Santé communautaire? Tous en scÚne!

Les Presses de l’UniversitĂ© Laval, Ă  QuĂ©bec, viennent de publier un ouvrage collectif intitulĂ© La santĂ© communautaire en 4 actes. Lecture attentive (mais non exhaustiveNote bas de page) d’un ouvrage foisonnant.

DĂšs les premiĂšres lignes du prologue, Bernard Roy situe les enjeux en Ă©voquant sa conviction, il y a vingt ans d’ici, «qu’une distinction fondamentale existait entre santĂ© publique et santĂ© communautaire». (HoulĂ , ça va dĂ©plaire Ă  certains.) Il travaillait alors comme infirmier auprĂšs d’habitants dans une rĂ©serve indienne, au Canada. Mais, un jour, le vieux William lui demande: «Pourquoi me nommes-tu Montagnais, Indien ou AmĂ©rindien? Ce sont les Blancs qui nous nomment ainsi. Je suis un Innu. C’est ainsi que nous nous nommons entre nous… Innus!»

Quelque chose d’essentiel est dĂ©jĂ  dit: le travail communautaire, ça commence par se dĂ©centrer, prendre distance avec son statut de professionnel ou d’expert, se demander Ă  qui on s’adresse, comment on leur parle, Ă  ‘ces gens-là’, habitants, patients, usagers. Comment on parle d’eux. Comment ils parlent d’eux et entre eux. S’interroger. Écouter. «Je prenais la mesure de mon ignorance envers ces gens que, sans discernement et assurĂ©ment bien Ă  l’aise, je nommais autochtones. J’ignorais tout de leurs rĂȘves, de leurs espoirs et dĂ©sespoirs, de leurs souffrances, de leurs victoires et dĂ©faites, de leurs obligations, de leurs plaisirs et dĂ©plaisirs, de leur humour, de leurs amours… J’ignorais leur quotidien, l’odeur du repas qui mijote, la famille attablĂ©e…»

D’emblĂ©e, la barre est donc placĂ©e trĂšs haut. Les 350 pages qui vont suivre (une cinquantaine de contributions, plus de 70 auteurs) tiendront-elles cette promesse implicite? On va voir. Mais, ce genre d’ouvrage Ă©tant impossible Ă  rĂ©sumer, je me permettrai d’aller picorer çà et lĂ  ce qui a retenu plus particuliĂšrement mon attention. Pour situer mon point de vue, les fidĂšles lecteurs de cette revue fouilleront dans leur collection pour y trouver un article que j’ai publiĂ© jadis (n° 153, novembre 2000, pp. 10-12) et dont je ne renie pas une syllabe. Ah, dĂ©solĂ©: il n’est pas sur le site…Note bas de page Par contre, on peut en trouver deux autres, plus rĂ©cents, sur bruxellessante.orgNote bas de page.

PrĂ©cisons quand mĂȘme que, pour moi, l’adjectif ‘communautaire’ ne renvoie pas Ă  un ensemble identitaire prĂ©dĂ©terminĂ© et fermĂ©, mais Ă  une dynamique collective qui se construit dans un espace social donnĂ© sur base d’intĂ©rĂȘts ou de buts communs, se dĂ©veloppe et vit pendant une durĂ©e variable.

Des repĂšres

L’introduction gĂ©nĂ©rale cite, pour dĂ©finir la santĂ© communautaire, des «repĂšres largement vĂ©hiculĂ©s» (p. 1), mais peut-ĂȘtre qu’ils ont Ă©tĂ© trop vĂ©hiculĂ©s, justement: c’est l’autoroute, tout le monde y roule! Allons voir sur les routes de campagne, les sentiers non battus.

Anne Plourde (pp. 24-28) fait appel Ă  deux modĂšles de prestation des soins de santĂ© nĂ©s au QuĂ©bec au tournant des annĂ©es 60-70: celui de la Clinique Communautaire, initiative citoyenne caractĂ©ristique d’une contestation du systĂšme et de la culture mĂ©dicales, et celui des CLSCNote bas de page, «initiative bureaucratique et gouvernementale». La Clinique Communautaire de Pointe-Saint-Charles, qu’Ă©tudie plus particuliĂšrement l’auteure, se caractĂ©rise par quatre traits spĂ©cifiques: une critique radicale de la mĂ©decine libĂ©rale, une remise en question de l’organisation hiĂ©rarchique du travail, un mode de gestion rĂ©solument dĂ©mocratique, et surtout un refus de la mĂ©dicalisation des problĂšmes de santĂ©, qui sont envisagĂ©s dans une perspective socio-politique.

Oufti, ça ne nous rappellerait pas les dĂ©buts des maisons mĂ©dicales en Belgique? Mais l’auteure pointe que les initiatives communautaires elles-mĂȘmes ont leurs limites, s’institutionnalisent et tendent Ă  perdre leur caractĂšre radical.

AmĂ©lie Perron (pp. 29-33) note d’emblĂ©e que la confusion persiste entre les termes de santĂ© communautaire, santĂ© publique et santĂ© des populations. Ce qui me ramĂšne en 1998: l’asbl Question SantĂ© m’avait confiĂ© le dossier ‘santĂ© communautaire’ et je ne savais pas trop de quoi il s’agissait. Il m’a fallu deux ans de lectures, rencontres, travaux, interventions, pour que ‘mon franc tombe’, comme on dit Ă  Bruxelles, et qu’Ă  Grande-Synthe, aux PremiĂšres JournĂ©es de l’Institut Renaudot, je me fasse ma petite idĂ©e. Je pensais que ça s’Ă©tait Ă©clairci depuis. Pas sĂ»r.

Le constat dont je suis parti en 2004 pour construire un module de formation/sensibilisation Ă  la santĂ© communaire (35 heures)Note bas de page et que je croyais dĂ©passĂ© depuis, semble toujours valable si l’on en croit plusieurs auteurs, notamment Louise Hamelin Brabant, Claudia Fournier et El Kebir Ghandour (pp. 59-64): concernant la santĂ© communautaire, «rien n’est univoque et le flou conceptuel Ă©voquĂ© [plus haut] se retrouve abondamment dans la littĂ©rature, la pratique et les programmes de formation». Ces auteurs pensent «qu’au plan sociologique, ce qui est propre Ă  la santĂ© communautaire, c’est son rapport au social. Celui-ci est marquĂ© par la participation des membres de la communautĂ© dans l’identification et la dĂ©finition de leurs problĂšmes, la rĂ©flexion et l’application des solutions ainsi que leur insertion dans une dĂ©marche de dĂ©veloppement local.»

Ainsi, les membres de la communautĂ© ne doivent pas ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme objets d’Ă©tude ni mĂȘme simplement «consultĂ©s» (par questionnaire d’enquĂȘte ou autre protocole) mais effectivement impliquĂ©s comme acteurs du processus Ă  construire. Ce qui suppose aussi que les professionnels ne soient pas toujours seuls Ă  la manƓuvre et soient capables d’appuyer la population dans ses propres initiatives…

Des acteurs

Partant du terrain urbain de l’outremer français (Cayenne, Saint-Denis de la RĂ©union), Bernard Cherubini (pp. 86-90) renchĂ©rit en se rĂ©fĂ©rant Ă  Baumann et Deschamps: «dans l’approche de santĂ© communautaire, il ne s’agit pas de considĂ©rer les communautĂ©s comme de simples collectivitĂ©s Ă  l’Ă©chelle desquelles seraient administrĂ©s des soins. L’action de santĂ© dans une perspective communautaire suppose que la communautĂ© soit elle-mĂȘme actrice, qu’elle participe rĂ©ellement et que s’instaurent entre elle et les professionnels de santĂ© des rapports basĂ©s sur un partage de savoirs, une collaboration, voire un engagement communautaire, qu’elle s’organise Ă  des degrĂ©s variables pour trouver des rĂ©ponses Ă  ses problĂšmes collectifs de santĂ©.»

Engagement communautaire? HĂ©lĂšne LaperriĂšre montre ce que peut signifier concrĂštement cette expression, dans un article dont il faut citer le titre et recommander la lecture (le dĂ©fi lancĂ© par le prologue y est pleinement relevĂ©): ‘DĂ©brouillardise, stratagĂšmes et actes de pouvoir de populations rendues invisibles dans le dĂ©bat de la santĂ© publique/communautaire: savoirs mĂ©tis’ (pp. 91-97). Tout un programme! Le titre seul avait dĂ©jĂ  retenu mon attention et m’en avait rappelĂ© un autre: ‘HĂ©ros mĂ©tis. Jeunes bruxellois passeurs de monde’Note bas de page. La lecture de l’article m’a ensuite rappelĂ© une expression entendue il y a bientĂŽt vingt ans dans la bouche de Claude Jacquier: il faut «des francs-tireurs pour les quartiers en crise».

Bien que LaperriĂšre n’intervienne pas exclusivement en ville, mais aussi voire surtout en milieu rural, dans la rĂ©gion amazonienne, toujours auprĂšs de populations pauvres, exploitĂ©es, le nom de franc-tireur lui va comme un gant: elle joint une extrĂȘme rigueur thĂ©orique, Ă©thique et mĂ©thodologique Ă  une immersion (non sans risques) dans ces populations et Ă  un regard critique sur l’universalisme universitaire.

Quelques pages plus loin (pp. 104-112), vous trouverez la longue et passionnante interview de Gilles Julien, pĂ©diatre quĂ©bĂ©cois qui travaille en milieu urbain, dans des quartiers dĂ©laissĂ©s et avec des familles confrontĂ©es Ă  l’inĂ©quitĂ© sociale (loyers inabordables, logements insalubres, pauvretĂ© chronique).

Il pointe la bureaucratisation des structures top-down du genre CLSC mais aussi l’importance, au sein mĂȘme de ces structures, d’individus visionnaires (sic), capables de «sortir du cadre» imposĂ©. Il plaide surtout pour le contact direct avec les familles, pour la prĂ©sence dans la rue, les relations interpersonnelles, bref le travail de terrain («Tout s’est construit de maniĂšre trĂšs ground dans la communauté»). Pour lui, mĂ©decine sociale et santĂ© communautaire, mĂȘme combat.

Il considĂšre aussi que, chez les professionnels, le travail communautaire est insĂ©parable de l’advocacy (qui n’est pas que le lobbying du pauvre, c’est aussi savoir taper du poing sur la table). Et de l’empowerment, ou pouvoir d’agir soi-mĂȘme et collectivement: «Il y a plusieurs choses qu’on ne fait pas pour les parents, qu’on ne veut pas faire parce qu’on veut qu’ils le fassent par eux-mĂȘmes, qu’ils apprennent. Nous les accompagnons, on va les dĂ©panner, mais c’est eux autres qui vont finir par le faire.»

Maxime Amar signe un article trĂšs court et percutant (pp. 138-141) qui dĂ©marre sur une vignette clinique, dans le service d’urgences oĂč il travaille. Cela mĂšne Ă  un plaidoyer pour la santĂ© communautaire vue comme l’oeuvre d’un rĂ©seau multidisciplinaire et intersectoriel, modĂšle qui est le mal-aimĂ© des politiques publiques.

Ce mĂ©decin urgentiste est rejoint, dans sa critique du cloisonnement institutionnel, par un infirmier de rue, FrĂ©dĂ©ric Launay (pp. 152-157), qui s’est heurtĂ© aux ‘cases’ dans lesquelles les dispositifs rangent les individus: «Je devais thĂ©oriquement m’intĂ©resser Ă  un public sans domicile fixe et, dĂšs lors qu’un individu disposait d’une adresse, il Ă©tait associĂ© Ă  un secteur gĂ©ographique et relevait par consĂ©quent d’un maillage de services prĂ©dĂ©terminĂ© duquel j’Ă©tais de facto exclu; il sortait donc automatiquement de mon champ d’intervention.»

S’ensuit une analyse trĂšs solide oĂč l’auteur, s’appuyant sur Robert Castel mais aussi Pascal Durand, dĂ©cortique la perversitĂ© de la classification sociale et dĂ©construit les stĂ©rĂ©otypes dans lesquels «les nouveaux mots du pouvoir»Note bas de page enferment individus et groupes.

Des défis

Plusieurs auteurs mettent le doigt lĂ  oĂč cela peut faire mal: la santĂ© communautaire ne dĂ©pend pas seulement de la bonne volontĂ© des professionnels et de leur positionnement vis-Ă -vis des membres d’une communautĂ©; elle dĂ©pend aussi de la santĂ© dĂ©mocratique d’un pays (Ă©tant entendu que la dĂ©mocratie ne se rĂ©sume pas Ă  des Ă©lections libres).

Jacky Ndjepel et Henri Bitha (pp. 283-287) montrent le chemin qu’a fait et que fait encore le Cameroun – oĂč l’unipartisme a rĂ©gnĂ© de 1960 Ă  1990 – en crĂ©ant des structures qui se prĂ©sentent comme des lieux d’expression pour la communautĂ©. Ils notent cependant avec une remarquable prudence: «Dans le contexte camerounais, nous estimons que c’est Ă  travers ces instances que l’approche de santĂ© communautaire pourrait prendre forme, en Ă©tant d’une part modulĂ©e par une organisation sanitaire thĂ©oriquement favorable Ă  son Ă©mergence, et d’autre part associĂ©e Ă  une libertĂ© d’expression concĂ©dĂ©e par un environnement dĂ©mocratique en Ă©mergence.»

Dans ma propre contribution (pp. 288-291), je pointe le risque trop rĂ©el que la participation, tant vantĂ©e, ne soit qu’un des nouveaux mots du pouvoir. Et camoufle le paradoxe que peut rĂ©sumer la question suivante: quelle participation pour les exclus – sans papiers, sans abri, dĂ©tenus, chĂŽmeurs de longue durĂ©e, personnes en grande pauvretĂ© et/ou du quart-monde?

Michel Joubert (pp. 292-298) situe sa rĂ©flexion dans le contexte des villes françaises, oĂč l’action publique se voit reconfigurĂ©e depuis une quinzaine d’annĂ©es. L’enjeu est double: l’action sur les dĂ©terminants sociaux qui produisent des inĂ©galitĂ©s de santĂ©, et la place des personnes qui devraient bĂ©nĂ©ficier de la rĂ©duction de ces inĂ©galitĂ©s.

Mais les initiatives de promotion de la santĂ©, de prĂ©vention ou de rĂ©duction des risques se heurtent au systĂšme politico-institutionnel, qui reste trĂšs segmentĂ© et mĂ©dico-centrĂ©. Des changements systĂ©miques seraient nĂ©cessaires pour impliquer, autrement que de façon marginale, les acteurs de terrain, qu’ils soient habitants ou professionnels. Les expĂ©riences entreprises, depuis plus de vingt ans, en contact direct avec les populations continuent Ă  souffrir d’un manque de reconnaissance et de lĂ©gitimitĂ©. Dans le champ de la santĂ© comme dans d’autres (pensons Ă  l’Ă©ducation), c’est une logique top-down qui persiste Ă  s’imposer.

À partir de deux cas fictifs mais reprĂ©sentatifs, Daphney St-Germain (pp. 305-310) illustre les difficultĂ©s de faire exister la collaboration interprofessionnelle en milieu communautaire, particuliĂšrement lorsqu’il s’agit de personnes vulnĂ©rables. Alors que tout le monde s’accorde Ă  reconnaĂźtre l’interdisciplinaritĂ© comme incontournable, les divers modes d’organisation institutionnels sĂ©crĂštent des pratiques professionnelles qui rĂ©pondent mal Ă  la rĂ©alitĂ© de personnes comme celles qui sont en rĂ©adaptation physique ou aux prises avec l’itinĂ©rance ou la toxicomanie.

Rideau?

AnnoncĂ©e d’emblĂ©e, tout au long de l’ouvrage court la distinction – qui peut tourner Ă  l’opposition – entre santĂ© publique et santĂ© communautaire. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Ă  la fin la question n’est pas tranchĂ©e.

Pour opĂ©rationnaliser cette distinction, on pourrait peut-ĂȘtre proposer des outils d’analyse trĂšs pragmatiques. Par exemple: Ă  quels types de projets et programmes vont les financements? Ou encore: quels modes d’Ă©valuation sont favorisĂ©s?… On pourra trouver cette double suggestion caricaturale, simpliste. Mais est-elle si lointaine de la distinction en trois points proposĂ©e par HĂ©lĂšne LaperriĂšre au dĂ©part de Bernard Goudet (p. 92)?

Par ailleurs, elle repose sur un questionnement à la fois méthodologique et éthique qui vise le choix des instruments de mesure et des critÚres de sélection des projets. Questionnement ancien mais toujours pertinent, et révélateur de décisions politiques.

RĂ©fĂ©rence de ce remarquable ouvrage: ValĂ©rie Desgroseilliers, Nicolas Vonarx, Anne Guichard et Bernard Roy (dir.), La santĂ© communautaire en 4 actes. RepĂšres, acteurs, dĂ©marches et dĂ©fis, QuĂ©bec, Presses de l’UniversitĂ© Laval, 2016. Site de l’éditeur: www.pulaval.com

Je ferai notamment l’impasse sur la troisiĂšme partie, qui dĂ©crit non moins de 17 dĂ©marches de «santĂ© communautaire» Ă  travers le monde. À chaque lectrice ou lecteur d’y piocher selon ses centres d’intĂ©rĂȘt.

Ce n’est pas tout Ă  fait exact. La base de donnĂ©es des articles d’Éducation SantĂ© a dĂ©marrĂ© en janvier 2001 (numĂ©ro 155), mais vous pouvez retrouver l’intĂ©gralitĂ© des numĂ©ros 1 Ă  154 en PDF via le site sur www.educationsante.be/rechercher/archives. Y compris le texte d’Alain Cherbonner (ndlr).

‘Pratiques communautaires aujourd’hui Ă  Bruxelles’, dossier en deux parties paru dans Bruxelles SantĂ© Ă  la fin 2010.

Centres Locaux de Services Communautaires. Nous ne connaissons pas d’équivalent en Belgique francophone.

Ce programme, initiĂ© dans la Vienne Ă  la demande du CRES de Poitou-Charentes, a Ă©tĂ© reconduit Ă  cinq reprises, d’abord Ă  Poitiers, puis deux fois Ă  Bruxelles et deux fois dans le Brabant wallon.

Auteure: Véronique Georis. Voir Bruxelles Santé n° 71, septembre 2013, dans Bruxelles Santé à la fin 2010 : http://questionsante.org/nos-publications-periodiques/bruxelles-sante/anciens-numeros/bs-71/metissages.

Pascal Durand (dir.), Les nouveaux mots du pouvoir. AbĂ©cĂ©daire critique, Bruxelles, Éd. Aden, 2007.

La Fondation contre le Cancer et l’e-cigarette

Comment l’utiliser à bon escient?

La nouvelle rĂ©glementation en matiĂšre d’e-cigarette permettra de mieux encadrer la vente de ce produit. À cette occasion, la Fondation contre le Cancer lance un film qui rĂ©pond Ă  certaines questions et donne la parole Ă  des tĂ©moins. En outre, elle propose dĂ©sormais de l’information sur ce thĂšme sur le site de Tabacstop www.tabacstop.be/e-cigarette .

Moins nocive que la cigarette classique

L’ensemble des experts estime aujourd’hui que la cigarette Ă©lectronique est moins nocive pour la santĂ© que la cigarette classique. La grande diffĂ©rence entre la cigarette classique et l’e-cigarette se situe au niveau de la combustion.

Lors de la combustion d’une cigarette classique, de nombreuses substances toxiques se libĂšrent (monoxyde de carbone, formaldĂ©hyde, benzĂšne, goudrons
). Ces substances augmentent le risque de dĂ©velopper un cancer ou des maladies cardiovasculaires. Par contre, lors de l’utilisation d’une e-cigarette, il y a une production de vapeur mais pas de combustion. On trouve une sĂ©rie de substances chimiques dans les e-liquides, mais grĂące Ă  l’absence de combustion, il n’y a pas de production de goudrons, qui sont Ă  l’origine de nombreux cancers.

La Fondation contre le Cancer souligne que cet avantage n’est effectif que s’il y a un abandon total de la cigarette classique. En outre, elle souligne que l’incertitude demeure au niveau des risques Ă  long terme de l’e-cigarette sur la santĂ©. La prudence reste donc de mise. Comme l’indique le Conseil SupĂ©rieur de la SantĂ© dans un avis rendu en octobre 2015: «Il existe encore peu d’utilisateurs de longue durĂ©e et, par consĂ©quent, pas assez d’études Ă  long terme pour pouvoir tirer des conclusions solides».

La cigarette Ă©lectronique peut-elle jouer un rĂŽle au niveau de l’arrĂȘt tabagique?

La Fondation contre le Cancer rappelle que le premier conseil Ă  donner aux fumeurs est d’arrĂȘter de fumer. Si le fumeur n’y arrive pas seul, le deuxiĂšme conseil est de chercher de l’aide. La meilleure aide qui existe actuellement est un accompagnement par un tabacologue ou un mĂ©decin, combinĂ© avec des moyens d’aide dont l’efficacitĂ© a Ă©tĂ© prouvĂ©e, comme par exemple des mĂ©dicaments, des patchs ou des sprays. Ces moyens d’aide permettent de limiter les symptĂŽmes de sevrage. Si ces mĂ©thodes ne fonctionnent pas ou si le fumeur les exclut, l’e-cigarette avec nicotine peut offrir une alternative. L’objectif est le mĂȘme qu’avec les substituts nicotiniques mĂ©dicamenteux: diminuer les doses de nicotine progressivement afin de dĂ©shabituer le cerveau en douceur. L’e-cigarette peut donc jouer un rĂŽle, mais il vaut toujours mieux donner la prioritĂ© Ă  l’accompagnement et aux aides classiques.

Protéger les non-fumeurs

Par ailleurs, la Fondation contre le cancer met en garde sur un autre point. Il convient de protĂ©ger les personnes n’ayant jamais fumĂ© de e-cigarette. La Fondation craint en effet que la cigarette Ă©lectronique n’engendre un nouvel effet de mode. En outre, elle se mĂ©fie particuliĂšrement de l’industrie du tabac, qui investit actuellement dans ce marchĂ©. S’agit-il d’une nouvelle stratĂ©gie pour attirer les jeunes par ce biais vers le tabagisme? D’autre part, si l’industrie du tabac mettait consciemment sur le marchĂ© des e-cigarettes moins efficaces, cela pourrait empĂȘcher sa clientĂšle de rompre avec la dĂ©pendance au tabac.

Vous pouvez visionner le film (d’une durĂ©e d’un peu moins de 7 minutes) ici : https://youtu.be/MdP1VcwQgeE

Vous trouverez plus d’infos sur le site www.tabacstop.be/e-cigarette

Indemnisation des personnes contaminĂ©es par l’hĂ©patite C ou le sida suite Ă  une transfusion

Plusieurs centaines de personnes en Belgique restaient sans recours suite Ă  une contamination par les virus de l’hĂ©patite C ou du sida due Ă  une transfusion sanguine dans les annĂ©es 1980. La Ministre de la SantĂ© a chargĂ© le Centre FĂ©dĂ©ral d’Expertise des Soins de santĂ© (KCE) de trouver une solution pour sortir de cette impasse.

Le KCE recommande de confier au Fonds des Accidents MĂ©dicaux (FAM) la mission d’indemniser ces victimes de maniĂšre forfaitaire. Étant donnĂ© qu’il s’agit de faits assez anciens, le KCE recommande de ne pas exiger des victimes qu’elles apportent la preuve du lien de causalitĂ© entre la transfusion et la contamination, mais seulement de prouver qu’elles ont reçu une transfusion en Belgique. Un montant de 20.000€ serait attribuĂ© aux victimes directes et des montants de 10.000 et 5.000€ aux victimes secondaires. On estime le budget de cette indemnisation Ă  67 millions d’euros, Ă  rĂ©partir sur une quinzaine d’annĂ©es.

Des victimes mais pas de coupable

On se souvient que, dans les annĂ©es 1980, les transfusions sanguines ont Ă©tĂ© Ă  l’origine de certaines contaminations par les virus de l’hĂ©patite C (VHC) et du sida (VIH). Comme ces virus Ă©taient Ă  peine dĂ©couverts et qu’il n’existait pas de tests permettant de les identifier, il n’était pas possible de dĂ©signer de responsables – au sens juridique – de ces contaminations. Selon les lois de l’époque, les victimes n’avaient donc aucune possibilitĂ© de se faire indemniser.

Des discriminations persistantes

Depuis lors, cette situation a suscitĂ© plusieurs initiatives de la part du monde politique, notamment les lois de 1991Note bas de page et de 2010Note bas de page. Ces deux lois ne permettent toutefois pas d’intervenir pour des faits antĂ©rieurs Ă  leur entrĂ©e en vigueur. Par ailleurs, certaines victimes de contamination par le virus du sida avaient bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une compensation ponctuelle si la transfusion avait eu lieu entre aoĂ»t 1985 et juin 1986. Force a donc Ă©tĂ© de constater que toutes ces personnes n’avaient pas Ă©tĂ© traitĂ©es de façon Ă©quitable. C’est pour mettre fin Ă  ces discriminations que la Ministre Maggie De Block a demandĂ© au Centre FĂ©dĂ©ral d’Expertise des Soins de santĂ© (KCE) de revoir le problĂšme de fond en comble.

Une nouvelle mission pour le Fonds des Accidents MĂ©dicaux

Le KCE a menĂ© avec les parties concernĂ©es un long travail d’identification et de caractĂ©risation des discriminations existantes. Avec l’aide de juristes spĂ©cialisĂ©s, ce groupe de travail a ensuite co-construit une solution susceptible de convenir Ă  chacun. Elle consiste Ă  confier l’indemnisation des victimes de contamination par transfusion au Fonds des Accidents MĂ©dicaux (FAM). Comme il s’agit pour le FAM d’une nouvelle mission, distincte de sa mission principale, ceci devra faire l’objet d’une loi spĂ©cifique.

Pas de limite temporelle

Pour Ă©viter de reproduire des discriminations relatives Ă  la pĂ©riode Ă  laquelle a eu lieu la contamination, le KCE estime qu’il n’est pas souhaitable de fixer une date de dĂ©but Ă  cette pĂ©riode. Et ce d’autant plus que les connaissances scientifiques ne permettent pas de dater avec prĂ©cision le moment d’apparition des virus en question dans notre pays.

Le KCE recommande donc de prendre en considĂ©ration toutes les contaminations par les virus VIH et VHC consĂ©cutives Ă  une transfusion sanguine, quelle que soit l’annĂ©e de la transfusion, pour autant qu’elle ait Ă©tĂ© effectuĂ©e en Belgique et pour autant que l’infection occasionne des symptĂŽmes d’une durĂ©e minimale de 6 mois ou contraigne la victime Ă  suivre un traitement lourd.

Pas nécessaire de prouver le lien de cause à effet

Étant donnĂ© qu’il s’agit de faits souvent assez anciens, le KCE recommande de ne pas exiger des victimes qu’elles apportent la preuve du lien de causalitĂ© entre la transfusion et la contamination, mais seulement de prouver qu’elles ont reçu une transfusion en Belgique et qu’elles ont Ă©tĂ© contaminĂ©es par le VIH ou le VHC. En cas de contestation, c’est au Fonds qu’il reviendrait de prouver l’absence de ce lien de causalitĂ© (renversement de la charge de la preuve).

