’enquĂȘte HIS 2013, la prĂ©valence de la surconsommation hebdomadaire d’alcoolNote bas de page (au cours des 12 derniers mois) est de 7,1 % chez les Bruxellois ĂągĂ©s de 15 ans et plus. Elle augmente avec l’ñge mais la diffĂ©rence de genre est peu marquĂ©e. La prĂ©valence de la consommation quotidienne est de 13 % dans la population bruxelloise de 15 ans et plus, et celle de la consommation quotidienne Ă  risqueNote bas de page est de 5,8 %. Elles augmentent Ă©galement avec l’ñge des rĂ©pondants. Contrairement aux autres indicateurs, la consommation quotidienne Ă  risque tend Ă  ĂȘtre plus Ă©levĂ©e chez les femmes que chez les hommes. Il semble donc y avoir davantage de femmes que d’hommes qui consomment quotidiennement une quantitĂ© excessive d’alcool : 6,8 % des femmes contre 4,7 % des hommes. La prĂ©valence du binge drinking hebdomadaireNote bas de page s’élĂšve Ă  environ 9 % chez les Bruxellois de 15 ans et plus. Elle est nettement plus Ă©levĂ©e chez les hommes que chez les femmes. Contrairement aux autres indicateurs, dont la prĂ©valence augmente avec l’ñge, ce comportement est plus frĂ©quent chez les jeunes, en particulier chez les 15- 24 ans (17 %), y compris les jeunes filles (15,6 %). Enfin, 16,3 % de la population bruxelloise de 15 ans et plus aurait dĂ©jĂ  eu un problĂšme d’usage d’alcool. La prĂ©valence sur la vie de l’usage problĂ©matique d’alcool est plus Ă©levĂ©e chez les hommes que chez les femmes, et elle concerne moins les 15-34 ans ainsi que les plus de 64 ans.Les analyses standardisĂ©es pour l’ñge et le sexe montrent que la surconsommation hebdomadaire et la consommation quotidienne sont relativement stables dans le temps. En revanche, le binge drinking hebdomadaire et la prĂ©valence sur la vie de l’usage problĂ©matique ont augmentĂ© de maniĂšre significative sur la pĂ©riode Ă©tudiĂ©e.

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L’usage de drogues chez les jeunes – EnquĂȘte HBSC 2014

Selon la derniĂšre enquĂȘte Health Behaviour in School-aged Children (HBSC) rĂ©alisĂ©e chez les jeunes scolarisĂ©s dans l’enseignement secondaire, la prĂ©valence sur la vie de la consommation de cannabis est en diminution chez les Ă©lĂšves de 15-20 ans scolarisĂ©s en RĂ©gion bruxelloise. En 2014, prĂšs d’un quart des jeunes de 15-20 ans ont dĂ©clarĂ© en avoir dĂ©jĂ  consommĂ©. La consommation des autres produits, peu courante, est soit relativement stable soit en diminution par rapport Ă  ce que l’on observait prĂ©cĂ©demment. En 2014, 1,9 % des Ă©tudiants bruxellois de 15-20 ans interrogĂ©s ont dĂ©clarĂ© consommer du cannabis tous les jours au moment de l’enquĂȘte, et 3 % pas quotidiennement mais chaque semaine.

Les demandes de traitement – TDINote bas de page 2015

Selon le Treatment Demand Indicator (TDI), on dĂ©nombre actuellement prĂšs de 2000 nouvelles prises en charge annuelles pour une problĂ©matique de consommation d’alcool ou de drogues (ce qui correspond Ă  un peu plus de 1700 patients) dans les services spĂ©cialisĂ©s en assuĂ©tudes de la RĂ©gion bruxelloise. La demande de traitement Ă©mane le plus souvent d’une rĂ©orientation du secteur psycho-mĂ©dico-social (38,6 %) ou d’une dĂ©marche initiĂ©e par la personne (36,8 %), plus rarement du secteur judiciaire (9,1 %). Les demandes Ă©manant du secteur judiciaire sont toutefois relativement Ă©levĂ©es lorsque le produit problĂ©matique principal est le cannabis (25,7 %). L’alcool est le produit principal le plus frĂ©quemment citĂ© comme Ă©tant Ă  l’origine des demandes de traitement des patients (37,7 %), suivi par les opiacĂ©s (24,3 %), la cocaĂŻne (13 %) et le cannabis (12,3 %). Les patients prĂ©sentent gĂ©nĂ©ralement des antĂ©cĂ©dents thĂ©rapeutiques pour un usage problĂ©matique d’alcool ou de drogues (66 %). Ils sont relativement nombreux Ă  prĂ©senter, voire Ă  cumuler certains facteurs de prĂ©caritĂ© : problĂšme de logement (15,3 %), revenus limitĂ©s (30,2 %), faible niveau d’instruction (35,1 %). Enfin, 21,4 % des patients ont dĂ©jĂ  eu recours Ă  l’injection et parmi ceux-ci, 54 % ont dĂ©jĂ  partagĂ© une seringue usagĂ©e.

Image - unnamed fileNote bas de page

Les traitements de substitution aux opiacés en 2015

Selon l’enregistrement des traitements de substitution aux opiacĂ©s (TSO), le nombre de patients mutualisĂ©s rĂ©sidant en RĂ©gion bruxelloise et ayant bĂ©nĂ©ficiĂ© au moins une fois d’un traitement de substitution Ă  la mĂ©thadone s’élevait Ă  2.200 en 2015. Les traitements Ă  base de mĂ©thadone sont beaucoup plus frĂ©quemment dĂ©livrĂ©s que ceux Ă  base de buprĂ©norphine (environ 8 pour 1). Les TSO sont majoritairement prescrits Ă  des personnes ayant un Ăąge compris entre 35 et 54 ans, et les patients sont principalement de sexe masculin. Sur base de ce registre, on peut estimer qu’il y aurait parmi la population bruxelloise environ 3.500 usagers d’hĂ©roĂŻne.

