Claire Ă©tait bizarre… Elle ne pouvait plus tenir sa tasse… Des difficultĂ©s Ă  parler ; sa bouche Ă©tait dĂ©formĂ©e…
Elle ne pouvait plus bouger son bras ni sa jambe


Campagne 2017 « Lors de mon AVC, chaque minute a compté  » Parce que le fardeau de l’AVC n’est pas une fatalité 

Vingt-six secondes… pour rappeler les signes d’un AVC et motiver celui qui les constate Ă  faire appel.. C’est court
 Et pourtant des mĂ©decins en tĂ©moignent : ces patients sont venus parce qu’une voix leur rappelait inlassablement « Lors de mon AVC, chaque minute a compté  ».

Pour la deuxiĂšme annĂ©e consĂ©cutive, le Centre d’Éducation du Patient asbl et Question SantĂ© asbl inscrivent Ă  leur agenda une campagne de communication portant sur l’importance de diminuer les dĂ©lais d’attente face aux signes pouvant Ă©voquer un AVC.L’objectif de la campagne « Lors de mon AVC, chaque minute a compté  » est d’amener le public Ă  repĂ©rer ces signes et Ă  adopter des rĂ©actions rapides et adĂ©quates en prĂ©sence de ceux-ci. Car du temps gagnĂ© reprĂ©sente pour la victime des possibilitĂ©s de rĂ©cupĂ©ration en supplĂ©mentaires.

Cette campagne 2017 est rĂ©alisĂ©e en Ă©troit partenariat avec la SSMG et le Belgian Stroke Council ; elle bĂ©nĂ©ficie du soutien du Fonds A.B gĂ©rĂ© par la Fondation Roi Baudouin.Cette annĂ©e encore, les spots tv et radio, pilier de la campagne, concourent Ă  la diffusion du message clĂ© « Faire appel – sans attendre ». Une attitude qui va Ă  l’encontre de croyances encore bien ancrĂ©es « de toute façon, les mĂ©decins ne savent rien faire » ; « A l’hĂŽpital, ils vont s’acharner » ou encore opinion contraire, « ils vous laissent dans un lit alors autant rester chez soi 
 » Ces croyances prennent racine dans des pratiques et des faits du passĂ© mais il convient d’expliquer et de persuader tous les publics, qu’aujourd’hui, avec l’évolution des traitements et des pratiques mĂ©dicales des interventions qui vont permettent aux personnes touchĂ©es de garder des capacitĂ©s sont possibles.

La campagne 2017 « Lors de mon AVC, chaque minute a comptĂ© » 


La stratĂ©gie de communication repose dans un premier temps, sur une sensibilisation des professionnels avec une mise Ă  disposition de supports d’information et dans un second temps, sur une information du public.Comme en 2016, la campagne s’ancre sur

  • la diffusion de spots TV et radio dans des lieux publics et sur les chaines nationales ;
  • la mise Ă  disposition de supports de communication standardisĂ©s et personnalisĂ©s (spots, affiches, feuillets, banniĂšres
);
  • l’organisation d’une confĂ©rence de presse.

Nouveautés et objectifs pour 2017 : « Susciter et renforcer les initiatives du terrain »

  • une invitation aux initiatives et Ă  la mobilisation de tous les acteurs (professionnels, associations de patients
),
  • la participation Ă  la diffusion du rapport europĂ©en prĂ©sentĂ© ce 11 mai 2017 au Parlement EuropĂ©en, « Le Fardeau de l’AVC en Europe »Note bas de page
  • et enfin, une actualisation du site internet www.DelaiAVC.eu.

Plan mĂ©dia 2017 – Campagne « Lors de mon AVC, chaque minute a compté  »

  • Du 24 04 2017 au 14 05 2017
  • Du 18 09 2017 au 01 10 2017
  • Du 04 12 2017 au 10 12 2017

AVC, d’un problĂšme de santĂ© majeur Ă  un tsunami

Comme le rappelle le Professeur Laloux, chef de service associĂ© au CHU UCL Namur, l’Accident Vasculaire CĂ©rĂ©bral (AVC) est une maladie dont il faut se prĂ©occuper car c’est une pathologie frĂ©quente – une personne sur six dans le monde subira au court de sa vie un AVC ; cela reprĂ©sente 19 000 nouveaux cas par an en Belgique -, grave -deuxiĂšme cause de mortalitĂ© chez les personnes de plus de 60 ans dans notre pays -, aux consĂ©quences pouvant ĂȘtre invalidantes -1/3 des personnes vont avoir besoin d’une aide extĂ©rieure.Les projections doivent aussi retenir toute notre attention.

Ce 11 mai 2017, a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© au Parlement europĂ©en le rapport de recherche « The burden of stroke in EuropeNote bas de page » que l’on peut traduire par « Le fardeau de l’AVC en Europe Note bas de page». Ce rapport trĂšs dĂ©taillĂ© a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© Ă  la demande de l’association europĂ©enne SAFENote bas de page (Stroke Alliance For Europe) qui rassemble des groupes de patients atteints d’AVC de diffĂ©rents pays europĂ©ens.Comme en tĂ©moigne le Docteur AndrĂ© Peeters, reprĂ©sentant le Belgian Stroke Council auprĂšs du SAFE, le rapport se termine avec un avertissement : « Entre 2015-2035, le nombre d’AVC va augmenter de 34%, surtout suite au vieillissement de la population. Les systĂšmes de soins doivent se prĂ©parer Ă  ce ‘tsunami d’AVC’ ».

Pourquoi reconnaßtre les symptÎmes représente-t-il une urgence ?

Les accidents vasculaires cĂ©rĂ©braux sont de deux sortes : les hĂ©morragies cĂ©rĂ©brales dues Ă  une rupture d’une artĂšre cĂ©rĂ©brale (20% des cas) et les infarctus cĂ©rĂ©braux liĂ©s Ă  une artĂšre qui se bouche (80 % des cas).

Comme le souligne encore le Pr Laloux, aujourd’hui, il est possible de rĂ©duire les consĂ©quences de l’AVC par des traitements administrĂ©s trĂšs prĂ©cocement : la thrombolyse intraveineuse doit ĂȘtre administrĂ©e dans les 4 h30 (injection d’un produit qui dissout le caillot obstruant l’artĂšre du cerveau) et la thrombectomie (aspirer le caillot par un fin cathĂ©ter introduit jusqu’au caillot) dans les 6 heures.

Une prise en charge rapide dans une unitĂ© clinique permettra d’effectuer un bilan et un suivi correct de la personne.

En comparant les deux pĂ©riodes 1992-1993 et 2010 -2011, la thrombolyse et les traitements en unitĂ© spĂ©cialisĂ©e ont permis d’augmenter de 30 % le nombre de patients autonomes et de rĂ©duire de 40 % le taux de mortalitĂ©.

Des avancées dont il faut se féliciter.

Une campagne 2017 aux accents de participation et de solidarité

La confĂ©rence de presse de lancement de la campagne et des actions en 2017 s’est tenue ce 1er juin Ă  Namur. Elle a rassemblĂ© les partenaires du projet, les reprĂ©sentants politiques et des reprĂ©sentants des associations de patients, unis dans cette mĂȘme optique d’une lutte contre l’AVC et d’optimaliser le soutien aux victimes et aux familles.

Les reprĂ©sentantes des Ministres de la SantĂ©, Anne Boucquiau, Cheffe de cabinet du Ministre Maxime PrĂ©vot et Pascale Pensis, Directrice de cabinet adjointe de la Ministre CĂ©cile Jodogne ont tenu Ă  rappeler combien lutter contre cette pathologie est importante, doit rassembler les efforts et mobiliser l’ensemble des acteurs tant au niveau de la dĂ©tection prĂ©coce que de la prise en charge aprĂšs l’accident. Lutter contre l’AVC est donc bien l’affaire de tous.

Les Ministres de la santĂ©, CĂ©cile Jodogne pour le Gouvernement francophone Bruxellois et Maxime PrĂ©vot pour le Gouvernement wallon soutiennent la campagne par l’octroi des espaces gratuits en tĂ©lĂ©vision et en radio. Les spots TV et radio seront diffusĂ©s, sur les chaines nationales, en trois vagues durant l’annĂ©e 2017. Ce focus reprĂ©sente une formidable invitation au dialogue et Ă  l’initiative tant pour le public que pour les professionnels.

Comme le rappelle Anne Boucquiau, deux axes du Plan prĂ©vention santĂ© Horizon 2030 pour la Wallonie ciblent particuliĂšrement la lutte contre les AVC. Il s’agit de la Promotion des modes de vie et des milieux de vie favorables Ă  la santĂ© – promotion d’une alimentation Ă©quilibrĂ©e, lutte contre la consommation excessive d’alcool et contre le tabagisme et promotion de l’activitĂ© physique et lutte contre la sĂ©dentaritĂ© ainsi que la prĂ©vention des maladies chroniques avec la prĂ©vention des maladies de l’appareil circulatoire et du diabĂšte de type II.

L’importance de la prĂ©vention se retrouve aussi dans le cadre du futur plan de promotion de la santĂ© du Gouvernement francophone bruxellois. Une place sera faite, le souligne Mme Pensis, pour encourager les personnes les plus fragiles Ă  adopter des comportements favorables pour prĂ©venir les risques cĂ©rĂ©brovasculaires (bouger ; arrĂȘter de fumer ; traiter l’hypertension artĂ©rielle, combattre le diabĂšte et le cholestĂ©rol).

Des supports pour vos initiatives et projets


Vous pouvez dĂ©couvrir et commander les affiches et supports de communication de la campagne 2017 sur le site www.delaiAVC.eu Le Centre d’Éducation du Patient souhaite aussi soutenir vos projets et initiatives en rĂ©pondant au mieux Ă  vos attentes par la mise Ă  disposition de supports et de moyens « personnalisĂ©s ». N’hĂ©sitez pas Ă  le contacter.Prochain Ă©vĂ©nement mobilisateur : JournĂ©e mondiale des accidents vasculaires cĂ©rĂ©braux – dimanche 29 octobre 2017.

Burden of stroke report in Europe. Recherche rĂ©alisĂ©e par le King’s College (London) Ă  la demande de l’association europĂ©enne SAFE (Stroke Alliance for Europe). Ce rapport est disponible sur www.strokeeurope.eu

Burden of stroke report in Europe. Recherche rĂ©alisĂ©e par le King’s College (London) Ă  la demande de l’association europĂ©enne SAFE (Stroke Alliance for Europe). Ce rapport est disponible sur www.strokeeurope.eu

Burden of stroke report in Europe. Recherche rĂ©alisĂ©e par le King’s College (London) Ă  la demande de l’association europĂ©enne SAFE (Stroke Alliance for Europe). Ce rapport est disponible sur www.strokeeurope.eu

SAFE est une organisation Ă  but non lucratif qui reprĂ©sente des groupes de patients atteints d’AVC de toute l’Europe.

Les bons réflexes pour se protéger du VIH/sida et des IST Note bas de page. La prévention évolue. Renseignez-vous »

A l’occasion de l’étĂ© 2017, la Plate-Forme PrĂ©vention Sida relance sa campagne sur la prĂ©vention combinĂ©e du VIH/sida et des autres Infections Sexuellement Transmissibles. Celle-ci vise le grand public de la rĂ©gion de Bruxelles-Capitale et de la Wallonie. DĂ©couvrez-la sur www.les-bons-reflexes.org

La prévention combinée

Cette campagne, soutenue par la Cocof et la Wallonie, aborde la notion de prévention combinée. Le directeur de la Plate-Forme Prévention Sida, Thierry Martin, rappelle que ce concept, validé par le Plan National de lutte contre le VIH, est devenu le cadre de référence des actions de prévention.

Mais de quoi s’agit-il ? Tout simplement, pour se protĂ©ger efficacement de l’infection par le VIH et des autres IST (Infections Sexuellement Transmissibles), de la possibilitĂ© de combiner l’usage du prĂ©servatif et du lubrifiant, avec la connaissance de son statut sĂ©rologique par le dĂ©pistage rĂ©pĂ©tĂ© et le recours au traitement anti-VIH, tant pour les personnes sĂ©ropositives dans le but de rendre leur charge virale indĂ©tectable, ce qui permet d’empĂȘcher la transmission du VIH vers d’autres personnes, que pour des personnes sĂ©ronĂ©gatives Ă  haut risque d’acquisition du VIH pour Ă©viter l’infection grĂące Ă  des traitements pris de maniĂšre prĂ©ventive (PrEP, TPE).

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Ainsi, Ă  cĂŽtĂ© du prĂ©servatif, qui reste un moyen incontournable pour se protĂ©ger, le dĂ©pistage et les traitements jouent aussi un rĂŽle capital dans la prĂ©vention du VIH/sida et des IST et prĂ©sentent de nombreux avantages. Maxime PREVOT, Ministre wallon de la SantĂ©, rappelle que le VIH reste une maladie qui ne se guĂ©rit pas. On constate Ă  tort une banalisation du sujet. Le travail de prĂ©vention rĂ©alisĂ© sur le terrain reste donc essentiel pour rappeler les bons rĂ©flexes Ă  prendre et Ă©viter la contamination d’autres personnes. Il souligne ainsi que « l’efficacitĂ© du traitement par antirĂ©troviraux rend la charge virale des patients (quasi-)indĂ©tectable, ce qui contribue Ă  rĂ©duire considĂ©rablement le risque pour leur(s) partenaire(s) et, in fine, le nombre de nouvelles contaminations diagnostiquĂ©es. Ceci doit encourager au dĂ©pistage car des solutions existent ! ».

Le Ministre wallon de la SantĂ© se rĂ©jouit par ailleurs des avancĂ©es mĂ©dicales importantes et des Ă©volutions majeures dans la lutte contre le VIH : « le paradigme de cette infection/maladie a complĂštement changĂ© depuis le dĂ©but de l’épidĂ©mie puisqu’il Ă©volue vers des traitements beaucoup plus efficaces avec des perspectives de vie qui sont bien plus positives qu’elles ne le furent
 Ceci ne rĂ©duisant Ă©videmment pas la nĂ©cessitĂ© d’un accompagnement que ce soit dĂšs le dĂ©pistage ou des publics cibles en termes de prĂ©vention.»

Selon la Ministre Jodogne, en charge de la politique de la santĂ© Ă  la Cocof, la prĂ©vention combinĂ©e est un moyen efficace pour empĂȘcher de nouvelles contaminations : « Afin de lutter efficacement contre le VIH, nous devons mobiliser de multiples leviers. PrĂ©servatif, dĂ©pistage et traitement : ce sont les trois outils qui, combinĂ©s de maniĂšre adĂ©quate, doivent permettre d’inverser la courbe de l’épidĂ©mie ». Et d’ajouter que les interventions de proximitĂ© sont plus que jamais d’actualitĂ©. « C’est pourquoi j’ai dĂ©cidĂ© de soutenir dĂšs 2016 un dispositif de dĂ©pistage du VIH dĂ©centralisĂ©, complĂ©mentaire aux actions de prĂ©vention existantes, afin d’ĂȘtre au plus proche des publics les plus exposĂ©s au risque d’infection », explique-t-elle.

La charge virale : une notion essentielle dans la prévention combinée

La charge virale dĂ©signe la quantitĂ© de virus prĂ©sente dans le sang et les sĂ©crĂ©tions sexuelles. Pourquoi est-ce primordial de la rĂ©duire ? D’une part, pour rester en meilleure santĂ© et garder une meilleure qualitĂ© de vie ; d’autre part, pour rĂ©duire le risque de transmission du VIH. Car plus la charge virale est faible, moins on est contaminant(e)! La charge virale est dite indĂ©tectable lorsqu’elle est tellement rĂ©duite qu’on n’arrive plus Ă  dĂ©tecter le VIH dans le sang. La personne reste toutefois sĂ©ropositive et donc porteuse du virus (en quantitĂ© nĂ©gligeable). C’est en ayant un suivi mĂ©dical rĂ©gulier et en prenant bien son traitement selon les prescriptions du mĂ©decin que les personnes vivant avec le VIH peuvent atteindre une charge virale indĂ©tectable.

Donc, grĂące Ă  une prise efficace des traitements, une personne vivant avec le VIH obtiendra une charge virale indĂ©tectable, ce qui permettra d’empĂȘcher la transmission du virus vers d’autres personnes lors de relations sexuelles non protĂ©gĂ©es.

Le concept de la campagne

La notion de prĂ©vention combinĂ©e est abordĂ©e avec une approche dĂ©calĂ©e, originale et positive Ă  travers tous les outils de la campagne. ConcrĂštement, des personnages « prĂ©vention », composĂ©s des trois Ă©lĂ©ments de la prĂ©vention combinĂ©e (tĂȘte en prĂ©servatif, corps en Ă©prouvette de dĂ©pistage et bras et jambes en mĂ©dicaments), sont mis en situation afin de bien insister sur la combinaison de ces trois Ă©lĂ©ments pour se protĂ©ger efficacement.

Cette accroche visuelle forte, suggestive et colorĂ©e permet d’accroĂźtre l’impact de la campagne ; et l’utilisation d’icĂŽnes permet une plus grande identification du public puisqu’on ne sait pas si les personnages mis en scĂšne sont des hommes, des femmes, des jeunes, des moins jeunes, des hĂ©tĂ©rosexuels, des homosexuels, des belges, des non belges, …

Le slogan « PrĂ©servatif. DĂ©pistage. Traitement. Les bons rĂ©flexes pour se protĂ©ger du VIH/sida et des IST (Infections Sexuellement Transmissibles). La prĂ©vention Ă©volue. Renseignez-vous. » se veut positif et valorisant. Le concept de bons rĂ©flexes permet d’aborder la prĂ©vention comme une bonne habitude que l’on pratique au quotidien, comme un automatisme.

La notion d’évolution montre qu’il y a du nouveau et permet d’interpeller Ă  nouveau le grand public qui souvent ne se sent pas vraiment concernĂ© par les messages de prĂ©vention, pensant dĂ©jĂ  connaĂźtre le nĂ©cessaire. Les trois Ă©lĂ©ments de la prĂ©vention combinĂ©e sont repris sous forme de pictogrammes dans 3 post-it de couleur afin de favoriser leur mĂ©morisation. De plus, l’idĂ©e est d’insister sur le fait que ces trois outils de prĂ©vention ne s’opposent pas mutuellement mais doivent ĂȘtre combinĂ©s en les adaptant Ă  chaque situation individuelle pour empĂȘcher la transmission du virus.

Une campagne Ă  l’attention du grand public et des publics spĂ©cifiques

La campagne vise, de maniĂšre globale, le grand public y compris les jeunes. Il est en effet important d’informer le plus grand nombre sur les nouvelles stratĂ©gies de la prĂ©vention combinĂ©e afin que chacun puisse connaĂźtre et choisir les moyens de prĂ©vention qui lui sont le plus adaptĂ©s. C’est d’autant plus important que bon nombre de personnes sont peu au courant des Ă©volutions rĂ©centes en matiĂšre de prĂ©vention du VIH/sida et gardent une image erronĂ©e de cette maladie.

Par ailleurs, la campagne tend aussi Ă  toucher certains publics cibles plus vulnĂ©rables, notamment les HSH (Hommes ayant des relations Sexuelles avec d’autres Hommes) et les personnes migrantes. Les donnĂ©es Ă©pidĂ©miologiques montrent en effet que ces groupes clĂ© sont particuliĂšrement exposĂ©s au risque d’infection par le VIH. C’est pourquoi la campagne propose une variĂ©tĂ© de visuels adaptĂ©s Ă  ces diffĂ©rents publics.

Concertation autour de la campagne

Afin de rĂ©aliser une campagne de grande qualitĂ©, la Plate-Forme PrĂ©vention Sida s’est entourĂ©e de nombreux acteurs du secteur de la promotion de la santĂ© de maniĂšre large.

  • Un groupe d’experts ayant dĂ©fini les grandes lignes du projet : le cadre de travail, les objectifs gĂ©nĂ©raux, le message global et les publics cibles.
  • Un groupe de travail composĂ© d’une vingtaine d’associations, travaillant dans le secteur de la promotion de la santĂ© et/ou de la prĂ©vention du VIH/sida, dont notamment les services actifs auprĂšs des populations clĂ© de la lutte contre le sida. Ce groupe s’est rĂ©uni Ă  8 reprises afin de contribuer et d’échanger autour des grandes Ă©tapes de la conception de la campagne.
  • L’Observatoire du sida et des sexualitĂ©s.
  • Plusieurs mĂ©decins des centres de rĂ©fĂ©rence sida afin de garantir la diffusion d’informations scientifiques et mĂ©dicales de qualitĂ©.

La Plate-Forme Prévention Sida a également fait participer le public cible de la campagne à sa création en organisant de nombreux focus groupes de pré test des idées et outils à développer. Au total, 122 personnes aux profils divers ont été sondées : hommes, femmes, parents, jeunes, hétérosexuels, homosexuels, séropositifs, séronégatifs, belges, migrants, de Bruxelles et de la Wallonie.

Une campagne évaluée

Suite Ă  sa premiĂšre Ă©dition, la campagne a Ă©tĂ© Ă©valuĂ©e afin de mettre en avant ses forces et ses faiblesses. Globalement la campagne plaĂźt, les visuels sont apprĂ©ciĂ©s, mĂȘme si certains sont jugĂ©s parfois un peu osĂ©s, et les diffĂ©rents outils sont pertinents, particuliĂšrement le spot radio et la vidĂ©o pĂ©dagogiques pour leur cĂŽtĂ© trĂšs informatif. Des points faibles ont Ă©tĂ© identifiĂ©s et ont Ă©tĂ© traduits en pistes d’actions Ă  travailler en prioritĂ© pour l’édition 2016 :

  • Informer et former les relais de terrain sur les outils de la campagne et sur la prĂ©vention combinĂ©e;
  • Donner des pistes d’utilisation et de diffusion de la campagne pour les relais;
  • Favoriser la visibilitĂ© et la diffusion de la vidĂ©o pĂ©dagogique;
  • Mettre bien en avant les nouveautĂ©s de la prĂ©vention combinĂ©e.

DĂšs lors, un visuel plus explicatif et un guide d’accompagnement pour favoriser l’appropriation et l’utilisation de la campagne par les relais de terrain ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s. De plus, une actualisation des outils informatifs a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e (brochure et site internet).Le rapport est disponible sur www.preventionsida.org/2016/03/evaluation-ete-2015.

Les outils

  • Un spot TV.
  • Un spot radio.
  • Une vidĂ©o pĂ©dagogique, directement tĂ©lĂ©chargeable sur le site de la campagne.
  • 8 visuels existant en format affiches, cartes postales et autocollants.
  • 400 000 pochettes « prĂ©servatifs » diffusĂ©es via les partenaires et lors des festivals de musique.
  • Une brochure explicative sur la prĂ©vention combinĂ©e
  • Un site internet de la campagne, www.les-bons-reflexes.org, dont l’objectif est de donner un maximum d’informations sur la prĂ©vention combinĂ©e mais aussi d’offrir un outil de recherche des lieux de dĂ©pistage ainsi qu’un « Mur des bons rĂ©flexes » sur lequel les internautes sont invitĂ©s Ă  poster un message de prĂ©vention.
  • Un guide d’accompagnement Ă  l’attention des relais de terrain.

Les outils sont disponibles sur www.les-bons-reflexes.org/obtenir-du-materiel

Contacts

Plate-Forme PrĂ©vention Sida Directeur : Thierry Martin – th.martin@preventionsida.org – 0476/630 631Responsable de projet : Mary Stevens – m.stevens@preventionsida.orgRue Jourdan, 151 Ă  1060 Bruxelles 02/ 733 72 99 – http://www.preventionsida.orgwww.les-bons-reflexes.org

Lancement du serious game « Lord of Condoms »

ImageLe 11 juillet prochain aura lieu le lancement de « Lord of Condoms », une application pour smartphone abordant la prĂ©vention des IST de maniĂšre ludique et dĂ©calĂ©e. Fruit d’un partenariat entre la Plate-Forme PrĂ©vention Sida et L’Art-ChĂ©type, ce jeu a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© Ă  destination des jeunes pour pouvoir les informer et les sensibiliser via un support qui fait partie de leur quotidien : leur tĂ©lĂ©phone mobile. Cette maniĂšre innovante et inĂ©dite de les toucher se veut donc en phase avec les Ă©volutions actuelles des technologies de communication.

*Infections Sexuellement Transmissibles

100 fiches d’animation pour les personnes ĂągĂ©es

Description

Matériel

Livre « 100 fiches d’animation pour les personnes ĂągĂ©es »
Auteurs : Evelyne AllĂšgre, Jacqueline Gassier
Elsevier Masson, 2015 – 232 pages
ComplĂ©ments en ligne (Ă  l’achat de l’ouvrage)
Extrait (PDF)Table des matiĂšres :

  1. Les notions Ă  comprendre
    1. La personne ĂągĂ©e. 2. L’animateur. 3. L’animation
  2. Les idĂ©es d’animation
    1. Prendre soin de soi. 2. Créer, se récréer. 3. Vivre ensemble, rencontrer.