Des forfaits différents pour les victimes directes et secondaires

Un montant forfaitaire (que le KCE propose de fixer Ă  20.000 €) serait attribuĂ© aux victimes directes, c’est-Ă -dire toutes les personnes qui ont contractĂ© le VIH ou le VHC par voie transfusionnelle, ainsi que les enfants contaminĂ©s durant la grossesse ou Ă  la naissance.

Des montants infĂ©rieurs (10.000 € et 5.000 €) seraient prĂ©vus pour les conjoints et ‘assimilĂ©s’ c’est-Ă -dire les personnes qui entretiennent/entretenaient des relations affectives suivies avec la victime directe (donc aussi des cohabitants non-apparentĂ©s ou des aidants proches), et pour les enfants des victimes directes.

Un budget de 67 millions

Le nombre de personnes concernĂ©es a Ă©tĂ© estimĂ©, pour l’hĂ©patite C, Ă  1243 victimes directes et 6072 victimes indirectes et, pour le sida, Ă  41 victimes directes et 184 victimes indirectes.

Le KCE a calculĂ© que le budget nĂ©cessaire Ă  cette indemnisation s’élĂšverait Ă  environ 67 millions d’euros, Ă  rĂ©partir sur une pĂ©riode d’environ 15 annĂ©es au cours de laquelle on s’attend Ă  recevoir des demandes. Il s’agit lĂ  d’un montant maximum car basĂ© sur des hypothĂšses trĂšs prudentes. Le KCE recommande que le FAM reçoive les moyens financiers et humains nĂ©cessaires pour assumer cette nouvelle mission.

À faire savoir!

Enfin, le KCE insiste sur la nĂ©cessitĂ© d’assurer la publicitĂ© nĂ©cessaire Ă  cette possibilitĂ© de compensation financiĂšre, notamment au travers des associations de patients, afin qu’elle puisse ĂȘtre mobilisĂ©e par tous ceux qui remplissent les conditions de son application, quel que soit leur niveau socio-Ă©conomique, de formation et de littĂ©ratie en santĂ©.

Loi sur les produits défectueux, qui exige que la victime apporte la preuve que son problÚme de santé est bien dû à un produit défectueux.

Loi instituant le Fonds des Accidents MĂ©dicaux (FAM) qui offre la possibilitĂ© de demander rĂ©paration de prĂ©judices liĂ©s Ă  des accidents mĂ©dicaux mĂȘme si aucune responsabilitĂ© n’est Ă©tablie (loi dite ‘no fault’).

Une journĂ©e au Salon Éducation

Ce rendez-vous annuel incontournable pour quelque 20.000 professionnels de l’Ă©ducation a pris place Ă  Charleroi Ă  la mi-octobre. Le Salon Éducation, ce sont 5 jours, 200 exposants du monde de l’édition scolaire et pĂ©dagogique, de la culture, du voyage organisĂ©, du multimĂ©dia, de la prĂ©vention, de la formation, etc. Ce sont aussi des confĂ©rences et ateliers animĂ©s par des chercheurs et experts sur les thĂ©matiques, cette annĂ©e, de l’éducation positive, des enfants Ă  besoins spĂ©cifiques, de la violence et du harcĂšlement, et bien d’autres thĂšmes encore.

AprĂšs une balade dans le quartier presque abandonnĂ© de Charleroi Expo pour en trouver l’entrĂ©e, je me faufile dans le premier hall, entre jouets mĂ©caniques, groupes de presse, stands de modules et jeux de psychomotricitĂ©, manuels scolaires et matĂ©riel didactique en tout genre.

TrĂšs vite, je dĂ©couvre le stand de Lire et Écrire, qui me prĂ©sente ses huit mallettes pĂ©dagogiques, kits d’animation Ă  destination des primo-arrivants, «pour (mieux) comprendre la Belgique». Celles-ci ont Ă©tĂ© conçues pour leur permettre de dĂ©couvrir leur nouveau lieu de vie, de se dĂ©brouiller au quotidien, d’acquĂ©rir des connaissances Ă©lĂ©mentaires sur l’histoire de la Belgique, ses institutions et leur fonctionnement, ses caractĂ©ristiques socio­économiques et culturelles, etc. Un impressionnant travail de vulgarisation des rouages de notre pays.

Presqu’à cĂŽtĂ©, se tient le stand des ONG de coopĂ©ration au dĂ©veloppement, toutes regroupĂ©es sur le salon en un seul lieu. J’ai l’occasion d’y participer Ă  un quiz original portant sur l’éducation (numĂ©rique) Ă  la citoyennetĂ©. Le principe est simple: des Ă©crans avec des questions, un vase pour chaque rĂ©ponse possible et des bandelettes de couleur Ă  y dĂ©poser, pour marquer son choix et visualiser rapidement les prĂ©fĂ©rences des participants.

Les 29 ONG belges actives en milieu scolaire reprĂ©sentĂ©es sur ce stand y proposent Ă©galement le fruit de leur collaboration, un catalogue complet de leurs activitĂ©s et outils pĂ©dagogiques en matiĂšre de coopĂ©ration au dĂ©veloppementNote bas de page. Un index permet d’identifier facilement les thĂ©matiques traitĂ©es par chaque outil (commerce Ă©quitable, dĂ©couverte d’un pays, droits de l’enfant, environnement, migration, etc.). Un travail remarquable et utile!

Plus loin, c’est le stand de Child Focus qui attire mon attention. Il met en Ă©vidence son matĂ©riel pĂ©dagogique, didactique et Ă©ducatif en matiĂšre d’internet pour les jeunes, notamment son jeu Jungle webNote bas de page. L’organisation propose aussi un catalogue rĂ©pertoriant 34 outils sur le sujet, sous forme de fiches techniques reprenant les objectifs, le public, les thĂšmes et les caractĂ©ristiques de chacun.

Mon regard s’arrĂȘte au passage sur la «classe du futur», avec ses tableaux interactifs, ses cahiers de communication numĂ©riques et autres technologies de pointe.

En parlant de nouvelles technologies, la CitĂ© des MĂ©tiers de Charleroi prĂ©sente VidĂ©oboxNote bas de page, son application mobile Ă  destination des jeunes, des demandeurs d’emploi et des personnes en rĂ©orientation professionnelle. Celle-ci permet de s’informer sur les mĂ©tiers. Il s’agit en rĂ©alitĂ© d’une banque de donnĂ©es de 700 «vidĂ©os mĂ©tiers» dans lesquelles des professionnels prĂ©sentent leur job. Pour s’y retrouver, toutes les vidĂ©os sont classĂ©es par verbes d’action. Vous aimez diriger, fabriquer ou plutĂŽt divertir? Vous cherchez un mĂ©tier accessible? En alternance? Avec des dĂ©bouchĂ©s? Il suffit de quelques clics pour dĂ©couvrir le mĂ©tier qui vous correspond.

Bref arrĂȘt au stand de l’asbl verviĂ©toise Loupiote, qui dĂ©veloppe des ateliers itinĂ©rants d’éducation au et par le cinĂ©ma. Elle y prĂ©sente son guide pĂ©dagogique ‘No hate’ Note bas de page, support d’animation pour un travail de sensibilisation des jeunes Ă  la problĂ©matique du discours de haine en ligne et du cyber-harcĂšlement.

Ensuite, c’est le stand Cooking Class de Colruyt qui attire mon attention. Le groupe de distribution propose un programme de cours complet en ligne sur l’alimentation et l’exercice physiqueNote bas de page, Ă  destination des Ă©coles. On y retrouve des recettes pour enfants, des animations autour des fruits et lĂ©gumes, des vidĂ©os avec de petits exercices physiques, des idĂ©es de bricolage, etc. sur des thĂšmes variĂ©s comme la conservation de la nourriture, l’hygiĂšne alimentaire ou la gestion durable de la pĂȘche. Un enseignant intĂ©ressĂ© s’inscrit et reçoit un petit dossier de prĂ©sentation, accompagnĂ© de divers bons de rĂ©duction pour faire des achats dans les magasins du groupe. Bien que l’initiative ne soit pas dĂ©nuĂ©e d’arriĂšre-pensĂ©es commerciales, elle mĂ©rite tout de mĂȘme d’ĂȘtre soulignĂ©e.

On note aussi la prĂ©sence de l’ONE ou du rĂ©seau Anastasia, centre de ressources documentaires de la province de Namur, qui propose un large stand plutĂŽt fourni en livres et matĂ©riel Ă©ducatif. Divers musĂ©es et offices du tourisme prĂ©sentent quant Ă  eux leur offre pĂ©dagogique, tandis que les sociĂ©tĂ©s spĂ©cialisĂ©es dans le voyage organisĂ© proposent classes vertes et de neige en tout genre.

Le secteur promotion santĂ© semble plutĂŽt discret cette annĂ©e. Toutefois, on relĂšve notamment la prĂ©sence du Fonds BYX avec son appel Ă  projets ‘Ne tournons pas autour du pot’Note bas de page, du service Infor SantĂ© de la MutualitĂ© chrĂ©tienne ou de ‘Sourire pour tous‘ (Fondation pour la SantĂ© dentaire).

HarcĂšlement scolaire et enfants Ă  haut potentiel

C’est l’heure des confĂ©rences. La premiĂšre Ă  laquelle j’assiste est organisĂ©e par l’UniversitĂ© de Paix (RĂ©seau PrĂ©vention HarcĂšlementNote bas de page) et porte sur le (cyber-) harcĂšlement entre Ă©lĂšves. L’atelier est complet et mĂȘme plus: 60 Ă  70 personnes, parmi lesquelles un grand nombre de jeunes Ă©tudiants, sont venues Ă©couter les deux confĂ©renciĂšres. Elles nous rĂ©vĂšlent des chiffres prĂ©occupants: selon l’OMS, 1 Ă©lĂšve sur 5 se dĂ©clarerait victime de harcĂšlement; les 11-15 ans, particuliĂšrement soucieux de leur appartenance au groupe et de leur acceptation par les autres, seraient les plus touchĂ©s; seulement 5,6% des jeunes harcelĂ©s prendront la dĂ©cision d’aller trouver un adulte; seuls 1,8% des tĂ©moins parleront.

Le harcÚlement serait une relation triangulaire (harceleur-s/ victime-s/ pair-s témoin-s) dans laquelle les pairs témoins ont une importance capitale car ce sont ceux qui donnent du poids au harceleur. Ainsi, la réflexion du groupe Réseau Prévention HarcÚlement tourne notamment autour de la rupture de cette relation particuliÚre.

Ces constats posĂ©s, les confĂ©renciĂšres terminent en proposant des pistes d’action pour les professionnels travaillant avec les jeunes, afin de les aider Ă  dĂ©tecter le harcĂšlement ou idĂ©alement, Ă  l’Ă©viter. MalgrĂ© le brouhaha ambiant et le manque de confort, cette confĂ©rence, parmi les centaines proposĂ©es sur le salon, s’est sans doute avĂ©rĂ©e fort intĂ©ressante et utile pour les professionnels prĂ©sents.

Ding-ding-ding: la cloche sonne, la classe commence. Le second atelier auquel je participe nous propose de nous mettre dans la peau d’un enfant Ă  besoins spĂ©cifiques, un ‘HP’ (haut potentiel). C’est une orthopĂ©dagogue spĂ©cialisĂ©e en accompagnement des enfants en difficultĂ© d’apprentissage qui joue le rĂŽle de la maĂźtresse.

L’exposĂ© commence par un petit exercice: relier 9 points rĂ©partis sur 3 lignes en quatre traits, sans soulever son crayon
 Nous avons quelques minutes pour rĂ©soudre l’exercice. À l’issue de celui-ci, la plupart d’entre nous ont Ă©chouĂ©. Il existe pourtant une solution, mais pour la trouver, il faut «sortir des cases», ce que les enfants HP font trĂšs facilement, pas parce qu’ils sont plus intelligents que les autres comme le laissent penser les stĂ©rĂ©otypes Ă  leur sujet, mais parce qu’ils ont un mode de rĂ©flexion diffĂ©rent.

L’enfant HP a une pensĂ©e par arborescence, ou en rĂ©seau, qui se dĂ©ploie dans plusieurs directions face Ă  une problĂ©matique donnĂ©e (versus sĂ©quentielle, ou linĂ©aire, pour la plupart des personnes prĂ©sentes). Plus concrĂštement, quand une personne HP rĂ©flĂ©chit, c’est un peu comme un feu d’artifice, constituĂ© de tout un ensemble de mots, de sons, de couleurs, de formes qui s’associent dans le cerveau… Bien des choses se mĂȘlent, c’est comme une explosion de connexions neuronales. En effet, les neurones du HP sont deux fois plus rapides, les connexions entre son cerveau droit (celui qui gĂšre l’espace, l’intelligence globale, l’intuition, le sens artistique, etc.) et son cerveau gauche (qui gĂšre le temps, le langage, le calcul, la pensĂ©e analytique, les savoir-faire et les procĂ©dures) se font plus rapidement, ce qui lui donne aussi une grande rapiditĂ© d’exĂ©cution.

La confĂ©renciĂšre dĂ©construit une Ă  une les idĂ©es reçues Ă  propos des HP: un tiers d’entre eux sont en Ă©chec scolaire, ce sont des personnes qui apprennent vite mais ne retiennent pas, les enfants rencontrent souvent des problĂšmes de mĂ©thodologie, ils ont besoin de sens et de globalitĂ©, dans un systĂšme scolaire peu adaptĂ© Ă  leurs besoins, trĂšs sĂ©quentiel et normatif. Elle conclut son exposĂ© en encourageant les enseignants et tout un chacun Ă  apprendre Ă  changer de regard, Ă  s’intĂ©resser Ă  la diffĂ©rence pour ne pas en faire une inĂ©galitĂ©. Un atelier illustrĂ©, vivant, clair et concis, par une confĂ©renciĂšre trĂšs pĂ©dagogue !

RĂ©seau dont l’objectif est de crĂ©er un lieu de concertation et de collaboration visant Ă  sensibiliser les acteurs scolaires et de partager informations, ressources et rĂ©flexions pour prĂ©venir le harcĂšlement Ă  l’école. Pour en savoir plus: http://www.enseignement.be/index.php?page=27753&navi=4289

Un comparateur d’outils dans la base de donnĂ©es www.pipsa.be

C’est assez courant lorsqu’on veut acheter un tĂ©lĂ©phone portable, un pull ou une voiture d’occasion sur une boutique en ligne: le vendeur vous propose de comparer entre eux les produits afin de sĂ©lectionner celui qui est le mieux adaptĂ© Ă  votre usage.

Depuis peu, ce service est aussi disponible pour des outils pĂ©dagogiques en promotion de la santĂ©, sur le site www.pipsa.be de l’OutilthĂšque santĂ© gĂ©rĂ©e par le Service Promotion SantĂ© de Solidaris et financĂ©e par la RĂ©gion wallonne et la Cocof.

RĂ©troactes

PIPSa, comme la plupart des bases de donnĂ©es, permet une recherche d’outils pĂ©dagogiques sur base d’un thĂšme de santĂ©, d’un support ou du public. Le rĂ©sultat de recherche fournit une liste d’outils (du plus rĂ©cent au plus ancien), parfois assez longue selon la thĂ©matique sĂ©lectionnĂ©e (par exemple elle affiche pas moins de 78 outils sur l’alimentation).

Il devenait nĂ©cessaire, pour une plus grande facilitĂ© d’utilisation du site et de choix parmi les outils proposĂ©s, que l’utilisateur puisse comparer ces outils entre eux.

Comment ça marche?

En cliquant sur la fonction ‘Ajouter Ă  mon Compar’Outils’, le surfeur insĂšre les outils qu’il souhaite comparer dans un tableau synthĂ©tique. Celui-ci permet une vue transversale des outils sĂ©lectionnĂ©s et lui permet de rĂ©pondre aux questions suivantes:

  • pour quel public, enfants, adolescents, adultes?
  • combien ça coĂ»te?
  • est-il tĂ©lĂ©chargeable, disponible en prĂȘt, faut-il l’acheter?
  • quel type de support?
  • quel temps investir pour pouvoir l’utiliser?
  • quels contenus sont abordĂ©s?
  • quels sont les points forts de cet outil, par rapport aux outils sur la mĂȘme thĂ©matique, quelle serait la plus-value de celui-ci?
  • quels sont les points d’attention, y a-t-il des rĂ©serves par rapport Ă  son utilisation?
  • quels outils pourraient ĂȘtre utilisĂ©s en complĂ©ment?

Le Compar’Outils s’affiche sur la largeur de l’écran. Il permet de comparer 4 outils en mĂȘme temps.

Les critùres ‘coup de cƓur’ rendus visibles

Le tableau comparatif permet de visualiser les cotations obtenues par les outils sur les 5 critùres permettant d’obtenir le ‘coup de cƓur’ de PIPSa :

  • cohĂ©rence: les objectifs, le contenu, le dispositif pĂ©dagogique, les Ă©lĂ©ments graphiques, le support sont-ils bien adaptĂ©s au public destinataire et au public utilisateur?
  • attractivitĂ©: a-t-on envie ‘d’aller vers’ l’outil, suscite-t-il de la curiositĂ©, de l’intĂ©rĂȘt?
  • interactivitĂ©: l’outil ou sa dynamique d’utilisation permettent-ils de construire de l’interaction entre les participants?
  • soutenant pour l’utilisateur: le guide d’accompagnement fournit-il le fil rouge et tous les Ă©lĂ©ments utiles pour s’approprier l’outil?
  • soutenant pour la promotion de la santĂ©: propose-t-il une vue globale et positive de la santĂ©, prend-il en compte des dĂ©terminants individuels et environnementaux de la santĂ©, contribue-t-il au renforcement du pouvoir d’agir et de dire?

Jusqu’ici, ces critĂšres n’étaient pas visibles dans l’avis de PIPSa. Le Compar’Outils les intĂšgre dans le tableau comparatif, sous la forme d’une graduation de 1 Ă  4 Ă©toiles. Ils peuvent donc dĂ©sormais entrer en ligne de compte pour sĂ©lectionner un outil.

Le Compar’Outils ne se substitue pas à l’avis de PIPSa!

S’il permet un premier tri des outils, le comparateur ne fournit qu’une information lacunaire quant Ă  la qualitĂ© de l’outil. Une lecture de l’avis des Ă©valuateurs reste tout Ă  fait pertinente pour finaliser son choix d’outil.

«Accepter de l’argent de l’industrie du tabac, c’est comme si le gouvernement fĂ©dĂ©ral faisait construire de nouvelles Ă©coles de police aux frais de la mafia.» (HervĂ© Hasquin, Ă  l’époque Ministre-prĂ©sident de la CommunautĂ© française)

Partage et application de connaissances (PAC)

L’itinĂ©raire incertain des connaissances issues de la recherche

Pour Ă©laborer un projet territorial en prĂ©vention et promotion de la santĂ©, les dĂ©cideurs locaux auraient tout Ă  gagner Ă  s’appuyer sur les enseignements issus de la recherche en santĂ© publique, notamment ceux qui explicitent les ressorts des inĂ©galitĂ©s sociales et territoriales de santĂ© ainsi que les modalitĂ©s d’interventions visant Ă  les rĂ©duire.

Le font-ils? Trop peu, juge une Ă©quipe de chercheurs appartenant au DĂ©partement des Sciences humaines et sociales de l’École des Hautes Études en SantĂ© Publique de Rennes (EHESP) et ses collaborateurs de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al. Aussi ces chercheurs, emmenĂ©s par l’enseignante-chercheur Jeanine Pommier, ont-ils bĂąti un projet de recherche dĂ©diĂ© Ă  cette problĂ©matique, qu’ils ont baptisĂ© RICAPNote bas de page (Recherche et intervention: collaboration entre chercheurs et acteurs des politiques).

Leur objectif: Ă©tudier les conditions nĂ©cessaires au partage et Ă  l’application des connaissances en santĂ© publique entre chercheurs et acteurs de politiques locales. Ces travaux, dĂ©marrĂ©s en 2013, ont fait l’objet d’une journĂ©e d’Ă©change et de production collectiveNote bas de page le 7 octobre dernier Ă  l’EHESP. Trente personnes y ont participĂ©. Parmi elles se trouvaient des acteurs de la recherche mais aussi des techniciens de santĂ© publique ou de promotion de la santĂ©, des dĂ©cideurs politiques, associatifs et institutionnels, des ingĂ©nieurs d’études et une poignĂ©e de professionnels des mĂ©dias et Ă©diteurs en santĂ© publique.

PAC: de quoi parle-t-on?

Qu’on se le dise: ce PAC-lĂ  n’a rien Ă  voir avec la Politique agricole commune! Il s’agit de son homonyme masculin: Partage et Application de Connaissances, un concept qui dĂ©signe l’ensemble des fonctions et des processus qui visent Ă  amĂ©liorer la maniĂšre dont les connaissances sont partagĂ©es et appliquĂ©es pour apporter des changements efficaces et durables. Il se fonde sur trois stratĂ©gies complĂ©mentaires: informationnelle, relationnelle et systĂ©mique.

La premiĂšre – informationnelle – consiste Ă  sensibiliser les acteurs au moyen de notes de synthĂšse, dossiers de connaissances, infographies, bases de donnĂ©es qui sont autant d’outils utiles Ă  la collecte, au stockage et Ă  la communication d’informations pour en faciliter l’accĂšs et l’utilisation.

La deuxiĂšme – relationnelle – revient Ă  mobiliser les acteurs, crĂ©er du lien entre eux et les faire collaborer en vue de coproduire des connaissances via les rĂ©seaux sociaux, des plateformes collaboratives ou des communautĂ©s de pratique par exemple.

La troisiĂšme enfin – systĂ©mique – vise Ă  dĂ©velopper les capacitĂ©s de tous, acteurs politiques et chercheurs, en vue d’une meilleure intĂ©gration des connaissances dans les pratiques des uns et des autres. Ca, c’est pour la thĂ©orie.

Trois années de recherche

Le projet RICAP s’inscrit dans ce cadre conceptuel avec la volontĂ© d’interroger chacune des trois stratĂ©gies du PAC. Son coordinateur, Anthony Lacouture, est doctorant en santĂ© publique et science politique. Il s’est d’abord employĂ© Ă  dĂ©crire le PAC au moyen d’une revue de la littĂ©rature internationale sur le transfert de connaissances.

Puis il a lancĂ© deux Ă©tudes portant sur les dispositifs de collaboration entre chercheurs et dĂ©cideurs en santĂ© publique dans trois rĂ©gions françaises. Par dispositifs de collaboration, il faut comprendre recherches interventionnelles, recherches action, participatives ou Ă©valuatives ou encore Ă©valuations d’impact en santĂ© (EIS). «Dans la premiĂšre de ces Ă©tudes», rapporte-t-il, «l’objectif a Ă©tĂ© d’Ă©tudier les conditions facilitantes ou limitantes du PAC entre chercheurs et acteurs des politiques.» Ces deux-lĂ  n’Ă©voquent pas les mĂȘmes facteurs, on s’en doute. Trois dispositifs de collaboration, en Bretagne, en Île-de-France et en Provence-Alpes-CĂŽte-d’Azur, ont ensuite Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s pour ĂȘtre passĂ©s au crible et comprendre pourquoi et comment ceux qui s’y impliquent produisent des connaissances et favorisent leur utilisation en faveur de la santĂ© des populations. Ce travail est toujours en cours et sera au coeur de la thĂšse universitaire d’Anthony Lacouture.

Mais ce n’est pas tout car le projet RICAP s’intĂ©resse plus particuliĂšrement Ă  la trajectoire de la connaissance Ă  l’Ă©chelle de l’intercommunalitĂ©. C’est pourquoi les chercheurs se sont ensuite employĂ©s Ă  questionner des Ă©lus et des techniciens de communes et d’intercommunalitĂ©s sur la maniĂšre dont ils mettent en oeuvre les trois stratĂ©gies du PAC. Enfin, ils ont rencontrĂ© 19 d’entre eux en Bretagne, soit onze Ă©lus et huit techniciens pour Ă©tudier dans le dĂ©tail avec eux la question des conditions nĂ©cessaires Ă  l’utilisation des donnĂ©es issues de la recherche en matiĂšre de prĂ©vention et promotion de la santĂ©.

Trois annĂ©es de recherche ont ainsi permis Ă  Anthony Lacouture de collecter quantitĂ© de donnĂ©es, de discours et de constats, matĂ©riau Ă  partir duquel il a extrait une sĂ©rie de propositions d’actions pour optimiser la mobilisation, le partage, la production ou l’utilisation des connaissances au sein des territoires lors de l’Ă©laboration d’un projet en prĂ©vention et promotion de la santĂ©.

État de l’art sur le transfert de connaissances

Le jeune chercheur en Ă©tait lĂ  quand s’est tenue la journĂ©e de travail du 7 octobre. Les participants rĂ©unis dans l’amphithĂ©Ăątre savaient Ă  quoi s’en tenir: leurs cerveaux seraient mis Ă  contribution pour discuter les actions proposĂ©es, en imaginer de nouvelles et sĂ©lectionner quelques prioritĂ©s qu’il leur faudrait ensuite rendre opĂ©rantes au moyen de fiches actions. Pas de quoi effrayer les professionnels de santĂ© publique ayant rĂ©pondu Ă  l’invitation de l’EHESP, habituĂ©s Ă  de telles mĂ©thodes de travail et aux allers-retours entre sĂ©ances plĂ©niĂšres et travaux de groupe.

En prĂ©ambule et une fois le programme et les enjeux de la journĂ©e prĂ©sentĂ©s par Jeanine Pommier, ce sont les chercheurs quĂ©bĂ©cois qui ont pris la parole les premiers pour brosser un rapide portrait du transfert de connaissances, autrement plus Ă©tudiĂ© outre-Atlantique qu’en France.

Á travers ses mĂ©canismes efficaces et ses facteurs d’influence d’abord, par la voix de Christian Dagenais, professeur de psychologie Ă  l’UniversitĂ© de MontrĂ©al et directeur de l’Ă©quipe RENARD dĂ©diĂ©e prĂ©cisĂ©ment au transfert de connaissances. “ “Le profil de l’utilisateur, son expertise, ses habilitĂ©s et ses compĂ©tences propres comptent bien entendu”, a-t-il expliquĂ©. “Mais ce ne sont pas les seules influences. Les caractĂ©ristiques liĂ©es Ă  l’environnement et aux structures organisationnelles du dĂ©cideur et du chercheur lui-mĂȘme entrent aussi en ligne de compte.’

Puis ValĂ©ry Ridde, professeur de santĂ© publique Ă  l’École de santĂ© publique de l’UniversitĂ© de MontrĂ©al, a Ă©voquĂ© quelques-uns des outils qu’il a lui-mĂȘme mobilisĂ© pour faire connaĂźtre ses travaux sur les politiques de santĂ© en Afrique de l’Ouest aux dĂ©cideurs locaux: infographies Ă©laborĂ©es Ă  partir de donnĂ©es probantes, caricatures, vidĂ©os, recours au thĂ©Ăątre de rue, notes de politique (policy briefs en anglais) incluant des recommandations opĂ©rationnelles pour l’action ou encore blog alimentĂ© avec le concours d’Ă©crivants, journalistes ou pas. ‘Mais attention”, prĂ©vient-il, “il n’existe pas d’outil miracle qui marche Ă  tous les coups. Le transfert de connaissances reste un processus complexe. »

Ces constats et Ă©lĂ©ments de rĂ©flexion Ă©tant posĂ©s, les participants se sont mis au travail. Objectif: discuter en groupes de la pertinence des quinze actions proposĂ©es, rĂ©parties selon les quatre processus du PAC – mobilisation, partage, production et utilisation des connaissances – et ses trois stratĂ©gies citĂ©es plus haut – informationnelle, relationnelle, systĂ©mique.