Le systĂšme d’alerte prĂ©coce

Le systĂšme d’alerte prĂ©coce (Early Warning system – EWS) est un systĂšme de veille sanitaire europĂ©en qui permet de recenser les nouvelles drogues de synthĂšse (NDS) et d’en Ă©valuer les risques. Il permet aussi d’informer rapidement les autoritĂ©s, les travailleurs de terrain et les usagers de drogues lorsqu’une substance prĂ©sente un risque sanitaire Ă©levĂ©.Le nombre de NDS recensĂ©es sur le territoire europĂ©en via ce systĂšme Ă©tait relativement peu Ă©levĂ© et constant au dĂ©but des annĂ©es 2000, mais il n’a cessĂ© de croĂźtre ces derniĂšres annĂ©es, passant de 13 NDS en 2008 Ă  98 en 2015. L’EWS belge a quant Ă  lui recensĂ© un total de 42 NDS sur la pĂ©riode 2005-2011 (contre 164 au niveau europĂ©en), 8 en 2013, 31 en 2014 et 42 en 2015. Cette augmentation est attribuable au dĂ©veloppement du marchĂ© des «euphorisants lĂ©gaux» (legal highs) et des research chemicals, ces substances gĂ©nĂ©ralement de nature synthĂ©tique qui sont proposĂ©es Ă  la vente sur Internet par des entrepreneurs peu scrupuleux en contournant les lois sur les stupĂ©fiants et sur les substances rĂ©glementĂ©es.Le nombre d’alertes prĂ©coces diffusĂ©es par Eurotox a considĂ©rablement augmentĂ© depuis 2013, en partie en raison d’une augmentation des alertes portant sur des NDS : 9 alertes sur 15 en 2013, 6 alertes sur 13 en 2014 et 9 alertes sur 14 en 2015. Les 14 alertes diffusĂ©es en 2015 portaient sur 34 Ă©chantillons de produits diffĂ©rentsNote bas de page, dont 12 NDS.

Cadre légal et organisationnel

Les compétences fédérales

Suite Ă  la 6Ăšme RĂ©forme de l’État et les accords de la Sainte Emilie, et afin d’assurer la cohĂ©rence et la convergence des politiques francophones, la FWB, la Commission communautaire française (COCOF) et la RĂ©gion wallonne (RW) ont dĂ©cidĂ© de former un comitĂ© ministĂ©riel et d’ériger un organe de concertation permanent. Ainsi, avant tout changement de lĂ©gislation, de rĂ©glementation Ă  portĂ©e gĂ©nĂ©rale, de programmation et dans le cadre de toute concertation sociale relative au secteur «non-marchand», une entitĂ© fĂ©dĂ©rĂ©e devra obligatoirement se concerter avec les autres via le comitĂ© ministĂ©riel, qui ne pourra statuer qu’à partir de l’avis de l’organe de concertation rassemblant les diffĂ©rents partenaires.Sur proposition de la ministre de la santĂ© Mme De Block, la loi portant des dispositions diverses en matiĂšre de santĂ© de la ministre fĂ©dĂ©rale de la santĂ© a Ă©tĂ© adoptĂ©e le 18 dĂ©cembre 2016. La loi clarifie les compĂ©tences des inspecteurs du Service public fĂ©dĂ©ral SantĂ© publique. Le projet de loi prĂ©voit notamment que les inspecteurs puissent demander des comptes aux supermarchĂ©s si de l’alcool est offert en dĂ©gustation ; il propose Ă©galement d’autoriser les inspecteurs Ă  saisir (voire dĂ©truire) les boissons alcoolisĂ©es en possession de mineurs d’ñge. Le projet autorise aussi les personnes qui ne sont pas des professionnels du soin Ă  effectuer des tests dĂ©mĂ©dicalisĂ©s (dont les tests VIH) et rend obligatoire les dossiers informatisĂ©s pour les mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes.Une ConfĂ©rence interministĂ©rielle (CIM) SantĂ© publique, rassemblant les membres du Gouvernement fĂ©dĂ©ral et des Gouvernements des CommunautĂ©s et des RĂ©gions ayant des compĂ©tences en santĂ©, a eu lieu le 24 octobre 2016. Elle devait aboutir Ă  l’actualisation de la DĂ©claration Conjointe pour une politique globale et intĂ©grĂ©e en matiĂšre de drogues. Toutefois, les ministres compĂ©tents en santĂ© ne sont pas parvenus Ă  un accord concernant les salles de consommation Ă  moindre risque (SCMR) et le Plan national alcool, deux enjeux qui conditionnent l’actualisation de la DĂ©claration. Ainsi, d’une part, le pouvoir fĂ©dĂ©ral s’est dĂ©clarĂ© en dĂ©faveur de la mise en place de SCMR, contrairement aux gouvernements fĂ©dĂ©rĂ©s ; et la ministre fĂ©dĂ©rale de la santĂ©, Mme De Block, a commandĂ© une nouvelle Ă©tude de faisabilitĂ© des SCMR.Les nĂ©gociations au sujet du Plan nation alcool n’ont pas non plus abouti, faute d’accord au sein de la majoritĂ© fĂ©dĂ©rale et de propositions satisfaisantes aux yeux des entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es. Dans la perspective de cette CIM, le secteur non-marchand avait Ă©mis des recommandations vis-Ă -vis du futur plan alcool. Le groupe «Jeunes, alcool et sociĂ©té», d’une part, et la FĂ©dito bruxelloise, d’autre part, s’accordent (entre autres) sur certaines propositions :‱ Interdire la publicitĂ© pour les boissons alcoolisĂ©es ;‱ DĂ©pĂ©naliser l’apprentissage parental (la loi actuelle interdisant toute dĂ©livrance de boissons alcoolisĂ©es aux jeunes de moins de 16 ans, mĂȘme dans le contexte familial) ;‱ Clarifier et simplifier la loi en vigueur (notamment en modifiant le degrĂ© d’alcool des boissons autorisĂ©es aux mineurs d’ñge) ;‱ RĂ©Ă©quilibrer le financement des actions de prĂ©vention, de RdR et de promotion de la santĂ© par rapport aux actions liĂ©es Ă  la sĂ©curitĂ© et Ă  la rĂ©pression.Le Conseil des Ministres a adoptĂ© la Note-Cadre de SĂ©curitĂ© IntĂ©grale (NCSI) et le Plan National de SĂ©curitĂ© 2016-2019 en juin 2016. La NCSI comprend un volet «politique intĂ©grĂ©e et intĂ©grale actualisĂ©e en matiĂšre de drogues» qui agit Ă  la fois sur l’offre et la demande de drogues. Afin de rĂ©aliser ses prioritĂ©s en matiĂšre de rĂ©duction de la demande, le Gouvernement entend (entre autres) : renforcer la prĂ©vention, renforcer l’usage d’outils de dĂ©tection, d’intervention prĂ©coce et de rĂ©duction des risques, dĂ©velopper la politique de santĂ© pour les consommateurs en prison, etc. Toutefois, la NCSI 2016- 2019 renforce la sĂ©grĂ©gation lĂ©gislative entre l’alcool et les autres drogues, d’une part, en Ă©largissant sinueusement la loi de 1921 Ă  la consommation-mĂȘme de drogues illicites, et, d’autre part, en insufflant l’idĂ©e que tout usage de drogues illicites est par nature problĂ©matique. Dans un tel cadre, les propositions pour rĂ©duire la demande, renforcer la prĂ©vention et impulser des initiatives de RdR revĂȘtent le manteau rĂ©pressif.

