À l’occasion de la journée mondiale contre le cancer, le 4 février 2012, le programme européen Générations en santé (1) (Interreg IV) a publié un nouveau chapitre du Tableau de bord transfrontalier de la santé (2). Après le chapitre consacré à la santé des seniors, ce sont maintenant les données concernant les cancers qui sont diffusées.
Cet état des lieux permet une réflexion sur l’impact de ces maladies, que ce soit en termes de soins, de dépistage mais aussi de prévention, dans une zone comprenant les provinces belges de Hainaut, de Namur et de Luxembourg et dans les départements français de l’Aisne, des Ardennes, de la Marne, du Nord, de l’Oise, du Pas-de-Calais et de la Somme.
Première cause de mortalité chez les hommes
Le cancer concerne largement toute la société, puisque, dans la zone étudiée, ce type de maladie est la première cause de mortalité chez les hommes, avec 32% des décès. Chez les femmes, seules les maladies de l’appareil circulatoire dépassent les cancers qui sont la deuxième cause de décès avec 23%. Ils représentent en tout un peu plus de 22.000 décès par an entre 2004 et 2006. Des chiffres qui ont de quoi susciter la réflexion puisque l’on sait que certains cancers ont un lien étroit avec des comportements comme la consommation de tabac, d’alcool, ou la sédentarité et l’alimentation déséquilibrée.
Répartition géographique
Toutes les régions de la zone étudiée ne sont pas égales face au cancer. On constate en effet une surmortalité masculine par ce type de maladie dans les départements français du Nord, du Pas-de- Calais, de la Somme et de l’Aisne. Si les arrondissements de Valenciennes et Lens présentent les taux standardisés de mortalité masculine par cancer les plus élevés, les chiffres sont les plus faibles dans les arrondissements de Neufchâteau et de Vouziers.
Chez les hommes: trachée, bronches et poumon
Parmi l’ensemble des décès masculins par cancer, entre 2004 et 2006, pas moins de 28% étaient des cancers de la trachée, des bronches et du poumon (TBP). Dans la zone étudiée, les Namurois ont le taux d’incidence de ces cancers le plus élevé, tandis que la province du Luxembourg présente l’incidence la plus faible. Des chiffres qui posent une vraie question de société puisqu’actuellement, le tabac est le principal facteur de risque de ce cancer.
Cancers des voies aérodigestives supérieures et alcool
En ce qui concerne les cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS), la zone étudiée par Générations en santé n’est pas la mieux lotie. En effet, le taux standardisé de mortalité par cancers des VADS y est plus élevé qu’en France hexagonale et qu’en Belgique tant chez les hommes que chez les femmes. Ces cancers sont par ailleurs plus fréquents chez les hommes que chez les femmes, leur incidence féminine étant 6 fois moindre. Du point de vue géographique, les habitants du Nord − Pas-de-Calais sont les seuls à présenter un taux standardisé d’incidence plus élevé que celui de la zone étudiée. De leurs côtés, pour les hommes, les provinces de Namur et Luxembourg présentent des taux plus faibles que celui de la zone. Il existe un effet frontière plus marqué au niveau de la mortalité que de l’incidence. Pour ce type de cancers, c’est la consommation d’alcool qui fait office de principal facteur de risque, avec un risque multiplié lorsque cette dernière est associée au tabac.
Cancers colorectaux
En ce qui concerne les cancers colorectaux, on ne constate que de faibles écarts d’incidence entre les régions de la zone étudiée. Par contre, les chiffres de la mortalité indiquent, comme pour les cancers des VADS, un taux plus élevé pour le département du Nord que celui de la zone étudiée. Pour ce type de cancers aussi, les comportements peuvent jouer un rôle. Ainsi, la consommation de fruits et légumes, la lutte contre la surcharge pondérale et la pratique d’une activité physique régulière sont des facteurs protecteurs.
La prostate: davantage en France
Les incidences des cancers de la prostate dans le Nord − Pas-de-Calais et la Picardie sont plus élevées que dans la zone étudiée, à l’inverse des trois provinces wallonnes où l’incidence est plus faible que dans cette dernière. On observe pour ces cancers un effet frontière pour l’incidence, pas pour la mortalité. Par ailleurs, la mortalité par cancer de la prostate sur la zone étudiée est plus élevée qu’en France hexagonale et qu’en Belgique.
Le cancer du sein
Chez les femmes de la zone étudiée, le cancer du sein représente la première cause de décès par cancer avec pas moins de 20%. C’est de nouveau le Nord − Pas-de-Calais qui a l’incidence la plus élevée de ce type de cancer. En ce qui concerne la mortalité, un gradient nord-sud est mis en évidence, les départements du Nord et du Pas-de-Calais présentant les taux les plus élevés de la zone étudiée. On note par ailleurs un grand écart de part et d’autre de la frontière en ce qui concerne les habitudes de dépistage de ce cancer. Les Wallonnes recourent beaucoup moins que les Françaises au dépistage organisé, lui préférant des examens individuels.
Pour de plus amples informations: Geneviève Pensis, Observatoire de la Santé du Hainaut. Tél.: 065 87 96 27. Courriel: genevieve.pensis@hainaut.be. Site:
http://www.generationsensante.eu
Communiqué de Générations en santé
(1) Le programme Générations en santé (Interreg IV) porte sur l’observation et la promotion de la santé, du bien-être et de la qualité de vie ( http://www.generationsensante.eu ).
(2) Le Tableau de bord transfrontalier de la santé (TBTS) aborde les thématiques de santé publique suivantes: la santé des seniors, les cancers, les maladies cardiovasculaires, les inégalités sanitaires et sociales, la santé au travail et la santé et l’environnement.