Par exemple et pour ne citer que deux actions avec l’espoir de ne pas rendre cet article complĂštement indigeste: ‘DĂ©velopper le lobbying et la fonction d’interpellation des Ă©lus par les Ă©lus et autres acteurs pour crĂ©er une culture commune dans le temps’. Ou encore: ‘rĂ©aliser un support permettant de prĂ©senter les modalitĂ©s de recherche en prĂ©vention et promotion de la santĂ© pour favoriser leur appropriation par les acteurs des politiques’.

Dans les groupes, les langues se sont dĂ©liĂ©es doucement, chacun cherchant le point d’entrĂ©e faisant Ă©cho Ă  sa pratique professionnelle. Sur le volet mobilisation des connaissances existantes, plusieurs initiatives ont Ă©tĂ© citĂ©es en exemple, notamment celle du Centre national de formation de la fonction publique (CNFPT) intitulĂ©e e-communautĂ© en santĂ© publique. Le dĂ©marrage de cette plateforme d’échange entre chercheurs, acteurs et dĂ©cideurs sur des questions de santĂ© publique est prĂ©vu en dĂ©cembre 2016Note bas de page.

S’agissant de la production de nouvelles connaissances, une poignĂ©e de participants a judicieusement fait remarquer que le dĂ©but de mandat d’un Ă©lu n’est pas le meilleur moment pour initier des collaborations avec les chercheurs dans la mesure oĂč sa prise de fonction l’accapare dĂ©jĂ  beaucoup. D’autres ont pointĂ© le fait que conditionner les appels Ă  projet de recherche Ă  un partenariat entre les Ă©quipes de recherche, les citoyens et les dĂ©cideurs est un levier simple et puissant.

Quid des stratĂ©gies pour diffuser les connaissances localement? Le concept ‘Ma thĂšse en 180 secondes’, qui consiste Ă  prĂ©senter une recherche et ses enjeux en trois minutes chrono Ă  un public lambda, pourrait ĂȘtre inspirant. Plusieurs personnes ont Ă©galement plaidĂ© pour une co-construction des connaissances, au travers notamment de la recherche interventionnelle, jugeant que les acteurs de terrain se les approprient ensuite mieux que les donnĂ©es issues du seul travail des chercheurs et fournies par eux.

A voté!

InvitĂ© Ă  formuler eux-mĂȘmes des nouvelles pistes d’actions, l’ensemble des groupes en a livrĂ© seize en mesure, selon eux, d’optimiser la mobilisation, la production et le partage des connaissances. Ils sont en revanche restĂ©s cois sur l’axe ‘utilisation de ces connaissances’. Puis l’amphithĂ©Ăątre a pris des allures de bureau de vote. Les participants Ă©taient invitĂ©s Ă  choisir parmi toutes ces propositions (31 au total) pour n’en retenir que quatre, une par processus du PAC, qu’ils estimaient prioritaires. Un vote tout ce qu’il y a de plus moderne via internet et au moyen du smartphone, de la tablette ou de l’ordinateur portable que chacun avait pris soin d’apporter.

Les rĂ©sultats, disponibles en un rien de temps, ont rĂ©vĂ©lĂ© un certain consensus autour de deux processus, plĂ©biscitant les actions suivantes: ‘penser un dispositif territorial souple et fluide pour faire connaitre d’une part, les recherches menĂ©es et d’autre part, les problĂ©matiques auxquelles sont confrontĂ©s les acteurs des politiques et les actions qu’ils mettent en oeuvre pour y faire face’ (axe mobilisation) et ‘crĂ©er des modalitĂ©s d’accompagnement et de soutien des acteurs des politiques pour favoriser l’utilisation des connaissances scientifiques’ (axe utilisation).

Sur les deux autres axes, les votes Ă©taient plus dispersĂ©s. Lors de la derniĂšre sĂ©quence de travail, quatre groupe ont investi quatre salles avec pour consigne de bĂątir chacun une fiche action correspondant Ă  une action prioritaire. Á dĂ©faut d’action prioritaire Ă©vidente, le groupe avait la libertĂ© de travailler sur la proposition de son choix et de formuler lui aussi un ou plusieurs objectifs, d’identifier des porteurs potentiels de l’action, de la dĂ©crire, de pointer leviers, contraintes et points de vigilance.

Le temps Ă©tait limitĂ©, le travail collectif quelque peu hĂ©sitant. NĂ©anmoins, la restitution des travaux en plĂ©niĂšre a rĂ©vĂ©lĂ© l’existence de quatre Ă©bauches bien amorcĂ©es, que les chercheurs investis dans le projet RICAP ont confirmĂ© vouloir exploiter pour la suite de leurs travaux sur le PAC en prĂ©vention et promotion de la santĂ© Ă  l’Ă©chelle des territoires.

L’oeil du novice

Lionel LarquĂ© n’est ni dĂ©cideur politique, ni acteur de santĂ© sur le terrain, ni chercheur en santĂ© publique. Il a pourtant assistĂ© Ă  toute la journĂ©e de travail, pris part aux discussions de groupe, au vote et Ă  la rĂ©daction des fiches actions. Il a surtout Ă©coutĂ© attentivement chacune des interventions, affichant de temps Ă  autre un sourire entendu voire surpris. Á la ville, il est physicien-ocĂ©anographe et directeur gĂ©nĂ©ral d’ALLISS (Alliance Sciences SociĂ©tĂ©), un rĂ©seau associatif d’acteurs militant pour un meilleur dialogue entre sciences et sociĂ©tĂ©.

Á la scĂšne ce jour-lĂ , il s’est livrĂ© Ă  un exercice de bousculade intellectuelle en exprimant sans dĂ©tour ce que les Ă©changes de la journĂ©e lui avaient laissĂ© comme impressions. “Il y a plusieurs Ă©lĂ©phants dans le couloir qui sont autant d’implicites et de non-dits que vous auriez tout intĂ©rĂȘt Ă  rendre explicites. Cela rendrait vos discours et vos intentions plus audibles. Le primat du soin et du mĂ©dicament par exemple. Vous sous-entendez que c’est un problĂšme mais sans l’exprimer clairement. Vous semblez aussi considĂ©rer que la sociĂ©tĂ© agit raisonnablement et que la force des donnĂ©es probantes guide les acteurs dans leurs dĂ©cisions. Mais ce n’est pas ainsi que cela se passe. Les dĂ©cideurs ont eux-mĂȘmes une vision du monde et vont tout faire pour ignorer ce que vous avez Ă  leur dire. C’est en sortant des non-dits pour construire une vision commune des problĂšmes que vous avancerez.”

Lionel LarquĂ© rĂ©fute l’usage du terme ‘transfert de connaissances’. “Pensez-vous vraiment que les connaissances ne circulent que dans un seul sens ou qu’elles ont intĂ©rĂȘt Ă  cela?”. Autre bataille Ă  mener selon Lionel LarquĂ©: celle de la langue et de la mĂ©diation du courant scientifique produit. “Il ne s’agit pas de parler latin Ă  votre Église mais d’ĂȘtre compris par le peuple!”

Pour lui, les questions de recherche ne peuvent Ă©merger que si elles ont d’abord eu l’occasion d’incuber et de se confronter Ă  diffĂ©rents paradigmes. ‘Cela revient notamment Ă  se demander qui pose la question, comment, en quels termes exactement? C’est le mininum Ă©thique du partage de connaissances.’

Nul doute que cette remise en question un brin dĂ©stabilisante aura fait mouche dans l’assistance…

Ce que la géographie peut pour le dépistage du cancer du sein

Pour l’association française ‘Élus, santĂ© publique & territoires’ (ESPT) qui regroupe plus de 60 villes, il est Ă©vident que les Ă©lus locaux ont la capacitĂ©, et aussi le devoir, d’agir sur les inĂ©galitĂ©s sociales et territoriales de santĂ©.

Mais comment faire pour les en convaincre et les inciter Ă  passer Ă  l’action? S’emparant de la problĂ©matique du dĂ©pistage du cancer du sein en Île-de-France, l’association a nouĂ© un partenariat acteurs-dĂ©cideurs-chercheurs avec deux Ă©quipes universitaires de gĂ©ographes de la santĂ© et les acteurs de santĂ© rĂ©gionaux. Leur but: s’inscrire dans une logique de coproduction d’une connaissance scientifique utilisable pour l’action publique.

Depuis 2010, ils s’emploient Ă  effectuer des diagnostics locaux de santĂ© Ă  l’Ă©chelle infra-communale, c’est-Ă -dire quartier par quartier. Les donnĂ©es sont recueillies par les diffĂ©rents acteurs du champ de la santĂ© agissant pour la prĂ©vention du cancer du sein sur ces territoires, puis les scientifiques et leurs Ă©tudiants Ă©laborent une cartographie des disparitĂ©s de participation au dĂ©pistage, complĂ©tĂ©e par une enquĂȘte qualitative visant Ă  expliquer les variations observĂ©es d’un quartier Ă  l’autre. Á ce jour, une cinquantaine de communes franciliennes se sont prĂȘtĂ©es au jeu. Les rĂ©sultats de cette recherche n’ont pas vocation Ă  demeurer confidentiels: une plateforme rĂ©gionale baptisĂ©e GĂ©odĂ©pistage recense toutes les Ă©tudes. Les partenaires s’emploient Ă©galement Ă  suivre et faire connaĂźtre les retombĂ©es opĂ©rationnelles sur le terrain.

Pour en savoir plus: https//villesetsante.com

BientÎt une plateforme française de ressources en santé publique?

InSPIRe-ID est le pertinent acronyme d’une initiative française originale et prometteuse. En version longue, cela donne: Initiative en SantĂ© Publique pour l’Interaction de la Recherche, de l’Intervention et de la DĂ©cision.

Il s’agit ni plus ni moins d’un dispositif de transfert et de partage de connaissances en santĂ© publique Ă  l’Ă©chelle du pays, en construction depuis quelques annĂ©es Ă  l’EHESP sous la houlette de Linda Cambon, Laurent Chambaud et François Petitjean. “De nombreuses donnĂ©es existent sur les interventions probantes ou prometteuses en prĂ©vention et promotion de la santĂ©: ce qui marche, Ă  quelles conditions, etc. Mais, constatent-ils, elles ne sont pas travaillĂ©es pour ĂȘtre facilement accessibles aux professionnels. De fait il y a plusieurs obstacles tels que le coĂ»t, la langue, la traduction en synthĂšses et en rĂ©fĂ©rentiels d’action.’

L’idĂ©e consiste donc Ă  crĂ©er une plateforme collaborative de ressources ouverte aux chercheurs et aux opĂ©rateurs en santĂ© publique, qui recense, valorise et mutualise les donnĂ©es utiles et utilisables par les uns et les autres, propose appui et expertises pour la recherche et l’utilisation des donnĂ©es probantes et encourage la recherche interventionnelle.

L’autre caractĂ©ristique du projet est de rĂ©unir au sein de son comitĂ© de pilotage dix institutions et agences de santĂ© publique françaises parmi les plus influentes tels que la Direction gĂ©nĂ©rale de la SantĂ©, la SociĂ©tĂ© française de santĂ© publique, SantĂ© Publique France ou encore l’Institut national du cancer, auxquels s’ajoute une douzaine de partenaires tout aussi incontournables. Une gageure en somme.

DĂ©but 2016, le projet Ă©tait sur les rails et semblait bien parti. Un Ă©tat des lieux des dispositifs existant en France et pouvant permettre d’alimenter Ă  court ou moyen terme la future plateforme Ă©tait remis Ă  François Petitjean et concluait Ă  la nĂ©cessitĂ© d’offrir des services Ă  forte valeur ajoutĂ©e.

Anthony Lacouture, doctorant au sein du projet RICAP, a pour sa part bouclĂ© une Ă©tude qui passe en revue les dispositifs mis en oeuvre Ă  l’Ă©tranger auprĂšs des dĂ©cideurs pour favoriser le recours aux donnĂ©es sur des interventions probantes ou prometteuses dans le champ de la prĂ©vention et de la promotion de la santĂ©. Seulement voilĂ : depuis cet automne, la belle initiative boit la tasse. “InSPIRe ID est aujourd’hui suspendu’, a annoncĂ© Linda Cambon aux participants Ă  la journĂ©e d’Ă©change et de production autour du projet RICAP, laissant entendre que des querelles de chapelle pour savoir qui s’attribuerait la paternitĂ© du dispositif Ă©taient Ă  l’origine de la noyade. “Pour autant”, a-t-elle ajoutĂ©, “les travaux se poursuivent entre la SFSP, l’EHESP et l’Institut Renaudot dans le but de structurer un outil commun pour l’Ă©valuation des actions en santĂ© publique.’ Ce dernier n’a pas encore de nom. Du reste, il n’en aura peut-ĂȘtre jamais. ‘Le naufrage d’InSPIRe-ID a commencĂ© quand nous avons baptisĂ© le dispositif’, glisse Linda Cambon.

Présentation et actualités du projet RICAP sont disponibles sur son site internet.

Cette journĂ©e Ă©tait organisĂ©e par l’EHESP en collaboration avec le RĂ©seau français des Villes-SantĂ© de l’OMS, l’Association Élus, santĂ© publique et territoires, la chaire REALISME et l’équipe RENARD.

L’article a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© mi-novembre (ndlr).

MĂȘme pas vrai

Déconstruire les stéréotypes en matiÚre de sexualité

Quels que soient notre Ăąge, notre sexe, notre orientation sexuelle, nous sommes tou-te-s confrontĂ©-e-s un jour ou l’autre Ă  des idĂ©es reçues en matiĂšre de sexualitĂ© qui conditionnent nos maniĂšres de penser et de vivre.

La FĂ©dĂ©ration des Centres de Planning Familial des FPS (FCPF-FPS) a voulu mettre en lumiĂšre 32 stĂ©rĂ©otypes pour les dĂ©construire au travers d’un outil interactif en ligne.

Tout le monde ne se sentira pas concerné par tous ces stéréotypes mais chacun-e en a sûrement déjà entendu certains.

Le site www.memepasvrai.be dĂ©construit ces idĂ©es prĂ©conçues de maniĂšre interactive. Il est complĂ©tĂ© par un dossier pĂ©dagogique qui permet d’aller plus loin dans le travail de dĂ©codage de ces stĂ©rĂ©otypes au travers d’explications plus dĂ©taillĂ©es ainsi que de nombreuses rĂ©fĂ©rences bibliographiques.

Il est important que chacun-e se sente libre de vivre sa sexualitĂ© comme il/elle le souhaite et non comme la sociĂ©tĂ© lui impose. ‘MĂȘme pas vrai’ a pour objectif de prendre conscience des clichĂ©s qui subsistent en cette matiĂšre, et, au-delĂ , de promouvoir la santĂ© sexuelle en tant que droit humain ainsi que l’épanouissement sexuel dĂ©nuĂ© de toute contrainte sociale liĂ©e au genre.

Fédération des Centres de Planning Familial des FPS (FCPF-FPS), Place Saint-Jean 1-2, 1000 Bruxelles. Tél. : 02 515 17 68. Courriel : cpf@solidaris.be. Sites internet : www.planningsfps.be et www.memepasvrai.be.

Le communiqué officiel

Sous la prĂ©sidence de la Ministre Maggie De Block, 13 ministres se sont rĂ©unis le lundi 24 octobre Ă  propos de la politique en matiĂšre de drogues et d’alcool dans notre paysNote bas de page.

DiffĂ©rentes prioritĂ©s ont Ă©tĂ© discutĂ©es, parmi lesquelles la note cadre de sĂ©curitĂ© intĂ©grale, la problĂ©matique des jeux de hasard, la faisabilitĂ© des salles de consommation Ă  moindre risque, l’approche des nouvelles substances psychoactives et la consommation d’alcool dans notre pays.

Les ministres ont pris, entre autres, les décisions suivantes:

  • une vision commune sera dĂ©veloppĂ©e sur l’approche de la problĂ©matique des jeux de hasard dans notre pays;
  • les ministres ont approuvĂ© une note de synthĂšse sur les salles de consommation Ă  moindre risque. Une telle salle offre la possibilitĂ© Ă  des consommateurs prĂ©carisĂ©s de consommer leurs drogues sur place, en prĂ©sence de personnel de soins. La loi belge interdit actuellement de telles salles et le gouvernement fĂ©dĂ©ral ne soutiendra pas une modification de cette loi. Le dossier fera l’objet d’une Ă©tude;
  • la mise en place cette annĂ©e d’une rĂ©glementation qui amĂ©liore l’approche des marchĂ©s illĂ©gaux de nouvelles substances psychoactives;
  • la rĂ©union a soulignĂ© l’importance d’une approche globale et intĂ©grĂ©e de la problĂ©matique de l’alcool. Sur base des informations scientifiques, des expĂ©riences pratiques et des consultations, plus de trente mesures ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es dans les domaines tels que la prĂ©vention, le soin, l’alcool dans la circulation, la politique alcool sur le lieu de travail
 À ce jour, la ConfĂ©rence interministĂ©rielle n’a pas pu parvenir Ă  un accord dĂ©finitif sur un ensemble de mesures. Il y aura de nouvelles nĂ©gociations pour parvenir Ă  un accord Ă  court terme.

La réaction de la Fédito bruxelloise

«Il n’y aura pas de salle de consommation Ă  moindre risque sous cette lĂ©gislature»

C’est, en substance, ce que le gouvernement fĂ©dĂ©ral a dĂ©cidĂ© lors de la confĂ©rence interministĂ©rielle en matiĂšre de politique drogue, et ce malgrĂ© le soutien formel et explicite des ministres bruxellois et wallon.

Tout au plus y aura-t-il une Ă©tude de faisabilitĂ©, pour une application future… mais pas sous cette lĂ©gislature. La mĂȘme confĂ©rence interministĂ©rielle a pourtant avalisĂ© une note de synthĂšse trĂšs complĂšte et soulignant la plus-value des salles de consommation Ă  moindre risque (SCMR), dĂ©jĂ  vĂ©rifiĂ©e en de nombreux pays.

Cette note objective n’est pas loin de reprendre tous les arguments en faveur des SCMR, dans la droite ligne des rĂ©sultats de la recherche sur le coĂ»t social des drogues lĂ©gales et illĂ©gales (SOCOST) organisĂ©e par la Politique Scientifique FĂ©dĂ©rale, et qui soulignait la plus-value des SCMR en termes de santĂ© publique.

Cela fait longtemps que nous tentons de faire entendre nos arguments en vue d’une politique de santĂ© publique plus efficace en matiĂšre de drogues. C’est tous les jours que nous constatons les limites et faiblesses du cadre actuel. Ce cadre, c’est notamment la loi du 24 fĂ©vrier 1921: au nom de l’incitation et de la facilitation (!), elle empĂȘche le dĂ©veloppement de dispositifs de santĂ© comme les salles de consommation Ă  moindre risque.

«Aucun projet [de salle de consommation Ă  moindre risque] ne pourra ĂȘtre mis en place sans ce changement lĂ©gislatif», rappelle la confĂ©rence interministĂ©rielle, et «toute modification de cette loi est exclusivement de la compĂ©tence du fĂ©dĂ©ral.»

Le gouvernement fĂ©dĂ©ral actuel choisit donc de ne pas agir, si ce n’est en en sollicitant une Ă©tude supplĂ©mentaire sur la question. Question de prioritĂ©… ou d’encommissionnement. En tout cas les choses sont claires: «le gouvernement fĂ©dĂ©ral ne soutiendra ou initiera pas une modification de la loi du 24 fĂ©vrier 1921».

La rĂ©action du Groupe porteur ‘Jeunes, alcool et sociĂ©té’

À l’instar de ce qui s’est passĂ© en 2013, l’adoption d’un plan alcool vient de capoter, ajoutant un nouvel Ă©pisode Ă  une saga dĂ©jĂ  bien trop longue. Les associations belges du secteur de la Jeunesse, de la SantĂ© et de l’Éducation dĂ©plorent avec force le nouveau blocage.

Faut-il rappeler que ces mesures sont recommandĂ©es depuis des annĂ©es par les instances internationales, OMS en tĂȘte? Combien de nĂ©gociations faudra-t-il pour faire reconnaĂźtre qu’il n’est pas normal d’assaillir les plus jeunes avec des publicitĂ©s vantant l’alcool? Qu’il n’est pas cohĂ©rent de vendre de l’alcool dans des stations-service? Ou encore que l’État investisse 70 fois plus dans la sĂ©curitĂ© et la rĂ©pression que dans la prĂ©vention? Simples exemples parmi d’autres


Il est indispensable qu’un plan national ambitieux et consistant se concrĂ©tise, mettant en prioritĂ© les intĂ©rĂȘts de santĂ© publique, tout en tenant compte des arguments Ă©conomiques. En effet, dans notre pays, la surconsommation d’alcool reprĂ©sente la troisiĂšme cause de morbiditĂ© et de mortalitĂ© prĂ©coce (la premiĂšre chez les jeunes de 15 Ă  24 ans) et coĂ»te prĂšs de 5 milliards d’euros par an Ă  charge de l’État!

Contrairement aux arguments avancĂ©s, l’objectif du plan n’est pas de pĂ©naliser le consommateur mais bien d’accompagner une consommation responsable, particuliĂšrement pour les jeunes.

Pour Anne-Sophie Poncelet du Groupe porteur ‘Jeunes, alcool et sociĂ©té’, «L’État est totalement incohĂ©rent. La lĂ©gislation est complexe et difficile Ă  comprendre: comment peut-on Ă  la fois interdire l’offre d’alcool aux mineurs tout en permettant aux alcooliers de matraquer ce public en les poussant Ă  la surconsommation?»

Le Groupe porteur ‘Jeunes, alcool et sociĂ©té’ exige donc, une nouvelle fois, que les responsables politiques prennent rapidement la mesure des enjeux afin de faire primer les intĂ©rĂȘts des citoyens plutĂŽt que des lobbies et de l’industrie brassicole.

Les membres de la ConfĂ©rence sont M. Charles Michel, Premier Ministre; Mme Maggie De Block, Ministre des Affaires Sociales et de la SantĂ© Publique; M. Jan Jambon, Vice-Premier Ministre et Ministre de la SĂ©curitĂ© et de l’IntĂ©rieur; M. Koen Geens, Ministre de la Justice; M. Jo Vandeurzen, Ministre flamand du Bien-Être, de la SantĂ© et de la Famille; M. Maxime PrĂ©vot, Ministre wallon des Travaux publics, de la SantĂ©, de l’Action sociale et du Patrimoine; M. Rudy Demotte, Ministre-PrĂ©sident de la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles; Mme Alda Greoli, Vice-PrĂ©sidente de la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles, Ministre de la Culture et de l’Enfance; Mme CĂ©cile Jodogne, Ministre, Membre du CollĂšge de la Commission Communautaire française (COCOF), en charge de la Politique de SantĂ©; M. Didier Gosuin, Membre du CollĂšge rĂ©uni de la Commission communautaire commune (COCOM), chargĂ© de la Politique de la SantĂ©, de la Fonction publique, des Finances, du Budget, du Patrimoine et des Relations extĂ©rieures; M. Guy Vanhengel, Ministre, Membre du CollĂšge RĂ©uni de la COCOM, en charge de la Politique de SantĂ©; M. Rudi Vervoort, Ministre-PrĂ©sident de la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale, chargĂ© des Pouvoirs locaux, du DĂ©veloppement territorial, de la Politique de la Ville, des Monuments et Sites, des Affaires Ă©tudiantes, du Tourisme, du Port de Bruxelles; Herr Antonios Antoniadis, Minister der Deutschsprachigen Gemeinschaft fĂŒr Familie, Gesundheit und Soziales.

Femmes victimes de violences sexuelles: comment les aider à vivre aprùs ‘ça’?

Le 9 mars dernier, l’ONG Le Monde Selon les Femmes, MĂ©decins du Monde, Femmes et SantĂ©, ainsi que le GAMS Belgique organisaient un colloque international sur les pratiques mises en Ɠuvre pour promouvoir l’empowerment des femmes fragilisĂ©es par les violences sexuelles. Six interlocutrices trĂšs engagĂ©es y ont prĂ©sentĂ© leurs associations respectives, ainsi que leurs modes spĂ©cifiques de prise en charge.

Le colloque nous a permis de dĂ©couvrir, Ă  cĂŽtĂ© de deux initiatives belges, des associations qui oeuvrent en France, en Tunisie, en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo (RDC) et au Canada. Leurs pratiques positives d’empowerment se dĂ©clinent soit sur le plan collectif, soit dans la relation individuelle. Elles valent le dĂ©tour.

L’empowerment collectif

Canada – Le CALACS de Sept-Ăźles

Ce Centre d’aide et de lutte contre les agressions Ă  caractĂšre sexuel (CALACS) est un organisme communautaire autonome qui vient en aide aux femmes et aux adolescentes agressĂ©es sexuellement. Il a Ă©galement pour but de sensibiliser et conscientiser la population Ă  la problĂ©matique des agressions Ă  caractĂšre sexuel, d’obtenir des changements sociaux, lĂ©gaux et politiques. Il existe actuellement 27 CALACS qui couvrent 16 rĂ©gions du QuĂ©bec.

«Les CALACS s’appuient sur l’intervention fĂ©ministe pour aider les femmes Ă  prendre conscience de l’oppression sociale qu’elles subissent, briser leur dĂ©pendance face aux rĂŽles sexuels et reprendre du pouvoir sur leur vie personnelle, sociale et Ă©conomique», explique Martine Michel, coordinatrice au CALACS de Sept-Ăźles.

L’empowerment collectif s’appuie sur la dynamique de groupes de cheminement au sein desquels les femmes victimes de violences sexuelles partagent le mĂȘme vĂ©cu et, souvent, les mĂȘmes consĂ©quences. «Ces Ă©changes leur permettent de valider leur expĂ©rience, mais aussi leur maniĂšre de s’en sortir», tĂ©moigne la coordinatrice.

L’analyse fĂ©ministe des agressions Ă  caractĂšre sexuel apporte aux femmes un Ă©clairage et un sens Ă  leur vĂ©cu qui prennent, pour elles, la forme d’une vĂ©ritable rĂ©vĂ©lation. SoulagĂ©es dans un premier temps, elles souhaitent ensuite partager cette rĂ©vĂ©lation avec d’autres femmes qui traversent la mĂȘme expĂ©rience. Le besoin d’écouter Ă©merge Ă©galement. Ces femmes deviennent alors des militantes qui passent du rĂŽle d’aidĂ©es passives Ă  celui d’aidantes actives. Un sentiment fort d’appartenance avec les CALACS apparaĂźt chez elles.

Si cet empowerment collectif a un impact collectif positif, il a aussi des effets personnels importants, comme l’augmentation de l’estime de soi, qui aident les survivantes dans leur processus de guĂ©rison.

En savoir plus: http://www.rqcalacs.qc.ca/

RDC – Si Jeunesse Savait

CrĂ©Ă©e en 2000 et basĂ©e Ă  Kinshasa, l’association fĂ©ministe Si Jeunesse Savait (SJS) encourage les moins de 30 ans Ă  dĂ©velopper leur leadership sur leur corps, leur voix et l’argent. «Car ces trois Ă©lĂ©ments sont dĂ©terminants pour garder le contrĂŽle de sa vie, en particulier pour les jeunes femmes», explique la coordinatrice de l’association, Françoise Mukuku. «C’est en explorant la question du leadership sur le corps que nous avons commencĂ© Ă  parler de la violence faite aux femmes. Le Congo est trĂšs connu pour les violences sexuelles, surtout celles liĂ©es aux conflits.»

