Juillet 2013 Par M. STEVENS Vu pour vous

En juin 2012, pour la première fois sur le territoire de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Plate-Forme Prévention Sida lancait une campagne de prévention des IST/sida à l’attention d’un public d’adultes. En effet, que ce soit au niveau épidémiologique ou parce qu’ils sont susceptibles de rencontrer des situations de vulnérabilité particulières (rupture, célibat, multipartenaires, etc.) les adultes sont également concernés par les IST/sida.

Cette campagne avait donc pour objectif de les sensibiliser au fait qu’ils représentent également un public cible pouvant être touché par les IST/sida, en leur rappelant l’importance de l’utilisation du préservatif et du recours au dépistage afin de connaître son statut sérologique.

Afin d’améliorer les nombreux outils créés dans le cadre de cette campagne pour leur réédition cet été 2013, la Plate-Forme Prévention Sida a effectué un travail d’évaluation. Le public cible a été sondé lors de nombreuses rencontres mais aussi les asbl de toute la Fédération Wallonie-Bruxelles engagées au quotidien dans la lutte contre le sida.

Une évaluation réalisée auprès du public et des acteurs de la promotion de la santé

Globalement, à travers les différentes sources et méthodes d’évaluation, la campagne est majoritairement appréciée, que ce soit par les partenaires du groupe de travail qui ont participé à la construction de la campagne, les relais travaillant dans la promotion de la santé ou les adultes ayant participé aux post tests. La campagne est, selon eux, claire et explicite, et donc accessible à tous.

Les outils de la campagne 2012

3 spots TV: couple hétéro sous la douche, femme discutant sur un site de rencontre, couple homosexuel dans une chambre d’hôtel;
1 spot radio mettant en avant une série de situations favorables à la prise de risques;
10 affiches présentant chacune une situation à risque (voir l’illustration);
9 cartes postales;
1 brochure de prévention de 36 pages destinée aux adultes, le Safe Sex Mag ;
1 dépliant sur le dépistage;
1 outil interactif Internet, My Safe Sex Tape .

Le gros point fort de la campagne est sa diversité , qui la rend très complète et permet de toucher un grand nombre de personnes aux profils variés: diversité des modèles et donc des sous-publics, diversité des situations présentées, et diversité des supports/outils. Le point faible récurrent pour toutes les parties sondées est le manque de visibilité de la campagne.

Les adultes, un groupe cible à ne pas oublier

Tous, relais et adultes, trouvent cela pertinent de cibler les adultes dans une campagne de prévention du sida car c’est un public qui est peu informé et qui, souvent, ne se sent pas concerné. Pourtant, il peut se retrouver dans des situations de vulnérabilité par rapport à l’infection au VIH : célibat, divorce, relations extraconjugales, libertinage, etc. Toutefois, certains adultes et relais craignent qu’en ciblant un public précis, on donne l’impression aux autres qu’ils ne sont pas/plus concernés par les IST/sida. De plus, beaucoup d’adultes pensent souvent plus à la prévention du sida pour leurs enfants ou pour les plus jeunes que pour eux-mêmes.

Beaucoup de participants aux post tests pensent que la campagne s’adresse à tout le monde et pas spécifiquement aux adultes. Néanmoins, 75% d’entre eux se sentent concernés par la campagne, mais ils pensent qu’elle est aussi parlante pour les plus jeunes. De fait, les jeunes sondés confirment cette idée et affirment qu’ils s’identifient à un grand nombre des situations qu’ils qualifient de réelles et pas choquantes.

Des situations de vulnérabilité par rapport aux IST/Sida spécifiques aux adultes

L’idée de mettre en avant des situations de vulnérabilité est majoritairement apprécié, tant par les adultes que les relais.
Beaucoup qualifient les situations de réelles et estiment qu’elles sont bien choisies. Ils apprécient surtout leur diversité: on montre tant des vécus plus classiques (lit, douche…) que des vécus très spécifiques (prostitution, homosexualité, notamment). Cette variété permet de toucher plusieurs publics différents et donc un plus grand nombre de personnes.

De son coté l’Observatoire du Sida et des Sexualités pointe le fait que l’on ne perçoit pas clairement «où se situe» la vulnérabilité, quels sont les facteurs qui peuvent favoriser une prise de risque. De plus, il serait intéressant de donner davantage d’informations sur les moyens de protection: quand et comment utiliser/arrêter le préservatif ou faire un dépistage, mais aussi rappeler l’existence et les conditions d’octroi du traitement post exposition (TPE).

