Octobre 2011 Par Carole FEULIEN Initiatives

Apprendre que l’on souffre d’une maladie grave ou perdre un être cher est un événement difficilement supportable parce qu’il entraîne une rupture importante dans la vie d’une personne et un bouleversement affectif d’où surgissent angoisses, questionnements, souffrances, pertes et deuils. Nous vous proposons aujourd’hui de faire mieux connaissance avec l’asbl Cancer et Psychologie (1).
Cancer et Psychologie propose un accompagnement psychologique aux personnes malades et à leur entourage. Celles-ci sont accueillies, entendues et soutenues dans les moments éprouvants survenant lors d’une maladie grave. Cette démarche est complémentaire aux soins médicaux habituels et permet à la personne et à ses proches d’être pris en compte dans la globalité de leur histoire. L’asbl propose également un accompagnement au deuil, y compris pour les enfants et les adolescents.
Concrètement, son équipe de psychologues et de psychothérapeutes propose cinq modalités d’aide .

Écoute et entretiens

Accompagnement de la personne malade et de ses proches ou de la personne en deuil, par une écoute téléphonique et par des entretiens de soutien ou de psychothérapie.
La confrontation au diagnostic d’une maladie grave est un choc tant pour le patient que pour son entourage. Elle peut mettre à mal un équilibre fragile, susciter l’émergence de l’angoisse et déstabiliser la vie familiale. La lourdeur des traitements et l’incertitude pèsent.
Un travail psychique considérable attend ceux et celles que la maladie grave bouleverse. Non seulement un travail de restauration intérieure, malgré la réalité des soins parfois violents et intrusifs et la menace de ne pas en échapper, mais aussi un travail qui invite à une nouvelle confrontation aux blessures anciennes.
Cancer et Psychologie a fait le choix, à travers l’écoute téléphonique notamment, de soutenir la parole dont un sujet dispose pour se dire et de ne pas rester sourd à ce qu’il importe d’entendre. Entendre le patient lui-même, mais aussi ses proches et les soignants.
L’entretien téléphonique n’entraîne aucun paiement d’honoraires pour le malade, ses proches ou les soignants. Pour autant que l’appelant désire un suivi psychologique, il peut demander rendez-vous à un thérapeute; si une personne ne peut se rendre au cabinet du thérapeute, plusieurs membres de l’équipe acceptent de se déplacer au domicile ou à l’hôpital. Le coût des consultations est modulable pour être accessible aux possibilités de chacun.
Outre la permanence téléphonique, les psychothérapeutes de l’association peuvent proposer des entretiens de soutien ou de psychothérapie , à quelque moment que ce soit de la maladie (annonce, traitement, rémission, fin de vie), que la demande émane de la personne malade, d’un proche ou d’un soignant, que ce soit dans le contexte de la maladie grave ou du deuil. Les enfants et les ados peuvent aussi être soutenus individuellement pendant la maladie grave d’un proche jusqu’aux soins palliatifs ou après la mort du parent.
Permanence téléphonique du lundi au vendredi de 10 à 12h au 02 735 16 97.

Formation

Formation à l’accompagnement de personnes gravement malades et de leurs proches, s’adressant aux soignants et à toute personne concernée par la problématique de la maladie grave ou du deuil.
Épreuve existentielle, la maladie grave ébranle les fondements identitaires de la personne et se répercute dans tous les aspects de sa vie: le corps, le rapport à soi-même, les relations avec les proches, l’environnement social, les émotions, les attitudes, la souffrance morale, les questionnements sur le sens de cet événement. Les soignants sont confrontés aux angoisses des patients et à leurs demandes d’attention et de compréhension. Les relations deviennent complexes et suscitent des interrogations qu’il est parfois difficile de partager et d’élaborer. Que faire? Que dire? Comment aider de la meilleure façon? Parce qu’ils sont en première ligne et face à toutes ces expériences de vie et de mort, les accompagnants sont interpellés et bouleversés personnellement.
Accompagner relève tout autant de l’être que du faire. Rencontrer la maladie grave, la souffrance, la fin de vie, la mort entraîne la prise en considération de la dimension psychologique, sociale et philosophique dans la qualité des soins donnés et envisagés. Ainsi, l’esprit des formations de Cancer et Psychologie est de permettre aux accompagnants d’être à l’écoute d’eux-mêmes, de développer leurs ressources personnelles et relationnelles, de découvrir leurs propres limites et freins face à des relations difficiles et interpellantes. Corps, psychisme, relation… toute formation veille à intégrer ces dimensions de l’humain au coeur des moments les plus douloureux de la vie.
Lors de ces formations, les accompagnants développent leur qualité de présence au malade et à ses proches, apprennent à se tenir aux côtés de l’autre sans avoir de projet pour lui, à lui permettre de réaliser son propre chemin à partir de sa souffrance, ses doutes, ses espoirs et ses angoisses. Ils vont à la découverte d’eux-mêmes et de leur manière d’être dans la relation d’accompagnement; ils élargissent leurs interrogations, partagent avec d’autres, sont aidés et soutenus dans leurs difficultés et émotions et développent leurs qualités d’accompagnant.
Cancer et Psychologie permet aux accompagnants, au travers de ses formations, une démarche de ‘mise en forme’ personnelle et relationnelle afin qu’ils se situent mieux et déploient leurs capacités relationnelles. L’expression des situations vécues et l’échange d’expériences sont associés à des repères théoriques et des perspectives de développement personnel pour leurs propres accompagnements. Les formations s’appuient donc tant sur l’implication personnelle de chaque participant que sur la dynamique de groupe.
Pour en savoir plus sur le contenu des formations de Cancer et Psychologie: http://www.canceretpsy.be/spip/spip.php?article63 .