Un travail important est consacrĂ© aux violences nĂ©es de la technologie. «Alors qu’internet et le tĂ©lĂ©phone mobile sont de formidables outils de communication, nous avons constatĂ© que de nombreuses femmes ne voulaient pas ou plus les utiliser. Certaines Ă©taient harcelĂ©es via ces technologies. D’autres Ă©taient empĂȘchĂ©es d’y recourir par leur petit ami. D’autres encore ne voulaient pas de ce GSM que tentait d’imposer leur conjoint pour les contrĂŽler.»

Des formes de violence, plus graves, sont apparues: «Des gars faisaient circuler sur le net et via le GSM des vidĂ©os filmant leurs Ă©bats avec leur amie, et on n’y voyait bien sĂ»r qu’elle.»

Si Jeunesse Savait a donc entrepris de faire un travail sur ces formes de violence, leur impact psychologique sur les jeunes femmes, mais aussi sur leurs peurs. «Nous leur donnons, par exemple une formation sur la sĂ©curitĂ© en ligne pour qu’elles se sentent plus Ă  l’aise et qu’elles soient moins dĂ©pendantes des hommes quant Ă  leur accĂšs Ă  la technologie.»

L’association sensibilise, par ailleurs, les intervenant(e)s auprùs de survivantes sur ces nouvelles formes de violence.

Un site web communique les recours possibles face aux différents types de violence que subissent les jeunes femmes. Une plateforme mobile a également été créée pour encourager les victimes de violences sexuelles à contacter les centres de prise en charge congolais.

En savoir plus: http://mwasi.com/

Belgique – Les ateliers artistiques du Collectif des Femmes de Louvain-La-Neuve

Les ateliers artistiques ont vu le jour suite Ă  la Marche mondiale des femmes en 2000. Leur coordinatrice, Roxana Alvarado, artiste chilienne, est arrivĂ©e en Belgique avec sa famille aprĂšs avoir suivi un parcours migratoire. Depuis, elle tisse des liens entre la crĂ©ativitĂ©, les femmes et les arts pluridisciplinaires. Elle rĂ©alise des activitĂ©s centrĂ©es sur l’aspect esthĂ©tique et l’art comme moyen d’éducation au dĂ©veloppement, comme vecteur de sensibilisation sociale et d’interaction entre les diffĂ©rentes cultures. Elle travaille Ă©galement l’art-thĂ©rapie au niveau collectif et individuel.

Son travail d’art-thĂ©rapie s’insĂšre dans le contexte du genre et de la santĂ© mentale, et contribue Ă  dĂ©velopper l’empowerment des femmes, en particulier celles victimes de violences sexuelles, morales et physiques. En ce sens, l’atelier est un espace de reconstruction destinĂ© aux femmes ayant Ă©tĂ© cassĂ©es par la violence dans toutes ses expressions. GrĂące aux interactions qu’il permet, le Collectif des Femmes, outre le fait d’aider les femmes Ă  se reconstruire, les encourage Ă  devenir actives dans le soutien Ă  d’autres personnes.

Roxana Alvarado a organisĂ© de nombreux ateliers d’art-thĂ©rapie en Afrique. «J’y ai rĂ©alisĂ© mes premiers travaux avec des victimes de l’excision. J’ai crĂ©Ă© des ateliers d’histoires de vie car les femmes avaient besoin d’exprimer leur terrible vĂ©cu.»

La militante a Ă©galement fait des ateliers dans des prisons, comme dans ce centre de dĂ©tention en Mauritanie oĂč des femmes Ă©taient emprisonnĂ©es et condamnĂ©es Ă  la lapidation
 pour avoir Ă©tĂ© violĂ©es!

Roxana Alvarado a notamment visitĂ© et soutenu des femmes incarcĂ©rĂ©es dans la prison de Conakry en GuinĂ©e oĂč sont entassĂ©s pĂȘle-mĂȘle hommes, femmes, enfants, dangereux criminels, responsables du grand banditisme
 Les prisonniĂšres y sont violĂ©es par les gardiens, les dĂ©tenus, les visiteurs. Et celles qui sont abandonnĂ©es par leur famille n’ont comme seul recours pour acheter leur pain que la prostitution.

En savoir plus: http://www.collectifdesfemmes.be et http://www.roxanartiste.be/

L’empowerment dans la relation individuelle

Belgique – La Free Clinic

À la Free Clinic, l’approche individuelle fĂ©ministe met l’accent sur la promotion du pouvoir intĂ©rieur des femmes. À cette fin, elle s’appuie sur quatre Ă©lĂ©ments:

«PremiĂšrement, nous essayons d’analyser avec la femme victime de violences sexuelles ce qui lui est arrivĂ© en termes de domination afin qu’elle intĂšgre la lecture de genre dans les violences sexuelles vĂ©cues», tĂ©moigne Katinka In’t Zandt, psychothĂ©rapeute Ă  la Free Clinc et prĂ©sidente du Monde selon les Femmes.

«DeuxiĂšmement, nous aidons les femmes Ă  Ă©laborer des rĂ©ponses stratĂ©giques et d’empowerment Ă  partir de leurs propres ressources que nous valorisons. TroisiĂšmement, les intervenantes doivent poser des questions ayant trait aux violences sexuelles aux femmes qu’elles reçoivent.» Car dans une intervention individuelle fĂ©ministe, la lutte contre l’impunitĂ© et le silence est trĂšs importante. «Enfin, nous veillons Ă  promouvoir Ă©galement l’empowerment professionnel qui consiste Ă  s’occuper de soi-mĂȘme, connaĂźtre ses limites, se former.»

L’accompagnement individuel se fait en deux temps. «Lors de la premiĂšre Ă©tape, nous faisons un Ă©tat des lieux des violences vĂ©cues afin d’aider les femmes Ă  en prendre conscience car certaines n’ont pas fait le lien entre leur souffrance et ce qui s’est passĂ©. Cela s’explique par la stratĂ©gie des agresseurs qui isolent, dĂ©valorisent leur victime, inversent la culpabilitĂ© pour assurer leur impunitĂ© et imposer leur contrĂŽle. Les victimes pensent, d’autre part, ĂȘtre seules Ă  vivre une telle situation. Il faut donc commencer par dĂ©construire tout ce conditionnement et expliquer aux femmes que la violence conjugale est un flĂ©au qui fait de nombreuses victimes, et qu’elles peuvent crĂ©er des liens entre elles.»

Vient ensuite la deuxiÚme étape: «Au cours de celle-ci, nous aidons la femme à chercher des réponses à partir de ses propres ressources et du travail des réseaux.»

En savoir plus: http://www.freeclinic.be/

France – L’association MĂ©moire traumatique et victimologie

En mars 2015, l’association MĂ©moire traumatique et victimologie a rĂ©alisĂ©, en France, l’enquĂȘte ‘Impact des violences sexuelles de l’enfance Ă  l’ñge adulte’ afin d’étudier les trajectoires des personnes victimes de violence et leur accĂšs au systĂšme de santĂ©. S’inscrivant dans le cadre de la campagne Stop au DĂ©ni de l’association, lancĂ©e en 2014, l’enquĂȘte vise Ă  amĂ©liorer l’identification, la protection et la prise en charge des victimes de violences par une meilleure information du public et par la formation des professionnels impliquĂ©s. Elle a aussi comme objectif de promouvoir la connaissance et la comprĂ©hension des consĂ©quences des violences.

L’enquĂȘte a Ă©tĂ© menĂ©e auprĂšs de 1.214 victimes de violences sexuelles ĂągĂ©es de 15 Ă  72 ans, dont 1.153 femmes et 61 hommes.

Les rĂ©sultats dĂ©montrent clairement une situation d’urgence sanitaire et sociale. Ils mettent une nouvelle fois en lumiĂšre le dĂ©ni et la loi du silence qui rĂšgnent presque toujours en maĂźtre autour des violences sexuelles, les rendant du coup difficiles Ă  chiffrer.

Autre Ă©lĂ©ment saillant et fort prĂ©occupant qui explique en partie pourquoi ce type de violence est frappĂ© du sceau de l’omerta: les enfants sont les plus touchĂ©s par les violences sexuelles. Ainsi, «un rĂ©cent rapport de l’OMS souligne que 20% des femmes et 5 Ă  10% des hommes dans le monde disent avoir subi des violences sexuelles pendant leur enfance», rapporte Laure Salmona, coordinatrice de l’enquĂȘte.

Quel que soit l’ñge des victimes, l’enquĂȘte montre que les sphĂšres familiales et amicales constituent le contexte le plus favorable aux violences et le plus grand rĂ©servoir d’agresseurs.

Les violences sexuelles font partie des pires traumas, et faute de dĂ©pistage systĂ©matique, de protection et de soins appropriĂ©s dispensĂ©s par des professionnels formĂ©s, elles auront de lourdes consĂ©quences sur la vie et la santĂ© des victimes. Or, la gravitĂ© de ces violences ne paraĂźt pas ĂȘtre sufïŹsamment prise en compte par les proches et les professionnels. Le droit des victimes Ă  bĂ©nĂ©ïŹcier de soins, d’informations, de protection et de justice leur est rĂ©guliĂšrement dĂ©niĂ©.

«Le suicide est la conséquence la plus dramatique des violences sexuelles, ceux et celles qui ont mis fin à leurs jours ne sont malheureusement plus là pour en parler», assÚne le rapport.

42% des rĂ©pondants disent avoir dĂ©jĂ  fait au moins une tentative de suicide, certains en ont fait plus de 10, quelques-uns plus de 20. Ces tentatives de suicide ont parfois eu lieu dans l’enfance. Le risque de tentative de suicide est 7 fois plus Ă©levĂ© chez les rĂ©pondants que dans la population gĂ©nĂ©rale. 1 victime de viol par inceste sur 2 a tentĂ© de se suicider.

Les professionnels de santĂ© sont le premier recours des victimes de violences sexuelles. Ils sont les mieux placĂ©s pour mettre ïŹn au cycle des violences et de leurs consĂ©quences en informant, en accompagnant et en soignant les victimes. Les recommandations du rapport visent donc en prioritĂ© Ă  mettre les personnes victimes de violences au cƓur du systĂšme de soins, mais aussi Ă  amĂ©liorer leur protection et Ă  prĂ©venir la survenue des violences sexuelles.

Pour en savoir plus sur l’enquĂȘte et les recommandations: https://dl.dropboxusercontent.com/u/3521673/Rapport-enquete-AMTV_mars-2015_BD.pdf

Pour en savoir plus sur ce sujet: http://stopaudeni.com/

http://www.memoiretraumatique.org/

Tunisie – Le Centre d’assistance psychologique (CAP)

InaugurĂ© en 2012, le CAP est le seul centre tunisien Ă  prendre en charge des femmes victimes de violences sexuelles dans le cadre de la violence conjugale, ainsi que des enfants victimes de violences diverses. Le CAP fait partie de l’Office national de la famille et de la population en Tunisie (ONFP), lui-mĂȘme Ă©tant sous la tutelle du MinistĂšre de la SantĂ©.

«Si la plupart des femmes victimes de violences sont conscientes de subir des violences physiques et verbales, elles ne perçoivent bien souvent pas la violence sexuelle dont elles sont l’objet, cela malgrĂ© le fait de souffrir de troubles liĂ©s Ă  cette forme de violence», atteste Insaf Charaf, psychologue clinicienne au CAP, se faisant l’écho de ses consoeurs venues prendre la parole lors du colloque.

Cette non-reconnaissance des violences sexuelles subies s’explique en partie par les normes et les croyances majoritairement rĂ©pandues en Tunisie: «Le contexte social et culturel, lui-mĂȘme, ne reconnait pas le viol conjugal et la sexualitĂ© forcĂ©e car, dans le cadre du mariage, l’homme a le droit de faire ce qu’il veut Ă  sa femme», indique la psychologue. S’ajoute Ă  cela le fait que la violence sexuelle reste un sujet tabou, en Tunisie Ă©galement.

En outre, «le concept de viol doit ĂȘtre rĂ©visĂ© dans la loi tunisienne», souligne Insaf Charaf. «La loi considĂšre en effet que le viol est la pĂ©nĂ©tration vaginale par le pĂ©nis de l’homme. Rien d’autre. Toute autre agression sexuelle est qualifiĂ©e d’atteinte Ă  la pudeur et est moins pĂ©nalisĂ©e que le ‘viol’. Et malgrĂ© le fait que le code pĂ©nal reconnait la violence conjugale comme un crime depuis 1993, elle reste perçue comme une affaire privĂ©e dans laquelle la police refuse d’intervenir.»

Autre difficulté: les femmes sont coincées par des stéréotypes sociaux selon lesquels une femme ne divorce pas, doit vivre avec un homme, et les enfants doivent grandir avec leurs deux parents réunis.

Face Ă  cette rĂ©alitĂ©, la prise en charge des femmes victimes de violences conjugales et sexuelles rĂ©alisĂ©e par le CAP se fait tant sur le plan de la psychothĂ©rapie et que sur celui de l’empowerment. L’accompagnement doit ĂȘtre menĂ© de maniĂšre Ă  tenir compte de l’évolution psychique de la femme, de son niveau de luciditĂ© par rapport aux violences subies et de la dynamique du couple. «Il est impĂ©ratif d’évaluer les stratĂ©gies de domination du conjoint et Ă©galement la sĂ©curitĂ© de la femme et des enfants», souligne avec insistance Insaf Charaf.

Un accompagnement se fait Ă©galement sur le plan judiciaire et en matiĂšre de rĂ©insertion socio-professionnelle. Autant de dĂ©marches qui encouragent les femmes Ă  dĂ©velopper leur prise de conscience, leur esprit critique, Ă  gagner du pouvoir et de l’autonomie.

«MĂȘme si le lĂ©gislateur ne reconnait pas la violence sexuelle dans le cadre du mariage, toute femme qui porte plainte et agit pour dĂ©fendre ses droits peut contribuer Ă  faire revoir le code pĂ©nal et signer la loi intĂ©grale de la lutte contre les violences faites aux femmes», affirme Insaf Charaf. «Jusqu’à prĂ©sent, le lĂ©gislateur refuse de reconnaitre ces violences parce qu’il est soumis Ă  la pression des partis islamistes.»

En savoir plus: http://www.onfp.tn/violence/assistance.htm

S’il apparaĂźt Ă  travers ces tĂ©moignages que le chemin est encore long pour que les violences sexuelles diminuent de maniĂšre significative, les initiatives prĂ©sentĂ©es par les interlocutrices montrent qu’il est rĂ©ellement possible de changer cette insoutenable rĂ©alitĂ© Ă  laquelle sont vraisemblablement confrontĂ©es beaucoup plus de personnes qu’on ne le croit, parfois Ă  des Ăąges trĂšs jeunes. Comme cela a Ă©tĂ© soulignĂ©, une prise de conscience est nĂ©cessaire au niveau collectif et individuel. Elle doit ĂȘtre conjuguĂ©e Ă  une volontĂ© sincĂšre, et notamment politique, de faire changer les choses. Deux caractĂ©ristiques fondamentales de l’engagement fĂ©ministe. Merci beaucoup, Mesdames!

Un vrai Plan d’action national alcool (PANA) sinon rien!

Une fois de plus, le Ă©niĂšme projet de Plan d’action national alcool (PANA), qui aurait dĂ» ĂȘtre lancĂ© le 24 octobre dernier, a Ă©chouĂ©. Comme par le passĂ©, les intĂ©rĂȘts Ă©conomiques avancĂ©s par le secteur de l’alcool et ses relais politiques ont pris le pas sur les intĂ©rĂȘts de santĂ© publique. Ă€ cette occasion, le Groupe porteur ‘Jeunes, alcool & sociĂ©té’ a souhaitĂ© rappeler ses principales revendications et propositions en vue d’une politique ‘alcool’ plus cohĂ©rente, au profit des consommateurs.

Jeunes et alcool, oĂč est le problĂšme?

Depuis plusieurs annĂ©es, on observe une Ă©volution des pratiques commerciales, de plus en plus agressives et insidieuses. Le rapport au produit semble aussi Ă©voluer: de nouvelles tendances apparaissent dans les comportements de consommation en Europe (y compris la Belgique), principalement chez les jeunes, notamment une plus grande expĂ©rimentation de l’alcool et des pratiques parfois Ă  haut risque avec une propension plus importante Ă  consommer jusqu’à l’ivresse.

Par ailleurs, il existe bien souvent un fossĂ© entre les reprĂ©sentations des adultes et les rĂ©alitĂ©s que vivent les jeunes. Bon nombre de stĂ©rĂ©otypes sont ainsi vĂ©hiculĂ©s vis-Ă -vis des jeunes et de l’alcool, notamment par les mĂ©dias, ce qui tend Ă  biaiser la vision des adultes, souvent trop caricaturale et peu nuancĂ©e sur ces questions.

Pourtant ancrĂ© culturellement, l’alcool reste ainsi paradoxalement un sujet assez difficile Ă  aborder qui renvoie chacun Ă  ses ambiguĂŻtĂ©s, voire ses contradictions. Il en rĂ©sulte un manque cruel de dialogue et de concertation autour de ces questions.

Quant Ă  la lĂ©gislation en vigueur, elle est peu connue, complexe et difficile Ă  comprendre, Ă  intĂ©grer, et le lĂ©gislateur peine Ă  y mettre de la cohĂ©rence. À titre d’exemple, la lĂ©gislation actuelle interdit d’une part l’offre d’un produit (alcool) Ă  un certain public (les mineurs), alors que, d’autre part, elle permet aux alcooliers de matraquer ce mĂȘme public et de le pousser Ă  la consommation, voire Ă  la surconsommation!

Les jeunes ne sont pas les seuls Ă  souffrir des incohĂ©rences de l’État sur ces questions. Les adultes restent aujourd’hui les principaux consommateurs d’alcool et prĂšs de 10% des Belges montrent une consommation problĂ©matique. Il s’agit d’une rĂ©elle urgence de santĂ© publique. Force est donc de constater que de nombreux tabous et paradoxes persistent aujourd’hui autour de notre drogue culturelle favorite


En collaboration avec l’asbl Action CinĂ© MĂ©dias Jeunes, le Groupe porteur ‘Jeunes, alcool et sociĂ©té’ a rĂ©cemment rĂ©alisĂ© une sĂ©rie de cinq capsules-vidĂ©os afin d’interpeller la sociĂ©tĂ© sur diffĂ©rentes problĂ©matiques liĂ©es Ă  la consommation d’alcool et de rappeler au lĂ©gislateur les besoins criants en la matiĂšre et les modifications de la lĂ©gislation qui nous semblent pertinentes Ă  mettre en oeuvre. À voir ou revoir sur www.jeunesetalcool.be

Trois points d’attention, trois propositions

Le Groupe porteur veut en particulier attirer l’attention sur les questions de la publicitĂ©, de la lĂ©gislation et de la prĂ©vention.

Nous y reviendrons dans notre prochain numéro.

La publicité

Au quotidien, la publicitĂ© nous manipule et limite notre libertĂ© de faire un choix Ă©clairĂ© en matiĂšre de consommations. Ses dĂ©rives sont nombreuses et le marchĂ© publicitaire est en pleine mutation depuis quelques annĂ©es. Les techniques publicitaires, toujours plus agressives et plus ciblĂ©es, le dĂ©veloppement de nouveaux produits, les nouvelles formes de marketing, notamment sur les rĂ©seaux sociaux ou lors d’évĂ©nements en tĂ©moignent. Le secteur de l’alcool en est un illustre exemple. Mais les dĂ©rives s’observent Ă©galement en matiĂšre d’alimentation, de dĂ©veloppement durable, d’égalitĂ© des sexes ou encore de greenwashing.

Dans le cadre de la publicitĂ© pour les produits alcoolisĂ©s, une convention privĂ©e, rĂ©digĂ©e en 2005, existe mais une sĂ©rie d’observations tĂ©moignent de nombreux manques et insuffisances.

La principale lacune rĂ©side surtout dans le systĂšme mĂȘme de convention privĂ©e. En effet, la manoeuvre stratĂ©gique qui consiste, pour les secteurs de la production, de la distribution et de la publicitĂ©, Ă  Ă©laborer eux-mĂȘmes des codes de bonne conduite de maniĂšre Ă  Ă©viter, sciemment, l’adoption d’une loi permet finalement de contourner facilement ce qui ne sont que des recommandations dĂ©nuĂ©es de vĂ©ritables sanctions.

Pour un véritable Conseil fédéral de la publicité

L’intervention des pouvoirs publics est primordiale et c’est l’ensemble de la publicitĂ© qui doit ĂȘtre mieux contrĂŽlĂ©e par un organe indĂ©pendant du secteur, au pouvoir rĂ©ellement contraignant et aux missions d’observation Ă©largies.

Seul un contrĂŽle public de la publicitĂ© permet de garantir au citoyen un niveau de protection Ă©levĂ© et effectif, synonyme d’une publicitĂ© Ă©thique et responsable. Le secteur privĂ© ne pourra jamais se substituer au secteur public dans la dĂ©fense de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral.

Supprimer la publicité pour les boissons alcoolisées

L’alcool est le psychotrope le plus consommĂ© dans l’ensemble de l’Union europĂ©enne et, contrairement Ă  d’autres produits psychoactifs (tabac, cannabis, XTC, etc.), c’est aujourd’hui le seul psychotrope pour lequel il est encore autorisĂ© de faire de la publicitĂ© malgrĂ© les consĂ©quences nĂ©fastes sur la santĂ©.

Il est donc temps que les pouvoirs publics prennent des mesures plus égalitaires afin de mieux protéger les consommateurs, notamment les plus jeunes.

La vision de l’alcool a Ă©voluĂ©, que ce soit dans la lĂ©gislation ou les prĂ©occupations politiques. Les premiers textes de loi, peu dĂ©taillĂ©s au dĂ©but de siĂšcle, ont fait place Ă  des lois liĂ©es Ă  d’autres aspects tels que la publicitĂ© ou les mineurs.

La législation

Les textes de lois en matiĂšre d’alcool sont encore bien trop flous et peu connus. Qu’est-ce qui est autorisĂ©, qu’est-ce qui ne l’est pas? Que signifie ‘boisson spiritueuse’? 
 La plupart des consommateurs ne connaissent pas la lĂ©gislation en vigueur, les commerçants et cafetiers ont des difficultĂ©s Ă  l’intĂ©grer et Ă  l’appliquer. Ces textes ambigus et peu comprĂ©hensibles ne facilitent pas non plus le travail prĂ©ventif que les acteurs de terrain mĂšnent au quotidien.

Il est donc primordial de faciliter la comprĂ©hension et l’intĂ©gration de la loi en la simplifiant pour qu’elle soit lisible et comprise par tous sans confusion.

Clarifier et simplifier la loi

Si le lĂ©gislateur veut garder une distinction entre certains types de boissons alcoolisĂ©es selon les Ăąges (16-18 ans), il serait prĂ©fĂ©rable de se baser sur le taux d’alcool, cette information est indiquĂ©e sur les bouteilles et donc accessible Ă  tous. Nous proposons donc la clarification suivante:

  • en-dessous de 16 ans: aucune boisson alcoolisĂ©e;
  • Ă  partir de 16 ans: toute boisson alcoolisĂ©e dont le taux d’alcool ne dĂ©passe pas 16°;
  • partir de 18 ans: toute boisson alcoolisĂ©e.

Cette proposition, parmi d’autres possibles, a le mĂ©rite de simplifier la distinction actuelle, bien trop complexe, tout en Ă©tant la plus proche de la rĂ©alitĂ© de terrain

DĂ©pĂ©naliser l’apprentissage parental

Aujourd’hui, la loi pĂ©nalise toute personne qui sert de l’alcool Ă  un mineur d’ñge et inclut de facto les parents. Le Groupe porteur souhaiterait dĂ©pĂ©naliser l’apprentissage parental et permettre ainsi aux parents d’assurer un rĂŽle Ă©ducatif en matiĂšre de consommation d’alcool et de devenir un levier d’apprentissage Ă  une consommation cadrĂ©e, progressive, socialement adaptĂ©e, plus responsable et moins risquĂ©e.

La prévention

Les mĂ©susages d’alcool ont un impact sanitaire consĂ©quent Ă  travers le monde. L’OMS rapportait en 2015 que l’usage nocif de l’alcool entraĂźnait dans le monde 3,3 millions de dĂ©cĂšs chaque annĂ©e, soit 5,9% des dĂ©cĂšs, en grande partie parmi les jeunes. En effet, prĂšs de 25% du nombre total de dĂ©cĂšs sont attribuables Ă  l’alcool. En Europe, on estime que l’alcool est responsable de 7,4% des dĂ©cĂšs prĂ©maturĂ©s et par maladies spĂ©cifiquement liĂ©es Ă  l’alcool.

De plus, l’alcool entraĂźne des coĂ»ts sociaux et Ă©conomiques importants, que ce soit en termes de bĂ©nĂ©fices (accises liĂ©es Ă  l’alcool, producteurs de boissons alcoolisĂ©es, emplois et recettes dans l’Horeca) ou de pertes (soins, sĂ©curitĂ©, chĂŽmage, etc.).

En Belgique, le coĂ»t du mĂ©susage d’alcool a Ă©tĂ© estimĂ© Ă  4,2 milliards d’euros par an, alors que les bĂ©nĂ©fices liĂ©s Ă  l’alcool s’élĂšvent au total Ă  1,5 milliard d’euros, incluant les accises et les recettes de l’industrie (Annemans, 2013).

Des mesures sont donc nécessaires pour protéger la santé du citoyen mais aussi celle de la société dans son ensemble.

Retrouver un Ă©quilibre

L’amĂ©lioration de la lĂ©gislation, sa comprĂ©hension, son application et son contrĂŽle sur le terrain sont des Ă©tapes nĂ©cessaires. Mais ces mesures devraient surtout ĂȘtre largement assurĂ©es par des actions Ă©ducatives, de prĂ©vention, de promotion de la santĂ© et de rĂ©duction des risques (leviers principaux pour une modification efficace et durable de comportements inadĂ©quats), et mises en oeuvre par les institutions compĂ©tentes et soutenues par les pouvoirs publics au moins autant que ne le sont les mesures sĂ©curitaires et coercitives, ces derniĂšres Ă©tant souvent le premier rĂ©flexe du lĂ©gislateur au dĂ©triment de l’éducation, pourtant plus efficace Ă  long terme.

Or, le dĂ©sĂ©quilibre entre les budgets allouĂ©s Ă  la prĂ©vention/rĂ©duction des risques et ceux consacrĂ©s Ă  la sĂ©curitĂ© en Belgique est manifeste. L’étude ‘Drogues en chiffres III’ (Van der Laenen et al, 2011) montre, pour la troisiĂšme fois, que le budget dĂ©pensĂ© pour la prĂ©vention constitue une infime partie de l’ensemble des dĂ©penses ‘drogues’. En effet, l’ensemble des dĂ©penses publiques allouĂ©es aux drogues lĂ©gales et illĂ©gales en Belgique, reprĂ©sentait, en 2011, environ 975 millions d’euros (97 % relevant du fĂ©dĂ©ral). Parmi celles-ci, 76,5% vont Ă  l’assistance (traitements, hospitalisation, etc.) et 21,67% Ă  la sĂ©curitĂ© alors que la prĂ©vention pĂšse seulement 1,24 % et la rĂ©duction des risques 0,24 %! En outre, on constate une baisse de 7,18% entre 2004 et 2008 dans les dĂ©penses publiques consacrĂ©es Ă  la prĂ©vention.