Concept

L’animation en gĂ©rontologie, partie intĂ©grante de la prise en charge de la personne ĂągĂ©e, est un vecteur d’autonomie physique et psychique. Elle peut crĂ©er un dynamisme au sein d’une structure d’accueil et, Ă  ce titre, elle fait partie des soins relationnels qui amĂ©liorent la qualitĂ© de vie des personnes. Les techniques d’animation exigent de ce fait des savoirs et des savoir-faire qui s’apprennent et se perfectionnent.Cet ouvrage s’adresse Ă  tous les professionnels travaillant avec les personnes ĂągĂ©es en structures d’accueil ou Ă  domicile : aides-soignants, animateurs, auxiliaires de vie sociale, Ă©ducateurs…Dans une premiĂšre partie sont dĂ©veloppĂ©es les notions Ă  comprendre pour mettre en place une animation qui corresponde aux besoins et capacitĂ©s de la personne ĂągĂ©e. Dans une deuxiĂšme partie sont prĂ©sentĂ©es les fiches d’animation, regroupĂ©es par thĂšme.

Objectifs

  • Impulser une dynamique, gĂ©nĂ©rer une ambiance et crĂ©er le mouvement; faciliter l’Ă©change, le dialogue
  • Permettre Ă  la personne ĂągĂ©e de faire et de crĂ©er, hors des problĂ©matiques de performances
  • Par l’action ou la participation, la personne redevient actrice et peut se dĂ©couvrir de nouvelles capcitĂ©s
  • Par le projet, elle se reconstruit une identitĂ© mise Ă  mal par toutes les pertes liĂ©es Ă  l’Ăąge

Conseils d’utilisation

Cet ouvrage n’est pas un livre de recettes, car l’expĂ©rience d’une animation n’est pas transposable. Il s’agit d’une boĂźte Ă  idĂ©es pour aider les professionnels Ă  trouver des rĂ©ponses renouvelĂ©es aux dĂ©sirs des personnes. Chaque idĂ©e est Ă  retravailler et Ă  adapter selon l’institution, ou le contexte (Ă  domicile), et surtout, selon les attentes des personnes.

Bon Ă  savoir

Commande en ligne. L’Ă©diteur propose ce livre Ă©galement en format E-Book (EPUB ou PDF)

OĂč trouver l’outil

Chez l’Ă©diteur :

Editions Elsevier Masson
62, rue Camille Desmoulins
92442 – ISSY-LES-MOULINEAUX cedex
France
+33 – (0)1 71 16 55 99
https://www.elsevier-masson.frhttp://www.em-consulte.com

L’avis de PIPsa (www. pipsa.be)

La Cellule d’experts de PIPsa a accordĂ© la mention « coup de cƓur » Ă  cet outil en 2016.

Appréciation globale

Cette riche boĂźte Ă  outil fourmille d’idĂ©es d’activitĂ©s, pour entretenir et dĂ©velopper le bien-ĂȘtre et la qualitĂ© de vie des personnes ĂągĂ©es dans leur lieu de vie (domicile ou collectivitĂ©s). L’animation y est envisagĂ©e comme partie prenante d’une logique soignante Ă  partir des attentes/besoins exprimĂ©s par les personnes et recueillis/pris en compte par les soignants.Le contenu, particuliĂšrement pertinent pour le public, est liĂ© Ă  une « Charte des droits et libertĂ©s de la personne ĂągĂ©e en situation de handicap ou de dĂ©pendance » française. La premiĂšre partie permet de se familiariser avec le public, la posture d’animateur (les mots justes Ă  utiliser, les recommandations), l’animation et sa structure. Des pistes concrĂštes pour animer le groupe et s’auto-Ă©valuer avec des critĂšres prĂ©cis sont fournies. Une attention particuliĂšre est accordĂ©e Ă  l’accessibilitĂ© de l’information.Les animations s’inscrivent dans le cadre de la Charte de l’animation en gĂ©rontologie (PDF). Elles veillent Ă  favoriser l’implication des personnes et du groupe (faire vivre ensemble et mener un projet) en cohĂ©rence avec les capacitĂ©s/limites des personnes et du contexte d’utilisation.Le document s’adapte Ă  l’utilisateur, novice ou habituĂ©, professionnel ou bĂ©nĂ©vole. TrĂšs bien structurĂ©, il facilite le repĂ©rage de l’information utile Ă  la programmation des activitĂ©s (code couleur, lecture facilitĂ©e par l’harmonisation graphique dans l’organisation des contenus, rubriques identiques, apport de tĂ©moignages et d’expĂ©riences rĂ©alisĂ©es, 
).

Objectifs

  • Maintenir et amĂ©liorer son autonomie physique et psychique, au sein de son lieu de vie
  • Prendre soin de soi (activitĂ© physique, mĂ©moire, relations interpersonnelles)
  • DĂ©couvrir ou redĂ©couvrir ses moyens d’expression/crĂ©ation verbaux et non-verbaux
  • Soutenir la construction du lien social dans les milieux de vie

Public cible

Personnes ùgées dans leur lieu de vie.

Utilisation conseillée

  • IntĂ©grer dans le projet de l’institution – en lien avec l’équipe des soignants
  • Recueillir les attentes de seniors prĂ©alablement Ă  toute animation

Cyber@TIC

Description

Matériel :

Concept :

C’est Ă  partir de problĂ©matiques de mĂ©susages que des professionnels (intervenants de terrain et scolaires) de la division de Huy ont choisi de dĂ©velopper un projet sur ce thĂšme. L’objectif Ă©tait de favoriser l’acquisition de comportements responsables vis-Ă -vis des GSM et des rĂ©seaux sociaux auprĂšs des jeunes par le biais du thĂ©Ăątre impro (rĂ©alisĂ© par CORTEX Formation).

Le titre Cyber@TIC’tudes fait rĂ©fĂ©rence aux diffĂ©rents Ă©lĂ©ments travaillĂ©s dans le cadre du projet; ‘Cyber’ et ‘@’ faisant rĂ©fĂ©rence Ă  Internet; ‘TIC’ pour les Technologies de l’Information et de la Communication; ‘attitudes’ fait Ă©cho aux comportements et bonnes pratiques que nous pouvons avoir sur le Net. Les thĂšmes abordĂ©s dans cet outil sont: le droit Ă  l’image, le cyberharcĂšlement, la cybersexualitĂ©, les rĂ©seaux sociaux, la sĂ©curitĂ© des TIC, les jeux vidĂ©o et en rĂ©seau et les attitudes positives des jeunes.

Objectifs

  • DĂ©velopper les compĂ©tences des jeunes en lien avec les nouvelles technologies
  • Dans le cadre d’animations de prĂ©vention, apporter des rĂ©ponses aux questions que peuvent se poser les jeunes et leurs parents
  • Donner Ă©galement des conseils en matiĂšre d’éducation aux mĂ©dias

Conseils d’utilisation

Cet outil est Ă  destination des jeunes Ă  partir de 12 ans et des adultes. Il peut Ă©galement ĂȘtre utilisĂ© auprĂšs de jeunes ĂągĂ©s de 10-12 ans ainsi que dans l’enseignement spĂ©cialisĂ© sous rĂ©serve d’une adaptation et selon la maturitĂ© du groupe.
Les animations peuvent ĂȘtre mises en place par tous les intervenants qui souhaitent travailler ces thĂ©matiques avec leur public.

Bon Ă  savoir

Cet outil est le fuit d’un travail menĂ© en partenariat entre le Centre Local de Promotion de la SantĂ© Huy-Waremme, Infor Jeunes Huy, l’Espace Public NumĂ©rique de la ville de Huy, l’AMO « Mille Lieux de Vie », l’asbl « La Particule », le Conseil d’Arrondissement de l’Aide Ă  la Jeunesse de Huy (Section de PrĂ©vention GĂ©nĂ©rale du SAJ de Huy), le Centre Culturel de l’Arrondissement de Huy.La mallette est destinĂ©e en prioritĂ© aux professionnels de l’arrondissement de Huy-Waremme.

OĂč trouver l’outil

Chez l’Ă©diteur :

Centre local de promotion de la santé de Huy-Waremme
Rue Saint-Pierre 49
4500 – Huy
Belgique
+32 (0)85 25 34 74 – info@clps-hw.be
Site WEB : http://www.clps-hw.be

Appréciation globale

Image

Ce kit pĂ©dagogique est trĂšs complet et trĂšs accessible ( USB + tĂ©lĂ©chargement gratuit ). Il aborde un thĂšme important, pertinent et d’actualitĂ©, dans une logique de promotion de la santĂ©.Lors d’une animation type, les Ă©lĂšves visionnent des capsules vidĂ©o de thĂ©Ăątre impro et en dĂ©battent. Pour recadrer certaines questions qui auront Ă©tĂ© soulevĂ©es et apporter des rĂ©ponses, l’animateur peut projeter des interviews d’experts. Le procĂ©dĂ© pĂ©dagogique permet de faire Ă©voluer les reprĂ©sentations individuelles des jeunes concernant les NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication).

L’utilisation de cet outil est , adaptĂ©e aux temps scolaires. Elle, peut s’envisager en sĂ©quences indĂ©pendantes les unes des autres mais peut aussi soutenir un projet ou un processus continu sur une annĂ©e scolaire vu le nombre de thĂ©matiques abordĂ©es.Le contenu peut aussi ĂȘtre utilisĂ© pour des groupes de parents afin de les aider Ă  poser le cadre de l’utilisation des NTIC avec leurs enfants/jeunes.Le guide de l’animateur fournit une information condensĂ©e, claire et opĂ©rationnelle. L’utilisateur est particuliĂšrement bien soutenu grĂące Ă  un contenu concret, structurĂ© et organisĂ© selon un code couleur thĂ©matique et l’ñge du public auquel la sĂ©quence s’adresse. Toutefois, il faut prĂ©voir un temps consĂ©quent d’appropriation pour visionner l’ensemble du matĂ©riel prĂ©alablement Ă  son utilisation.

Objectifs

  • Prendre conscience de ses reprĂ©sentations par rapport au cyberharcĂšlement, cybersexualitĂ©, droit Ă  l’image, rĂ©seaux sociaux, NTIC, jeux vidĂ©o et en rĂ©seaux
  • ConnaĂźtre les balises pour une utilisation sĂ©curisĂ©e des NTIC
  • Prendre conscience des risques dans l’utilisation des NTIC

Public cible :

14 ans (idéalement) mais possible à partir de 12 ans et aussi pour des adultes

Utilisation conseillée

  • ExpĂ©rience conseillĂ©e dans l’animation de dĂ©bats avec des ados : ĂȘtre capable de distribuer la parole, de relancer les questions, de faire parler ceux qui ne parlent pas, d’organiser l’espace, etc

  • Disposer d’un grand Ă©cran pour une projection collective
  • Utiliser la fiche « attitudes positive dans les NTIC » avec chacune des thĂ©matiques mises en dĂ©bat

DĂ©veloppement du langage : et si il suffisait de leur parler


Quand il est question d’acquisition du langage, tous les enfants ne sont pas logĂ©s Ă  la mĂȘme enseigne. Il peut y avoir entre deux enfants du mĂȘme Ăąge, selon la famille dans laquelle il vit, une diffĂ©rence de 500 Ă  2500 mots prononcĂ©s par heure, ce qui peut crĂ©er Ă  l’Ăąge de 3 ans une diffĂ©rence totale d’environ 25 millions de mots entendus !

Et pour cause, les bĂ©nĂ©fices sur le long terme montrent qu’une meilleure connaissance du langage oral facilite la socialisation et surtout l’acquisition du langage Ă©crit et donc des apprentissages de l’enfant tout au long de son parcours scolaire.

Il est Ă©galement avĂ©rĂ© que le niveau de vocabulaire Ă  2 ans prĂ©dit son niveau de langage Ă  3, 5, 8 et mĂȘme 13 ans. Il est donc trĂšs important de profiter de chaque instant pour parler Ă  son enfant dĂšs sa naissance dans sa langue maternelle mĂȘme si la langue pratiquĂ©e Ă  la maison est diffĂ©rente des langues nationales. Penser que le multilinguisme fait courir un risque de retard est une erreur. Il est justement prouvĂ© que l’acquisition d’une autre langue viendra d’autant plus facilement. L’enjeu rĂ©sulte directement dans le nombre de mots diffĂ©rents entendus peu importe la langue. Qu’on ne vienne donc plus reprocher Ă  une maman d’ĂȘtre une vraie « pipellette » avec son enfant. Ça ne le fatigue pas, au contraire, ça l’éveille !

L’ONE estime que cette thĂ©matique est cruciale pour l’évolution d’une sociĂ©tĂ© Ă©quitable. C’est pourquoi l’Office a lancĂ© en 2017 « Appelons un chat un chat » la campagne de sensibilisation des professionnels et des parents. L’idĂ©e est de mettre en avant tous les « petits trucs » du quotidien et les activitĂ©s ludiques qui permettent de faire toute la diffĂ©rence sur le long terme.

Visitez www.unchat-unchat.be et www.one.be

Un secteur, depuis toujours, mobilisé

L’engagement sociĂ©tal est l’une des composantes essentielles de l’ADN de la promotion de la santĂ©. DĂšs ses dĂ©buts, avec le dĂ©cret fondateur de 1997, le secteur de la promotion de la santĂ© s’est positionnĂ© comme un secteur engagĂ©. Son action repose en cela sur les valeurs et les principes qui sont Ă©noncĂ©s dans la Charte d’Ottawa (OMS, 1986).

Bruxelles se fédÚre autour de la promotion de la santé

À l’instar d’autres politiques publiques, la promotion de la santĂ© a Ă©tĂ© traversĂ©e par d’importants changements ces derniĂšres annĂ©es. La sixiĂšme rĂ©forme de l’État n’y est pas Ă©trangĂšre ; elle a entraĂźnĂ© dans son sillage la rĂ©gionalisation de la compĂ©tence « promotion de la santĂ© ». Rendue effective en juillet 2014, la rĂ©gionalisation s’est traduite Ă  Bruxelles par l’émergence d’un nouveau cadre lĂ©gislatif (dĂ©cret de promotion de la santĂ©, fĂ©vrier 2016) et programmatique (plan de promotion de la santĂ©, juin 2017), portĂ© par la Commission communautaire française (Cocof).

Ces Ă©tapes-clĂ©s d’une politique bruxelloise, davantage territorialisĂ©e, n’ont pas Ă©chappĂ© aux acteurs du secteur de la promotion de la santĂ©. Une plate-forme bruxelloise de promotion de la santĂ© s’était ainsi crĂ©Ă©e Ă  la fin de l’annĂ©e 2013, en vue de suivre le processus de rĂ©gionalisation et l’élaboration de la nouvelle politique portĂ©e par la Cocof.

Les acteurs de promotion de la santĂ© avaient alors identifiĂ© la pertinence et la valeur ajoutĂ©e d’une lecture et d’une rĂ©flexion menĂ©es en commun sur ces changements.

Une étape incontournable : la Fédération

Forts de la dynamique collective et constructive nĂ©e des Ă©changes menĂ©s au sein de la plateforme, les diffĂ©rents acteurs du secteur se sont positionnĂ©s Ă  la fin 2015 en faveur de la crĂ©ation d’une fĂ©dĂ©ration bruxelloise de promotion de la santĂ©. Sa plus-value Ă  Bruxelles rĂ©sidait dans :

  • La reprĂ©sentation d’associations actives dans le domaine de la promotion de la santĂ© sur le territoire bruxellois ;
  • La mise sur pied d’une interface avec d’autres secteurs que la santĂ©, en vue de faire connaĂźtre et reconnaĂźtre la promotion de la santĂ© de maniĂšre transversale ;
  • L’existence d’un interlocuteur privilĂ©giĂ© pour les pouvoirs publics, lĂ©gitimĂ© par le secteur et porteur d’un travail de consensus Ă©laborĂ© avec ses membres.

La FĂ©dĂ©ration bruxelloise de Promotion de la SantĂ© (FBPSantĂ©) a ainsi Ă©tĂ© fondĂ©e le 21 novembre 2016, 30 ans jour pour jour aprĂšs la signature de la Charte d’Ottawa.

La carte d’identitĂ© de la FBPSantĂ© La FBPSantĂ© regroupe aujourd’hui 40 institutions membres. Elle a pour but de « valoriser la promotion de la santĂ© au sein des politiques actuelles et futures en RĂ©gion bruxelloise ». À ce titre, elle se positionne comme le porte-voix de la promotion de la santĂ© et du secteur Ă  Bruxelles. Quant à ses objectifs, ils sont au nombre de trois :

  • Faire connaĂźtre, reconnaĂźtre et dĂ©fendre l’existence structurelle et financiĂšre des membres dans leurs missions de promotion de la santĂ© ;
  • Assurer la reprĂ©sentation de la promotion de la santĂ© dans les organes de concertation et de dĂ©cision qu’ils soient institutionnalisĂ©s ou non ;
  • Soutenir un plaidoyer et valoriser l’action de ses membres en matiĂšre de promotion de la santĂ©.

Outre les rencontres rĂ©guliĂšres de ses membres, la FBPSantĂ© met en place des groupes de travail pour rĂ©aliser ses missions, soutenir une politique bruxelloise de promotion de la santĂ© et s’en faire l’écho, afin de contribuer Ă  inscrire la santĂ© dans toutes les politiques. À ce titre, un bureau politique agit comme soutien et interface entre l’administration, le Cabinet et le secteur de la promotion de la santĂ©.

Enfin, la FBPSantĂ© ne travaille pas seule Ă  l’échelle de la fĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles. Elle entretient ainsi des liens forts avec la FĂ©dĂ©ration wallonne de promotion de la SantĂ© qui reprĂ©sente les acteurs wallons de promotion de la santĂ© et assure le travail de plaidoyer pour la Wallonie.

La spĂ©cificitĂ© bruxelloise…

Rappelons que Bruxelles se caractérise par une dualisation socioéconomique qui recoupe largement une dualisation géographique selon les communes, voire les quartiers. Les plus pauvres voient leur situation se détériorer encore plus. Ces disparités entre groupes sociaux et entre territoires se traduisent en inégalités en matiÚre de santé (mortalité, morbidité, prévalence, styles de vie).

À ce propos, la FBPSantĂ© offre la possibilitĂ© de s’appuyer sur un secteur organisĂ© qui met en place des stratĂ©gies concertĂ©es et dĂ©finit des stratĂ©gies ayant un impact sur la santĂ© pour Bruxelles. La FBPSantĂ© souhaite en ce sens participer Ă  relever 5 dĂ©fis de taille Ă  Bruxelles :

  1. Collaborer à inclure la santé dans toutes les politiques.
  2. Contribuer à ce que la santé, comme droit fondamental, mobilise tant les citoyens que les élus.
  3. ƒuvrer pour une politique de santĂ© allant au-delĂ  du soin et s’appuyant sur le secteur associatif est incontournable pour faire de Bruxelles, Capitale de l’Europe, une RĂ©gion en santĂ©.
  4. Favoriser un accÚs à la santé équitable.
  5. Faciliter une vision cohérente de la promotion de la santé en veillant à une articulation notamment avec la Fédération wallonne de promotion de la santé.

Contacts : Fédération bruxelloise de promotion de la santé : 151 rue Jourdan, 1060 Bruxelles, fbpsante.brussels@gmail.com

« L’absence de murs, cela se construit » (Bruno Humbeeck)Dans le cadre d’un vaste programme Ă©ducatif « Et toi, t’en penses quoi ? », les MutualitĂ©s chrĂ©tiennes (MC) ont dĂ©veloppĂ© un outil pĂ©dagogique de mise en dĂ©bats pour favoriser l’esprit critique des jeunes de 14 Ă  18 ans par rapport Ă  leurs choix en matiĂšre de santĂ© et de bien-ĂȘtre.

Des clés pour mieux «concevoir» et accompagner les adolescents

Depuis la rentrĂ©e de septembre, les services Infor SantĂ© de promotion de la santĂ© de la MC ont invitĂ© les professionnels de l’éducation et de l’animation Ă  des journĂ©es dĂ©centralisĂ©es de confĂ©rences, tables rondes et dĂ©bats d’atelier en Wallonie et Ă  Bruxelles. Le 31 janvier 2017, c’était au tour des locaux de la facultĂ© de mĂ©decine de l’UCL Ă  Woluwe-Saint-Lambert d’accueillir prĂšs de 200 professionnels de l’enseignement, de la PSE (Promotion de la SantĂ© Ă  l’École), de l’Aide en Milieu Ouvert (AMO), des Services d’Aide et d’Intervention Éducative (SAIE)
 pour une journĂ©e dĂ©clinĂ©e en deux temps, plĂ©niĂšre le matin, ateliers thĂ©matiques l’aprĂšs-midi.Le contenu devait faire mentir le caractĂšre un peu rĂ©ducteur de l’intitulĂ© de cette initiative « L’ado, le dĂ©coder pour mieux l’accompagner ».

Comme l’indiquait le confĂ©rencier du jour, Bruno HumbeeckNote bas de page , il s’agissait plutĂŽt d’aborder « L’adolescence : entre mĂ©tamorphose et besoin d’expression, des clĂ©s pour mieux concevoir et accompagner ».Dans un exposĂ© passionnant, Ă  la fois riche en balises thĂ©oriques et par moment aussi trĂšs concret, il invitait les adultes Ă  dĂ©passer une vision stĂ©rĂ©otypĂ©e de l’adolescence et de ses « problĂšmes » et Ă  Ă©viter le piĂšge de nourrir Ă  l’égard de ces ĂȘtres en pleine mĂ©tamorphose des attentes dĂ©mesurĂ©es. De ses affirmations percutantes, sur le rĂšgne de l’émocratie, sur le rapport entre journaux intimes et temps qui passe, sur le rire convivial opposĂ© au rictus menaçant, sur les attentes dĂ©mesurĂ©es des « hĂ©licoptĂšres », des « drones », des « frotteurs de curling », nous retiendrons en particulier son dĂ©centrage culturel et gĂ©ographique au BĂ©nin.

Son expĂ©rience d’une sociĂ©tĂ© qui n’a mĂȘme pas de mot spĂ©cifique pour dĂ©signer l’adolescent lui fait dire que pour le comprendre, il faut avoir l’humilitĂ© d’un ethnologue. On l’aurait Ă©coutĂ© des heures et cela tombait bien car la table ronde qui suivait lui permit de prĂ©ciser d’autres aspects de son approche de l’adolescence, en particulier dans le domaine de la communication.ModĂ©rĂ© avec sa bienveillance habituelle par Bernadette Taeymans (directrice de l’asbl Question SantĂ©), alimentĂ© par quelques questions Ă©crites des participants (trĂšs bonne idĂ©e), l’échange porta entre autres sur deux compĂ©tences importantes : le dĂ©veloppement de l’estime de soi et la stimulation de l’esprit critique.

Bernard De Vos, DĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral aux droits de l’Enfant de la FĂ©dĂ©ration Wallonie Bruxelles eut l’occasion de nous rappeler combien l’école francophone belge est inĂ©galitaire : les meilleurs Ă©lĂšves rivalisant avec les vedettes du classement PISA ; les moins bons occupant la queue du classement aux cĂŽtĂ©s d’élĂšves de sociĂ©tĂ©s dictatoriales et rĂ©trogrades. Stigmatisant la logique dĂ©lĂ©tĂšre de l’école de la relĂ©gation, il plaida (une fois de plus) pour le formidable travail des acteurs de l’éducation informelle, exercĂ© avec des budgets 60 fois infĂ©rieurs


Claire-Anne Sevrin (Yapaka) expliqua la philosophie de travail de prĂ©vention primaire de la maltraitance mise en place par ce programme Ă  l’initiative du MinistĂšre de la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles mis en place en 2006 (www.yapaka.be).Elle montra aussi comment cette philosophie peut se traduire Ă  travers le blog de Sandrine (www.100drine.be), un personnage fictif dans lequel de nombreuses filles de 12 Ă  15 ans peuvent se reconnaĂźtre. Cette jolie initiative m’a fait songer aux dĂ©licieux «Cahiers d’Esther» de Riad Sattouf, cette sĂ©rie de bande dessinĂ©e en cours de publication qui suit la vie quotidienne d’une fille de 10 jusqu’à 18 ans (elle en a onze pour le moment). L’aprĂšs-midi Ă©tait consacrĂ© Ă  7 ateliers de haut vol : ĂȘtre acteur du changement dans un monde radicalisĂ© ;

  • travailler l’accĂšs aux informations de santĂ© avec un public primo-arrivant ;
  • aborder les reprĂ©sentations dans le cadre de l’Éducation Ă  la vie Relationnelle, Affective et Sexuelle (EVRAS) ;
  • travailler les compĂ©tences de santĂ© avec les ados malades ;
  • renforcer l’esprit critique et l’estime de soi ;
  • faire face au harcĂšlement ;
  • travailler les compĂ©tences Ă©motionnelles.