En région bruxelloise

La Commission communautaire commune (COCOM) a hĂ©ritĂ© de compĂ©tences en matiĂšre de santĂ© (dont la santĂ© mentale et la 1Ăšre ligne de soins) et des travaux ont Ă©tĂ© menĂ©s pour Ă©laborer un plan santĂ© bruxellois (PSB). Les objectifs du plan sont notamment d’amĂ©liorer l’accessibilitĂ© aux soins sur le plan gĂ©ographique, social et financier, et de crĂ©er une politique cohĂ©rente de santĂ© en collaboration avec l’ensemble des entitĂ©s politiques compĂ©tentes en santĂ©.Le 27 avril 2016 s’est tenu le Gouvernement thĂ©matique SantĂ© du Gouvernement francophone bruxellois auquel Ă©taient prĂ©sents les quatre ministres compĂ©tents en RĂ©gion bruxelloise. À son issue, la ministre CĂ©cile Jodogne a dĂ©clarĂ© qu’il Ă©tait central de dĂ©velopper une politique de santĂ© cohĂ©rente Ă  Bruxelles. Elle a Ă©galement Ă©tabli 8 thĂ©matiques prioritaires, dont la rĂ©duction des risques en matiĂšre de drogues et assuĂ©tudes, la diminution des cas d’infection au VIH et autres infections sexuellement transmissibles, la rĂ©duction des inĂ©galitĂ©s en matiĂšre d’accĂšs Ă  la santĂ©, et la santĂ© communautaire (qui encourage la participation des usagers aux projets et dĂ©cisions qui les concernent). Le dĂ©cret du 5 mars 2009 relatif Ă  l’offre de services ambulatoires dans les domaines de l’Action sociale, de la Famille et de la SantĂ© a Ă©tĂ© modifiĂ© par dĂ©cret au Parlement bruxellois francophone, de façon Ă  intĂ©grer la rĂ©duction des risques (RdR) aux matiĂšres et missions des services actifs en matiĂšre de toxicomanies. AdoptĂ© par l’AssemblĂ©e et le CollĂšge de la COCOF le 20 juillet 2016, ce dĂ©cret reconnaĂźt pleinement la RdR comme stratĂ©gie de SantĂ© publique.Suite au transfert de compĂ©tences, la ministre en charge de la santĂ© Ă  la COCOF a Ă©galement optĂ© pour la rĂ©daction d’un nouveau dĂ©cret de promotion de la santĂ©. AdoptĂ© en fĂ©vrier 2016, ce dĂ©cret Ă©tablit notamment les dispositions relatives au plan de promotion de la santĂ© et son Ă©valuation, ainsi que la crĂ©ation d’une section «Promotion de la santé» au sein du Conseil consultatif bruxellois francophone de l’Aide aux personnes et de la SantĂ©. Le financement des services de promotion de la santĂ© prendra la forme d’appels Ă  projets. Toutefois, un tel systĂšme de financement risque de placer les associations dans une temporalitĂ© courte, sans garantie de prolongement, et d’organiser la concurrence au sein d’un secteur qui pourrait perdre alors de sa diversitĂ© et de sa flexibilitĂ©.La 6Ăšme RĂ©forme de l’État a renforcĂ© les compĂ©tences des RĂ©gions en matiĂšre de politiques de prĂ©vention et de sĂ©curitĂ©. C’est dans ce cadre que la RĂ©gion bruxelloise a dĂ©cidĂ© de crĂ©er un nouvel Organisme d’intĂ©rĂȘt public (OIP) baptisĂ© «Bruxelles PrĂ©vention & SĂ©curité» en 2015. L’une des principales missions de ce nouvel OIP est de rĂ©diger le Plan global de sĂ©curitĂ© et de prĂ©vention, qui devra s’articuler avec le Plan national de sĂ©curitĂ© du fĂ©dĂ©ral. ApprouvĂ© en fĂ©vrier 2017 par le Gouvernement de la RĂ©gion bruxelloise, le Plan fixe les prioritĂ©s rĂ©gionales en matiĂšre de prĂ©vention et de sĂ©curitĂ©, dont la prĂ©vention et la lutte contre les assuĂ©tudes.

DĂ©bats et Ă©volutions

UNGASS 2016

En octobre 2012, la Colombie, le Guatemala et le Mexique ont demandĂ© l’organisation d’une session spĂ©ciale de l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations Unies (UNGASS) au sujet des politiques drogues. La confĂ©rence s’est tenue en avril 2016 Ă  New York. Les États membres ont alors adoptĂ© le document final «Notre engagement commun Ă  aborder et combattre efficacement le problĂšme mondial de la drogue».Parmi les avancĂ©es les plus marquantes, nous relevons la rĂ©fĂ©rence, pour la premiĂšre fois, au concept de proportionnalitĂ© des peines. Le document appelle Ă©galement Ă  la prise en compte de la dimension «genre» dans l’élaboration des politiques publiques et au dĂ©veloppement d’alternatives en matiĂšre de condamnation ou de peine. Le besoin d’aborder la culture illicite mais aussi la production et le trafic Ă  travers le prisme de problĂšmes socio-Ă©conomiques parcourt le document. Les États membres s’engagent Ă©galement Ă  offrir aux dĂ©tenu.e.s des soins de santĂ© Ă©quivalents Ă  ceux disponibles en milieu libre. Enfin, les pouvoirs publics doivent veiller Ă  ce que les structures de traitement et de rĂ©adaptation des personnes souffrant de toxicomanie soient de qualitĂ© et exemptes de traitements «cruel[s], inhumain[s] ou dĂ©gradant[s]».Toutefois, les rĂ©fĂ©rences faites au respect des Droits de l’Homme restent floues. En effet, le document final ne se prononce ni sur ce qu’il entend par une telle notion, ni sur les droits des «peuples autochtones». Le document final ne comporte aucune rĂ©fĂ©rence explicite Ă  la rĂ©duction des risques, et nulle mention n’est faite de l’échec de la guerre globale contre les drogues ni de l’inefficacitĂ© du paradigme prohibitionniste. Certains États et observateurs avaient espĂ©rĂ© que l’UNGASS 2016 constitue un tournant vers une approche rĂ©aliste et globale de la problĂ©matique. À l’issue, cependant, force est de constater que nous en sommes encore loin : le document final reste sans surprise et sans prise de position rĂ©ellement innovante ; il n’est pas non plus contraignant pour les États et son contenu est flexible (c’est-Ă -dire que les États souverains adaptent celui-ci Ă  leurs lois nationales et Ă  leurs us et coutumes). La prochaine session spĂ©ciale de l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations Unies dĂ©diĂ©e aux politiques drogues se tiendra en 2019.