Le transfert des compĂ©tences a Ă©galement complexifiĂ© la mise en place des actions, et la logique de financement par projets n’est pas adaptĂ©e Ă  une approche Ă  long terme. Il est donc grand temps que la prĂ©vention et la rĂ©duction des risques soient renforcĂ©es, et qu’un rĂ©Ă©quilibrage se fasse par rapport aux logiques sĂ©curitaires et rĂ©pressives souvent largement privilĂ©giĂ©es par les responsables politiques.

CoordonnĂ©es: pilotĂ© par l’asbl Univers santĂ©, Place GalilĂ©e 6, 1348 Louvain-la-Neuve. Internet: www.jeunesetalcool.be

Performance et santĂ©, de l’image aux mots

Description

Matériel

  • 68 photographies (figuratives et non figuratives) permettant d’évoquer la performance et la santĂ©
  • Livret d’accompagnement (PDF)

Concept

Cet outil pĂ©dagogique de type photo expression permet de mieux comprendre et de prendre en compte l’ensemble des dĂ©terminants liĂ©s Ă  la recherche de performance. Il se compose de 68 photographies et d’un guide d’accompagnement pour engager un travail sur les reprĂ©sentations en lien avec ces thĂ©matiques auprĂšs de groupes de jeunes.

Le guide s’organise en trois parties :

  • une partie thĂ©orique qui propose des repĂšres sur les notions de performance, santĂ©, conduites Ă  risque, prise de risques, reprĂ©sentations sociales ;
  • une partie pratique avec une prĂ©sentation de l’outil, le mode d’emploi et des conseils d’utilisation ;
  • une partie qui propose une sĂ©lection bibliographique et des lieux ressources.

Objectifs

  • Engager un travail sur les reprĂ©sentations avec des adolescents et des jeunes sur la performance et la santĂ©.
  • Favoriser :
    ‱ la libre expression de chaque participant,
    ‱ une mobilisation personnelle,
    ‱ l’expression collective des reprĂ©sentations,
    ‱ la prise de conscience de ses propres expĂ©riences,
    ‱ la confrontation des points de vue et opinions,
    ‱ une dynamique de groupe,
    ‱ l’écoute,
    ‱ la prise de parole et la structuration de la pensĂ©e,
    ‱ le dĂ©veloppement d’un regard critique sur des situations,
    ‱ l’identification de repĂšres diffĂ©rents pour se construire.

Bon Ă  savoir

‘Performance et santé’ est un outil pĂ©dagogique crĂ©Ă© par le rĂ©seau PREVDOP, RĂ©seau rĂ©gional d’acteurs de prĂ©vention du dopage et des conduites dopantes en RhĂŽne-Alpes.

OĂč trouver l’outil

L’avis de PIPsa (www.pipsa.be)

Appréciation globale

Cet outil permet d’interroger la recherche de performance et les risques Ă©ventuels pour la santĂ©, dans une logique de promotion de la santĂ©. L’outil aborde le thĂšme dans la complexitĂ© de ses diffĂ©rentes facettes : consommation de mĂ©dicaments, de produits dopants, prise de risque.

Les photographies (figuratives et non figuratives) proposent des images de qualitĂ©, variĂ©es, illustrant divers aspects d’une sociĂ©tĂ© qui a inscrit la performance Ă  de nombreux Ă©tages du vivre ensemble (Ă©cole, entreprise, sexe, sport, consommation
).

Le dĂ©roulĂ© synthĂ©tique de l’animation, bien concis (pp 9-14), pourrait aisĂ©ment ĂȘtre transposĂ© Ă  d’autres photoexpressions.

L’utilisation du photolangage permet de rĂ©aliser un Ă©tat des lieux, un inventaire des besoins auprĂšs du public et peut donc servir d’amorce Ă  un projet spĂ©cifique. Des pistes sont proposĂ©es mais non dĂ©veloppĂ©es dans le guide de l’utilisateur.

L’outil ne fournit pas d’information sur la rĂ©alitĂ© de la problĂ©matique chez les jeunes.

Objectifs

Faire émerger les représentations relatives à la performance, la santé et les conduites à risques.

Public cible

14 Ă  30 ans

Dans les Ă©coles ayant une section scolaire sportive.

Utilisation conseillée

  • PremiĂšre Ă©tape d’un projet, sert Ă  identifier des besoins au sein d’un groupe
  • Voir mĂ©thodologie proposĂ©e

Justifier l’État-providenceNote bas de pageNote bas de page

Dans un article prĂ©cĂ©dentNote bas de page, nous avons dĂ©fendu la thĂšse que les politiques de rĂ©duction du rĂŽle de l’État n’étaient pas directement justifiĂ©es par les crises financiĂšres et Ă©conomiques. Ces derniĂšres ne sont que des ‘excuses’ pour appliquer des recettes d’inspiration dogmatiques.

Nous avons aussi dĂ©fendu l’idĂ©e que ces mesures d’austĂ©ritĂ© ne pourront ĂȘtre pĂ©rennisĂ©es sans une forme de lĂ©gitimation des raisons invoquĂ©es par leurs initiateurs. Nous avons identifiĂ© le ‘primat de la croissance Ă©conomique’ comme premiĂšre raison et avons repĂ©rĂ© trois types de dĂ©fis (Ă©cologique, systĂ©mique et anthropologique) auxquels les thurifĂ©raires de la croissance devront faire face mĂȘme si tous les citoyens ne devraient idĂ©alement pas rester indiffĂ©rents au dĂ©roulement et Ă  l’aboutissement de cette joute.

Le prĂ©sent article est consacrĂ© Ă  l’autre justification des mesures de rĂ©duction de la place de l’État: la critique de l’État-providence qui va elle aussi s’accompagner de dĂ©fis Ă  relever. Nous adressons pour terminer quelques recommandations aux professionnels de la science Ă©conomique qui ne peuvent, au regard de l’enjeu, garder les yeux rivĂ©s sur leurs modĂšles en espĂ©rant que la rĂ©alitĂ© se dĂ©cide enfin Ă  en respecter les hypothĂšses fondatrices.

LĂ©gitimation d’une solidaritĂ© rĂ©duite

C’est confrontĂ© aux mesures d’austĂ©ritĂ© que l’individu est susceptible de prendre conscience du rĂŽle que joue la solidaritĂ©. Nous avons dĂ©jĂ  expliquĂ© que la critique fondamentale nĂ©olibĂ©rale Ă  l’égard de l’État-providence consiste Ă  rĂ©futer la compatibilitĂ© entre solidaritĂ© et responsabilitĂ© (LĂ©onard, 2015). Le discours est relativement bien rĂŽdĂ©, des individus libres et donc responsables doivent assumer leurs choix et ne pas en faire subir les consĂ©quences aux autres. Toutefois, chacun pense que ce sont les autres qui mĂ©ritent d’ĂȘtre ‘responsabilisĂ©s’, sanctionnĂ©s pour leur comportement incivique; les fumeurs, les alcooliques, les sĂ©dentaires, les obĂšses, les chĂŽmeurs, les actifs qui pratiquent un sport Ă  risque, les patients ‘non compliants’
En fait pas mal de monde alors que chacun est convaincu de ne pas ĂȘtre concernĂ©, mĂȘme si cela devrait relever de la mauvaise foi pour celles et ceux qui, par exemple, se verront prescrire une activitĂ© physique par leur mĂ©decinNote bas de page. Étrange manque de luciditĂ© Ă  l’égard de soi-mĂȘme quand il s’agit d’admettre nos ‘dĂ©faillances’.Tout aussi Ă©trange cette certitude qui nous habite quand nous estimons nos propres mĂ©rites ‘positifs’, quand nous sommes convaincus que nous mĂ©ritons notre salaireNote bas de page, notre situation sociale, notre conjoint
 Les mesures de ‘pseudo-responsabilisation’ peuvent alors ĂȘtre prises dans tous les domaines de l’existence puisqu’elles ne concernent que les autres. Aussi longtemps que nous ne percevons pas que nous sommes Ă©galement touchĂ©s par les rĂ©ductions du champ de la solidaritĂ©, nous nous contentons de dĂ©plorer que les mailles du filet de protection sociale s’élargissent. Vient alors le moment oĂč ce filet ne retient pas un proche, ou nous-mĂȘmes, et la lumiĂšre se fait sur le processus qui est Ă  l’Ɠuvre.

Nous verrons plus loin qu’une attitude de ‘care’ des uns vis-Ă -vis des autres est susceptible de nous Ă©viter cette dĂ©sagrĂ©able surprise, mais imaginons un instant qu’une masse critique au sein de la population vive ces dĂ©nis de solidaritĂ©, imaginons alors les dĂ©fis auxquels la sociĂ©tĂ© devra faire face. Les solutions qui Ă©mergeront des lieux de confrontations vont, tout comme pour la lĂ©gitimation de la croissance, constituer les nouvelles bases de la sociĂ©tĂ©. Nous allons voir que, tout comme le renoncement Ă  la croissance a un prix, Ă  nos yeux justifiĂ©, le maintien de la solidaritĂ© exige que nous assumions les rĂ©elles responsabilitĂ©s consubstantielles Ă  une libertĂ© lĂ©gitimement revendiquĂ©e.

Le défi technologico-éthico-médical

Notre analyse est focalisĂ©e sur les soins de santĂ© mais c’est bien l’ensemble des domaines de l’existence qui sont touchĂ©s par les mesures d’inspiration nĂ©olibĂ©rales. Les soins de santĂ©, nous l’avons dĂ©jĂ  soulignĂ©, sont toutefois un ‘lieu’ particulier oĂč l’on retrouve la plupart des sentiments humains mais aussi la plupart des possibles expĂ©rimentations d’ordre politique, Ă©conomique, sociologique, psychologique
 Parce qu’il s’agit d’un des biens les plus prĂ©cieux avec l’amour, la santĂ© concentre les tensions, les dĂ©chirures, les craintes, les espoirs, la vie finalement jusqu’à ses derniers instants. La maniĂšre d’entrer en colloque singulier avec son mĂ©decin, mais aussi d’en sortir, la relative difficultĂ© ou facilitĂ© avec laquelle on passe au travers des tracasseries administratives et financiĂšres avec son assureur ou l’institution de soins, vont dĂ©terminer l’existence qu’il nous est permis de vivre.

Au centre du dĂ©fi mĂ©dical, nous identifions la dyade personne – maladie. Dyade, car il nous semble que les deux Ă©lĂ©ments sont particuliĂšrement interconnectĂ©s mais aussi parce qu’ils doivent, pensons-nous, rester diffĂ©renciĂ©s afin d’éviter que la personne ne soit rĂ©duite Ă  un patient, lui-mĂȘme identifiĂ© Ă  sa maladie.

D’essentiellement mĂ©dical, le dĂ©fi est devenu ‘technologico-mĂ©dical’ en raison des multiples rĂŽles que peuvent jouer les nouvelles technologies dans la dĂ©tection des maladies, leur prĂ©vention et leur traitement. La figure 1 illustre en quoi le traitement de la ‘personne-maladie’ devient de plus en plus personnalisĂ©. La connaissance du gĂ©nome humain, objet de nombreuses convoitisesNote bas de page, peut-ĂȘtre combinĂ©e Ă  celle de la pathologie et dans le cas d’une tumeur, sa caractĂ©risation gĂ©nomique est de nature Ă  affiner les thĂ©rapies proposĂ©es.

Avant de penser Ă  traiter, on peut Ă©videmment dĂ©tecter les risques, c’est-Ă -dire procĂ©der Ă  des tests de dĂ©pistage, qui confirment ou infirment la prĂ©sence d’une pathologie. On peut Ă©galement procĂ©der Ă  des tests prĂ©dictifs tels que ceux qui ont amenĂ© Angelina Jolie Ă  dĂ©cider de subir une mastectomie bilatĂ©rale car elle avait appris que ses gĂšnes BRCA1 Ă©taient l’objet d’une mutation signifiant un risque trĂšs Ă©levĂ© de cancer du sein. Si l’on ajoute Ă  ces connaissances extrĂȘmement pointues relatives Ă  la gĂ©nomique, les informations concernant le style de vie et l’environnement de la personne, on atteint un niveau de connaissance dont certains n’hĂ©sitent pas Ă  dire que l’on «pourrait faire en sorte qu’un citoyen ne devienne pas un patient»Note bas de page. C’est ce que promet finalement Google qui a annoncĂ© le 18 septembre 2013, la crĂ©ation de Calico, sociĂ©tĂ© qui va Ɠuvrer Ă  l’allongement de l’espĂ©rance de vie en franchissant les frontiĂšres du transhumanisme que Google soutient en parrainant une institution qui forme des spĂ©cialistes en NBICNote bas de page (Alexandre, 2013).

C’est toujours Google qui va lancer la ‘Baseline Study’ qui consistera Ă  sĂ©quencer le gĂ©nome de 10.000 volontaires dans le monde et Ă  suivre toutes les donnĂ©es possibles sur leur Ă©tat de santĂ©. À terme, il s’agit de proposer, en partenariat avec Novartis et Biogen, des innovations telles que des lentilles de contact qui en plus de corriger la vue, analysent en permanence le taux de sucre ou des nanocapteurs qui repĂšrent les cellules cancĂ©reuses dans le sang (Hecketsweiler, 2015b).

On peut imaginer que les essais cliniques randomisĂ©s ‘traditionnels’ vont laisser la place progressivement Ă  des ‘essais cliniques personnalisĂ©s’ concernant quelques personnes (Cabut et Santi, 2013), chacun devenant finalement porteur d’une ‘maladie rare’. Afin de ‘parfaire’ l’identitĂ© mĂ©dicale du futur ex-patient les trĂšs nombreuses applications informatiques existantes et en dĂ©veloppement apporteront demain la touche finale Ă  la levĂ©e totale de l’intimitĂ© humaine au travers d’un Big Data qui pourrait Ă  terme connecter des donnĂ©es administratives, mĂ©dicales et comportementales. On nous promet un changement de paradigme du ‘curatif’ au ‘prĂ©ventif’ mais au vu de l’importance du secteur de la e-santĂ©, estimĂ© Ă  2,4 milliards d’euros en 2012Note bas de page, on ne doit pas s’attendre Ă  une remise en question du paradigme de la croissance et du capitalisme.

Mais ne nous laissons pas distraire par des considĂ©rations bassement matĂ©rielles: comment rĂ©sister Ă  ce monde merveilleux qui vous promet la vie quasi Ă©ternelle pour autant que nous ouvrions notre cƓur et tous nos autres organes Ă  l’appĂ©tit pantagruĂ©lique de super ordinateurs qui, dans le cas trĂšs improbable d’une maladie, proposeront Ă  notre mĂ©decin le remĂšde sur-mesure Ă  la place des pilules prĂȘt-Ă -porter actuelles censĂ©es convenir Ă  tout le monde, donc Ă  personne?

On serait abusivement optimiste en pensant que la personne, cet humain que Jean-Jacques Rousseau distinguait de l’animal grĂące Ă  sa libertĂ©Note bas de page, refuserait de cĂ©der les secrets de son existence contre quelques annĂ©es de vie. En effet, selon une enquĂȘte de PwC rĂ©alisĂ©e en mai 2014 auprĂšs de 9.281 personnes au niveau mondial, 67% des rĂ©pondants seraient prĂȘts Ă  placer un capteur dans leur voiture ou leur maison si cela pouvait gĂ©nĂ©rer une rĂ©duction de primes d’assurance. Selon la mĂȘme enquĂȘte, un rĂ©pondant sur deux serait prĂȘt Ă  fournir des informations additionnelles Ă  son assureur Ă  propos de son style de vie afin qu’il puisse trouver les services les plus adĂ©quats pour sa situation (PricewaterhouseCoopers, 2014b).

Quelle Ă©thique peut-on encore espĂ©rer pour les applications d’une technologie dont on ne peut limiter l’évolution quand elle se dit au service de la mĂ©decine, donc de l’humanitĂ©? Une mĂ©decine dont on nous annonce qu’elle ne sera peut-ĂȘtre plus reprĂ©sentĂ©e physiquement par des humains mais qu’elle agira au travers de la mĂ©dia-mĂ©decine (consultation par skype, chirurgie robotique et monitoring Ă  distance) (Vallancien, 2015)?

Figure 1: Schématisation des défis technologico-médical et sociétal liés à la légitimation de la réduction de la solidaritéImage

Le défi sociétal

On perçoit trĂšs clairement le dĂ©fi sociĂ©tal que ne manquera pas de susciter cette question complexe. Les tendances ‘lourdes’ Ă  proposer et implĂ©menter des mesures de pseudo-responsabilisation devraient dans un tel contexte devenir quasiment obsolĂštes. GrĂące Ă  l’e-santĂ©, on peut en effet s’attendre Ă  ce que les comportements prĂ©ventifs deviennent une Ă©vidence pour chacun.

Cette prĂ©vention qui «diffĂšre de la prudence, en ce qu’elle repose sur un comportement volontaire, qui se traduit par la pratique d’activitĂ©s physiques, le contrĂŽle de l’alimentation, le tout rendu particuliĂšrement facile grĂące Ă  la pĂ©nĂ©tration des nouvelles technologies dans notre quotidien»Note bas de page devrait intĂ©grer naturellement la vie de ‘l’homme-en-santé’ de demain. Les mesures ‘dures’ et ‘directes’ de responsabilisation financiĂšre pourraient en effet ĂȘtre remplacĂ©es progressivement par une pseudo-responsabilisation ‘douce’ et ‘indirecte’.En fait, le vocable ‘responsabilisation’ pourrait cĂ©der la place Ă  celui de ‘juste prix’, beaucoup moins connotĂ© au niveau moral, signifiant ainsi que chacun couvre les coĂ»ts prĂ©cis que le maintien de son Ă©tat de santĂ© gĂ©nĂšre.

Aujourd’hui, au-delĂ  des arguments Ă©thiques qui fondent la solidaritĂ©, mĂȘme Ă  l’égard de celles et ceux qui ne semblent pas tout faire pour adopter un comportement sanitairement correct, l’argument de l’impossibilitĂ© technique se rĂ©vĂšle Ă  la fois pertinent et dangereux. Pertinent car il justifie que l’on ne se lance pas dans des processus de responsabilisation sur base de critĂšres peu rigoureux, mal Ă©tayĂ©s par les donnĂ©es empiriques et tout aussi mal servis par des donnĂ©es personnelles lacunaires. Dangereux, car il invite Ă  la rĂ©vision des avis Ă  l’égard de la responsabilisation dĂšs lors que les obstacles techniques sont levĂ©s, ce que promet l’utilisation du Big Data. Si nous ne sommes pas parvenus Ă  sortir du paradigme nĂ©o-classique, que chacun est devenu l’objet d’une attention technico-mĂ©dicale unique car il s’est totalement mis Ă  nu, afin de bĂ©nĂ©ficier du meilleur traitement mais aussi de la meilleure assurance, alors le concept mĂȘme de solidaritĂ© devrait apparaĂźtre comme dĂ©passĂ©, relevant d’un autre temps. À moins que nous soyons capables de relever un dĂ©fi dĂ©mocratique de taille.

Le défi démocratique

Dominique Rousseau propose de radicaliser la dĂ©mocratie, de «revenir aux principes, Ă  la racine de la chose dĂ©mocratique, c’est-Ă -dire au peuple» car le peuple a «étĂ© englouti par le marchĂ© – le consommateur a pris le pas sur le citoyen – et par la reprĂ©sentation: les reprĂ©sentants parlent Ă  la place des citoyens» (Rousseau, 2015).

C’est un peu ce qui a Ă©tĂ© entrepris rĂ©cemment en Belgique lorsqu’on a demandĂ© Ă  la population de s’exprimer Ă  propos de ses prĂ©fĂ©rences Ă  l’égard des critĂšres Ă  utiliser pour dĂ©cider du remboursement des biens et soins mĂ©dicaux (Cleemput et al., 2014) aprĂšs avoir testĂ© l’idĂ©e auprĂšs des dĂ©cideurs (Cleemput et al., 2015, Cleemput et al., 2012).Nous avons dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© ces exemples de mobilisation citoyenne qui permettent d’imaginer la constitution progressive d’un contre-pouvoir lĂ©gitime. Toutefois, on peut craindre que si la personne est monitorĂ©e par une alliance entre la technologie, la mĂ©decine et l’assurance, elle soit dĂ©possĂ©dĂ©e de sa volontĂ© d’expression. Lorsqu’on accepte de se livrer entiĂšrement Ă  un super-ordinateur et de suivre les recommandations qu’il produit pour notre ‘meilleure santé’, est-on encore capable de contester le systĂšme?

Nous avons dĂ©veloppĂ© le concept de ‘care capacitant’, cette pratique qui consiste Ă  ‘prendre soin’ de soi d’abord et des autres afin qu’ils puissent accepter leurs vulnĂ©rabilitĂ©s et ĂȘtre progressivement libĂ©rĂ©s des multiples contraintes liĂ©es Ă  une ‘obligation de performance’. Être ainsi libĂ©rĂ© Ă©tait selon nous une porte ouverte Ă  une rĂ©elle responsabilisation tant individuelle que collective (LĂ©onard, 2012, LĂ©onard, 2013a, LĂ©onard, 2013b, LĂ©onard, 2014a, LĂ©onard, 2014b, LĂ©onard, 2014c, LĂ©onard, 2015).

Face au dĂ©terminisme total qui se profile au travers des donnĂ©es rassemblĂ©es au sein du Big Data, le ‘care capacitant’ est peut-ĂȘtre le seul espoir de rendre Ă  chacun des degrĂ©s de libertĂ© car si notre dossier informatisĂ© complet peut conclure Ă  l’existence d’une maladie en devenir et qu’il peut proposer un mĂ©dicament personnalisĂ©, il ne pourra jamais prĂ©voir ce que deviendra notre comportement demain suite Ă  la rencontre de celui ou celle qui aura pris le temps de ‘prendre soin de nous’. Un espoir de libertĂ© subsiste donc, un espace demeure pour une vraie responsabilitĂ©, le citoyen et donc le peuple ne sont pas encore en Ă©tat de mort cĂ©rĂ©brale. Nous serions alors capables de relever un dĂ©fi supplĂ©mentaire qui consiste Ă  contester le monopole des connaissances aux dĂ©tenteurs du Big Data.

Le défi épistémologique

Si l’on considĂšre l’épistĂ©mologie dans son acception la plus large c’est-Ă -dire comme la thĂ©orie de la connaissance, l’ultime dĂ©fi que l’on peut identifier est trĂšs probablement celui qui concerne le ‘quoi’ et le ‘comment’ des connaissances dont la personne et la sociĂ©tĂ© de demain auront besoin. L’évolution des technologies est bien en marche et il nous semble indispensable de considĂ©rer Big Data et la mĂ©dia-mĂ©decine comme des donnĂ©es rĂ©elles afin d’imaginer quels types de connaissances alternatives il nous appartient de dĂ©velopper pour conserver, voire redonner vigueur, Ă  l’humain.

Afin de calculer le ‘juste prix’, dont on peut douter qu’il s’agira d’un ‘prix juste’, d’une mĂ©decine personnalisĂ©e, les assureurs de demain devront disposer des mĂȘmes informations que le corps mĂ©dical, c’est-Ă -dire des risques de pathologies objectivĂ©s aux moyens de donnĂ©es gĂ©nĂ©tiques et comportementales. On ne peut espĂ©rer naĂŻvement qu’ils renonceront Ă  en extraire le maximum de profit possible, leur reprocher cette dĂ©marche mercantile trahirait d’ailleurs une mĂ©connaissance des rouages de l’économie capitaliste.

Toutefois, si l’on prend au sĂ©rieux le rĂŽle des associations de citoyens, si l’on renforce notre sentiment, qui devrait idĂ©alement devenir une conviction, que celles et ceux qui nous gouvernent nous reprĂ©sentent, il faut alors se soucier de la maniĂšre de prendre connaissance des valeurs et prĂ©fĂ©rences de la population.

Nous situons l’essentiel de ce dĂ©fi Ă©pistĂ©mologique alternatif Ă  ce niveau, rendre compte de ces valeurs de maniĂšre objective certes mais aussi en ayant pris le soin d’informer les citoyens, au dĂ©part d’une certaine posture philosophique, du contexte et des consĂ©quences de leurs choix.

Recueillir l’avis de la population exige une pĂ©dagogie dĂ©clinĂ©e en fonction des ‘capabilitĂ©s’ de chaque groupe Ă  intĂ©grer l’information fournie. Il peut paraĂźtre paradoxal que nous considĂ©rions inĂ©vitable le fondement de la dĂ©marche par une certaine ‘posture philosophique’ alors que nous prĂŽnons l’objectivitĂ© de la restitution des rĂ©sultats de ces ’enquĂȘtes d’opinion’. N’oublions pas qu’il s’agit de constituer une connaissance utile alternative au dĂ©veloppement d’un systĂšme de santĂ© dont les soins ne seront pas les seuls Ă  ĂȘtre ‘personnalisĂ©s’, c’est fort probablement aussi la couverture des coĂ»ts qui sera ‘individualisĂ©e’, rendant le concept de solidaritĂ© obsolĂšte.

C’est donc uniquement si l’on croit Ă  une sociĂ©tĂ© alternative, si l’on veut, contre la rationalitĂ© Ă©conomique et financiĂšre, proposer une rationalitĂ© humaniste, que l’on dĂ©cidera d’entamer cette Ă©laboration d’une connaissance alternative. S’informer auprĂšs des citoyens-patients et les informer exige la pratique d’un ‘care informationnel’, une maniĂšre de concevoir les questions Ă  poser et les informations Ă  transmettre qui exige le plus grand soin dans le choix des mots, des concepts, des articulations et argumentations afin d’ĂȘtre compris et de recevoir, non pas ce Ă  quoi on s’attend, mais ce qui vit au plus profond des personnes.

Ce qui a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par le KCE pour les rĂšgles de bonnes pratiques en ce qui concerne l’accouchement Ă  bas risques (Mambourg et al., 2010), le dĂ©pistage du cancer de la prostate (Mambourg et al., 2014), la surveillance active du cancer de la prostate (Jonckheer et al., 2013), les prĂ©fĂ©rences de la population Ă  l’égard des critĂšres de remboursement (Cleemput et al., 2014) sont autant d’exemples de pratique de ce ‘care informationnel’ susceptibles de montrer une voie pour relever le dĂ©fi Ă©pistĂ©mologique auquel chercheurs en santĂ© publique et dĂ©cideurs sont confrontĂ©s.

Conclusion programmatique Ă  l’attention des sciences Ă©conomiques

L’économie de la santĂ© au sens strict de son acception est fortement impliquĂ©e dans les dĂ©cisions relatives Ă  l’affectation de moyens limitĂ©s aux fins de soins multiples, essence du problĂšme Ă©conomique. L’approche d’inspiration utilitariste qui prĂ©domine jusqu’à prĂ©sent a permis de systĂ©matiser des dĂ©cisions qui pouvaient prendre un caractĂšre quelque peu arbitraire ou du moins manquer d’une certaine cohĂ©rence.

