Lors de cette rentrée, des projets vont démarrer dans 36 établissements qui ont décidé de «ne plus tourner autour du pot!»

La Fondation Roi Baudouin, a lancĂ© rĂ©cemment un appel Ă  projets destinĂ© aux Ă©coles du fondamental, visant Ă  soutenir leurs projets d’amĂ©lioration de leurs sanitaires. Les Ă©tablissements sĂ©lectionnĂ©s sont connus: 36 projets vont se partager plus de 163.000 euros.

Le Fonds BYX annonce un nouvel appel Ă  projets, Ă  destination des Ă©coles du secondaire cette fois, en janvier 2016. Il propose aussi les actes du sĂ©minaire qu’il a organisĂ© autour du tabou relatif Ă  la question des toilettes Ă  l’école.

Les projets soutenus

Un jury indĂ©pendant, composĂ© de membres de l’ensemble de la communautĂ© Ă©ducative et de professionnels de la promotion de la santĂ©, a sĂ©lectionnĂ© 36 projets Ă  travers toute la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles. Ils se partagent 163.463 €. Tous prennent en compte les trois dimensions d’un projet destinĂ© Ă  amĂ©liorer les sanitaires Ă  l’école durablement: amĂ©liorer l’infrastructure, dĂ©velopper une sensibilisation pĂ©dagogique et renforcer la logistique (entretien
). La liste des projets soutenus (avec des personnes de contact) est consultable sur le site de la Fondation Roi Baudouin.

Le site web et ses fiches

Afin d’aider l’ensemble des Ă©coles de la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles, le Fonds BYX propose un accompagnement de projet, pas Ă  pas, grĂące Ă  des fiches rĂ©alisĂ©es en collaboration avec l’asbl Question SantĂ©. Celles-ci seront consacrĂ©es Ă  diverses thĂ©matiques (mobilisation des Ă©lĂšves, Ă©tat des lieux, recherche d’idĂ©es, plan d’actions, rĂ©alisation, Ă©valuation
) et diffusĂ©es progressivement, tout au long de l’annĂ©e scolaire 2015-2016, via le site www.netournonspasautourdupot.be. La premiĂšre de ces fiches sera mise en ligne Ă  l’occasion de cette rentrĂ©e scolaire.

Les actes du sĂ©minaire ‘Sanitaires Ă  l’école: levons le tabou!’

Afin de rĂ©flĂ©chir et d’échanger autour de ce sujet dĂ©licat, le Fonds BYX a Ă©galement invitĂ© tous les professionnels concernĂ©s Ă  un sĂ©minaire intitulĂ© ‘Sanitaires Ă  l’école: levons le tabou!’, Ă  Namur, le jeudi 12 mars dernier. Pour pouvoir bĂ©nĂ©ficier du foisonnement d’idĂ©es gĂ©nĂ©rĂ© par la question, une publication Ă©lectronique qui peut ĂȘtre consultĂ©e, tĂ©lĂ©chargĂ©e ou commandĂ©e en version papier via le site web est disponible dĂšs Ă  prĂ©sent.

Le nouvel appel à projet ‘Ne tournons pas autour du pot!‘

Enfin, un second appel Ă  projets sera, lui, lancĂ© officiellement le 12 janvier 2016. Il s’adresse Ă  toutes les Ă©coles secondaires de la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles. La date limite d’introduction des dossiers est fixĂ©e au 23 fĂ©vrier 2016. Le dossier de candidature sera consultable et devra ĂȘtre rempli exclusivement via le site web www.kbs-frb.be. C’est le moment de dĂ©jĂ  organiser la rĂ©flexion participative qui garantira la rĂ©ussite de votre projet!

Pour ĂȘtre tenu au courant du lancement de l’appel Ă  projets, nous vous invitons Ă  vous inscrire Ă  la e-news ‘enseignement’ de la Fondation Roi Baudouin via le site web et/ou au mail d’information du site web de la campagne www.netournonspasautourdupot.be.

Six villes Viasano s’investissent dans le projet europĂ©en OPEN

Hasselt, Comines-Warneton, Jette, LiÚge, Marche-en-Famenne et Mouscron participent au projet européen OPEN (pour Obesity Prevention through European Network), avec le support de la DG Sanco.

De juin 2015 à juin 2016, elles mettront en place des actions spécifiques pour inciter les adolescents issus de milieux défavorisés à manger mieux et à bouger plus. OPEN mobilise 12 autres programmes en Europe.

La prĂ©vention traditionnelle n’atteint pas les adolescents

14,4% des adolescents belges en secondaire prĂ©sentent une surcharge pondĂ©rale. Elle est plus frĂ©quente chez les filles, dans l’enseignement professionnel ou technique et parmi les familles dont le niveau d’aisance est faibleNote bas de page. Par ailleurs, il est gĂ©nĂ©ralement moins facile d’atteindre les adolescents par des programmes de prĂ©vention, car ils sont moins influencĂ©s par la sphĂšre familiale que par leur pairsNote bas de page.

Un rĂ©seau europĂ©en pour lutter contre le surpoids et l’obĂ©sitĂ© des adolescents

L’objectif du projet europĂ©en OPEN est d’aider les programmes de prĂ©vention existants Ă  augmenter leurs compĂ©tences et Ă  Ă©largir leurs cibles aux adolescents en milieu dĂ©favorisĂ©.

13 programmes de prĂ©vention dans 13 pays europĂ©ens font partie du projet OPEN: Allemagne, Belgique, Chypre, Espagne, France, GrĂšce, Malte, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Slovaquie et SuĂšde. La plupart de ces programmes fonctionnent selon la mĂ©thode EPODE, qui consiste, via un rĂ©seau d’acteurs locaux, Ă  modifier l’environnement des familles pour faciliter les choix alimentaires sains et stimuler une activitĂ© physique au quotidien.

En Belgique, le programme Viasano a organisĂ© un appel Ă  projet et 6 villes recevront une bourse de 5.000 € pour organiser des actions spĂ©cifiques auprĂšs des adolescents.

À Mouscron, par exemple, les Ă©lĂšves de premiĂšre secondaire seront incitĂ©s Ă  se rendre Ă  l’école activement: Ă  pied, Ă  vĂ©lo ou en transport en commun par le programme Move2School. Le challenge mobilitĂ© entre les Ă©coles sera promu par une vidĂ©o crĂ©Ă©e avec des Ă©lĂšves. La victoire reviendra Ă  l’école qui comptera le plus grand nombre d’élĂšves actifs.«Nous avons optĂ© spĂ©cifiquement pour les premiĂšres secondaires, afin de donner un prolongement Ă  nos initiatives en primaire, et d’assurer ainsi la durabilitĂ© de nos projets» explique Brigitte Aubert, Échevine de la SantĂ©.

Les autres projets: Bouge dans ta rue! Ă  Comines-Warneton; BFF (Best Food Forever) Ă  Hasselt; Shake&Move Ă  Jette (Bruxelles); Ados bougent pour leur santĂ© Ă  LiĂšge et S’portez-vous bien! Ă  Marche-en-Famenne.

Agir aujourd’hui pour demain

«GrĂące Ă  la participation de Viasano au projet OPEN, nous avons l’occasion de partager l’expĂ©rience avec des programmes similaires dans d’autres pays, de recevoir des formations et des aides financiĂšres pour aider les villes sur le terrain.» dit Mireille Roillet, coordinatrice nationale de Viasano.

Au total, OPEN mobilisera environ 4 millions d’EuropĂ©ens, dont 975.000 adolescents.La Commission europĂ©enne via la DG Sanco et le rĂ©seau EPODE International Network supportent financiĂšrement le projet OPEN.

Pour de plus amples informations: http://openprogram.eu, www.viasano.be, http://epode-international-network.com.

A propos de Viasano

Viasano est un programme d’intervention communautaire dont l’objectif est d’aider les familles Ă  modifier durablement leur style de vie, par la mise en place avec les acteurs locaux d’un environnement qui facilite les choix plus sains. Le programme se base sur les recommandations scientifiques officielles en Belgique et encourage au sein des familles une alimentation Ă©quilibrĂ©e et conviviale ainsi qu’une activitĂ© physique quotidienne. Chaque annĂ©e, une campagne sur ces thĂšmes est proposĂ©e aux villes participantes.

Dans les villes et communes Viasano, le bourgmestre et le collĂšge s’engagent pendant 4 ans. Un chef de projet est dĂ©signĂ© pour mettre en place le programme sur le terrain. Le chef de projet local est accompagnĂ© par la coordination nationale.

Un comitĂ© d’experts indĂ©pendant et pluridisciplinaire valide la stratĂ©gie du programme et ses outils. Viasano s’appuie sur un partenariat public-privĂ©, dĂ©fini par une charte Ă©thique. Le groupe Ferrero est partenaire fondateur.

Depuis 2007, Viasano a lancĂ© 14 campagnes de promotion de l’alimentation et de l’activitĂ© physique dans 20 villes belges.

Moreau N., de Smet P., Godin I. La santĂ© des Ă©lĂšves de l’enseignement secondaire: rĂ©sultats de l’enquĂȘte HBSC 2010 en FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles. Service d’Information Promotion Éducation SantĂ© (SIPES), ESP-ULB, Bruxelles, fĂ©vrier 2013.

Robert H. Aseltine, Jr. A reconsideration of parental and peer influences on adolescent deviance. Journal of health and social behaviour, 1995.

Jardin des couleurs

Description

Matériel

Dossier pédagogique (PDF)

Concept

Le cycle d’animations ‘Jardin des couleurs’ a pour thĂšme l’alimentation durable. Il comprend la crĂ©ation et l’entretien d’un jardin potager biologique avec les participants. Au fil des animations, ceux-ci sont sensibilisĂ©s aux enjeux environnementaux liĂ©s Ă  l’alimentation. Incidemment, les aspects relatifs Ă  la santĂ© sont aussi abordĂ©s. ‘Jardin des couleurs’ se veut Ă©galement l’occasion de susciter des changements pĂ©rennes en matiĂšre d’alimentation au sein de l’Ă©tablissement partenaire.

Le programme s’adresse aux enfants et adolescents, en milieu scolaire ou para-scolaire. Des projets inter-gĂ©nĂ©rationnels avec par exemple des parents ou des personnes ĂągĂ©es peuvent aussi ĂȘtre mis sur pied.

Le cahier pĂ©dagogique s’adresse en prioritĂ© aux instituteurs et institutrices partenaires de ‘Jardin des Couleurs’ (RĂ©gion de Bruxelles-Capitale), mais il pourra apporter une aide, de l’inspiration, des pistes utiles pour quiconque souhaiterait se lancer dans un projet pĂ©dagogique visant Ă  Ă©veiller Ă  une critique constructive du systĂšme agro-alimentaire.

Objectifs

  • via le travail au potager, permettre aux participants une appropriation des savoirs par la pratique. Le potager se rĂ©vĂšle ĂȘtre un moyen efficace d’Ă©veil et de connexion Ă  la nature.
  • envisager le travail au potager comme vecteur de dĂ©veloppement personnel et d’apprentissages en termes de savoir-faire et de savoir-ĂȘtre: dĂ©couverte de soi dans son rapport Ă  la terre, aux petites bĂȘtes, Ă  l’effort, au rapport aux autres; apprentissage de l’entraide et de la solidaritĂ©; organisation collective: outils dĂ©mocratiques de gestion participative; respect d’un lieu, d’un travail et d’outils collectifs; partage des rĂ©coltes; etc.
  • donner aux participants l’outillage conceptuel de base pour, au final, permettre un regard critique sur la façon dont nous nous alimentons.
  • susciter des changements pĂ©rennes au sein des partenaires (une ou plusieurs actions sont envisageables, pouvant aller d’une modification du systĂšme de collations ou des repas de midi Ă  l’installation d’un compostage collectif, la crĂ©ation et l’accueil d’un groupement d’achat solidaire par des parents, ou la confection de panneaux d’informations…).

Conseils d’utilisation

Le cahier pédagogique propose:

  • dans le premier livret, des informations synthĂ©tiques sur les diffĂ©rents thĂšmes abordĂ©s lors des animations, ainsi que deux focus illustrant le caractĂšre systĂ©mique des problĂ©matiques Ă©voquĂ©es. Ces textes, qui vont au-delĂ  des informations donnĂ©es aux enfants et adolescents lors des animations, permettent de se familiariser avec les analyses et points de vue qui sous-tendent celles-ci.
  • dans le deuxiĂšme livret, un descriptif des animations ‘hors potager’, classĂ©es par thĂšme. Ce livret doit aider les partenaires Ă  rĂ©itĂ©rer ces animations de façon autonome, aprĂšs la premiĂšre annĂ©e du programme.
  • dans le troisiĂšme livret, on trouvera les rĂ©fĂ©rences des sources utilisĂ©es pour la rĂ©daction du premier livret, ainsi que des rĂ©fĂ©rences de livres, sites internet, outils pĂ©dagogiques, documentaires et associations actives dans le secteur de l’alimentation, pour aller plus loin. On y trouvera Ă©galement un index de mots techniques apparaissant en italique dans le premier livret.

Thématiques abordées:

  • des thĂšmes liĂ©s Ă  la botanique et au jardinage: les diffĂ©rentes parties d’une plante et leur fonctionnement, le cycle de vie d’une plante, le sol et le compostage, les interactions entre la plante et son environnement, la biodiversitĂ©, les plantes aromatiques et mĂ©dicinales, les techniques culturales respectueuses du vivant.
  • des thĂšmes davantage liĂ©s Ă  l’environnement ou la santĂ©: l’Ă©volution et la diversitĂ© des façons de se nourrir, la pyramide alimentaire, l’origine historique et actuelle des fruits et lĂ©gumes, les fruits et lĂ©gumes de saison, le mode cultural, le conditionnement, les intermĂ©diaires commerciaux, le degrĂ© de transformation, la gestion des dĂ©chets et le gaspillage alimentaire.

OĂč trouver l’outil

Chez l’Ă©diteur: Le DĂ©but des Haricots asbl, Maison de la Paix, Rue Van Elewyck 35, 1050 Bruxelles. Bureaux situĂ©s rue de la Croix de Pierre 85, 1060 Bruxelles. TĂ©l.: 02 644 07 77 – francois@haricots.org – http://www.haricots.org.

Les CLPS de LiĂšge, Verviers, Huy-Waremme, Mons-Soignies, Hainaut occidental, Charleroi-Thuin et le Centre de ressources documentaires provincial de Namur peuvent vous prĂȘter cet outil.

L’avis de PIPsa (www.pipsa.be)

La Cellule d’experts de PIPsa a accordĂ© la mention ‘coup de cƓur’ Ă  cet outil en novembre 2013.

Appréciation globale

‘Jardin des couleurs’ est un programme d’animations de deux ans en milieu scolaire sur le thĂšme de l’alimentation durable autour d’un ‘outil’ principal: un potager, en pleine terre ou en bacs en fonction des possibilitĂ©s pratiques de chaque Ă©tablissement.

Le présent avis porte uniquement sur le cahier pédagogique proposé aux enseignants.

Le contenu du cahier est engagĂ© et le ton militant, mais c’est pleinement assumĂ© et clairement dĂ©clarĂ© dĂšs le dĂ©part. Dans cette mĂȘme logique, au travers de l’information qu’ils donnent et des animations qu’ils proposent, les auteurs dĂ©veloppent leurs arguments et proposent des solutions qu’ils estiment opportunes, au risque que certains utilisateurs perçoivent ces propositions comme autant d’injonctions normĂ©es.

La premiĂšre partie fait une sĂ©rie de constats sur les consĂ©quences du systĂšme agro-alimentaire industriel dominant, avant tout du point de vue environnemental et explique qu’une agriculture alternative durable est possible.

Les informations Ă  destination des enseignants se rĂ©partissent en 9 chapitres pour une approche systĂ©mique de l’alimentation:

  1. Notre alimentation, seulement une histoire de goût?
  2. Les plantes, Ă  la base de toute notre alimentation
  3. Le sol, monde vivant et garde-manger des plantes
  4. Des liens intimes entre la plante et son environnement
  5. La biodiversitĂ© dans et autour de l’assiette
  6. Les kilomùtres dans notre assiette, hier et aujourd’hui
  7. Fruits et légumes dans la ronde des saisons
  8. L’empreinte Ă©cologique et la perspective systĂ©mique
  9. Un autre monde est possible
 Et moi?

La matiÚre est trÚs vaste et les informations intéressantes.

Beaucoup d’animations se font Ă  l’intĂ©rieur, sur base notamment de photos. Les auteurs proposent aux enseignants de faire des rapprochements avec l’environnement, le quartier, les agriculteurs, les Ă©piceries…

On pourrait regretter l’absence de liens avec les socles de compĂ©tences et les matiĂšres scolaires. L’enseignant devra veiller Ă  Ă©viter de stigmatiser certains Ă©lĂšves lors des animations faisant rĂ©fĂ©rence aux habitudes alimentaires familiales. Les auteurs font d’ailleurs judicieusement eux-mĂȘmes cette mise en garde en introduction des animations.

La troisiĂšme partie est une Ă©norme mine de ressources ‘pour aller plus loin’, ici encore rĂ©parties en 9 chapitres.

Point à relever encore: le cahier pédagogique est téléchargeable gratuitement et les animations proposées ne requiÚrent que du matériel basique peu coûteux accessible à tous.

Objectifs

Pour les enseignants:

  • leur fournir des informations sur la situation actuelle de notre systĂšme agro-alimentaire;
  • leur faire prendre conscience des consĂ©quences du systĂšme agro-alimentaire dominant sur l’environnement (un peu aussi sur la santĂ© et le social);
  • envisager ce que l’on peut changer au quotidien au niveau de l’alimentation, notamment au sein de l’établissement scolaire.

Pour les Ă©lĂšves:

  • leur faire prendre conscience d’oĂč provient l’alimentation, comment elle est produite, transformĂ©e, transportĂ©e, avec une perspective historique (pratiques d’hier et d’aujourd’hui);
  • les sensibiliser aux nombreux problĂšmes environnementaux (et sanitaires et sociaux) posĂ©s par le systĂšme agro-alimentaire dominant;
  • dĂ©couvrir diverses possibilitĂ©s d’actions Ă  leur niveau, individuellement et collectivement.

Public cible

Enfants et adolescents.Les animations devront ĂȘtre sĂ©lectionnĂ©es ou adaptĂ©es en fonction de l’ñge des participants, surtout pour les plus jeunes.

Utilisation conseillée

Comme expliquĂ© par les auteurs du cahier pĂ©dagogique, le programme ‘Jardin des couleurs’ est destinĂ© Ă  des enseignants-animateurs motivĂ©s et prĂȘts Ă  s’engager dans une dĂ©marche de longue durĂ©e.

Douleurs et désillusions quotidiennes des familles

Depuis plus de cinquante ans, TĂ©lĂ©-Accueil Bruxelles propose une Ă©coute Ă  toute personne en difficultĂ© sur le plan moral, social ou psychologique et qui souhaite en parler dans l’anonymat et la confidentialitĂ©. Une centaine de bĂ©nĂ©voles formĂ©s Ă  l’écoute se relaient au tĂ©lĂ©phone – le 107, un numĂ©ro gratuit – 7j/7, 24h/24. Le site www.chat-accueil.org est Ă©galement ouvert chaque soir aux chatteurs.

Des milliers d’appels arrivent chaque annĂ©e sur ces lignes, plaçant de facto l’association dans une position de tĂ©moin de la sociĂ©tĂ©. Sans dĂ©voiler le contenu de ces appels, l’Observatoire social de TĂ©lĂ©-Accueil rend rĂ©guliĂšrement une analyse de certains thĂšmes. Sa derniĂšre recherche vient de sortir: elle porte sur les familles.

«J’ai l’impression ce matin que ça ne parle que de ça, des familles dĂ©glinguĂ©es et des conflits», rĂ©sume un Ă©coutant. Qu’est-ce qui ne tourne plus rond dans ces familles, dans ces couples? C’est quoi la famille aujourd’hui? Cette recherche n’a pas pour but d’en donner une nouvelle dĂ©finition mais de se pencher sur les difficultĂ©s qu’elle abrite Ă  partir de ce qui s’en dit Ă  TĂ©lĂ©-Accueil Bruxelles. Elle est basĂ©e sur une centaine de rĂ©cits d’appels reçus en 2014 et relatĂ©s par les Ă©coutants.

La souffrance des mĂšres

Une premiĂšre forte impression: ce qui semble faire famille, c’est la mĂšre. La mĂšre qui gĂšre, qui Ă©lĂšve, qui lutte, qui souffre et, derriĂšre elle, la femme: son statut, son rĂŽle, sa personne. Qui sont ces mĂšres d’aujourd’hui Ă  Bruxelles qui appellent TĂ©lĂ©-Accueil et que nous apprennent-elles de ce qu’elles vivent? Quelles sont ces douleurs et ces dĂ©sillusions dont elles nous font part? Qui sont aussi leurs proches et comment interagissent-ils?

Les appelants livrent ce qu’ils vivent aujourd’hui, parfois Ă  l’instant. D’autres ressassent des faits passĂ©s qui continuent d’influer sur leur quotidien. «Famille je vous hais, famille je vous aime»  cette recherche n’a rien inventĂ©! Elle nous a emmenĂ©s cependant dans des zones intimes: celles que l’on confie rarement aux autres, aux proches, Ă  ceux qui pourraient juger, critiquer, conseiller; celles que l’on tait par peur, par honte, par manque de courage; celles que l’on ignore parfois de soi-mĂȘme et Ă  laquelle la mise en mots avec un anonyme aide Ă  donner corps.

MalgrĂ© les diffĂ©rentes positions qu’occupent les appelants dans leur famille, nous avons donc zoomĂ© sur les mĂšres. D’une part parce qu’une majoritĂ© de femmes d’ñge moyen appellent TĂ©lĂ©-Accueil, d’autre part car c’est autour de cette figure maternelle que se situent les nombreux enjeux dont celles-ci font part.

C’est autour de leur position sociale, individuelle et sexuĂ©e que nous avons choisi d’analyser leurs rĂ©cits. OĂč se situe le point d’équilibre pour ces femmes entre ce qu’elles sont, ce qu’elles vivent et ce qu’elles donnent Ă  voir? Le trouvent-elles? Non. Et sans doute est-ce une des raisons pour lesquelles elles composent le 107. Entre le mari prĂ©sent ou absent, sa figure ineffaçable mĂȘme aprĂšs une sĂ©paration, entre l’éducation des enfants et les difficultĂ©s financiĂšres, ces femmes ont un besoin de rĂ©alisation, de reconnaissance qui manifestement ne vient pas.

Elles ont souvent beaucoup sacrifiĂ©: Ă©tudes, vie professionnelle; la conjugalitĂ© et la maternitĂ© ne les comblent pas ou plus. Ou alors Ă  l’excĂšs, et l’on assiste Ă  des scĂšnes de fusion variable au fil des Ăąges: collage mĂšre/enfant, projection des jeunes dans une rĂ©ussite scolaire rĂ©paratrice, jusqu’au curieux binĂŽme parent senior/enfant adulte vivant sous le mĂȘme toit.

Des ressources

Trahison, abandon, solitude finalement et dĂ©ception: elles se sentent trahies quand leur mari les trompe, abandonnĂ©es quand les enfants du divorce choisissent d’aller vivre chez leur pĂšre, seules quand ĂągĂ©es leur descendance s’est Ă©loignĂ©e, déçues de la place qu’elles occupent, celle qu’elles se sont taillĂ©e ou celle qu’on leur a attribuĂ©e. IncomprĂ©hension finalement d’avoir tant donnĂ© et si peu reçu ou si peu gardĂ©. C’est sans doute ce manque qu’elles expriment principalement Ă  TĂ©lĂ©-Accueil, outre leurs peines et leurs doutes.

Nombreuses sont ces femmes qui disent au travers de leurs actes la ‘bonne mĂšre’ qu’elles sont ou qu’elles voudraient ĂȘtre tandis que filtre entre leurs mots toutes leurs difficultĂ©s Ă  faire face et Ă  s’accorder une place dĂ©sirable pour elles-mĂȘmes, en adĂ©quation avec leurs valeurs et leurs aspirations. Car la famille n’est pas pour chacun ce laboratoire de dĂ©veloppement personnel qu’elle est censĂ©e reprĂ©senter aujourd’hui, ce vivier oĂč l’on naĂźt et oĂč l’on vient se ressourcer pour mieux avancer. Les appels reçus Ă  TĂ©lĂ©-Accueil reflĂštent davantage un microcosme familial qui oscille entre diffĂ©renciation et reproduction, entre dĂ©pendance affective et soif d’indĂ©pendance, entre conformisme et provocations. Mais plus que tout il semble qu’il manque de bienveillance, de soins. Ces femmes en manquent autant qu’elles nous disent cependant en prodiguer.

Si Ă  titre personnel les diffĂ©rentes composantes de l’individu ne sont pas en consonance, si la famille ne fonctionne pas comme support de rĂ©alisation propre, qu’est-ce qui fait ressource? Parler? À un inconnu au tĂ©lĂ©phone? Les appelantes se plaignent, pleurent parfois. Pourtant ce sont des battantes, mĂȘme si elles ne sont pas toujours gagnantes.