Ajoutons Ă  cela une trĂšs riche et judicieuse sĂ©lection d’outils pĂ©dagogiques, des Ă©changes nourris entre participants et une organisation sans faille du service Infor SantĂ© de la MutualitĂ© de Bruxelles bĂątie sur un partenariat exemplaire avec le RESO UCL, Question SantĂ© et le Centre bruxellois de promotion de la santĂ©. Que demander de plus ?

Nous laisserons le mot de la fin Ă  un des jeunes interrogĂ©s dans la capsule vidĂ©o prĂ©sentĂ©e en tout dĂ©but de matinĂ©e qui comparait la cour de rĂ©crĂ©ation de son Ă©cole Ă  un prĂ©au de prison, ce qui faisait remarquablement Ă©cho Ă  un propos entendu deux heures plus tard de Bruno Humbeeck, Ă  savoir que transformer l’espace en territoire s’avĂšre souvent catastrophique !

Un outil pédagogique dédié aux adolescents

Le site www.et-toi.beNote bas de page s’adresse aux professionnels qui souhaitent que les adolescents puissent dĂ©velopper leur esprit critique sur des thĂ©matiques qui les concernent et les intĂ©ressent, en valorisant les Ă©changes entre eux. Ils peuvent y trouver des fiches thĂ©oriques et pratiques, des dossiers d’animation personnalisĂ©s et des supports prĂȘts Ă  l’emploi sur les sujets suivants : alcool, boissons Ă©nergĂ©tiques et Ă©nergisantes, consommation durable, dĂ©codage des mĂ©dias, drogues et addictions, eau et sodas, fastfood, light, rĂ©gimes, rĂ©seaux sociaux, bouger, stress, tabac, vie relationnelle et affective.Cet outil a obtenu la mention « coup de cƓur » de la Cellule d’experts de PIPSa en dĂ©cembre 2013.

La philosophie du projet d’Infor SantĂ©

Adopter une démarche de promotion de la santé dans sa pratique de terrain avec les adolescents


  • C’est avoir une vision positive et globale de la santĂ© du jeune.
  • C’est agir sur les divers dĂ©terminants de la santĂ©, en portant une attention particuliĂšre aux dĂ©terminants positifs.
  • C’est soutenir le jeune pour qu’il puisse mettre en valeur ses aspirations, ressources et aptitudes.
  • C’est reconnaĂźtre les inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ© dans notre sociĂ©tĂ© et mener des actions visant leur rĂ©duction et/ou la rĂ©duction de leur impact.
  • C’est s’inscrire dans une dynamique de partenariat pour dĂ©velopper des projets interdisciplinaires et intersectoriels incluant les jeunes.
  • C’est insister pour que la santĂ© soit une prĂ©occupation de toutes les politiques et Ă  tous les niveaux de dĂ©cision.

Bruno Humbeeck est Ă  la fois actif sur le terrain en tant que psychodĂ©pagogue et aussi directeur de recherche au sein du service des Sciences de la famille de l’UniversitĂ© de Mons. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur la question, dont rĂ©cemment « De Blanche-Neige Ă  Harry Potter : des histoires pour rebondir ».

Voir l’article d’Infor SantĂ© « Parler santĂ© aux ados », Éducation SantĂ© n° 298, mars 2014, https://educationsante.be/article/parler-sante-aux-ados/

Le plus souvent, lorsqu’on Ă©voque le lieu de vie des personnes ĂągĂ©es, on oppose domicile et maison de repos. Cette reprĂ©sentation binaire de l’évolution des phases de vie et des lieux de vie – la vie active et celle en perte d’autonomie – est remise en question par les professionnels de la santĂ© et du vieillissement qui rappellent la diversitĂ© des attentes et des besoins des personnes.

De quoi rĂȘve-t-on pour ses vieux jours?

Le service d’Ă©ducation permanente de Question SantĂ© publie ‘Paroles sur… De quoi rĂȘve-t-on pour ses vieux jours ?, une brochure pour penser aux jours Ă  venir autrement et sous un autre angle.

Les espaces de vie des aßnés en quelques chiffres

Des Ă©tudes se sont intĂ©ressĂ©es aux desiderata des adultes et des aĂźnĂ©s quant Ă  leurs dispositions concernant la vieillesse. Sans surprise, on sait qu’une majoritĂ© de personnes souhaite vieillir chez soi, en restant le plus autonome possible. À dĂ©faut, l’entrĂ©e en maison de repos est la premiĂšre alternative citĂ©e. Actuellement, 45 % des 80 ans et plus vivent dans une de ces institutions.

Selon une analyse datant de 2011, mĂȘme si une personne sur deux dĂ©clare ne pas choisir elle-mĂȘme sa maison de repos, 85 % des rĂ©sidents se disent satisfaits de leur situation. Ils se sentent davantage ‘chez eux’ quand ils participent Ă  la sĂ©lection de l’Ă©tablissement. De mĂȘme si leur lieu de vie leur offre la possibilitĂ© de s’impliquer dans des tĂąches concrĂštes et utiles.

La maison de repos, un choix par défaut ?

La dĂ©cision de rejoindre une institution se base rarement sur le projet de vie proposĂ©; les professionnels en sont bien conscients. Ils s’interrogent sur l’attitude globale des personnes ĂągĂ©es dans leur volontĂ© d’ĂȘtre acteurs de leur vie. Parfois, face Ă  certains choix de vie – dont celui d’entrer en institution -, la personne ĂągĂ©e pense davantage Ă  ses proches qu’Ă  elle-mĂȘme. De mĂȘme, la famille pousse souvent Ă  prendre cette dĂ©cision, jugĂ©e ‘raisonnable’.

DerriĂšre les choix de lieux de vie, derriĂšre les dĂ©cisions, ce sont des questions de valeurs qui se posent. Elles renvoient, en tout ou en partie, aux notions d’autonomie, d’intimitĂ©, de respect, de liens affectifs. Les professionnels parlent de la nĂ©cessitĂ© de proposer des choix aux personnes vieillissantes. Des options qui correspondent Ă  leurs diffĂ©rentes Ă©volutions, aux diffĂ©rentes phases de leur vieillesse et Ă  leurs valeurs.

La prise de risque : interdite aux aßnés ?

L’autre regard portĂ© par les soignants concerne une problĂ©matique souvent dĂ©laissĂ©e, sinon taboue: celle des risques que l’on est prĂȘt Ă  laisser prendre ou non aux aĂźnĂ©s, sous prĂ©texte du ‘principe de prĂ©caution’. Cette prĂ©occupation, souvent exacerbĂ©e par la crainte de procĂšs ou de plaintes, d’aller vers une absence de tout risque se dissimule parfois sous le mot ‘responsabilité’. L’objectif qui consiste Ă  garder la personne ĂągĂ©e dans le meilleur Ă©tat physique possible a cependant une limite et peut dissimuler l’absence de tout autre projet et/ou de moyens permettant aux personnes ĂągĂ©es de cultiver leur propre vie.

La maison de repos en réforme !

Est-ce Ă  la personne ĂągĂ©e de s’adapter au projet de la maison de repos? Ou bien l’inverse? Imaginer des institutions diffĂ©rentes passe par une remise en cause de la formation des soignants. Selon les professionnels, il faudrait sortir d’une ‘relation de pouvoir’ pour aller vers un respect et une collaboration avec les personnes ĂągĂ©es. À travers leurs propos, ce qui est soulignĂ©, c’est un manque de sensibilisation, d’information et de mobilisation concernant ces problĂ©matiques de lieux de fin de vie.

RĂ©pondre aux besoins et aux attentes des personnes ĂągĂ©es – et pour ce faire, ĂȘtre attentif Ă  leur Ă©volution, aux changements de leurs besoins et de leurs attentes: ne serait-ce pas l’une des clĂ©s qui mĂšne Ă  une retraite la plus heureuse possible, et sur le long terme?

Autour de la thĂ©matique de l’habitat des personnes ĂągĂ©es

Pour prendre connaissance de cette nouvelle brochure, vous pouvez consulter le site www.questionsante.org/educationpermanente.
‘De quoi rĂȘve-t-on pour ses vieux jours?’ est disponible gratuitement auprĂšs de l’asbl Question SantĂ© et peut ĂȘtre commandĂ©e par courrier Rue du Viaduc 72, 1050 Bruxelles, par tĂ©lĂ©phone au +32 (0)2 512 41 74 ou par courriel à info@questionsante.org.

Le Centre VidĂ©o de Bruxelles et Question SantĂ©, en partenariat avec 8 associations de terrain, ont lancĂ© rĂ©cemment www.queltoitpourdemain.be, un outil informatif, interactif et intergĂ©nĂ©rationnel destinĂ© Ă  informer le grand public des possibilitĂ©s de logement qui s’offrent aujourd’hui aux personnes ĂągĂ©es.

Qui n’a pas entendu parler de PISA, l’enquĂȘte qui Ă©value tous les trois ans les Ă©lĂšves des 35 pays de l’Organisation de CoopĂ©ration et de DĂ©veloppement Économiques (OCDE)? Les rĂ©sultats trĂšs mitigĂ©s des jeunes francophones de Belgique ont une nouvelle fois Ă©tĂ© mis en avant il y a quelques mois.

En matiĂšre de santĂ© aussi, l’OCDE recueille des donnĂ©es, les analyse et compare les performances des pays qui la constituent. Selon les domaines, la Belgique fait figure de bon ou de mauvais Ă©lĂšve.

Comme son nom ne l’indique pas, l’OCDE a pour mission de promouvoir les politiques qui amĂ©liorent non seulement le bien-ĂȘtre Ă©conomique, mais Ă©galement le bien-ĂȘtre social. Depuis 1961, la croissance Ă©conomique, la stabilitĂ© financiĂšre et le dĂ©veloppement des marchĂ©s et des entreprises sont au coeur de sa mission. Aujourd’hui, en collaboration avec ses 35 pays membres et de nombreux partenaires, l’OCDE remplit une fonction d’analyse, de comparaison de donnĂ©es ainsi que d’Ă©tablissement de normes internationales dans de multiples domaines qui influencent de prĂšs ou de loin le dĂ©veloppement Ă©conomique. C’est notamment le cas de l’enseignement ou de la santĂ©.

Car si le facteur Ă©conomique est un dĂ©terminant de la santĂ©, l’inverse n’est pas moins vrai. L’OCDE tire de son travail d’analyse des publications qui sont des mines d’informations sur l’Ă©tat de la santĂ© dans le monde et sur ses dĂ©terminants. Pointons-en deux, parues en 2015 : le rapport Comment va la vie ? et le Panorama de la santĂ©.

Le bien-ĂȘtre dĂ©coupĂ© en facteurs

Le rapport Comment va la vie ?, dont la troisiĂšme Ă©dition a donc Ă©tĂ© publiĂ©e en 2015, dĂ©crit un large panel de facteurs influençant le bien-ĂȘtre des citoyens des pays membres et partenaires de l’OCDE. Tentant de faire honneur au caractĂšre multifactoriel du bien-ĂȘtre, les auteurs ont analysĂ© des indicateurs relevant de onze dimensions de la vie. Le rapport expose ainsi des donnĂ©es portant Ă  la fois sur le bien-ĂȘtre matĂ©riel (revenus, emploi, logement) et sur la qualitĂ© de la vie au sens large (santĂ©, Ă©ducation, Ă©quilibre entre travail et vie privĂ©e, environnement, liens sociaux, engagement civique, bien-ĂȘtre subjectif et sĂ©curitĂ©). Par rapport aux Ă©ditions prĂ©cĂ©dentes, celle-ci apporte des Ă©clairages nouveaux : le bien-ĂȘtre des enfants, l’évolution de certaines ressources susceptibles de prĂ©server le bien-ĂȘtre dans le temps, le bĂ©nĂ©volat et le bien-ĂȘtre dans les rĂ©gions.

Comment va la vie dans l’OCDE ?

Le rapport rĂ©vĂšle sans grande surprise que si l’habitant moyen de l’OCDE vit mieux aujourd’hui qu’en 2009, de grandes variations sont observables selon les pays et selon les indicateurs.

Au chapitre des progrĂšs, dans la plupart des pays, les revenus ont lĂ©gĂšrement augmentĂ© par rapport au niveau atteint pendant la crise, le pourcentage d’individus dĂ©tenant un diplĂŽme du deuxiĂšme cycle du secondaire a connu une hausse et l’espĂ©rance de vie a progressĂ©.

Les rĂ©sultats sont moins encourageants si l’on observe le taux de chĂŽmage de longue durĂ©e, la durĂ©e du travail ou encore la participation Ă©lectorale. Comme souvent, les pays nordiques se dĂ©marquent avec de faibles inĂ©galitĂ©s de revenus et des Ă©carts trĂšs limitĂ©s dans les diffĂ©rents aspects de la qualitĂ© de vie. Il faut cependant garder une rĂ©serve Ă  propos de la comparabilitĂ© des donnĂ©es nationales. Celles-ci dĂ©pendent toujours des techniques statistiques utilisĂ©es et de la dĂ©finition des phĂ©nomĂšnes observĂ©s, qui peut varier suivant les pays. Ces limites invitent Ă  considĂ©rer les comparaisons internationales avec prĂ©caution.

Bons et mauvais points de la Belgique

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Cela Ă©tant dit, quelle est la place de la Belgique par rapport Ă  la moyenne des autres pays de l’OCDE ? Commençons par les mauvaises nouvelles. La Belgique prĂ©sente des rĂ©sultats infĂ©rieurs aux moyennes OCDE dans plusieurs domaines : la proportion de population ayant atteint le deuxiĂšme cycle de l’enseignement secondaire (72% contre 75% en moyenne dans l’OCDE), la qualitĂ© de l’air dans les grands centres urbains, la sĂ©curitĂ©, le taux d’emploi (plus bas) et le taux de chĂŽmage de longue durĂ©e (plus haut).

Ainsi, 62% des citoyens de 15 Ă  64 ans occupent un emploi contre 65% en moyenne dans l’OCDE. Par ailleurs, le rapport confirme – s’il le fallait encore – les inĂ©galitĂ©s Ă©conomiques importantes dans la population, calculant que les 20% les plus aisĂ©s touchent environ quatre fois le montant perçu par les 20% les plus modestes.

Heureusement, nous tirons aussi la moyenne OCDE vers le haut dans certains domaines : notre salaire moyen, le patrimoine financier des mĂ©nages, le temps de loisirs, le nombre moyen de piĂšces par personne dans les logements, la qualitĂ© de l’eau, l’espĂ©rance de vie ou encore le taux de participation aux Ă©lections.

Par exemple, l’espĂ©rance de vie Ă  la naissance est de 81 ans (83 ans pour les femmes et 78 pour les hommes), soit un an de plus que la moyenne de l’OCDE.

En ce qui concerne le taux de participation Ă©lectorale, notre score de 89% est certes Ă©levĂ© en comparaison avec le taux moyen de 68% de l’OCDE, mais il serait erronĂ© de l’attribuer Ă  un fort engagement politique, Ă©tant donnĂ© le caractĂšre obligatoire du vote en Belgique. Une autre donnĂ©e indique d’ailleurs qu’à peine 72,4% des jeunes Belges de 14 ans dĂ©clarent avoir l’intention de voter Ă  l’ñge adulte, ce qui est l’un des pourcentages les plus faibles de la zone OCDE.

Certains rĂ©sultats positifs mĂ©ritent d’ĂȘtre soulignĂ©s : 94% d’entre nous pensons connaĂźtre quelqu’un sur qui compter en cas de besoin, contre 88% en moyenne dans l’OCDE. De plus, sur une Ă©chelle de 1 Ă  10, les Belges Ă©valuent Ă  7,3 leur niveau global de satisfaction Ă  l’Ă©gard de la vie, alors que la moyenne OCDE est de 6,6. Enfin, 74% des belges s’estiment en bonne santĂ©, tandis que le pourcentage moyen de l’OCDE est de 69%.

Bref, le Belge se sent mieux entouré, en meilleure santé et plus satisfait de sa vie que les citoyens des autres pays


Focus sur les régions

Des données nationales sont utiles aux comparaisons internationales. Cependant, celles-ci ne permettent pas de comprendre la réalité des conditions de vie, surtout lorsque les écarts par rapport aux moyennes nationales sont importants.

Au sein des pays, il existe en effet de grandes disparitĂ©s rĂ©gionales dans tous les domaines observĂ©s, qui se rĂ©percutent sur le bien-ĂȘtre. Afin de pallier ce manque, l’OCDE a entrepris d’affiner son analyse en relevant des mesures dans 362 grandes rĂ©gions, dont les trois rĂ©gions belges. Les rĂ©sultats indiquent que les inĂ©galitĂ©s de revenu sont assez faibles entre Wallonie, Flandre et Bruxelles-Capitale (par rapport Ă  d’autres pays de l’OCDE), tout comme les inĂ©galitĂ©s dans les niveaux d’Ă©tude.

D’autres Ă©carts sont en revanche plus marquĂ©s : le taux de chĂŽmage est de 5,1% en Flandre et de 18,3% dans la rĂ©gion de Bruxelles-Capitale, ce qui reprĂ©sente l’un des Ă©carts les plus importants de la zone OCDE.

Ou encore, les mĂ©nages qui disposent d’un revenu infĂ©rieur Ă  50% du revenu belge mĂ©dian sont 5,6% en Flandre, contre 22,1% Ă  Bruxelles.

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Les enfants, notre avenir

Les rĂ©sultats scolaires des jeunes belges ne sont pas fameux, mais encore ? Notons que 19% des enfants belges estiment que leur Ă©tat de santĂ© est moyen ou mĂ©diocre, contre 13,6% en moyenne dans l’OCDE. Sur le plan matĂ©riel, le constat est Ă©galement prĂ©occupant : 12,6% d’entre eux – soit un enfant sur huit – vivent dans un mĂ©nage sans adulte occupant un emploi, ce qui reprĂ©sente Ă  nouveau l’un des pourcentages les plus Ă©levĂ©s de l’OCDE.

En ce qui concerne leurs relations interpersonnelles, les adolescents belges sont moins susceptibles de communiquer facilement avec leurs parents et passent moins de temps avec eux qu’en moyenne dans l’OCDE. En outre, 16,5% des enfants – un sur six – dĂ©clarent avoir subi des brimades au moins deux fois au cours des deux derniers mois, ce qui place la Belgique au troisiĂšme rang des pays membres. NĂ©anmoins, les Ă©lĂšves belges sont 75% Ă  penser que la plupart de leurs camarades de classe sont gentils et serviables, contre 68,2% en moyenne dans l’OCDE.

Le plus interpellant, ce sont les inĂ©galitĂ©s socioĂ©conomiques qui frappent les enfants. Elles dĂ©pendent de celles que vivent leurs parents
 et prĂ©parent celles qu’ils vivront adultes. L’origine familiale augmente ou diminue les risques : naissez dans une famille aisĂ©e et vous aurez une meilleure santĂ© que la moyenne, vous entretiendrez de meilleures relations avec vos parents et avec les autres enfants, vous dĂ©velopperez plus de compĂ©tences et un engagement citoyen plus fort, vous serez moins exposĂ©s au harcĂšlement et vous Ă©prouverez un sentiment d’appartenance plus fort envers l’école.

Si les revenus de vos parents sont plus modestes, vous trouverez les autres enfants moins gentils et serviables et vous serez plus susceptibles d’ĂȘtre victimes de brimades Ă  l’école. En plus d’avoir de moins bonnes compĂ©tences en comprĂ©hension de l’écrit et en rĂ©solution de problĂšmes, vous serez moins satisfaits de votre vie, vous communiquerez moins bien avec vos parents et vous aurez moins l’intention de voter lors des Ă©lections Ă  l’ñge adulte. Il ne s’agit bien sĂ»r pas de prĂ©dictions mais de probabilitĂ©s. Ce n’en est pas moins profondĂ©ment injuste


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Tableau: Le bien-ĂȘtre des enfants en Belgique, en page 3 du rapport Comment va la vie en Belgique ?

Source: OCDE (2016), Comment va la vie en Belgique?, http://www.oecd.org/fr/statistiques/comment-va-la-vie-23089695.htm

Performances des systÚmes de santé

Une autre publication de l’OCDE, le Panorama de la santĂ©, s’intĂ©resse Ă©galement Ă  la santĂ© et Ă  ses dĂ©terminants, en braquant notamment le projecteur sur les performances des systĂšmes de santĂ©. Quelques observations choisies parmi l’avalanche de donnĂ©es disponibles :

  • Le nombre de mĂ©decins et d’infirmiers n’a jamais Ă©tĂ© aussi Ă©levĂ© dans l’OCDE. NĂ©anmoins, les spĂ©cialistes Ă©tant plus de deux fois plus nombreux que les gĂ©nĂ©ralistes, l’accĂšs aux soins primaires n’est pas garanti pour tous.
  • Les dĂ©penses de santĂ© Ă  charge des patients reprĂ©sentent des obstacles Ă  l’accĂšs aux soins. La proportion de la facture assumĂ©e par les patients varie fortement suivant les pays mais en moyenne, les mĂ©nages Ă  faible revenu sont quatre Ă  six fois plus susceptibles de renoncer Ă  des soins pour des raisons financiĂšres que les mĂ©nages plus aisĂ©s.
  • En une dizaine d’annĂ©es, le diagnostic et le traitement de plusieurs maladies et problĂšmes de santĂ© mortels se sont amĂ©liorĂ©s : accident vasculaire cĂ©rĂ©bral, crise cardiaque, cancer
 De mĂȘme, les maladies chroniques semblent ĂȘtre mieux prises en charge et nĂ©cessiter moins d’hospitalisations Ă©vitables. NĂ©anmoins, certains pays de l’OCDE affichent des rĂ©sultats moins positifs.
  • Les dĂ©penses pour des mĂ©dicaments reprĂ©sentent 20% de frais de santĂ© en moyenne et augmentent spĂ©cialement en milieu hospitalier. Certains pays prescrivent jusqu’Ă  quatre fois plus d’antibiotiques que d’autres.

Constater n’est qu’un premier pas vers le changement. Pour aller plus loin, l’OCDE a rĂ©cemment pris position

https://www.oecd.org/fr/sante/une-nouvelle-approche-s-impose-face-a-la-hausse-des-prix-des-medicaments.htm « > sur la hausse des prix des mĂ©dicaments ainsi que sur la trop lente Ă©volution des services de santĂ© pour faire face Ă  l’augmentation des maladies chroniques.

Par ailleurs, le 17 janvier 2017, les représentants des pays membres et partenaires ont produit ensemble une déclaration ministérielle de 19 pages

http://www.oecd.org/fr/sante/ministerielle/declaration-ministerielle-2017.pdf « >. Cette dĂ©claration engage les pays Ă  promouvoir des systĂšmes de santĂ© de qualitĂ© pour tous, Ă  adapter ceux-ci aux nouvelles technologies et Ă  l’innovation, Ă  les recentrer sur la personne et Ă  encourager le dialogue et la coopĂ©ration internationale.

La prochaine rĂ©union des ministres de la santĂ© de l’OCDE, prĂ©vue dans cinq Ă  six ans, sera certainement l’occasion de faire le point sur les avancĂ©es effectives.

Les 35 pays membres de l’OCDE

Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Chili, CorĂ©e du Sud, Danemark, Espagne, Estonie, États-Unis, Finlande, France, GrĂšce, Hongrie, Irlande, Islande, IsraĂ«l, Italie, Japon, Lettonie, Luxembourg, Mexique, NorvĂšge, Nouvelle-ZĂ©lande, Pays-Bas, Pologne, Portugal, RĂ©publique slovaque, RĂ©publique tchĂšque, Royaume-Uni, SlovĂ©nie, SuĂšde, Suisse et Turquie.

Sources

La santĂ© repose sur trois piliers principaux: le niveau d’activitĂ© au sens le plus large, la qualitĂ© de la nutrition et du sommeil. Les armĂ©es amĂ©ricaine et canadienne l’ont bien compris en choisissant cette triade comme fondement de la santĂ© et de la productivitĂ© des militaires et de leur famille.

Impact de la santé du sommeil sur les activités humaines

Comme on passe un tiers de sa vie Ă  dormir, sur la vie entiĂšre le sommeil est l’activitĂ© qui occupe le plus de temps si on compare le temps de sommeil au temps consacrĂ© aux autre activitĂ©s. Selon l’American Time Use Survey, durant la pĂ©riode de la vie consacrĂ©e Ă  l’activitĂ© professionnelle, les AmĂ©ricains travaillent en moyenne 430 minutes par jour et dorment 467 minutes (Barnes et al. 2012). Le sommeil est donc bien l’activitĂ© prĂ©pondĂ©rante durant l’existence mais quel impact le sommeil peut-il avoir sur les autres activitĂ©s?

La plupart des professionnels de la santĂ© ont Ă©tĂ© formĂ©s pour attĂ©nuer ou guĂ©rir les maladies et leurs sĂ©quelles. Leurs champs d’intervention s’inscrivent pour l’essentiel en aval des maladies. Le sommeil n’y Ă©chappe pas. Il peut ĂȘtre utile de renverser la perspective traditionnelle en mĂ©decine et de s’interroger non sur les principales maladies du sommeil comme l’insomnie ou le syndrome des apnĂ©es du sommeil et leurs consĂ©quences mais plutĂŽt sur les Ă©lĂ©ments constitutifs de la santĂ© du sommeil. Cette façon de voir est opĂ©rante pour la prĂ©vention primaire.