Avant d’imaginer Ă©vacuer totalement cette approche d’inspiration nĂ©oclassique (mais le faut-il vraiment?), on peut la complĂ©ter par des outils d’intĂ©gration d’aspects Ă©thiques qui permettent de renforcer, nuancer voire contredire des conclusions d’ordre quantitatif (Cleemput et al., 2015). On entre alors dans l’économie de la santĂ© comprise comme l’organisation des diffĂ©rents Ă©lĂ©ments de l’ensemble ‘systĂšme de santé’. IntĂ©grer l’éthique, et notamment les questions d’équitĂ©, dans l’économie de la santĂ© rĂ©pond Ă  un besoin identifiĂ© dans de nombreuses disciplines par nature complĂ©mentaires: la mĂ©decine, la santĂ© publique, la sociologie, la philosophie, la psychologie et l’économie. Toutefois, trop souvent les dĂ©bats n’associent pas l’économie Ă  ces disciplines, ils les opposent. Il nous semble que la simple juxtaposition de postures diffĂ©rentes n’est pas de nature Ă  apporter une rĂ©ponse fĂ©conde aux multiples dĂ©fis que nous avons identifiĂ©s, il est indispensable d’opĂ©rer une rĂ©elle intĂ©gration de toutes les approches susceptibles de contribuer Ă  une solution humaniste Ă  des problĂšmes qui le sont tout autant.

Si le concept de risque se dilue progressivement dans l’avĂšnement d’un dĂ©terminisme quasi complet, celui d’assurance deviendra beaucoup moins pertinent et il nous faudra des fondements moraux solidement Ă©tablis et acceptĂ©s au sein de la sociĂ©tĂ© pour justifier la solidaritĂ©. Le concept d’efficience doit ĂȘtre revu Ă  l’aune de considĂ©rations Ă©thiques susceptibles d’apporter des pondĂ©rations aux gains de santĂ© pour certains types d’états de santĂ© qui nĂ©cessitent certains types de soins (par exemple les soins palliatifs, les soins aux grands prĂ©maturĂ©s, les soins aux personnes lourdement dĂ©pendantes ou handicapĂ©es).

De la mĂȘme maniĂšre, les concepts d’assurance, hasard moral et sĂ©lection adverse doivent aussi ĂȘtre revisitĂ©s pour tenir compte du degrĂ© de certitude qui va de plus en plus entourer les Ă©pisodes de maladies et de soins. L’économiste ne doit-il pas adopter une posture Ă©thique forte, pour autant que cela corresponde Ă  ses convictions, afin de redonner un fondement Ă  la solidaritĂ©? Imaginons qu’un assureur annonce Ă  une personne le ‘juste prix’ qui lui est demandĂ© pour son programme de santĂ© pour les cinq prochaines annĂ©es. Imaginons, que la personne dispose des moyens financiers pour assumer ce coĂ»t. Si elle est mise au courant du ‘juste prix’ demandĂ© Ă  une personne en situation lĂ©gĂšrement moins favorable, elle pourrait estimer que le lĂ©ger supplĂ©ment Ă  payer par l’autre est tout Ă  fait acceptable puisqu’elle-mĂȘme assume un montant Ă  peine infĂ©rieur. De maniĂšre itĂ©rative, elle peut ensuite adopter un raisonnement similaire pour la personne qui devra payer un ‘juste prix’ trĂšs lĂ©gĂšrement supĂ©rieur Ă  celui rĂ©clamĂ© Ă  la personne prĂ©cĂ©dente. Et ainsi de suite jusqu’à atteindre un ‘juste prix’ rĂ©dhibitoire. Mais Ă  partir de quelle diffĂ©rence, la personne de rĂ©fĂ©rence est-elle censĂ©e rĂ©agir et s’exclamer, «cela suffit, je suis disposĂ©e Ă  payer pour cette personne»?

Si ce raisonnement est suscitĂ© chez l’ensemble des personnes d’une sociĂ©tĂ©, nous serions probablement surpris de la cohĂ©rence d’ensemble en dĂ©faveur de la solidaritĂ© que ces approches itĂ©ratives pourraient susciter. Une Ă©conomie ‘sĂšche’ se contentera de concevoir le modĂšle qui permettra d’extraire le profit maximum de chacune de ces situations. L’économie alternative devra concevoir un ‘produit d’assurance’Note bas de page fondĂ© sur le concept de compassion ou mĂȘme de pitiĂ© si l’on peut suivre Rousseau pour qui un principe a Ă©tĂ© donnĂ© Ă  l’homme pour adoucir la fĂ©rocitĂ© de son amour propre et tempĂ©rer l’ardeur qu’il a pour son bien-ĂȘtre par une rĂ©pugnance innĂ©e Ă  voir souffrir son semblableNote bas de page.

Pourquoi alors ne pas prĂ©voir un ‘produit’ d’assurance qui intĂšgre cette propension Ă  la pitiĂ© et justifier, de maniĂšre Ă  nouveau itĂ©rative, l’aide financiĂšre Ă  apporter Ă  d’autres, beaucoup moins bien lotis que nous et alors rĂ©itĂ©rer le raisonnement, cette fois Ă  l’égard de personnes qui nous sont de plus en plus proches, et pour lesquelles, chacun ressent suffisamment de pitiĂ© pour leur apporter son aide au moyen d’un systĂšme de ‘pĂ©rĂ©quation des justes prix’?Finalement de nombreux outils ‘nĂ©oclassiques’ pourraient ĂȘtre ’rĂ©cupĂ©rĂ©s’ afin de refonder la solidaritĂ© dont nous craignons qu’elle soit mise Ă  mal par les Ă©volutions technologiques dans le prolongement d’une critique dĂ©jĂ  bien rĂŽdĂ©e de l’État-providence. Si nous ne nous trompons pas trop, l’ampleur des dĂ©fis Ă  venir est telle qu’il nous faudra inventer une collaboration interdisciplinaire qui n’exclura aucune forme de pensĂ©e, aucun type d’approche mais qui au contraire pourra les rapprocher et faire en sorte que les diffĂ©rents concepts et modes de travail soient vĂ©ritablement intĂ©grĂ©s et articulĂ©s autour de valeurs morales incontestables si l’avenir de l’humain nous prĂ©occupe encore.

Bibliographie

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  • Rousseau, D. (2015) ‘Il faut construire une dĂ©mocratie continue’. IN JohannĂšs, F. (Ed.) Paris, Le Monde – Culture & IdĂ©es (Édition du 25 avril).
  • Rousseau, J.-J. (2008) Discours sur l’origine et les fondements de l’inĂ©galitĂ© parmi les hommes, Paris, Garnier-Flammarion.
  • Vallancien, G. (2015) ‘La mĂ©dia-mĂ©decine va de plus en plus remplacer les mĂ©decins’. in Lacroix, A. (Ed.) Paris, Philosophie magazine N°89 (Mai), p.17.

Cet article est fondĂ© sur une communication effectuĂ©e lors du colloque ‘Recherche et rĂ©gulation, qui a eu lieu Ă  Paris. Je remercie les participants Ă  l’atelier ‘Crise du systĂšme de santé’ pour les commentaires qui ont permis d’amĂ©liorer cet article.

L’auteur est Directeur gĂ©nĂ©ral adjoint du KCE, Professeur invitĂ© Ă  l’UCL, MaĂźtre de confĂ©rences Ă  l’UNamur et Professeur Ă  la HELHa, il s’exprime en son nom personnel, ses propos n’engagent nullement les institutions auxquelles il appartient.

Voir dans le numĂ©ro prĂ©cĂ©dent de cette mĂȘme revue notre article ‘Tisser les fils de la sociĂ©tĂ©. PremiĂšre partie – Combattre le primat de la croissance’.

En effet, un amendement Ă  la loi santĂ© française allant dans ce sens, proposĂ© par l’ex Ministre des sports ValĂ©rie Fourneyron, a Ă©tĂ© adoptĂ© le 10 avril 2015 Ă  une large majoritĂ© (Cabut et Santi, 2015).

Selon une enquĂȘte rĂ©cente de PwC, 50% de 882 Belges interrogĂ©s estiment qu’ils ne sont pas bien rĂ©compensĂ©s de leurs effets, ils Ă©taient 40% en 2013 (PricewaterhouseCoopers (PwC), 2014a).

DĂ©but janvier, Roche a acquis pour 800 millions d’euros une participation majoritaire dans Foundation Medicine http://www.foundationmedicine.com/, une sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine partiellement financĂ©e par Google et spĂ©cialisĂ©e dans l’analyse gĂ©nĂ©tique (Hecketsweiler, 2015a).

Voir l’interview du Directeur solutions et marchĂ©s Ă©mergents de l’éditeur de logiciels SAS (Caulier, 2014).

NBCI – Nanotechnology Business Creation Initiatives.

Ainsi qu’un taux de croissance annuel de 4 Ă  7% Ă  l’horizon 2017 (Henri, 2014), p.7. Document Ă©manant du Think Tank ‘Renaissance NumĂ©rique’ qui se dĂ©finit comme «un lieu d’échanges, de rĂ©flexion, d’expertise et de production d’idĂ©es et de projets qui contribue Ă  Ă©clairer les citoyens et les dĂ©cideurs, dans le sens de l’intĂ©rĂȘt commun au travers d’un projet Ă©ducatif, scientifique, culturel et social».

Voir notamment (Rousseau, 2008), p.79.

(Henri, 2014), p11.

Les groupements d’achats d’assurances tels que ceux que l’on connait pour l’énergie, risquent de ne pas suffire pour sauver la solidaritĂ© (Voir la Libre Belgique du 23 avril 2015, p.34 «L’achat groupĂ© gagne aussi les assurances».

(Rousseau, 2008), p.95.

Lire son horoscope quotidien n’est pas sans consĂ©quences!

Que ce soit en ouvrant un journal ou une application, tous les matins, des milliers de personnes consultent sans trop y penser leur horoscope du jour. Bien que la plupart du temps, nous disions ne pas y accorder trop de crĂ©dit ou ne pas croire en l’astrologie, nous connaissons tous notre signe astrologique. Lire son horoscope est-il vraiment une simple distraction sans consĂ©quences pour notre vie quotidienne?

Imaginez que vous ayez un examen Ă  passer ou un entretien d’embauche et que votre horoscope vous prĂ©dise une journĂ©e horrible, serez-vous aussi confiant et aussi performant que si une journĂ©e formidable vous Ă©tait promise ?

Magali Clobert, chercheuse FNRS Ă  l’Institut de recherche en sciences psychologiques de l’UCL et postdoc Ă  Stanford University, a rĂ©cemment investiguĂ© cette question avec l’aide de Patty Van Cappellen (University of North Carolina), Marianne Bourdon (UniversitĂ© de Nantes) et Adam Cohen (Arizona State University). Au travers de trois Ă©tudes empiriques menĂ©es en Belgique et aux États-Unis, les chercheurs ont Ă©tudiĂ© l’influence de l’horoscope sur les perceptions, Ă©motions, performances cognitives et la crĂ©ativitĂ©. Cette sĂ©rie d’études vient d’ĂȘtre publiĂ©e dans la revue scientifique Personality and Individual Differences.

Dans une premiĂšre Ă©tude menĂ©e Ă  l’UCL, les participants Ă©taient invitĂ©s Ă  lire et rĂ©sumer leur horoscope quotidien, dont le contenu Ă©tait variablement nĂ©gatif (par exemple Lions, ce n’est pas votre jour: une dure journĂ©e vous attend) ou positif (Lions, une merveilleuse journĂ©e vous attend: tout vous rĂ©ussit).

D’autres participants Ă©taient, quant Ă  eux, invitĂ©s Ă  lire et Ă  rĂ©sumer soit un texte neutre, soit un texte positif, soit un texte nĂ©gatif. Dans un second temps, les participants devaient interprĂ©ter des photos illustrant des situations ambigĂŒes (par exemple un homme pleure dans les bras d’une femme). De maniĂšre assez intĂ©ressante, les participants exposĂ©s Ă  un horoscope positif avaient tendance Ă  interprĂ©ter plus positivement les images ambigĂŒes («l’homme pleure de joie») alors que les participants exposĂ©s Ă  un horoscope nĂ©gatif jugeaient ces mĂȘmes photos de maniĂšre plus nĂ©gative («l’homme est triste»).

Dans une deuxiĂšme Ă©tude menĂ©e aux États-Unis utilisant une mĂ©thode similaire, les chercheurs ont Ă©valuĂ© les consĂ©quences de la lecture d’un horoscope positif ou nĂ©gatif sur les performances cognitives des participants. Comme dans l’étude prĂ©cĂ©dente, les participants Ă©taient invitĂ©s Ă  rĂ©sumer leur horoscope (positif ou nĂ©gatif). Leur score Ă  diffĂ©rents tests verbaux, logiques et numĂ©riques, utilisĂ©s notamment lors des tests de QI, Ă©tait ensuite mesurĂ©. LĂ  encore, les chercheurs ont observĂ© que les participants exposĂ©s Ă  un horoscope positif prĂ©sentaient de meilleurs scores tandis que l’exposition Ă  un horoscope nĂ©gatif se traduisait par des performances cognitives moins Ă©levĂ©es.

Finalement, une derniĂšre Ă©tude avait pour but de tester l’effet d’une exposition Ă  un horoscope positif ou nĂ©gatif sur la crĂ©ativitĂ©. AprĂšs avoir rĂ©sumĂ© leur horoscope, les participants Ă©taient invitĂ©s Ă  rĂ©soudre plusieurs problĂšmes dont la rĂ©solution nĂ©cessite typiquement une approche crĂ©ative. ConformĂ©ment aux hypothĂšses des chercheurs, les participants exposĂ©s Ă  un horoscope au contenu positif se sont montrĂ©s plus crĂ©atifs dans la rĂ©solution de problĂšmes que les participants exposĂ©s Ă  un horoscope nĂ©gatif.

Dans les trois Ă©tudes prĂ©sentĂ©es ci-dessus, l’effet de l’horoscope s’est trouvĂ© renforcĂ© pour les participants rapportant un sentiment de contrĂŽle bas sur leur propre existence.

Il apparaĂźt donc que lire son horoscope peut avoir des effets sur les perceptions, les performances cognitives et la crĂ©ativitĂ©. Ce geste que font des milliers de personnes chaque matin se rĂ©vĂšle dĂšs lors moins anodin qu’il n’y paraĂźt.

Bien heureusement, le contenu d’un horoscope tel qu’on peut le trouver dans les journaux populaires est rarement totalement nĂ©gatif !

Tabac: paquet neutre et interdiction totale de la publicité

À l’occasion de la JournĂ©e mondiale sans Tabac du 31 mai, la Coalition nationale contre le TabacNote bas de page a demandĂ© Ă  la Ministre de la SantĂ© publique Maggie De Block, dans l’élan de son plan antitabac, d’introduire sans tarder en Belgique les paquets neutres et d’instaurer parallĂšlement une interdiction complĂšte de toute publicitĂ© pour le tabac dans les points de vente.

Ces deux mesures permettent de rendre le tabac moins attractif auprĂšs des jeunes et de stimuler les fumeurs Ă  arrĂȘter. Une interdiction totale de la publicitĂ© mettrait aussi un terme Ă  la confusion et aux contournements de la loi par l’industrie du tabac.

Plan anti-tabac de la Ministre De Block

La Coalition nationale contre le tabac salue le plan prĂ©sentĂ© par la Ministre De Block. C’est un pas dans la bonne direction. L’objectif chiffrĂ© global de baisser la proportion de fumeurs quotidiens Ă  17% en 2018 est un bon stimulant pour la politique anti-tabac en Belgique.

Des mesures supplĂ©mentaires permettraient de rĂ©duire encore plus la consommation de tabac dans notre pays: l’augmentation des accises sur le tabac Ă  rouler, le renforcement des services de contrĂŽle, un meilleur remboursement des produits d’aide Ă  l’arrĂȘt ou, encore, l’introduction des paquets neutres.Les paquets neutres sont des emballages dĂ©pourvus de tout logo, couleur et/ou Ă©lĂ©ments graphiques attrayants. De tels paquets perdent donc leur nature actuelle de support publicitaire. La ministre De Block souhaite introduire ces paquets sur le marchĂ© en 2019. Si elle veut vraiment atteindre cet objectif, il faut qu’une dĂ©cision soit prise dĂšs l’annĂ©e prochaine.

Il faut, de plus, que l’introduction des paquets neutres soit couplĂ©e Ă  l’interdiction totale de la publicitĂ© dans les points de vente. Une mesure qui est cependant absente du plan anti-tabac. Une belle opportunitĂ© serait perdue en ne liant pas l’introduction des paquets neutres Ă  l’interdiction totale de la publicitĂ© dans les points de vente. Sans compter que cette mesure pourrait avoir un effet significatif sur le nombre de fumeurs, et serait donc un atout substantiel pour atteindre l’objectif fixĂ© par la ministre.

La France, l’Irlande et le Royaume-Uni prennent de l’avance

Les paquets neutres permettent de diminuer l’attractivitĂ© des cigarettes, d’augmenter l’impact des avertissements de santĂ© et de faire obstacle aux techniques d’influence des industriels du tabac. Ils font Ă©galement diminuer le nombre de jeunes qui commencent Ă  fumer, et motivent les fumeurs Ă  arrĂȘter. Ces observations ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es en AustralieNote bas de page, oĂč les paquets neutres sont obligatoires depuis dĂ©cembre 2012. Selon une Ă©tude menĂ©e par les autoritĂ©s australiennes, un quart de la baisse de consommation de tabac peut ĂȘtre imputĂ©e Ă  l’introduction du paquet neutre.

Le 20 mai 2016, la France, l’Irlande et le Royaume-Uni sont passĂ©s aux paquets neutres, suite au feu vert de l’Union europĂ©enne en la matiĂšre. En effet, et malgrĂ© une plainte introduite par Philip Morris et British American Tobacco, la Cour de Justice europĂ©enne a Ă©tabli dans un arrĂȘt du 4 mai 2016 que les paquets neutres rĂ©pondaient Ă  toutes les exigences lĂ©gales. La Belgique pourrait donc parfaitement prendre la mĂȘme mesure.

Les deux faces d’une mĂȘme piĂšce

Les pays ayant optĂ© pour les paquets neutres ont introduit simultanĂ©ment l’interdiction totale de publicitĂ© dans les points de vente, et pour de bonnes raisons. Il n’est pas logique d’autoriser la publicitĂ© dans les magasins si elle est interdite sur les paquets. Sans compter que cet Ă©tat de fait laisse la porte ouverte Ă  l’industrie du tabac, avec tous les problĂšmes et procĂ©dures qui peuvent en dĂ©couler.

Le principe de proportionnalitĂ© juridique ne serait en effet pas respectĂ©. Ce principe dit en substance que pour atteindre un objectif fixĂ©, ce sont d’abord les mesures les moins drastiques qui doivent ĂȘtre prises. Les paquets neutres et l’interdiction de la publicitĂ© doivent donc ĂȘtre introduits simultanĂ©ment.

La publicitĂ© ‘classique’ pour les marques et produits du tabac est interdite depuis 1999, mais les affiches et panneaux lumineux sont toujours autorisĂ©s dans les magasins de tabac et de journaux. Or, il existe dans notre pays un soutien certain du public Ă  un Ă©largissement de l’interdiction. C’est ce qu’a en tout cas montrĂ© une enquĂȘte rĂ©alisĂ©e auprĂšs de 3001 Belges en 2015 par GFK, Ă  la demande de la Fondation contre le Cancer: 71% Ă©taient en faveur d’une telle mesure.Il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© Ă  maintes reprises que les jeunes sont particuliĂšrement rĂ©ceptifs Ă  la publicitĂ© pour les cigarettes. Et celle-ci est frĂ©quemment prĂ©sente dans les endroits oĂč les jeunes se rassemblent aux alentours des Ă©coles. Dans les magasins de journaux, par exemple, elle cĂŽtoie les Ă©talages de boissons, chips et autres bonbons. Toute cette publicitĂ© contribue Ă  normaliser la cigarette.

Trompeuse, disproportionnĂ©e, voire mĂȘme illĂ©gale

L’industrie du tabac dispose des moyens humains et financiers, ainsi que de l’inventivitĂ© nĂ©cessaire, afin de jouer systĂ©matiquement avec les limites de la loi.

Certains magasins de journaux se spécialisent quant à eux dans la vente de tabac, avec la débauche de publicités et de présentoirs qui en découle.

Quelques exemples:

  • la publicitĂ© est volontairement trompeuse concernant les risques pour la santĂ©, avec des mentions telles que ‘no additives’ ou ‘smooth’ qui semblent suggĂ©rer que le tabac n’est pas forcĂ©ment mauvais pour la santĂ©, ou que certaines marques sont moins dangereuses que d’autres;
  • aussi bien la publicitĂ© que l’offre sont massivement prĂ©sentes: voir par exemple les Ă©talages et rĂ©clames pour le tabac Ă  rouler dans les rĂ©gions frontaliĂšres ou dans certains magasins de journaux;
  • des infractions sont trĂšs rĂ©guliĂšrement constatĂ©es sur des vitrines latĂ©rales ou aux alentours immĂ©diat des points de vente, alors que la lĂ©gislation n’autorise que la publicitĂ© en façade.

Les membres de la Coalition nationale contre le tabac sont: Fondation contre le Cancer (FCC), Vlaams Instituut voor Gezondheidspromotie en Ziektepreventie (VIGeZ), Kom op tegen Kanker (KotK), Fonds des Affections Respiratoires (FARES), Observatoire de la SantĂ© du Hainaut (OSH), Vlaamse Vereniging voor Respiratoire Gezondheidszorg en Tuberculosebestrijding (VRGT), Ligue cardiologique belge, Arbeitsgemeinschaft fĂŒr Suchtvorbeugung und LebenbewĂ€ltigung (ASL), Association pharmaceutique belge (APB), Service d’Étude et de PrĂ©vention du Tabagisme (SEPT), SociĂ©tĂ© Scientifique de MĂ©decine GĂ©nĂ©rale (SSMG).

Premiùre partie – Combattre le primat de la croissanceNote bas de pageNote bas de page

Nous pourrions qualifier de ‘bonne nouvelle’ l’établissement d’un lien entre les menaces qui pĂšsent sur les systĂšmes de protection sociale et la crise bancaire et financiĂšre de 2008. En effet, cela signifierait que la disparition progressive des effets des dysfonctionnements bancaires et financiers aurait mĂ©caniquement un effet positif sur la taille des mailles du filet de protection sociale qui se sont considĂ©rablement Ă©largies au cours des derniĂšres annĂ©es.

MĂȘme si de rĂ©centes publications semblent attester l’existence d’un tel lienNote bas de page, cela ne signifie pas que les mesures diverses de rĂ©ductions des dĂ©penses publiques et sociales soient caractĂ©risĂ©es par une certaine ‘nĂ©cessité’ au sens philosophique du terme. Nous prĂ©tendons au contraire qu’elles sont l’objet d’une certaine contingence. En effet, il appartient toujours aux dĂ©cideurs de choisir la maniĂšre de tisser les fils de la sociĂ©tĂ©.

Nous savons que les mesures d’assainissement budgĂ©taires portent essentiellement sur les dĂ©penses alors que le rĂ©Ă©quilibrage budgĂ©taire pourrait Ă©galement ĂȘtre obtenu en augmentant les recettes, cotisations sociales et impĂŽts. Il s’agit d’un choix politique, donc idĂ©ologique souvent justifiĂ©, mais sans rĂ©el fondement empirique, par le souci de l’efficience et du pragmatisme.

Il n’est dĂšs lors pas Ă©tonnant de craindre les effets collatĂ©raux de ces mesures au niveau social. Sans contester ou sous-estimer les impacts sociaux de mesures d’assainissement conjoncturelles, nous dĂ©fendons l’approche qui consiste Ă  repĂ©rer les remises en question fondamentales de la protection sociale dans les tendances de long terme qui caractĂ©risent la composition du financement des assurances sociales et le mode d’intervention de la solidaritĂ© Ă  l’égard des risques sociaux.

Les menaces ne sont donc pas uniquement liĂ©es Ă  la conjoncture mais prĂ©sentent majoritairement un caractĂšre structurel. Nous dĂ©fendons ensuite la thĂšse que la continuation de ces tendances lourdes est conditionnĂ©e Ă  la capacitĂ© des dĂ©cideurs Ă  justifier la prĂ©pondĂ©rance de la croissance Ă©conomique. En effet, aussi longtemps que la population acceptera le postulat que la croissance Ă©conomique est notre seule voie de salut, les mesures qui favorisent certains types de revenus au travers de la fiscalitĂ© et les coupes claires dans les dĂ©penses publiques apparaĂźtront toujours justifiĂ©es car prĂ©sentĂ©es comme des incontournables pour prĂ©server la croissance, objet d’une forme de sacralisation. Nous identifions alors une sĂ©rie de dĂ©fis que les autoritĂ©s auront Ă  relever pour pĂ©renniser le primat de la croissance. De leur rĂ©ussite ou de leur Ă©chec dĂ©pendra le type de sociĂ©tĂ© dont nous nous serons rendus dignes, ou pas.

Effets de la crise ou tendances lourdes – Symptomatologie de la crise ou de l’idĂ©ologie nĂ©olibĂ©rale ?

Le financement de la sĂ©curitĂ© sociale belge et notamment des soins de santĂ© sur une longue pĂ©riode offre un Ă©clairage particuliĂšrement pertinent car il exprime d’une part des tendances ‘lourdes’ et d’autre part des dĂ©cisions qui se manifestent gĂ©nĂ©ralement par des ‘cassures’ ou du moins des inflĂ©chissements de ces tendances. Notre posture consiste Ă  interprĂ©ter les statistiques en la matiĂšre comme l’expression d’une volontĂ© tantĂŽt implicite, tantĂŽt bien affichĂ©e de rĂ©duire la voilure de l’État et notamment de l’État-providence.

RĂ©gressivitĂ© croissante du financement de l’État-providence

Au dĂ©but des annĂ©es 60, le financement de la sĂ©curitĂ© sociale Ă©tait assurĂ© par les cotisationsNote bas de page sociales pour 70% et par des subsides de l’État pour un peu moins de 30%. ConfrontĂ© Ă  la crise des annĂ©es 70, l’État renforce son intervention afin de pĂ©renniser le financement de la solidaritĂ© (figure 1).

En 1982, le gouvernement dĂ©cide de dĂ©plafonner le calcul des cotisations sociales et rend ainsi proportionnel un prĂ©lĂšvement qui prĂ©sentait un caractĂšre rĂ©gressifNote bas de page. En termes redistributifs, cette dĂ©cision est Ă©videmment positive mais elle est compensĂ©e par un dĂ©sengagement progressif de l’État qui peut alors rĂ©duire les subsides fondĂ©s, pour environ la moitiĂ©, sur des impĂŽts directs progressifs grĂące Ă  une augmentation mĂ©canique du montant des cotisations sociales perçues (figure 2).

Jusqu’au dĂ©but des annĂ©es 90, le financement de la solidaritĂ© est donc majoritairement proportionnel aux salaires ce qui signifie qu’au sein des travailleurs, une certaine forme d’équitĂ© est respectĂ©e mĂȘme si l’on peut regretter la rĂ©duction du caractĂšre progressif de ce financement et la contribution du quasi seul facteur travail qui occupe une part dĂ©croissante dans le PIBNote bas de page.

En 1995, l’équitĂ© du financement de la solidaritĂ© est remise en question en raison de rĂ©ductions de cotisations sociales (prĂ©lĂšvement proportionnel) financĂ©es par une partie des recettes de TVA (prĂ©lĂšvement rĂ©gressif). Il s’agit d’une volontĂ© affichĂ©e de rĂ©duire les ‘charges’ sociales afin d’amĂ©liorer la position concurrentielle des entreprises belges au travers d’une rĂ©duction des coĂ»ts salariaux. Selon la thĂ©orie Ă©conomique nĂ©oclassique, on pouvait espĂ©rer une hausse de la quantitĂ© demandĂ©e de travail et un regain de croissance Ă©conomique. Aujourd’hui, le financement rĂ©gressif reprĂ©sente 30% des recettes de sĂ©curitĂ© sociale et le financement proportionnel occupe une place de moins en moins importante.