Peut-ĂȘtre est-ce durant ces jours de dĂ©faite qu’elles appellent, pour raconter leur combat, recomposer leurs forces, leur image de forteresse tout en rĂ©vĂ©lant des fondations d’argile
 En calquant sur ces appels la triade transactionnelle, on leur donnerait volontiers l’étiquette de victime, alors que dans leur rĂ©cit tout porte Ă  croire qu’elles sont des sauveurs: contraintes d’élever leurs enfants seules, beaucoup y arrivent. En racontant leur histoire, elles donnent corps Ă  leur personnage d’épouse ou de mĂšre ou simplement de femme quand leur entourage tel un bourreau ne le fait plus, ou le fait mal. Cette narration les aide Ă  prendre distance (parfois au prix d’appels rĂ©pĂ©tĂ©s), Ă  ne plus se fixer sur des faits ou des rancoeurs mais Ă  transmettre des Ă©motions. Et Ă  construire une image de soi, Ă  la tester peut-ĂȘtre.

Le dossier complet ‘Douleurs et dĂ©sillusions quotidiennes des familles’ (mars 2015) peut ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ© sur www.tele-accueil-bruxelles.be.

Bilan des connaissances des Belges en matiÚre de santé

D’aprĂšs un article de Sigrid Vancorenland, HervĂ© Avalosse, Rebekka Verniest, Michiel Callens, Recherche et DĂ©veloppement MutualitĂ©s ChrĂ©tiennes (MC), Stephan Van den Broucke, Audrey Renwart, UniversitĂ© Catholique de Louvain (UCL), Griet Rummens (Gezondheidspromotie CM), France Gerard (Infor SantĂ© MC)

Chaque individu est confrontĂ©, Ă  un moment donnĂ©, Ă  des questions et des dĂ©cisions en matiĂšre de santĂ©. Vais-je faire vacciner mon enfant? À quel mĂ©decin vais-je m’adresser? Comment puis-je manger plus sainement? Quel traitement est-il prĂ©fĂ©rable de suivre?

Introduction

De plus en plus de patients prennent part activement aux dĂ©cisions liĂ©es Ă  leur santĂ© et deviennent des ‘patients Ă©clairĂ©s’. Pour assumer ce rĂŽle actif, diffĂ©rentes compĂ©tences sont nĂ©cessaires. Ces compĂ©tences sont l’essence mĂȘme du concept de ‘littĂ©ratie en santé’Note bas de page. Ce concept est dĂ©fini comme «la connaissance, la motivation et les compĂ©tences des individus Ă  accĂ©der, comprendre, Ă©valuer et utiliser l’information de santĂ© en vue de porter des jugements et prendre des dĂ©cisions dans la vie de tous les jours en ce qui concerne la santĂ©, la prĂ©vention des maladies et la promotion de la santĂ©, de maniĂšre Ă  maintenir ou amĂ©liorer la qualitĂ© de vie.» (SØRENSEN K. et al., 2012).Le concept prĂ©sente 4 dimensions :

Dimensions de la «littératie en santé»
Accéder Capacité de rechercher des informations en matiÚre de santé
Comprendre Capacité de comprendre les informations disponibles en matiÚre de santé
Évaluer CapacitĂ© d’interprĂ©ter, de filtrer, de juger et d’évaluer les informations disponibles
Appliquer CapacitĂ© d’utiliser ces informations afin de prendre une dĂ©cision en matiĂšre de soins de santĂ©, de prĂ©vention des maladies, de promotion de la santĂ© de maniĂšre Ă  maintenir ou amĂ©liorer la santĂ©

Source: SØRENSEN K. et al., 2012.Ce concept s’applique Ă  diffĂ©rents domaines d’information :

Domaines d’information de la littĂ©ratie en santĂ© Type d’informations Exemples de compĂ©tences
Soins de santé et gestion de la maladie Formulaires concernant les antécédents médicaux, notices explicatives, brochures informatives Reconnaßtre les symptÎmes, Suivre les prescriptions, les notices, calculer le dosage de médicament prescrit
Fonctionnement dans le systĂšme de soins Informations concernant le systĂšme de soinsFormulaires d’assurance, descriptions des droits et des responsabilitĂ©s Choix d’un mĂ©decin ou d’un spĂ©cialiste, prendre un rendez-vous, poser des questions aux prestataires de soins, complĂ©ter des formulaires pour la mutualitĂ©, souscrire une assurance complĂ©mentaire
PrĂ©vention des maladies et protection de la santĂ© Informations concernant les risques pour la santĂ©ActualitĂ© (TV, radio, journaux), avis concernant le dĂ©pistage et la santĂ©, lettres concernant les rĂ©sultats de tests, chiffres et graphiques, avertissements en matiĂšre de sĂ©curitĂ© Évaluer son propre risque, choisir de participer Ă  un dĂ©pistage, des tests diagnostiques ou des vaccinations, choisir entre des produits, utilisation de produits
Promotion de la santé Informations sur les déterminants de la santéArticles dans les journaux et revues, fascicules, brochures, Internet, étiquettes sur les denrées alimentaires et produits
 Acheter et préparer des aliments sains, prévoir une activité physique suffisante, suivre un programme anti-tabac, prendre des mesures de protection contre les accidents

Source: SØRENSEN K. et al., 2012.

Pour une personne qui veut manger plus sainement, il est important de savoir, par exemple, oĂč trouver des informations sur l’alimentation saine. Cela peut ĂȘtre sur un site fiable, dans un article de journal ou d’une revue, un livre sur l’alimentation saine, ou les conseils du mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste.

Lorsqu’elle a trouvĂ© des informations sur l’alimentation saine, la personne doit ensuite ĂȘtre en mesure de les comprendre. Comprend-elle ce qui est Ă©crit sur un site web, dans un article ou dans un livre sur l’alimentation saine? Comprend-elle les conseils d’un mĂ©decin?

Elle doit ensuite ĂȘtre capable d’interprĂ©ter ces informations et d’en Ă©valuer la valeur. Les informations sur l’alimentation saine peuvent en effet ĂȘtre contradictoires. Une Ă©tude dĂ©montrera par exemple que boire du vin peut ĂȘtre bon pour la santĂ©, tandis qu’une autre affirmera prĂ©cisĂ©ment le contraire. Ce que dit un grand-parent peut diverger des conclusions d’une Ă©tude rĂ©cente. Il faut donc ĂȘtre en mesure d’identifier les sources fiables et les Ă©tudes dignes de confiance.

Enfin, lorsque les informations ont Ă©tĂ© Ă©valuĂ©es, la personne doit Ă©galement ĂȘtre capable de les mettre en pratique. Parvient-elle Ă  mettre les conseils sur l’alimentation saine en pratique dans sa vie quotidienne afin de crĂ©er de saines habitudes alimentaires et par exemple manger chaque jour des fruits et des lĂ©gumes, limiter l’apport en graisses, sucre et sel et prendre un petit-dĂ©jeuner?

L’Organisation Mondiale de la SantĂ© reconnaĂźt la littĂ©ratie en santĂ© comme un facteur dĂ©terminant important de la santĂ© (OMS, 2008).

En effet, dĂ©velopper de bonnes compĂ©tences en matiĂšre de santĂ© prĂ©sente des avantages non nĂ©gligeables: ces compĂ©tences conduisent Ă  des choix plus Ă©clairĂ©s, Ă  une plus grande confiance en ses propres choix, Ă  des attitudes plus positives en matiĂšre de santĂ© et des habitudes de vie plus saines, Ă  une prĂ©vention accrue, Ă  une meilleure santĂ© et Ă  une baisse des coĂ»ts des soins de santĂ©. Par consĂ©quent, l’amĂ©lioration des compĂ©tences en matiĂšre de santĂ© profite Ă  la santĂ© publique. Inversement, de faibles compĂ©tences en matiĂšre de santĂ© sont associĂ©es Ă  une grande variĂ©tĂ© d’effets nĂ©fastes, comme des habitudes de vie malsaines (tabagisme, consommation d’alcool, mode de vie sĂ©dentaire), une mauvaise santĂ© perçue, une utilisation accrue des soins de santĂ©, moins de recours aux services prĂ©ventifs, des frais d’hospitalisation plus Ă©levĂ©s, des coĂ»ts plus Ă©levĂ©s pour les maladies chroniques et une hausse de la mortalitĂ©.

DiffĂ©rents facteurs expliquent une faible littĂ©ratie en santĂ©, notamment un faible niveau d’éducation, une situation socioĂ©conomique dĂ©favorisĂ©e et l’appartenance Ă  une minoritĂ© ethnique.Par ailleurs, on note Ă©galement une forte association Ă  l’Ăąge et au sexe. À cet Ă©gard, les compĂ©tences en matiĂšre de santĂ© peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme un facteur qui contribue aux inĂ©galitĂ©s en matiĂšre de santĂ©.

Une Ă©tude europĂ©enne, l’European Health Literacy Survey (HLS-EU), s’est penchĂ©e sur la question en 2011. Cette Ă©tude a mesurĂ© le niveau de littĂ©ratie en santĂ© dans 8 pays europĂ©ens (Autriche, Bulgarie, Allemagne, GrĂšce, Irlande, Pays-Bas, Pologne et Espagne). Les rĂ©sultats ont montrĂ© qu’environ 12 % des rĂ©pondants disposaient de compĂ©tences insuffisantes en matiĂšre de santĂ© et que 35 % prĂ©sentaient des compĂ©tences limitĂ©es. Seuls 53 % disposaient d’un niveau suffisant.

MĂ©thode

Jusqu’il y a peu la Belgique ne disposait encore d’aucune information sur les compĂ©tences en matiĂšre de santĂ©. Pour remĂ©dier Ă  cette lacune, l’étude rĂ©alisĂ©e conjointement par les MC, l’UCL et la KUL sur les compĂ©tences Ă©motionnelleNote bas de page a repris des questions liĂ©es aux compĂ©tences en matiĂšre de santĂ©.

L’étude avait pour but de dresser un bilan du niveau de compĂ©tences en matiĂšre de santĂ© de la population belge et de vĂ©rifier si ces compĂ©tences jouent un rĂŽle mĂ©diateur dans la relation entre le niveau de formation et le comportement de santĂ©.

Le questionnaire en ligne de l’étude de la compĂ©tence Ă©motionnelle reprenait 16 questions destinĂ©es Ă  mesurer la littĂ©ratie en santĂ©. À cet effet, nous avons utilisĂ© la version courte du questionnaire qui a servi Ă  l’étude europĂ©enne HLS-EUNote bas de page. Le questionnaire sondait Ă©galement le niveau de formation et les diffĂ©rents comportements liĂ©s Ă  la santĂ© comme le tabagisme, la consommation d’alcool, l’alimentation saine, l’activitĂ© physique, la consommation de mĂ©dicaments non-remboursĂ©s et des traitements alternatifs.

Le questionnaire en ligne a Ă©tĂ© envoyĂ© Ă  200.000 membres adultes des MC. 16.999 personnes ont rĂ©pondu Ă  l’ensemble du questionnaire et ont donnĂ© leur consentement pour coupler les rĂ©sultats du questionnaire aux informations extraites des bases de donnĂ©es des MC, comme l’utilisation de soins de santĂ© remboursĂ©s. L’échantillon final se composait de 9.616 personnes, toutes membres des MC durant la pĂ©riode 2001-2012Note bas de page.

RĂ©sultats

Quatre Belges sur dix en savent trop peu en matiÚre de santé

Six Belges sur dix (58,7%) disposent d’un niveau de compĂ©tence suffisant en matiĂšre de santĂ©. La littĂ©ratie en santĂ© est limitĂ©e pour trois Belges sur dix (29,7 %) et elle est mĂȘme insuffisante pour un sur dix (11,6%). Au total, quatre Belges sur dix en savent trop peu en matiĂšre de santĂ© pour mener une vie saine. La Belgique affiche ainsi des scores comparables Ă  ceux de la majoritĂ© des autres pays europĂ©ens, mais se trouve loin en-dessous de la performance des Pays-Bas, par exemple.

Les compĂ©tences en matiĂšre de santĂ© diffĂšrent considĂ©rablement en fonction des rĂ©gions (voir figure 1). La Flandre a le plus haut pourcentage de littĂ©ratie en santĂ© suffisante (61,9%), suivie de Bruxelles (52,5%) et de la Wallonie (48,7%).ImageLe sexe et l’ñge influent Ă©galement sur les compĂ©tences en matiĂšre de santĂ©. Le pourcentage de littĂ©ratie suffisante est nettement plus Ă©levĂ© chez les femmes (60,9%) que chez les hommes (56,2%).

Le pourcentage de littĂ©ratie en santĂ© suffisante dans les groupes d’ñge de 25 Ă  74 ans oscille autour de 60% (de 57 Ă  61%). Ce pourcentage est nettement infĂ©rieur pour le groupe d’ñge le plus jeune (18-24 ans) avec 45,5% et le groupe d’ñge le plus Ă©levĂ© (75 +) avec 49,2%.

Les diffĂ©rences de littĂ©ratie en santĂ© sont les plus marquĂ©es suivant le niveau de formation (figure 2): le pourcentage de littĂ©ratie suffisante est de 46% chez les personnes diplĂŽmĂ©es de l’enseignement primaire, contre 75% chez les personnes qui ont une formation post-universitaire. Chaque niveau de formation supĂ©rieur correspond Ă  une hausse de la littĂ©ratie en santĂ©.Image

La littĂ©ratie en santĂ© attĂ©nue l’effet nĂ©gatif du niveau d’études sur le comportement en matiĂšre de santĂ©

La littĂ©rature dĂ©crit Ă  maintes reprises la corrĂ©lation entre un faible niveau d’études et un mode de vie malsain, comme de mauvaises habitudes alimentaires ou le tabagisme. Mais comme mentionnĂ© ci-dessus, la littĂ©ratie en santĂ© exerce un effet positif sur la santĂ©. La question se pose dĂšs lors de savoir si une maĂźtrise suffisante peut attĂ©nuer l’effet nĂ©gatif du faible niveau d’études sur le comportement en matiĂšre de santĂ©. Pour rĂ©pondre Ă  cette question, des ‘analyses de mĂ©diation’ ont Ă©tĂ© effectuĂ©es. Une analyse de mĂ©diation se compose d’une sĂ©rie d’analyses de rĂ©gression successives, qui vĂ©rifient si une variable exerce un impact sur une autre variable.

Des analyses de régression ont été effectuées entre:

  • le niveau d’études et un comportement de santĂ©;
  • le niveau d’études et la littĂ©ratie en santĂ©;
  • la littĂ©ratie en santĂ© et un comportement de santĂ©;
  • le niveau d’Ă©tudes, la littĂ©ratie en santĂ© et un comportement de santĂ©.

Si on constate un impact du niveau d’études sur le comportement de santĂ© ainsi qu’un impact du niveau d’Ă©tudes sur la littĂ©ratie en santĂ© et de la littĂ©ratie en santĂ© sur le comportement de santĂ©, les trois conditions sont remplies pour effectuer une mĂ©ta-analyse permettant de comparer les relations entre elles. Si l’effet des Ă©tudes sur le comportement de santĂ© diminue par l’intervention de l’effet de la littĂ©ratie en santĂ© sur le comportement de santĂ©, il est question de mĂ©diation partielle de la relation entre le niveau d’études et le comportement de santĂ© par la littĂ©ratie en santĂ©. Si l’effet des Ă©tudes sur le comportement de santĂ© disparaĂźt, il y a une mĂ©diation complĂšte.

L’Ă©tude a fait apparaĂźtre un impact significatif du niveau d’Ă©tudes sur le tabagisme, une alimentation saine, l’activitĂ© physique, les traitements alternatifs et la consommation de mĂ©dicaments (analgĂ©siques et somnifĂšres). Aucune influence du niveau d’études n’a Ă©tĂ© constatĂ©e sur la consommation d’alcool. Pour cette variable, cela n’avait donc aucun sens d’analyser l’effet mĂ©diateur de la littĂ©ratie en santĂ©.

En ce qui concerne l’alimentation saine, l’activitĂ© physique et la consommation de mĂ©dicaments, un effet mĂ©diateur considĂ©rable de la littĂ©ratie en santĂ© a Ă©tĂ© constatĂ©. Autrement dit, une bonne littĂ©ratie en santĂ© peut attĂ©nuer l’effet nĂ©gatif d’un faible niveau d’études en matiĂšre d’alimentation saine, d’activitĂ© physique et de consommation des mĂ©dicaments. L’utilitĂ© d’une bonne Ă©ducation en matiĂšre de santĂ© et d’informations claires est ainsi dĂ©montrĂ©e.

Promotion de la santé des Mutualités chrétiennes

La prĂ©sente Ă©tude sur la littĂ©ratie en santĂ© confirme l’importance du travail effectuĂ© par les MC dans le domaine de la promotion de la santĂ©: proposer aux gens des informations comprĂ©hensibles en matiĂšre de santĂ© et les accompagner vers un mode de vie sain. Mais les rĂ©sultats montrent Ă©galement que nous n’y parvenons pas toujours. En effet, quatre Belges sur dix prĂ©sentent toujours des compĂ©tences insuffisantes en matiĂšre de santĂ© pour pouvoir effectuer les bons choix. Il reste donc encore des efforts Ă  faire pour continuer d’amĂ©liorer notre travail.

Les MC proposent des informations accessibles et objectives sur un grand nombre de thĂšmes comme l’alimentation, l’activitĂ© physique, les problĂšmes de santĂ© et la santĂ© mentale et accompagnent mĂȘme individuellement les personnes si nĂ©cessaire.

Vous trouverez ci-aprĂšs un bref rĂ©sumĂ© de l’offre actuelle du cĂŽtĂ© francophone.

Le site web mc.be regorge d’informations relatives Ă  la santĂ©, tant dans les rubriques ‘Maladies et traitements’, que dans celle ‘Votre santé’, consacrĂ©e Ă  la prĂ©vention. Ces informations sont validĂ©es par des experts et rĂ©guliĂšrement actualisĂ©es.

Toutes les deux semaines, le journal En Marche fait le point sur des thématiques santé et fournit une information complÚte, critique et neutre sur les sujets abordés.

Dans les centres mutualistes de santĂ© (CMS), des sessions d’information/formation sont rĂ©guliĂšrement organisĂ©es sur des thĂšme de santĂ© (diabĂšte, santĂ© mentale
).

Au sein des agences de la MC, des brochures couvrant une large variété de thÚmes santé (alimentation, activité physique, stress, allergies
) sont disponibles.

Enfin, Infor SantĂ©, le service de promotion de la santĂ© de la MC met Ă  disposition du public diffĂ©rentes publications et informations.Il organise rĂ©guliĂšrement des campagnes de sensibilisation du grand public. La prĂ©cĂ©dente s’intĂ©ressait Ă  la santĂ© dentaire des enfants. L’actuelle se penche sur les dĂ©fis de la santĂ© mentale.Le service est Ă©galement Ă  disposition de tous les professionnels de l’éducation et de la promotion de la santĂ©. Il met Ă  leur disposition des outils d’animation spĂ©cifique et de la documentation. La MC Ă©dite aussi Ă  leur attention le mensuel Éducation SantĂ© avec l’appui de la Wallonie et de la Cocof.

Bibliographie

  • SØrensen K., Van Den Broucke S., Fullam J., Doyle G., Pelikan J., Slonska Z., Brand H., for (HLS-EU) Consortium Health Literacy Project European. Health literacy and public health: A systematic review and integration of definitions and models. BMC Public Health 2012; 12:80.
  • Commission on Social Determinants of Health. Closing the gap in one generation: health equity through action on the social determinants of health. Final report of the Commission on Social Determinants of Health. GenĂšve: World Health Organization, 2008.
  • Sun X., Shi Y., Zeng Q., Wang Y., Du W., Wei N., Xie R., Chun Chang C. Determinants of health literacy and health behavior regarding infectious respiratory diseases: a pathway model. BMC Public Health 2013; 13:261.
  • Mitic W., Rootman I. Une approche intersectorielle pour amĂ©liorer la littĂ©ratie en santĂ© des Canadiens et Canadiennes. Public Health Association of BC, 2012.
  • Conseil canadien sur l’apprentissage. LittĂ©ratie en santĂ© au Canada: RĂ©sultats initiaux de l’EnquĂȘte internationale sur l’alphabĂ©tisation et les compĂ©tences des adultes. Ottawa: Conseil Canadien sur l’apprentissage, 2007.
  • Berkman N.D., Sheridan S.L., Donahue K.E., Halpern D.J., Crotty K. Low Health Literacy and Health Outcomes: An Updated Systematic Review. Annals of Internal Medicine 2011; 155:97-107.
  • Lee S.-Y. D., Tsai T.-I, Tsai Y.-W., Kuo K. N. Health literacy, health status, and healthcare utilization of Taiwanese adults: results from a national survey. BMC Public Health 2010; 10:614.
  • SØrensen K, Pelikan JM, Röthlin F, Ganahl K, Slonska Z, Doyle G, Fullam J, Kondilis B, Agrafiotis D, Uiters E, Falcon M, Mensing M, Tchamov K, Van Den Broucke S, Brand H. Health literacy in Europe: comparative results of the European health literacy survey (HLS-EU). Eur J Public Health, in press

La version intégrale de cet article a été publiée dans MC-Informations n° 258, décembre 2014, pages 48 à 55.

Voir aussi l’article de Pascale Dupuis, ‘La littĂ©ratie en santĂ©: comprendre l’incomprĂ©hension’, Éducation SantĂ© n° 309, mars 2015.

Voir l’article ‘Les compĂ©tences Ă©motionnelles et la santĂ© – Un facteur Ă  prendre en compte pour la prĂ©vention’, Vancoreland S., Avalosse H., Verniest R., Callens M., Mikolajczak, Vanbroek N., Rummens G., Kapala F., Éducation SantĂ© n° 311, p. 2 Ă  6.

Un score de 1 ou 0 a Ă©tĂ© attribuĂ© Ă  la rĂ©ponse aux diffĂ©rentes questions. Un score de 1 a Ă©tĂ© attribuĂ© aux catĂ©gories de rĂ©ponses ‘trĂšs facile’ et ‘assez facile’, et un score de 0 aux catĂ©gories ‘trĂšs difficile’ et ‘assez difficile’. Le score final reprĂ©sentait la somme des 16 questions, Ă  savoir un score de 0 Ă  16. Sur la base de ce score total, 3 groupes de littĂ©ratie en santĂ© ont Ă©tĂ© constituĂ©s: ‘insuffisant’ pour un score de 0 Ă  8, ‘limité’ pour un score de 9 Ă  12 et ‘suffisant’ pour un score de 12 et plus.

Sur les 16.999 rĂ©pondants, 9.616 ont Ă©tĂ© retenus, car il Ă©tait important pour l’étude sur les compĂ©tences Ă©motionnelles que tous les rĂ©pondants soient membres des MC durant la pĂ©riode Ă©tudiĂ©e.

Médecine générale et précarité

‘La relation de confiance avec les patients qui vivent dans des conditions prĂ©caires’, une session de sensibilisation proposĂ©e aux mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes

Promo SantĂ© & MĂ©decine GĂ©nĂ©rale (PSMG) est une asbl composĂ©e pour moitiĂ© de personnes de la SociĂ©tĂ© Scientifique de MĂ©decine GĂ©nĂ©rale (SSMG) et pour moitiĂ©, de la FĂ©dĂ©ration des maisons mĂ©dicales (FMM). Cette asbl a pour mission de diffuser la prĂ©vention en mĂ©decine gĂ©nĂ©rale dans une approche de promotion de la santĂ©, c’est-Ă -dire une prĂ©vention centrĂ©e sur la personne, respectant son choix Ă©clairĂ©, avançant Ă  son rythme, prenant en compte son environnement, intĂ©grant Ă©ventuellement d’autres acteurs du rĂ©seau psycho-mĂ©dico-social. L’asbl promeut les thĂ©matiques de prĂ©vention reprises dans le DMG+, le volet prĂ©ventif du dossier mĂ©dical global (DMG+) [1].

Introduction et problématique

PrĂ©occupĂ©e par les questions spĂ©cifiques de prĂ©vention et de promotion de la santĂ© que posent les patients qui vivent en milieu prĂ©caire, PSMG organise depuis 2009 des sessions de formation continue pour aider les gĂ©nĂ©ralistes Ă  aborder ces thĂ©matiques avec eux. On s’est rendu compte que derriĂšre la demande des mĂ©decins pour des rĂ©ponses pratiques (adresses d’équipes sociales, de santĂ© mentale, recours pour le logement, connaissance du fonctionnement d’un CPAS
) il y a beaucoup de bonne volontĂ© et de dĂ©sir d’aider mais aussi pas mal d’improvisation dans la gestion de la relation de la part de mĂ©decins mis en prĂ©sence de personnes qui vivent dans la prĂ©caritĂ©. On se rend compte que les mĂ©decins ont peu l’occasion de prendre distance par rapport Ă  ces patients en difficultĂ©s sociales, que le sentiment d’impuissance est trĂšs prĂ©sent et qu’il met Ă  mal la bienveillance. Parfois, aprĂšs quelques annĂ©es, certains mĂ©decins se sont enfermĂ©s dans des raisonnements auto-construits sur les pauvres, la pauvretĂ© ou les manques de la sociĂ©tĂ©. Parfois, des prĂ©jugĂ©s se construisent et ont la vie dure.