La santĂ© du sommeil peu ou mal dĂ©finie. Cela n’a rien d’étonnant quand on connaĂźt la difficultĂ© de cerner le concept plus large de santĂ©. Habituellement, en français, une bonne nuit de sommeil est suivie d’un Ă©tat oĂč le sujet se dit frais et dispos (fit and well en anglais) pour la journĂ©e qui commence mais cette affirmation n’est qu’un Ă©lĂ©ment subjectif.

Selon Buysse (2014) la santĂ© du sommeil peut ĂȘtre caractĂ©risĂ©e selon 5 dimensions mesurables:

  1. durĂ©e du sommeil c’est-Ă -dire quantitĂ© de sommeil obtenue en 24h;
  2. continuité du sommeil ou efficience: facilité à tomber endormi et à se rendormir;
  3. moment adéquat (timing): positionnement adapté du sommeil dans les 24h;
  4. vigilance/somnolence: capacitĂ© Ă  soutenir l’attention;
  5. satisfaction/qualitĂ©: Ă©valuation subjective du ‘bon’ ou ‘mauvais’ sommeil .

À partir de lĂ , on obtient la dĂ©finition suivante de la santĂ© du sommeil: «un processus multidimensionnel fait de sommeil et d’éveil adaptĂ© Ă  l’individu, aux exigences sociales et environnementales qui favorise le bien-ĂȘtre physique et mental.Une bonne santĂ© du sommeil est caractĂ©risĂ©e par une satisfaction subjective, un moment et un timing appropriĂ©s, une efficience Ă©levĂ©e, une vigilance soutenue durant les heures d’éveil» (Buysse, 2014).

La durĂ©e moyenne d’une nuit satisfaisante pour la santĂ© est estimĂ©e Ă  7-8h tant pour les hommes que les femmes Ă  rĂŽles Ă©gaux alors qu’une durĂ©e supĂ©rieure Ă  9h ou infĂ©rieure Ă  6 h ou moins est nĂ©faste et s’accompagne de pathologies telles que maladies cardio-vasculaires, obĂ©sitĂ©, diabĂšte de type 2, immunodĂ©ficience, troubles respiratoires et augmentation de la mortalitĂ© de toutes causes (e.a. cancers, accidents, suicide) (Kripke et al. 2002; Watson et al. 2015).

Comportements quotidiens et habitudes

Comportements qui réduisent le besoin de dormir au moment du coucher
‱ activitĂ© insuffisante durant la journĂ©e
‱ se reposer durant la journĂ©e alors qu’on n’est pas fatiguĂ©Habitudes liĂ©es au sommeil
‱ faire des siestes, somnoler durant la journĂ©e ou la soirĂ©e
‱ ĂȘtre semi-Ă©veillĂ© durant la soirĂ©e
‱ dormir beaucoup les week-ends.

Comportements qui perturbent la régularité du rythme veille-sommeil
‱ exposition insuffisante à la lumiùre le matin entraünant un retard de phase
‱ exposition trop prĂ©coce Ă  la lumiĂšre le matin avec avance de phaseHabitudes liĂ©es au sommeil
‱ horaires de sommeil irrĂ©guliers
‱ sommeil matinal les week-ends.

Comportements qui augmentent le niveau d’éveil, gĂȘnent l’endormissement et perturbent le sommeil
‱ fumer durant la soirĂ©e
‱ consommation excessive de cafĂ©ine pendant la journĂ©e ou aprĂšs 17h
‱ consommer de l’alcool le soir
‱ faire de l’exercice tard le soir
‱ dernier repas trop tard ou trop de liquide ingĂ©rĂ© (peut causer un reflux-gastro-oesophagien ou des mictions frĂ©quentes)
‱ rentrer tard le soir, traĂźnasser avant de se mettre au lit‱ ĂȘtre exposĂ© Ă  la lumiĂšre bleue des Ă©crans (TV, ordinateurs, tablettes, tĂ©lĂ©phone
) plus de 2h avant l’heure du coucher

Habitudes liées au sommeil
‱ apprĂ©hension durant la soirĂ©e quant au sommeil durant la soirĂ©e («Je vais encore mal dormir!»
‱ pas de routines avant le sommeil (par exemple : prendre une collation lĂ©gĂšre ou une tisane, se brosser les dents, faire un brin de toilette, lire en dehors de la chambre, Ă©couter de la musique douce, se relaxer
)
‱ parler au lit de choses stressantes
‱ au lit : regarder la TV, lire, s’engager dans des comportements incompatibles avec le sommeil avant d’éteindre les lumiĂšres, tomber endormi avec la radio ou la TV
‱ faire des efforts pour s’endormir
‱ regarder l’heure durant la nuit
‱ rester au lit durant les Ă©veils nocturnes prolongĂ©s ou rester longtemps Ă©veillĂ© au lit le matin
‱ dormir dans un environnement de sommeil inadĂ©quat: partenaire qui ronfle, bruits, lumiĂšre vive le matin ou animaux dans la chambre.

Adapté de Yang CM, Spielman AJ, Glovinsky PB. (2008) Nonpharmacologic strategies in the management of insomnia. Psychiatr Clin North Am 2006;29(4):900; with permission, in Glovinsky A. et al. Nonpharmacologic strategies in the management of insomnia, rationale implementation, Sleep Medicine Clinics, Vol. 3. N°2. (traduit par Guy Adant).

Si l’insomnie transitoire peut bĂ©nĂ©ficier d’un traitement pharmacologique, on ne peut, sauf exception, soigner une insomnie chronique avec des mĂ©dicaments (somnifĂšres et/ou anxiolytiques).

Le traitement de rĂ©fĂ©rence est un traitement psychologique fondĂ© sur une approche cognitivo-comportementale. Il consiste d’abord Ă  analyser l’insomnie en fonction d’antĂ©cĂ©dents immĂ©diats (les Ă©vĂ©nements diurnes qui prĂ©cĂšdent le problĂšme), d’en rĂ©pertorier les consĂ©quences pour l’insomniaque et son entourage et de prendre en compte les antĂ©cĂ©dents historiques (histoire de l’insomnie, caractĂ©ristiques personnelles).

Cette analyse est gĂ©nĂ©ralement complĂ©tĂ©e par la tenue d’un agenda de sommeil et par des rĂ©ponses recueillies grĂące Ă  des questionnaires validĂ©s.

Le traitement proprement dit consiste Ă  fournir Ă  l’insomniaque d’une part des moyens de lĂącher-prise et d’autre part rectifier les croyances erronĂ©es Ă  propos du sommeil pour dissiper toutes les fausses interprĂ©tations.

Ce traitement est basé sur des niveaux de preuves depuis 1994.

GA

La santĂ© du sommeil repose sur plusieurs Ă©lĂ©ments interdĂ©pendants: une journĂ©e active mais sans excĂšs si possible en partie Ă  l’extĂ©rieur oĂč l’activitĂ© est modulĂ©e par des pĂ©riodes de repos, une bonne gestion du stress, des croyances rĂ©alistes et un ensemble de comportements favorables au sommeil (Adant, 1996).

Il est intéressant de noter que dans la gestion quotidienne du temps, le sommeil comme les loisirs apparaissent négligés au profit du travail et des activités centrées sur la famille (aides aux enfants, ménage, préparation des repas) spécialement dans le genre féminin et chez les cadres.

Plus le temps de travail et le temps consacrĂ© Ă  la famille sont importants plus le temps allouĂ© au sommeil diminue et l’inverse est Ă©galement observĂ© (Barnes et al. 2012). On ne mesure probablement pas assez les effets pernicieux d’un manque de sommeil et ses consĂ©quences sur les activitĂ©s humaines. Sait-on, par exemple, que le manque d’une seule nuit de sommeil aura la mĂȘme consĂ©quence sur la coordination oculo-manuelle le matin qu’une consommation d’alcool Ă  la limite lĂ©gale (Killgore, 2010)? Ou que la somnolence au volant est responsable Ă  elle seule de 29% des accidents mortels sur les autoroutes françaises entre 2010 et 2014 alors que la baisse de la vigilance intervient pour 41%? (A.S.F.A, 2015).

ImageLes effets du manque de sommeil

Les effets de la restriction de sommeil ont été bien étudiés surtout pour la restriction de sommeil à court terme.

La restriction de sommeil Ă  court terme a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e de façon expĂ©rimentale (par exemple, une nuit de sommeil ordinaire suivie d’une nuit sans sommeil ou encore six nuits de 4h suivies par six nuits de 10h) et montre des effets sur la tolĂ©rance au glucose, une augmentation de l’activitĂ© du systĂšme nerveux sympathique, de plus hauts taux de cortisol en soirĂ©e et une rĂ©duction de sĂ©crĂ©tion de leptine (une hormone qui contrĂŽle le mĂ©canisme de satiĂ©tĂ©) ainsi qu’une augmentation de la protĂ©ine C-RĂ©active (CRP, un marqueur sanguin de l’inflammation) et une augmentation de la pression systolique.

La restriction de sommeil Ă  long terme ou restriction chronique augmente le risque de maladies cardio-vasculaires et de diabĂšte de type 2 (Alvarez et al. 2004).

L’étude de cohorte Nurses’ Health Study a rĂ©vĂ©lĂ© que les femmes qui ont des troubles du sommeil (insomnie), du ronflement, un sommeil infĂ©rieur Ă  6 h, des apnĂ©es du sommeil ou un travail postĂ© prĂ©sentent quatre fois plus de risque d’avoir un diabĂšte de type 2 (Yanping et al, 2016). Chez des individus d’ñge moyen, le syndrome mĂ©tabolique (obĂ©sitĂ© abdominale, taux de glucose Ă©levĂ© Ă  jeun, hypertension artĂ©rielle, taux bas de cholestĂ©rol HDL, Ă©lĂ©vation des triglycĂ©rides) augmente entre 48 et 83% selon que l’on se situe dans la catĂ©gorie des courts dormeurs ou des longs dormeurs comparĂ©s Ă  ceux qui dorment entre 7 et 8h par nuit.

Le syndrome mĂ©tabolique prĂ©dispose au diabĂšte de type 2 ainsi qu’aux maladies cardiovasculaires (Jennings et al. 2007).

La restriction chronique de sommeil provoque des dĂ©ficits neuro-comportementaux si de maniĂšre rĂ©pĂ©tĂ©e la nuit de sommeil est plus courte que 7h. Il s’agit de dysfonctionnements cognitifs: instabilitĂ©, rĂ©duction de l’attention et de la mĂ©moire de travail. Toutefois il existe d’importantes variations interindividuelles, ce qui suggĂšre peut-ĂȘtre que cette vulnĂ©rabilitĂ© dĂ©pend aussi d’un facteur gĂ©nĂ©tique (Banks, 2007). Les effets du manque de sommeil sur les cognitions sont en Ă©troit rapport avec l’exĂ©cution des activitĂ©s humaines et ces effets touchent presque toutes les fonctions cognitives.

Le temps de rĂ©action aux tests de vigilance psychomotrice est diminuĂ© et cela ne concerne pas seulement le cas d’un manque total de sommeil. Un dĂ©ficit de quelques heures de sommeil au-delĂ  de deux semaines a dĂ©jĂ  des rĂ©percussions nĂ©gatives. La tomographie par Ă©mission de positrons (TEP) montre que le manque de sommeil est associĂ© avec une rĂ©duction de l’activitĂ© mĂ©tabolique dans les rĂ©gions du cortex prĂ©-frontal, du cortex cingulaire, du thalamus, des noyaux gris centraux, du cervelet: toutes rĂ©gions cĂ©rĂ©brales essentielles dans les processus d’attention, de gestion de l’information et des fonctions exĂ©cutives.

À noter que les effets de la privation de sommeil sur la vigilance sont modĂ©rĂ©s par l’ñge, les sujets plus ĂągĂ©s y Ă©tant moins affectĂ©s.

La perception visuo-spatiale est aussi altĂ©rĂ©e, ce qui indique que le dĂ©ficit de sommeil diminue particuliĂšrement l’activitĂ© de l’hĂ©misphĂšre cĂ©rĂ©bral droit. Une simple nuit blanche suffit pour rĂ©duire la sensibilitĂ© visuo-spatiale lors d’une tĂąche visuo-spatiale sur ordinateur. Le dĂ©ficit de sommeil se rĂ©percute Ă©galement sur la gestion des Ă©motions et d’autres processus cognitifs comme la mĂ©morisation et la prise de dĂ©cision. Une seule nuit sans fermer l’oeil se traduit par un changement d’humeur et des cognitions nĂ©gatives comme une plus grande intolĂ©rance Ă  la frustration.

Le sommeil agit Ă  la fois sur l’encodage, la consolidation et l’intĂ©gration des informations, processus essentiels dans la mĂ©morisation. La mĂ©moire dĂ©clarative (Ă©pisodique et sĂ©mantique) est surtout diminuĂ©e en cas de privation de sommeil. Alors que la pensĂ©e convergente et la dĂ©duction logique ne sont pas touchĂ©es la pensĂ©e divergente l’est: le dĂ©ficit de sommeil affecte la crĂ©ativitĂ© (Killgore, 2010).Une bonne santĂ© du sommeil est essentielle pour ĂȘtre crĂ©atif.

Toute activitĂ© humaine, mĂȘme la plus humble, peut bĂ©nĂ©ficier de crĂ©ativitĂ© Ă  travers sa planification et sa rĂ©alisation (Adant, 2011).

ImageLes troubles du sommeil

Le trouble du sommeil le plus frĂ©quent dans la population française comme dans la population belge est l’insomnie chronique. Cette maladie concerne 19% des adultes (Gourier-FrĂ©ry, 2008). L’insomnie a des consĂ©quences importantes non seulement sur la qualitĂ© de vie mais aussi sur l’activitĂ© professionnelle. Les insomniaques seraient deux fois plus souvent absents au travail (LĂ©ger, 2011).

Le deuxiĂšme trouble le plus courant est le syndrome des apnĂ©es du sommeil (S.A.S) souvent sous-diagnostiquĂ©. Le S.A.S. touche entre 24 % des hommes et 9% des femmes entre 30 et 60 ans. La somnolence diurne induite est estimĂ©e entre 3 Ă  7% pour les hommes et 2 Ă  5% des femmes (Garvey et al. 2015). L’impact de la somnolence a surtout Ă©tĂ© mis en Ă©vidence dans les accidents de la route mais il est hautement probable que la somnolence affecte les activitĂ©s professionnelles, les activitĂ©s domestiques et les loisirs.

Dans une population de sujets en bonne santĂ© aux USA, il ressort qu’une durĂ©e de sommeil infĂ©rieure Ă  7 heures en semaine entraĂźne des difficultĂ©s dans les activitĂ©s diurnes et davantage chez les femmes. Les effets sont principalement des difficultĂ©s de concentration liĂ©es Ă  la somnolence ou la fatigue suivies par des problĂšmes de mĂ©moire ainsi que des difficultĂ©s pour travailler ou rĂ©aliser des activitĂ©s de loisir (Wheaton et al. 2011).

Il est intĂ©ressant de noter que si l’activitĂ© (physique) a un effet favorable sur le sommeil, cet effet est bi-directionnel.

Les adultes qui se plaignent d’un sommeil de mauvaise qualitĂ© sont moins actifs, prĂ©sentent des apnĂ©es du sommeil et ont moins de capacitĂ©s cardio-respiratoires que ceux qui ne s’en plaignent pas. Paradoxalement, amĂ©liorer la qualitĂ© du sommeil par exemple en traitant les apnĂ©es par pression positive continue (CPAP) n’a pas d’effet sur le niveau d’activitĂ© de la journĂ©e (Kline, 2014). La santĂ© du sommeil influence Ă©galement, comme on peut s’y attendre, les performances acadĂ©miques. 49.462 Ă©tudiant(e)s amĂ©ricain(e)s ont Ă©tĂ© interrogĂ©(e)s Ă  propos de la santĂ© de leur sommeil.

Les rĂ©sultats indiquent d’abord que les Ă©tudiants qui avaient un bon sommeil pratiquaient une activitĂ© physique modĂ©rĂ©e Ă  intense rĂ©guliĂšrement ainsi que de la musculation, se sentaient moins Ă©puisĂ©s ou jamais Ă©puisĂ©s, n’avaient pas mal au dos, ne travaillaient pas en dehors de leurs Ă©tudes et n’étaient pas anxieux. Chez les Ă©tudiantes, la santĂ© du sommeil Ă©tait meilleure chez celles qui pratiquaient une activitĂ© physique modĂ©rĂ©e Ă  intense ainsi que de la musculation, se sentaient moins Ă©puisĂ©es ou jamais Ă©puisĂ©es, n’avaient pas de relations physiquement ou psychologiquement abusives, ne fumaient pas, ne connaissaient pas de biture express, n’avaient pas eu de fractures osseuses, ne travaillaient pas ni ne faisaient pas du bĂ©nĂ©volat, ne consommaient pas de marijuana et ne se sentaient pas tristes.

Ces rĂ©sultats montrent qu’une bonne santĂ© du sommeil chez les Ă©tudiant(e)s est associĂ©e avec de meilleures performances acadĂ©miques quoique l’index de masse corporelle (BMI) soit le meilleur prĂ©dicteur de bons rĂ©sultats avant la santĂ© du sommeil (Becker, Orr & Quilter, 2008). Ceci souligne qu’il ne faut pas perdre de vue qu’un mauvais sommeil favorise l’obĂ©sitĂ© (Bjorvan et al. 2007).

Holfeld & Ruthig (2014) dans une Ă©tude longitudinale sur deux ans portant sur 426 sujets amĂ©ricains ĂągĂ©s entre 60 et 100 ans et vivant de façon indĂ©pendante dans la communautĂ© du Midwestern Ă©tudient la relation bi-directionnelle entre la qualitĂ© du sommeil et le niveau d’activitĂ©s physiques. Les auteurs de cette Ă©tude constatent que la somnolence diurne est prĂ©dictive de peu d’activitĂ©s physiques aprĂšs contrĂŽle de l’ñge et de l’indice de masse corporelle (BMI).

AprĂšs analyse statistique des variables en cause on note que le niveau d’activitĂ©s physiques des aĂźnĂ©s dĂ©pend de la qualitĂ© du sommeil prĂ©existant et non l’inverse. Hood et al (2004) ont examinĂ© les relations entre l’exposition Ă  la lumiĂšre, le niveau d’activitĂ© diurne et la qualitĂ© du sommeil dans un Ă©chantillon de 33 sujets ĂągĂ©s entre 65 et 85 ans. Les sujets Ă©taient tous en bonne santĂ©, vivant de maniĂšre indĂ©pendante, physiquement aptes et ne prĂ©sentaient pas de pathologies susceptibles d’altĂ©rer leur sommeil. Ils n’étaient ni dĂ©primĂ©s, ne prĂ©sentaient pas de troubles cognitifs et ne prenaient pas de mĂ©dication qui pouvait perturber leur sommeil. La qualitĂ© du sommeil Ă©tait Ă©valuĂ©e par le PSQI et la Morningness Eveningness Scale.

À l’analyse des rĂ©sultats les auteurs concluent qu’il existe une relation prĂ©dictive forte entre la qualitĂ© du sommeil mesurĂ©e par l’immobilitĂ© la nuit, l’activitĂ© diurne et l’exposition Ă  la lumiĂšre naturelle ((≄ 3000 lux). Mais on ne peut dĂ©terminer si c’est la lumiĂšre qui favorise le sommeil ou si c’est la qualitĂ© du sommeil qui favorise un style de vie actif qui prĂ©dispose Ă  une exposition Ă  la lumiĂšre naturelle.

Conclusion

La santĂ© du sommeil influence l’état de santĂ© global de l’individu et a des consĂ©quences multiples sur la qualitĂ© des activitĂ©s humaines. Un bon sommeil bĂ©nĂ©ficie Ă  la rĂ©cupĂ©ration physique et mentale comme d’ailleurs l’élĂ©mentaire bon sens le pressent. Comme l’état gĂ©nĂ©ral est meilleur, la vitalitĂ© est plus grande et les fonctions psychomotrices et cognitives en tirent profit. Ceci rejaillit tout naturellement sur la qualitĂ© des activitĂ©s scolaires, acadĂ©miques, professionnelles et de loisirs. Chez les aĂźnĂ©s, la santĂ© du sommeil favorise les activitĂ©s de temps libre, clĂ©s de l’équilibre bio-psycho-social et protĂšge des symptĂŽmes dĂ©pressifs qui peuvent toucher de 15 Ă  50% des sujets selon le lieu de vie (Massoud, 2007).

La promotion de la santĂ© du sommeil Ă  tous les Ăąges de la vie consiste principalement Ă  susciter tous les comportements et toutes les attitudes bĂ©nĂ©fiques Ă  la santĂ© gĂ©nĂ©rale et Ă  l’hygiĂšne du sommeil en particulier. Elle est essentielle pour conserver et augmenter la qualitĂ© des activitĂ©s diurnes et limiter l’apparition des troubles du sommeil. Ce n’est pas aussi simple qu’il n’y paraĂźt car cela implique gĂ©nĂ©ralement une remise en cause des habitudes et des comportements dĂ©favorables au sommeil observĂ©s chez les Occidentaux. Ne conviendrait-il pas de rendre Ă  la santĂ© du sommeil sa juste place?: «La mĂ©decine actuelle du sommeil se focalise sur l’évaluation du sommeil et ses troubles mais ce que les gens veulent rĂ©ellement c’est un meilleur sommeil» (Buysse, 2014, p.15). Sacrifier le sommeil au profit de toutes les autres activitĂ©s diurnes est contre-productif pour la qualitĂ© de ces mĂȘmes activitĂ©s.Image

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La promotion de la santé est-elle probante ?

Depuis le dĂ©but des annĂ©es nonante, soit quelques annĂ©es aprĂšs la promulgation de la Charte d’Ottawa, cette question revient rĂ©guliĂšrement Ă  l’avant-plan. Que recouvre-t-elle ? Quels dĂ©bats soulĂšve-t-on quand on l’aborde ?

Christine Ferron distingue trois enjeux dans lesquels intervient la question des données probantes:

  • faire reconnaitre le caractĂšre rigoureux, pertinent, valide de dĂ©marches de promotion de la santĂ© au milieu d’une sĂ©rie d’autres approches promues pour amĂ©liorer la santĂ© de la population;
  • fonder les pratiques et les dĂ©cisions sur des donnĂ©es « scientifiquement validĂ©es » ;
  • rencontrer des interrogations sur la production, l’existence, la disponibilitĂ© et l’accessibilitĂ© de telles donnĂ©es dans le champ de la promotion de la santĂ©.

Nous reprenons ci-dessous quelques Ă©lĂ©ments de rĂ©flexions quant Ă  chacun de ces enjeux. Mais apportons d’abord une clarification sĂ©mantique. Les donnĂ©es probantes se rĂ©fĂšrent aux meilleures donnĂ©es disponibles tirĂ©es de la recherche ou d’autres types de connaissances, qui peuvent servir de base pour appuyer les pratiques ou prendre des dĂ©cisions en matiĂšre de santĂ© publique ou de promotion de la santĂ©. Cette notion n’est cependant pas univoque. Apparue dans le voisinage du terme « Evidence based medicine », elle en charrie tous les paradoxes, notamment ceux liĂ©s au jugement sur la qualitĂ© de la preuve (ou le niveau de preuve), la preuve Ă©tant une autre traduction du terme anglais « evidence ».

Cette notion de donnĂ©es probantes a Ă©mergĂ© dans la foulĂ©e d’une volontĂ© de fournir des preuves scientifiques de l’efficacitĂ© de certaines pratiques ou stratĂ©gies de promotion de la santĂ© Ă  des fins d’allocations de ressources. Les dĂ©bats autour des donnĂ©es probantes, comme ceux autour de l’efficacitĂ©, sont donc Ă©troitement liĂ©s Ă  ceux sur les paradigmes de rĂ©fĂ©rence en promotion de la santĂ©.

La promotion de la santé est efficace ?

Bien que les travaux menĂ©s sous l’égide de l’Union internationale de Promotion et d’Éducation pour la SantĂ© (UIPES) dans les annĂ©es 2000Note bas de page aient montrĂ© les piĂšges et difficultĂ©s Ă©pistĂ©mologiques, valorielles et mĂ©thodologiques soulevĂ©es par cette question, Linda Cambon l’estime rĂ©solue. Elle Ă©voqua lors de son intervention Ă  Lyon de nombreuses Ă©tudes prouvant l’efficacitĂ© et l’efficience de politiques de promotion de la santĂ© sur l’augmentation de l’espĂ©rance de vie en bonne santĂ©. Entre autres exemples, citons:

  • l’efficacitĂ© d’une combinaison de stratĂ©gies de lutte contre l’alcoolisation excessive: l’augmentation de taxes sur la vente d’alcool, la diminution de l’ñge lĂ©gal de l’accĂšs Ă  l’alcool, la pratique des interventions brĂšves en mĂ©decine de premiĂšre ligne, l’accĂšs aux traitements de substitution, etc.
  • l’efficience d’une augmentation de revenu de 100 dollars par personne sur la baisse de la mortalitĂ© gĂ©nĂ©rale dans 15 contrĂ©es europĂ©ennes entre 1980 et 2005 (Stuckler D. BMJ 2010);
  • une Ă©conomie de 7 dollars en non dĂ©penses liĂ©es Ă  un parcours de vie difficile (Scweinhart LJ (2004) Perry Preschool Project) produite par l’investissement d’1 dollar seulement dans un programme d’intervention prĂ©coce en maternelle auprĂšs d’enfants.