Espace-Enfants/Adolescents

À l’hôpital, des lieux d’accueil pour les enfants et adolescents dont les parents sont hospitalisés
Les «Espaces Enfants/Adolescents» sont des lieux d’accueil à l’hôpital, créés en collaboration avec les équipes soignantes, destinés aux enfants, aux adolescents et à leur famille venus rendre visite à un parent ou à un proche hospitalisé pour une maladie grave.
Concrètement, l’Espace-Enfants/Adolescents est animé par au moins deux psychologues. L’accès au lieu d’accueil est libre et gratuit. L’enfant, l’adolescent, l’adulte qui l’accompagne ou le parent malade choisissent d’y rester le temps qui leur convient. Si le parent hospitalisé ne peut se déplacer, l’intervenant accompagne l’enfant ou l’adolescent dans la chambre pour une rencontre. Les allées et venues entre l’Espace-Enfants/Adolescents et la chambre d’hospitalisation sont favorisées.
L’Espace Enfants/ Adolescents est un lieu d’expression: jeux de société et activités de dessin ou de bricolage sont proposés pour soutenir la parole ou… un certain silence. Du matériel de projection est également disponible pour permettre le jeu symbolique.
Les objectifs de ces ateliers est de maintenir le lien entre la personne hospitalisée et ses enfants, de favoriser l’échange au sein de la famille et de faire en sorte que chacun puisse trouver les mots qui sont les siens pour rendre compte de la réalité traumatisante. Ces ateliers doivent aussi permettre l’expression des émotions et donner aux familles l’occasion de rencontrer d’autres familles ou personnes qui sont dans une situation semblable à la leur. Un lieu de vie au coeur de l’hôpital en somme.
Les ateliers Espaces-Enfants/Ados:
Bruxelles: Hôpital Érasme, route de Lennik 808, 1070 Bruxelles – 02 735 16, du lundi au vendredi entre 10 et 12 h – 0487 858 077 – canceretpsy@skynet.be
Charleroi: Hôpital André Vésale, rue de Gozée 706, 6110 Montigny-le-Tilleul – 0484 063 648 – canceretpsycharleroi@hotmail.com
Liège:
Centre Hospitalier du Bois de l’Abbaye, rue Laplace 40, 4100 Seraing – 04 221 10 99 – canceretpsylg@skynet.be.
Centre Hospitalier Chrétien Clinique Notre-Dame – rue Basse Hermalle 4, 4681 Hermalle-sous-Argenteau – 04 221 10 99.
Centre Hospitalier Chrétien Clinique Saint-Joseph – rue de Hesbaye 75, 4000 Liège – 0486 248 948.
Centre Hospitalier Régional de la Citadelle – Boulevard du 12ème de Ligne 1, 4000 Liège – 04 230 79 57.

Namur: Clinique et Maternité Sainte-Élisabeth, place Louis Godin 15, 5000 Namur – 081 720 487.

Espace-Famille(s)

Des lieux d’accompagnement pendant la maladie.
Dès l’annonce de la maladie grave, durant les traitements, pendant les périodes de rémission ou de rechute, les parents qui le souhaitent ont la possibilité de prendre rendez-vous au siège de l’asbl, afin d’en parler, «pour le vivre autrement». Comment en parler aux enfants? De quoi ceux-ci se rendent-ils compte? Comment ne pas les affoler tout en ne déniant pas l’inquiétude? Comment se mettre à l’écoute de leurs représentations, de leurs idées? Autant d’interrogations à déployer ensemble.
Pour les familles qui le souhaitent, des rencontres avec d’autres familles peuvent être envisagées, en fonction de la demande.
Contact: 02 735 16 97, du lundi au vendredi de 10 à 12 h – canceretpsy@skynet.be