Nous nous sommes rendu compte qu’une approche instrumentale ne faisait pas vraiment changer les choses. Nous risquions de cantonner le mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste dans une sorte de gestion de la pauvretĂ©, alors qu’il a un rĂŽle singulier, unique auprĂšs de ses patients qui, Ă  la diffĂ©rence du personnel mis Ă  disposition par les services sociaux, le choisissent. Le gĂ©nĂ©raliste est extra-institutionnel.Il nous fallait donc Ă©largir notre champ au-delĂ  du ‘pratico-pratique’ demandĂ© (cela existe-t-il en matiĂšre de prĂ©caritĂ©?) sans nous limiter Ă  une moralisation des prĂ©jugĂ©s [2].

Contexte

Dans les GLEM (groupes locaux d’évaluation mĂ©dicale relevant de l’INAMI) et les DodĂ©cagroupes (groupes de formation continue de la SSMG) on est proche du terrain des gĂ©nĂ©ralistes, cliniciens de premiĂšre ligne formĂ©s Ă  trouver rapidement des solutions, qui voient beaucoup de patients, en consultation ou en visite Ă  domicile.

Ces groupes de formation continue sont relativement petits (10 Ă  15 mĂ©decins). Ils sont conduits par un participant-animateur, se rĂ©unissent au domicile de l’un d’entre eux, ou dans une salle de rĂ©union locale (hĂŽpital, maison mĂ©dicale, home
). Les groupes peuvent ĂȘtre trĂšs homogĂšnes et on y partage vraiment sa pratique, mais ce n’est pas toujours le cas. Le choix des sujets est en gĂ©nĂ©ral fait collectivement. Il s’agit le plus souvent de thĂšmes cliniques. Il peut arriver que le thĂšme ne soit choisi que par quelques-uns, et la majoritĂ© suit.Les sessions ont lieu en soirĂ©e, en fin de journĂ©e, aprĂšs les consultations ou les visites Ă  domicile.

Objectif

Nous organisons une sensibilisation. Nous cherchons Ă  interpeller, Ă  ‘rendre sensible’, amener les gĂ©nĂ©ralistes qui le dĂ©sirent sur un terrain qui ouvre des perspectives, Ă  leur montrer qu’ils peuvent sortir de l’improvisation et du sentiment d’impuissance. Pour ce faire, nous abordons les choses sous l’angle de la relation de confiance avec les personnes. Ainsi nous nous centrons sur ce que le gĂ©nĂ©raliste fait et construit, lĂ  oĂč il est, dans les instants durant lesquels il bĂątit le lien sur lequel peut prendre place un soin ou la proposition d’une dĂ©marche prĂ©ventive.

La sensibilisation a pour but de construire la relation de confiance avec les personnes qui vivent en milieu prĂ©caire.Nous avons estimĂ© qu’un travail au niveau de la relation de confiance est trĂšs concret et rassemble bon nombre de prĂ©occupations [3]. C’est un objectif assez clair, concis et qu’on peut aborder durant le temps court dont on dispose dans ces sessions de formation continue. Pour cela nous proposons de partager avec les participants des Ă©lĂ©ments qui permettent de se mettre un peu Ă  distance de l’émotionnel, pour ĂȘtre mieux au service des gens, pour ĂȘtre plus efficace Ă  long terme, se situer dans le projet personnel des gens, mĂȘme si celui-ci semble enfoui sous la misĂšre du quotidienNote bas de page.

Approche

Dans les GLEM et les DodĂ©cagroupes, on part toujours de la pratique des participants, c’est comme cela qu’on arrive Ă  capter leur attention. On cherche Ă  crĂ©er des ouvertures, Ă  proposer une premiĂšre Ă©tape vers un questionnement plus approfondi, une prise de conscience sociĂ©tale.

C’est en cherchant du cĂŽtĂ© de l’ethnographie [4] que nous avons trouvĂ© des dĂ©marches applicables aux cliniciens de premiĂšre ligne. Il s’agit d’apprendre Ă  se dĂ©centrer, de poser sur les gens et sur les choses un regard qui permet d’anticiper les impasses, un peu dĂ©calĂ© du face Ă  face, de voir la rĂ©alitĂ© un peu autrement, d’entrer en relation en prenant conscience qu’à lui seul, le regard induit une tension qui lui est propre.

Pour les praticiens de terrain, il est aussi important de prendre conscience de la diffĂ©rence. Mais jusqu’à quel point? Il est vrai que diffĂ©rencier permet de sortir de la tentation de l’assimilation, de l’universalitĂ© Ă  tout crin. Mais la question est de savoir qui diffĂ©rencie et qui universalise. C’est la question du positionnement, de la posture que se construit le praticien.

Comment, en moins de deux heures, travailler le décentrement et la posture avec des professionnels de premiÚre ligne, sur leur terrain, en face à face?

Comment aborder ces questions essentielles de maniĂšre participative, sur base de pratiques cliniques avec un groupe qui n’a bien souvent jamais parlĂ© de cela de maniĂšre structurĂ©e, qui attend des ‘solutions’, dont parfois une bonne partie des participants n’ont rien demandĂ© ou quelques-uns ‘attaquent dur’ avec des clichĂ©s ou des prĂ©jugĂ©s bien ancrĂ©s?Note bas de page

Se mettre en position de questionnement

On commence par donner la parole Ă  chacun des participants pour exprimer leur vĂ©cu et leur ressenti par rapport aux personnes qui les consultent ou qui les appellent Ă  domicile et qui vivent en situation prĂ©caire. On fait un tour de table, chacun a droit Ă  la parole, mais Ă  tour de rĂŽle. Personne n’intervient en dehors de son tour de parole.

Comme c’est un sujet rarement abordĂ©, les mĂ©decins ‘se lĂąchent’ et ça peut partir dans tous les sens. Il suffit qu’un participant lance une opinion toute faite ou un prĂ©jugĂ© tenace pour que toute l’approche se bloque. On donne donc la consigne de s’exprimer sous forme de questions.

Cette consigne est en gĂ©nĂ©ral difficile Ă  suivre. Les premiers participants sont d’emblĂ©e dans les constats (nĂ©gatifs) ou les difficultĂ©s de faire, de trouver des solutions. Il faut reprendre plusieurs fois la proposition de rĂ©flĂ©chir Ă  une ou des question(s) que chacun se pose sur le vĂ©cu de ces patients et de leur familleNote bas de page. Les questions amenĂ©es peuvent ĂȘtre, par exemple, quelles sont leurs prioritĂ©s? Quelles sont leurs aspirations? Dans leurs besoins, quelle est la position des besoins mĂ©dicaux? DerriĂšre l’urgence, quelle est la demande? Comment ‘ça’ (la vie, la survie) fonctionne? Dans l’errance, que cherchent-ils? Quelles sont leurs valeurs? Qu’est-ce que, pour eux, la prĂ©caritĂ©? Quel est l’avenir? Le long terme?

Le fait de ‘cadrer’ le tour de table autour du questionnement sur le vĂ©cu permet de revenir sur les impasses possibles que sont les constats, les interprĂ©tations, les jugements, la question que faire (dans l’immĂ©diat)?, la critique du systĂšme social ou l’une ou l’autre forme de compassion.

On laisse aussi la place pour que chaque mĂ©decin puisse parler de ce qu’il fait, de ses initiatives: par exemple, une gĂ©nĂ©raliste de Bruxelles ouvre discrĂštement une consultation gratuite une aprĂšs-midi par semaine, un gĂ©nĂ©raliste Ă  la retraite continue ses visites Ă  domicile
 Avec sa trousse Ă  outils pour rĂ©parer plafond et tuyaux, un autre parle de la coordination qu’il a mise en place dans des familles avec l’assistante sociale du CPAS


Pour des raisons didactiques/pĂ©dagogiques on concentre les discussions sur les familles dites du Quart Monde, pour ne pas ajouter Ă  la complexitĂ© du thĂšme le traitement de problĂ©matiques trĂšs spĂ©cifiques comme la toxicomanie, diffĂ©rentes situations d’immigration, la clandestinité 

Il s’agit de travailler la relation de confiance, donc de se concentrer sur l’interface relationnelle entre le mĂ©decin et la personne, lors d’une consultation ou d’une visite. On essaye d’éviter que les dĂ©bats ne portent sur une autre complexitĂ© qui mettrait Ă  distance celle de la relation Ă  construire. Nous n’avons que deux petites heures


Au terme de cette premiĂšre activitĂ©, on Ă©voque 10 Ă  15 situations. Chacune d’entre elles se prĂȘte Ă  passer du constat ou de l’opinion au questionnement sur le vĂ©cu. AprĂšs cela, plusieurs participants se rendent compte que nous n’avons pas de rĂ©ponses Ă  ces questions pourtant vitales. Nous ne savons pas comment les gens vivent ou survivent dans les conditions dans lesquelles ils sont. On est un peu plus dans l’ouverture, humblement, plus prĂȘt au dialogue, Ă  la relation.

La relation au monde

On passe ensuite au travail sur la relation au monde, Ă©galement issu de l’ethnographie. Ce travail est entendu en premier lieu comme une prise de conscience de la part du mĂ©decin de sa propre relation au monde, puis dans un deuxiĂšme temps, de la relation au monde de son patient en situation prĂ©caire. L’idĂ©e est ici que la prise de conscience de sa propre relation au temps, Ă  l’espace, au corps, Ă  l’argent, au travail
 permet de se rendre compte qu’on parle Ă  des personnes qui vivent de maniĂšre tout Ă  fait diffĂ©rente dans le mĂȘme monde que le nĂŽtre [5 ]. Nous n’allons pas changer notre relation au monde ni la leur, mais nous rendre compte d’oĂč nous parlons Ă  un patient prĂ©carisĂ© et d’oĂč nous le regardons nous permet de nous rendre compte que nous parlons ‘poisson’ dans le monde des ‘oiseaux’


On aborde la relation au temps. Nous sommes des gens qui vivons dans un temps long, prospectif, nous faisons des plans Ă  long terme pour notre vie professionnelle et familiale. Et nous parlons avec des personnes qui vivent au jour le jour, qui ne font des plans que pour la semaine ou pour le mois.On aborde la relation Ă  l’espace qui est pour nous large, le monde est un village, nous partons en vacances en Espagne ou bien plus loin encore, nous avons un neveu ou une niĂšce en Erasmus bien loin de chez nous, alors que nous parlons Ă  des personnes qui vivent dans un carrĂ© de quelques centaines de mĂštres de cĂŽtĂ©, dĂ©limitĂ© par la maison, le magasin hard discount, le CPAS et le cabinet mĂ©dical.

On peut aussi aborder la relation que nous avons avec notre corps, les soins que nous lui prodiguons, tandis que les personnes avec lesquelles nous parlons


Il est trĂšs important de garder Ă  l’esprit que dans la relation qu’entretiennent les personnes prĂ©carisĂ©es avec le monde, il y a bien souvent un dĂ©nominateur commun qui est celui de la honte, sournoise, cachĂ©e
 [6]

TĂ©moignages

En troisiĂšme partie de ces sessions de sensibilisation nous abordons des tĂ©moignages de personnes du Quart Monde et de mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes. Nous utilisons pour cela un film que nous avons tournĂ© avec le cinĂ©aste Philippe Jadot: ‘Parole donnĂ©e, les patients, la prĂ©caritĂ©, la relation de confiance’. Sept personnes et six gĂ©nĂ©ralistes de Wallonie et de Bruxelles y parlent de la confiance qu’ils ont construite ensemble. Ils parlent de la prĂ©caritĂ© et de la pauvretĂ©, bien sĂ»r, puis de la santĂ©, des soins de santĂ©, de la relation bĂątie sur le long terme, de l’indispensable non-jugement.

Le film dure 25 minutes. Les mĂ©decins et les patients apparaissent sur un fond neutre, le mĂȘme pour chacune des personnes.

C’est un documentaire qui a Ă©tĂ© trĂšs resserrĂ© au montage. Il est dense, il touche et met les opinions les plus carrĂ©es Ă  l’épreuve de l’humain. AprĂšs la projection, on lance un dĂ©bat sur les thĂ©matiques qui y sont abordĂ©es: la honte et le jugement, la prĂ©caritĂ©, la maladie, crĂ©er l’alliance, les conditions de vie, l’importance des visites Ă  domicile, se laisser toucher par les patients, les enfants, la relation de confiance et les limites Ă  poser, la prĂ©vention, le paiement des soins et pour finir, un message aux jeunes mĂ©decins.

Retours et Ă©valuation en fin de session

En fin de session, on fait un dernier tout de table en posant aux participants la question: «Avec quoi repartez-vous»?

Parmi les retours que nous avons eus, il y a ceux qui concernent le film documentaire que les mĂ©decins trouvent trĂšs vrai, trĂšs touchant, respectueux des gens et de la rĂ©alitĂ© professionnelle des gĂ©nĂ©ralistes. Il y a aussi des apprĂ©ciations sur les diffĂ©rents rapports au monde qu’on a Ă©voquĂ©s (le temps, l’espace), une dĂ©couverte bien souvent, une perception plus concrĂšte des diffĂ©rences qui sous-tendent la relation en consultation ou en visite Ă  domicile.

Perspectives

L’animation a eu lieu dans 14 GLEM et DodĂ©cagroupes ainsi que dans 6 maisons mĂ©dicales en 2014.

Le film est aussi demandĂ© pour animer des sĂ©minaires de formation de jeunes gĂ©nĂ©ralistes, en lien avec les DĂ©partements de mĂ©decine gĂ©nĂ©rale, un cours de philosophie en BAC1 de mĂ©decine, une soirĂ©e de rhĂ©toriciens
 Nous accompagnons la projection d’un tour de table pour susciter le questionnement (versus des constats nĂ©gatifs ou des prĂ©jugĂ©s) et d’un exposĂ© sur les diffĂ©rentes relations au monde. Nous prĂ©parons un cĂ©dĂ©rom additionnel qui reprend ces deux dĂ©marches de dĂ©centrement et dont la projection sera proposĂ©e en prĂ©lude du documentaire lorsque celui-ci sera demandĂ©.

Nous nous rendons compte que les mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes vivent un trĂšs grand isolement sur ces questions de prĂ©caritĂ© et en parlent peu entre eux. Comme le ‘Social’ est trĂšs peu abordĂ© durant leur formation initiale, ils sont souvent dans la construction de solutions ad hoc et peuvent jouer Ă  l’apprenti-sorcier.

L’étape suivante serait alors de proposer aux mĂ©decins qui le veulent des supervisions cliniques [ 7], un accompagnement pour pouvoir ‘poser son sac’ aprĂšs avoir rencontrĂ© ces situations difficiles. Cela se fait pour les pratiques cliniques en lien avec les patients chroniques (groupes Balint), pour les gĂ©nĂ©ralistes qui s’occupent de questions de toxicomanie (rĂ©seau d’aide aux toxicomanes, RAT), pourquoi pas sur les thĂ©matiques qui touchent la prĂ©caritĂ©?

Bibliographie

[1] http://www.ssmg.be/prevention/notre-vision-de-la-prevention, http://www.inami.fgov.be/fr/professionnels/sante/medecins/qualite/Pages/dossier-medical-global.aspx#Module_de_pr%C3%A9vention_%28num%C3%A9ro_de_code_de_nomenclature_102395%29

[2] E. Marc Lipianski, La formation interculturelle consiste-t-elle à combattre les stéréotypes et les préjugés?, document de travail, Université Paris X, Nanterre, 2012

[3] ATD Quart Monde Wallonie-Bruxelles asbl, Professionnels de la santĂ©, vous avez un rĂŽle important dans la rĂ©alisation de nos projets: une interpellation du Quart Monde, Collection Nous d’un Peuple, 2008 et SantĂ© ConjuguĂ©e, N°49, juillet 2009, pp 24 -31. http://www.atd-quartmonde.be/IMG/pdf/Projets_sante2.pdf et http://www.maisonmedicale.org/Professionnels-de-la-sante-vous.html

[4] Jean-Pierre Olivier de Sardan, La rigueur du qualitatif, les contraintes empiriques de l’interprĂ©tation socio-anthropologique, Academia, 2008

[5] Anne Piquard, Ghislaine Capiomont, Odile Oberlin, À la rencontre de l’enfant de milieu trĂšs dĂ©favorisĂ© ou ambigĂŒitĂ© du regard psychiatrique sur «ces gens-là», Psychiatrie de l’Enfant, 1987, p. 167 Ă  207

[6] Boris Cyrulnik, La honte, Mourir de dire, Odile Jacob, 2010

[7] Paul Lodewick et GĂ©rard Pirotton, La supervision: espace de rĂ©flexivitĂ© et d’enjeux, Politiques Sociales, 1 & 2, 2007

On parle ici des mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes. On pourrait aussi trĂšs bien aborder ces questions avec des enseignants, des travailleurs sociaux, des personnels d’une administration communale, des personnes qui travaillent dans le secteur de la justice


Un classique étant les télévisions à écran plat dernier cri ou les smartphones de derniÚre génération que se paient les personnes en difficulté.

Si ça bloque on suggĂšre de partir d’un incipit tel que «Au fond, aprĂšs toute mes annĂ©es de pratique, avec mon expĂ©rience de la vie et mon expĂ©rience mĂ©dicale, je me demande si
 pourquoi
 comment
?»

L’animal pour Ă©duquer?

Animal sauvage ou domestique, petite ou grande bĂȘte, d’ici ou d’ailleurs
 On l’observe, on le touche, on le mange aussi. L’ĂȘtre humain entretient avec l’animal une relation riche, complexe, diversifiĂ©e. Une relation qui peut ĂȘtre source de nombreux apprentissages mutuels, de l’autre, du vivant, du monde


À la croisĂ©e entre Ă©ducation et bien-ĂȘtre, le dossier du numĂ©ro 107 du magazine SymbiosesNote bas de page questionne notre rapport Ă  l’animal et sa place en Éducation relative Ă  l’Environnement (ErE). Pour ce faire, des articles de rĂ©flexion et des reportages de terrain mettent en avant des projets d’écoles, de quartiers et des activitĂ©s portĂ©es par des associations spĂ©cialisĂ©es dans le domaine du bien-ĂȘtre animal et de l’éducation Ă  l’environnement. Aussi, une recension d’outils pĂ©dagogiques et d’adresses utiles invitent le lecteur (enseignant, animateur, Ă©co-conseiller, parent
) Ă  aller plus loin encore dans sa dĂ©marche tant rĂ©flexive que de mise en action concrĂšte.

Moins 15%

Dans son Ă©ditorial de ce mĂȘme numĂ©ro, JoĂ«lle Van Den Berg, directrice de publication, Ă©crit ceci: «TouchĂ© par les mesures d’austĂ©ritĂ©, le secteur environnemental, aux cĂŽtĂ©s d’autres secteurs du non-marchand, comme le social et la santĂ©, est fragilisĂ© par des diminutions (de 15% et plus) de ses subsides avec pour consĂ©quences directes la rĂ©duction et la prĂ©carisation de l’emploi. En perspectives: la diminution des services en nombre et en qualitĂ©.»Un constat qui nous est malheureusement familier


Ce numĂ©ro peut ĂȘtre commandĂ© en ligne (4 euros) ou tĂ©lĂ©chargĂ© sur www.symbioses.be.

Réseau Idée, rue Royale 266, 1210 Bruxelles. Tél.: 02 286 95 70. Courriel: info@reseau-idee.be. Internet: www.reseau-idee.be. Antenne wallonne: rue Nanon 98, 5000 Namur. Tél.: 081 39 06 96.

Symbioses, le magazine de l’Éducation Ă  l’Environnement, est rĂ©alisĂ© par le RĂ©seau IDĂ©e. Il s’adresse aux enseignants, animateurs, parents, Ă©co-conseillers, Ă©ducateurs
 qui dĂ©sirent mener des activitĂ©s, des projets ou des Ă©vĂ©nements d’éducation Ă  l’environnement auprĂšs des publics jeunes et moins jeunes. Il paraĂźt 4 fois par an, abonnement de 12 euros.

Premiers rĂ©sultats de l’étude NutriNet SantĂ© en Belgique

Le niveau des revenus, principal dĂ©terminant de l’équilibre alimentaire


Les premiers rĂ©sultats du volet belge de l’étude NutriNet-SantĂ© montrent des liens concrets entre l’ñge, le sexe et surtout le niveau des revenus et les principaux indicateurs de l’équilibre alimentaire.

NutriNet-Sante (www.etude-nutrinet-sante.be) suit une communautĂ© de ‘Nutrinautes’ en Belgique francophone (volontaires issus de la population). Par l’intermĂ©diaire d’internet, elle permet de collecter des informations sur les relations entre l’alimentation et la santĂ©, ainsi que sur les comportements alimentaires. LancĂ©e en France par le Prof. Serge Hercberg (Inserm, UniversitĂ© Paris 13), le volet belge qui a dĂ©butĂ© en juin 2013, est pilotĂ© par les Profs VĂ©ronique Maindiaux (Institut Paul Lambin, HE Vinci) et Jean NĂšve (FacultĂ© de Pharmacie, UniversitĂ© Libre de Bruxelles). Les premiers rĂ©sultats montrent que les Nutrinautes belges sont loin d’ĂȘtre dĂ©connectĂ©s des principes de l’équilibre alimentaire. Ils confirment en outre les liens entre l’ñge, le sexe, les disparitĂ©s socio-Ă©conomiques et diffĂ©rents marqueurs d’une alimentation Ă©quilibrĂ©e.

Aperçu des principaux résultats

L’analyse totale porte sur 1170 sujets, ĂągĂ©s de 18 Ă  plus de 60 ans.

Les donnĂ©es de consommation (au moins deux analyses) reflĂštent l’alimentation de 760 Nutrinautes (82 % de femmes, 18 % d’hommes).

Un poids plus sain

La corpulence des Nutrinautes (IMC) est meilleure que celle de la population Belge : 60,6 % ont un IMC normal et 33,5 % sont en excĂšs de poids, alors que selon la derniĂšre EnquĂȘte de SantĂ© (2013), l’excĂšs de poids concerne 48 % des belges adultes de 18 ans et plus. L’apport calorique est Ă©valuĂ© Ă  1760 kcal/j pour les femmes et 2167 kcal/j pour les hommes, ce qui est compatible avec un poids sain, mĂȘme dans une population relativement sĂ©dentaire.

Des consommations alimentaires qui varient en fonction de l’ñge et du sexe

Les plus jeunes ont des comportements alimentaires moins favorables sur le plan nutritionnel et de la santé.

PrĂšs d’un Nutrinaute sur deux (45 %) atteint au moins les cinq portions de fruits et lĂ©gumes recommandĂ©es par jour. Les plus jeunes (18-30 ans) et les sujets avec les plus faibles revenus sont les plus nombreux Ă  consommer moins de 5 fruits et lĂ©gumes par jour.

La consommation de viandes, charcuterie et abats est plus Ă©levĂ©e chez les hommes que chez les femmes. Elle augmente avec l’ñge chez les femmes et est la plus Ă©levĂ©e chez les hommes de 31 Ă  60 ans.

La consommation de poissons et fruits de mer est plus élevée chez les sujets plus ùgés.

La consommation de pommes de terre augmente avec l’ñge dans les deux sexes.

La consommation de fibres est plus élevée chez les hommes que chez les femmes. Elle est plus faible chez les sujets plus jeunes.

Le niveau de revenus, un indicateur majeur de la santé nutritionnelle

Les rĂ©sultats apportent des Ă©lĂ©ments concrets sur la relation entre le niveau des revenus et des marqueurs de la qualitĂ© de l’alimentation.

La consommation de fruits et lĂ©gumes, un des marqueurs de l’équilibre alimentaire, est plus Ă©levĂ©e parmi les hauts revenus par rapport aux plus faibles revenus.

Les féculents tels que le pain et les pommes de terre, dont la consommation est généralement inférieure aux recommandations, sont également plus consommés parmi les hauts revenus par rapport aux plus faibles chez les hommes.

Bien que la consommation de viande soit légÚrement supérieure parmi les hauts revenus chez les hommes (107 g/j contre 95 g/j pour les plus faibles revenus), elle reste largement inférieure à la moyenne de la population masculine (152 g/j).

La consommation de poissons et fruits de mer est plus basse chez les femmes ayant des faibles revenus.

La consommation de produits laitiers est plus souvent inférieure aux recommandations (2,5 à 3,5 produits laitiers/j) parmi les plus faibles revenus, en particulier chez les femmes (74 % des femmes avec les revenus les plus faibles sont sous les recommandations).

L’apport en fibres alimentaires – gĂ©nĂ©ralement insuffisant – est lui aussi plus faible parmi les revenus infĂ©rieurs.

Au total

Ces premiers rĂ©sultats mettent en Ă©vidence que les comportements alimentaires et l’état nutritionnel sont fortement influencĂ©s par le sexe, l’ñge et le niveau socio-Ă©conomique :

  • les populations les plus jeunes ont des comportements alimentaires moins favorables sur le plan nutritionnel et de la santĂ©;
  • la qualitĂ© de l’alimentation est moins bonne dans les populations dont les revenus sont les moins Ă©levĂ©s (moins de fruits et lĂ©gumes, de poissons, de fibres). L’équilibre alimentaire dĂ©pend donc en partie de l’épaisseur du portefeuille;
  • les faibles revenus et les jeunes gĂ©nĂ©rations ont un comportement alimentaire Ă  plus haut risque d’obĂ©sitĂ© et de maladies chroniques.