Fonder les pratiques et les décisions sur des données « scientifiquement validées ».

MalgrĂ© tout, de nombreuses controverses subsistent, essentiellement en lien avec l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des interventions qui se rĂ©clament de la promotion de la santĂ©, mais aussi avec une littĂ©rature de rĂ©fĂ©rence trĂšs gĂ©nĂ©ralement anglo-saxonne dans le domaine.

Par ailleurs, sauf quelques rares études dont celles citées ci-dessus, les « évidences » telles que reflétées dans la Collaboration CochraneNote bas de page concernent le plus souvent des mesures ponctuelles, comme par exemple réduction du sel imposée par la législation au secteur de production agro-alimentaire, augmentation de la taxe sur le paquet de cigarettes, couchage des bébés sur le dos plutÎt que sur le ventre, etc.

Les « Ă©tats de l’art », les expertises collectives telles que celles commanditĂ©es par exemple par l’Inserm sur des questions plus complexes telles que « InĂ©galitĂ©s sociales de santĂ© et alimentation » ne sont pas faciles Ă  traduire dans les pratiques.

En effet, « il existe un mythe tenace et pernicieux en santé publique, selon lequel la connaissance des mécanismes et des facteurs de risque des maladies constitue un savoir suffisant pour planifier des interventions de prévention et de promotion de la santé des populations »Note bas de page.

Linda Cambon suggĂšre dĂšs lors de dĂ©placer la focale des recherches: tenter de construire des donnĂ©es probantes qui intĂšgrent la complexitĂ© de la santĂ© publique c’est-Ă -dire l’influence du contexte, la question des inĂ©galitĂ©s, les conditions de transfĂ©rabilitĂ©. S’inscrivant dans la mĂȘme lignĂ©e, Christine Ferron dĂ©roule les liens entre ce dĂ©fi et les dĂ©marches de courtage de connaissance, transfert de connaissance, recherche interventionnelleNote bas de page.

BaptisĂ©e science des solutions par Louise PotvinNote bas de page, la recherche interventionnelle est un concept « chapeau », il englobe la recherche action, les recherches en santĂ© communautaire, en sciences sociales ou en sciences politiques pour peu que celles-ci visent Ă  produire des connaissances sur les interventions, les programmes et les politiques d’une nature complexe; ces programmes qui tentent d’avoir un impact sur les dĂ©terminants sociaux, culturels et environnementaux de la santĂ© et d’agir sur la rĂ©partition des facteurs de risque et de protection dans une population.

L’efficacitĂ© se mesure de la sorte en situation rĂ©elle (« effectiveness »). La « preuve » est alors construite par la confrontation de diffĂ©rentes sources de donnĂ©es: au dĂ©part de la recherche et de la littĂ©rature scientifique, des donnĂ©es expĂ©rientielles c’est-Ă -dire issues du savoir-faire des professionnels (la praxis) et des donnĂ©es contextuelles, le plus souvent issues de la littĂ©rature grise.

La notion de transfĂ©rabilitĂ© est donc complĂ©mentaire de celle de la recherche interventionnelle: elle renvoie Ă  la mesure dans laquelle les effets d’une intervention dans un contexte donnĂ© peuvent ĂȘtre atteints dans un autre contexte (Wang, 2006, Buffet et al 2007, Cambon et al 2012). Pouvoir identifier des critĂšres de transfĂ©rabilitĂ© peut ĂȘtre utile aux acteurs de terrain pour dĂ©finir dans quelle mesure des rĂ©sultats de recherche sont applicables dans leur situation.

Cette notion est elle-mĂȘme liĂ©e Ă  celle de « transfert de connaissances » dĂ©fini comme l’ensemble des mĂ©canismes d’interaction favorisant la diffusion et l’appropriation des connaissances les plus Ă  jour possible en vue de leur utilisation dans la pratique professionnelle et dans la gestion en matiĂšre de santĂ© (INSPQ, 2009).

Le courtier en connaissance quant Ă  lui, est un intermĂ©diaire au service du transfert de connaissances. Il a pour mission de favoriser les relations et interactions entre les diffĂ©rents acteurs en promotion de la santĂ© (chercheurs, professionnels, dĂ©cideurs) dans le but de produire et d’utiliser au mieux les connaissances fondĂ©es sur les preuves (Munerol L, Cambon L, Alla F, 2013).

Au travers de ces diffĂ©rentes approches, l’enjeu est clairement d’établir pour la promotion de la santĂ© des standards en dĂ©calage avec ceux utilisĂ©s dans le cadre de « l’evidence based medicine », de prĂ©voir des dĂ©marches collectives et ascendantes de production, d’utilisation et de dissĂ©mination des connaissances afin d’en renforcer l’existence, la disponibilitĂ© et l’accessibilitĂ©.

Soutenir la nécessaire collaboration entre praticiens et chercheurs

Parmi les conditions de dĂ©veloppement de donnĂ©es probantes en promotion de la santĂ©, on retrouve donc la nĂ©cessitĂ© que chercheurs, praticiens et dĂ©cideurs partagent une mĂȘme vision des finalitĂ©s et modalitĂ©s de ce type de recherche: une recherche d’utilitĂ© sociale qui rĂ©pond aux prĂ©occupations d’acteurs locaux, en cohĂ©rence avec les caractĂ©ristiques du territoire dans lequel s’implante le programme, qui est menĂ©e en collaboration entre diffĂ©rentes parties prenantes entre lesquelles n’existe pas de lien de subordination, qui reconnait et prend en compte les savoirs et savoir-faire de chacun.

Des mĂ©thodologies sont en cours d’élaboration pour rendre possible ce type de recherche selon des critĂšres de rigueur qui amĂšneront la production d’une connaissance transfĂ©rable sur les interventions.

En Wallonie et Ă  Bruxelles, Ă  l’heure actuelle, le principal obstacle reste la mise en place de conditions de collaborations entre praticiens et chercheurs: que les financements des projets et des services prĂ©voient du temps Ă  consacrer au processus de recherche et aussi que les chercheurs soient financĂ©s pour ce type de recherches partenariales, systĂ©miques, qui demandent plus de temps pour faire Ă©merger des rĂ©sultats exploitables selon les critĂšres acadĂ©miques classiques.

Le lecteur dĂ©sireux d’approfondir ces dĂ©bats se rĂ©fĂ©rera de façon utile au numĂ©ro hors-sĂ©rie 1,2004 de la revue « Promotion and Education » , https://ufr-spse.u-paris10.fr/servlet/com.univ.collaboratif.utils.LectureFichiergw?ID_FICHIER=1348818743470

Cochrane (Trusted evidence. Informed decisions. Better health). Voir http://www.cochrane.org/ ou en francais http://france.cochrane.org/

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« Recherche interventionnelle en santé publique: quand chercheurs et acteurs de terrain travaillent ensemble », La Santé en action, n° 425, septembre 2013 disponible à ce lien

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Quels sont les examens à (ne pas) réaliser avant une opération?

Avant une intervention chirurgicale, il est habituel de faire passer au futur opĂ©rĂ© toute une batterie d’examens comme des analyses de sang et d’urine, un Ă©lectrocardiogramme, une radiographie du thorax ou d’autres examens d’imagerie mĂ©dicale. Ces examens sont censĂ©s dĂ©tecter d’éventuels risques pour la santĂ© du patient pendant ou aprĂšs l’opĂ©ration (risque opĂ©ratoire). Mais ceux que l’on pratique sont-ils vĂ©ritablement toujours nĂ©cessaires, notamment quand le patient ne prĂ©sente aucun symptĂŽme particulier?

Le Centre fĂ©dĂ©ral d’Expertise des Soins de santĂ© (KCE) a mis 15 examens classiques sous la loupe pour voir ceux qui sont (ou pas) Ă  recommander en routine en cas de chirurgie non-urgente (Ă  l’exception de la chirurgie cardiaque ou thoracique).

Des examens qui ont souvent peu de valeur ajoutée

Il y a trente ans, des Ă©tudes ont montrĂ© que les examens prĂ©opĂ©ratoires ne contribuaient guĂšre Ă  faire baisser les risques pendant et aprĂšs l’opĂ©ration chez les patients qui ne prĂ©sentaient aucun symptĂŽme Ă©voquant l’un ou l’autre problĂšme de santĂ©. Par ailleurs, les bĂ©nĂ©fices de certains de ces examens ne contrebalançaient pas leurs inconvĂ©nients (par exemple, une irradiation lors d’un examen radiologique). De plus, cette Ă©tude avait mis en lumiĂšre d’importantes variations entre les pratiques des hĂŽpitaux, qui ne pouvaient s’expliquer valablement par des raisons mĂ©dicales.

Dans ses nouvelles recommandations cliniques, le KCE a analysĂ© 15 examens prĂ©opĂ©ratoires pour dĂ©terminer lesquels devraient (ou pas) ĂȘtre rĂ©alisĂ©s chez les patients (de plus de 18 ans) devant subir une intervention chirurgicale non urgente, Ă  l’exception de la chirurgie cardiaque, pulmonaire ou de transplantation.

Pour ce travail, le KCE s’est basĂ© sur des recommandations similaires tout rĂ©cemment Ă©mises par ses collĂšgues anglais du trĂšs rĂ©putĂ© NICE (National Institute for Health and Care Excellence), en les complĂ©tant par une recherche dans la littĂ©rature scientifique. Les recommandations ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es en Ă©troite collaboration avec les praticiens de terrain et les associations de patients.

7 examens recommandés dans certaines circonstances

En fonction de l’état de santĂ© du patient et de la gravitĂ© de l’intervention, les tests suivants sont recommandĂ©s ou Ă  envisager:

  • des examens cardiaques: Ă©lectrocardiogramme de repos, Ă©chocardiographie de stress, scintigraphie myocardique;
  • des analyses de sang: formule sanguine complĂšte, tests de la fonction rĂ©nale, test de coagulation;
  • une analyse d’urine.

La radiographie du thorax n’est pas recommandĂ©e

Le rapport du KCE Ă©numĂšre aussi une sĂ©rie d’examens qui ne sont jamais recommandĂ©s en routine si le patient ne prĂ©sente aucun symptĂŽme spĂ©cifique de l’un ou l’autre problĂšme de santĂ© particulier. Pourtant, ces examens sont encore rĂ©guliĂšrement pratiquĂ©s avant une opĂ©ration non urgente. Comme l’explique le Dr Joan Vlayen, auteur principal de l’étude du KCE, «un exemple typique est la radiographie de thorax. Cet examen n’a qu’une valeur prĂ©dictive trĂšs limitĂ©e quant au risque de complications pendant et aprĂšs l’opĂ©ration. Par contre, il expose le patient Ă  des rayons X potentiellement nocifs.»

D’autres examens qui ne sont pas recommandĂ©s en routine sont l’échographie cardiaque de repos, l’angioscanner coronaire, les Ă©preuves d’effort cardio-respiratoires, les Ă©preuves fonctionnelles respiratoires (y compris la mesure des gaz du sang), les tests de sommeil (polysomnographie), la mesure de l’hĂ©moglobine glyquĂ©e et les tests de la fonction hĂ©patique.

Quelques exemples concrets

Une opĂ©ration d’ablation des varices est prĂ©vue chez Madame N. (43 ans). Elle est en bonne santĂ©. Aucun examen prĂ©opĂ©ratoire ne doit ĂȘtre pratiquĂ©.

M. L. (61 ans) souffre de diabĂšte de type 2, bien suivi et bien Ă©quilibrĂ© avec de l’insuline. Il doit ĂȘtre opĂ©rĂ© d’une hernie inguinale. Étant donnĂ© son traitement par insuline, il est recommandĂ© de pratiquer chez lui un ECG de repos; l’exploration de la fonction rĂ©nale peut Ă©galement ĂȘtre envisagĂ©e.

M. J. (68 ans) a une hypertension bien contrĂŽlĂ©e par un mĂ©dicament antihypertenseur de type inhibiteur de l’enzyme de conversion. Il doit subir une arthroscopie du genou. Étant donnĂ© son Ăąge et le type de traitement antihypertenseur qu’il reçoit, il court un risque d’insuffisance rĂ©nale. Pour cette raison, on peut envisager de faire des tests de la fonction rĂ©nale, ainsi qu’un ECG de repos. Par contre, une radio de thorax ne prĂ©sente pas d’intĂ©rĂȘt chez lui et n’est donc pas recommandĂ©e.

Mme C. (51 ans) a une atteinte du foie due Ă  sa consommation excessive d’alcool. Elle doit se faire placer une prothĂšse de genou. Il est recommandĂ© de pratiquer chez elle des tests de la fonction rĂ©nale ainsi qu’une formule sanguine complĂšte. On peut aussi envisager des tests de coagulation et une culture d’urine.

Mme M. (52 ans), fumeuse depuis toujours, a une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) sĂ©vĂšre. On doit procĂ©der chez elle Ă  une hystĂ©rectomie totale. Il est recommandĂ© de pratiquer des tests de la fonction rĂ©nale et une formule sanguine complĂšte. Pour le suivi clinique de sa BPCO, on pourra Ă©galement envisager une radiographie du thorax (mais ceci ne constituera pas, dans ce cas prĂ©cis, un examen ‘de routine’).

M. S. (68 ans) porte un pacemaker mais sa fonction cardiaque est bonne (pas de dĂ©compensation). Il doit se faire placer une prothĂšse de hanche. On recommande des tests de la fonction rĂ©nale et une formule sanguine complĂšte, et on peut Ă©galement envisager un ECG de repos et une culture d’urine. Par contre, il ne sera pas nĂ©cessaire de pratiquer une Ă©chographie cardiaque ni une radio de thorax avant l’intervention.

Une ‘appli’ gratuite pour les mĂ©decins et les patients

Ces recommandations doivent contribuer Ă  amĂ©liorer la qualitĂ© des soins et Ă  une diminution des examens inutiles ou nocifs. Elles s’adressent Ă  tous les praticiens concernĂ©s par la prĂ©paration d’une intervention chirurgicale et/ou par l’intervention elle-mĂȘme (notamment les anesthĂ©sistes, chirurgiens, cardiologues, radiologues, biologistes cliniques, mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes). Elles peuvent Ă©galement intĂ©resser les patients et leurs proches, les directions d’hĂŽpitaux et les dĂ©cideurs politiques.

Le KCE suggĂšre que le Conseil national de promotion de la qualitĂ© (CNPQ) fournisse aux hĂŽpitaux belges, sur la base de recommandations publiĂ©es dans ce rapport, un ‘retour’ au sujet de leur recours aux examens prĂ©opĂ©ratoires. Cela s’est dĂ©jĂ  passĂ© en 2004, sur la base des premiĂšres recommandations publiĂ©es par le KCE sur les tests prĂ©opĂ©ratoires.

Le KCE a Ă©galement dĂ©veloppĂ© une application pour tablettes, smartphones et PC reprenant les recommandations. Elle peut ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ©e gratuitement via l’App store (iOS), Google play (Android) ou sur le site http://preop.kce.be.

Comment la Charte d’Ottawa s’est implantĂ©e en Belgique francophone

Texte d’aprĂšs une confĂ©rence introductive donnĂ©e Ă  Toulouse le 16 juin 2016,dans le cadre d’une JournĂ©e d’échanges rĂ©gionale (JER) organisĂ©e Ă  l’occasion du 30e anniversaire de la Charte d’Ottawa. Cette journĂ©e Ă©tait organisĂ©e par l’Instance rĂ©gionale d’éducation et de promotion de la santĂ© d’Occitanie (www.ireps-occitanie.fr) et la FĂ©dĂ©ration nationale d’éducation et de promotion de la santĂ© (www.fnes.fr).

On a observĂ© en Belgique francophone un mouvement de professionnalisation et d’organisation de l’éducation pour la santĂ©: une sĂ©rie d’acteurs professionnels se sont impliquĂ©s et se sont progressivement structurĂ©s dans des associations.

Au dĂ©but des annĂ©es 1980, les enjeux pour ces acteurs sont la qualitĂ©, l’amĂ©lioration des pratiques et des services, ainsi que l’ancrage local. On parle d’éducation pour la santĂ© mais les prĂ©misses de la Charte d’Ottawa sont dĂ©jĂ  prĂ©sentes, puisque l’on parle aussi de promouvoir la santĂ©, d’éthique, de santĂ© globale, d’émancipation sociale, d’amĂ©lioration des cadres de vie et de la qualitĂ© de vie.

En 1997, le dĂ©cret sur la promotion de la santĂ© est votĂ© par le parlement francophone belge. Il prĂ©voit de dĂ©finir des prioritĂ©s de promotion de la santĂ© sur cinq ans et encadre l’agrĂ©ment de structures ayant pour but de dĂ©velopper des synergies locales. Ces structures, les centres locaux de promotion de la santĂ©, ont des missions similaires Ă  celles des comitĂ©s dĂ©partementaux d’éducation pour la santĂ© en France (CODES).

Le dĂ©cret prĂ©voit un financement pluriannuel pour ces activitĂ©s et marque la volontĂ© d’intĂ©grer dans un mĂȘme cadre la mĂ©decine prĂ©ventive, la promotion de la santĂ© et l’éducation pour la santĂ©.

Bilan en demi-teintes

Le bilan que l’on peut dresser du dĂ©cret de 1997 permet de retenir tout d’abord la diversitĂ© d’acteurs qui ont appliquĂ© des objectifs et des mĂ©thodes d’intervention communs, des cadres de rĂ©fĂ©rence communs, basĂ©s sur des textes internationaux et des connaissances scientifiques, dans des interventions qui dĂ©passent le champ de la santĂ©. L’esprit est celui de l’empowerment, de l’action sur les milieux de vie, de l’action intersectorielle, de la rĂ©duction des inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ© et du plaidoyer pour des politiques publiques saines. En crĂ©ant cette culture commune d’intervention, les acteurs de promotion de la santĂ© se sont professionnalisĂ©s en se formant dans les universitĂ©s, mais aussi en confrontant leurs pratiques dans des dĂ©marches collectives afin d’en dĂ©finir les critĂšres de qualitĂ©. Cette conception de la qualitĂ© Ă©tait largement partagĂ©e par l’administration de tutelle, qui les appliquait Ă  la conception des programmes et politiques de prĂ©vention.

Un autre Ă©lĂ©ment positif est la prĂ©sence de dĂ©clinaisons locales des programmes, d’un appui mĂ©thodologique et stratĂ©gique, et une vĂ©ritable articulation entre les stratĂ©gies de mĂ©decine prĂ©ventive et de promotion de la santĂ©.

En revanche, certains points nĂ©gatifs ne peuvent ĂȘtre ignorĂ©s. Bien qu’une toile de fond ait Ă©tĂ© tissĂ©e, il n’y a pas encore de rĂ©elle planification stratĂ©gique des actions mises en place. Par ailleurs, alors qu’a Ă©mergĂ© une identitĂ© sectorielle forte pour les acteurs de la promotion de la santĂ©, le manque de visibilitĂ© persiste, notamment auprĂšs des acteurs politiques.

On se heurte également à la difficulté de diffuser le concept de promotion de la santé de maniÚre durable en dehors du secteur, car les partenariats manquent parfois de stabilité.

Enfin, le sous-financement persistant, le manque d’investissement des politiques publiques dans la prĂ©vention, la promotion de la santĂ© et l’éducation pour la santĂ©, en comparaison avec le secteur curatif, sont des freins majeurs pour le dĂ©veloppement des actions en promotion de la santĂ© en Belgique francophone.

Espoirs et défis

Les espoirs

  • Les valeurs de la Charte d’Ottawa offrent des occasions d’alliances avec d’autres secteurs ayant des valeurs identiques. D’autres branches valorisent en effet l’action complexe, l’intelligence collective, traitent de la question des inĂ©galitĂ©s sociales et de la cohĂ©sion sociale. Le secteur du dĂ©veloppement durable en est un exemple.
  • Des alliances sont aussi possibles avec la premiĂšre ligne de soins, en particulier  le secteur de la prĂ©vention des maladies chroniques, des grands plans de prĂ©vention et de suivi de ces maladies. La promotion de la santĂ© pĂ©nĂštre de plus en plus dans le secteur du soin et dans la mĂ©decine gĂ©nĂ©rale.
  • L’accĂšs facilitĂ© aux connaissances et aux informations, et les outils pour l’action politique intersectorielle, tels que l’évaluation de l’impact sur la santĂ© (EIS), reprĂ©sentent des perspectives prometteuses pour la promotion de la santĂ©.

Les défis

Appliquer la «Santé dans toutes les politiques »

‱ Favoriser les programmes transversaux, tout en conservant la professionnalisation et l’organisation du secteur spĂ©cifique de la promotion de la santĂ©;

‱ Augmenter les compĂ©tences pour l’action intersectorielle aux diffĂ©rents paliers, notamment adapter le vocabulaire, les mĂ©thodologies aux mondes des autres secteurs tout en conservant le focus ‘santé’.

Développer de nouveaux modes de construction et de diffusion des connaissances propres à la promotion de la santé

‱ Croiser les expertises des publics concernĂ©s, des professionnels et des scientifiques;

‱ Articuler les connaissances issues de la recherche et des expĂ©riences internationales avec les savoirs issus de la pratique des professionnels et des populations locales.

Contribuer à la lutte contre les inégalités sociales

‱ Renforcer le continuum ‘promotion de la santĂ©-prĂ©vention-soins’, c’est-Ă -dire l’accompagnement dans et en-dehors du systĂšme de santĂ©, tout au long du parcours de vie des individus;

‱ Conserver l’enfance comme cible prioritaire;

‱ AccroĂźtre l’universalisme proportionnĂ© dans les programmes et politiques;

‱ Prendre en compte la dimension territoriale des inĂ©galitĂ©s;

‱ Agir globalement sur les facteurs individuels, collectifs et contextuels.

Bisbrouille dans la tambouille

Description

Matériel

Contenu de ‘Bisbrouille dans la tambouille’

  • Un guide d’utilisation comprenant des repĂšres thĂ©oriques, 10 ‘brise-glace’, 6 modules d’animation identifiables par 6 couleurs, 28 dĂ©fis, 1 Ă©valuation pour l’animatrice(teur), 22 ressources pour mettre en place un projet collectif;
  • des supports matĂ©riels en lien avec les modules (facilement identifiables grĂące au code couleur);
  • une clĂ© USB reprenant tous les outils, supports, ressources complĂ©mentaires, fiches Ă  imprimer pour les participants.

Tous les éléments sont téléchargeables sur le site www.alimentationdequalite.be.

Concept

Dans un monde idĂ©al, chaque produit alimentaire vendu devrait ĂȘtre ‘bon-bon-bon’ (bon au goĂ»t, bon pour la santĂ©, bon pour la planĂšte) tout en restant accessible financiĂšrement.

Ainsi, une alimentation de qualitĂ© inclut les aspects nutritionnels bien sĂ»r (Ă©quilibre, vitamines, etc.) mais aussi le goĂ»t, l’impact environnemental (pesticides, transport, emballage
), les conditions de production (respect et bien-ĂȘtre des travailleurs) et un prix accessible Ă  tous.

Avec ‘Bisbrouille dans la tambouille’, les animateurs ont dans les mains des pistes pour les aider Ă  mener des actions de sensibilisation Ă  l’alimentation de qualitĂ© avec leur public.

Objectifs

  • RĂ©flĂ©chir aux dĂ©terminants (freins et leviers) de l’accĂšs Ă  une alimentation de qualitĂ©
  • Envisager les possibles et les limites au changement
  • ExpĂ©rimenter de nouvelles attitudes
  • DĂ©culpabiliser par rapport aux messages normatifs de santĂ© publique
  • DĂ©battre avec les participants de leurs moyens d’action

Conseils d’utilisation

Le parcours s’effectue au choix des animateurs, en sĂ©lectionnant un ou plusieurs modules. Ils prendront toutefois le temps de dĂ©couvrir le prĂ©ambule qui explique le cadre de rĂ©flexion qui a prĂ©sidĂ© Ă  l’élaboration de ce kit pĂ©dagogique.