La reconnaissance légale des SCMR et du traitement par diacétylmorphine

Les deux propositions de loi du parlementaire Willy Demeyer portant sur la reconnaissance lĂ©gale des SCMR et celle du traitement par diacĂ©tylmorphine ont Ă©tĂ© rejetĂ©es par la Chambre des reprĂ©sentants en mars 2015 et renvoyĂ©es Ă  la Commission SantĂ© de la Chambre. En mai 2015, la Commission SantĂ© a fait parvenir une demande d’avis Ă  l’AcadĂ©mie Royale de MĂ©decine qui a rendu un avis favorable aux deux propositions dĂ©but 2016. ParallĂšlement, la prĂ©sidente de la Commission SantĂ© a dĂ©posĂ© deux propositions d’avis positifs en septembre 2015. Ces avis ont Ă©tĂ© remis Ă  la Commission Justice qui, elle-mĂȘme, examine les deux propositions de lois. Les travaux de la Commission SantĂ© sur les avis Ă©taient toutefois Ă  l’arrĂȘt fin 2016, les parlementaires de la majoritĂ© ayant exprimĂ© le souhait d’avoir les avis des CommunautĂ©s et des RĂ©gions avant de se positionner.Ainsi, la RĂ©gion bruxelloise a apportĂ© son soutien aux propositions, prĂ©cisant cependant que la faisabilitĂ© de telles avancĂ©es Ă©tait conditionnĂ©e par l’adaptation des lois fĂ©dĂ©rales qui rĂ©gissent la matiĂšre, notamment la loi de 1921. In fine donc, le fĂ©dĂ©ral reste seul compĂ©tent pour lĂ©gifĂ©rer sur ces matiĂšres. Le ministre wallon en charge de la santĂ© a Ă©galement dĂ©clarĂ© ĂȘtre en faveur de ces propositions.Dans la perspective de prĂ©parer la CIM SantĂ© publique qui a eu lieu le 24 octobre 2016, la RĂ©union thĂ©matique Drogues a chargĂ© la Cellule GĂ©nĂ©rale de Politique Drogues de produire une Note au sujet des SCMR. Toutefois, ses constats favorables Ă  l’implantation de SCMR n’ont pas remportĂ© l’adhĂ©sion du fĂ©dĂ©ral qui a rĂ©affirmĂ© sa position lors de la CIM du 24 octobre 2016 : il n’y aura pas de SCMR sous cette lĂ©gislature, leur mise en place ne constituant pas une prioritĂ©. Les parties sont nĂ©anmoins tombĂ©es d’accord pour lancer une nouvelle Ă©tude de faisabilitĂ© des SCMR.

La santé des détenus

Nos prĂ©cĂ©dents rapports relayaient l’appel en faveur d’un transfert des compĂ©tences relatives aux soins des dĂ©tenus (hommes et femmes) depuis le ministĂšre de la Justice vers le ministĂšre de la SantĂ© publique. Un tel transfert s’avĂšre incontournable afin de garantir une prise en charge optimale de la santĂ© des dĂ©tenus et de pĂ©renniser Ă  la fois les rĂ©coltes de donnĂ©es et les projets de prĂ©vention et de RdR.Les lois du pays n’établissent pas de distinction entre les dĂ©tenus et les personnes vivant extra-muros en matiĂšre d’accĂšs aux soins de la santĂ©. Ceci est vrai dans la Constitution, dans la loi relative aux droits du patient de 2002 et dans la loi de Principes de 2005. Dans la pratique, cependant, ces principes ne sont pas respectĂ©s, et ce, notamment parce que les soins intra et extra-muros sont respectivement assurĂ©s par le Service public fĂ©dĂ©ral (SPF) Justice et le SPF SantĂ© publique. Les conditions de dĂ©tention sont Ă©galement mauvaises et l’accĂšs aux traitements est limitĂ© (hĂ©patite C, traitements de substitution). Tous ces Ă©lĂ©ments contribuent Ă  une mauvaise santĂ© physique et mentale des dĂ©tenus, qui sont dĂšs lors en moins bonne santĂ© que la population gĂ©nĂ©rale.Plusieurs initiatives rĂ©centes semblent indiquer que le fĂ©dĂ©ral et les entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es se saisissent progressivement de la question. Au niveau fĂ©dĂ©ral, un organe de concertation baptisĂ© «Groupe de pilotage soins et dĂ©tention» a Ă©tĂ© mis en place. Le ministre wallon de la santĂ© a demandĂ© un rapport parlementaire au sujet de «La santĂ© et la promotion de la santĂ© des personnes dĂ©tenues en milieu carcĂ©ral». Enfin, les entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es francophones se sont rĂ©unies le 20 juin 2016 Ă  l’occasion de la CIM francophone des politiques d’intervention en lien avec le milieu carcĂ©ral. Toutefois, les mesures proposĂ©es par la CIM ne font pas mention des usagers de drogues et usagers sous traitement de substitution. Il n’est question ni de prĂ©vention, ni de RdR, matiĂšres pour lesquelles les entitĂ©s fĂ©dĂ©rĂ©es sont pourtant compĂ©tentes et qui participent Ă  la santĂ© globale des (ex-)dĂ©tenus. La CIM ne semble pas non plus se saisir de la problĂ©matique de l’équivalence et de la continuitĂ© des soins, ni ne revendique le transfert de la compĂ©tence «santĂ© des dĂ©tenus» vers le SPF SantĂ© publique. Et si la CIM n’aborde pas ces problĂ©matiques, c’est sans doute parce qu’elles restent de la compĂ©tence du fĂ©dĂ©ral, grand absent de la ConfĂ©rence.Tant la mise en place d’initiatives en promotion de la santĂ©, en prĂ©vention et en RdR, que l’amĂ©lioration des conditions de vie, en passant par l’équivalence des soins de santĂ©, sont des conditions sine qua non de la santĂ© des dĂ©tenus. Or, garantir le maintien du bon Ă©tat de santĂ© physique et mentale de ceux-ci est indissociable de la lutte contre la marginalisation et la prĂ©carisation de ceux qui sortent.Retrouvez le rapport complet sur le site https://eurotox.org/publications/publications-deurotox/

Il est trĂšs probable que les rĂ©sultats de cette enquĂȘte sous-estiment la prĂ©valence rĂ©elle de l’usage d’alcool et de drogues, en partie parce qu’ils ne couvrent pas, de par la mĂ©thodologie utilisĂ©e, les personnes marginalisĂ©es (incarcĂ©rĂ©es, en institutions, sans domicile fixe, etc.).

Consommation de plus de 21 verres standards par semaine pour les hommes et de 14 verres par semaine pour les femmes au cours des 12 derniers mois.

Consommation de plus de 2 verres standards par jour chez les femmes et de plus de 4 verres par jour chez les hommes au cours des 12 derniers mois.

Consommation d’au moins 6 verres d’alcool lors d’une mĂȘme occasion chaque semaine au cours des 12 derniers mois.