Nouvel appel Ă  volontaires en Belgique

Les chercheurs ont besoin de plus de volontaires pour Ă©tendre cette Ă©tude et encore mieux comprendre les relations entre l’alimentation, l’activitĂ© physique et la santĂ© ainsi que les comportements alimentaires et l’état nutritionnel des Belges francophones.

En rĂ©pondant aux diffĂ©rents questionnaires sur l’alimentation, l’activitĂ© physique et la santĂ©, les participants contribuent Ă  faire progresser les connaissances en nutrition en Belgique. Chacun peut facilement devenir un acteur de la recherche et jouer un rĂŽle important pour l’amĂ©lioration de la santĂ© de tous et le bien-ĂȘtre des gĂ©nĂ©rations futures.

Plus d’infos sur le site belge de NutriNet: www.etude-nutrinet-sante.be

La protection des jeunes est particuliÚrement défaillante!

La journĂ©e mondiale sans tabac a donnĂ© l’occasion Ă  la Coalition nationale contre le tabac de juger sĂ©vĂšrement la politique de la Belgique en la matiĂšre.

Huit mois aprĂšs sa prise de fonction, le bilan du gouvernement fĂ©dĂ©ral est particuliĂšrement mĂ©diocre en ce qui concerne sa politique de lutte contre le tabac. En effet, rien n’est fait pour dĂ©courager le tabagisme: la protection des jeunes est minimaliste et les mesures visant Ă  dĂ©courager l’usage du tabac sont tout bonnement absentes.

Depuis octobre 2014, le gouvernement et les partis de la coalition au pouvoir n’ont pas augmentĂ© les taxes sur les cigarettes; la taxation du tabac Ă  rouler a trop faiblement augmentĂ©; le dĂ©bat sur l’adoption du paquet neutre a Ă©tĂ© refusĂ© par le rejet des audiences au SĂ©nat sur ce sujet et aucune initiative n’a Ă©tĂ© prise pour dĂ©courager l’usage du tabac, maintenant ou pour les annĂ©es Ă  venir.

Selon la derniĂšre EnquĂȘte nationale de santĂ©, 1 Belge sur 4 fume encore. Le nombre de fumeurs a certes diminuĂ© pendant une longue pĂ©riode, mais cette tendance n’est plus d’actualitĂ© aujourd’hui. Depuis 2008, le nombre de fumeur n’a diminuĂ© que de 2%. Cette baisse est plus faible que prĂ©vu et nĂ©cessite d’engager des efforts supplĂ©mentaires dans la lutte contre l’usage du tabac. Le tabagisme des femmes jeunes continue d’augmenter, il s’agit lĂ  d’un phĂ©nomĂšne Ă©mergent.

Par ailleurs, le tabagisme est fortement liĂ© Ă  la situation socio-Ă©conomique. Ainsi, selon l’enquĂȘte, le tabagisme est plutĂŽt une habitude de personnes et de milieux sociaux n’ayant pas bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un enseignement supĂ©rieur. De ce fait, le tabac crĂ©e et renforce les inĂ©galitĂ©s de santĂ© entre les diffĂ©rents groupes sociaux de notre sociĂ©tĂ©.

Les jeunes insuffisamment protégés

Notre pays agit trop peu en vue de protĂ©ger les jeunes de la fumĂ©e de tabac et de la dĂ©pendance au tabac. Du reste, ceux qui veulent rĂ©sister Ă  la tentation de fumer doivent ĂȘtre particuliĂšrement dĂ©terminĂ©s. De fait, dans l’enseignement secondaire professionnel, 1 jeune sur 3 fume. De mĂȘme, en Belgique, les produits du tabac sont relativement bon marchĂ© en raison d’une faible politique de prix et de taxation.

Le tabac Ă  rouler est d’ailleurs le moins cher de tous. Accessibles en divers lieux de vente, les cigarettes manufacturĂ©es et le tabac Ă  rouler font encore l’objet de publicitĂ©s, souvent aux cĂŽtĂ©s de friandises et de magazines. Ainsi, dans notre pays, la publicitĂ© pour le tabac est encore et toujours exposĂ©e sur des lieux stratĂ©giques: Ă  l’intĂ©rieur et Ă  l’extĂ©rieur des kiosques Ă  journaux, l’industrie du tabac continue de faire la promotion de ses produits.

Ce qui manque Ă  notre pays c’est une approche cohĂ©rente et efficace composĂ©e de diverses mesures se renforçant mutuellement. La Belgique est Ă  la traĂźne par rapport aux mesures positives mises en oeuvre dans les pays voisins.

Cinq mesures pour sauver des vies

Dans le cadre de la JournĂ©e mondiale sans tabac du 31 mai dernier, les organisations membres de la Coalition nationale contre le tabac ont demandĂ© instamment au gouvernement de s’atteler enfin Ă  la lutte contre le tabagisme. En outre, Ă  l’occasion de la transposition de la Directive europĂ©enne 2014/40/UE sur les produits du tabac en mai 2016, elles prĂŽnent aussi la prise des mesures suivantes:

  1. AprĂšs l’Irlande, la Finlande, la SuĂšde, l’Italie, l’Estonie, Chypre, Malte, l’Islande, la NorvĂšge, la Bulgarie, la Croatie et l’Ukraine: l’interdiction totale de la publicitĂ© pour le tabac dans et sur la devanture des points de vente.
  2. AprĂšs l’Islande, la NorvĂšge, l’Irlande, la Finlande, le Royaume-Uni, la Hongrie, la Croatie et l’Ukraine: l’interdiction de prĂ©sentation des produits du tabac de maniĂšre visible dans les points de vente.
  3. AprĂšs l’Australie, l’Irlande, le Royaume-Uni et la France: l’introduction du paquet neutre pour les produits du tabac (Ă  savoir sans logos ou couleurs attrayantes).
  4. L’augmentation significative du prix du tabac Ă  rouler d’au moins 1€ et du prix des cigarettes manufacturĂ©es d’au moins 0,50€ en 2015.
  5. Aprùs la France, le Royaume-Uni et l’Irlande: l’introduction d’une loi renforçant la protection des enfants en voiture par une interdiction de fumer pendant le transport de ces derniers.

En somme, la Coalition nationale contre le tabac demande de renverser la tendance et de faire de la protection de la santé de tous une priorité.

Chaque annĂ©e, en Belgique, de 14 Ă  15 000 personnes meurent des suites du tabagisme. De mĂȘme, le nombre de femmes victimes du cancer du poumon augmente. En 2011, 6710 personnes sont dĂ©cĂ©dĂ©es d’un cancer du poumon en Belgique, dont 4868 hommes et 1842 femmes.

Coalition nationale contre le tabac

La Coalition nationale contre le tabac rĂ©pond au souhait de l’Europe Contre le Cancer que les coalitions nationales des États membres de l’Union europĂ©enne rĂ©alisent une stratĂ©gie internationale de prĂ©vention du tabagisme. Elle a donc comme objectif de traduire une stratĂ©gie internationale de prĂ©vention du tabagisme au niveau de la situation belge et d’en stimuler la rĂ©alisation dans notre pays.

La Coalition est, actuellement, la seule association regroupant des organismes actifs et reprĂ©sentatifs, dans le domaine du tabagisme, des trois communautĂ©s linguistiques de notre pays. De la sorte, la JournĂ©e mondiale sans tabac annuelle bĂ©nĂ©ficie d’une visibilitĂ© mĂ©diatique concertĂ©e, cohĂ©rente et fĂ©dĂ©rale.

Les membres de la Coalition nationale contre le tabac sont: Fondation contre le Cancer, Association pharmaceutique belge (APB), Arbeitsgemeinschaft FĂŒr Suchtvorbeugung und LebenbewĂ€ltigung (ASL), Ligue cardiologique belge, Fonds des Affections Respiratoires (FARES), Kom op tegen Kanker (KOTK), Observatoire de la SantĂ© du Hainaut (OSH), Service d’Étude et de PrĂ©vention du Tabagisme (SEPT), SociĂ©tĂ© Scientifique de MĂ©decine GĂ©nĂ©rale (SSMG), Vlaams Instituut voor Gezondheidspromotie en Ziektepreventie (VIGeZ), Vlaamse Vereniging voor Respiratoire Gezondheidszorg en Tuberculosebestrijding (VRGT).

En 2015, la coalition est présidée par la Fondation contre le Cancer.Adresse: Coalition nationale contre le tabac, chée de Louvain 479, 1030 Bruxelles. Tél.: 02 736 99 99.

Dépistage du VIH: dépistage décentralisé et démédicalisé

À l’heure actuelle, la stratĂ©gie de dĂ©pistage de pointe du VIH est mĂ©dicalisĂ©e et centralisĂ©e, c’est-Ă -dire effectuĂ©e par un professionnel de la santĂ© en milieu clinique.

Cette stratĂ©gie de pointe utilise des tests en laboratoire (dosages immunoenzymatiques, immunotransfert) effectuĂ©s sur des Ă©chantillons de sang et les rĂ©sultats finaux des tests sont communiquĂ©s lors d’une consultation en face-Ă -face chez un mĂ©decin/professionnel de la santĂ©. Il est important de souligner que, pour la plupart des personnes (y compris les mineurs d’Ăąge), cette stratĂ©gie reste l’option privilĂ©giĂ©e pour le test du VIH.

Nouvelles recommandations en faveur d’un dĂ©pistage dĂ©centralisĂ© et dĂ©mĂ©dicalisĂ©

Les recommandations et lignes directrices les plus récentes relatives aux stratégies de dépistage du VIH ainsi que le Plan national VIH belge prévoient une série de conditions préalables pour les stratégies de dépistage décentralisé et démédicalisé.

Le recours aux stratĂ©gies dĂ©centralisĂ©es et dĂ©mĂ©dicalisĂ©es doit ĂȘtre rĂ©servĂ© aux personnes qui, dans le cas contraire, passeraient Ă  travers les mailles du filet de la stratĂ©gie actuelle. Au cours des derniĂšres annĂ©es, plusieurs programmes offrant des solutions alternatives Ă  plusieurs aspects de la stratĂ©gie de pointe existante ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s et fait l’objet de projets pilotes. Parmi ces alternatives figurent:

  • la collecte d’Ă©chantillons au cours d’activitĂ©s de sensibilisation;
  • l’utilisation de tests VIH rapides;
  • l’utilisation d’Ă©chantillons de salive (plutĂŽt que des Ă©chantillons de sang)
  • la communication des rĂ©sultats des tests par tĂ©lĂ©phone/SMS/internet;
  • et l’implication de personnel non professionnel de la santĂ©, qui pourrait faciliter, voire participer au processus de dĂ©pistage du VIH.

Chacun de ces éléments est examiné dans cet avis.

Comité directeur

Une exigence prĂ©liminaire est de standardiser la phase de prĂ©-test de tels projets de dĂ©pistage. Compte tenu du fait qu’il s’agit d’un processus qui concerne tant la dimension mĂ©dicale que les aspects relatifs aux travaux en laboratoire et aux communautĂ©s Ă  risque, le CSS recommande la mise en place d’un comitĂ© directeur. Ce comitĂ© serait chargĂ© d’Ă©valuer la pertinence d’un programme dans lequel le dĂ©pistage dĂ©centralisĂ© et dĂ©mĂ©dicalisĂ© sera proposĂ© par l’une des structures autorisĂ©es Ă  le faire.

Recueil et traitement de données

Les donnĂ©es doivent ĂȘtre recueillies et traitĂ©es (liaison avec les soins, surveillance…) au sein d’une structure unique au large champ d’activitĂ©s (Institut scientifique de santĂ© publique). Le programme actuel doit ĂȘtre harmonisĂ© (soins intĂ©grĂ©s).

Formation

Compte tenu du contexte dans lequel est effectuĂ© le dĂ©pistage dĂ©centralisĂ© et dĂ©mĂ©dicalisĂ©, il est nĂ©cessaire de se forger une idĂ©e prĂ©cise du niveau de qualitĂ© ainsi obtenu. Cela requiert la mise en place d’un systĂšme d’assurance de qualitĂ© pour le dĂ©pistage dĂ©centralisĂ© et dĂ©mĂ©dicalisĂ©.

Par conséquent, le CSS conseille aux autorités de santé publique belges de mettre sur pied une formation continue spécifique pour les personnes concernées.

L’avis dans son intĂ©gralitĂ© se trouve sur le site internet du Conseil SupĂ©rieur de la SantĂ©.

‘En mille morceaux’, un roman et un site internet pour les jeunes

[D’aprĂšs le communiquĂ© d’Infor-Drogues]

Pour les parents (et les Ă©ducateurs au sens large), les adolescents d’aujourd’hui ont parfois, souvent, passionnĂ©ment
 des comportements excessifs. Trop d’internet, de Facebook, de jeux, d’alcool, de cannabis, etc. C’est vrai que ces diffĂ©rents ‘objets’ sont trĂšs prĂ©sents et parfois bien difficiles Ă  gĂ©rer, mĂȘme par les adultes!

Infor-Drogues a demandĂ© Ă  Nicolas Ancion d’écrire un roman pour les 15-17 ans qui dĂ©crirait les vies croisĂ©es de quelques jeunes de notre Ă©poque, eux aussi confrontĂ©s Ă  tous ces objets. À travers leurs parcours, leurs relations, leurs familles, leurs espoirs et leurs difficultĂ©s on dĂ©couvre comment chacun d’entre eux se dĂ©brouille: avec excĂšs
 ou pas.

Le site internet www.enmillemorceaux.be prolonge cette logique en proposant de nouvelles situations avec lesquelles le lecteur ou l’internaute pourra construire des relations entre le personnage de fiction, son environnement et son comportement. En effet, pour agir sur des comportements il est important d’en comprendre le sens.

Ce projet constitue la suite logique de l’outil ‘J’arrĂȘte quand je veux!’ centrĂ© sur l’utilisation des jeux vidĂ©o et destinĂ© aux enfants de fin de primaireNote bas de page [1]. «Avec le roman ‘J’arrĂȘte quand je veux!’ et le site internet (www.jarretequandjeveux.org), on a vraiment senti qu’on touchait un sujet trĂšs actuel et qu’on rĂ©pondait Ă  une demande de beaucoup d’instituteurs» rappelle Antoine Boucher, porteur du projet pour Infor-Drogues. Nicolas Ancion, dĂ©jĂ  lui, avait su captiver les lecteurs avec l’histoire de ThĂ©o, un ‘grand’ de 12 ans qui dĂ©couvre un jeu vidĂ©o auquel il ne rĂ©sistera pas


Le site internet proposait des pistes pour les enfants, les parents et les instituteurs. «Le succĂšs fut tel qu’on a naturellement eu envie de poursuivre la collaboration avec Nicolas, mais en visant cette fois un public adolescent avec une thĂ©matique qui leur parle», ajoute Antoine Boucher.

Des thématiques multiples et une difficulté à se dire

«J’ai visitĂ© plusieurs classes d’adolescents pour tenter de dĂ©couvrir l’objet ou la prise de risque autour duquel bĂątir mon roman», se souvient Nicolas Ancion. «Mais, trĂšs vite, je me suis rendu compte que je ne pourrais pas baser mon intrigue sur un objet unique. Les jeunes de cet Ăąge-lĂ  ont des pratiques beaucoup plus diverses qu’en primaire. DĂ©jĂ  entre garçons et filles, c’est trĂšs diffĂ©rent. Je voulais Ă©crire un roman avec plein d’histoires pour que chacun puisse s’identifier Ă  certains personnages ou au contraire en rejeter d’autres» ajoute-t-il.

‘En mille morceaux’ prĂ©sente donc plusieurs personnages sans qu’il y ait Ă  proprement parler de hĂ©ros principal. Cela permet de diversifier les situations, les contextes et donc les prises de risques.

«J’ai aussi Ă©tĂ© confrontĂ© Ă  de lourds silences. C’est un Ăąge oĂč il est assez difficile d’évoquer certains comportements personnels, surtout en groupe» ajoute l’auteur. Face Ă  ce constat, Infor-Drogues a dĂšs lors privilĂ©giĂ© un outil qui pourra ĂȘtre utilisĂ© de façon individuelle. Antoine Boucher explique: «Nous n’avions pas envie de mettre des enseignants dans une situation difficile en leur proposant des activitĂ©s de discussions collectives sur des sujets difficiles.»

Que proposer aux Ă©lĂšves?

Il poursuit: «Le site pourra ĂȘtre utilisĂ© par des enseignants du cours de français pour travailler la comprĂ©hension Ă  la lecture ou les caractĂ©ristiques des personnages. Le site donne des clĂ©s supplĂ©mentaires, va plus loin que le roman par exemple en sondant directement le visiteur.»

‘En mille morceaux’ propose un modĂšle de prĂ©vention assez Ă©loignĂ© des romans habituellement lus pour «faire de la prĂ©vention en classe». «À Infor-Drogues, nous entendons trĂšs rĂ©guliĂšrement des jeunes (ou des moins jeunes) nous parler de romans tels ‘L’herbe bleue’ ou ‘Moi, Christiane F. 13 ans droguĂ©e, prostituĂ©e’ qu’ils ont dĂ» lire Ă  l’école. Ces romans veulent faire peur en prĂ©sentant une rĂ©alitĂ© trĂšs effrayante. Mais la rĂ©alitĂ© qu’ils dĂ©crivent est trĂšs Ă©loignĂ©e de celle de la grande majoritĂ© des jeunes. Ils ne peuvent que trĂšs difficilement se mettre Ă  la place des personnages pour comprendre leurs comportements. DĂšs lors, leur vertu prĂ©ventive est trĂšs faible selon nous».

Comprendre l’effet et la motivation, est-ce prĂ©ventif ou incitatif?

À travers les personnages et leurs prises de risques, ‘En mille morceaux’ va tenter de faire comprendre que les motivations sont plus souvent relationnelles (pour faire plaisir, pour sĂ©duire, pour faire partie du groupe, pour paraĂźtre ceci ou cela, etc.). Dans notre sociĂ©tĂ© habituĂ©e Ă  ne parler des drogues qu’en termes de consĂ©quences nĂ©gatives sur la santĂ©, tout autre discours est parfois prĂ©sentĂ© comme ‘banalisant’ voire ‘incitant’. Est-ce vrai?

«J’ai Ă©crit ‘En mille morceaux’ pour aider les lecteurs Ă  prendre du recul et Ă  se poser des questions», explique Nicolas Ancion. «Pour moi, Ă  partir du moment oĂč on se pose des questions, c’est dĂ©jĂ  gagnĂ©!»

MĂȘme si cela peut paraĂźtre difficile Ă  croire, la plupart de nos comportements ne sont pas le fruit d’une dĂ©cision consciente et raisonnĂ©e qui aurait longuement pesĂ© le pour et le contre. Si un humain est ‘pris’ par un comportement qu’il rĂ©pĂšte, c’est souvent qu’il n’a pas conscience de la motivation profonde de ce comportement. Infor-Drogues entend de nombreux tĂ©moignages de personnes ne comprenant pas leur prise de produit. De nombreux fumeurs n’ont, par exemple, pas du tout conscience qu’ils commencent Ă  fumer pour paraĂźtre plus ĂągĂ©s. Cette influence inconsciente est par contre trĂšs maĂźtrisĂ©e par les publicitaires.

Ainsi, un axe essentiel de la prĂ©vention sera de faire prendre conscience des motivations liĂ©es aux consommations de drogues, d’alcool ou aux prises de risques. Toute la difficultĂ© est que cela doit ĂȘtre dĂ©couvert par le public lui-mĂȘme! Le dire de façon extĂ©rieure est presque toujours invalidĂ© par le sujet. C’est ici que l’utilisation de personnages de fiction attachants et proches auxquels le public peut s’identifier peut se rĂ©vĂ©ler une piste trĂšs intĂ©ressante.

Infor-Drogues

Depuis 1971, l’asbl travaille les questions de prĂ©vention avec les professionnels de divers secteurs (Ă©ducatif, social, mĂ©dical
) en s’appuyant notamment sur sa pratique auprĂšs des usagers de drogues et de leur entourage.Chez Infor-Drogues, on peut:

  • trouver un lieu oĂč parler et s’informer 24h/24 dans l’anonymat au 02 227 52 52;
  • dialoguer par internet via la e-permanence de www.infordrogues.be;
  • rencontrer quelqu’un pour faire le point (02 227 52 52);
  • obtenir de la documentation et des supports pĂ©dagogiques (02 227 52 56);
  • bĂ©nĂ©ficier d’un accompagnement par l’équipe de prĂ©vention: entretiens ponctuels, sessions de formation, supervision d’équipe
 (02 227 52 61);

Infor-Drogues asbl, rue du Marteau 19, 1000 Bruxelles. Courriel: courrier@infordrogues.be.

En mille morceaux

Le livre

Une bande d’amis, les soirĂ©es, les couples qui se forment, l’alcool, le tabac, les rencontres. Il y a Frank qui se noie dans la fĂȘte, l’alcool, les pilules et la violence des fins de soirĂ©es quand la rĂ©alitĂ© est dĂ©formĂ©e par tant d’excĂšs. LĂ©a, son amoureuse, qui voudrait bien autre chose comme relation. Erik, un jeune qui s’engage, qui milite, qui a des idĂ©es
 Il parle, parle, parle, se rĂ©volte, se mobilise, jusqu’à s’apercevoir qu’il n’écoute pas les autres. Il y a celle qui se cache derriĂšre un pseudonyme, un profil Facebook, des relations virtuelles.

Et puis il y a l’amie qui dĂ©cĂšde inopinĂ©ment. Ce dĂ©cĂšs agit comme un Ă©lectrochoc pour tous ces jeunes qui partent un peu, beaucoup Ă  la dĂ©rive. C’est le moment de s’interroger sur leurs pratiques, sur leurs repĂšres.

Nicolas Ancion, En mille morceaux, 2015, Mijade Romans, 192 pages, 8 euros.

Le site www.enmillemorceaux.be

Des fiches d’activitĂ©s en lien avec le livre, des pistes pour animer des dĂ©bats collectifs, des pistes pour rĂ©flĂ©chir individuellement (psychotest, quiz).

Voir l’article d’Alain Cherbonnier ‘J’arrĂȘte quand je veux!’, Éducation SantĂ© n° 260, octobre 2010.

«Ne tournons pas autour du pot»

Sanitaires Ă  l’école, levons le tabou!

Le 12 mars dernier, c’est dans le superbe cadre des Moulins de Beez Ă  Namur que le Fonds BYX et l’asbl Question SantĂ© nous ont reçus pour une demi-journĂ©e de sĂ©minaire sur le thĂšme
 des toilettes Ă  l’école. Un sujet peu commun s’il en est mais non moins intĂ©ressant.

Le Fonds BYX, gĂ©rĂ© par la Fondation Roi Baudouin, qui soutient des projets de promotion de la santĂ© en milieu scolaire, a choisi de prendre ce sujet Ă  bras le corps, en lançant un appel Ă  projets Ă  destination des Ă©coles du fondamental de la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles souhaitant mener un projet concret autour de l’amĂ©lioration de leurs sanitaires.

Une journĂ©e de rĂ©flexion et d’échanges enrichissante

AprĂšs une chouette introduction du comĂ©dien Philippe Vauchel et une brĂšve allocution de Michel Devriese, PrĂ©sident du Fonds BYX, Sophie Liebman, enseignante diplĂŽmĂ©e en sciences de l’éducation qui a rĂ©alisĂ© un mĂ©moire sur le sujetNote bas de page, nous a entretenus avec conviction de verrous cassĂ©s, de planches absentes, de manque de papier toilette ou encore de cuvettes sales. Autant d’explications selon elle au mal-ĂȘtre des enfants, dont les toilettes sont le reflet.

C’est ensuite un invitĂ© de marque qui s’est exprimĂ©, avec toute l’éloquence qu’on lui connaĂźt. Bernard De Vos, DĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral aux droits de l’enfant, non sans une note d’humour, a commencĂ© son exposĂ© en affirmant que les Ă©coles avaient encore bien du mal Ă  s’inscrire dans notre siĂšcle, les toilettes par exemple n’ayant pas vraiment Ă©voluĂ© depuis le 19e


Si l’on agrandit les Ă©coles Ă  coups de containers, on n’en augmente pas pour autant la taille des cours de rĂ©crĂ©ation, des rĂ©fectoires et
 le nombre de toilettes! Avec force et conviction, il nous rappela que l’un de ses rĂŽles Ă©tait de s’assurer que les droits des enfants soient toujours respectĂ©s et que, pour lui, tous les droits Ă©taient importants, y compris celui de pouvoir aller aux toilettes dans de bonnes conditions.