Figure 1 : Évolution du financement de la sĂ©curitĂ© sociale des travailleurs salariĂ©s en Belgique de 1960 Ă  2014 selon le type de recettesImageSource: Service public fĂ©dĂ©ral sĂ©curitĂ© sociale. Rapport gĂ©nĂ©ral sur la sĂ©curitĂ© sociale et Vade mecum de la sĂ©curitĂ© sociale (Ă©ditions de 1960 Ă  2014)

Figure 2 : Évolution du financement de la sĂ©curitĂ© sociale des travailleurs salariĂ©s de 1960 Ă  2014 selon le caractĂšre redistributif des recettesImageSource: Service public fĂ©dĂ©ral sĂ©curitĂ© sociale. Rapport gĂ©nĂ©ral sur la sĂ©curitĂ© sociale et Vade mecum de la sĂ©curitĂ© sociale (Ă©ditions de 1960 Ă  2014)

On retrouve une évolution similaire pour les soins de santé (Vrijens et al., 2012), de plus en plus financés par des recettes régressives et de moins en moins par des recettes progressives (tableau 1, ci-dessous).

Tableau 1 : Caractérisation du financement des soins de santé en Belgique en pourcentages du total respectivement des recettes proportionnelles, progressives et régressives.

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

2012

2013

2014

Proportionnelles

70,0

69,8

70,7

69,0

67,0

62,2

68,7

73,0

74,2

72,6

Progressives

13,5

13,3

13,1

12,9

12,5

15,0

6,6

7,0

7,0

6,9

RĂ©gressives

14,9

15,1

14,4

15,7

16,8

19,1

23,3

18,6

16,9

18,5

Divers

1,6

1,7

1,8

2,4

3,8

3,8

1,4

1,4

1,9

1,9

Source: Service public fédéral sécurité sociale, Inami et calculs propres

Les effets inĂ©quitables d’une pseudo-responsabilisation

DĂšs lors que le mode de financement de la solidaritĂ© devient un instrument potentiel de relance Ă©conomique au travers de la rĂ©duction des coĂ»ts salariaux et que le facteur capital ne ‘peut’ ĂȘtre mis Ă  contribution, il semble inĂ©vitable de dĂ©cider une rĂ©duction des dĂ©penses publiques et notamment de santĂ©.

On peut considĂ©rer qu’il existe deux options, non exclusives, pour rĂ©duire les dĂ©penses publiques de santĂ©. Une majoration du ticket modĂ©rateur rĂ©duit mĂ©caniquement la partie supportĂ©e par la solidaritĂ© et l’effet prix qu’elle reprĂ©sente peut en outre rĂ©duire, du moins en thĂ©orie, la quantitĂ© de soins demandĂ©e. L’autre possibilitĂ© consiste Ă  maintenir constants, voire Ă  diminuer les tarifs des soins, c’est-Ă -dire la rĂ©munĂ©ration des prestataires, qui sont ainsi ‘incitĂ©s’ Ă  demander des supplĂ©ments non couverts par l’assurance maladie et dont le patient doit s’acquitter personnellement.

Il n’existe pas de sĂ©rie chronologique longue des tickets modĂ©rateurs, les supplĂ©ments d’honoraires en ambulatoire ne sont pas enregistrĂ©s et les coĂ»ts d’hospitalisation par catĂ©gories ne font l’objet d’analyses systĂ©matiques que depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, ce qui ne permet pas de suivre l’évolution de la part privĂ©e des dĂ©penses totales de santĂ© sur une longue pĂ©riode. On estime que, globalement, le patient belge supporte un quart des dĂ©penses totales qui comprennent les montants remboursĂ©s par la mutualitĂ© (dĂ©penses publiques), le ticket modĂ©rateur officiel (la partie du tarif officiel Inami qui reste Ă  charge du patient aprĂšs le remboursement de la mutualitĂ©) ainsi que toutes les composantes du ‘reste Ă  charge’ telles que les diverses formes de supplĂ©ments (honoraires, mĂ©dicaments, matĂ©riel, chambre) et tout ce qui relĂšve des ‘soins’ et qui n’est pas remboursĂ© dans le cadre de l’assurance maladie (on y retrouve certains mĂ©dicaments, une partie du matĂ©riel de bandagisterie, les mĂ©decines alternatives
).

Les ‘baromĂštres’ des coĂ»ts hospitaliers attestent d’une forte hausse des supplĂ©ments d’honoraires pour les patients hospitalisĂ©s en chambres individuellesNote bas de page au cours de la derniĂšre dĂ©cennie. En chambre double et commune ces supplĂ©ments sont interdits depuis le 1er janvier 2013.

Au-delĂ  des chiffres, on constate une gĂ©nĂ©ralisation du discours responsabilisant selon lequel chacun est responsable de son capital-santĂ©, qu’il est censĂ© gĂ©rer en bon pĂšre de famille, qu’il se doit aussi d’utiliser les deniers publics de maniĂšre parcimonieuse. Le paradigme nĂ©o-classique est ici encore une source d’inspiration aux mesures financiĂšres qui constituent des sanctions aux comportements sanitairement et solidairement incorrects (LĂ©onard, 2015).

Les incitations financiĂšres seraient parĂ©es de toutes les vertus, elles ne se limiteraient pas Ă  conscientiser les patients aux coĂ»ts des soins, elles induiraient des comportements attendus en termes de prĂ©vention, dĂ©pistage et observance des traitements. On applique ainsi le raisonnement Ă©conomique aux soins de santĂ© comme on l’applique Ă  tous les secteurs de l’activitĂ© humaine et notamment Ă  la tarification des voyages en trainNote bas de page.

Le politique peut d’ailleurs se sentir soutenu par les rĂ©sultats d’enquĂȘtes qui ne s’embarrassent pas de prĂ©cautions Ă©thiques et pĂ©dagogiques et qui mettent en Ă©vidence un certain support des populations Ă  l’égard de mesures susceptibles de faire payer aux patients leur incurie sanitaire (Elchardus et Te Braak, 2014, Bes et al., 2014, Orde van medische specialisten, 2014).

Dans un contexte d’inĂ©galitĂ©s de revenus, de santĂ© et d’accĂšs aux soins, ce type de mesures est particuliĂšrement pĂ©nalisant et ne peut, Ă  terme, que renforcer les problĂšmes de santĂ© des plus dĂ©munis ainsi que les reports de soins, comme le montrait dĂ©jĂ  l’expĂ©rimentation menĂ©e aux USA par la Rand Corporation entre 1971 et 1986 (Lohr et al., 1986). En Belgique, le profil des mĂ©nages qui reportent des soins est Ă  prĂ©sent bien documentĂ©, il s’agit notamment de familles monoparentales, de personnes isolĂ©es, de mĂ©nages disposant d’un niveau d’instruction et de revenus faibles et supportant des coĂ»ts de santĂ© Ă©levĂ©s (Demarest, 2015). Il n’est dĂšs lors pas Ă©tonnant qu’un collectif de mĂ©decins belges signent une carte blanche s’intitulant «la consultation ‘sans argent’ chez le gĂ©nĂ©raliste est une nĂ©cessité»Note bas de page ni que l’AssemblĂ©e nationale française ait adoptĂ© en premiĂšre lecture le 6 avril 2015 une loi santĂ© qui prĂ©voit la gĂ©nĂ©ralisation du tiers-payant pour fin 2017 contre l’avis d’une certaine partie de la profession mĂ©dicale françaiseNote bas de page. Une opposition mĂ©dicale qui craint probablement un retard de paiement en raison de lourdeurs administratives mais aussi d’ĂȘtre rendue un jour responsable d’une surconsommation induite par la gratuitĂ© des soins, une idĂ©e qui fait figure de monstre du Loch Ness dans la sphĂšre des soins de santĂ©.

Les deux faces de la sélectivité

MĂȘme si le manque de donnĂ©es sur une longue pĂ©riode empĂȘche une analyse tendancielle et une quantification prĂ©cise de la charge du patient, certaines dĂ©cisions prouvent que des problĂšmes d’accessibilitĂ© ont Ă©tĂ© anticipĂ©s ou mĂȘme constatĂ©s. En effet, dĂšs 1963, la Belgique en instituant l’assurance maladie invaliditĂ©, prĂ©voit un statut particulier pour les personnes potentiellement fragiles, les veuves, les invalides, les pensionnĂ©s et les orphelins (VIPO), qui sont dispensĂ©es de ticket modĂ©rateur pour les soins courants.

En 1965, la sĂ©lectivitĂ© sur base du statut se double d’une sĂ©lectivitĂ© sur base du revenu: en effet un revenu maximal est lĂ©galement prĂ©vu afin de bĂ©nĂ©ficier de cette exemptionNote bas de page. Ce statut a depuis bien Ă©voluĂ© mais la logique reste relativement similaire mĂȘme si l’intervention majorĂ©e est aujourd’hui uniquement fonction du niveau de revenu, ce qui constitue, il faut bien l’admettre, une dĂ©rogation importante au principe d’assurance.

Une telle dĂ©rogation avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©cidĂ©e en 1993 lorsque les franchises sociale et fiscale ont Ă©tĂ© instaurĂ©es. Il s’agissait Ă  l’époque de limiter l’ensemble des tickets modĂ©rateurs des patients en fonction de leur statut social ou de leur revenu. Ce mode de sĂ©lectivitĂ© a lui aussi connu plusieurs adaptations, Ă  prĂ©sent il est connu sous l’appellation de ‘Maximum Ă  facturer’ (MAF). Globalement, les montants en jeu sont relativement faibles par rapport Ă  l’ensemble des remboursements de l’AMI, ils n’en reprĂ©sentaient que 1,28% en 2014 (voir figure 3) mais ce systĂšme permet tout de mĂȘme de rĂ©duire substantiellement la concentration de la charge des patients. La figure 4 montre qu’avant l’application du MAF, 5% des patients supportent 33% des tickets modĂ©rateurs, ce systĂšme de sĂ©lectivitĂ© rĂ©duit leur facture Ă  27% de l’ensemble. Notons Ă©galement que ces 5% de patients bĂ©nĂ©ficient de 53% des remboursements de l’AMI, ils doivent aussi s’acquitter de 83% des supplĂ©ments hospitaliers.

En premiĂšre approche, on peut Ă©valuer positivement ces mesures de sĂ©lectivitĂ© qui adoucissent les mesures de responsabilisation financiĂšre. Il semble d’ailleurs que l’immunisation des plus dĂ©munis bĂ©nĂ©ficie d’un large support au nom de l’accessibilitĂ© des soins et d’une certaine dĂ©finition de la justice sociale selon laquelle chacun doit avoir accĂšs (au moins financiĂšrement) aux soins dont il a besoin.

On peut toutefois se demander si un souci d’équitĂ© s’y retrouve totalement. En effet, peut-on ĂȘtre certain que ces mesures assurent ‘un accĂšs financier Ă©gal Ă  tous les patients qui ont un Ă©gal besoin de soins’ ?Note bas de page En raison de l’effet de seuil de ces mesures liĂ©es au revenu, il est trĂšs probable que certains mĂ©nages disposent d’un revenu considĂ©rĂ© comme suffisant pour ne pas bĂ©nĂ©ficier de mesures d’immunisation de restes Ă  charges mais qu’en termes de ‘pouvoir d’achat rĂ©el net’ par membre du mĂ©nage, ils soient finalement moins bien lotis que celles et ceux qui sont, d’une certaine maniĂšre ‘stigmatisĂ©s’ par les aides.

Figure 3 : Évolution des dĂ©penses ‘sĂ©lectives’ (franchises et maximum Ă  facturer) au sein des dĂ©penses publiques totales de santĂ© ImageSource: Inami

Il est d’ailleurs trĂšs interpellant de constater que 46,5% des Belges (Elchardus et Te Braak, 2014) espĂšrent retoucher au moins autant que le montant de leurs contributions au systĂšme de santĂ© alors que nous savons que les soins, et donc leurs coĂ»ts, sont fortement concentrĂ©s. Il est par consĂ©quent impossible que chacun retrouve ‘sa mise’, il s’agit de l’essence de la solidaritĂ©.

On peut interprĂ©ter cet ‘espoir’ comme une sorte de principe de rĂ©ciprocitĂ© compris comme une volontĂ© de ‘rĂ©cupĂ©rer’ une partie de sa ‘contribution’, c’est-Ă -dire de retrouver au travers des prestations une partie, la plus large possible, des cotisations et impĂŽts payĂ©s pour financer le systĂšme. Ce principe de rĂ©ciprocitĂ© s’oppose ainsi au principe de sĂ©lectivitĂ©. Il faudrait Ă©videmment procĂ©der Ă  une analyse qualitative afin de vĂ©rifier les vĂ©ritables motivations des rĂ©pondants mais, compte tenu de la concentration des soins et donc de la rĂ©partition de l’occurrence des Ă©pisodes de maladies au cours d’une annĂ©e, on pourrait s’attendre Ă  ce qu’une trĂšs large majoritĂ© de personnes ‘acceptent’ l’idĂ©e de retoucher moins que le montant de leurs contributions.

Figure 4 : ReprĂ©sentation de la concentration des divers coĂ»ts d’hospitalisation (remboursements – tickets modĂ©rateurs et supplĂ©ments) pour l’annĂ©e 2012ImageSource: Agence Intermutuelliste – AIM – IMA
Comment lire ce graphique: en ordonnĂ©e (axe vertical) on retrouve le pourcentage cumulĂ© des dĂ©penses et en abscisse (axe horizontal) on retrouve le pourcentage cumulĂ© des assurĂ©s sociaux (la population). On voit par exemple, que 95% des assurĂ©s cumulent 47% des remboursements de l’assurance maladie (DĂ©penses AMI), ce qui signifie que 5% seulement des assurĂ©s bĂ©nĂ©ficient de 53% des remboursements. Cela traduit la forte concentration des soins et donc des remboursements. Nous ne sommes pas tous Ă©gaux devant la maladie et ces 5% ne sont pas, heureusement, toujours les mĂȘmes personnes chaque annĂ©e. Tous les autres points s’interprĂštent de la mĂȘme façon. On peut lire notamment que les mĂȘme 5% des assurĂ©s supportent 83% des supplĂ©ments et 27% des tickets modĂ©rateurs aprĂšs application du MAF (Maximum Ă  facturer).

Globalement, les trois caractĂ©ristiques du systĂšme de solidaritĂ© belge mis en Ă©vidence attestent d’une prĂ©gnance du paradigme Ă©conomique nĂ©o-classique qui s’exprime dans des politiques nĂ©o-libĂ©rales:

  • le facteur travail est toujours fortement mis Ă  contribution alors que le systĂšme de protection sociale bĂ©nĂ©ficie Ă  toutes et tous et que le capital est largement Ă©pargnĂ© en raison de sa ‘mobilité’ supposĂ©e;
  • les cotisations sociales sont rĂ©duites dans l’espoir de favoriser l’emploi;
  • la responsabilitĂ© financiĂšre est instaurĂ©e mais on admet qu’il faut en rĂ©duire les effets pour les plus dĂ©munis et on introduit une sĂ©lectivitĂ© implicitement justifiĂ©e par une incapacitĂ© Ă  faire participer tout un chacun en fonction de ses capacitĂ©s contributives rĂ©elles.

Pour les mĂ©nages plus favorisĂ©s, la sĂ©lectivitĂ© dont ils ne peuvent bĂ©nĂ©ficier est en quelque sorte le prix Ă  payer pour qu’une part de leurs revenus ne soit pas mise Ă  contribution. On est toutefois en droit de se demander si la pĂ©rennitĂ© d’un systĂšme de solidaritĂ© est assurĂ©e dĂšs lors que l’on dĂ©roge Ă  l’un de ses principes fondateurs: celui d’une conviction Ă©gale pour chacun que ses besoins de santĂ© seront rencontrĂ©s sans investiguer dans quelle mesure il le mĂ©rite, que ce supposĂ© mĂ©rite s’exprime par un comportement sanitairement correct ou par une contribution au financement du systĂšme en fonction de la capacitĂ© contributive rĂ©elle de l’intĂ©ressĂ©. DĂ©vier de cette logique assurantielle autorise, voire rend inĂ©vitables, les ‘petits arrangements’ rĂ©glementaires.

Nous dĂ©fendons donc la thĂšse que ce qui met en pĂ©ril les systĂšmes de solidaritĂ© et notamment l’assurance maladie ne doit pas ĂȘtre recherchĂ© dans les mesures qui semblent dictĂ©es par la crise Ă©conomique et financiĂšre. Ce qui fragilise la solidaritĂ© mais aussi le vivre-ensemble susceptible de donner du sens au concept de ‘commune humanité’, ce sont des convictions, des dogmes Ă©conomico-politiques qui sont complĂ©tement ancrĂ©s dans le paradigme Ă©conomique nĂ©o-classique. Un paradigme selon lequel nous sommes toutes et tous des ‘homo oeconomicus’ maximisant notre ‘utilité’, notre ‘plaisir’ en rĂ©agissant Ă  des signaux financiers, les fameuses incitations. Une posture imprĂ©gnĂ©e d’utilitarisme, cette doctrine consĂ©quentialiste qui ne laisse pas de place aux actions gratuites dictĂ©es par l’altruisme, la gĂ©nĂ©rositĂ© ou un quelconque impĂ©ratif catĂ©gorique nous portant Ă  aider l’autre quel qu’il soitNote bas de page.

Nos trois constats sont de nature Ă  exacerber la dualisation du systĂšme de santĂ© car ils n’expriment pas des mesures conjoncturelles liĂ©es Ă  la crise mais bien des tendances structurelles de long terme. La crise est toutefois plus fondamentale, plus grave que ce que les taux de croissance des derniĂšres annĂ©es semblent montrer, la crise est sociĂ©tale et mĂȘme anthropologique.

LĂ©gitimer le primat de la croissance pour ‘justifier’ les politiques nĂ©olibĂ©rales

Il nous semble que les politiques nĂ©olibĂ©rales continueront Ă  s’articuler autour de deux finalitĂ©s principales: la promotion de la croissance et la limitation de la solidaritĂ©Note bas de page.

Comme nous l’avons explicitĂ© plus haut, la derniĂšre crise a permis de justifier des politiques d’austĂ©ritĂ© qui s’avĂšrent particuliĂšrement fonctionnelles dans la quĂȘte de ces deux finalitĂ©s. L’austĂ©ritĂ© a aussi engendrĂ© ses mĂ©contents, ses indignĂ©s face aux drames des multiples manifestations de l’exclusion et de l’inĂ©galitĂ©, au sein des pays et entre les pays. La tentative de naturalisation de l’austĂ©ritĂ© est donc progressivement mise Ă  mal par une forme de renouveau citoyen et les Ă©pigones de la logique nĂ©o-libĂ©rale se voient dorĂ©navant dans l’obligation de justifier leur politique. Ces justifications s’accompagneront de dĂ©fis que nous identifions comme autant de lieux d’affrontements idĂ©ologiques dont l’issue dĂ©terminera le type de sociĂ©tĂ© dans laquelle nous pourrons ou devrons vivre, vainqueurs libĂ©rĂ©s de la pensĂ©e dominante ou vaincus infĂ©odĂ©s Ă  la dictature du ‘toujours plus’.

De nombreuses mesures sont prises au nom de la croissance et de son cortĂšge de prĂ©sumĂ©s effets positifs dans les domaines qui nous sont ‘chers’ et parmi lesquels on trouve l’emploi, le pouvoir d’achat, le niveau de vie, le bien-ĂȘtre. Aussi longtemps qu’une majoritĂ© est convaincue que sa joie de vivre, souvent confondue avec le plaisir, dĂ©pend de la croissance, la collectivitĂ© semble prĂȘte Ă  accepter les Ă©preuves de l’austĂ©ritĂ© prĂ©sentĂ©e comme provisoire, une maniĂšre de reculer pour mieux sauter vers une croissance que l’on espĂšre durable.

Quand les mesures d’austĂ©ritĂ© relĂšvent de la cosmĂ©tique politique et Ă©conomique, le nombre des ‘gagnants’ est suffisant pour qu’une majoritĂ© relativement silencieuse s’accommode des dĂ©sagrĂ©ments dont elle sent les effluves et ‘accepte’ que les ‘perdants’ (car il en faut) chutent littĂ©ralement et ostensiblement quand ils n’ont pas le sursaut de dignitĂ© qui devrait les amener Ă  s’effacer, disparaĂźtre d’un spectacle oĂč chacun semble si bien jouer son rĂŽle.

Mais dĂšs que les mesures d’austĂ©ritĂ© prennent l’allure d’une remise en question fondamentale des acquis, le ‘chacun pour soi’ ne semble plus suffire. Privatisations implicites des services publics, sauts d’index, modifications des conditions de dĂ©part Ă  la pension sont profondĂ©ment ressenties comme des menaces Ă  l’égard de ce qui n’est plus le ‘bien-ĂȘtre’ mais seulement l’ĂȘtre. Comment ‘ĂȘtre’ dans une sociĂ©tĂ© oĂč tout ce qui constituait un ciment entre les personnes s’effrite et fait apparaĂźtre prĂ©cisĂ©ment en quoi ce lien, ignorĂ© par un lent mais profond processus de naturalisation, Ă©tait signifiant.

Le sentiment d’avoir Ă©tĂ© ‘flouĂ© sur la marchandise’ apparaĂźt progressivement. Celui qui pensait qu’il pouvait s’en sortir mieux seul, que ce sont les autres qui allaient souffrir, que son mĂ©rite personnel le mettait Ă  l’abri des sanctions rĂ©servĂ©es aux profiteurs du systĂšme, prend progressivement conscience que c’est ensemble que nous trouverons une solution, que si l’embarcation ‘solidarité’ coule, on ne devra mĂȘme pas chercher les survivants dans les eaux tumultueuses de la dĂ©brouille. Quant Ă  la minoritĂ© des privilĂ©giĂ©s, elle aura pris soin de dĂ©barquer Ă  temps et de se prĂ©munir des intempĂ©ries sociales, Ă©conomiques et financiĂšres. Mais en sortiront-ils plus humains?

On peut toutefois espĂ©rer que le naufrage n’aura pas lieu, que la majoritĂ© cessera d’ĂȘtre silencieuse et qu’elle exigera une justification de la poursuite Ă  tout prix de la croissance. Imaginons dans ce cas, un court instant, les dĂ©fis qu’il nous faudrait relever. Il s’agit bien de ‘nous’ et pas seulement de celles et ceux qui gouvernent car ils ne sont finalement ‘que’ l’émanation du peuple.

Le défi écologique

Comme le rappelle Bruno Villalba, «les crises Ă©cologiques et Ă©nergĂ©tiques interrogent les conditions d’existence matĂ©rielles de la dĂ©mocratie» (Villalba, 2015). Ces crises que l’on semble ignorer dĂšs lors que la croissance est en danger nous rappellent pourtant que nous sommes acteurs de notre destin Ă©cologique commun. On ne peut indĂ©finiment accepter que le pragmatisme Ă©conomique supplante le rĂȘve salvateur d’une terre vivable pour toutes et tous. Il n’est pas illusoire d’imaginer qu’au plus les perdants sont nombreux, au plus leurs pertes sont importantes, au moins ils se nourrissent de ce menu dĂ©sĂ©quilibrĂ© qui leur est proposĂ© car pour quelques dixiĂšmes de points de croissance potentielle, il faut payer comptant en centaines de milliers d’exclus.

Ceux qui restent (mais pour combien de temps encore) inclus paient par des journĂ©es harassantes, une vie de labeur passĂ©e Ă  espĂ©rer qu’ils ne seront pas morts avant de pouvoir jouir d’un repos bien mĂ©ritĂ©. Imaginons donc un instant que cette course Ă  la croissance doive ĂȘtre justifiĂ©e et que si ses thurifĂ©raires ne sont pas convaincants, la population choisisse la sobriĂ©tĂ©, par tous et pour tous, sans attendre que la lutte des classes ne se double d’une lutte des places (Villalba, 2015).

Le défi systémique

C’est alors tout le systĂšme qu’il faudra changer et cela aussi sera douloureux. C’est peut-ĂȘtre en raison de cette douleur qui va inĂ©vitablement gagner le corps et l’esprit de gĂ©nĂ©rations habituĂ©es Ă  une certaine opulence que le choc doit ĂȘtre fort pour que, malgrĂ© tout, une large majoritĂ© fasse ce choix d’une certaine forme de privations, du moins dans un premier temps.

Si le maintien ou l’augmentation du futur pouvoir d’achat est l’un des arguments utilisĂ©s par les gouvernements nĂ©o-libĂ©raux pour faire accepter les mesures d’austĂ©ritĂ©, une population rendue lucide par l’impact de ces mesures peut considĂ©rer qu’elle dĂ©tient un pouvoir de ‘non-achat’. En 1956 dĂ©jĂ , GĂŒnther Anders identifiait les affres de la consommation de masse et le paradoxe selon lequel l’humain devait acheter ce qui contribuait Ă  sa propre servitude, payant ainsi pour se vendreNote bas de page. Il concevait en 1958 la publicitĂ© comme une injonction, un impĂ©ratif Ă  ĂȘtre ‘sans pitié’ Ă  l’égard des objets qu’il nous faut remplacer, comme un appel Ă  la destructionNote bas de page.

On retrouve cette idĂ©e chez David Graeber pour qui «ce qui est crĂ©Ă© dans une sphĂšre est utilisĂ© – et pour finir, usĂ©, dĂ©truit – dans l’autre»Note bas de page et cette possibilitĂ© de dĂ©truire une chose est la preuve ultime de la possession de cette choseNote bas de page, ce qui nous renvoie au concept d’individualisme possessif selon lequel «les gens se considĂšrent comme des ĂȘtres isolĂ©s qui ne dĂ©finissent plus leur rapport au monde en termes de relations sociales, mais en termes de droits de propriĂ©té»Note bas de page, une valeur qui a permis Ă  une classe de gens «d’intĂ©rioriser la logique d’exclusion comme une maniĂšre de dĂ©finir leur propre personne»Note bas de page. Une logique Ă©galement de marchandisation dont aucun domaine de l’existence n’est Ă©pargnĂ© (Sandel, 2014).

Plus d’un demi-siĂšcle plus tard, la mainmise capitaliste s’est exacerbĂ©e. Selon Wolfgang Streeck, la thĂ©orie des crises n’est pas parvenue Ă  percevoir la capacitĂ© du capitalisme Ă  s’imposer Ă  travers, non seulement des mĂ©canismes Ă©conomiques et financiers, mais aussi au travers d’une prĂ©gnance culturelle et sociale. Le basculement vers des marchĂ©s autorĂ©gulĂ©s permettant une dynamique d’accumulation, la propagation de modes de vie adaptĂ©s au capitalisme contredisant les attentes de la crise de lĂ©gitimation dont il aurait dĂ» ĂȘtre touchĂ© et enfin les crises Ă©conomiques qui n’ont eu que des effets marginaux sur le systĂšme sont les trois Ă©volutions qui traduisent cette mainmise du capitalismeNote bas de page.

