Septembre 2017 Par Omer URAT Réflexions

Les chiffres parlent d’eux-mêmes ! Tous les quatre ans, l’enquête « Comportements, bien-être et santé des élèves » est menée par le SIPES auprès de nos adolescents scolarisés en FWB, versant francophone belge de l’étude internationale HBSC à laquelle participent plus de 40 pays sous le patronage du Bureau Européen de l’OMS. Les résultats de la dernière enquête sont désormais connus.

85 % des adolescents francophones sont très satisfaits de leur vie !

L’adolescence, moment critique qui peut influencer toute une vie, est une période où chacun se cherche et cherche sa place au sein de la société. Cette étape de transition vers l’âge adulte constitue une part importante dans le futur d’un individu, et malheureusement parfois, l’installation de mauvaises habitudes pouvant avoir un impact sur l’apparition de maladies chroniques. Un impact durant cette période est souvent conséquent pour la suite.

Depuis 1986, l’enquête produit des indicateurs utiles qui permettent une constatation de la réalité de terrain et une adaptation des politiques futures en matière de santé et de qualité de vie de nos adolescents scolarisés au sein des écoles francophones. Il s’agit d’une mine d’informations pour les acteurs de la promotion de la santé visant spécifiquement ce public.Cette période est souvent marquée par la volonté des adolescents à devenir de plus en plus indépendants vis-à-vis de leur famille.Ce qui engendre un moment de fragilité face aux changements physiques et psychosociaux.

Objectifs et modalités du test

Du point de vue international, le public est constitué d’enfants âgés de 11, 13 et 15 ans. En FWB, l’enquête s’adresse aux élèves scolarisés à partir de la 5e primaire jusqu’à la 7e secondaire. Le but est de réaliser un recensement des comportements adoptés par des adolescents en lien avec la santé, leur bien-être et leur état de santé.Les résultats permettent une analyse de l’évolution des comportements des jeunes et d’identifier, entre autres, les disparités démographiques, scolaires et sociales. Ils sont destinés aux acteurs de la promotion de la santé, tous domaines confondus, en passant par des personnes travaillant dans le milieu scolaire jusqu’au secteur de la santé.

L’un des objectifs est d’alimenter les connaissances scientifiques sur les enjeux de santé des adolescents afin d’adapter les décisions politiques et améliorer ainsi leur quotidien. L’enquête est réalisée selon une procédure standardisée, basée sur le protocole international HBSCNote bas de page.Il s’agit d’une étude à grande échelle qui se base sur une représentativité des estimations.

Concrètement, les jeunes reçoivent un questionnaire auto-administré qu’ils remplissent en classe sous la simple surveillance d’un membre académique. Il n’y a donc aucune intervention extérieure dans le choix de leurs réponses. Le questionnaire reste anonyme et est placé sous enveloppe scellée une fois terminé.

Procédures

L’enquête est basée sur un échantillonnage de 1 550 élèves par tranche d’âge pour le niveau international et un échantillonnage stratifié à deux degrés : dans un premier temps, on réalise une sélection des établissements. Ensuite, des classes sont sélectionnées pour participer à l’enquête.On désigne les règles de la répartition du tirage au sort en fonction des proportions attendues dans les provinces et dans les réseaux scolaires (FWB, officiel et libre). L’objectif est d’interroger un nombre d’adolescents par province proportionnellement à la taille de la population scolaire de la province.

Le thème des questions est en relation directe avec la notion de santé ou de bien-être, dont l’alimentation, l’activité physique et la sédentarité, le sommeil, la vie relationnelle avec les enseignants, les amis, le bien-être à l’école, la qualité de vie, la confiance en soi… Une partie importante est consacrée à l’analyse de l’état de santé perçu par les enfants eux-mêmes en relation avec leur vie quotidienne.

Pour cibler au mieux les questions de  la recherche, il existe trois types de questionnaires différents, destinés aux élèves en primaire, en secondaire inférieur, et en secondaire supérieur. Avec les données récoltées depuis 1986, il est possible de montrer l’évolution de certains comportements au sein de ce public.

Décryptage des mœurs de nos ados

En Belgique, en 2014, plus de la moitié des élèves en fin de primaire et en secondaire consomment au moins un légume par jour. Ce constat, qui a débuté en 2002, se confirme et se stabilise aujourd’hui. La différence tient au fait que les filles mangent davantage de légumes que les garçons, dont la consommation reste stable tout au long de la scolarité.

Avec cette étude pluridisciplinaire, une corrélation est réalisée entre les jeunes vivants avec leurs deux parents ou dans une famille recomposée. La consommation de légumes est plus importante dans le premier cas. L’analyse socioéconomique et l’orientation scolaire montrent que l’aisance matérielle est en lien direct avec la consommation de légumes, et aussi que la consommation est plus importante chez les adolescents en enseignement général qu’en professionnel.

Pour citer d’autres exemples, on peut noter que parmi les adolescents interrogés, plus de la moitié d’entre eux déclarent prendre le petit-déjeuner (56 %) et 15 % font au moins une heure d’activité sportive au quotidien. Tandis que plus d’un quart (37 %) affirment consommer des boissons sucrées quotidiennement, chiffre en augmentation en comparaison avec les précédentes années. Aussi, un individu sur quatre affirme (23 %) se restaurer dans un fastfood chaque semaine.

D’après les résultats, on peut donc démontrer que les adolescents belges francophones de la FWB consomment de manière significative 20 % de plus de légumes et de boissons sucrées quotidiennement par rapport aux autres adolescents des pays participants.