Il s’agit d’un des 5 indicateurs Ă©pidĂ©miologiques-clĂ©s crĂ©Ă©s par l’Observatoire EuropĂ©en des Drogues et des Toxicomanies (OEDT). Il est constituĂ© d’environ 20 variables et permet d’estimer le nombre et de dresser le profil des personnes ayant fait une demande de traitement auprĂšs d’un centre spĂ©cialisĂ© en assuĂ©tude.

Ce tableau résume un nombre limité de variables du TDI. En outre, certaines variables ne sont présentées que partiellement, à travers quelques modalités. Nous renvoyons le lecteur à notre rapport pour une présentation complÚte du tableau.

Une mĂȘme alerte peut parfois porter sur plusieurs Ă©chantillons d’un mĂȘme produit ayant une composition diffĂ©rente (par exemple, plusieurs pilules d’ecstasy) ou sur des produits diffĂ©rents. Par exemple, une des deux alertes lancĂ©es le 28 septembre 2015 portait sur 15 pilules d’ecstasy fortement dosĂ©es en MDMA.

La santé, au sens féminin du terme !

A mi-chemin entre la confĂ©rence classique et l’animation, accompagnĂ©e d’une note militante, la confĂ©rence gesticulĂ©e est un outil d’éducation populaire. C’est un peu « un savoir froid et chaud qui ne devient pas tiĂšde mais donne de l’orage » comme le soulignait ManoĂ« Jacquet qui introduisait, le 16 octobre dernier, la confĂ©rence gesticulĂ©e autour du nouveau rĂ©fĂ©rentiel d’auto-santĂ© des femmes. Ce rĂ©fĂ©rentiel est issu d’une collaboration entre trois acteurs de la santĂ© et de la promotion de la santĂ© : l’ASBL Femmes et SantĂ©, l’ASBL Le Monde selon les femmes et la FĂ©dĂ©ration des Centres Pluralistes de Planning Familial. Et comme son nom l’indique il met la santĂ© des femmes au cƓur de la discussion

Qui sont ces trois ASBL ?

Femmes et SantĂ© : « L’association Femmes et SantĂ© souhaite de promouvoir la santĂ© des femmes Ă  un niveau individuel et collectif toujours dans la perspective de favoriser leur auto-dĂ©termination en matiĂšre de santĂ© et de valoriser leurs ressources et compĂ©tences propres. »Note bas de page Elle organise son travail autour de trois grands axes : la transmission d’informations et les Ă©changes, la mise en commun des savoirs et la pratique corporelle lors d’ateliers accessibles Ă  toutes les femmes. Le Monde selon les femmes : « Le Monde selon les femmes est une ONG fĂ©ministe active dans le monde du dĂ©veloppement, de l’Ă©ducation permanente, de la recherche action; elle valorise les savoirs locaux en appui aux mouvements sociaux. Sa vision est celle d’un monde oĂč l’on aurait transformĂ© les rapports de domination entre les femmes et les hommes et entre le Nord et le Sud en relations construites sur l’égalitĂ© et la solidaritĂ©. Elle reconnait l’interdĂ©pendance des sociĂ©tĂ©s et l’enrichissement mutuel. »Note bas de page
La FĂ©dĂ©ration des Centres Pluralistes de Planning Familial : la FCPPF « est un organisme qui assure deux missions principales : – la reprĂ©sentation des 23 centres de planning familial affiliĂ©s sur le territoire de la FĂ©dĂ©ration Wallonie – Bruxelles ;– la production d’outils pĂ©dagogiques et/ou services sur les thĂ©matiques liĂ©es Ă  l’EVRAS (Éducation Ă  la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle). »Note bas de page


Le rĂ©fĂ©rentiel d’auto-santĂ© des femmes

En reprenant les diffĂ©rents ateliers et pratiques menĂ©s depuis des annĂ©es par l’ASBL Femmes et SantĂ©, ce rĂ©fĂ©rentiel est un vrai outil d’empowerment pour les femmes ! Il a pour point d’encrage « la nĂ©cessitĂ© de donner la parole aux femmes, de stimuler une approche participative et collective de la santĂ© et de promouvoir ainsi l’Ă©mergence d’une nouvelle culture de transmission et d’échange entre femmes »Un des piliers du rĂ©fĂ©rentiel comme son nom l’indique est le principe de l’auto-santĂ© ou self-help. Ce principe, issu du Mouvement pour la SantĂ© des Femmes, a vu le jour un peu partout dans le monde durant les annĂ©es 1970. On retrouve dans l’auto-santĂ©, comme nous le rappelle Catherine Markstein lors de la confĂ©rence gesticulĂ©e, le dĂ©sir de dĂ©mĂ©dicaliser le cycle de vie des femmes. Au travers de l’histoire on constate que ce qu’on pourrait nommer « les grandes Ă©tapes » de la vie d’une femme sont associĂ©es Ă  des termes et donc Ă  des pratiques mĂ©dicales. L’accouchement associĂ© Ă  la chirurgie, la mĂ©nopause Ă  une maladie chronique ou encore la sexualitĂ© Ă  une fluctuation hormonale. On retrouve derriĂšre ces associations, les femmes, dĂ©possĂ©dĂ©es de leurs propres connaissances et compĂ©tences ! S’il est Ă©vident que le rĂ©fĂ©rentiel ne met pas en doute le recours Ă  la mĂ©decine officielle, il veut laisser aux femmes l’opportunitĂ© de se rĂ©approprier – voire de s’approprier – leur corps et leur santĂ©. Elle leur demande en revanche de pouvoir porter un regard critique sur l’autoritĂ© mĂ©dicale et la transmission verticale des informations, illustrant la relation de hiĂ©rarchie entre les deux parties. Ceci peut s’illustrer par l’intĂ©rĂȘt d’expliquer aux femmes qu’elles ont le droit de poser des questions sur les examens ou les traitements qui leurs sont prescrits. Prendre conscience de ses droits c’est cheminer d’une mĂ©decine normative vers une mĂ©decine inclusive, collective et solidaire oĂč la personne est au centre des soins et conserve le pouvoir d’agir.

L’auto-santĂ© qui peut se rĂ©sumer par « c’est prendre sa santĂ© en main » met en exergue que chaque femme peut agir sur sa santĂ©, sa qualitĂ© de vie et son environnement mais cette dĂ©marche fait Ă©galement appel au principe de collectivitĂ©. En effet, l’idĂ©e est que le bien-ĂȘtre de l’autre me concerne aussi, dĂšs lors une dĂ©marche solidaire et responsable est de mise !