Si l’on prend au sĂ©rieux les critiques de Anders et Illich, et comment pourrait-il en ĂȘtre autrement au vu de leur caractĂšre visionnaire, c’est trĂšs prĂ©cisĂ©ment au cƓur du systĂšme qu’il faut agir, au plus profond de ce qui nous semble ĂȘtre notre essence, et remettre en question le paradigme nĂ©oclassique de l’homo oeconomicus. Non pas thĂ©oriquement, mais par des actes concrets de refus de consommation, donc de refus de destruction des objets qui nous possĂšdent. Pour un instant, imaginons que cette incapacitĂ© Ă  justifier la croissance nous ouvre Ă  la luciditĂ© de notre pouvoir de rĂ©sistance Ă  un capitalisme qui n’est pas inĂ©vitable, pas nĂ©cessaire comme mode de sociĂ©tĂ©.

Le défi anthropologique

DĂ©fier le capitalisme n’est possible que si nous osons questionner notre propre existence. Dans l’histoire du libĂ©ralisme on reconnaĂźt Ă  l’individu lockĂ©en le droit Ă  la propriĂ©tĂ© de soi et donc du fruit de son travail. On voit ainsi apparaĂźtre un lien qui deviendra sans cesse plus Ă©troit entre l’ĂȘtre et l’avoir au point qu’exister ne semble plus possible sans possĂ©der.

Une fois de plus, il faut reconnaĂźtre la pertinence de la critique de Gunther Anders qui percevait Ă  quel point les choses que nous acquĂ©rons finissent par nous possĂ©der. C’est donc bien la conception mĂȘme de l’existence humaine qui est remise en question dĂšs lors que, non seulement les modes d’acquisition, mais le principe mĂȘme de l’acquisition est contestĂ©. Revenir Ă  un stade ‘prĂ©-acquisition’, c’est se donner la possibilitĂ© de redĂ©finir l’homme, de penser l’ontologie de son existence. Certains frĂ©missements citoyens semblent porteurs de signes d’espoir et nous permettent, pour un instant, de concevoir et non seulement rĂȘver, un avenir oĂč l’homme (re)vient aux fondamentaux de son existence.

En effet, lorsqu’on s’engage dans un mouvement d’indignĂ©s, de penseurs alternatifsNote bas de page, lorsqu’on met en place un systĂšme de ‘donnerie’ oĂč la marchandisation fait place au don, Ă  l’échange de contacts humains, quand des ‘monnaies sociales’Note bas de page permettent d’assurer des services que le marchĂ© dĂ©laisse, ce n’est pas seulement le mode d’échange et d’accumulation capitaliste qui est remis en question, c’est notre façon de vivre et d’ĂȘtre.

La suite et fin de cet article paraĂźtra dans le prochain numĂ©ro d’Éducation SantĂ©.

Bibliographie

  • Anders, G. (2011) L’obsolescence de l’homme. Tome 2. Sur la destruction de la vie Ă  l’Ă©poque de la troisiĂšme rĂ©volution industrielle, Fario – Ivrea.
  • Anders, G. (2012) L’Obsolescence de l’homme. Sur l’Ăąme Ă  l’Ă©poque de la deuxiĂšme rĂ©volution industrielle, Éditions de l’EncyclopĂ©die des nuisances – Éditions Ivrea.
  • Bes, R., Kerpershoek, E., Brabers, A., Reitsma-Van Rooijen, M., Curfs, E. & De Jong, J. (2014) Wat hoort er in het basispakket volgens verzekerden? Utrecht, NIVEL.
  • Demarest, S. (2015) AccessibilitĂ© financiĂšre aux soins de santĂ©. in Drieskens, S. & Gisle, L. (Eds.) EnquĂȘte de santĂ© 2013. Rapport 3. Utilisation des services de soins de santĂ© et des services sociaux. Bruxelles, Institut de SantĂ© Publique (WIV – ISP). p. 789-840.
  • Elchardus, M. & Te Braak, P. (2014) Vos soins de santĂ©. Votre avis compte! Bruxelles, Institut d’assurance Maladie InvaliditĂ© (INAMI).
  • Farfan-Portet, M.-I., Devos, C., Devriese, S., Cleemput, I. & Van De Voorde, C. (2012) Simplification of patient cost-sharing: the example of physician consultations and visits. Health Service Research (HSR) – KCE report 180. Brussels, Belgian Health Care Knowledge Centre (KCE).
  • Graeber, D. (2014) Des fins du capitalisme, Payot.
  • Laasman, J.-M., Maron, L. & Vrancken, J. (2013) Dix ans de ‘BaromĂštre coĂ»ts hospitaliers’. Bruxelles, Solidaris.
  • LĂ©onard, C. (2015) LibĂ©rer et responsabiliser pour refonder la solidaritĂ©, Namur, Presses Universitaires de Namur – ÉpistĂ©mologie et sciences du vivant.
  • Lohr, K. N., Brook, R. H., Kamberg, C. J., Goldberg, G. A., Leibowitz, A., Keesey, J., Reboussin, D. & Newhouse, J. P. (1986) Use of Medical Care in the Rand Health Insurance Experiment: Diagnosis and Service Specific Analyses in a Randomized Controlled Trial. Santa Monica. Rand Corporation
  • Orde Van Medische Specialisten (2014) Prijsplafonds in de zorg. http://opiniepanel.eenvandaag.nl/ (16 augustus).
  • Sandel, M. J. (2014) Ce que l’argent ne saurait acheter, Paris, Seuil.
  • Savage, R. (2010) Les cotisations sociales 1970-2008: trajectoires non-discrĂ©tionnaires et impulsions discrĂ©tionnaires. Federale Overheidsdienst FinanciĂ«n – BelgiĂ«, 70(2), 127-190.
  • Streeck, W. (2014) Du temps achetĂ©. La crise sans cesse ajournĂ©e du capitalisme, Gallimard.
  • Van Sloten, F. & Ackaert, K. (2016) OnziĂšme baromĂštre MC de la facture hospitaliĂšre – Les supplĂ©ments d’honoraires dans les hĂŽpitaux augmentent plus vite que jamais. MC – Informations, (263), 40-47.
  • Villalba, B. (2015) Au fondement matĂ©riel de la dĂ©mocratie. Revue – Projet, (344).
  • Vrijens, F., Renard, F., Jonckheer, P., Van Den Heede, K., Desomer, A., Van De Voorde, C., Walckiers, D., Dubois, C., Camberlin, C., Van Oyen, H., Vlayen, J., LĂ©onard, C. & Meeus, P. (2012) La performance du systĂšme de santĂ© belge Health Services Research – Nr 196. Bruxelles, Centre FĂ©dĂ©ral d’Expertise des Soins de SantĂ© (KCE).

Cet article est fondĂ© sur une communication effectuĂ©e lors du colloque ‘Recherche et rĂ©gulation’, qui a eu lieu Ă  Paris. Je remercie les participants Ă  l’atelier ‘Crise du systĂšme de santé’ pour les commentaires qui m’ont permis d’amĂ©liorer cet article.

L’auteur est Directeur gĂ©nĂ©ral adjoint du KCE, Professeur invitĂ© Ă  l’UCL, MaĂźtre de confĂ©rences Ă  l’UNamur et Professeur Ă  la HELHa, il s’exprime en son nom personnel, ses propos n’engagent nullement les institutions auxquelles il appartient.

Au dĂ©but du systĂšme il Ă©tait question de ‘contributions sociales’ qui prĂ©sentaient indiscutablement un caractĂšre positif, voire une certaine fiertĂ©. On contribue en effet gĂ©nĂ©ralement Ă  un systĂšme auquel on adhĂšre. Progressivement, c’est le terme plus neutre de ‘cotisations’ qui a Ă©tĂ© utilisĂ© avant de laisser la place Ă  l’expression pĂ©jorative de ‘charges’ dont il devient suspect de vouloir augmenter le montant. La sĂ©mantique prĂ©sente une certaine importance, il n’est en effet pas indiffĂ©rent d’utiliser le terme ‘charges’, ‘cotisations’ ou ‘contributions’ pour qualifier les versements des employeurs et travailleurs effectuĂ©s pour financer la sĂ©curitĂ© sociale.

Voir (Savage, 2010), p.149. Rappelons qu’un prĂ©lĂšvement est dit ‘rĂ©gressif’ quand son taux moyen diminue avec le revenu, au contraire du prĂ©lĂšvement dit ‘progressif’ dont le taux moyen augmente avec le revenu. Quant au taux caractĂ©risant le prĂ©lĂšvement proportionnel, il est constant, quel que soit le niveau de revenu. C’est le cas des cotisations sociales payĂ©es par les travailleurs salariĂ©s.

Entre 1981à 1989, l’assiette de calcul des cotisations (salaires et traitements) passe de 44,7% à 37,4% du PIB, voir (Savage, 2010), p.141.

De 124% (de 368 € Ă  824 €) de 2002 Ă  2012 selon les donnĂ©es des MutualitĂ©s socialistes (Laasman et al., 2013) et de 53% (de 580 € Ă  887 €) entre 2004 et 2014 selon les donnĂ©es des MutualitĂ©s chrĂ©tiennes (van Sloten et Ackaert, 2016).

Voir Axel Gauthier, Faut-il payer le train plus cher à l’heure de pointe? Focus du 25 mars 2015 de Regards Économiques.

Voir le journal ‘Le Soir’, Ă©dition du 16 avril 2015, pages 18-19.

Au moment oĂč nous Ă©crivons ces lignes, le dĂ©cret d’application est encore en attente. À compter du 30 novembre 2017, les professionnels de santĂ© devront appliquer le tiers payant partiel (paiement uniquement de la part non couverte par l’assurance maladie) Ă  tous les assurĂ©s et pourront proposer en plus le tiers payant total (Voir https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A10435?xtor=EPR-100, consultĂ© le 11 mars 2016).

Pour plus de détails voir (Farfan-Portet et al., 2012).

Il existe deux dĂ©finitions complĂ©mentaires de l’équitĂ©: l’équitĂ© horizontale comprise comme le traitement Ă©gal des Ă©gaux et l’équitĂ© verticale comprise comme le traitement inĂ©gal des inĂ©gaux. La question fondamentale concerne Ă©videmment la nature de la ‘variable focale’. Ici, nous considĂ©rons que le ‘besoin de soin’ constitue cette variable focale.

Nous renvoyons le lecteur intĂ©ressĂ© Ă  notre critique de l’utilitarisme dans (LĂ©onard, 2015), pp. 73-78.

Nous traiterons la question de la ‘lĂ©gitimation’ de la rĂ©duction de la solidaritĂ© dans un prochain article.

(Anders, 2012), p.122.

(Anders, 2011), pp. 43-44.

(Graeber, 2014), p.156.

Op.cit. p. 190.

Op.cit. p. 188.

Op.cit. p. 114.

(Streeck, 2014), pp.25-26.

Voir par exemple les mouvements ‘Tout autre chose’ et ‘Hart boven hard’ ou le mouvement convivialiste dont le nom fait inĂ©vitablement penser Ă  Ivan Illich.

Voir par exemple www.qoin.com

Je me sens bien quand

Description

Matériel

Concept

Ce photo-expression a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© Ă  l’intention de tout professionnel de la santĂ©, du social ou de l’enseignement (animateurs, infirmiĂšres PSE, responsables de projets communaux…) familiarisĂ© avec les animations en promotion de la santĂ© et dĂ©sireux de mener un projet autour de la santĂ© et du bien-ĂȘtre, de la rĂ©duction des inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ© ou de la qualitĂ© de vie des citoyens.

L’ensemble des 50 photos proposĂ©es offre une approche globale de la santĂ© perçue comme ‘un Ă©tat de bien-ĂȘtre physique, mental et social qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité’ (OMS).

C’est un support d’animation (support de parole au service d’un projet) destinĂ© Ă  un public d’adultes et d’adolescents.

Objectifs

  • Faire Ă©merger les reprĂ©sentations liĂ©es au bien-ĂȘtre
  • Permettre Ă  chacun de les penser et de les exprimer
  • Partager et confronter ces reprĂ©sentations

Conseils d’utilisation

L’outil demande un minimum de prĂ©-requis dans le domaine de l’animation de groupe.

PrĂ©alables Ă  l’utilisation :

  • Choisir un espace qui permet de poser les photos (soit une grande table autour de laquelle le groupe peut se dĂ©placer, soit au sol)
  • PrĂ©voir un espace pour les Ă©changes et les dĂ©bats oĂč les participants seront de prĂ©fĂ©rence installĂ©s en cercle
  • Disposer d’un support pour la restitution au groupe: tableau, panneau, etc.

Bon Ă  savoir

Cet outil s’inscrit dans la dynamique ‘Ma santĂ© c’est…’ initiĂ©e par le Centre local de promotion de la santĂ© de Charleroi-Thuin en partenariat avec la MutualitĂ© chrĂ©tienne du Hainaut Oriental, la MutualitĂ© Solidaris, les FPS de Charleroi, l’Échevinat de la santĂ© de la Ville de Charleroi, Charleroi Ville santĂ© et le GSARA Charleroi. Voir aussi l’outil ‘La santĂ© c’est …?’

DiffĂ©rentes actions et outils ont vu le jour dans le cadre de cette dynamique, dont un concours photos (2011) et deux expositions-animations. Le concours photo a permis de rĂ©aliser une exposition itinĂ©rante sur le thĂšme des dĂ©terminants de la santĂ©, intitulĂ©e ‘Ma santĂ© c’est
’ (2012) ainsi que ce photo-expression ‘Je me sens bien quand…’ en 2013.

Voir aussi : article de Carole Feulien paru dans Éducation SantĂ© n°286, http://educationsante.be/article/la-promotion-de-la-sante-en-photos-une-initiative-du-clps-charleroi-thuin/

OĂč trouver l’outil

Chez l’Ă©diteur: Centre local de promotion de la santĂ© de Charleroi-Thuin, avenue GĂ©nĂ©ral Michel 1B, 6000 Charleroi. TĂ©l.: 071 33 02 29. Courriel: secretariat@clpsct.org. Internet: http://www.clpsct.org 

Dans les centres de prĂȘt des centres locaux de promotion de la santĂ© de LiĂšge, Huy Waremme, de la province de Luxembourg et bien sĂ»r de Charleroi-Thuin.

L’avis de PIPsa (www.pipsa.be)

La Cellule d’experts de PIPsa a accordĂ© la mention ‘coup de cƓur’ Ă  cet outil en 2016.

Appréciation globale

Le photo-expression est composĂ© de photos rĂ©alistes (produites par le public), mettant en scĂšne de vraies personnes, dans des contextes reflĂ©tant des conditions de vie parfois difficiles. Quelques photos issues de banques d’images ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es pour couvrir l’ensemble des dĂ©terminants de la santĂ©.

La mĂ©thodologie d’utilisation fournit balises et repĂšres trĂšs clairs, permettant de mener la discussion avec le groupe et de s’approprier la thĂ©orie des dĂ©terminants de la santĂ© selon Dahlgren et Whitehead.

Tout le matĂ©riel est tĂ©lĂ©chargeable, moyennant demande Ă  l’Ă©diteur.

L’outil trouve sa place au dĂ©but d’un projet et peut servir Ă  le faire Ă©merger. Les pistes de suivi sont Ă  construire par l’animateur.

Objectifs

S’exprimer, partager et confronter ses reprĂ©sentations relatives au bien-ĂȘtre.

Public cible

Adultes et jeunes adultes, futurs professionnels (introduction aux déterminants de la santé).

Utilisation conseillée

L’outil peut s’utiliser en lien avec le DVD ‘La santĂ© c’est
?’ produit par le CLPS, Ă  partir de la mise en Ɠuvre du photo-expression auprĂšs d’associations de la rĂ©gion. Le film est aussi disponible sur VimĂ©o.

La syphilis devenue rare partout, sauf en Afrique

Depuis la dĂ©couverte de la pĂ©nicilline, l’incidence de la syphilis a fortement diminuĂ©, mais malheureusement cela n’a pas Ă©tĂ© le cas en Afrique. Dans une Ă©tude rĂ©cente, le professeur Chris Kenyon, chercheur Ă  l’Institut de MĂ©decine Tropicale (IMT) dĂ©crit comment la syphilis a Ă©voluĂ© Ă  des vitesses diffĂ©rentes.

La pĂ©nicilline Ă©limine la syphilis prĂ©coce, mais pas au mĂȘme rythme partout dans le monde. On compte 12 pays oĂč plus de 5% des femmes enceintes sont encore touchĂ©es par la syphilis. À l’exception des Ăźles Salomon et de la Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e, tous sont localisĂ©s au sud du Sahara. Le LibĂ©ria (11,8%), le Malawi (10,1%) et la Somalie (8,7%) constituent le top 3 de cette triste liste. Le professeur Chris Kenyon et ses collĂšgues de l’IMT se sont demandĂ©s pourquoi et ont rĂ©flĂ©chi sur la façon dont la syphilis a Ă©voluĂ© au fil des annĂ©es. Dans son Ă©tude, publiĂ©e dans la revue PLOS Neglected Tropical Diseases, le 11 mai dernier, il reconstitue l’histoire de cette maladieNote bas de page. Il note que la prĂ©valence mondiale a chutĂ© depuis l’introduction de la pĂ©nicilline aprĂšs la Seconde guerre mondiale. Toutefois, les chercheurs ont enregistrĂ© plus de cas en Afrique subsaharienne qu’ailleurs.

6% des femmes enceintes atteintes par la syphilis en Afrique australe

Le Pr. Kenyon a basĂ© sa recherche sur des donnĂ©es issues des tests pratiquĂ©s en routine chez les femmes enceintes depuis 1918. Ces donnĂ©es sont davantage reprĂ©sentatives des maladies sexuellement transmissibles au sein de la population d’adultes sexuellement actifs comparĂ©s aux taux de dĂ©tection globaux, dans lesquels les groupes Ă  haut risque sont souvent surreprĂ©sentĂ©s. Dans la plupart des pays Ă©tudiĂ©s, le nombre de femmes enceintes atteintes de syphilis avait dĂ©jĂ  baissĂ© Ă  moins de 1% avant mĂȘme l’avĂšnement de la pĂ©nicilline. Par contre, en Afrique australe et orientale, la prĂ©valence s’élĂšve toujours Ă  environ 6%, plusieurs dizaines d’annĂ©es aprĂšs l’introduction de cet antibiotique.

Les rĂ©seaux sexuels favorisent les maladies sexuellement transmissibles (MST) jusqu’à ce que le sida y mette fin

Le Pr. Kenyon suggĂšre que la prĂ©valence de la syphilis a chutĂ© de maniĂšre dramatique surtout dans les annĂ©es 1990 Ă  1999 et en 2008 en parallĂšle avec l’épidĂ©mie de sida. Cela peut s’expliquer en partie par l’approche systĂ©matique de la gestion des MST et par les changements dans le comportement sexuel, mais aussi par le fait que de nombreux rĂ©seaux sexuels ont disparu suite au nombre important de personnes dĂ©cimĂ©es par le virus du sida. NĂ©anmoins, le nombre de femmes enceintes atteintes par la syphilis durant cette pĂ©riode est restĂ© nettement plus Ă©levĂ© en Afrique subsaharienne.

Aucune autre association n’a Ă©tĂ© trouvĂ©e – la rĂ©gion gĂ©ographique prĂ©vaut

Les scientifiques ont Ă©galement cherchĂ© Ă  savoir s’il y avait des liens entre la prĂ©valence et les facteurs favorisant la syphilis, tels que l’accĂšs Ă  la dĂ©tection et Ă  un traitement efficace, les dĂ©penses pour les soins de santĂ© et le produit intĂ©rieur brut par habitant. Ils n’ont pas pu trouver de tels liens. La seule corrĂ©lation claire est avec la rĂ©gion gĂ©ographique: l’Afrique subsaharienne.

La syphilis, le HSV-2 et le VIH

D’autres recherches du Pr. Kenyon et de ses collĂšgues ont montrĂ© une forte corrĂ©lation entre la syphilis, le virus de l’herpĂšs simplex de type 2 et le VIH. La frĂ©quence de la syphilis et de l’herpes avant l’avĂšnement de l’épidĂ©mie de VIH ont d’ailleurs pu prĂ©dire la sĂ©vĂ©ritĂ© de l’épidĂ©mie de sida.

«Des recherches supplĂ©mentaires sont nĂ©cessaires pour diminuer le problĂšme de la syphilis, de l’herpĂšs et du VIH en Afrique subsaharienne. Ces recherches devront se concentrer sur les facteurs de risque communs qui favorisent la dissĂ©mination de ces trois maladies sexuellement transmissibles. Les rĂ©seaux sexuels y jouent probablement un rĂŽle» pense le professeur Kenyon.

La syphilis en Europe

D’aprĂšs le Centre europĂ©en de prĂ©vention et de contrĂŽle des maladies infectieusesNote bas de page, la syphilis progresse partout en Europe, y compris en Belgique. Cette augmentation s’observe surtout chez les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes. En Belgique, 1234 cas ont Ă©tĂ© rapportĂ©s en 2014, comparĂ© Ă  1030 en 2013 en 778 en 2012. A titre de comparaison, alors que la Belgique rapporte 1238 cas pour une population totale d’environ 11.2 millions d’habitants, certains pays d’Afrique subsaharienne ont rapportĂ© plus de 5 cas par 100 habitants.

«Ici en Belgique nous constatons moins de craintes vis-Ă -vis du VIH et plus de comportements sexuels Ă  risque, en particulier chez les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes. Un programme performant de dĂ©tection des nouveaux cas peut avoir eu un impact sur les statistiques de syphilis. NĂ©anmoins le message reste que les relations sexuelles doivent ĂȘtre pratiquĂ©es Ă  moindre risque» pense Kenyon.

La syphilis

La syphilis est une infection sexuellement transmissible trĂšs contagieuse, causĂ©e par la bactĂ©rie Treponema pallidum. Elle peut ĂȘtre traitĂ©e de maniĂšre efficace avec la pĂ©nicilline. Sans antibiotique, cette maladie produit des complications dangereuses. Le premier signe de la syphilis est souvent un ulcĂšre indolore. On ne le remarque pas toujours s’il se retrouve au niveau du vagin, de l’anus ou de la gorge,. Dans une phase ultĂ©rieure, les bactĂ©ries se diffusent dans le sang, ce qui se qui se traduit par une Ă©ruption cutanĂ©e et des symptĂŽmes tels que de la fiĂšvre, des maux de tĂȘte, des douleurs osseuses, une inflammation des ganglions lymphatiques et la perte de cheveux. AprĂšs plusieurs annĂ©es la syphilis peut atteindre le cƓur ou le systĂšme nerveux central. Heureusement en Belgique, on arrive rarement au stade oĂč les dommages sont irrĂ©versibles.

Nouveaux paquets pour les produits du tabac

Des images dissuasives et le numĂ©ro de Tabacstop sur les paquets de tabac Ă  rouler et de plus grands avertissements sanitaires sur les faces avant et arriĂšre des paquets de cigarettes. La Belgique devait intĂ©grer la Directive europĂ©enne sur les Produits du Tabac (2014/40/EU) dans sa lĂ©gislation nationale pour le 20 mai 2016. Depuis cette date, la mention du numĂ©ro de service d’aide Tabacstop est obligatoire sur les paquets de tabac Ă  rouler, ainsi que la prĂ©sence de photos dissuasives.

Les paquets de cigarettes changent Ă©galement, avec des avertissements sanitaires plus grands sur les faces avant et arriĂšre ainsi qu’un nouveau design pour l’information relative Ă  Tabacstop.

La Fondation contre le Cancer se rĂ©jouit de ces adaptations, et elle en joue d’ailleurs dans sa nouvelle campagne mĂ©diatique: ‘La solution est dans votre poche’.

Implantation de la directive tabac de l’Union europĂ©enne en Belgique

C’est en avril 2014 que l’Union a Ă©mis sa nouvelle directive sur les produits du tabac Ă  destination de ses pays membres. Ceux-ci avaient alors deux ans pour adapter leur lĂ©gislation Ă  cette directive.

Deux arrĂȘtĂ©s royaux de la ministre De Block ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© publiĂ©s en ce sens. Un autre arrĂȘtĂ© ministĂ©riel obligera Ă©galement les fabricants Ă  mentionner les avertissements de santĂ© et le numĂ©ro de Tabacstop sur les nouveaux emballages des produits du tabac.

Cette dĂ©cision permet Ă  la Belgique d’ĂȘtre en phase avec la nouvelle directive europĂ©enne.

À quoi ressemblent les nouveaux paquets?

Les avertissements de santĂ© et les photos dissuasives sont combinĂ©s, pour couvrir dĂ©sormais 65% des faces avant et arriĂšre des emballages, que ce soit pour le tabac Ă  rouler, les paquets de cigarettes ou encore le tabac pour chicha. Jusqu’à prĂ©sent, ces Ă©lĂ©ments n’étaient prĂ©sents que sur les paquets de cigarettes, et seulement Ă  l’arriĂšre.

Les bords latĂ©raux de tous les emballages (tabac Ă  rouler, cigarettes et tabac Ă  chicha) afficheront Ă©galement les messages ‘Fumer tue – ArrĂȘtez maintenant’ et ‘La fumĂ©e de tabac contient plus de 70 substances cancĂ©rigĂšnes’.

Les avertissements sanitaires sur les faces avant/arriĂšre combinent des photos choisies par l’Union europĂ©enne, les textes d’avertissement dans les trois langues de notre pays ainsi que les informations relatives Ă  Tabacstop (0800 111 00 et tabacstop.be).

Une pĂ©riode de transition est prĂ©vue jusqu’au 20 mai 2017. Les revendeurs pourront donc Ă©couler leurs stocks jusqu’à cette date.

Campagne Tabacstop

Son message est simple: «Vous ĂȘtes prĂ©occupĂ© par ce paquet qui vous suit partout? Bonne nouvelle: la solution vous suit partout aussi. (
) La solution est dans votre poche».

Le spot de 30 secondes prĂ©sente ensuite le nouveau paquet oĂč se trouvent clairement indiquĂ©s le numĂ©ro gratuit 0800 111 00 et le site tabacstop.be.

L’objectif est qu’il passe Ă  la tĂ©lĂ© en Wallonie et Ă  Bruxelles si Tabacstop obtient des espaces gratuits dans le cadre des campagnes radiodiffusĂ©es de promotion de la santĂ©Note bas de page.

Cette campagne est aussi dĂ©clinĂ©e en version ‘longue’ (82 secondes), et est complĂ©tĂ©e par une nouvelle brochure: ‘Je me sens tellement mieux sans tabac’. Ce matĂ©riel est destinĂ© notamment aux salles d’attentes mĂ©dicales, ou Ă  des actions locales. Plus d’informations sur www.tabacstop.be.

À propos de Tabacstop

Tabacstop est un service gratuit d’aide Ă  l’arrĂȘt tabagique. L’équipe de Tabacstop est constituĂ©e de tabacologues. Ce sont des travailleurs de la santĂ© professionnels: mĂ©decins, psychologues, infirmiers
 ayant obtenu un diplĂŽme complĂ©mentaire en tabacologie et accompagnement Ă  l’arrĂȘt tabagique. Tabacstop est une initiative de la Fondation contre le Cancer, avec le soutien des autoritĂ©s.

Ligne Tabacstop 0800 111 00 – www.tabacstop.be

MalgrĂ© la rĂ©gionalisation intra francophone d’une partie des compĂ©tences communautaires en matiĂšre de santĂ©, ce dispositif a Ă©tĂ© conservĂ©; il fait maintenant l’objet d’une concertation entre les ‘francophones de Bruxelles’ et la Wallonie.