Les 6 modules ‘à la carte’:

  • Les critĂšres de choix
    À quoi faites-vous attention pour vos achats de nourriture?
  • Les dĂ©terminants
    Bien manger, ce n’est pas de la tarte… Qu’est-ce qui influence nos choix alimentaires?
  • Les Ă©tiquettes
  • Comment trouver et comprendre les informations sur les produits?
  • La publicitĂ©
    Comment dĂ©coder l’information et les stratĂ©gies marketing?
  • Les freins
    Quelles pistes pour lever les freins à la consommation individuelle de légumes et de fruits?
  • Atelier du goĂ»t
    Quelle soupe choisir? Les participants sont amenés à comparer différentes soupes (industrielle/maison) à partir de différents critÚres: prix, temps, quantité de légumes, sel, additifs, goût.

Le trajet proposĂ© dĂ©bute par une interrogation sur les habitudes individuelles de courses alimentaires (module 1), se poursuit par l’évocation des difficultĂ©s Ă  manger en respectant les nombreux critĂšres de qualitĂ© (module 2), dĂ©code les dĂ©rives publicitaires (module 3), dĂ©chiffre les Ă©tiquettes alimentaires (module 4), repĂšre les freins au changement (module 5) et se termine par une sĂ©ance conviviale de fabrication/dĂ©gustation de soupe de saison (module 6).

Bon Ă  savoir

L’outil est entiĂšrement tĂ©lĂ©chargeable et disponible en prĂȘt dans les centres de documentation citĂ©s ci-dessous, et disponible Ă  la consultation Ă  l’OutilthĂšque SantĂ©, Service promotion santĂ© UNMS, Bd Anspach 1, 1000 Bruxelles. TĂ©l.: 02 515 05 81 et 02 515 05 85 (visites sur rendez-vous). Courriel: info@pipsa.be.

Il peut ĂȘtre empruntĂ© dans tous les Centres locaux de promotion de la santĂ© (CLPS), ainsi que chez Cultures & SantĂ© (Bruxelles). Certaines mutualitĂ©s Solidaris le proposent Ă©galement en prĂȘt:

OĂč trouver l’outil

Chez l’Ă©diteur: Service Promotion de la SantĂ© – UNMS, Rue St Jean 32-38, 1000 Bruxelles. TĂ©l.: +32 (0)2 515 05 85. Courriel: promotion.sante@mutsoc.be. Internet: http://www.pipsa.behttp://www.alimentationdequalite.be

Dans les centres de prĂȘt de centres locaux de promotion de la santĂ© de LiĂšge, Verviers, Brabant wallon, Bruxelles, Huy-Waremme, Mons-Soignies, Hainaut occidental, Province de Luxembourg, Namur et Charleroi-Thuin. Aussi au Centre de ressources documentaires provincial de Namur et Ă  Cultures & SantĂ©.

L’avis de PIPsa (www.pipsa.be)

Appréciation générale

Cet outil aborde la thĂ©matique de l’alimentation de maniĂšre globale. Les Ă©lĂ©ments thĂ©oriques qui le sous-tendent sont pertinents et Ă©clairants pour aborder le sujet en sortant du ‘tout nutritionnel’ et propose de nouvelles pistes d’approche du domaine en mettant particuliĂšrement l’accent sur les fruits et lĂ©gumes. L’outil est dĂ©taillĂ© et complet. Il fournit beaucoup d’élĂ©ments de comprĂ©hension. D’un point de vue documentaire, il contient quantitĂ© de ressources pertinentes.

Pour la personne chargĂ©e de l’animer, l’outil est touffu, il n’est pas forcĂ©ment facile d’entrer dedans. Sa prise en main demande du temps, on regrette l’absence d’une mise en bouche plus claire qui permettrait de s’y repĂ©rer plus aisĂ©ment.

Cet outil contient 6 modules d’animation. Les modules 1 Ă  3 pĂšchent par une mise en Ɠuvre qui manque de mise en pratique directe dans l’entrĂ©e en matiĂšre, mĂȘme si leurs objectifs et contenus sont pertinents. Ce manque de concret rend ces modules moins adaptĂ©s pour certains publics (publics prĂ©carisĂ©s, peu familiarisĂ©s avec l’écrit).

Des dĂ©fis sont proposĂ©s aux participants Ă  l’issue de chaque module. Ce principe est intĂ©ressant car il propose d’aller au-delĂ  de l’animation et de poser une action concrĂšte. Ces dĂ©fis sont pertinents et reliĂ©s aux freins. Ils sont rĂ©alistes et accessibles (pas de risque de dĂ©couragement).

L’outil nĂ©cessite un long temps de prĂ©paration et quelques adaptations en fonction du public cible, mais les possibilitĂ©s qu’il ouvre sont cohĂ©rentes avec ce temps de familiarisation.

Objectifs

  • Prendre connaissance d’informations sur l’alimentation au sens large
  • Apprendre Ă  dĂ©coder certains Ă©lĂ©ments liĂ©s Ă  la consommation (Ă©tiquetage, publicitĂ©)
  • Comprendre l’impact de certains dĂ©terminants de santĂ© dans l’accĂšs Ă  une alimentation de qualitĂ©
  • ExpĂ©rimenter, via les dĂ©fis, de nouvelles attitudes
  • ExpĂ©rimenter la prĂ©paration de lĂ©gumes.

Public

Adultes ayant un bon accĂšs Ă  l’Ă©crit et Ă  la rĂ©flexion sous sa forme actuelle; peut ĂȘtre utilisĂ© avec des adultes qui entreront plus aisĂ©ment dans du concret moyennant quelques adaptations.

Utilisation conseillée

  • Commencer par le module 6, qui met en action au niveau gustatif
  • Les modules sont numĂ©rotĂ©s, mais d’autres ordres de mise en Ɠuvre sont possibles

Avec elles, promotion de la santé et plaidoyer

«Soigner ceux que le monde oublie peu Ă  peu», porter leur voix et leurs rĂ©alitĂ©s auprĂšs du grand public et des dĂ©cideurs Ă  travers la notion de plaidoyer en santĂ©Note bas de page, sont au cƓur des objectifs de MĂ©decins du Monde Belgique. Cela dit, porter la voix pour une rĂ©duction des inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ© et une Ă©volution du cadre politico-administratif passe par des dispositifs qui impliquent au maximum, dans la revendication, les personnes rencontrant un problĂšme de santĂ©Note bas de page.

Autant que faire se peut et mĂȘme si les dĂ©cideurs ne sont pas (toujours) au rendez-vous et que les politiques n’évoluent pas (toujours), il faut que ces personnes puissent acquĂ©rir des compĂ©tences et connaissances utiles dans leur quotidien pour leur permettre de se construire in fine une meilleure santĂ©. C’est d’ailleurs ce qui est dĂ©fendu en Ă©ducation permanente et promotion santĂ© oĂč «le processus est autant valorisĂ© que le rĂ©sultat»Note bas de page. C’est avec cet objectif principal que l’atelier de travail du projet ‘Avec Elles’ en partenariat avec Vie FĂ©minine s’est mis en place avec un groupe de femmes, de janvier Ă  juin 2016. Cet article revient sur ces moments en les dĂ©crivant Ă©tape par Ă©tape, mais aussi en prĂ©sentant ce qui en est ressorti.

Un recyclage innovant: la mĂ©thode d’intervention sociologique

Comme souvent dans nos projets, nous voulions par cette expĂ©rience Ă  la fois informer sur l’accĂšs au systĂšme de santĂ© mais aussi susciter l’esprit critique Ă  propos de celui-ci Ă  partir des expĂ©riences de chacune pour une revendication. Nous nous sommes basĂ©s sur un outil employĂ© Ă  deux reprises par Vie FĂ©minineNote bas de page, inspirĂ©e de la mĂ©thode d’intervention sociologiqueNote bas de page.

Cette mĂ©thode consiste Ă  rĂ©unir lors d’une dizaine de sĂ©ances des femmes (en l’occurrence, pour ce projet) afin de rĂ©pondre Ă  une question centrale, le point de dĂ©part d’une rĂ©flexion basĂ©e sur les rĂ©cits de vie de chacune. Trois types de sĂ©ances ont alors Ă©tĂ© proposĂ©es: les premiĂšres se font entre femmes et visent Ă  mieux se connaĂźtre; d’autres permettent d’inviter des intervenants externes qui apportent un regard d’experts sur la problĂ©matique. Les derniĂšres sĂ©ances permettent de revenir sur tous les apprentissages et constats du groupe pour formuler des recommandations collectives.

Des temps pour partager, apprendre, comprendre et questionner

Pour cette premiĂšre expĂ©rience, six femmes de profils, d’ñges et statuts administratifs variĂ©s ont rĂ©pondu prĂ©sentes aux rencontres rĂ©alisĂ©es Ă  la Maison MosaĂŻque de LaekenNote bas de page. La question centrale Ă©tait «Qu’est-ce qui influence l’accĂšs aux soins de santĂ© des femmes?»

Les premiĂšres sĂ©ances ont permis de cerner et dĂ©finir ensemble la problĂ©matique. Nous sommes ainsi revenus sur la dĂ©finition de la santĂ© en nous inspirant du document ‘La santĂ© c’est aussi’Note bas de page, soit la description du systĂšme de santĂ© sous forme de pyramide. Ensuite, il a fallu dĂ©finir ce que l’on entendait par l’accĂšs aux soins: les Ă©changes ont abouti sur la «Roue du systĂšme de santé» comme mĂ©taphore illustrĂ©e dudit systĂšme. Puis, la troisiĂšme sĂ©ance a Ă©tĂ© la premiĂšre occasion de rĂ©pondre Ă  la question centrale. Les rĂ©ponses ont ensuite Ă©tĂ© rĂ©Ă©valuĂ©es, prĂ©cisĂ©es et modifiĂ©es. Le rĂ©sultat final a pris la forme d’un schĂ©ma prĂ©sentĂ© ci-dessous:Image

Suite aux Ă©changes et Ă  la demande des femmes, les sujets nĂ©cessitant un Ă©clairage d’expert (Ă©talĂ© sur trois sĂ©ances) ont Ă©tĂ©:

  • l’information sur la santĂ©, «La santĂ© mĂ©rite d’ĂȘtre protĂ©gĂ©e avant la maladie mais comment je sais ce qui est bon ou ne l’est pas?»;
  • l’accĂšs aux soins, «Pour se faire soigner, comment comprendre le systĂšme de santĂ© et les moyens d’y accĂ©der?»;
  • les droits des patients, «Une fois dans le systĂšme, malgrĂ© tout, il y a des difficultĂ©s, surtout en cas d’erreurs mĂ©dicales».

Nous avons respectivement invitĂ© Cultures&SantĂ©Note bas de page pour son travail sur la littĂ©ratie en santĂ©, MĂ©decins du Monde pour l’accĂšs aux soins et enfin la LUSSNote bas de page pour un atelier thĂ©matique sur les droits des patients.

Lors des derniÚres rencontres, les participantes ont proposé des pistes pour aller plus loin que ces échanges et ce selon trois axes:

  • transmettre autour de moi ce que j’ai appris, Ă  la Maison MosaĂŻque de Laeken mais aussi dans ma famille ou dans d’autres maisons de quartier;
  • multiplier les initiatives pour une meilleure santĂ©, soit par exemple, acquĂ©rir plus de connaissances sur la santĂ©, ou favoriser plus de transparence dans les hĂŽpitaux en proposant que les questionnaires de satisfaction remplis aprĂšs les hospitalisations soient rendus publics par chaque hĂŽpital;
  • prĂ©senter nos difficultĂ©s aux mĂ©decins et aux mutuelles, pour une meilleure construction du dialogue.

À la derniĂšre sĂ©ance, les femmes prĂ©sentes ont rĂ©flĂ©chi Ă  la crĂ©ation d’un support d’information et d’animation pour qu’elles puissent partager toutes les connaissances acquises et se faire elles-mĂȘmes relais d’un savoir prĂŽnant un meilleur accĂšs aux soins («L’oral passe mieux que les prospectus dans l’entrĂ©e du bĂątiment, qui ne sont jamais lus»).

Nous avons remis Ă  chaque participante une farde de synthĂšse avec toutes les informations qu’elles ont jugĂ©es nĂ©cessaires pour leur santĂ©, utiles pour elles et Ă  transmettre. Chaque sujet abordĂ© Ă©tait synthĂ©tisĂ© en trois messages clĂ©s illustrĂ©s par Maxime Jeune, un auteur de BD. L’objectif pour les mois Ă  venir est de les soutenir dans la transmission de ces messages autour d’elles.

Qu’est-ce que qu’on va faire de tout ce qu’on a partagĂ©?

Au-delĂ  des Ă©changes et des rĂ©sultats qu’est-ce qu’il en ressort? PremiĂšre surprise, les femmes qui ne se connaissaient pas toutes ont trĂšs vite montrĂ© une grande confiance, une Ă©coute et un respect les unes envers les autres. En plus des discussions, il y a eu l’envie de se prononcer plus largement pour faire Ă©voluer les choses («Qu’est-ce qu’on va faire de tout ce qu’on a partagĂ©?»).

L’exercice de prise de recul sur les expĂ©riences a fait Ă©merger des idĂ©es Ă  mettre en Ɠuvre: «On a le droit de parler», «Il faut qu’on s’exprime, il faut qu’on demande, il faut qu’on se renseigne», «L’accĂšs Ă  l’information n’est pas anodin mais nous avons la possibilitĂ© d’acquĂ©rir des connaissances».

Un des effets inattendus, bien que nous ne nous soyons pas prĂ©sentĂ©s comme des mĂ©decins, est que certaines femmes ont tĂ©moignĂ© d’une plus grande confiance envers le systĂšme de santĂ©. Notamment car elles pensent mieux le connaĂźtre et elles savent qu’il existe les structures de mĂ©diation pour les soutenir.

Une expérience à poursuivre?

Ce type de sĂ©ance permet de remplir les diffĂ©rents objectifs essentiels Ă  une dĂ©marche de promotion de la santĂ© et de plaidoyer. Il permet Ă  la fois de diffuser une information utile au quotidien, tout en travaillant et en alimentant un savoir personnel et collectif, reflet d’une rĂ©alitĂ© trop souvent peu tangible pour la plupart. Enfin, la subjectivitĂ© et la dĂ©marche participative des activitĂ©s proposent des recommandations utiles et pratiques Ă  appliquer.

Porter la voix ne doit donc pas se limiter Ă  rĂ©colter des tĂ©moignages mais aussi Ă  proposer un engagement qui (re)donne espoir face Ă  la perception de ne jamais ĂȘtre entendu. L’engagement dans ce processus doit aussi montrer que cela peut ĂȘtre portĂ© par une structure qui Ă©coute et d’autant plus lorsqu’il y a alliance et Ă©changes entre des partenaires.

Carlisle S. (2000) «Health promotion, advocacy and health inequalities: a conceptual framework» Health promotion international 15 (4) p. 369-376.

Davidson (1998) «La roue de la participation» dans «Action communautaire en santé. Un outil pour la pratique».

Delescluse T. (2015) «Le plaidoyer d’associations fĂ©ministes et de promotion de la santĂ© des femmes» MĂ©moire master UCL-FSP.

Vie FĂ©minine 2007 «Atelier sur les dĂ©terminants de la santĂ© de la femme» et «PrĂ©caritĂ© et femme: mĂ©thodologie de l’intervention sociologique: outil mĂ©thodologique»- Formation.

Cousin Olivier, Rui Sandrine, «La mĂ©thode de l’intervention sociologique. Évolutions et spĂ©cificitĂ©s», Revue française de science politique 3/2011 (Vol. 61), p. 513-532.

Culture&SantĂ© Asbl, «La santĂ© c’est aussi» disponible sur http://www.cultures-sante.be/nos-outils/outils-promotion-sante/item/62-la-sante-cest-aussi.html

Laurence Dhond, pour Cultures&Santé: http://www.cultures-sante.be/

Fabrizio Cantelli, pour la Ligue des Usagers des Service de Santé: http://www.luss.be/

La cybersanté en pleine évolution

Un rapport portant sur la cybersantĂ© dans la RĂ©gion europĂ©enne de l’OMS rĂ©vĂšle que des progrĂšs tangibles ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s, avec des avantages Ă©vidents pour de nombreux pays. Pourtant, malgrĂ© les exemples Ă©difiants de rĂ©ussites dans ce domaine, l’adoption de la cybersantĂ© n’est pas uniforme au sein de l’Union europĂ©enne. Qu’en est-il en Belgique?

Les enjeux de la cybersanté

La cybersantĂ© dĂ©signe toute activitĂ© dans laquelle un moyen Ă©lectronique est utilisĂ© pour fournir des informations, des ressources et des services d’ordre sanitaire. Elle couvre de nombreux domaines, notamment les dossiers de santĂ© Ă©lectroniques, la tĂ©lĂ©santĂ©, la santĂ© mobile, l’apprentissage en ligne dans le domaine sanitaire, les mĂ©dias sociaux, etc.Note bas de page

Zsuzsanna Jakab, directrice de l’OMS Europe, a dĂ©clarĂ© «le 21e siĂšcle est balayĂ© par une vague technologique, apportant avec elle un Ă©norme potentiel d’innovation sanitaire. Dans de nombreux pays, la cybersantĂ© est en train de rĂ©volutionner la prestation des soins de santĂ© ainsi que l’information sanitaire requise Ă  cet effet. Les patients deviennent de plus en plus autonomes parce qu’ils ont accĂšs aux informations et aux conseils. La qualitĂ© des soins s’amĂ©liore en consĂ©quence, mais cette situation remet en cause le rĂŽle traditionnel des professionnels de santé». En effet, notre systĂšme de santĂ© doit faire face au vieillissement de la population, Ă  l’augmentation des maladies chroniques et Ă  la complexitĂ© des pathologies. Un nombre toujours plus important de diffĂ©rents professionnels de santĂ© est impliquĂ© dans la prise en charge d’un patient, ce qui nĂ©cessite des changements dans les processus thĂ©rapeutiques. Les technologies numĂ©riques investissent aujourd’hui de plus en plus ce champ et permettent sans nul doute de rĂ©pondre Ă  cette nouvelle Ă©volution. Elles offrent un fort potentiel d’amĂ©lioration de la qualitĂ© du suivi, renforcent la sĂ©curitĂ© du patient, favorisent la collaboration des professionnels, facilitent l’échange d’informations entre ceux-ci et le patient et in fine, permettent une plus grande efficacitĂ© du systĂšme de santĂ©.

Europe, un engagement clair et des efforts Ă  poursuivre

Le rapport paru en mars 2016Note bas de page rĂ©vĂšle que 93% des États membres de l’Union europĂ©enne (42 pays) ont consacrĂ© des fonds publics aux programmes de cybersantĂ©. 81% (35 pays) dĂ©clarent que leurs organisations de soins de santĂ© utilisent actuellement les mĂ©dias sociaux pour promouvoir les messages de santĂ© dans le cadre de campagnes sanitaires. 91% (40 pays) indiquent que les personnes et les communautĂ©s ont recours aux mĂ©dias sociaux pour s’informer davantage sur les questions de santĂ©.

Ces chiffres rĂ©vĂšlent l’intĂ©rĂȘt tĂ©moignĂ© au rĂŽle potentiel des mĂ©dias sociaux comme mode de communication Ă  l’adresse des patients et des professionnels de santĂ©. NĂ©anmoins, 81% des États membres dĂ©clarent ne disposer d’aucune politique nationale rĂ©gissant l’utilisation de ceux-ci dans les soins de santĂ© qui, par consĂ©quent, reste informelle et non rĂ©glementĂ©e. De la mĂȘme façon, 73% des États membres (33 pays) ne disposent pas d’un organisme chargĂ© de la surveillance rĂ©glementaire des applications mobiles dans le domaine de la santĂ© afin d’en garantir la qualitĂ©, la sĂ©curitĂ© et la fiabilitĂ©. Les pays sont donc exposĂ©s Ă  un risque potentiel, lĂ  oĂč 80% d’entre eux ont pourtant lĂ©gifĂ©rĂ© dans le domaine de la protection de la confidentialitĂ© des donnĂ©es personnelles contenues dans les dossiers de santĂ© Ă©lectroniques.

Le rapport conclut en soulignant l’engagement des États membres en faveur de la cybersantĂ©, qu’il considĂšre comme facteur-clĂ© dans l’accĂšs aux services et informations de santĂ© en Europe, de la mĂȘme maniĂšre que dans le processus de collecte, de gestion et d’utilisation des donnĂ©es. Il propose une structure de gouvernance prĂ©cise en vue de superviser, entre autres, la mise en Ɠuvre, la lĂ©gislation, les registres cliniques et la protection juridique. Il plaide enfin pour la dĂ©finition des normes de la cybersantĂ© et pour un financement durable permettant de continuer Ă  investir dans ce champ afin de rĂ©aliser les objectifs de la politique SantĂ© 2020.

Belgique, eHealth: une plateforme multi-services pour les professionnels et les patients

En Belgique, lorsque l’on parle de cybersantĂ©, on songe naturellement Ă  la plateforme eHealthNote bas de page, instituĂ©e par la loi du 21 aoĂ»t 2008. Il s’agit d’une institution publique crĂ©Ă©e afin d’instaurer un Ă©change sĂ©curisĂ© de donnĂ©es Ă  caractĂšre personnel relatives Ă  la santĂ© entre les acteurs des soins de santĂ©. Cette plateforme propose gratuitement une sĂ©rie de services de base, qui offrent les garanties nĂ©cessaires en termes de sĂ©curitĂ© des informations, de protection de la vie privĂ©e du patient et du prestataire de soins et de respect du secret mĂ©dical.

Ainsi, la plate-forme eHealth a pour mission:

  • de promouvoir et de soutenir une prestation de services et un Ă©change d’information mutuels Ă©lectroniques bien organisĂ©s, entre tous les acteurs des soins de santĂ©;
  • avec les garanties nĂ©cessaires en ce qui concerne la sĂ©curitĂ© de l’information, la protection de la vie privĂ©e du patient et du prestataire de soins et le respect du secret mĂ©dical.

Et de cette façon:

  • d’optimaliser la qualitĂ© et la continuitĂ© des prestations de soins de santĂ©;
  • d’optimaliser la sĂ©curitĂ© du patient;
  • de simplifier les formalitĂ©s administratives pour tous les acteurs des soins de santĂ©;
  • et d’offrir un soutien solide Ă  la politique en matiĂšre de soins de santĂ©.

En 2012, un premier Plan d’action e-SantĂ© concret est Ă©tabli pour 5 ans. Les rĂ©sultats ne se font pas attendre puisque dĂ©but octobre 2015, 1,93 millions de Belges avaient dĂ©jĂ  donnĂ© leur consentement pour l’échange Ă©lectronique de leurs donnĂ©es mĂ©dicales entre prestataires de soins (ce chiffre Ă©tait de 352 000 au dĂ©but octobre 2014)Note bas de page. Durant le mois de juillet 2015, les prestataires de soins belges avaient Ă©changĂ© entre eux 3,7 millions de messages via la eHealthBoxNote bas de page sĂ©curisĂ©e (contre 2,5 millions en juillet 2014). Et chaque mois, les prestataires de soins, essentiellement les pharmaciens, se renseignaient plus de 11 millions de fois sur la situation d’assurabilitĂ© de leurs patients.

Au vu de ce succĂšs, en octobre 2015, le Plan d’action fĂ©dĂ©ral est actualisĂ© par la Ministre des Affaires sociales et de la SantĂ© publique, Maggie De Block et ses huit collĂšgues rĂ©gionauxNote bas de page, qui s’engagent Ă  exploiter de maniĂšre optimale les possibilitĂ©s de l’e-SantĂ©.

Les 10 missions du Plan d’action e-SantĂ©

  1. Le dĂ©veloppement d’une vision et d’une stratĂ©gie en matiĂšre d’eHealth.
  2. DĂ©terminer des normes, des standards, des spĂ©cifications fonctionnelles et techniques et une architecture de base utiles en matiĂšre d’ICT.
  3. Enregistrer des logiciels pour la gestion de dossiers Ă©lectroniques de patients.
  4. Concevoir, dĂ©velopper et gĂ©rer une plateforme de collaboration pour l’Ă©change Ă©lectronique de donnĂ©es sĂ©curisĂ©, ainsi que les services de base connexes.
  5. S’accorder sur une rĂ©partition des tĂąches et sur les normes de qualitĂ© et vĂ©rifier si les normes de qualitĂ© sont respectĂ©es.
  6. Promouvoir et coordonner la réalisation de programmes et de projets.
  7. GĂ©rer et coordonner les aspects ICT de l’Ă©change de donnĂ©es dans le cadre des dossiers Ă©lectroniques de patients et des prescriptions mĂ©dicales Ă©lectroniques.
  8. Intervenir en tant que tiers de confiance pour le codage et l’anonymisation de donnĂ©es Ă  caractĂšre personnel relatives Ă  la santĂ© pour le compte de certaines instances Ă©numĂ©rĂ©es dans la loi, Ă  l’appui de la recherche scientifique et de la politique.
  9. Être le moteur des changements nĂ©cessaires en vue de l’exĂ©cution de la vision et de la stratĂ©gie en matiĂšre d’eHealth.
  10. Organiser la collaboration avec d’autres instances publiques chargĂ©es de la coordination de la prestation de services Ă©lectroniques.