Est-il rĂ©ellement normal de contraindre quelqu’un qui a des besoins physiques naturels Ă  se restreindre? Il affirma avoir dĂ©jĂ  reçu de nombreuses plaintes au sujet des toilettes Ă  l’école, dont il juge l’état responsable de vĂ©ritables problĂšmes de santĂ© chez les enfants. Il termina en affirmant que l’on refuse trop souvent d’associer les enfants Ă  la rĂ©flexion de fond sur des sujets qui les concernent alors mĂȘme que leur regard dĂ©nuĂ© de toute censure peut nous aider Ă  comprendre comment les aider.

AprĂšs la pause, Jasmine Charles, directrice de l’école Jean Rolland Ă  St-Ghislain nous a prĂ©sentĂ© l’expĂ©rience-pilote menĂ©e dans son Ă©tablissement en matiĂšre d’amĂ©nagement des sanitaires, avec le soutien de l’asbl Jeune Et CitoyenNote bas de page, reprĂ©sentĂ©e ce jour-lĂ  par Fatima Amkouy, animatrice. Le projet a commencĂ© en octobre 2013 et s’est clĂŽturĂ© en avril 2015 par l’inauguration des nouveaux sanitaires. Dans cette Ă©cole, les Ă©lĂšves ont Ă©tĂ© impliquĂ©s Ă  chaque Ă©tape du projet, de l’état des lieux Ă  l’évaluation, en ‘interdisciplinarité’ avec les enseignants, le personnel d’entretien, les dĂ©lĂ©guĂ©s de classe
 C’est avec beaucoup d’émotion que Madame Charles a terminĂ© son exposĂ© en remerciant le Fonds BYX et ses partenaires pour l’opportunitĂ© qu’il a offerte aux enfants d’ĂȘtre acteurs de leurs apprentissages.

Enfin, une douzaine de personnes prĂ©sentes dans la salle, directeur d’école fondamentale ou d’athĂ©nĂ©e, personnel d’entretien aussi, ont tĂ©moignĂ© des conditions sanitaires dans leur Ă©tablissement. Certains nous ont fait part des difficultĂ©s qu’ils rencontraient Ă  amĂ©liorer l’état gĂ©nĂ©ral des toilettes, que ce soit en matiĂšre de budget ou d’infrastructures (souvent vĂ©tustes et largement inadaptĂ©es); d’autres ont tĂ©moignĂ© de leur volontĂ© de faire bouger les choses et des espoirs qu’ils plaçaient dans l’appel Ă  projets.

Une belle demi-journĂ©e et des interventions, ni trop courtes ni trop longues, ponctuĂ©es par les speechs distrayants d’un comĂ©dien qui n’a pas la langue en poche et nous a rappelĂ© que si l’«humus universel» est tabou, les toilettes ne doivent pas l’ĂȘtre.

Une appétissante mise en bouche pour les futurs porteurs de projet en somme!

Une situation préoccupante

Dans le cadre de cet appel Ă  projets, le Fonds BYX a produit un document d’une septantaine de pages reprenant les constats et pistes pour une politique de l’eau Ă  l’écoleNote bas de page.

Celui-ci dĂ©taille le contexte de santĂ© liĂ© Ă  l’accĂšs Ă  l’eau, Ă  travers diffĂ©rents points: la consommation d’eau Ă  l’Ă©cole, le lavage des mains et les toilettes. Concernant ces derniĂšres, il rĂ©vĂšle que «De nombreuses Ă©tudes tĂ©moignent de la faible frĂ©quentation des toilettes par les enfants et par les jeunes Ă  l’Ă©cole.»

D’aprĂšs une Ă©tude française notamment, sur prĂšs de 25 000 enfants interrogĂ©s par questionnaire, 43% utilisent les sanitaires de l’école rĂ©guliĂšrement tandis que 48,5% le font seulement occasionnellement, quand ils ne peuvent faire autrement. En outre, 7,2% disent mĂȘme ne jamais les utiliser!

Dix clés pour réussir

  1. Avoir le soutien de la direction
  2. Constituer une Ă©quipe porteuse
  3. Choisir des personnes ressources
  4. S’assurer dĂšs le dĂ©part que le projet mobilise
  5. Se fixer des objectifs raisonnables
  6. Aller sans tarder dans le concret
  7. Tenir un calendrier réaliste
  8. Vérifier au long du projet que la motivation est toujours présente
  9. Prévoir des conditions matérielles adaptées
  10. Communiquer!

Extrait du site www.netournonspasautourdupot.be

Ces chiffres sont corroborĂ©s par l’étude d’Anne-Françoise Meurisse, infirmiĂšre-ressource en urologie, qui nous apprend que «11% (des Ă©lĂšves interrogĂ©s dans 5 Ă©coles, ndlr) ne vont jamais uriner dans l’établissement. Ils disent apprĂ©cier le fait d’aller uriner chez eux (59,6%) plutĂŽt qu’Ă  l’Ă©cole (17,4%) ou ailleurs (21,5%).» Autres chiffres troublants recueillis dans cette Ă©tude: «57% des Ă©lĂšves se retiennent parfois d’uriner et 14% toujours…».

Sur le terrain comme dans la littĂ©rature, le constat est le mĂȘme: de nombreux jeunes prĂ©fĂšrent se retenir que d’aller aux toilettes dans leur Ă©cole. Certains Ă©vitent mĂȘme de boire afin de ne pas devoir y aller. On sait pourtant que se retenir peut ĂȘtre dommageable pour la santĂ© (dilatation de la vessie, trouble du fonctionnement pouvant mener Ă  des infections Ă  rĂ©pĂ©tition ou mĂȘme Ă  l’incontinence urinaire).

L’étude française prĂ©citĂ©e rapporte ainsi qu’ «une proportion non nĂ©gligeable de jeunes paraĂźt connaĂźtre des pathologies en rapport avec la non-frĂ©quentation des toilettes de l’Ă©cole: 15,1% prĂ©sentent une constipation aiguĂ« ou chronique, 21,6% une infection urinaire. Enfin, 18,8% disent avoir Ă©tĂ© chez le mĂ©decin pour des problĂšmes urinaires ou de constipation.»

Plus qu’une problĂ©matique sanitaire, un enjeu de santĂ© publique

Au-delĂ  des problĂšmes mĂ©dicaux Ă  proprement parler, c’est aussi le bien-ĂȘtre des enfants qui est ici mis en cause: «Selon l’Unicef, la situation liĂ©e aux difficultĂ©s ou aux rĂ©ticences Ă  se rendre aux toilettes durant l’Ă©cole a de lourdes consĂ©quences sur le sentiment de bien-ĂȘtre des enfants. L’accumulation d’Ă©lĂ©ments nĂ©gatifs crĂ©e une xiĂšme Ă©gratignure sur la personnalitĂ© blessĂ©e d’enfants et de jeunes socialement vulnĂ©rables. Il est ici question d’hygiĂšne, mais aussi de bien-ĂȘtre en classe, de concentration, parce qu’un enfant qui se retient toute la journĂ©e est moins performant», affirme Sophie Liebman. Selon elle, nombre d’Ă©lĂšves rĂ©pondraient Ă  la violence symbolique ressentie par des dĂ©gradations diverses: «s’ils se sentent mal en classe, s’ils subissent des humiliations, ils viennent se soulager aux toilettes, exprimer leur colĂšre, Ă  l’abri de tout contrĂŽle social». Elle ajoute que «le problĂšme de miction des Ă©lĂšves n’est pas reconnu Ă  l’Ă©cole».

D’aprĂšs le rapport du Fonds BYX, «ce point de vue a Ă©tĂ© corroborĂ© par les diffĂ©rents acteurs interrogĂ©s qui dĂ©noncent des conditions d’hygiĂšne dĂ©favorables et un sujet sensible non pris en charge. Cette attitude se traduit bien souvent par des conditions problĂ©matiques qui perdurent aussi bien au niveau de l’hygiĂšne que de la propretĂ© ou des conditions d’accĂšs aux toilettes. Avec des rĂ©percussions sur l’ambiance gĂ©nĂ©rale.»

Un appel Ă  projets qui vient Ă  point

Un appel Ă  projets a Ă©tĂ© lancĂ© par le Fonds BYX, gĂ©rĂ© par la Fondation Roi Baudouin, qui visait donc Ă  soutenir les Ă©coles du fondamental de la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles souhaitant mener Ă  bien un projet d’amĂ©lioration de leurs sanitaires. Celui-ci doit viser une amĂ©lioration de l’état, l’accĂšs et la gestion des sanitaires, via une combinaison d’amĂ©nagements matĂ©riels et d’actions pĂ©dagogiques de sensibilisation. Le soutien pouvait aller jusqu’à 5.000 euros par Ă©cole.

Caractéristiques des projets soutenus

Les projets devaient rencontrer un large éventail de préoccupations:

  • sensibilisation Ă  l’importance de l’eau au sein de l’école, et au respect des sanitaires;
  • rĂ©amĂ©nagement des installations (quantitĂ©, accessibilitĂ©, praticitĂ©);
  • stimulation d’un encadrement et d’une surveillance appropriĂ©s avec prise en compte des rĂŽles de chacun (Ă©ducateurs, dĂ©lĂ©guĂ©s, etc.);
  • amĂ©lioration du cadre de vie scolaire.

CritÚres de sélection

Il y en a six:

  • implication active des Ă©lĂšves dans la prise de dĂ©cision et les rĂ©alisations concrĂštes;
  • participation active de l’ensemble des acteurs de l’école (pouvoir organisateur, direction, parents, personnel technique, etc.);
  • rĂ©alisme et faisabilitĂ© (objectifs clairement dĂ©finis, partenariats adĂ©quats, etc.);
  • globalitĂ© et cohĂ©rence (avec le projet d’établissement, le projet Ă©ducatif, etc.);
  • articulation entre les amĂ©nagements matĂ©riels et les actions pĂ©dagogiques de sensibilisation;
  • durabilitĂ© du projet (choix du matĂ©riel, entretien
).

La liste des 36 projets retenus est en ligne depuis quelques semaines. Plus d’infos sur cette initiative et sur les Ă©coles retenues.

Nous ne manquerons pas d’y revenir prochainement.

Des outils de communication et de soutien pour les porteurs de projets

CĂŽtĂ© accompagnement, l’asbl Question SantĂ© a rĂ©alisĂ©, pour le Fonds BYX, le site internet Ne tournons pas autour du pot (www.netournonspasautourdupot.be) destinĂ© Ă  motiver les Ă©coles Ă  se lancer dans un projet sur les sanitaires et Ă  les accompagner dans sa mise en place.

Le site propose d’ores et dĂ©jĂ  des fiches dĂ©taillant la dĂ©marche pour le mener Ă  bien (implication des Ă©lĂšves, participation active des acteurs de l’école
) et fournira des fiches d’accompagnement Ă  tĂ©lĂ©charger tout au long de l’annĂ©e, chaque fiche correspondant Ă  une Ă©tape-clĂ© du projet (mobilisation des Ă©lĂšves, Ă©tat des lieux, recherche d’idĂ©es, plan d’actions, rĂ©alisation, Ă©valuation
).

BientĂŽt une sĂ©rie d’outils et d’expĂ©riences concrĂštes seront mis en ligne pour soutenir et inspirer les Ă©coles dans leur projet.

Un dépliant a également été réalisé et peut servir à la diffusion au sein des établissements. Il est disponible sur simple demande à Question Santé, rue du Viaduc 72, 1050 Bruxelles. Tél.: 02 512 41 74. Courriel: info@netournonspasautourdupot.be. Internet: www.questionsante.org.

Fondation Roi Baudouin, rue Brederode 21, 1000 Bruxelles. TĂ©l.: 02 511 18 40 – Fax: 02 511 52 21. Courriel: info@kbs-frb.be – Internet: www.kbs-frb.be.
DĂ©couvrir le Fonds BYX: http://www.kbs-frb.be/fund.aspx?id=301156&langtype=2060
En savoir plus sur l’appel à projets: http://www.kbs-frb.be/call.aspx?id=315462&langtype=2060

‘Analyse socio-pĂ©dagogique de la place du corps Ă  l’école primaire: le cas particulier des toilettes’, ULB, FacultĂ© des Sciences Psychologiques et de l’Éducation, 2008-2009.

L’asbl Jeune Et Citoyen a pour missions principales d’éduquer Ă  la citoyennetĂ© les jeunes de la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles (principalement les Ă©lĂšves), d’éduquer ces jeunes Ă  la participation dans leur milieu de vie et dans l’école en prioritĂ©, et de les soutenir dans leur dĂ©veloppement personnel en lien avec le groupe et ses valeurs. Pour en savoir plus: www.jeuneetcitoyen.be.

‘L’école et ses “fondament’eaux. Constats et pistes pour une politique de l’eau Ă  l’école’, une Ă©dition de la Fondation Roi Baudouin, mars 2015. Consultable en ligne.

Stratégie éducative pour contrer les méfaits du tabagisme

Selon l’OMS, le tabac est la premiĂšre cause de morts qui pourraient ĂȘtre Ă©vitables dans le monde, tuant chaque annĂ©e 6 millions de personnes. Toujours d’aprĂšs l’OMS, plus d’un milliard de personnes de 19 pays sont dĂ©sormais protĂ©gĂ©es par des lois obligeant la publication d’avertissements sanitaires sur les paquets de cigarettes (OMS, 2011).

Les avertissements attachĂ©s Ă  des images auraient plus d’impact que ceux ne comportant que du texte notamment dans les pays oĂč le taux d’alphabĂ©tisme est bas. Une image peut faire surgir des Ă©motions. Je me suis questionnĂ©e Ă  savoir si des Ă©lĂ©ments reliĂ©s Ă  l’intelligence Ă©motionnelle pouvaient avoir un rĂŽle dans la lutte contre le tabagisme. J’ai donc organisĂ©, dans un centre d’éducation des adultes oĂč j’enseignais les sciences, une activitĂ© ‘midi-santé’ dont le thĂšme Ă©tait les mĂ©faits du tabagisme sur la santĂ©.

L’activitĂ© de ‘midi-santé’

Cette activitĂ© Ă©tait offerte Ă  tous les Ă©tudiants d’un centre pour adultes ainsi qu’à tous les membres du personnel intĂ©ressĂ©s par la question. Voici l’annonce de cette activitĂ© faite dans le journal de l’école:

Midi-Santé

Le 27 fĂ©vrier de 12h15 Ă  12h45, Ă  la bibliothĂšque, vous ĂȘtes invitĂ©s Ă  venir prendre des informations concernant les mĂ©faits du tabagisme sur la santĂ©. Des informations concernant les produits toxiques contenus dans la fumĂ©e de tabac seront donnĂ©es. C’est un rendez-vous pour les fumeurs et les non-fumeurs. De plus, si vous ĂȘtes fumeur et que vous ne dĂ©sirez pas cesser de fumer, venez connaĂźtre quelques aliments susceptibles de diminuer vos risques de contracter une maladie liĂ©e au tabac. Les Ă©tudiants se destinant Ă  Ɠuvrer dans le secteur de la santĂ© sont particuliĂšrement invitĂ©s puisque des informations en lien avec la santĂ© humaine seront donnĂ©es. Une personne diplĂŽmĂ©e en toxicologie sera prĂ©sente pour rĂ©pondre Ă  vos questionsNote bas de page.

Cette activité sera reprise le 27 mars.

Linda Binette, enseignante.

Je vais tenter de dĂ©montrer comment les principes de l’intelligence Ă©motionnelle et les savoirs au sujet des dominances cĂ©rĂ©brales sont intervenus dans cette dĂ©marche.

L’intelligence Ă©motionnelle, le neuromanagement, le modĂšle de Herrmann et de Sperry

De trĂšs nombreuses Ă©tudes dĂ©montrent les mĂ©faits du tabagisme sur la santĂ© et l’espĂ©rance de vie; l’intelligence Ă©motionnelle tient compte du cƓur et de l’empathie (Filliozat, 1997); comment rester insensibles aux problĂšmes respiratoires tels l’asthme, l’emphysĂšme, la bronchite chronique, Ă  certains cancers ainsi que d’autres types de problĂšmes comme les maladies cardiovasculaires et autres. Il s’agissait de transmettre ces informations aux personnes afin que celles-ci se sentent concernĂ©es et impliquĂ©es.J’ai pris comme base le modĂšle de Herrmann et de Sperry (Duranleau, 2005; Wikipedia, 2014), selon lequel le cerveau gauche est logique, analytique et sĂ©quentiel et le cerveau droit serait spatial, visuel et affectif.

Il y a plusieurs compĂ©tences et capacitĂ©s qui sont visĂ©es dans le cadre de la formation en ‘neuromanagement’ et qui sont liĂ©es au dĂ©veloppement de l’intelligence Ă©motionnelle et Ă  la manifestation des diverses dominances cĂ©rĂ©brales (Parent, 2013). Afin de favoriser une bonne participation, il Ă©tait souhaitable d’établir des relations de collaboration surtout auprĂšs des enseignants puisque ce sont eux les premiers intervenants auprĂšs des Ă©tudiants.

En premier lieu, il Ă©tait nĂ©cessaire d’utiliser une certaine dose de persuasion pour ensuite instaurer un climat de collaboration et favoriser ainsi le partage du ‘leadership’. Les enseignants intĂ©ressĂ©s incitaient leurs Ă©tudiants Ă  venir et Ă  participer. Il est indĂ©niable que lorsqu’il est question de crĂ©er un climat de partage et de collaboration, les facettes de l’intelligence Ă©motionnelle qui tient compte des personnes et des relations entre elles sont Ă  prioriser (Fontaine, 2013). Aussi, les dominances cĂ©rĂ©brales du cerveau limbique droit entrent en action.

Il s’agissait lors de la mise en jeu de la stratĂ©gie Ă©ducative de faire intervenir certains facteurs cognitifs c’est-Ă -dire par exemple en augmentant les connaissances quant aux mĂ©faits de l’usage du tabac afin que ces connaissances issues d’études scientifiques puissent avoir un impact sur l’affectivitĂ©, l’émotivitĂ©.

Il Ă©tait souhaitable d’amorcer des processus de changements durables dans les habitudes de vie. La connaissance au sujet des produits toxiques et souvent cancĂ©rigĂšnes de la combustion des produits de tabac n’avait pas pour but de faire peur, de juger, de culpabiliser mais plutĂŽt de dĂ©clencher des Ă©motions positives afin de vouloir amorcer un changement, c’est-Ă -dire de cesser de fumer (pour les fumeurs) et de ne pas commencer (pour les non-fumeurs). Voici les deux tableaux qui furent prĂ©sentĂ©s et qui ont servi d’assises scientifiques (SantĂ© Canada, 2011).

Tableau 1 – Classification des substances chimiques prĂ©sentant un risque de cancĂ©rogĂ©nicitĂ© pour l’humain par le Centre international de recherche sur le cancer

Catégorie

DĂ©finition

Groupe 1 La substance chimique est cancĂ©rogĂšne pour l’homme.
Groupe 2A La substance chimique est probablement cancĂ©rogĂšne pour l’homme.
Groupe 2B La substance chimique est peut-ĂȘtre cancĂ©rogĂšne pour l’homme.
Groupe 3 La substance chimique est inclassable quant Ă  sa cancĂ©rogĂ©nicitĂ© pour l’homme.
Groupe 4 La substance chimique n’est probablement pas cancĂ©rogĂšne pour l’homme.

Tableau 2 – Exemples d’agents cancĂ©rogĂšnes dans la fumĂ©e du tabac avec leur classification du Centre international de recherche sur le cancer

Classification du CIRCNote bas de page

Exemples d’agents cancĂ©rogĂšnes dans la fumĂ©e du tabac

Groupe 1 4-(N-méthylnitrosoamino)-1-(3-pyridyl)-1-butanone (NNK)

Arsenic

BenzĂšne

Benzo(a)pyrĂšne

Cadmium

Chrome hexavalent

Formaldéhyde

Nickel

N’-Nitrosonornicotine (NNN)

Groupe 2A Plomb (inorganique)
Groupe 3A Acétaldéhyde

Acrylonitrile

IsoprĂšne

StyrĂšne

Tout Ă©tait dans la façon (je dirais dans l’art) de prĂ©senter les choses de façon positive, non culpabilisante. Aussi, des Ă©lĂ©ments concernant la nutrition Ă©taient une façon de diminuer les risques pour ceux ne voulant ou ne pouvant pas cesser de fumer dans l’immĂ©diat (Huot, 2011). Puisque la fumĂ©e de tabac rĂ©duit la quantitĂ© de vitamine C disponible dans le sang, les fumeurs devraient consommer des fruits et des lĂ©gumes riches en cette vitamine (par exemple les agrumes) de mĂȘme que des antioxydants pour contrer la hausse des radicaux libres. Les petits fruits, les lĂ©gumes de la famille des crucifĂšres, les tomates, carottes, les lĂ©gumineuses, le thĂ© vert qui contiennent des antioxydants de mĂȘme que les fruits riches en bĂȘta-cryptoxanthine comme les papayes, les mandarines ou les mangues sont Ă  prioriser (Huot, 2011).

Maintenant, voyons comment des Ă©lĂ©ments issus des notions au sujet de l’intelligence Ă©motionnelle et des dominances cĂ©rĂ©brales ont pu s’intĂ©grer et ĂȘtre des ‘objets’ de transfert.

Lors de la prĂ©sentation du projet auprĂšs de la Direction et des autres enseignants, des arguments qui peuvent ĂȘtre reliĂ©s Ă  l’intelligence Ă©motionnelle et aux dominances cĂ©rĂ©brales peuvent ĂȘtre apportĂ©s. Le discours persuasif peut ĂȘtre empreint d’une certaine sensibilitĂ© quant aux mĂ©faits du tabagisme dans la population. Le mode relationnel du cerveau limbique droit est alors interpellĂ©. Dans cette dĂ©marche, il fut aussi question de l’importance de transmettre des savoirs, des connaissances quant Ă  ces questions reliĂ©es aux habitudes de la consommation du tabac.

L’accent a Ă©tĂ© mis sur l’importance de cet ajout de connaissances particuliĂšrement chez les Ă©tudiants suivant les cours de sciences (on sait qu’environ 70% de ces Ă©tudiants se destinent Ă  des mĂ©tiers et/ou professions dans le secteur de la santĂ©). Par exemple, l’étude des mĂ©faits du tabac engendrant des maladies respiratoires consistait en des notions complĂ©mentaires au programme de biologie Ă©tudiĂ© par certains Ă©tudiants Ă  l’éducation des adultes au secondaire. Ces donnĂ©es prouvĂ©es (donnĂ©es concernant les produits toxiques etc.), ces informations factuelles formant ce contenu cognitif faisaient appel au mode analytique du cerveau cortical gauche. En rĂ©sumĂ©, l’étape prĂ©liminaire de persuasion faisait appel Ă  l’intelligence sociale. En fait, le cortex prĂ©frontal dĂ©veloppĂ© chez l’humain ouvre aussi Ă  la conscience des Ă©motions des autres (Filliozat,1997).

Stratégie éducative

L’élaboration de la stratĂ©gie Ă©ducative faisait aussi appel au mode pragmatique oĂč les dominances cĂ©rĂ©brales du cerveau limbique gauche qui sont nĂ©cessaires lors de l’organisation d’un tel projet (sĂ©quences dans le temps, horaire, choix du matĂ©riel de transmission des connaissances etc.) entrent en jeu.

L’évĂ©nement fut prĂ©sentĂ© Ă  deux reprises (27 fĂ©vrier et 27 mars 2013). Il ne faut pas oublier que le projet Ă©tait destinĂ© Ă  tous, autant les membres du personnel que les Ă©tudiants de divers niveaux d’études. Ainsi, des Ă©tudiants en alphabĂ©tisation sont venus ainsi que des Ă©tudiants ayant un fort contenu en sciences Ă  leur horaire. Les niveaux de formulation des textes destinĂ©s aux participants variaient un peu. Les quatre textes choisis Ă©taient accessibles mais deux d’entre eux Ă©taient plus riches en contenu scientifique. Un texte trĂšs intĂ©ressant quant aux bienfaits d’une alimentation riche en anti oxydants et Ă©crit par la nutritionniste Isabelle Huot fut donnĂ©. Un diaporama fut prĂ©parĂ© pour divulguer aussi le contenu d’une façon plus formelle. Un Ă©cran a servi Ă  transmettre le contenu et trois ordinateurs Ă©taient Ă  la disposition des Ă©tudiants qui dĂ©siraient visionner Ă  nouveau les dias Ă  leur rythme. Tout cela aidait le cerveau cortical gauche Ă  ‘digĂ©rer’ l’information. Une partie de mon rĂŽle Ă©tait de transmettre cette information, ces donnĂ©es et Ă  les faire comprendre, Ă  les expliquer de façon rationnelle.

Mais mon rĂŽle ne se limitait pas Ă  cela. L’aspect Ă©motivo-relationnel Ă©tait Ă  considĂ©rer afin d’avoir une pĂ©riode de questions et de discussion (Morin, 2011). D’oĂč l’importance de l’intelligence Ă©motionnelle et de considĂ©rer les dominances cĂ©rĂ©brales associĂ©es au cerveau limbique droit. Un Ă©lĂ©ment de la stratĂ©gie Ă©ducative a particuliĂšrement sollicitĂ© les dominances cĂ©rĂ©brales du cerveau limbique droit. Ainsi, un panier comportant des lĂ©gumes et des fruits colorĂ©s avait Ă©tĂ© apportĂ© et une dĂ©gustation de quelques morceaux de ceux-ci a eu lieu Ă  la fin. L’émotion ainsi crĂ©Ă©e, faisant appel aux sens visuel et gustatif, favorisait un climat convivial, relationnel.

