Janvier 2013 Par Vladimir MARTENS Stratégies

Comme le montrent les données épidémiologiques collectées par l’Institut scientifique de santé publique (voir-ci-dessus), l’épidémie de VIH/sida continue à progresser en Belgique. Les responsables politiques ont pris la mesure de l’enjeu.

En juin 2012, à l’initiative de Laurette Onkelinx, Ministre fédérale des Affaires sociales et de la Santé publique, la Conférence interministérielle (CIM) santé a pris l’engagement d’élaborer un plan national sida pour l’année prochaine, c’est-à-dire en juin 2013. Ce plan couvrira la période 2013-2018.

Avant le démarrage de l’élaboration du plan, divers experts ont été consultés et une note intitulée «Priorités des ministres de la santé publique à l’issue des consultations préliminaires» a été approuvée le 15 septembre par le groupe de travail «maladies infectieuses»(1) de la CIM. Dans cette note, trois «piliers» principaux ont été définis: la prévention, le dépistage et le suivi, la qualité de vie et la prise en charge de la personne séropositive. Pour chacun de ces piliers, des pistes sont déjà mentionnées afin de baliser la construction du plan.

Cet engagement politique a rejoint par une étonnante et heureuse coïncidence une initiative des professionnels de la lutte contre le sida. En effet, le consortium BREACH (2) (Belgian Research on AIDS and HIV Consortium) a organisé en septembre 2012 un symposium d’un jour et demi consacré à la prévention du VIH/sida. Ce colloque visait à faire le point sur les données et constats actuels et à formuler des recommandations pour améliorer le travail de prévention. Il s’est intéressé particulièrement aux deux groupes prioritaires que sont les personnes originaires d’Afrique subsaharienne d’une part et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes d’autre part. Après une matinée de communications en plénière, une après-midi de sessions parallèles a permis d’approfondir six thématiques :
– l’analyse de l’épidémie;
– les stratégies de dépistage;
– le traitement comme prévention;
– la prévention communautaire dans le public migrant;
– la prévention communautaire parmi les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes;
– le counseling préventif.

Le deuxième jour, les recommandations issues des différentes sessions ont été présentées et des experts réunis en table ronde ont été invités à les commenter.

Si les deux démarches sont nées séparément, les acteurs politiques et les organisateurs du symposium ont rapidement perçu l’intérêt d’accorder leurs agendas.
Ainsi, deux ministres, Laurette Onkelinx et Jo Vandeurzen (Ministre flamand du Bien-être, de la Famille et de la Santé) ont pris la parole au cours du symposium pour affirmer leur soutien à la lutte contre le sida et leur engagement dans le processus du plan. Ils ont également insisté sur leur souhait d’y impliquer les professionnels concernés mais aussi et surtout les personnes vivant avec le VIH. Les recommandations issues du symposium ont été intégrées à la nouvelle version de la note des ministres de la santé publique.

Depuis le mois d’octobre, à peine le symposium terminé, trois réunions du comité directeur du Plan sida ont permis de définir la méthode de travail, les acteurs à associer, les axes stratégiques et les objectifs. Ce comité directeur est présidé par le représentant du groupe de travail «Maladies infectieuses» de la CIM. Il est constitué des représentants du SPF Santé publique, de l’INAMI, de l’Institut scientifique de santé publique, des secteurs de la prévention, du dépistage et de la prise en charge (acteurs qui relèvent donc tant des compétences du niveau fédéral que de celles des entités fédérées), parmi lesquels des personnes séropositives.

Des groupes de travail ont été constitués et tous les acteurs seront consultés pour définir les actions stratégiques du Plan. Le processus d’élaboration fera l’objet d’une évaluation en février 2013. Il sera soumis à l’avis des experts de l’ONUSIDA et enrichi d’un benchmarking avec d’autres pays européens.

Les prochains mois promettent un travail intense et frénétique, l’enjeu étant colossal et l’agenda serré. Les parties prenantes, conscientes de l’importance d’une initiative qu’elles attendent depuis longtemps, se sont montrées plus qu’enthousiastes face à la volonté politique de mobiliser largement des expertises diversifiées pour mener à bien ce travail d’envergure.

Rendez-vous en à la mi-2013 pour découvrir le contenu du plan (3).

(1) Ce groupe de travail devrait prochainement devenir le «Groupe de travail sida» de la CIM.
(2) http://www.breach-hiv.be
(3) L’auteur remercie Vincent Cordier , représentant du groupe de travail «Maladies infectieuses» de la Conférence interministérielle, pour sa relecture attentive.