Ainsi, le Plan d’action actualisĂ© comporte 20 points d’action concrets. Les principales adaptations par rapport Ă  la premiĂšre version sont:

  • un focus encore plus important sur la collaboration multidisciplinaire entre prestataires de soins: face au vieillissement et Ă  l’augmentation des maladies chroniques, la collaboration entre les professionnels de santĂ© est cruciale. Il est important qu’ils puissent communiquer facilement et rapidement Ă  propos du patient et aient toujours accĂšs Ă  l’information mĂ©dicale la plus rĂ©cente. Les applications d’e-santĂ© semblent parfaitement adaptĂ©es pour rĂ©pondre Ă  ces besoins;
  • le volet complĂštement nouveau concernant le «mobile health»: grĂące Ă  des applications et des appareils mobiles, les patients peuvent mieux suivre et faire suivre leur santĂ©. C’est pourquoi un volet du plan d’action est entiĂšrement dĂ©diĂ© aux applications et appareils mobiles, Ă  leur qualitĂ© et leur sĂ©curitĂ©;
  • une attention particuliĂšre Ă  la simplification administrative: l’un des objectifs est qu’à partir du 1er janvier 2018, tous les mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes puissent envoyer Ă©lectroniquement l’attestation des soins donnĂ©s Ă  la mutualitĂ©, ce qui fera progressivement disparaĂźtre les attestations vertes et blanches. Dans cette optique, le dĂ©veloppement du service efact permettant la facturation Ă©lectronique du tiers-payant via MyCareNet (entre le mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste et les mutualitĂ©s) se rĂ©pand peu Ă  peu puisque 2000 mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes l’ont dĂ©jĂ  utilisĂ© au moins une fois (chiffres de fĂ©vrier 2016);
  • des alternatives en cas de difficultĂ©: le bon fonctionnement des e-applications est une autre prĂ©occupation des prestataires de soins. Les acteurs concernĂ©s par l’e-SantĂ© sont nombreux (mutualitĂ©s, fournisseurs de logiciels, plateforme eHealth, plateforme MyCareNetNote bas de page, etc.). Une panne chez l’un d’eux peut avoir des consĂ©quences sur l’ensemble du systĂšme. C’est pourquoi l’institution publique plateforme eHealth souhaite analyser chaque problĂšme et pouvoir proposer des alternatives qui pourraient ĂȘtre activĂ©es si l’un des systĂšmes habituels ne fonctionnait pas bien. Par ailleurs, la plateforme eHealth a maintenant plusieurs mĂ©decins ‘relais’ experts en ICT dont le rĂŽle est d’avertir immĂ©diatement la plateforme lorsqu’un problĂšme apparaĂźt dans leur cabinet mĂ©dical;
  • le patient comme copilote: les applications d’e-santĂ© mobiles et autres contribuent Ă  renforcer le rĂŽle central du patient dans ses soins de santĂ©. À partir du 1er janvier 2018, les citoyens pourront consulter leurs propres donnĂ©es mĂ©dicales en ligne grĂące au ‘personal health record’. Au moyen d’appareils mobiles et d’applis validĂ©s, ils pourront suivre personnellement des paramĂštres de santĂ© (comme le pouls et la pression artĂ©rielle). Les patients chroniques pourront communiquer Ă  distance avec leurs prestataires de soins. Les prestataires de soins auront quant Ă  eux la possibilitĂ© de transmettre Ă  leurs patients des informations digitales. Dans cette optique, l’objectif Ă  terme est que les patients puissent participer encore plus activement Ă  leurs soins et deviennent de vĂ©ritables acteurs de leur santĂ©;
  • partager l’information: l’une des conditions principales pour que l’e-santĂ© soit une rĂ©ussite est un Ă©change d’information rapide, ce qui nĂ©cessite absolument que les patients donnent leur accord (leur consentement Ă©clairĂ©) aux prestataires de soins pour qu’ils puissent partager leurs donnĂ©es mĂ©dicales. Le patient quant Ă  lui a ainsi la certitude qu’il sera toujours traitĂ© sur la base des informations les plus rĂ©centes de son dossier mĂ©dical. De plus, les doubles examens superflus peuvent ĂȘtre Ă©vitĂ©s grĂące Ă  un Ă©change Ă©lectronique aisĂ© des donnĂ©es mĂ©dicales. Ainsi, le Plan d’action accorde une attention particuliĂšre Ă  la sĂ©curisation et au respect de la vie privĂ©e en matiĂšre de donnĂ©es mĂ©dicales lors du partage d’information. Les donnĂ©es de santĂ© sur un patient sont systĂ©matiquement cryptĂ©es. Il revient au patient de dĂ©cider si ces donnĂ©es peuvent ĂȘtre partagĂ©es Ă©lectroniquement et de maniĂšre sĂ©curisĂ©e et, le cas Ă©chĂ©ant, entre quels prestataires de soinsNote bas de page.

Pour plus d’informations concernant le Plan d’action actualisĂ© 2015-2018, consultez: www.plan-esante.be ouwww.plan-egezondheid.be/wp-content/uploads/Actieplan-eGezondheid-Plan-daction-eSante.pdfPour plus d’informations sur la plateforme eHealth: www.ehealth.fgov.be/fr/propos

Cybersanté et promotion de la santé

De nombreuses Ă©tudes Ă©trangĂšres ont dĂ©jĂ  dĂ©montrĂ© le potentiel du mĂ©dia web en promotion de la santĂ©Note bas de page. S’il permet d’augmenter la portĂ©e des actions de communication dans le domaine et permet de viser de maniĂšre prĂ©cise un public donnĂ©, il permet aussi surtout de favoriser l’interactivitĂ© et la communication bidirectionnelle, si chĂšre Ă  la promotion de la santĂ©.

Dans cette optique et dans une volonté de rester proches de leurs publics en constante évolution, les acteurs de la promotion de la santĂ© francophone entrent progressivement dans l’ùre numĂ©rique, réinventent leurs techniques de communication et d’intervention et innovent.

L’exemple d’aide-alcool.be

Lancé fin 2012 par les asbl Le Pélican (Bruxelles) et Le Centre Alfa (Liège), www.aide-alcool.be est un site d’informations et d’accompagnement en ligne, avec ou sans thérapeute, qui s’adresse à toutes les personnes en Belgique francophone se posant des questions sur leur consommation d’alcool ou celle d’un proche.

Au-delĂ  du simple outil d’information, il permet Ă©galement d’offrir Ă  son public du soutien via deux programmes d’aide en ligne: le selfhelp, à réaliser de façon autonome et l’accompagnement, qui est quant Ă  lui soutenu par un psychologue. Ces consultations se déroulent sous la forme de chats, par écrit, sans son ni image, d’une durée d’une heure, sur rendez-vous, avec le même psychologue et pendant maximum trois mois.

Cette nouvelle pratique demande de nouvelles réflexions et une adaptation constante des compétences des thérapeutes en ligne. Leur pratique clinique est Ă©galement enrichie par ces suivis basés uniquement sur des échanges écrits.

Le site comptait en mai 2014 plus de 385.000 visites, près de 1400 personnes inscrites aux deux programmes d’aide proposés et plus de 1400 consultations psychologiques en ligne.

Un succès qui tient notamment au fait que le projet répond à une demande existante et vise en particulier les groupes les moins représentés dans les structures d’aide classiques, Ă  savoir les femmes, les personnes en activité et les personnes d’un niveau d’éducation supérieur. En effet, l’anonymat, la possibilité de se faire suivre de chez soi et à un horaire compatible avec l’activité professionnelle et les responsabilités familiales sont autant de facteurs favorisant cette première démarche de soins. Ainsi, la complémentarité de ce projet par rapport au suivi traditionnel permet de s’adresser à des personnes qui n’avaient jamais osé pousser la porte d’un centre de soin.

Si le projet rĂ©pond vraisemblablement Ă  une demande du public lui-mĂȘme, il semble aussi Ă  la fois innovant et riche sur le plan intellectuel et relationnel pour les professionnels qui l’encadrent.

Ainsi, Ă  l’instar d’autres pays europĂ©ens, avec son Plan d’action ambitieux, la Belgique a ouvert des perspectives aussi importantes qu’intĂ©ressantes en matiĂšre de cybersantĂ©. Perspectives auxquelles le secteur de la promotion de la santĂ© est certainement sensible, grĂące notamment Ă  l’accent qu’il met sur la collaboration multidisciplinaire entre les professionnels et l’impact positif attendu sur la qualitĂ© des soins, mais aussi au dĂ©veloppement, annoncĂ© en 2018, de nouvelles technologies favorisant le renforcement du rĂŽle central du patient en tant qu’acteur de sa propre santĂ©.

Merci à Adélie Jonckheere pour sa relecture

OMS Europe, 2016.

En juillet 2016, 3,7 millions de Belges ont déjà donné leur consentement éclairé.

L’eHealthBox est un service proposĂ© par la plateforme eHealth permetttant aux prestataires et aux administrations (hĂŽpitaux, mutualitĂ©s, etc.) de communiquer de maniĂšre sĂ©curisĂ©e.

Jo Vandeurzen (Communauté et Région flamande), Maxime Prévot (Wallonie), Rudy Demotte (Fédération Wallonie-Bruxelles), Joëlle Milquet (Fédération Wallonie-Bruxelles), Guy Vanhengel (COCOM), Didier Gosuin (COCOM), Cécile Jodogne (COCOF), Antonios Antoniadis (Communauté germanophone).

Plateforme centrale orientĂ©e service, au profit des prestataires individuels et institutions, par laquelle des informations peuvent ĂȘtre Ă©changĂ©es avec les mutualitĂ©s, d’une maniĂšre simple, fiable et sĂ©curisĂ©e.

Voir la campagne de l’Inami “Simplifiez-vous la santĂ© (mai 2015).

Lire Ă  ce propos, rĂ©fĂ©rences et exemples dans l’ebook produit par l’asbl Question SantĂ©: «Promotion de la santé et web 2.0. Réflexions et bonnes pratiques», Question Santé asbl, Février 2015.

Alice au Pays des Clopes

Au-delà de la sensibilisation, le renforcement des compétences psychosociales des jeunes

Tweedle dee: «Achetez mes clopes, ce sont de bonnes clopes. GoĂ»t menthol! GoĂ»t fruitĂ©! Cacao! Il y en a pour tout le monde. Et sans ĂącretĂ©, s’il vous plaĂźt. La fumĂ©e passera dans vos petites bronches bien profondĂ©ment! Bref, de la cibiche de compĂšt’!» Tweedle dum: «Non! Ce sont mes clopes les meilleures! Avec ou sans filtre! Classiques, bleues ou rouges! Tabac blond ou brun, de Virginie ou des Carpathes! Excellentes pour la santĂ©! Elles ont Ă©tĂ© Ă©levĂ©es en plein air, Madame! Nourries aux grains, Madame! 100 % naturelles, sans additifs!» Tels sont les mots de la premiĂšre scĂšne d’Alice au Pays des Clopes, la piĂšce de thĂ©Ăątre imaginĂ©e par une vingtaine d’élĂšves de l’internat Asty-Moulin Ă  Namur, en collaboration avec le Service PrĂ©vention Tabac du FARES, aprĂšs plus de 6 mois de travail et de rĂ©flexion


En octobre 2015, l’internat Asty-Moulin Ă  Namur sollicite l’antenne wallonne du Service PrĂ©vention Tabac du FARES rĂ©cemment crĂ©Ă©e afin de mener un travail de fond sur la thĂ©matique du tabagisme, pour et avec les 230 internes (issus de technique, gĂ©nĂ©ral et professionnel) qui y rĂ©sident.

Le constat que dressent la direction et l’éducateur responsable les interpelle: parmi les jeunes, de plus en plus fument, de plus en plus tĂŽt. À 12 ans dĂ©jĂ  pour certains. Beaucoup arrivent non-fumeurs Ă  l’internat mais, dĂšs les premiĂšres semaines, par l’influence de leurs pairs, s’initient au tabac. Ceux qui fument dĂ©jĂ  ont peu de limites, certains confient mĂȘme fumer un paquet par jour.

La direction et les Ă©ducateurs sont prĂ©occupĂ©s par cette situation, d’autant que leurs dĂ©marches pour circonscrire le phĂ©nomĂšne – notamment l’amĂ©nagement d’un fumoir accessible selon certains horaires aux jeunes Ă  partir de quinze ans ayant une autorisation parentale – ont montrĂ© leurs limites. S’ils gardent la volontĂ© de ne pas interdire ni de stigmatiser la consommation, conscients du peu d’intĂ©rĂȘt de ce type de dĂ©marche, en particulier dans un lieu de vie rĂ©sidentiel, ils s’interrogent par contre sur la maniĂšre de sensibiliser leurs jeunes de maniĂšre durable mais aussi de pĂ©renniser un projet de prĂ©vention au sein de l’établissement sans le concours systĂ©matique, annĂ©e aprĂšs annĂ©e, d’un intervenant extĂ©rieur.

Un travail d’accompagnement et de co-construction

Avant de dĂ©buter le travail avec les jeunes, le Service PrĂ©vention Tabac du FARES souhaite sensibiliser l’équipe Ă©ducative Ă  la problĂ©matique du tabagisme et des assuĂ©tudes en gĂ©nĂ©ral ainsi qu’à diverses notions propres Ă  la promotion de la santĂ©.

À cet Ă©gard, l’accent est mis sur l’importance de la participation libre des jeunes au processus de prĂ©vention et sur l’intĂ©rĂȘt de partir de leurs propres reprĂ©sentations et ressources. Ces premiers pas avec l’équipe se font autour du Parcours SansT Note bas de page, un outil pĂ©dagogique conçu pour animer des petits groupes mixtes de fumeurs et non-fumeurs autour de questions, tĂ©moignages et informations liĂ©s Ă  la consommation de tabac, et ce Ă  partir des expĂ©riences, opinions et savoirs de chacun.

Outre le partage de connaissances en matiĂšre de tabagisme et de promotion de la santĂ©, l’idĂ©e sous-jacente est de permettre aux Ă©ducateurs de s’approprier le jeu afin de pouvoir eux-mĂȘmes le rĂ©utiliser les annĂ©es suivantes avec les nouveaux internes, le turn-over Ă©tant trĂšs important dans l’établissement (de l’ordre de 50% chaque annĂ©e).

À l’issue de ce travail et aprĂšs plusieurs rĂ©unions de concertation entre le FARES, la direction de l’internat, l’éducateur responsable et les Ă©ducateurs-rĂ©fĂ©rents, se prĂ©cise la perspective de permettre aux jeunes d’ĂȘtre pleinement acteurs de la connaissance, de se situer au cƓur du processus et de faire l’expĂ©rience, Ă  titre personnel, de la mise en Ɠuvre de leurs ressources propres: les compĂ©tences psychosociales, dont le recours permet aux participants de s’approprier intimement le savoir tout en prenant conscience de maniĂšre concrĂšte des alternatives motivantes, positives et constructives Ă  un comportement ressenti comme problĂ©matique. Le groupe de travail confirme son souhait de crĂ©er un vĂ©ritable projet, durable et marquant pour les jeunes.

Ainsi, dans une optique motivationnelle, une liste d’activitĂ©s crĂ©atives susceptibles de plaire aux internes est Ă©tablie: atelier vidĂ©o, thĂ©Ăątre, slam, musique, jeu de piste, peinture, Ă©mission radio et bien d’autres.

Sur cette base, un petit questionnaire est distribuĂ© aux 230 jeunes afin qu’ils puissent marquer leur prĂ©fĂ©rence: «Un chouette projet va bientĂŽt dĂ©marrer dans ton internat. Pour le mettre en place, on a besoin de ta participation! Peux-tu cocher les activitĂ©s qu’il te plairait de rĂ©aliser avec d’autres internes dans le cadre de ce projet?» Les jeunes peuvent par ailleurs assortir cette liste de leurs propres idĂ©es d’ateliers.

La thĂ©matique n’y est pas frontalement annoncĂ©e afin de ne pas les dĂ©courager ou influencer leur choix; il s’agit de donner d’emblĂ©e une couleur ludique et interactive au projet et, la thĂ©matique, ils devront dĂšs lors la dĂ©couvrir Ă  partir d’une Ă©nigme – une anagramme du FARES. Les jeunes se prennent au jeu, proposent des ateliers supplĂ©mentaires, font des recherches sur le net pour rĂ©soudre le ‘mystĂšre’ de la thĂ©matique
 Prometteur


Quatre ateliers, un projet porteur

Au final, une vingtaine d’internes, de 11 ans Ă  18 ans, prennent part au projet, soit prĂšs de 10% de l’ensemble des jeunes de l’établissement! À l’issue du vote, quatre ateliers remportent le suffrage: le thĂ©Ăątre, la musique et le slam, la vidĂ©o et l’atelier crĂ©atif.

Prenant une place centrale dans le projet, l’atelier thĂ©Ăątre sera finalement partiellement fusionnĂ© avec l’activitĂ© slam et musique. Un petit groupe d’une dizaine de jeunes prend en mains la conception d’une piĂšce sur le thĂšme du tabagisme, piĂšce qui inclura donc en cours d’élaboration des passages chantĂ©s. En toile de fond, l’atelier vidĂ©o/documentaire. Et, enfin, l’atelier crĂ©atif, lequel s’articulera avec la rĂ©alisation de la piĂšce


Pour se familiariser avec le sujet, le Parcours SansT est Ă  nouveau utilisĂ©. Le FARES co-anime une sĂ©ance avec les Ă©ducateurs auprĂšs des participants de l’atelier vidĂ©o/documentaire, histoire que les jeunes puissent s’approprier les bases thĂ©oriques afin de se lancer dans leur reportage. À l’issue de cette animation, une liste de questions d’interview est dressĂ©e avec les jeunes. Les Ă©changes sont riches, les jeunes du groupe aux profils trĂšs diversifiĂ©s (garçons et filles, de 11 ans Ă  18 ans, fumeurs rĂ©guliers et occasionnels, non-fumeurs et ex-fumeurs) partagent leurs expĂ©riences, offrent des tĂ©moignages trĂšs personnels et apprennent beaucoup les uns des autres. Les Ă©ducateurs, jouant la carte de l’horizontalitĂ©, se livrent eux aussi. Une autre sĂ©ance Parcours SansT est prise en charge par le personnel Ă©ducatif auprĂšs des trois autres groupes.

Les ateliers peuvent vĂ©ritablement commencer! Ils se dĂ©rouleront de maniĂšre hebdomadaire, en soirĂ©e. Lors d’une rĂ©union de ‘remue-mĂ©ninges’ entre les jeunes de l’atelier thĂ©Ăątre, le FARES et les Ă©ducateurs, l’idĂ©e vient Ă  l’une des participantes de s’inspirer des personnages fantasques du cĂ©lĂšbre dessin animĂ© de Walt Disney ‘Alice au Pays des Merveilles’. Elle a tout vu et tout lu sur le sujet, Ă  commencer par l’Ɠuvre originale de Lewis Carroll. Le groupe dĂ©cide d’attribuer un profil de fumeur Ă  chaque personnage.

Absolem, la chenille sera la fumeuse de chicha, dĂ©vastĂ©e par ses effets ravageurs, rĂ©voltĂ©e contre le systĂšme qui pousse Ă  la consommation et entraĂźne la dĂ©pendance («Vous voyez, pour moi, c’est dĂ©jĂ  trop tard. Je suis trop accro (
) Chaque chicha que je fume c’est 52 cigarettes dans le coco. Je ne sais presque plus respirer. (
) Mais, les autres, vous pouvez encore les aider!»); les jumeaux Tweedle dee et Tweedle dum seront deux revendeurs de tabac, cherchant Ă  recruter Ă  tout prix de nouveaux clients; le liĂšvre et le chapelier fou quant Ă  eux, formeront un couple dont l’un des deux, fumeur passif, a contractĂ© un cancer suite Ă  la consommation incontrĂŽlĂ©e de son partenaire («Ah, Ă  propos, j’ai retrouvĂ© ton poumon dans l’escalier tout Ă  l’heure!»); Alice sera une non-fumeuse, fragile face Ă  la pression de tous les personnages qu’elle rencontre et qui la poussent Ă  la consommation, dont le groupe des trois fleurs pour lesquelles seuls les fumeurs sont dignes de considĂ©ration («Vous savez comment on part d’ici?», «On ne te le dira qu’à une condition, jeune fille
 Tire une taffe, et on te montrera le chemin
 Qu’elle est pathĂ©tique! Regardez–lĂ  jouer Ă  la grande fille! C’est qu’il faut ĂȘtre comme nous, les vraies fumeuses, fantastique pour ĂȘtre copine avec les toxiques!»); tandis que la Reine de CƓur symbolisera l’industrie du tabac, avec les cartes Ă  jouer, ses fidĂšles sujets, consommateurs convaincus et serviables («Mmmh, bien, je dĂ©tecte une bonne odeur de tabac
 Encore une consommatrice qui va m’enrichir et me dĂ©dier sa vie
.»).

Le groupe rĂ©dige ainsi le scĂ©nario, crĂ©e les personnages, leur invente une histoire, imagine leurs costumes. Dans une perspective de collaboration, d’échange des compĂ©tences et de co-construction, le texte fait quelques allers-retours entre le groupe des jeunes et le FARES, ce dernier le relisant et nourrissant les dialogues avec des Ă©lĂ©ments de contenu propres Ă  la thĂ©matique.

Les jeunes de l’atelier thĂ©Ăątre travaillent main dans la main avec ceux de l’atelier crĂ©atif, lesquels ont pour mission de rĂ©aliser les dĂ©cors et accessoires. Ainsi, ils sculptent, peignent et dĂ©coupent tasses gĂ©antes pour le thĂ©, cigarettes de la taille d’un ĂȘtre humain, cartes Ă  jouer Ă  l’effigie d’une grande marque de l’industrie du tabac, etc. Enthousiastes face aux idĂ©es de leurs congĂ©nĂšres, ils se prĂȘtent au jeu et souhaitent mĂȘme tenir un rĂŽle dans la piĂšce. Ce phĂ©nomĂšne d’émulation touche par ailleurs les jeunes de l’atelier vidĂ©o/documentaire qui, eux aussi, feront finalement partie du casting d’Alice.L’attention attirĂ©e par cet Ă©lan crĂ©atif collectif, deux jeunes internes passionnĂ©es de chant se proposent de rĂ©diger une chanson pour la piĂšce sur le thĂšme des risques liĂ©s au tabagisme pour l’une, et sur l’influence des pairs en matiĂšre de consommation pour l’autre. Ces chansons sont intĂ©grĂ©es sans difficultĂ© dans le scĂ©nario des premiers et voilĂ  leur piĂšce qui devient, l’espace d’un instant, comĂ©die musicale, le tout sous la lentille attentive de la camĂ©ra des jeunes inscrits dans le groupe vidĂ©o.

Ceux-ci sont responsables de la rĂ©alisation d’un making-of de la piĂšce de thĂ©Ăątre, de mĂȘme que d’un micro-trottoir sur le thĂšme du tabac. Suite au temps de partage et de sensibilisation avec l’équipe du FARES, c’est au cƓur de Namur, dans leur famille et dans leur internat qu’ils rĂ©alisent ce travail. L’idĂ©e sous-jacente est que le projet puisse rayonner dans l’établissement au-delĂ  des quatre groupes de jeunes directement impliquĂ©s. D’une part, les participants mobilisent leurs camarades et Ă©ducateurs en les interviewant sur la thĂ©matique et, d’autre part, le matĂ©riel produit pourra ĂȘtre rĂ©utilisĂ© les annĂ©es suivantes, avec d’autres jeunes, pour amorcer d’autres activitĂ©s sur le thĂšme. La piĂšce de thĂ©Ăątre est Ă©galement filmĂ©e dans cette optique.

Pendant ce temps-lĂ , les fĂ©rus de slamNote bas de page, quant Ă  eux, ont l’opportunitĂ© de travailler le thĂšme avec l’ancien champion de Belgique de slam, ThĂ©o Eloy aka JakBrol, venu pour l’occasion. Pour les inspirer, l’équipe du FARES de Namur leur propose de visionner ensemble le DVD Ă©ducatif ‘RĂ©sister Ă  l’industrie du tabacNote bas de page mettant en Ă©vidence, comme son nom l’indique, les agissements manipulateurs de Big Tobacco. Un chouette moment de rencontre et de partage pour ces internes, et l’ouverture Ă  une approche critique de la thĂ©matique. LĂ  aussi, l’objectif est de mobiliser certaines des compĂ©tences psychosociales des jeunes.

D’autres, ne participant pas directement au projet, ont l’occasion, lors de l’une de leurs projections hebdomadaires, de visionner le film grand public ‘RĂ©vĂ©lations’Note bas de page. BasĂ© sur des faits rĂ©els, il relate l’histoire d’un scientifique amĂ©ricains travaillant pour le compte de la compagnie de tabac Brown & Williamson (Russel Crowe) et d’un journaliste d’investigation (Al Pacino). Ils ont fait Ă©clater ensemble l’un des scandales les plus retentissants de l’histoire du tabac en dĂ©nonçant comment les plus gros manufacturiers de tabac, qui connaissaient depuis longtemps les effets dĂ©vastateurs de leur produit, dĂ©cidĂšrent d’en sous-estimer les dangers.