Un autre Ă©lĂ©ment faisait davantage appel Ă  l’image, Ă  la mĂ©taphore et Ă  une certaine vision des mĂ©faits du tabagisme et faisait intervenir le monde imaginatif/intuitif du cerveau cortical droit. Ainsi, j’ai Ă  un certain moment allumĂ© une cigarette dont la fumĂ©e de combustion Ă©tait aspirĂ©e par une petite pompe. Les rĂ©sidus de cette fumĂ©e se dĂ©posaient ensuite sur un papier filtre. Ce papier filtre devenu tout noir suite au dĂ©pĂŽt des rĂ©sidus de combustion fut ensuite exposĂ© Ă  la bibliothĂšque sous une cloche de verre. Il n’était pas difficile d’imaginer ensuite ce que les rĂ©sidus de la combustion du tabac peuvent occasionner au niveau des voies respiratoires, des bronches et des poumons.

Bien entendu, toutes ces parties de la stratĂ©gie pĂ©dagogique (diapositives, textes Ă  lire, discussions, dĂ©gustation, dĂ©monstration) devaient essayer de solliciter les dominances cĂ©rĂ©brales de chacun des participants. Comme je l’ai mentionnĂ©, j’essayais que cet Ă©vĂ©nement soit imprĂ©gnĂ© d’un climat respectant les principes de l’intelligence Ă©motionnelle tels l’échange convivial, le respect, l’écoute des besoins (Golemann, 1997). Il s’agissait d’éviter le jugement et la critique chez les fumeurs et de faire preuve d’empathie. J’espĂ©rais que tout ce qui Ă©tait prĂ©sentĂ© soit porteur de sens. En fait, ce qui peut faire appel Ă  l’hĂ©misphĂšre gauche dans la comprĂ©hension de la question peut ĂȘtre transfĂ©rĂ© Ă  l’hĂ©misphĂšre droit et donner ainsi un sens.

Participation et réactions

Il s’agissait de donner un sens Ă  ce projet et le plus important Ă©tait que chacun puisse y trouver quelque chose Ă  apprendre, Ă  dĂ©couvrir, Ă  ressentir. J’espĂ©rais que les Ă©motions orientĂ©es vers le positif puissent amorcer un ou des changement(s) au niveau cognitif (nouveaux savoirs) et aussi au niveau des attitudes et des Ă©motions quant Ă  ces questions (Varela, 1996). Il est important de souligner la puissance des stĂ©rĂ©otypes. Les prĂ©jugĂ©s et les croyances ancrĂ©s depuis longtemps sont difficiles Ă  dĂ©faire (Teneau, 2005). Des types d’apprentissage faisant appel aux dimensions Ă©motionnelles peuvent permettre de rĂ©apprendre et d’arriver Ă  des attitudes diffĂ©rentes et mĂȘme Ă  des changements notoires. J’espĂ©rais que ce projet quoique limitĂ© ait des impacts intĂ©ressants, des retombĂ©es fructueuses dans le temps chez les participants, qu’il y ait une amorce de processus de changement Ă  moyen et Ă  long terme.

En fait, en plus des Ă©tudiants de ma classe, sept enseignants ont participĂ© d’emblĂ©e Ă  ce projet. Ils sont venus accompagnĂ©s de leurs Ă©tudiants. Trois enseignants(es) du secondaire ont participĂ© (deux enseignants de français et un en sciences) et quatre enseignants(es) en prĂ©secondaire et en alphabĂ©tisation. Au total, avec mes Ă©tudiants d’une classe de sciences, 115 Ă©tudiants de l’école sont venus assister Ă  un ou l’autre des ‘midis-santé’. De plus, deux personnes travaillant au secrĂ©tariat et trĂšs intĂ©ressĂ©es par le sujet ont aussi participĂ©.

Amorce d’un processus de changement

J’espĂ©rais la mise en Ɠuvre d’un processus de changement. La motivation est inhĂ©rente aux changement(s) des perceptions, attitudes, comportements, des dĂ©cisions et des actions (Teneau, 2005). Cette motivation peut prendre source et s’appuyer lors de la sollicitation des diffĂ©rentes dominances cĂ©rĂ©brales qui font intervenir autant la comprĂ©hension (cerveau analytique, cortical gauche), le mode intuitif et imaginatif du cerveau cortical droit, les Ă©motions du cerveau limbique droit et le mode pragmatique du cerveau limbique gauche. Une nouvelle maniĂšre de faire implique une nouvelle façon de penser. Au plan cognitif, les schĂšmes symbolisent l’expression d’une synthĂšse mentale dĂ©finissant une structure cognitive (Teneau, 2005). Ces schĂšmes expliquent par la suite certains comportements et attitudes.

Comme je l’ai dĂ©jĂ  mentionnĂ©, j’espĂ©rais que les diffĂ©rentes composantes de la stratĂ©gie pĂ©dagogique puissent avoir un impact sur les diverses dimensions des dominances cĂ©rĂ©brales. Pour mon projet, je considĂ©rais aussi important de prĂ©senter une information de qualitĂ© (textes Ă  lire, diapositives) concernant des savoirs, connaissances Ă  s’approprier et qui servaient de base aux interactions avec les autres dimensions (Ă©motions, affectivitĂ© etc.). Il ne faut pas oublier que souvent une rĂ©action Ă©motionnelle focalise l’attention sur le stimulus dĂ©clencheur (exemple: lors de la stratĂ©gie pĂ©dagogique/Ă©ducative, il y a eu dĂ©gustation de fruits, lĂ©gumes et une dĂ©monstration avec un filtre qui faisait appel aux sens) et permet ensuite l’analyse par le mental. Cette Ă©valuation modifie en retour l’émotion initiale. Cependant, le processus peut se faire dans l’autre sens, c’est-Ă -dire du mental (cerveau gauche) vers les Ă©motions (cerveau droit). Le corps calleux du cerveau permet de nombreuses interconnexions.

Étant donnĂ© que mon projet Ă©tait limitĂ© dans le temps, je n’ai pas suivi sur une trĂšs longue pĂ©riode de temps les participants afin de constater des changements durables ou pas. NĂ©anmoins, Ă  titre reprĂ©sentatif d’une amorce de changement ayant eu lieu, voici ce qu’une enseignante en alphabĂ©tisation m’a rapportĂ©. Ses Ă©tudiants ont acquis de nouveaux savoirs quant aux mĂ©faits du tabagisme et aussi, ils ont appris de nouveaux mots tels que ‘crucifĂšre’, ‘fibres’, ‘agrume’ etc. Elle s’est servie de mes deux textes plus accessibles pour les gens ayant peu de connaissances en sciences pour faire apprendre de nouveaux mots dans le cadre de son enseignement en alphabĂ©tisation.

De plus, elle m’a dit que ses Ă©tudiants ont rĂ©alisĂ© l’importance d’une bonne alimentation riche en vitamine C et en antioxydants. Cela s’est mĂȘme traduit par un changement notable dans les choix de fruits et lĂ©gumes chez plusieurs d’entre eux, qui mettent dĂ©sormais davantage de fruits et de lĂ©gumes tels les choux, oranges, kiwis, mangues, tomates etc. dans leur panier.

Nous voyons ici encore l’importance de l’acquisition des savoirs en lien avec les aspects Ă©motivo-relationnels et pragmatiques (Gelb, 2000; Vaudoiset, 2012).

Conclusion

Par ce projet, j’ai rĂ©alisĂ© l’importance de l’intelligence Ă©motionnelle et des dominances cĂ©rĂ©brales tant dans la planification d’un projet visant Ă  faire adopter de nouvelles habitudes de vie et favoriser des processus de changement que dans les impacts sur sa mise en Ɠuvre et ses retombĂ©es potentielles.

Une dĂ©marche de persuasion prĂ©alable a donnĂ© lieu par la suite Ă  un partage du leadership avec d’autres enseignants qui voulaient s’impliquer et convaincre leurs Ă©tudiants d’y participer. En me basant sur les principes de l’intelligence Ă©motionnelle, j’ai choisi ce thĂšme qui me tenait Ă  cƓur tout en essayant d’établir des relations harmonieuses de collaboration, d’échange et d’ouverture avec tous les participants. En fait, si l’on veut amorcer des changements positifs chez les gens et en particulier chez les fumeurs, il ne faut surtout pas que ceux-ci se sentent jugĂ©s, rejetĂ©s, incompris. Il s’agissait aussi de faire preuve d’une certaine intĂ©gritĂ© et d’un sens Ă©thique.

Au plan cognitif, j’ai tenu compte des structures du cerveau cortical gauche afin de prĂ©senter certains contenus avec divers niveaux de formulation afin de rejoindre le plus de gens possible. J’ai aussi intĂ©grĂ© des activitĂ©s faisant appel aux Ă©motions et aux sens (dĂ©gustation de fruits et lĂ©gumes, vue d’un filtre ayant recueilli les rĂ©sidus et poussiĂšres de la fumĂ©e de combustion du tabac).

Enfin, j’ose espĂ©rer que de tels projets Ă©ducatifs basĂ©s sur l’intelligence Ă©motionnelle et pouvant avoir lieu dans divers milieux puissent amorcer des changements si minimes soient-ils au niveau des perceptions, attitudes, actions afin qu’il y ait dans le futur moins de ravages causĂ©s par le tabagisme et la mauvaise alimentation dans la population


Bibliographie

En fait, cette personne est moi-mĂȘme qui dĂ©tiens aussi un diplĂŽme dans cette discipline.

Evaluation globale du niveau de donnĂ©es scientifiques basĂ©es sur les Ă©valuations chez l’humain et les animaux.

L’UniversitĂ© d’étĂ© de santĂ© publique de Besançon 2015 – Souviens-toi l’étĂ© dernier

Je suis un rendez-vous de santĂ© publique programmĂ© chaque annĂ©e au dĂ©but de l’Ă©tĂ© dans la ville française qui a vu naĂźtre Victor Hugo. Lors de ma derniĂšre Ă©dition en 2014, j’ai rĂ©uni pendant cinq jours une centaine d’intervenants francophones et 220 participants rĂ©partis dans douze modules de formation. L’intensitĂ© et la diversitĂ© des Ă©changes que je produis se lisent dans Le Temps de l’UniversitĂ© d’Ă©tĂ©, le journal papier publiĂ© sur place quotidiennement. Je suis, je suis…

Vous aurez certainement reconnu la description de l’UniversitĂ© d’Ă©tĂ© de santĂ© publique de Besançon, qui depuis 2003 rĂ©unit autour d’un riche programme d’enseignement des acteurs de la santĂ© publique et de la promotion de la santĂ©, des Ă©lus et des usagers du systĂšme de santĂ©.

Un rendez-vous trĂšs couru d’aprĂšs les chiffres de frĂ©quentation et les Ă©chos recueillis auprĂšs des participants. AnnĂ©e aprĂšs annĂ©e, la formation organisĂ©e par l’Agence rĂ©gionale de santĂ© (ARS) de Franche-ComtĂ©, la FacultĂ© de mĂ©decine et de pharmacie de Besançon et leurs partenaires s’est taillĂ©e une solide rĂ©putation dans la communautĂ© francophone. On vient de loin pour passer la semaine Ă  Besançon: de toutes les rĂ©gions de France mĂ©tropolitaine mais aussi de Guadeloupe et de Nouvelle-CalĂ©donie, de Belgique, de Suisse, du QuĂ©bec, d’HaĂŻti, du Burkina-Faso, de CĂŽte-d’Ivoire, etc.

Il faut dire que l’offre de formation est vaste. En 2014, elle Ă©tait rĂ©partie autour de trois grands axes thĂ©matiques: politique et organisation de la santĂ©, mĂ©thodes pour l’intervention et l’Ă©valuation, approche par population, lieu de vie ou thĂ©matique.

L’organisation millimĂ©trĂ©e de l’Ă©vĂ©nement, orchestrĂ©e par une chargĂ©e de mission aux compĂ©tences unanimement saluĂ©es, y est aussi pour quelque chose. Les organisateurs tiennent Ă  la diversitĂ© des profils et des institutions de rattachement des participants et dĂ©crivent ainsi leur ambition: “Cette manifestation a pour but d’unir le potentiel de toutes les personnes concernĂ©es par les questions de santĂ© publique dans le monde francophone, de favoriser la rĂ©flexion et les Ă©changes autour d’expĂ©riences originales afin de rĂ©pondre Ă  des problĂ©matiques concrĂštes sur des sujets d’actualitĂ©.”

Les chargĂ©s de mission sont les plus nombreux. Ils cĂŽtoient des mĂ©decins et autres professionnels de santĂ©, des dirigeants, des coordinateurs et des enseignants-chercheurs. Pour la plupart d’entre eux, la semaine Ă  Besançon est une parenthĂšse aux allures estudiantines. On a cours le matin et l’aprĂšs-midi du lundi au vendredi midi. À la pause mĂ©ridienne, on fait la queue au self et on dĂ©jeune sur l’herbe ou sous la grande tente dressĂ©e pour l’occasion sur le campus de la FacultĂ©. Le mercredi aprĂšs-midi, c’est quartier libre. Certains visitent la ville ou ses alentours pendant que d’autres s’approvisionnent en fromages locaux.

Ce qui reste

Cette annĂ©e encore, Besançon a lieu. Ainsi en ont dĂ©cidĂ© les organisateurs au terme d’une Ă©dition 2014 au bilan particuliĂšrement positif. “L’évaluation conduite par questionnaires a rĂ©vĂ©lĂ© un des plus hauts niveaux de satisfaction exprimĂ©s par les participants depuis la crĂ©ation (8,4/10)”, peut-on lire dans le bilan de la manifestation.

Quelques mois plus tard, nous avons voulu savoir ce qu’est devenu cet enthousiame. Les effets de la formation continuent-ils de se faire sentir? Comment les participants ont-ils exploitĂ© leurs acquis? Autrement dit, que reste-t-il de Besançon et de son atmosphĂšre une fois que la vie professionnelle a repris son cours habituel?

Quatre d’entre eux, deux femmes et deux hommes, ont acceptĂ© de replonger dans leurs souvenirs pour mesurer le chemin parcouru depuis leur passage Ă  Besançon l’Ă©tĂ© dernier Parmi eux, il y a Alice (le prĂ©nom a Ă©tĂ© modifiĂ© Ă  la demande de l’intĂ©ressĂ©e), chargĂ©e de projets en Ă©ducation pour la santĂ© dans une Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM), qui mesure sa chance: “Je repense souvent aux personnes rencontrĂ©es dans mon module et Ă  leurs diverses façons d’agir sur le terrain pour rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s de santĂ©â€, raconte-t-elle. “Ces Ă©changes m’ont vraiment aidĂ©e. Ils m’ont redonnĂ© confiance dans mon approche Ă  un moment oĂč je doutais.”

Repartir avec une valise pleine

En 2014, les participants avaient le choix entre douze modules. Élisabeth, coordinatrice d’un atelier santĂ© ville, revenait pour la 5e fois et suivait l’an passĂ© l’enseignement centrĂ© sur les actions probantes. “La formation est rĂ©ellement de bon niveau, accessible financiĂšrement et se dĂ©roule dans de bonnes conditions”, explique-t-elle. “J’y prends beaucoup de plaisir. Je fais des rencontres, j’Ă©largis mon rĂ©seau. De vrais liens se tissent avec les participants et les intervenants. Ces personnes-lĂ , je sais que je peux les interpeller si besoin. On se souvient de vous, de la maniĂšre dont vous participiez dans le module. J’ai aussi le sentiment de me maintenir Ă  niveau intellectuellement, d’alimenter ma culture en promotion de la santĂ© et de repartir avec une bonne valise et de la matiĂšre pour dĂ©velopper mon travail quotidien.”

MĂȘme constat chez Michel, bĂ©nĂ©vole investi dans une association de proches de malades psychiatriques et qui participait pour la premiĂšre fois, invitĂ© par l’Agence rĂ©gionale de santĂ© de Franche-ComtĂ©: “J’ai pris Ă©normĂ©ment de notes”, confie-t-il. “Mon champ de connaissances s’est Ă©largi et j’ai rencontrĂ© des personnes avec qui je vais pouvoir travailler dans mon association.”

Jean-Marc, la petite trentaine, remarque quant Ă  lui que cette formation a modifiĂ© son regard sur sa propre pratique. Interne de santĂ© publique, il avait une vue trĂšs thĂ©orique des inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ© (ISS) Ă  son arrivĂ©e Ă  Besançon. “C’est une notion prĂ©sente dans les rapports, presqu’un Ă©lement de langage plus que des actions.” Aussi se rĂ©jouit-il d’avoir eu l’occasion de “baigner dans une approche de santĂ© publique peu prĂ©sente dans les politiques publiques et d’avoir eu accĂšs Ă  des pratiques et Ă  du factuel plutĂŽt qu’Ă  des discours”.

Certes, il n’a “pas eu de dĂ©clic” et sait bien qu’il n’existe pas de solution magique pour rĂ©duire les ISS. Mais le jeune mĂ©decin se sent Ă  prĂ©sent mieux armĂ© pour agir car plus conscient des enjeux et riche des pratiques partagĂ©es au cours de la semaine.

“Les ISS sont souvent caricaturĂ©es avec pour unique cible les populations prĂ©caires, quand c’est tout un gradient de population qu’il faudrait considĂ©rer pour ĂȘtre efficace. En entendant parler d’actions centrĂ©es sur l’enfance en Belgique et au QuĂ©bec, je me suis aperçu que nous le faisons peu en France. Pourquoi ne pas essayer?”

Échanges à gogo

La pĂ©dagogie active chĂšre Ă  l’UniversitĂ© d’Ă©tĂ© de Besançon se traduit par toute une gamme d’invitations Ă  l’Ă©change: Ă©changes d’expĂ©riences, de pratiques, d’opinions. CĂŽtĂ© enseignement, les interventions magistrales alternent donc avec des travaux en ateliers privilĂ©giant la prĂ©sentation par les participants de leur expĂ©rience personnelle en lien avec la thĂ©matique abordĂ©e. Les intervenants se succĂšdent – universitaires, chercheurs, professionnels. “Dans mon module sur l’Ă©ducation thĂ©rapeutique”, raconte Michel,”il y a eu l’intervention d’un mĂ©decin lui-mĂȘme atteint de la maladie de Parkinson, qui m’a beaucoup marquĂ©e. La charge Ă©motionnelle Ă©tait forte et j’ai identifiĂ© dans son discours beaucoup de points communs avec la maladie psychique. Ce sont des maladies honteuses, qui font peur aux familles.”

L’incitation au partage ne s’arrĂȘte pas aux portes des modules. Des stands de documentation tenus par des partenaires tels que l’Inpes et la SociĂ©tĂ© française de santĂ© publique (SFSP) prĂ©sentent une sĂ©lection de publications en lien avec les parcours d’enseignement.

Deux fois par semaine, des controverses ont lieu Ă  l’heure du dĂ©jeuner, histoire de mettre en dĂ©bat quelques thĂ©matiques d’actualitĂ© en santĂ© publique. “Cela permet de se faire sa propre opinion sur chacun des sujets”, apprĂ©cie Élisabeth.

ConcrĂštement, deux invitĂ©s dĂ©roulent tour Ă  tour leur point de vue puis dialoguent avec l’assemblĂ©e, sous l’oeil avisĂ© d’un modĂ©rateur. C’est ainsi que la française Catherine Cerisey, co-fondatrice de la sociĂ©tĂ© de conseil en santĂ© Patients&Web, a donnĂ© la rĂ©plique au belge GaĂ«tan Absil, chercheur Ă  l’APES (UniversitĂ© de LiĂšge), dans un amphithĂ©Ăątre plein Ă  craquer. Objet du dĂ©bat: la place des rĂ©seaux sociaux dans la fabrique de la dĂ©mocratie en santĂ©.

Deux jours plus tard, AgnĂšs Bocognano, directrice dĂ©lĂ©guĂ©e santĂ© Ă  la MutualitĂ© française s’opposait Ă  StĂ©phane Rossini, professeur en administration publique et sciences sociales et dĂ©putĂ© Ă  l’AssemblĂ©e fĂ©dĂ©rale suisse sur la nĂ©cessitĂ© de responsabiliser l’assurĂ© afin de mieux maĂźtriser les dĂ©penses de santĂ©.

Storytelling et autres prolongements

Et puis il y a le journal, Le Temps de l’UniversitĂ© d’Ă©tĂ©. “L’information au coeur de la formation”, disaient les organisateurs. La petite Ă©quipe de joyeux rĂ©dacteurs fidĂšles Ă  leur mission depuis plusieurs annĂ©es, publie chaque matin son A3 recto-verso, dĂ»t-elle y passer la nuit.

La gazette raconte le prĂ©sent de la veille, invite au questionnement et Ă  la rĂ©flexion sur le secteur de la promotion de la santĂ©, dresse le portrait d’une personnalitĂ© attachante ou surprenante croisĂ©e dans les couloirs.

La rĂ©daction a ses ‘indics’, un rĂ©seau de correspondants bĂ©nĂ©voles issus des diffĂ©rents modules et agissant au vu et au su de tous. Chaque jour, tandis que leurs camarades de formation s’en vont faire la queue au self, eux dĂ©gustent leur plateau-repas dans la salle de rĂ©daction pendant la confĂ©rence Ă©ponyme. Ils racontent une anecdote, donnent leurs impressions sur la session du matin, suggĂšrent des sujets, citent quelques noms. Élisabeth, qui s’est essayĂ©e Ă  l’exercice une fois, avoue avoir aimĂ© mais Ă©galement regrettĂ© que la tĂąche l’empĂȘche de dĂ©jeuner avec son groupe. Alice a quant Ă  elle “beaucoup Ă©coutĂ© et trouvĂ© les Ă©changes intĂ©ressants”.

Pour l’UniversitĂ© d’Ă©tĂ© de Besançon, 2014 Ă©tait aussi l’annĂ©e des premiers pas sur Facebook. Une expĂ©rience tentĂ©e dans l’espoir de donner une dimension nouvelle aux Ă©changes entre participants mais aussi d’Ă©largir la chambre d’Ă©chos de la manifestation.

Le faible nombre d’interactions sur la page laisse Ă  penser que les participants comme les ‘extĂ©rieurs’ n’Ă©taient pas au rendez-vous. DifficultĂ©s de connexion Ă  Internet sur place; manque de prĂ©paration et de communication en amont; densitĂ© des Ă©changes rĂ©els pendant la semaine qui auraient focalisĂ© toute l’attention des participants, dĂ©sintĂ©rĂȘt voire crainte des acteurs de la promotion de la santĂ© vis-Ă -vis des mĂ©dias sociaux… Nombreuses sont les explications possibles, qui mĂ©riteraient d’ĂȘtre creusĂ©es en renouvelant l’expĂ©rience sur un temps plus long.

Pour sĂ»r, l’UniversitĂ© d’Ă©tĂ© de santĂ© publique de Besançon n’a pas fini de se couper en quatre pour susciter les Ă©changes au sein de la communautĂ© des intervenants francophones en promotion de la santĂ©. À l’instar de votre mensuel prĂ©fĂ©rĂ©, soit dit en passant.

Cette annĂ©e, elle a lieu du 28 juin au 3 juillet.Pour en savoir plus sur l’UniversitĂ© d’Ă©tĂ© de santĂ© publique de Besançon: http://www.ars.sante.fr/Programme-2015.156653.0.html
Page Facebook 2014: https://www.facebook.com/univetebesancon

Prédiction du risque cardiovasculaire

Quand les outils classiques ne permettent pas de trancher, le sens clinique du médecin reste essentiel

Les mĂ©decins tiennent Ă  l’Ɠil notre risque cardiovasculaire grĂące Ă  un outil appelĂ© SCORE, qui leur permet de calculer, sur base notamment de la consommation de tabac, du taux de cholestĂ©rol et de la tension artĂ©rielle, notre risque de dĂ©cĂ©der dans les 10 ans d’un problĂšme cardiovasculaire. Mais cet outil n’est pas parfait, et les chercheurs tentent de l’affiner en y ajoutant des tests pour dĂ©tecter l’existence d’une athĂ©rosclĂ©rose silencieuse.

Le Centre fĂ©dĂ©ral d’expertise des soins de santĂ© (KCE) a analysĂ© l’efficacitĂ© de six de ces tests. MĂȘme si certains d’entre eux permettent d’amĂ©liorer la ’classification’ des risques, les chercheurs du KCE n’ont pas trouvĂ© de preuves convaincantes que leur adjonction Ă  l’outil SCORE amĂ©liore la prise en charge effective des personnes Ă  risque.

Par contre, on sait que quelques informations trĂšs simples Ă  obtenir pourraient nettement amĂ©liorer le pronostic de SCORE, comme par exemple la sĂ©dentaritĂ©, le tour de taille (obĂ©sitĂ© abdominale), le statut social ou l’existence de dĂ©cĂšs cardiaques prĂ©maturĂ©s dans la famille. Le KCE recommande donc d’élaborer un nouvel outil SCORE intĂ©grant ces indicateurs faciles Ă  obtenir en mĂ©decine gĂ©nĂ©rale.

