Décembre 2014 Par Anne LE PENNEC Initiatives

Joyeux anniversaires

Il fallait marquer le coup, mesurer le chemin parcouru en 300 numéros d’Éducation santé et saluer l’énergie communicative de son rédacteur en chef tout juste entré dans sa septième dizaine.

Le 17 octobre dernier dans les locaux du FARES à Bruxelles, le petit monde de la promotion de la santé belge francophone est venu faire quelques pas de danse orientale et témoigner de son affection pour l’homme et la revue. Morceaux choisis.

Plongée sous les couvertures

Une série de feuilles verdâtres dactylographiées, voilà à quoi ressemblait le premier numéro d’Éducation Santé lancé en décembre 1978 par la Mutualité chrétienne. «Rendez-vous compte», souligne Christian De Bock, «c’était avant le premier ordinateur personnel et les débuts de l’informatique de bureau!»

On sourit en revenant brutalement 36 années en arrière et en déchiffrant le titre du premier article, d’une modernité criante, signé Christian De Bock : ‘Comment évaluer les messages d’éducation à la santé pendant leur élaboration?’.À tous, y compris celui qui est aujourd’hui rédacteur en chef de la revue, ce temps paraît loin. Très loin. Celui qui a vu naître la revue avant de la prendre sous son aile tenait à raconter son histoire à sa manière, en images et avec humour. Les couvertures défilent, témoins des évolutions de forme, de graphisme et de plumes de la revue mais aussi de ses liens privilégiés tissés au fil du temps avec les acteurs de la promotion de la santé en Belgique francophone et au-delà.

Les minutes passent et on se rend compte qu’une autre histoire se dessine, celle du secteur, de ses événements fondateurs et de ses soubressauts. Il y a cette une sur la reconnaissance structurelle dans le cadre de la première législation de la Communauté française en éducation pour la santé en 1988, celle qui annonce le décret sur la promotion de la santé en 1997 avec ce commentaire ‘Enfin un décret!’, le numéro 200 consacré à l’éthique en promotion de la santé…

Image

Les clins d’oeil aux collaborateurs d’hier et de demain se succèdent, assortis de marques d’une reconnaissance sincère envers chacun. Quand surgit la couverture de juillet 2010 (couverture du n° 258), Christian amusé explique combien il lui a été difficile d’obtenir l’autorisation de publier ce dessin extraordinaire d’Hergé puisé dans un de ses albums préférés de Tintin et combien il est fier d’y être parvenu avec l’appui du conférencier invité à la parution du 250e.

Le numéro 300 paru en mai 2014 dresse un état des lieux de la promotion santé en Fédération Wallonie-Bruxelles. Quelques mois plus tard, le voilà barré d’un rageur ‘Inventaire avant liquidation’ en écho au démantèlement programmé du secteur.

C’est fou tout ce qu’on peut dire avec des couvertures.

L’homme qui aimait sa femme, la bande dessinée, le cinéma…

Les deux anniversaires fêtés ce jour-là, le sien et celui de la revue, Christian avoue qu’il serait bien en peine de les dissocier tant sa vie professionnelle a abreuvé ses amitiés personnelles.

Image

Pour évoquer l’homme en toute objectivité, sa collaboratrice Carole Feulien a jugé bon de mener l’enquête auprès de ceux qui le fréquentent. Toute à sa rigueur professionnelle, elle s’est livrée à une analyse dans les règles de l’art des ‘représentations du Christian’. Des photos transmises sous couvert d’anonymat le montrent tour à tour bébé, enfant, jeune, chevelure brune, longue et bouclée, étudiant brillant, fin gastronome, mari attentionné, lève-très-tôt-même-le-week-end, amoureux de Paris, de culture et de bandes dessinées, séducteur, sériephile assumé (voyez la couverture du n° 259) et cinéphile confirmé (ou celle du 194). «Cultivé, en matière de cinéma, au point de trouver le titre d’un film à partir d’une vague indication de décennie, de quelques éléments du scénario… et du nom d’un acteur n’y jouant pas!», rapporte un enquêté.

Bavard, Christian? «Il est tellement bavard qu’il ne me laisse que rarement l’occasion de parler», confie la femme qui partage sa vie. «Même lorsque je commence, il m’interrompt pour continuer. Au fil des années, je pense avoir abandonné et je suis devenue une très bonne ‘écouteuse’. Le combat est trop inégal! »

Image

Au milieu de ce concert de louanges, Christian ne faiblit pas et savoure chacune de ces bouchées d’amitié. Il sait que dans un instant, il offrira lui aussi deux beaux cadeaux à la soixantaine de personnes venues fêter ses anniversaires. Le premier est une conférence d’ Isabelle Godin, chercheur et professeur à l’École de santé publique de l’Université Libre de Bruxelles, sur la place de la femme dans le monde de la santé. Où l’on apprend, entre autres choses, que l’aspect cyanosé des victimes du choléra a donné naissance à l’expression ‘avoir une peur bleue’.

Le second arrive en courant par le fond de la salle, un aérien tissu violet dans son sillage, sur un air de musique orientale. Pendant une trentaine de minutes, Fédra danse et plonge la salle dans l’univers des Mille et une nuits. Tandis qu’elle ondule avec grâce et générosité des pieds à la tête, on se dit que c’est aussi ça la santé: un corps qui fonctionne auquel on peut demander ce qu’on veut, un travail qu’on aime et qui nous le rend bien, des amitiés chaleureuses.

Image