Pour la majorité (adultes et relais), le slogan est très clair et compréhensible, et il résume bien toutes les situations présentées dans la campagne. Certains adultes apprécient particulièrement le côté non moralisateur et sans jugement de ce slogan qui respecte les choix de chacun. Néanmoins, quelques relais et adultes soulignent que cela donne l’impression que l’on banalise des situations délicates, ou même qu’on incite un peu à faire «tout et n’importe quoi».
Tous apprécient aussi le double thème de la campagne, à savoir inviter le public non seulement à utiliser le préservatif mais aussi à se dépister. Néanmoins, certains pensent qu’on devrait insister davantage sur ce deuxième aspect.

Les outils papier de la campagne

Au niveau des visuels des affiches, certains sont mieux accueillis que d’autres.
Pour les adultes, ce sont les visuels hétéro, lit, voiture et douche qui sont les plus appréciés. Ces situations sont plutôt classiques et certainement vécues par un grand nombre, elles plaisent donc à davantage de personnes.
Au contraire, les situations sauna, bois et alliance sont les moins appréciées. Cela s’explique par le fait qu’elle concerne des sujets, tels que l’homosexualité et les relations extraconjugales, qui sont encore fort tabous dans notre société. Néanmoins, un certain nombre d’adultes pointent qu’il est très pertinent d’aborder ces sous-publics car ils sont plus vulnérables par rapport à l’infection.
Tant les adultes que les relais estiment que le visuel voiture n’est pas très clair, on ne comprend pas où on est. L’affiche ascenseur ne semble pas très lisible pour les partenaires, et trop irréaliste pour les adultes. Le visuel internet est considéré comme très actuel par les adultes, qui pensent aussi qu’il concerne plus les jeunes, car ils sont plus familiers avec les nouvelles technologies.

La majorité des relais et des adultes estime que les visuels ne sont pas choquants, ils sont explicites tout en restant pudiques, vu que les relations sexuelles sont simplement suggérées. Une minorité d’adultes aurait préféré des visuels plus osés pour marquer davantage les esprits. Enfin, quelques adultes, des femmes d’origine africaine en particulier, les trouvent trop choquants, vulgaires, voire pornographiques.

Les pochettes préservatif sont toujours très appréciées tant par les relais que le public cible. C’est l’outil le plus diffusé par les relais et le public est toujours demandeur d’en recevoir car il estime que cela coûte cher. Toutefois, certains relais et adultes regrettent qu’il n’y ait pas systématiquement du lubrifiant dans les pochettes.

Le Safe Sex Mag et le dépliant sont intéressants car ils donnent une info large plus concrète, l’un de manière succincte et résumée et l’autre de manière plus complète et détaillée. La mise en page du dépliant est souvent jugée trop chargée et peu illustrée.

Les outils audiovisuels de la campagne

La majorité des participants aux focus groups apprécie beaucoup les spots TV , jugés beaux, directs et faciles à comprendre, pas choquants et réalistes. Les relais les qualifient de compréhensibles, originaux et adaptés au public. Tous, relais et adultes, estiment que les spots TV, mais aussi radio, ne sont pas assez visibles/audibles . La décision de la Ministre Fadila Laanan de diffuser les spots après 22h afin d’éviter de choquer un public plus jeune ou non averti a certainement désavantagé leur visibilité.

Le spot douche est jugé le plus osé (bande son) mais très parlant pour beaucoup car c’est un classique. Le spot homosexuel est interpellant par son aspect sans son et plus sentimental, mais une faible minorité le trouve choquant car l’homosexualité est encore très taboue. Le spot internet est le plus actuel, et certainement plus parlant pour les plus jeunes.

Pour le spot radio , la majorité estime qu’il est bien fait, clair, compréhensible et explicite. On retrouve bien toutes les situations et leur énumération suscite la curiosité. Pour certains, cette énumération est trop rapide et trop longue, ce qui rend le spot peu interpellant voir lassant, et difficile à comprendre.

Et pour l’édition 2013 de la campagne

Sur base des éléments mis en avant lors de l’évaluation, la Plate-Forme Prévention Sida a retravaillé certains outils de la campagne. La volonté est d’être plus clair sur les vulnérabilités sur lesquelles la campagne attire l’attention mais aussi d’en proposer des nouvelles telles que le fait d’avoir des relations sexuelles à plusieurs, entre filles ou avec une personne séropositive, le risque de ne pas se protéger lors de nouvelles rencontres notamment après une longue relation. À découvrir dès maintenant sur http://www.preventionsida.org !

Plate-Forme Prévention Sida, rue Jourdan 151, 1060 Bruxelles. Courriel : info@preventionsida.org.