Un outil de mesure qui n’est pas parfait

Les mĂ©decins tiennent Ă  l’Ɠil notre risque cardiovasculaire grĂące Ă  un outil appelĂ© SCORE (Systematic COronary Risk Evaluation) qui leur permet d’évaluer notre risque de dĂ©cĂ©der dans les 10 ans d’un problĂšme cardiovasculaire. Cette mĂ©thode de calcul se base sur cinq paramĂštres : l’ñge, le sexe, le tabagisme, la tension artĂ©rielle et le taux de cholestĂ©rol total dans le sang. En fonction de ces paramĂštres, l’algorithme SCORE classifie le risque en ‘faible’, ‘intermĂ©diaire’ ou â€˜Ă©levé’.

Pour ceux dont le risque est faible, il n’y a rien de particulier Ă  faire ; pour ceux dont le risque est Ă©levĂ©, il faut souvent – outre l’adoption d’un style de vie plus sain – envisager un traitement mĂ©dicamenteux, pour faire baisser le cholestĂ©rol par exemple. Mais pour les individus dont les risques sont jugĂ©s intermĂ©diaires, la prise en charge n’est pas toujours trĂšs claire. De plus, les prĂ©dictions ne sont pas toujours exactes. Certains individus classĂ©s Ă  faible risque dĂ©cĂšdent malgrĂ© tout prĂ©maturĂ©ment d’une maladie cardiovasculaire ; d’autres sont erronĂ©ment jugĂ©s Ă  haut risque et doivent prendre des traitements qui sont trĂšs probablement superflus.

Des indicateurs supplĂ©mentaires pour mesurer l’athĂ©rosclĂ©rose

Les chercheurs tentent dĂšs lors d’ajouter Ă  SCORE des indicateurs supplĂ©mentaires qui permettraient de cerner le risque de façon plus prĂ©cise. Le KCE a analysĂ© dans la littĂ©rature scientifique la valeur prĂ©dictive ajoutĂ©e de six marqueurs de l’athĂ©rosclĂ©rose (perte d’élasticitĂ© des artĂšres) asymptomatique. Il s’agit de la dilatation flux-dĂ©pendante (DFD) de l’artĂšre brachiale, la mesure de la vitesse de l’onde de pouls carotido-fĂ©morale (VOPcf), l’index de pression systolique bras-cheville (IPSC), l’épaississement intima-mĂ©dia des artĂšres carotides (EIMC), la prĂ©sence de plaques carotidiennes (PC) et du score de calcium coronarien (SCC). C’est ce dernier indicateur qui permet la meilleure reclassification du risque (entre 22 et 56% des individus classifiĂ©s Ă  risque intermĂ©diaire selon SCORE sont re-classifiĂ©s dans une catĂ©gorie plus appropriĂ©e).

Toutefois, un indicateur comme le score de calcium requiert un examen par scanner, qui comporte une irradiation. Il faut donc ĂȘtre certain qu’il apporte un bĂ©nĂ©fice clinique au patient avant de recommander son usage en routine. Malheureusement, il n’existe aucune Ă©tude prouvant formellement que cet indicateur – ou l’un des cinq autres – amĂ©liore la prise en charge de maniĂšre cliniquement significative quand on l’ajoute Ă  l’algorithme SCORE. Il est donc prĂ©maturĂ© de recommander leur utilisation.

Retour au bon sens clinique

Lorsque l’outil SCORE signale un risque cardiovasculaire intermĂ©diaire chez un individu, c’est donc le sens clinique du praticien qui reste l’élĂ©ment central de l’apprĂ©ciation du risque rĂ©el et de la gestion Ă  privilĂ©gier. Le KCE souligne toutefois qu’un certain nombre d’autres facteurs de risque cardiovasculaires bien connus sont faciles Ă  Ă©valuer en consultation de mĂ©decine gĂ©nĂ©rale. Ainsi, une Ă©valuation de l’obĂ©sitĂ© abdominale, du statut social, des antĂ©cĂ©dents familiaux ou de la sĂ©dentaritĂ©, permettent dĂ©jĂ  d’affiner l’évaluation du risque cardiovasculaire Ă©tabli par SCORE. Par exemple, une histoire parentale de maladie cardiovasculaire prĂ©maturĂ©e double le risque cardiovasculaire obtenu par SCORE.

Le KCE recommande donc aux sociĂ©tĂ©s cardiologiques europĂ©ennes d’élaborer une nouvelle grille SCORE intĂ©grant ces indicateurs trĂšs simples et sans risques.

À l’occasion de la publication de ce rapport, le KCE met Ă©galement en ligne une page Focus reprenant toutes les Ă©tudes du KCE relatives Ă  des problĂšmes cardiovasculaires, que ce soit sur le plan de la prĂ©vention, du diagnostic, du traitement ou de l’organisation des soins.

Dans le numĂ©ro prĂ©cĂ©dent d’Éducation SantĂ©, le dĂ©veloppeur du nouveau site de la revue, Jonathan Liuti, nous a expliquĂ© sa dĂ©marche pour aboutir Ă  un rĂ©sultat intĂ©grant le plus rationnellement possible un maximum d’activitĂ©s liĂ©es au projet.

En coulisses
 Le travail de l’équipe d’Éducation SantĂ©

Ne croyez pas, aprĂšs avoir pris connaissance le mois dernier du travail du dĂ©veloppeur de notre nouveau site, que nous nous sommes contentĂ©s de suivre de loin ses progressions vers le ‘produit final’. Voici rĂ©sumĂ© notre travail en quelques phases clĂ©s. Toutes ces choses auxquelles on ne pense pas forcĂ©ment


Avant la mise en ligne

L’appel d’offres

La toute premiĂšre chose que nous avons dĂ» faire Ă©tait Ă©videmment de rĂ©diger un appel d’offres. Nous avons voulu que celui-ci soit dĂ©taillĂ© afin que les prestataires interrogĂ©s nous remettent le devis le plus complet possible. Quand on sait qu’il faut gĂ©nĂ©ralement compter 15 Ă  20% de marge de manoeuvre par rapport au devis initial, nous prĂ©fĂ©rions ĂȘtre prudents. Nous avons envoyĂ© la demande de prix Ă  5 firmes et avons reçu 3 offres. Celle que nous avons retenue Ă©tait la moins chĂšre et nous semblait le mieux correspondre Ă  nos besoins.

L’expression des besoins

Une fois le prestataire sĂ©lectionnĂ©, nous avons rĂ©digĂ© une sorte de cahier des charges fonctionnel, reflĂ©tant l’expression de nos besoins et dĂ©crivant les diffĂ©rents modules attendus. C’est sur cette base et aprĂšs de nombreux Ă©changes, que le dĂ©veloppeur a commencĂ© le travail technique Ă  proprement parler.

Les tests (et re-tests) du front– et back-end

Le dĂ©veloppeur avait prĂ©vu diffĂ©rentes phases et dates butoirs pour lesquelles il s’engageait Ă  mettre en place un certain nombre de fonctionnalitĂ©s et nous Ă  les tester. Nous devions ensuite encoder dans l’outil de reporting tout ce qui nous semblait ne pas fonctionner ou ne pas rĂ©pondre pleinement Ă  la demande initiale. Et enfin, re-tester une fois les corrections effectuĂ©es. C’est le travail qui a pris le plus de temps puisqu’il s’agissait Ă  la fois de tester le front-end (ce que voit le public) que le back-end (la partie administration, qui permet d’encoder des articles, de crĂ©er une lettre d’information Ă©lectronique, etc.). Cela a pris plusieurs mois.

AprĂšs la mise en ligne

Les problĂšmes de typographie

Une fois la base de donnĂ©es d’articles importĂ©e de l’ancien site vers le nouveau, des problĂšmes de typographie sont inĂ©vitablement apparus (caractĂšres en italique quand ça ne devait pas ĂȘtre le cas, liens non cliquables, etc.). Les 25 derniers numĂ©ros ont pour l’instant Ă©tĂ© traitĂ©s et corrigĂ©s


Une liste de mots-clés validés

Chaque article de la revue, quand il est encodĂ© sur le site, doit ĂȘtre dotĂ© de mots-clĂ©s. En important les anciens mots-clĂ©s, nous nous sommes rendu compte que ceux-ci Ă©taient au nombre de
 546. Nous avons donc demandĂ© Ă  l’UCL-RESO, Service communautaire spĂ©cialisĂ© en documentation, de nous aider Ă  restreindre cette longue liste aux mots les plus couramment utilisĂ©s, et les plus pertinents. Le RESO s’est basĂ© sur son thĂ©saurus en promotion de la santĂ©, validĂ© par un grand nombre d’acteurs du secteur, pour crĂ©er cette liste, actuellement composĂ©e de 135 mots-clĂ©s. Une fameuse amĂ©lioration, pas prĂ©vue au dĂ©part du projet !

Les redirections

Il ne suffit pas de changer de site pour qu’il continue Ă  ĂȘtre consultĂ©. Nous avons dĂ» rediriger toutes les pages de l’ancien site les mieux rĂ©fĂ©rencĂ©es sur Google et sur les sites de nos partenaires, vers les pages du nouveau site correspondantes. Ainsi, plus de 400 redirections ont Ă©tĂ© effectuĂ©esNote bas de page, afin de tenter de ne perdre aucun visiteur, ou presqu’aucun
 Aujourd’hui, nous recevons un mail chaque fois qu’une personne tente de cliquer sur un ancien lien non valide. Cela nous permet d’aller le rediriger vers la nouvelle URLNote bas de page. Un systĂšme trĂšs pratique, mis en place par notre dĂ©veloppeur.

De nouvelles données sur Google Analytics

Nous utilisions dĂ©jĂ  Google Analytics par le passĂ©, mais la structure des adresses de l’ancien site ne nous permettait pas d’avoir une vue prĂ©cise des pages les plus consultĂ©es. Aujourd’hui, c’est chose faite. Nous avons configurĂ© Google Analytics et pensĂ© le site afin de disposer de statistiques beaucoup plus prĂ©cises.

Que trouve-t-on sur le nouveau site ?

Pour vous


Le nouveau site d’Éducation SantĂ© compte cinq entrĂ©es.

La page d’accueil sur laquelle on trouve, au centre, un champ de recherche. Le site constituant avant tout une base de donnĂ©es d’articles, nous avons jugĂ© pertinent de mettre en Ă©vidence cet aspect. Au centre de la page, on trouve bien sĂ»r aussi le dernier numĂ©ro paru et son article de couverture, de mĂȘme que le PDF Ă  tĂ©lĂ©charger. À droite, un bloc d’actualitĂ©s reprenant les informations postĂ©es rĂ©cemment sur la page Facebook et le compte Twitter de la revue.

Quand on dĂ©roule cette page d’accueil grĂące Ă  une petite flĂšche en bas de l’écran, on trouve le sommaire complet du dernier numĂ©ro avec un accĂšs Ă  ses articlesNote bas de page, ainsi que les couvertures des 4 derniers numĂ©ros parus, en bas de page. Enfin, deux onglets noirs Ă  droite de la page d’accueil permettent de s’abonner ou de se dĂ©sabonner Ă  la revue ‘papier’ et Ă  la lettre d’information Ă©lectronique. Ces accĂšs directs permettent au visiteur de passer Ă  l’action (s’abonner) trĂšs rapidement. Ils sont prĂ©sents sur toutes les pages du site.

Une partie ‘La revue’, qui prĂ©sente le projet et son Ă©quipe, en images.

Une partie ‘Rechercher’, grĂące Ă  laquelle on peut retrouver les 154 premiers numĂ©ros en PDF et faire une recherche par revue ou par numĂ©ro, sur l’ensemble des articles, du n°155 au plus rĂ©cent. La recherche d’articles peut se faire par mot(s)-clĂ©(s), avec des opĂ©rateurs logiques (et/ou/non). Des filtres sont aussi prĂ©vus pour restreindre le nombre de rĂ©sultats et affiner la recherche : date de parution, numĂ©ro de revue, auteurs, et mĂȘme rubriques. Il est possible Ă©galement d’exclure les hors sĂ©rie des rĂ©sultats obtenus et de choisir l’ordre de tri (croissant/dĂ©croissant ou par auteur/rubrique/numĂ©ro).

Une partie ‘Liens’ reprenant une grande partie des sites de promotion de la santĂ© du secteur.

Une partie ‘Contact’ classique, qui permet aux visiteurs du site d’obtenir de notre part une rĂ©ponse personnalisĂ©e Ă  leur(s) question(s).

À noter : une version imprimable â€˜Ă©cologique’ des articles est disponible, Ă  peu prĂšs comme sur l’ancien site. Il est possible d’imprimer chaque article dans un format favorisant l’économie d’encre et de papier (pas d’images, de couleurs, etc.).

Pour nous…

DerriĂšre le site que vous pouvez voir, une interface d’administration permet Ă  la fois d’encoder les revues et articles, de gĂ©rer les abonnĂ©s papier, de crĂ©er la lettre d’information Ă©lectronique, d’organiser les redirections des anciennes pages vers les nouvelles
 Plein de choses utiles pour faciliter notre gestion au quotidien ! Et pour l’édition des articles dĂ©jĂ  en ligne, rien de plus simple, nous naviguons comme vous sur le site, mais avec nos accĂšs d’administrateurs, nous pouvons le modifier directement.

En ‘avoir pour son argent’

Le budget consacrĂ© au projet est d’environ 20.000 euros au totalNote bas de page, une somme non nĂ©gligeable a priori mais vous l’avez compris, nous avons optĂ© pour un outil et un CMS trĂšs professionnels. Nous avons ainsi privilĂ©giĂ© l’évolutivitĂ© et le sur-mesure, afin que notre site rĂ©ponde parfaitement Ă  nos besoins et Ă  ceux de nos visiteurs, au fil du temps.Ci-dessous, nous vous proposons un petit tableau illustrant la plus-value du site, par rapport Ă  son ancienne version.

Fonctionnalité

Site 2002

Site 2014

Disponibilité des articles

DisponibilitĂ© des archives n°1 Ă  154 ✓
DisponibilitĂ©s des articles en ligne n°155 Ă  aujourd’hui ✓ ✓

Gestion des articles

Édition des contenus ‘sur place’, sur le site tel que visibleNote bas de page ✓
Choix du template graphiqueNote bas de page pour chaque article ✓
PossibilitĂ© de mettre des images, notes de bas de page, tableaux, etc. dans les articles ✓
Gestion systĂ©matique des auteursNote bas de page ✓
Gestion systĂ©matique des rubriquesNote bas de page ✓ ✓
Gestion systĂ©matique des mots-clĂ©sNote bas de page ✓
Version imprimable Ă©cologique des articles ✓ ✓

Moteur de rechercheNote bas de page

Recherche simple (mots-clĂ©s et opĂ©rateurs logiques) ✓ ✓
Recherche avancĂ©e (avec filtres par auteurs, rubriques, etc.) ✓
Moteur d’indexation des contenus ✓

RĂ©seaux sociauxNote bas de page

PossibilitĂ© de liker la page de la revue ou de suivre son compte Twitter ✓
PossibilitĂ© de partage des contenus sur les rĂ©seaux sociaux ✓
Visualisation des actualitĂ©s publiĂ©es sur les rĂ©seaux sociaux ✓

Abonnement Ă  la revue papierNote bas de page

PossibilitĂ© de s’abonner/se dĂ©sabonner en ligne Ă  la revue papier (formulaire) ✓ ✓
Gestion centralisĂ©e des abonnements en ligne (via le site) ✓

Lettre d’information Ă©lectronique

PossibilitĂ© de s’abonner/se dĂ©sabonner en ligne Ă  la lettre d’information(formulaire) ✓ ✓
Auto-gĂ©nĂ©ration de la lettre d’information (lien avec MailChimp) ✓

Fonctionnalités annexes

TĂ©lĂ©chargement des PDF des revues ✓ ✓
Visualisation des sommaires des revues ✓ ✓
Auto-gĂ©nĂ©ration des sommairesNote bas de page ✓ ✓
Mise en Ă©vidence automatique de l’article de couverture ✓
Mise en Ă©vidence automatique des quatre derniers numĂ©ros parus ✓
Choix des couleurs des rubriquesNote bas de page ✓
Gestion des images et pdf (bibliothùque)Note bas de page ✓
Liens vers d’autres sites ✓ ✓
Formulaire de contact ✓
Gestion des redirectionsNote bas de page ✓
Mails d’avertissement des liens mortsNote bas de page ✓
Message d’erreur en cas d’URL non valideNote bas de page ✓
Lien avec Google Analytics

✓

✓

Cela représente environ un quart des articles de la base.

La nouvelle ‘adresse’ oĂč l’article est consultable.

Service gratuit d’analyse d’audience de Google.

Dont chaque mois quelques articles exclusivement disponibles en ligne.

Il a fallu trouver ce montant Ă  l’intĂ©rieur de l’enveloppe fermĂ©e dont dispose la revue, d’autant que le pouvoir subsidiant a refusĂ© que nous rĂ©partissions ce coĂ»t exceptionnel sur les deux annĂ©es de notre convention.

PossiblitĂ© d’éditer les contenus directement dans le texte, moyennant des droits d’administration.

Un template est un modĂšle de mise page oĂč l’on place images et textes. Pour le site de la revue, trois templates ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s et peuvent ĂȘtre choisis lors de l’encodage d’un article: image Ă  droite, Ă  gauche ou centrĂ©e sur toute la largeur.

Le site comprend une base d’auteurs. Auparavant, ceux-ci Ă©taient encodĂ©s Ă  la main pour chaque article. Aujourd’hui, il suffit de sĂ©lectionner l’ (ou les) auteur(s) dans une liste prĂ©-existante et Ă©ditable par nos soins.

Les rubriques sont prédéfinies dans le systÚme et éditables.

Comme Ă©voquĂ© dans l’article, le site comprend une base de mots-clĂ©s parmi lesquels on peut choisir les plus pertinents lors de l’encodage d’un article. Auparavant, ils Ă©taient encodĂ©s Ă  la main. Lors de la crĂ©ation du nouveau site, nous avons constatĂ© de nombreux doublons pour une mĂȘme thĂ©matique. Ils ont maintenant Ă©tĂ© rationnalisĂ©s.

Pour plus de dĂ©tails, lire l’interview de Jonathan Liuti dans le numĂ©ro prĂ©cĂ©dent.

Idem.

Idem.

Lorsque les articles d’un numĂ©ro sont encodĂ©s et reliĂ©s Ă  un numĂ©ro de revue, le sommaire se construit automatiquement.

Chaque rubrique du site a sa propre couleur, que nous pouvons facilement modifier nous-mĂȘmes Ă  prĂ©sent.

On trouve dans l’interface d’administration une bibliothĂšque de tous les mĂ©dias utilisĂ©s sur le site (images de couverture, pdf, images intĂ©rieures, graphiques, etc.).

Pour plus d’infos, lire ci-dessus ‘Aprùs la mise en ligne’.

Idem.

Aujourd’hui, si une personne tente d’accĂ©der Ă  un de nos contenus avec l’adresse de l’ancien site, non seulement un mail nous en avertit, mais en plus, cette personne sera tout de mĂȘme redirigĂ©e vers notre nouveau site. Elle recevra une page avec un message lui indiquant que le site a Ă©tĂ© revu et lui proposant de chercher les articles qui l’intĂ©ressent grĂące au nouveau moteur de recherche.

Bancs solaires, machines Ă  cancer

Nouvelle campagne ‘Turbo Cancer 3000’ de la Fondation Contre le Cancer

Beaucoup de personnes ont recours au banc solaire avant l’arrivĂ©e du printemps et de l’étĂ©. De plus, les Belges sont des champions en matiĂšre d’usage des bancs solaires (source: Euromelanoma). Le public sous-estime les risques liĂ©s Ă  leur utilisation ou ne les connaĂźt tout simplement pas. Et beaucoup de centres de bronzage s’appuient encore sur des publicitĂ©s trompeuses et exposent les consommateurs sans mĂ©fiance Ă  des comportements Ă  risque.

Le nombre de cancers de la peau poursuit sa spectaculaire augmentation. La Fondation Registre du Cancer le prouve Ă  nouveau au travers des chiffres 2012 qu’elle vient de publierNote bas de page. Ce contexte a motivĂ© la Fondation contre le Cancer Ă  revenir sur cette problĂ©matique Ă  la veille des beaux jours.

Les mythes du banc solaire

De nombreux mythes sont liĂ©s aux bancs solaires. Le secteur en propage lui-mĂȘme certains dans ses tentatives de sĂ©duire les consommateurs. Les effets cancĂ©rigĂšnes de ces appareils sont pourtant incontestables. L’OMS les classe dans la mĂȘme catĂ©gorie que le tabac ou l’amiante, celle des cancĂ©rigĂšnes avĂ©rĂ©s.

Voici trois mythes largement diffusés.

  • La premiĂšre de ces informations inexactes est qu’un usage ‘modĂ©ré’ n’est pas nocif. C’est faux. Aucun seuil de sĂ»retĂ© n’existe quant Ă  l’usage des bancs solaires. Chaque sĂ©ance augmente le risque de cancer de la peau.
  • Un second mythe assez populaire est que le banc solaire est bon pour la santĂ©, car il permet au corps de produire de la vitamine D. Mais le spectre lumineux des UV Ă©mis par les bancs solaires cause des dĂ©gĂąts irrĂ©parables Ă  l’ADN. Il est donc impossible de produire de la vitamine D sous une lampe solaire sans que la peau ne subisse de dĂ©gĂąts. Une carence en vitamine D peut de toute maniĂšre ĂȘtre compensĂ©e par voie orale (alimentation enrichie en vitamine D, complĂ©ments alimentaires sur prescription mĂ©dicale). Le banc solaire n’est donc pas une source appropriĂ©e de vitamine D, du moins pour la population gĂ©nĂ©rale.
  • Un troisiĂšme argument fallacieux est celui du ‘prĂ©-bronzage’: le banc solaire serait une bonne maniĂšre de prĂ©parer la peau Ă  l’étĂ©. Ici aussi, c’est totalement faux. Une peau bronzĂ©e ne donne au mieux qu’une protection largement insuffisante.

Les bancs solaires sont des machines Ă  cancer

De grands organismes de santĂ© publique considĂšrent la nature cancĂ©rigĂšne des bancs solaires comme un fait avĂ©rĂ©. Ils sont d’accord sur de nombreux points, notamment sur le fait qu’utiliser des bancs solaires avant 35 ans augmente le risque de cancer de la peau de 75%, et que ce risque augmente Ă  chaque usage.

MĂȘme si les centres de bronzage suivaient la rĂ©glementation belge Ă  la lettre – et c’est loin d’ĂȘtre le cas si l’on en croit le rĂ©sultat des contrĂŽles effectuĂ©s par le SPF Économie – cela ne signifierait pas pour autant que les bancs solaires sont sĂ»rs. Il n’existe pas d’usage sans danger.

Dans le cadre de sa politique gĂ©nĂ©rale de prĂ©vention UV, la Fondation contre le Cancer cherche Ă  sensibiliser les Belges vis-Ă -vis des effets cancĂ©rigĂšnes des bancs solaires. Mais nous voulons aller plus loin, Ă  commencer par un enregistrement obligatoire de chaque banc solaire. C’est une Ă©tape intermĂ©diaire avant l’interdiction pure et simple des centres de bronzage, comme c’est le cas en Australie depuis cette annĂ©e.

Internet : www.fondationcontrelecancer.be – Cancerinfo : 0800 15 801 – Tabacstop : 0800 111 00 – www.tabacstop.be – Facebook : www.facebook.com/fondationcontrelecancer – Twitter: @fcontrelecancer

Le nombre de nouveaux cas de cancer de la peau augmente chaque année de 13% dans notre pays (6,6% pour les mélanomes). En 2012, on a enregistré 2511 nouveaux diagnostics de mélanome malin (la forme la plus agressive de cancer de la peau), et 27 489 non-mélanomes (les plus fréquents et les moins mortels).

Au total, il y a donc eu 30 000 nouveaux cas de cancers de la peau, tous types confondus. Cela a un impact Ă©conomique important et exerce une pression certaine sur les prestataires de soin, sans parler de la mortalitĂ© non nĂ©gligeable qui s’élĂšve Ă  environ 400 dĂ©cĂšs par an.

Les compétences émotionnelles et la santé

Un facteur à prendre en compte pour la prévention

Que sont les compétences émotionnelles (CE) ?

Les compétences émotionnelles (ou intelligence émotionnelle) renvoient à la maniÚre dont nous identifions, exprimons, comprenons, régulons et utilisons nos émotions ainsi que celles des autres.

Nous Ă©prouvons tous des sentiments, des Ă©motions, agrĂ©ables ou dĂ©sagrĂ©ables, et la façon dont nous y faisons face est fort diffĂ©rente d’une personne Ă  l’autre, selon son caractĂšre, son tempĂ©rament, son Ă©ducation
 Depuis les annĂ©es 90, le concept de compĂ©tence Ă©motionnelle (ou d’intelligence Ă©motionnelle) a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© pour en rendre compte. Les compĂ©tences Ă©motionnelles recouvrent diverses dimensions (voir Tableau 1) relatives Ă  la façon dont nous traitons nos Ă©motions et celles des autres. Des questionnaires validĂ©s permettent de les ‘mesurer’.