En FWB, en 2014, plus de 8 enfants sur 10 boivent de l’eau quotidiennement (83 %). Les filles en consomment davantage que les garçons, tous degrés confondus. Également, cette consommation est plus importante dans les milieux socioéconomiques plus élevés.

Nous pouvons citer que 66 % des jeunes font du sport au moins deux fois par semaine. Les garçons sont plus nombreux que les filles dans cette pratique. Le taux de participation à une activité sportive est fortement en corrélation avec le milieu socioéconomique de la famille, il est donc plus facilement observable chez les jeunes ayant une aisance matérielle importante.57 % des jeunes passent au moins deux heures quotidiennement à regarder la télévision les jours d’école. On remarque que cette proportion a augmenté entre 2010 et 2014 dans l’enseignement secondaire.

Et sur internet ? Plus de la moitié des jeunes (52 %) passent au moins deux heures par jour sur la toile. Ce taux a fortement augmenté depuis 2010, il est deux fois plus important chez les jeunes en secondaire qu’en primaire (59 % contre 28 %). On constate également que les enfants issus d’une famille recomposée ou monoparentale passent plus de temps sur la toile que ceux vivant avec leurs deux parents. Suivant la même tendance, 43,8 % des jeunes passent au moins deux heures par jour à jouer à des jeux vidéo (chiffres en augmentation depuis 2002). On peut, entre autres, expliquer cela par la démocratisation de l’accès aux jeux vidéo et à internet.

Ce constat est plus important chez les familles bénéficiant d’une aisance matérielle plus grande que chez les familles moins fortunées.L’analyse du temps de sommeil montre que 60 % des individus expriment dormir moins de neuf heures par nuit pendant la semaine. Ce constat ne fait qu’augmenter durant la scolarité, et est davantage accentué chez des familles avec des parents séparés, mais aussi chez les jeunes fréquentant l’enseignement professionnel.

Les difficultés rencontrées pour dormir, plus d’une fois par semaine, ont été signalées par un jeune sur trois. Néanmoins, ce taux reste stable depuis 2010. Les filles déclarent avoir plus de difficultés que les garçons, et cela, peu importe le niveau scolaire.Par conséquent, la fatigue matinale est en hausse depuis 1994 chez tout le monde.

Sexualité et santé

Près de 7 jeunes sur 10 expriment avoir obtenu des informations sur la transmission du VIH et la presque totalité des jeunes en FWB (90,3 %) semble bien informée des risques encourus en ayant des rapports sexuels sans préservatif avec une personne porteuse du virus du sida. Environ 89 % des adolescents déclarent être « tombés amoureux » au moins une fois et presque un jeune sur deux en secondaire supérieur a déjà eu un rapport sexuel. Aussi, 95 % affirment utiliser un préservatif lors du premier rapport.

L’alcool et le tabac dans tout cela ?

L’adolescence est parfois, voire souvent, la période pendant laquelle le jeune allume sa première cigarette, c’est le cas pour environ 4 % des élèves en primaire et 30 % en secondaire. Dans ces derniers, 7,5 % fument quotidiennement et presque un jeune sur cinq a déjà testé la version électronique. 15,6 % des jeunes en primaire et de 60 % en secondaire ont déjà bu des boissons alcoolisées. De plus, presque 14 % des adolescents en secondaire consomment au moins une fois par semaine de l’alcool et 32,7 % ont déjà expérimenté le cannabis.

Cyberharcèlement et réseaux sociaux

Le cyberharcèlement désigne le fait de recevoir des informations à caractère moqueur. Par exemple, la publication de photos sans l’accord de la personne présentée en situation inappropriée. Le taux en FWB est de 4,4 %, comparable à la moyenne internationale.

Évolutions au cours du temps

Afin de comparer les résultats obtenus avec ceux des années antérieures, les proportions de chaque année sont standardisées pour l’âge, le genre et l’orientation scolaire, tout en prenant comme référence la première année d’enquête disponible.La consommation quotidienne des fruits et des légumes, de 2002 à 2014, augmente de 10 %. Entre 2006 et 2014, environ un adolescent sur trois privilégie les boissons sucrées, un constat en augmentation.

En analysant les chiffres de la consommation d’alcool, on remarque une diminution entre 1994 et 2014 d’environ 10 %. De plus, 24 % des adolescents ont déjà expérimenté l’état d’ivresse plus d’une fois au cours de leur vie. La consommation quotidienne de tabac, quant à elle, diminue et passe de 14,9 % en 1994 à 8,7 % en 2014 pour les jeunes en secondaire. On constate aussi une diminution dans le nombre de victimes de harcèlement scolaire en secondaire et une stabilisation en primaire.

Finalement, on constate une diminution de la proportion de jeunes qui « aiment beaucoup l’école ». Entre 2002 et 2014, on passe de 25,5 % à 20 % pour le primaire et de 9,3 % à 7,8 % pour le secondaire. En conséquence, une augmentation de la proportion de jeunes qui aime « assez » les primaires passe de 20,2 % à 24,4 % et les secondaires de 27,4 % à 39,1 %. On peut expliquer cela par le stress lié au travail scolaire, qui est un phénomène de plus en plus récurrent et qui constitue l’une des problématiques de notre société actuelle. C’est pourquoi, ce type d’étude est primordial afin de mettre en évidence les thématiques à travailler au sein de notre société pour les générations futures.

Pour consulter les résultats complets de l’étude, surfez sur sipes.ulb.ac.be.

Des informations détaillées concernant la méthodologie utilisée se trouvent dans une version abrégée du protocole international, accessible sur demande sur le site HBSC : www.hbsc.org/methods.