Espaces-Papillon

Ateliers pour les enfants et les adolescents endeuillés
Ce sont des ateliers destinés aux enfants de 5 à 12 ans et aux adolescents de 12 à 18 ans, touchés par un deuil, quelles que soient les circonstances du décès. Leurs objectifs sont de:
– favoriser la relance du lien: pour un enfant ou un adolescent en deuil, participer à un atelier constitue une possibilité parmi d’autres de tenter de bricoler intérieurement de quoi surmonter le vide créé par cette perte radicale qu’est la mort d’un parent ou d’une personne proche. Retrouver tous les mois d’autres enfants ou adolescents également confrontés à un deuil, témoigner de son histoire et s’appuyer sur d’autres expériences, sont autant d’occasions de renouer avec ses forces vives;
– se décaler de sa souffrance: être entendu et respecté dans son chagrin, sans être assigné à cette place d’endeuillé, est essentiel. Un des enjeux du travail d’accompagnement est de déloger l’enfant ou l’adolescent d’une position d’exception, pour inscrire ce qui lui arrive dans son histoire de vie;
– soutenir la parentalité/accompagner la famille: ces ateliers constituent un soutien à la parentalité, dans la mesure où les adultes qui y inscrivent leurs enfants souhaitent être accompagnés dans leur traversée du deuil et être rassurés dans leurs compétences parentales. Le chemin effectué par les enfants s’appuie sur celui des adultes de leur entourage et réciproquement;
– faire en sorte que la parole puisse davantage circuler et les émotions se vivre en famille, chacun prenant sa part du chagrin;
– sensibiliser l’entourage de l’enfant à son vécu face à la perte et soutenir la famille face aux réactions parfois complexes de l’enfant.
Concrètement, un entretien préliminaire avec l’enfant et sa famille est proposé avant d’intégrer un atelier, car le travail de groupe ne convient pas forcément à tous les enfants.
Dans certains cas, ils sont orientés vers un suivi individuel ou des entretiens familiaux. Ceux qui intègrent l’Espace Papillon in fine sont encadrés par des psychologues et des bénévoles spécialisés dans l’accompagnement du deuil.

Des ateliers pour enfants

Ces ateliers se déroulent une fois par mois pendant 3 heures et sont étalés sur 5 mois. Ils sont balisés par des thèmes touchant au travail de deuil et sont «médiatisés» par des activités: dessins, peintures, modelages, découpages/collages, création d’histoires, constructions soutiennent la prise de parole et le processus d’intégration de la perte. Ces activités favorisent la mise en forme des émotions et leur symbolisation et le fait de se retrouver en groupe permet à l’enfant de légitimer son vécu, de se dire qu’il n’est pas seul avec cette douleur.
Après l’atelier des enfants, un moment de rencontre parents-enfants est proposé autour d’un goûter ou d’un apéritif.

Des ateliers pour adolescents

Suivant un cycle de six séances, les ateliers pour adolescents s’organisent autour de réalisations créatives communes au moyen de la photographie, de la peinture, de l’écriture, du théâtre, de la chanson…
En fin de cycle, un entretien d’évaluation peut être proposé et donner lieu à un travail individuel avec l’enfant ou à la possibilité de participer à un nouvel atelier.
Pour en savoir plus, http://www.espace-papillon.org .
Les Espaces-Papillon ont lieu:
– à Bruxelles: Cancer et Psychologie, avenue de Tervuren 215/14, 1150 Bruxelles – 02/ 735 16 97, du lundi au vendredi de 10 à 12 h – canceretpsy@skynet.be.
– à Charleroi: Centre de Consultations Conjugales et de Planning Familial, Boulevard Joseph II, 14, 6000 Charleroi – 0484/ 063 648 – canceretpsycharleroi@hotmail.com.
– à Liège: Antenne wallonne de Cancer et Psychologie, rue des Augustins 48, 4000 Liège – 0499 332 679 ou 04 221 10 99 – canceretpsylg@skynet.be.
– à Namur: rue Louis Loiseau 39, 5000 Namur – 0495/ 788 386.
Une information plus large est également possible sur la dimension psychologique de la maladie grave via des conférences , des colloques et séminaires et un journal trimestriel qui se veut être le porte-parole des options, questions, propositions et réalisations de l’équipe de Cancer et Psychologie.
L’asbl met aussi à la disposition du public les tirés à part des articles parus dans son journal (cancer et sexualité, chimiothérapie et qualité de vie, la douleur en oncologie…). À découvrir sur: http://www.canceretpsy.be/spip/spip.php?article19 .
Pour recevoir le trimestriel (10€ pour 4 numéros) ou commander un tiré à part: 02 735 16 97 (de 10 à 12h) – canceretpsy@skynet.be.
Pour toute autre information: Cancer et Psychologie, avenue de Tervueren 215 à 1150 Bruxelles, tél./ fax: 02 735 16 97, courriel: canceretpsy@skynet.be, site: http://www.canceretpsy.be . L’asbl possède également des antennes à Charleroi, Liège et Namur, voir: http://www.canceretpsy.be/spip/spip.php?rubrique11 .

(1) Voir notre article précédent ‘Aborder les souffrances et les peurs du tout-petit’ , par Carole Feulien, Education Santé n° 269.