À la fin de l’annĂ©e scolaire 2016, dans la salle de thĂ©Ăątre du CollĂšge de Saint-Servais, c’est trĂšs soudĂ©s et quelque peu angoissĂ©s que l’ensemble des jeunes investis dans le projet jouent leur reprĂ©sentation parĂ©s de leurs plus beaux costumes, chantent des textes de leur cru et prĂ©sentent le making-of Ă©mouvant de tout leur travail.

Leurs efforts sont chaleureusement applaudis par leurs congĂ©nĂšres venus pour l’occasion, leur direction, leurs Ă©ducateurs et leurs parents. Certains des jeunes prĂ©sents parmi le public viennent ensuite les trouver pour Ă©changer avec eux et leur faire savoir comme ils ont Ă©tĂ© interpellĂ©s par le contenu de leur travail!

Au-delĂ  de la sensibilisation

AprĂšs la reprĂ©sentation, des idĂ©es d’approfondissement Ă©mergent dĂ©jĂ  chez les Ă©ducateurs porteurs du projet dans l’internat, lĂ  oĂč les mĂȘmes ne voyaient pas comment aborder la problĂ©matique difficile de la consommation de tabac par les jeunes en dĂ©but de processus
 Ce sont des professionnels fiers de leurs jeunes, satisfaits de l’effort accompli et demandeurs de renouveler ce type d’expĂ©rience que nous retrouvons. Mais aussi un groupe de jeunes soudĂ©s, fiers de ce qu’ils ont produit et quelque peu frĂ©nĂ©tiques
 Une vĂ©ritable cohĂ©sion est nĂ©e entre eux.

À la rentrĂ©e scolaire 2016-17, le FARES recontacte l’éducateur responsable afin d’évaluer les possibilitĂ©s d’apporter une suite au projet. Celui-ci tĂ©moigne du fait que, dĂšs le premier jour de la rentrĂ©e, plusieurs jeunes impliquĂ©s l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente sont venus le trouver, trĂšs demandeurs de rĂ©itĂ©rer l’expĂ©rience


Au-delĂ  de la sensibilisation Ă  la problĂ©matique du tabagisme, ce projet aura permis de travailler de nombreuses compĂ©tences chĂšres Ă  la promotion de la santĂ© et que l’on sait ĂȘtre des facteurs de protection vis-Ă -vis des assuĂ©tudes, telles que la pensĂ©e crĂ©ative et critique, la communication et la coopĂ©ration (entre jeunes et avec les rĂ©fĂ©rents Ă©ducatifs), la prise de dĂ©cision, la gestion du stress et des Ă©motions, l’estime de soi, le sentiment d’efficacitĂ© personnelle et bien d’autres encore. Mais aussi, la collaboration avec le FARES a Ă©tĂ© l’occasion pour l’internat Asty-Moulin de mener plus loin la rĂ©flexion sur la gestion du tabagisme et de faire Ă©voluer en son sein les mentalitĂ©s par rapport Ă  la consommation de tabac.

Le Service Prévention Tabac du FARES et la promotion de la santé

CrĂ©Ă©e en 1986, l’Ă©quipe du Service PrĂ©vention Tabac met depuis 30 ans ses compĂ©tences au service des professionnels-relais des secteurs de l’éducation, de la santĂ© et du social. Les actions de coordination, de sensibilisation, de diffusion, de formation et d’animation en matiĂšre de prĂ©vention et d’aide Ă  la gestion du tabagisme s’inscrivent dans une perspective de promotion de la santĂ©.

Ainsi, le service outille les professionnels de l’Ă©ducation, de la santĂ© et du social afin qu’ils puissent intĂ©grer et soutenir des projets de prĂ©vention dans leur pratique. Il remplit cette mission par:

  • l’accompagnement dans la mise en place de projets de prĂ©vention Ă  destination des jeunes, des adultes-parents et des familles;
  • le dĂ©veloppement de savoirs et compĂ©tences en matiĂšre de promotion de la santĂ©: modules de formation et ateliers dĂ©couverte;
  • la guidance documentaire dans le choix de livres, articles, brochures, outils et supports pĂ©dagogiques du centre de documentation du FARES.

Pour en savoir plus sur le Service Prévention Tabac du FARES: http://www.fares.be/fr/tabac-nos-activites/.
Ou sur ses activités en promotion de la santé : http://www.fares.be/fr/tabac-jeunes-et-tabac/.

Antenne bruxelloise: rue de la Concorde 56 – 1050 Bruxelles. TĂ©l.: 02 518 18 66.
Antenne wallonne: rue ChĂąteau des Balances 3bis – 5000 Namur. TĂ©l.: 0474 57 17 15.
Ou par courriel: prevention.tabac@fares.be.

Pour dĂ©couvrir l’outil, consultez le site de PIPSa ou celui du FARES pour les dates de formation programmĂ©es Ă  ce sujet.

Dans la pratique, le slam est une forme moderne de poĂ©sie qui allie Ă©criture, oralitĂ© et expression scĂ©nique. Art d’expression orale populaire, il se pratique gĂ©nĂ©ralement dans des lieux publics, sous forme de scĂšnes ouvertes et de tournois. Les slameurs dĂ©clament, lisent, scandent, chantent, jouent des textes de leur cru sur des thĂšmes libres ou imposĂ©s.

Sages-femmes: lumiĂšre!

Au vu des connaissances sommaires que la plupart d’entre nous ont sur les sages-femmes, il n’est pas exagĂ©rĂ© de dire que le dĂ©veloppement de l’obstĂ©trique, survenu dans la deuxiĂšme moitiĂ© du 20e siĂšcle, a couvert d’une cape d’invisibilitĂ© celles qu’on appelait autrefois des ‘matrones’. Les Ă©conomies opĂ©rĂ©es dans le secteur des soins de santĂ© auront peut-ĂȘtre, fait extraordinaire, l’avantage de remettre ces ĂȘtres admirables dans la lumiĂšre en leur permettant d’exercer Ă  nouveau ce rĂŽle important d’accompagnement des femmes, des enfants et des familles.

Un rĂŽle essentiel

La grossesse et l’accouchement, voilĂ  deux Ă©tats naturels et physiologiques qui se sont fortement mĂ©dicalisĂ©s au cours du 20e siĂšcle, jusqu’à ĂȘtre ‘pathologisĂ©s’, dĂ©plore-t-on dĂ©sormais souvent


Il est vrai que tout progrĂšs va gĂ©nĂ©ralement de pair avec certains inconvĂ©nients, le temps de rĂ©Ă©quilibrer les choses. Dans le domaine de l’obstĂ©trique, aurait-on atteint un moment charniĂšre oĂč l’équilibre pourrait se faire entre l’interventionnisme mĂ©dical et le respect de la physiologie? Certains Ă©lĂ©ments que nous allons dĂ©velopper dans cet article semblent l’indiquer.

«La mĂ©dicalisation Ă©tait nĂ©cessaire», se rĂ©jouit Estelle Di Zenzo, vice-prĂ©sidente de l’Union professionnelle des Sages-femmes belges (UpSfb). «Je ne pense pas que l’on puisse faire baisser davantage le taux extrĂȘmement faible de mortalitĂ© actuel. On ne voudrait surtout pas faire marche arriĂšre.»

De la ventriÚre au gynécologue

Dans les annĂ©es 1950, la dĂ©cision de rembourser uniquement l’accouchement Ă  l’hĂŽpital a mis fin Ă  l’enfantement Ă  domicile, encadrĂ© jusque-lĂ  exclusivement par les sages-femmesNote bas de page. Survinrent alors la gynĂ©cologie et l’obstĂ©trique, deux disciplines considĂ©rĂ©es Ă  leurs dĂ©buts – et ce fut un autre changement de taille – comme des affaires qui devaient ĂȘtre traitĂ©es principalement par des hommes.

Au fil des dĂ©cennies, la naissance s’est transformĂ©e en un acte mĂ©dical de plus en plus technique, associĂ© Ă  une obligation de rentabilitĂ©, avec comme corollaire une diminution de l’accompagnement humain.

La sage-femme s’est vue relĂ©guĂ©e au second plan en devenant l’assistante du gynĂ©cologue. Depuis lors, on a bien du mal Ă  dĂ©finir son rĂŽle. À la maternitĂ©, c’est pourtant bien elle que l’on voit courir d’une parturiente Ă  l’autre pour rĂ©aliser les diffĂ©rents actes techniques qui accompagnent un accouchement: mise en place du monitoring et de la perfusion, toucher vaginal pour mesurer l’ouverture du col de l’utĂ©rus, rupture de la poche des eaux au moment ad hoc, accueil du bĂ©bĂ© qui vient de naĂźtre, etc.

Mais à part ça, que sait-on d’elle?

Sage-femme, que fais-tu?

La sage-femme est la personne de rĂ©fĂ©rence pour le suivi des grossesses normales, des accouchements sans complication et en pĂ©riode postnatale. «Elle rencontre les futurs parents dĂšs leur dĂ©sir d’enfant et les accompagne, dans le cadre des remboursements des soins de santĂ©, jusqu’à la fin de la premiĂšre annĂ©e de vie du bĂ©bé», prĂ©cise Vanessa Wittvrouw, prĂ©sidente de l’UpSfB. «En gĂ©nĂ©ral, son accompagnement va encore plus loin. Nous cheminons en effet avec les familles aussi longtemps qu’elles en ont besoin.» L’objectif principal de la sage-femme est de donner des conseils pour maintenir la santĂ©, l’amĂ©liorer et envisager la grossesse dans les meilleures conditions.

Si une pathologie est dĂ©pistĂ©e, elle se rĂ©fĂšre aux spĂ©cialistes concernĂ©s afin d’assurer un suivi mĂ©dical en collaboration.

Lors de fausses-couches, de vécu difficile ou de deuil périnatal entourant la naissance, la sage-femme est présente et apporte le soutien approprié.

Les associations de défense des sages-femmes en Fédération Wallonie-Bruxelles sont:

L’Association francophone des sages-femmes catholiques (AFSF): www.sages-femmes.be.

L’Union professionnelle des Sages-femmes belges (UpSfb): www.sage-femme.be.

La Belgian Midwives Association (BMA) regroupe les sages-femmes francophones et néerlandophones: www.belgianmidwivesassociation.be.

Inconnue au bataillon

«L’accompagnement par des sages-femmes existe depuis toujours, mais leurs compĂ©tences ne sont pas connues», confirme Vanessa Wittvrouw, prĂ©sidente de l’UpSfb. «Peu de parents savent que des sages-femmes travaillent en dehors des structures hospitaliĂšres. C’est une des raisons pour lesquelles nous menons actuellement campagne. Les femmes et les familles doivent savoir qu’elles peuvent s’adresser aux sages-femmes, non seulement Ă  l’extĂ©rieur de l’hĂŽpital, mais Ă©galement dĂšs la pĂ©riode prĂ©conceptionnelle et pendant la grossesse.»

Un monde médical trÚs dur

Contrairement au milieu mĂ©dical, souvent considĂ©rĂ© comme dur et froid, oĂč prime la dimension sĂ©curitaire, la sage-femme apporte une dimension humaine, affective, mĂȘme intuitive prĂ©cieuse Ă  la future maman et Ă  sa famille. «Le monde mĂ©dical actuel est trĂšs directif et patriarcal envers les futures mĂšres», atteste Vanessa Wittvrouw. «On parle d’ailleurs de plus en plus de violence obstĂ©tricale. Les femmes ne reçoivent pas toujours les informations nĂ©cessaires pour faire des choix Ă©clairĂ©s.»

Retour vers la physiologie

C’est pourquoi de nombreux parents sont dĂ©sireux de retourner vers des mĂ©thodes plus douces, plus respectueuses de la nature et des caractĂ©ristiques propres Ă  chaque individu. «Quand elles en ont connaissance, les familles finissent par s’adresser Ă  une sage-femme pour qu’elle rĂ©ponde Ă  leurs questions, leur donne des informations», explique Estelle Di Zenzo. «Nous cheminons avec les couples et veillons Ă  leur prodiguer une sĂ©curitĂ© affective, mĂ©dicale, psychologique et sociale. Le fait d’ĂȘtre informĂ©s, de se sentir en sĂ©curitĂ© et respectĂ©s en tant que parents, les rend autonomes et responsables, leur permet de faire leurs propres choix, de trouver leur chemin. Des parents auxquels on rend leurs compĂ©tences, c’est tout bĂ©nĂ©fice pour la sociĂ©tĂ©!»

Mission de prévention

Le premier rĂŽle de la sage-femme consiste Ă  respecter la physiologie de la grossesse, de l’accouchement et du post-partum. «Nous travaillons donc Ă©normĂ©ment en prĂ©vention, dĂ©jĂ  avant la conception pour permettre Ă  la femme de mettre en route une grossesse dans les meilleures conditions possibles», explique la vice-prĂ©sidente de l’UpSfb. «Nous veillons ensuite Ă  ce que la maman, le bĂ©bĂ©, la famille entiĂšre restent en santĂ©. Nous sommes Ă©galement Ă  l’écoute des futurs pĂšres lorsqu’ils soulĂšvent des questions psychologiques essentielles quant Ă  leur rĂŽle Ă  venir.»

Multidisciplinarité

Un autre aspect important de la mission de la sage-femme est le travail de collaboration avec d’autres professionnels de la santĂ© (gynĂ©cologue, mĂ©decin traitant, gĂ©nĂ©ticien, pĂ©diatre…). «Je rĂ©alise des suivis en tandem avec des gynĂ©cologues», explique Vanessa Wittvrouw. «La patiente voit son gynĂ©cologue pour gĂ©rer le volet mĂ©dical (Ă©chographies, examens de dĂ©pistage, etc.). Je prends en charge les consultations mĂ©dico-psycho-sociales qui exigent plus d’écoute et donc de temps.»

Ce travail multidisciplinaire est essentiel pour la sĂ©curitĂ© de la femme et du bĂ©bĂ©, prĂ©cise Estelle Di Zenzo. «Nous transfĂ©rons, par exemple, les donnĂ©es de la patiente au gynĂ©cologue, celles du bĂ©bĂ© au pĂ©diatre et Ă  l’ONE. Nous devons pouvoir faire appel au mĂ©decin traitant de la patiente en cas de problĂšme de tension, d’infection urinaire, etc.»

Ce qui fait débat

La réduction des séjours en maternité: une aubaine sous condition

Les coupes budgétaires dans les soins de santé ont entraßné une refonte du paysage hospitalier et une réduction des séjours en maternité. Des projets pilotes, actuellement en cours, devraient permettre de mettre en oeuvre, dÚs 2018, une nouvelle organisation des soins à domicile, de déterminer le nombre nécessaire de sages-femmes et de définir leur place.

Le retour plus prĂ©coce au domicile de la mĂšre et de l’enfant est une opportunitĂ© exceptionnelle car les sages-femmes pourront jouer un rĂŽle plus important. «Ce changement est aussi une occasion pour les femmes, qui ne l’auraient peut-ĂȘtre pas fait lors de sĂ©jours hospitaliers plus longs, d’ĂȘtre en contact avec une sage-femme Ă  leur domicile et pour un suivi plus long que celui proposĂ© avant le retour prĂ©coce» explique Vanessa Wittvrouw. «Des Ă©tudes prouvent que la prĂ©sence d’une sage-femme dans l’environnement familial a des rĂ©percussions positives Ă  long terme.»

Cette rĂ©forme sera une aubaine, Ă  condition de garantir un accompagnement Ă  domicile de qualitĂ©, ce qui nĂ©cessite donc une prĂ©paration. «Il faut rĂ©flĂ©chir Ă  la mise en place d’un trajet mĂšre-enfant qui allie les soins prĂ©nataux et postnataux», avertissait Xavier Brenez, directeur gĂ©nĂ©ral des MutualitĂ©s libres, lors d’un dĂ©bat qui s’est tenu le 8 dĂ©cembre dernierNote bas de page. «L’aspect mĂ©dical est important, mais il faut Ă©galement tenir compte des aspects psycho-sociaux autour desquels les sages-femmes ont un rĂŽle primordial Ă  jouer.»

Décision précipitée

Les organisations de sages-femmes dĂ©plorent le fait que la ministre des Affaires sociales et de la SantĂ© publique, Maggie De Block, ait dĂ©cidĂ© d’abrĂ©ger les sĂ©jours en maternitĂ© de maniĂšre prĂ©cipitĂ©e sans avoir Ă©valuĂ© au prĂ©alable tout le travail Ă  rĂ©aliser en amont. «Les effets visibles actuels sont une chute du taux d’occupation des maternitĂ©s, des pertes d’emplois pour les sages-femmes, la fermeture de services de nĂ©onatalogie», dĂ©noncent d’une seule voix ces organisations. «Ce retour prĂ©coce Ă  domicile ne fonctionnera que si un lien peut ĂȘtre crĂ©Ă© entre la structure hospitaliĂšre et le domicile», prĂ©vient Vanessa Wittvrouw. «Le professionnel de choix pour faire ce lien, c’est la sage-femme.»

One to one

Par ailleurs, explique Estelle Di Zenzo, «pour faire sortir les femmes et les nourrissons plus tĂŽt des maternitĂ©s, il faut qu’ils soient en bonne santĂ©, ce qui met Ă  nouveau en avant le rĂŽle essentiel de prĂ©vention dĂ©volu Ă  la sage-femme puisqu’elle veille Ă  respecter le plus possible la physiologie de la grossesse et de la naissance dans un but de santĂ© optimale.» Aussi, les organisations professionnelles prĂ©conisent-elles la prĂ©sence en salle de naissance d’une sage-femme auprĂšs de chaque parturiente afin d’atteindre ce but de santĂ© et de rĂ©duire la surmĂ©dicalisation. Ce principe est le fameux ‘one to one’ comme l’appellent les infirmiĂšres dans leur jargon. «Des Ă©tudes ont montrĂ© qu’il faut se donner de tels moyens», affirme la prĂ©sidente de l’UpSfb.

Rémunération insuffisante

L’UpSfb s’est lancĂ©e dans une action de lobbying pour que les sages-femmes indĂ©pendantes puissent offrir des soins de qualitĂ© tout en arrivant Ă  vivre de leur mĂ©tier, ce qui n’est actuellement pas le cas. «Nous rĂ©clamons une revalorisation du statut et du salaire de la sage-femme», souligne Vanessa Wittvrouw. «Si nous voulons pratiquer exclusivement au domicile des patientes, il est quasi impossible de vivre avec ce que nous gagnons actuellement, Ă  moins de diminuer notre temps de prĂ©sence auprĂšs des femmes pour augmenter notre charge de travail. C’est une menace claire pour la qualitĂ© des soins, ce qui est Ă©videmment dangereux pour la sĂ©curitĂ© des mĂšres et des enfants. Nous avons besoin d’un temps minimum nĂ©cessaire pour faire correctement notre travail.»

Liste incomplĂšte des prestations Inami

Les sages-femmes dĂ©plorent par ailleurs le fait que la liste des prestations rĂ©munĂ©rĂ©es par l’Inami est incomplĂšte. Par exemple, la sage-femme est rĂ©munĂ©rĂ©e pour un accouchement Ă  domicile. Par contre, le temps qu’elle passe auprĂšs d’une femme qui accouche en milieu hospitalier n’entre pas en ligne de compte. Idem si un problĂšme d’allaitement nĂ©cessite un deuxiĂšme passage Ă  domicile. «L’Inami n’a rien prĂ©vu dans ce genre de situation», explique Vanessa Wittrouw. «Nous devons donc soit travailler gratuitement, soit demander un supplĂ©ment financier Ă  la patiente. Ce n’est pas correct.»

Discrimination entre les provinces

Pour pouvoir vivre de leur mĂ©tier, elles sont donc de plus en plus nombreuses Ă  se dĂ©conventionner. Malheureusement, une sage-femme non conventionnĂ©e touche essentiellement une couche sociale aisĂ©e. Les femmes qui se trouvent dans le besoin, pur et dur, d’ĂȘtre accompagnĂ©es n’ont bien souvent pas les moyens de se payer une assurance complĂ©mentaire. Vanessa Wittvrouw habite Ă  Wavre, dans le Brabant wallon. «La population de ma rĂ©gion Ă©tant privilĂ©giĂ©e, j’ai pu me dĂ©conventionner. C’était la seule solution pour que je puisse vivre correctement. L’accompagnement prĂ©natal et le suivi postnatal de mes patientes leur sont remboursĂ©s dans les limites du cadre fixĂ© par leur assurance complĂ©mentaire. Elles sont parfois mieux remboursĂ©es que si elles avaient un praticien conventionnĂ©.»

Autre son de cloche chez Estelle Di Zenzo. «Je reste conventionnĂ©e parce que j’habite dans le Hainaut, sans quoi beaucoup de femmes n’auraient pas les moyens de s’offrir les services d’une sage-femme. Cependant, pour pouvoir vivre de ma profession, je dois demander un supplĂ©ment financier, ce qui est un frein pour certaines femmes.»

Formation et compagnonnage

Les organisations professionnelles donnent en outre un coup de projecteur sur la formation des sages-femmes. Elles demandent le passage en master. Elles attirent aussi l’attention sur le fait que la durĂ©e de la formation diffĂšre entre la CommunautĂ© française (4 ans) et la CommunautĂ© flamande (3 ans), une asymĂ©trie qui aura une rĂ©percussion sur les projections qui seront faites au niveau fĂ©dĂ©ral.

Ce n’est pas tout: les organisations insistent sur la nĂ©cessitĂ© d’offrir aux sages-femmes en formation un compagnonnage d’une durĂ©e de deux ans. Celui-ci doit ĂȘtre financĂ© comme c’est le cas pour d’autres formations. «Il est important que les Ă©tudiantes soient accompagnĂ©es d’une sage-femme expĂ©rimentĂ©e pour dĂ©couvrir le terrain du domicile, trĂšs diffĂ©rent de la pratique hospitaliĂšre», expliquait Anne Niset, venue reprĂ©senter l’Association francophone des sages-femmes catholiques (AFSF) lors du dĂ©bat organisĂ© par les MutualitĂ©s libres. «Savoir dĂ©celer ce qui se passe au niveau physique, mais aussi psychique chez la femme, son bĂ©bĂ© et la famille demande de l’expĂ©rience.»

Croisons les doigts pour que les dĂ©cisions Ă  venir prennent en compte ces divers Ă©lĂ©ments afin de mettre l’accent sur les valeurs humaines, lesquelles occupent une place de choix en promotion de la santĂ©. Par ricochet, les sages-femmes pourront jouer pleinement leur rĂŽle dans la sociĂ©tĂ©. Un rĂŽle qu’elles sont nombreuses Ă  considĂ©rer comme une vocation


Un cadastre des sages-femmes pour 2017

En prĂ©vision de ce nouveau dĂ©fi dans le monde de la naissance, la Commission de planification de l’offre mĂ©dicale publiera en 2017 un cadastre des sages-femmes actives et une analyse de l’évolution prĂ©visible des besoins relatifs Ă  cette profession. Pour prĂ©parer cet exercice, le Centre fĂ©dĂ©ral d’Expertise des Soins de santĂ© (KCE) a analysĂ© les donnĂ©es existantes dans le domaine de la formation des sages-femmes en Belgique et de leur situation d’emploi actuelle. Fin 2015, 10.440 sages-femmes en droit d’exercer ont Ă©tĂ© recensĂ©es en Belgique, dont presque 68% rĂ©sident en Flandre, 25% en Wallonie et un peu plus de 7% Ă  Bruxelles.

En 2014, 4.761 sages-femmes travaillaient Ă  l’hĂŽpital (soit 3.001 ETP), dont 80% en maternitĂ©, 10% en nĂ©onatalogie et 10% dans d’autres services hospitaliers.

D’autres activitĂ©s salariĂ©es sont enregistrĂ©es dans les secteurs des soins ambulatoires, de l’enseignement en Ă©coles secondaires et hautes Ă©coles (415,5 ETP en CommunautĂ© flamande et 157,6 ETP en CommunautĂ© française – chiffres 2015), de la prĂ©vention (47,5 ETP Ă  l’ONE et 120 ETP chez son Ă©quivalent flamand Kind en Gezin – chiffres 2015), de l’aide Ă  la procrĂ©ation mĂ©dicalement assistĂ©e, ou encore dans d’autre secteurs non liĂ©s aux soins (firmes pharmaceutiques), voire non liĂ©s Ă  la santĂ© en gĂ©nĂ©ral.

Les travaux de la Commission de planification en 2017 devraient permettre d’obtenir les chiffres relatifs aux pratiques indĂ©pendantes et en maison mĂ©dicale, et de dĂ©terminer dans quelle mesure les sages-femmes combinent plusieurs activitĂ©s professionnelles.

La sage-femme Ă©tait autrefois Ă©galement appelĂ©e ‘ventriĂšre’.

Le dĂ©bat Ă©tait intitulĂ© ‘La parole aux Sages-femmes’.