«Ce rĂ©fĂ©rentiel c’est l’ idĂ©e d’un bien-ĂȘtre qui n’oublie pas le corps » – ManoĂ« Jacquet. Le rĂ©fĂ©rentiel d’auto-santĂ© des femmes est construit autour de 4 modules :- « prendre sa santĂ© en main »,- « femmes autour de la cinquantaine »,- « rencontres intergĂ©nĂ©rationnelles »,- « week-end en auto-santĂ© ».Ces modules contiennent les diffĂ©rents ateliers Ă  rĂ©aliser avec comme point commun le fait de le commencer par une citation en lien avec la thĂ©matique travaillĂ©e. Ces ateliers se construisent sur base de la pĂ©dagogie fĂ©ministe autour de deux axes principaux que sont la santĂ© et le bien-ĂȘtre. Cette pĂ©dagogie s’appuie sur diffĂ©rents Ă©lĂ©ments :

  • diffĂ©rents objectifs de soutien et de respect des femmes, Ă©tablir des relations de confiance et de solidaritĂ©, mettre en valeur les propres ressources des femmes, etc.
  • l’implication de chaque participante en ayant une approche participative pour leur permettre de s’exprimer comme elles le souhaitent sur les sujets abordĂ©s,
  • favoriser l’intersectionnalitĂ© qui essaye de maniĂšre gĂ©nĂ©rale de croiser les multiples inĂ©galitĂ©s de genre, d’ethnie, d’ñge, d’orientation sexuelle, etc.
  • permettre la crĂ©ativitĂ© de chaque femme pour valoriser les diffĂ©rents modes d’expression, l’utilisation de plusieurs outils et supports lors des animations qui permet aux participantes de pouvoir s’approprier Ă  leur façon les contenus,
  • le militantisme comme force importante dans la construction des savoirs collectifs et l’application de la pĂ©dagogie fĂ©ministe dans la lutte pour les droits des femmes.

« Militer c’est bon pour la santĂ© ! » – Catherine Markstein

A qui s’adresse-t-il ?

Ce rĂ©fĂ©rentiel est un outil pĂ©dagogique qui s’adresse aux personnes relais, qu’elles soient professionnelles ou non, qui rĂ©alisent des animations sur l’auto-santĂ© des femmes. S’il est une base solide pour construire les diffĂ©rents ateliers, il laisse Ă©galement la place Ă  l’imagination et la crĂ©ativitĂ© de l’animateur et des participantes. Les diffĂ©rents ateliers peuvent en effet ĂȘtre adaptĂ©s pour rĂ©pondre aux besoins des groupes. Il y a lĂ  une volontĂ© de permettre aux groupes de s’autogĂ©rer autour des thĂ©matiques de santĂ© et de bien-ĂȘtre.

Nous avons rencontrĂ© Catherine Markstein de Femmes et Santé 

ES : D’oĂč est nĂ©e l’idĂ©e de faire ce rĂ©fĂ©rentiel ?

On a commencĂ© avec Mimi Szyper en 2004-2005 Ă  faire les premiers groupes de femmes autour de la cinquantaine, groupes que j’ai animĂ©. AprĂšs il y a eu les groupes intergĂ©nĂ©rationnels, des ateliers qu’on a nommĂ©s « crĂ©atrices de la santĂ© », parce que ce sont des ateliers qui stimulent la crĂ©ativitĂ© par rapport Ă  la santĂ© (atelier santĂ© des femmes, pĂ©rinĂ©e, 
).  Ce fut une grande expĂ©rience pour moi. Par la santĂ© communautaire je me suis rendue compte qu’on est quand mĂȘme encore trĂšs fort dans une verticalitĂ©. Cela veut dire « moi mĂ©decin, Mimi mĂ©decin » mais les animatrices autour de moi et les jeunes femmes m’ont vraiment interpelĂ©e par rapport Ă  cette certaine verticalitĂ© et au fur et Ă  mesure que j’avançais dans ce domaine, dans ce travail avec les femmes, je me suis rendue compte de l’énorme trĂ©sor qu’est le savoir des femmes. Du coup, j’ai changĂ© cette animation en quelque chose qui est beaucoup plus horizontal : l’échange, le respect du savoir de l’autre, l’échange entre nous. Ça c’est l’idĂ©e, c’est ma propre expĂ©rience par rapport Ă  ma dĂ©formation professionnelle de mĂ©decin (rire) qui se met toujours dans une position de verticalitĂ©.

ES : Avez-vous l’impression qu’il y a eu une demande des femmes d’avoir plus d’ateliers ou une demande des animateurs d’avoir un rĂ©fĂ©rentiel pour les guider ?

Je n’ai pas fait une enquĂȘte par rapport Ă  ça, c’est plutĂŽt un dĂ©sir que j’ai ressenti. Il n’y a pas de demandes explicites par contre j’étais de plus en plus en contact avec des collectifs autogĂ©rĂ©s, en Belgique et en France. AutogĂ©rĂ©s dans le sens oĂč ils organisaient dĂ©jĂ , entre femmes, des sĂ©ances d’informations, d’échanges. Elles m’invitaient pour ĂȘtre lĂ , avec un savoir parmi d’autres savoirs, ça a Ă©tĂ© mon apprentissage. Mais, il n’y a pas eu une demande explicite de faire le rĂ©fĂ©rentiel. Par contre, j’ai vu de plus en plus Ă©merger, ou bien se construire, une sorte de culture des femmes, une nouvelle culture d’échanges d’informations autour des sujets du corps, de santĂ©, de sexualitĂ©. LĂ  je me suis dit « maintenant je vais finir mon mandat de salariĂ© au sein de l’association et devenir une militante pure ». C’est Ă  cette occasion exceptionnelle et parallĂšlement Ă  ma formation et Ă  la confĂ©rence gesticulĂ©e oĂč je suis aussi dans la transmission, que j’ai pu trouver les deux autres organisations pour Ă©diter toute cette expĂ©rience que nous avons accumulĂ©e et tous ces outils pendant les derniers 12 ans. Ceci dans le but de les mettre dans la main des femmes, des collectifs de femmes, des groupes de femmes complĂštement non professionnalisĂ©s pour qu’elles mettent en place leur propres ateliers. Nous avons mis dans ce rĂ©fĂ©rentiel des pistes et des outils.

ES : Comment avez-vous priorisé les ateliers à intégrer dans le référentiel ?

En principe on retrouve dans le rĂ©fĂ©rentiel la totalitĂ© des ateliers comme ils ont Ă©tĂ© pensĂ©s, c’est-Ă -dire qu’il y a le contenu et l’expĂ©rience. J’ai commencĂ© avec un atelier qui s’appelait « femme autour de la cinquantaine », ça c‘est toute l’idĂ©e mais qui a Ă©normĂ©ment Ă©voluĂ©e par rapport Ă  ce contact avec les femmes et ce que les femmes ont apportĂ© et changĂ© dans les ateliers. Il y a aussi la paroles des femmes, qui a jouĂ© un grand rĂŽle : on est parti d’une proposition assez structurĂ©e, presque directive pour arriver maintenant Ă  une Ă©volution extrĂȘmement participative et inclusive, on a fait rĂ©ellement un processus de travail. Et Ă  l’aboutissement de ce processus, on est passĂ© d’une certaine verticalitĂ© oĂč moi j’étais la personne qui apprenait quelque chose aux autres Ă  des outils qui stimulent les compĂ©tence et les savoirs de chacune.