Tableau 1 : Dimensions des compétences émotionnelles

Dimensions Soi Autrui
Identification Identifier (reconnaĂźtre) mes Ă©motions Identifier (reconnaĂźtre) les Ă©motions d’autrui
ComprĂ©hension Comprendre mes Ă©motions Comprendre les Ă©motions d’autrui
Utilisation Utiliser mes Ă©motions Utiliser les Ă©motions d’autrui
Expression Exprimer mes Ă©motions Être Ă  l’écoute des Ă©motions d’autrui
RĂ©gulation RĂ©guler mes Ă©motions RĂ©guler les Ă©motions d’autrui
Score des CE intrapersonnelles Score des CE interpersonnelles Score des CE globales
Score des CE globales

Source: Petrides & Furnham, 2003

Dimensions des compétences émotionnelles : quelques exemples de la vie quotidienne

Identification des Ă©motions. Lorsqu’elle se sent mal, une personne qui a de bonnes compĂ©tences Ă©motionnelles arrive Ă  identifier s’il s’agit d’agacement, de tristesse, de frustration, de stress. Une personne qui a des difficultĂ©s en matiĂšre d’identification des Ă©motions sait si elle se sent bien ou mal (et Ă  quel point), mais a des difficultĂ©s Ă  identifier quelle Ă©motion elle ressent prĂ©cisĂ©ment.

ComprĂ©hension des Ă©motions. Une personne qui comprend bien ses Ă©motions est capable de faire la diffĂ©rence entre le dĂ©clencheur d’une Ă©motion et sa cause. Je rentre du travail et je me mets Ă  prĂ©parer le repas du soir. Mon conjoint me fait une remarque sur ma maniĂšre de faire. Cela me met vraiment en colĂšre. Clairement, la remarque est le dĂ©clencheur. Mais est-ce la cause de mon Ă©motion ? Il se peut que la cause profonde soit que je suis simplement au bout du rouleau et qu’un rien me met de mauvaise humeur. Ou bien que je ne me sens pas reconnu(e) Ă  mon travail et Ă  la maison et que cette remarque me touche parce qu’elle est le reflet d’un malaise plus profond. Une personne qui comprend bien ses Ă©motions sait faire la diffĂ©rence entre le dĂ©clencheur et la cause. Une personne qui ne comprend pas bien ses Ă©motions en restera toujours au dĂ©clencheur.

Utilisation des Ă©motions. Reprenons l’exemple ci-dessus. Si j’utilise bien mes Ă©motions, je vais essayer de comprendre ce que cette Ă©motion me dit : peut-ĂȘtre suis-je Ă  bout et ai-je besoin de prendre des vacances ? Peut-ĂȘtre que je souffre d’un manque de reconnaissance et que je dois en parler Ă  mon conjoint ? La personne qui utilise bien ses Ă©motions va essayer de voir quels changements elle doit apporter Ă  sa vie (ex. prendre des vacances). La personne qui n’utilise pas ses Ă©motions ne se demande pas ce que ses Ă©motions veulent dire et elle perd une occasion de modifier des choses importantes dans sa vie.

Expression des Ă©motions. Une personne qui exprime bien ses Ă©motions est capable d’expliquer calmement Ă  son conjoint (par exemple), au moment opportun, pourquoi cette situation la met en colĂšre et ce que l’autre peut faire pour l’apaiser. Une personne qui n’est pas compĂ©tente dans l’expression des Ă©motions choisira mal son moment, s’exprimera en criant ou au contraire rĂąlera ou boudera sans rien dire.

RĂ©gulation des Ă©motions. Une personne qui gĂšre bien ses Ă©motions est capable de ne pas perdre ses moyens en situation de stress, de colĂšre ou de jalousie. Elle est capable de continuer ses activitĂ©s en cours sans se laisser submerger par l’Ă©motion. Une personne qui gĂšre mal ses Ă©motions aura beaucoup de difficultĂ©s Ă  poursuivre la tĂąche en cours en situation de stress, aura beaucoup de mal de se retenir de crier, d’insulter, voire de frapper en situation de colĂšre, aura beaucoup de mal Ă  se retenir de ‘piquer une crise’ en situation de jalousie.

Existe-t-il un lien entre les compétences émotionnelles et la santé ?

Certains Ă©lĂ©ments dans la littĂ©rature indiquent que les compĂ©tences Ă©motionnelles influent Ă©galement sur la santĂ©. Toutefois, ce lien n’a jamais Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© de maniĂšre complĂšte et rigoureuse.

En revanche, il existe des recherches qui démontrent en suffisance la relation entre les compétences émotionnelles et les domaines psychologique, social et du travail :

  • au niveau psychologique, des compĂ©tences Ă©motionnelles Ă©levĂ©es entraĂźnent un plus grand bien-ĂȘtre et moins de troubles psychiques;
  • au niveau social, des compĂ©tences Ă©motionnelles Ă©levĂ©es entraĂźnent une plus grande satisfaction dans le cadre des relations sociales et conjugales;
  • au niveau du travail, des compĂ©tences Ă©motionnelles Ă©levĂ©es entraĂźnent de meilleures performances professionnelles.

L’influence des compĂ©tences Ă©motionnelles sur la santĂ© n’a jamais Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e de maniĂšre approfondie. Certes, des Ă©tudes ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© consacrĂ©es Ă  l’influence des compĂ©tences Ă©motionnelles sur la santĂ© subjective, mais les indicateurs objectifs de santĂ© (approchĂ©s par l’utilisation des soins de santĂ©) ont fait l’objet de recherches insuffisantes.

C’est pourquoi, la MC, l’UCL et la KU Leuven ont dĂ©cidĂ© de s’unir pour analyser le lien entre les compĂ©tences Ă©motionnelles et la santĂ© par le biais d’une Ă©tude scientifique rĂ©alisĂ©e auprĂšs des membres des MutualitĂ©s chrĂ©tiennes.

MĂ©thodologie

La recherche comportait une enquĂȘte Ă©crite auprĂšs de 1.310 rĂ©pondants et une enquĂȘte en ligne auprĂšs de 9.616 rĂ©pondants.

Chaque Ă©tude comportait deux phases :

  • une enquĂȘte via un questionnaire validĂ© afin de rĂ©unir des informations sur les compĂ©tences Ă©motionnelles des gens. De plus, un certain nombre de questions complĂ©mentaires ont Ă©tĂ© posĂ©es, permettant de se faire une meilleure idĂ©e des caractĂ©ristiques socio-Ă©conomiques des rĂ©pondants (niveau d’études, situation familiale, rĂ©seau social
), de leur indice de masse corporelle, de leur style de vie (tabagisme, alimentation, pratique sportive
), de leur recours Ă  certains mĂ©dicaments ou traitements ou services non remboursĂ©s par l’assurance maladie obligatoire (par exemples mĂ©decines alternatives);
  • l’enrichissement des informations rĂ©coltĂ©es grĂące au questionnaire avec les donnĂ©es provenant des bases de donnĂ©es de la MC afin d’établir un lien entre les compĂ©tences Ă©motionnelles (questionnaire) et l’utilisation des soins de santĂ© (bases de donnĂ©es de la MC).

La deuxiÚme étude a été réalisée afin de vérifier si les résultats de la premiÚre étude étaient reproductibles sur un échantillon plus important.

RĂ©sultats

Les compétences émotionnelles sont liées de maniÚre significative à la santé

La premiĂšre question de recherche de l’étude consistait Ă  vĂ©rifier si les compĂ©tences Ă©motionnelles constituaient un facteur dĂ©terminant de la santĂ©. Pour rĂ©pondre Ă  cette question, des corrĂ©lations ont Ă©tĂ© Ă©tablies entre les compĂ©tences Ă©motionnelles et les diffĂ©rentes formes d’utilisation des soins de santĂ© (utilisation des mĂ©dicaments, nombre de consultations chez un mĂ©decin, nombre d’hospitalisations
).

Ces corrĂ©lations Ă©taient significatives et dĂ©montrent que les compĂ©tences Ă©motionnelles constituent un facteur dĂ©terminant de la santĂ©. Des compĂ©tences Ă©motionnelles plus Ă©levĂ©es sont associĂ©es Ă  une consommation rĂ©duite de mĂ©dicaments, une baisse du nombre de consultations chez les mĂ©decins et les spĂ©cialistes et un nombre infĂ©rieur de jours d’hospitalisation. Cette constatation est une premiĂšre mondiale !

Pour les autres caractĂ©ristiques des personnes interrogĂ©es, des corrĂ©lations ont Ă©tĂ© Ă©tablies avec l’utilisation des soins de santĂ©. L’ñge, le sexe, le niveau de formation, l’indice de masse corporelle (IMC), les Ă©motions positives et nĂ©gatives, le soutien social, les habitudes alimentaires et les habitudes en matiĂšre d’activitĂ© physique ont Ă©galement montrĂ© un lien significatif avec la consommation de mĂ©dicaments et l’utilisation des soins de santĂ©. La corrĂ©lation entre ces variables et la santĂ© avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e dans d’autres Ă©tudes.

Les compĂ©tences Ă©motionnelles et l’ñge sont les deux principaux facteurs prĂ©dictifs de la santĂ©

Les rĂ©sultats de l’étude montrent que de nombreux facteurs exercent une influence sur l’utilisation des soins de santĂ©. En outre, bon nombre de ces facteurs sont corrĂ©lĂ©s entre eux.

La seconde question de recherche de l’étude consistait Ă  dĂ©finir les principaux facteurs prĂ©dictifs de chaque utilisation de soins de santĂ©. Une analyse statistique a Ă©tĂ© effectuĂ©e Ă  cet effet (analyse de rĂ©gression pas Ă  pas).

Le rĂ©sultat de cette analyse est reprĂ©sentĂ© sous la forme d’un tableau (voir ci-dessous) qui Ă©numĂšre les variables prĂ©dictives pour chaque utilisation de soins de santĂ©, par ordre d’importance. La variable mentionnĂ©e en premier lieu reprĂ©sente le principal facteur prĂ©dictif de cette utilisation de soins de santĂ©. Les variables suivantes ajoutent chacune une valeur prĂ©dictive supplĂ©mentaire.

Les variables suivantes ont Ă©tĂ© prises en compte dans le modĂšle : compĂ©tences Ă©motionnelles, Ăąge, sexe, formation, IMC, soutien social, habitudes alimentaires (alimentation), activitĂ© physique, consommation d’alcool et tabagisme.

Tableau 2 : Facteurs prĂ©dictifs (par ordre d’importance) de l’utilisation des soins de santĂ© (Ă©tude 1)

FrĂ©quence d’utilisation des services de santĂ© non remboursĂ©s Âge ActivitĂ© physique Sexe CE
FrĂ©quence d’utilisation des mĂ©dicaments non remboursĂ©s Sexe CE Âge Soutien social ActivitĂ© physique
Utilisation de mĂ©dicaments non remboursĂ©s en dose journaliĂšre moyenne Âge CE IMC ActivitĂ© physique Formation Sexe Soutien social
DĂ©penses en mĂ©dicaments remboursĂ©s CE Âge
Nombre de consultations chez le mĂ©decin (gĂ©nĂ©raliste et spĂ©cialiste) Âge Sexe IMC CE Soutien social Formation
DĂ©penses en consultations chez le mĂ©decin (gĂ©nĂ©raliste et spĂ©cialiste) Âge Sexe CE IMC Formation Soutien social
Nombre de consultations chez le psychiatre CE Formation Sexe
DĂ©penses en consultations chez le psychiatre CE Formation Alimentation
Nombre de jours d’hospitalisation (tous types) CE Âge ActivitĂ© physique Sexe
DĂ©penses hospitalisations (tous types) Âge ActivitĂ© physique CE
Nombre de jours en hÎpital général CE IMC Alcool et tabac Activité physique
DĂ©penses hĂŽpital gĂ©nĂ©ral Âge ActivitĂ© physique CE
Nombre de jours d’hîpital psychiatrique CE Alcool et tabac
DĂ©penses hĂŽpital psychiatrique Soutien social

L’étude 1 dĂ©montre que les compĂ©tences Ă©motionnelles et l’ñge constituent les deux principaux facteurs prĂ©dictifs de l’utilisation des soins de santĂ©. Ces deux facteurs apparaissent six fois Ă  la premiĂšre place, ce qui signifie qu’ils constituent les principaux facteurs prĂ©dictifs pour cette utilisation des soins de santĂ©.

Les compĂ©tences Ă©motionnelles apparaissent le plus souvent dans le tableau (13 fois), suivies par l’ñge (9 fois), le sexe et l’activitĂ© physique (7 fois chacun), la formation et le soutien social (5 fois chacun).

Dans l’étude 2, il a Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ© si l’utilisation des soins de santĂ© Ă©tait dĂ©finie essentiellement par les compĂ©tences Ă©motionnelles intrapersonnelles (relatives Ă  ses propres Ă©motions) ou plutĂŽt par les compĂ©tences Ă©motionnelles interpersonnelles (relatives aux Ă©motions des autres).

Les rĂ©sultats montrent que les compĂ©tences Ă©motionnelles intrapersonnelles (CE intra) prĂ©sentent la valeur prĂ©dictive la plus Ă©levĂ©e en ce qui concerne l’utilisation des soins de santĂ©.

De tous les facteurs corrĂ©lĂ©s avec la santĂ©, les compĂ©tences Ă©motionnelles (surtout intrapersonnelles) et l’ñge prĂ©sentent donc les valeurs prĂ©dictives les plus Ă©levĂ©es.

Des compĂ©tences Ă©motionnelles Ă©levĂ©es rĂ©duisent l’effet des facteurs de risque connus sur la santĂ©

La troisiĂšme question de l’étude visait Ă  vĂ©rifier si les compĂ©tences Ă©motionnelles pouvaient rĂ©duire l’impact nĂ©gatif de certains facteurs de risque sur la santĂ©. À cet effet, l’utilisation moyenne des soins de santĂ© a Ă©tĂ© calculĂ©e par sous-groupe.

L’échantillon a chaque fois Ă©tĂ© subdivisĂ© en deux sous-groupes : les personnes prĂ©sentant des compĂ©tences Ă©motionnelles Ă©levĂ©es et faibles (supĂ©rieures ou infĂ©rieures au score moyen de CE10). Chaque sous-groupe a fait l’objet d’une subdivision supplĂ©mentaire : les personnes prĂ©sentant un certain risque pour la santĂ© (p. ex.: personne ĂągĂ©e) par rapport aux personnes qui ne prĂ©sentaient pas ce risque (p. ex.: personne jeune).

Les personnes prĂ©sentant un certain facteur de risque pour la santĂ© (personnes ĂągĂ©es, IMC Ă©levĂ©, niveau de formation faible, sĂ©dentaritĂ©) et des compĂ©tences Ă©motionnelles faibles ont davantage recours aux soins de santĂ© que les personnes qui prĂ©sentent le mĂȘme facteur de risque mais des compĂ©tences Ă©motionnelles Ă©levĂ©es. Elles consomment plus de mĂ©dicaments, consultent plus souvent le mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste ou spĂ©cialiste et sont plus souvent hospitalisĂ©es. Des compĂ©tences Ă©motionnelles Ă©levĂ©es peuvent donc rĂ©duire l’impact nĂ©gatif d’un facteur de risque donnĂ©.

Figure 1: L’interaction entre l’IMC et les compĂ©tences Ă©motionnelles en ce qui concerne les contacts avec un mĂ©decin (gĂ©nĂ©raliste et spĂ©cialiste)ImageÀ titre d’exemple, la figure 1 montre que les personnes prĂ©sentant un IMC Ă©levĂ© ont plus de contacts (consultations et/ou visites) avec un mĂ©decin que les personnes prĂ©sentant un IMC faible. Mais les compĂ©tences Ă©motionnelles jouent Ă©galement un rĂŽle majeur : plus elles sont Ă©levĂ©es, moins les patients ont de contacts avec le mĂ©decin.

Des compĂ©tences Ă©motionnelles Ă©levĂ©es rĂ©duisent la frĂ©quence de contacts pour les personnes prĂ©sentant un IMC Ă©levĂ©. Sur une base annuelle, une personne prĂ©sentant un IMC Ă©levĂ© et des compĂ©tences Ă©motionnelles faibles a 1,3 contact de plus (soit 15 contacts de plus sur une pĂ©riode de 12 ans) avec un mĂ©decin qu’une personne prĂ©sentant Ă©galement un IMC Ă©levĂ© mais avec des compĂ©tences Ă©motionnelles Ă©levĂ©es. Pour les personnes prĂ©sentant un IMC faible, la diffĂ©rence entre les compĂ©tences Ă©motionnelles Ă©levĂ©es et faibles s’élĂšve Ă  0,8 contact (en base annuelle).

Offre des Mutualités chrétiennes en matiÚre de compétences émotionnelles

Certaines recherches ont montrĂ© que les compĂ©tences Ă©motionnelles pouvaient s’acquĂ©rir et s’amĂ©liorer. Il s’agit donc d’un facteur sur lequel on peut agir en vue d’influencer la santĂ©. Depuis dĂ©jĂ  quelques annĂ©es, l’action prĂ©ventive de la MC s’articule notamment autour de trois thĂšmes : l’alimentation, l’activitĂ© physique et le bien-ĂȘtre/la santĂ© mentale.

L’étude montre clairement que la santĂ© est influencĂ©e par diffĂ©rents facteurs et que l’action prĂ©ventive doit donc Ă©galement s’organiser Ă  plusieurs niveaux. Si nous voulons amĂ©liorer notre santĂ©, il est important d’agir sur le plus grand nombre possible de domaines.

Les nouvelles connaissances en matiĂšre de compĂ©tences Ă©motionnelles ne remplaceront pas les recommandations prĂ©cĂ©dentes en matiĂšre d’alimentation saine et d’activitĂ© physique suffisante. Au contraire, il s’agit d’un facteur complĂ©mentaire Ă  prendre en compte Ă  l’avenir, en plus des facteurs dĂ©jĂ  connus.

Infor SantĂ©, le service promotion de la santĂ© de la MC, a investi la thĂ©matique de la santĂ© mentale avec comme premier axe de travail le stress. Les enquĂȘtes de terrain auprĂšs des professionnels du rĂ©seau interne et externe de la MC ont permis de dĂ©gager des pistes concrĂštes de travail.

La premiĂšre d’entre elles est relative Ă  l’accĂšs Ă  l’information sur la santĂ© mentale, par la rĂ©alisation de deux brochures d’information et de sensibilisation sur le stress («Balancez votre stress !») et sur les diffĂ©rents types de thĂ©rapeutes et de thĂ©rapies («Et psy j’allais consulter ? Des conseils pour bien choisir»). Plus d’infos: www.mc.be/inforsante.

ParallĂšlement, les mutualitĂ©s rĂ©gionales ont organisĂ© des initiatives de terrain comme des ateliers d’initiation Ă  diffĂ©rentes techniques corporelles (yoga, taĂŻchi, sophrologie, auto-massage, mĂ©ditation
); des modules sur l’estime de soi, la gestion du stress
; des cycles de confĂ©rence sur le stress, les Ă©motions, le lĂącher-prise, le bonheur, le sommeil, etc.

La seconde piste de travail consiste Ă  favoriser le dĂ©veloppement des ressources individuelles en termes de connaissance de soi, de ses besoins et de ses Ă©motions; l’objectif global Ă©tant de rendre les gens acteurs de leur bien-ĂȘtre.

Certaines rĂ©gions ont aussi organisĂ© des ateliers en plusieurs sĂ©ances autour des compĂ©tences Ă©motionnelles. Ces ateliers consistaient, entre autres, Ă  comprendre le processus Ă©motionnel (comment ça marche ? Ă  quoi ça sert ?), Ă  identifier les sensations liĂ©es aux Ă©motions, Ă  expĂ©rimenter des techniques pour apprendre Ă  mieux vivre avec ses Ă©motions


Je ne suis pas un super héros
 Et alors ?

C’est l’une des petites phrases qui soutiennent la nouvelle campagne de prĂ©vention autour du bien-ĂȘtre de la MutualitĂ© chrĂ©tienne (MC). Une campagne articulĂ©e autour du site web www.jepenseaussiĂ moi.be qui vise Ă  maintenir ou retrouver un bon Ă©quilibre mental et prĂ©venir le stress excessif, source de burn-out ou de dĂ©pression, des problĂšmes de santĂ© aigus dont les rĂ©percussions sont importantes pour les personnes et l’ensemble de la sociĂ©tĂ©.

En 2013, un peu plus de 10% de la population belge a consommĂ© des antidĂ©presseurs. De son cĂŽtĂ©, l’Inami rapporte en 2013 qu’«entre un tiers et la moitiĂ© des nouvelles demandes d’indemnitĂ©s d’invaliditĂ© sont imputables Ă  des troubles mentaux». Chez les jeunes adultes, cette proportion atteint les 70%. En 10 ans, une hausse de prĂšs de 58% du nombre d’invalides pour troubles mentaux a Ă©tĂ© observĂ©e.

Par ailleurs, un rapport commandĂ© par l’Union europĂ©enne estime l’ensemble des coĂ»ts liĂ©s Ă  la mauvaise santĂ© mentale dans l’Union Ă  environ 620 milliards d’euros par anNote bas de page.

«On le voit, c’est un enjeu important. C’est aussi un enjeu difficile car trop souvent entourĂ© de tabous et de non-dits. Pour y faire face, la prĂ©vention est notre meilleure alliĂ©e» explique Jean Hermesse, SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la MC.

Infor SantĂ©, le service de promotion de la santĂ© de la MC, a lancĂ© sa nouvelle campagne ‘Je pense aussi Ă  moi’ Ă  l’occasion de la journĂ©e internationale du bonheur du 20 mars dernier. Elle souligne l’importance de prendre du temps pour soi pour prĂ©venir un stress excessif pouvant dĂ©boucher sur des problĂšmes de santĂ© plus graves. Le site www.jepenseaussiĂ moi.be prĂ©sente des articles d’experts sur les Ă©motions, les besoins, l’estime de soi, le sommeil
 Il met Ă©galement Ă  disposition du grand public des tĂ©moignages, des solutions adaptĂ©es et des adresses utiles.

Outre ces ressources en ligne, ‘Je pense aussi Ă  moi’ propose un cycle de confĂ©rences sur le bien-ĂȘtre au quotidien, donnĂ©es par Ilios KotsouNote bas de page en Wallonie et Ă  Bruxelles. Par ailleurs, des ateliers, cours ou confĂ©rences sont organisĂ©s par la MC tout au long de l’annĂ©e.

Remboursement des soins ‘psy’

Cette campagne est le fruit d’une large enquĂȘte de terrain menĂ©e par Infor SantĂ© auprĂšs d’une trentaine de structures impliquĂ©es dans la santĂ© mentale en FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles (centres de santĂ© mentale, services sociaux, CPAS, ONE
).

Les organismes interrogĂ©s pointent notamment du doigt les listes d’attentes chez les spĂ©cialistes et le manque de remboursements. La MC revendique d’ailleurs depuis longtemps une amĂ©lioration de l’accĂšs, de mĂȘme que le remboursement des suivis psychologiques chez un psychologue ou un psychothĂ©rapeute.

«La MC propose dĂ©jĂ  des interventions dans les frais de santĂ© mentale de ses membres. Et au fĂ©dĂ©ral, les choses semblent sur le point de bouger», explique Jean Hermesse. En effet, l’accord de gouvernement prĂ©voit la mise Ă  l’étude d’un systĂšme de remboursement des soins de santĂ© mentale.

Plus d’informations: www.jepenseaussiàmoi.bewww.facebook.com/jepenseaussiamoihttp://twitter.com/inforsante

Bibliographie

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  • Kotsou, L., Nelis, D., Gregoire, J., & Mikolajczak, M. (2011). Emotional plasticity: conditions and effects of improving emotional competence in adulthood. Journal of Applied Psychology, 96(4), 827-839.
  • Mikolajczak M, Quoidbach J, Kotsou I & Nelis D. 2009. Les compĂ©tences Ă©motionnelles. Paris: Dunod
  • Mikolajczak M, Desseiller M. 2013. Vivre mieux avec ses Ă©motions. Paris: Odile Jacob.
  • Nelis, D., Kotsou, I., Quoidbach, J., Hansenne, M., Weytens, F., Dupuis, P., et al. (2011). Increasing Emotional Competence Improves Psychological and Physical Well-Being, Social Relationships, and Employability. Emotion, 11(2), 354-366.
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Cette Ă©tude conjointe des MutualitĂ©s chrĂ©tiennes, de l’UCL et de la KUL a fait l’objet d’une prĂ©sentation dĂ©taillĂ©e dans MC-Informations n° 258, dĂ©cembre 2014, pages 34 Ă  47.

Ilios Kotsou est chercheur Ă  l’ULB en psychologie des Ă©motions, spĂ©cialiste de l’intelligence Ă©motionnelle, du bonheur et de la pleine conscience. Il a Ă©crit et co-Ă©crit plusieurs ouvrages dont Eloge de la luciditĂ©, L’intelligence Ă©motionnelle ou encore Petit cahier d’exercices de pleine conscience.