ES : Avez-vous rencontré des freins lors la réalisation ou de la diffusion?

A la rĂ©alisation de l’outil, non, pas du tout, on Ă©tait extrĂȘmement enthousiaste. On a fait des interviews avec des femmes, heureusement on avait une stagiaire avec nous et qui nous a aidĂ©. ManoĂ« Jaquet et Pascale Maquestiau sont des personnes avec une Ă©norme expĂ©rience dans le rĂ©seau d’animation et ManoĂ« plus spĂ©cifiquement dans le rĂ©seau des productions des outils. On a, toutes les trois, une culture fĂ©ministe, des Ă©changes fĂ©ministes et on a fait des interviews avec des femmes dans diffĂ©rentes rĂ©gions avec lesquelles j’avais l’habitude d’animer. On a rĂ©coltĂ© leurs observations, critiques, modifications et avec tout ça, on a crĂ©Ă© le rĂ©fĂ©rentiel. Ça a Ă©tĂ© un travail extrĂȘmement constructif dans la joie, le bonheur, sans frein, pour moi, vraiment sans frein. C’est l’aboutissement d’un grand rĂȘve qui a commencĂ© trĂšs tĂŽt dans ce travail avec le groupe de femmes.

ES : Dans ce rĂ©fĂ©rentiel on parle de la santĂ© des femmes, on y prĂ©cise que la mĂ©decine officielle n’y est Ă©videmment pas exclue. Quel est l’accueil rĂ©servĂ© au rĂ©fĂ©rentiel par les acteurs de cette mĂ©decine officielle (mĂ©decins, gynĂ©co, sage-femme, 
) ?

On a pas encore l’expĂ©rience. Par contre, ce qu’on remarque c’est qu’on a de plus en plus de jeunes femmes mĂ©decins qui viennent vers nous . Pendant longtemps nous avons eu dans notre assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale (AG) l’une ou l’autre sage-femme mais il n’y avait pas de mĂ©decins. Maintenant on a deux mĂ©decins dans l’ AG de Femmes & SantĂ©. Deux jeunes mĂ©decins qui vont prendre le relais. Ce qui est important c’est que les professionnelles de la santĂ© doivent d’abord ĂȘtre femmes parmi les autres mais aussi envisager leur expertise particuliĂšre comme Ă©tant une expertise parmi les autres. Cela veut dire qu’il faut vraiment se fondre dans un groupe sans prendre le gouvernail parce qu’on pense que son savoir est supĂ©rieur au savoir des autres. C’est trĂšs bien qu’il y ai des professionnels, on se respecte mutuellement. J’ai toujours dit « moi j’ai ma formation de mĂ©decin, je peux amener quelque chose de particulier au groupe mais il y a une autre femme qui elle, a une transmission importante de sa mĂšre ou de sa grand-mĂšre par exemple ». Je suis vraiment trĂšs impressionnĂ©e. En santĂ© communautaire ce sont souvent des femmes maghrĂ©bines assez traditionnelles et c’est un savoir d’or qu’elles ont ! Alors leur savoir doit ĂȘtre aussi valorisĂ© que mon savoir ! C’est trĂšs chouette s’il y a des sages-femmes, des mĂ©decins dans le groupe mais sans la verticalitĂ©. Je respecte mon savoir et je respecte le savoir de l’autre et je ne fais pas une hiĂ©rarchisation des savoirs.

ES : C’est donc une vison vraiment horizontale


C’est vraiment ça et c’est ça le dĂ©fi !

ES : Pensez-vous pouvoir toucher un large public de femmes ? Ne risque-t-on pas de n’atteindre que des femmes sensibles Ă  la cause fĂ©ministe et aux droits des femmes ?

Oui, c’est un risque mais ici, en novembre et dĂ©cembre, nous consacrons deux mois Ă  la diffusion de l’outil. Nous pouvons venir expliquer le rĂ©fĂ©rentiel un peu partout. Nous avons toutes les trois nos racines dans ce qu’on appelle en France « l’éducation populaire ». Cela veut dire travailler avec des milieux prĂ©carisĂ©s, des femmes issues du milieu populaire qui n’ont pas accĂšs Ă  une information comme nous l’avons. On travaille aussi pas mal avec Vie fĂ©minine qui est une association fĂ©ministe. Et lĂ , j’ai dĂ©jĂ  deux-trois rendez-vous pour travailler avec des groupes qui touchent les femmes populaires.

ES : Comment voyez-vous l’avenir de ce rĂ©fĂ©rentiel ?

Je dois encore rĂ©flĂ©chir comment on peut l’évaluer, le changer
 mais tout simplement je rĂȘverais que les femmes apprennent mutuellement les unes des autres, fassent plus confiance Ă  leurs compĂ©tences et ce dĂ©jĂ  avant la consultation mĂ©dicale oĂč il y a la possibilitĂ© de travailler des questions de santĂ©. Je ne parle Ă©videmment pas de maladie, on est trĂšs content qu’il y ai une belle mĂ©decine, une mĂ©decine qui peut guĂ©rir. Parce que, ce que j’ai dit encore rĂ©cemment, c’est que si on est plus ensemble, dans le groupe, on Ă©change, on se soutient. Le jour oĂč il y un pĂ©pin de santĂ© et oĂč nous avons besoin de professionnels, de quelque chose de plus pointu, on aura dĂ©jĂ  crĂ©Ă© un rĂ©seau de soutien entre nous et ça aussi j’y crois ! C’est trĂšs important pour la guĂ©rison !

Comment obtenir le référentiel ?

Le rĂ©fĂ©rentiel auto-santĂ© des femmes peut ĂȘtre commandĂ© en ligne sur le site de l’ASBL Le Monde selon les femmes (http://www.mondefemmes.be/) et sur le site de la FCPPF (http://www.fcppf.be/ ) au prix de 8 euros.


Référentiel auto-santé des femmes, Le Monde selon les femmes, Femmes et Santé, Fédération des Centres Pluralistes de Planning Familial

Il était une fois, une voix… pour parler des inégalités sociales

Cultures&SantĂ© prĂ©sentait ce 26 septembre lors du « midi-Ă©galitĂ© » le dernier nĂ© de ses outils, une bande dessinĂ©e intitulĂ©e « Il Ă©tait une voix ». Cette rĂ©alisation est le fruit d’un partenariat avec l’ASBL bruxelloise Eyad. Cette association culturelle de cohĂ©sion sociale et d’éducation permanente a pour mission de permettre aux personnes d’origines diverses de s’intĂ©grer activement dans la sociĂ©tĂ© au moyen d’actions sociales, culturelles, Ă©ducatives ou encore artistiques.

Un projet belge, une réflexion sur notre société

« Ces inĂ©galitĂ©s, que l’on appelle inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ©, ne relĂšvent ni de la nature, ni de comportements individuels isolĂ©s, mais sont bien le produit des mĂ©canismes de notre sociĂ©tĂ©. Elles sont donc Ă©vitables et, puisqu’elles sont Ă©vitables, elles sont injustes. » (Il Ă©tait une voix)Cet outil innovant c’est d’abord une volontĂ©, celle de mettre en lumiĂšre la problĂ©matique des diverses injustices sociales qui se rĂ©percutent inĂ©vitablement sur l’état de santĂ© de la population. Ces inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ© dont chacun connait la dĂ©finition mais qu’il faut continuer Ă  objectiver tant leur ampleur est encore visible aujourd’hui. A titre d’exemple, Sarah De Laet et Gilles Van Hamme, chercheur-euse-s de l’Observatoire belge des inĂ©galitĂ©s, ont exposĂ©s lors de cette prĂ©sentation des chiffres qui donnent matiĂšre Ă  rĂ©flexion. En effet Ă  Bruxelles, des communes dites riches au « croissant pauvre » de la capitale, l’espĂ©rance de vie peut varier de 5 ans selon la commune de rĂ©sidence ! PrĂ©sentes dĂšs la naissance, ces inĂ©galitĂ©s sont en corrĂ©lation directe avec la composition socio-dĂ©mographique des diffĂ©rents quartiers et des rĂ©gions. A l’échelle du pays, selon le lieu de vie l’indicateur de l’espĂ©rance de vie peut varier de 10 ans ! Si le contenu scientifique sur la question ne manque pas, il n’en va pas de mĂȘme pour un contenu accessible et comprĂ©hensible de tous. « Il Ă©tait une voix » est la rencontre entre le savoir scientifique et le savoir du terrain. La bande dessinĂ©e est facilement comprĂ©hensible, elle peut donc ĂȘtre lue par tout un chacun mais elle est aussi une ressource pour les ASBL et les groupes de professionnels qui souhaitent travailler sur cette thĂ©matique.

Un outil par et pour le citoyen

« Je voulais faire quelque chose mais je n’y arrivais pas toute seule » (Turkan, participante de l’ASBL Eyad)78 pages pour faire entendre la voix des citoyens au travers de 15 histoires 
 mais d’oĂč viennent-elles ? Ces 15 rĂ©cits sont issus de la rĂ©alitĂ© de terrain, des expĂ©riences d’hommes et de femmes qui suivent des cours de français langue Ă©trangĂšre proposĂ©s par l’ASBL Eyad. Ces tĂ©moins d’injustices sociales ont accordĂ©s du temps, de la rĂ©flexion et proposĂ© des idĂ©es de solution en contribuant au projet de la BD. Ce travail de collaboration dĂ©bute autour d’un outil conçu par Cultures&SantĂ© : « La santĂ© c’est aussi
 ». L’affiche reprĂ©sente, sous forme de quartier, les diffĂ©rents dĂ©terminants de la santĂ© et permet de mobiliser les concepts qui leur sont directement liĂ©s. L’utilisation de cette derniĂšre avait pour objectif de favoriser l’expression des participants mais aussi de les aider Ă  prendre conscience que la santĂ© ne se limite pas uniquement aux services de santĂ© ou Ă  l’absence de maladie mais qu’il existe une rĂ©elle interrelation entre les dĂ©terminants.

« Mon ami a la double nationalitĂ© il ne sait plus s’il est belge ou marocain. Il a le physique d’un marocain et le nom d’un belge. Il ne se sent Ă  sa place si en Belgique ni au Maroc. » (Extrait de l’histoire « Noir ou blanc », Il Ă©tait une voix)Au fil des rencontres les participants ont mis en Ă©vidence 4 domaines majeurs oĂč ils identifiaient des injustices sociales, par rapport Ă  leur vĂ©cu ou au vĂ©cu de leurs proches : l’emploi, le logement, les soins de santĂ© et l’école. Ces derniers vont constituer l’organisation de la BD puisqu’on retrouve dans ces 4 sections les diffĂ©rentes histoires avec, Ă  chaque fin, une proposition de solution. Des propositions aux accents lĂ©gislatifs, pratiques ou encore organisationnels, des propositions qui ont fait Ă©voluer la maniĂšre de penser et de vivre les injustices des participants. En fin de projet, les collaborateurs des ASBL constatent un autre effet liĂ© Ă  celui-ci. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les participants sont passĂ©s d’un fatalisme qu’on ne remettait mĂȘme plus en question « de toutes façons, qu’est-ce que ça va changer ? » Ă  une rĂ©elle envie de changer les choses. Des changements qui peuvent se faire Ă  diffĂ©rents niveaux Ă  l’instar de cette maman d’origine turque citĂ©e en exemple lors de la prĂ©sentation. Cette derniĂšre a dĂ©cidĂ©, aprĂšs avoir contribuĂ© au projet, qu’elle avait le droit de prendre la dĂ©cision d’inscrire sa fille dans une autre Ă©cole que celle du quartier pour amĂ©liorer son apprentissage du français. Elle a mobilisĂ© ses compĂ©tences et ses ressources pour accĂ©der Ă  ce qu’elle jugeait bon d’atteindre pour la scolaritĂ© de son enfant
 un bel exemple d’empowerment !

Un travail artistique

« Il Ă©tait une voix » c’est aussi une aventure artistique ! L’envie Ă  la fois de proposer un support diffĂ©rent sous le coup de crayon de deux graphistes pour parler de sujets graves avec de la lĂ©gĂšretĂ© mais aussi de produire un outil pĂ©dagogique et accessible Ă  tous. Des cases, une ligne graphique pour la couleur et une dose de talent pour mettre en scĂšne les rĂ©cits proposĂ©s par les participants. Les dessinateurs n’ont pas rencontrĂ©s les citoyens participants au projet pendant la conception de la BD. Ils ont travaillĂ©s sur base de document Word reprenant les rĂ©cits des participations dans le but d’avoir un contenu qui soit le plus universel possible oĂč chacun puisse s’identifier. Un retour vers les participants a Ă©tĂ© organisĂ©. D’abord via la publication des planches de la BD au fur et Ă  mesure sur un blog (www.iletaitunevois-bd.be) et maintenant via la BD en elle-mĂȘme !Image

Pour vous procurer « Il était une voix »

La BD peut ĂȘtre commandĂ©e gratuitement auprĂšs du centre de documentation de Cultures&SantĂ©cdoc@cultures-sante.be / +32 (0)2 558 88 11Les planches sont Ă©galement disponible en ligne sur le blog www.iletaitunevois-bd.be ou sur le site de l’Observatoire belge des inĂ©galitĂ©s www.inegalites.be