Juin 2021 Par Lucille DESBOUYS Initiatives

Le projet Drink, mené par l’Ecole de Santé Publique de l’ULB, lance une seconde étude d’intervention à partir de mai 2021 dans les écoles primaires francophones sur la consommation de boissons. L’équipe de recherche nous en parle.

Cet article est paru initialement dans le magazine Manger Bouger (mars 2021), publié par Question Santé. Retrouvez-le sur www.mangerbouger.org. Nous les remercions, ainsi que l’auteure, pour leur aimable autorisation de reproduction.

kinder mit plastikbechern trinkt wasser

En Belgique francophone, la consommation quotidienne de boissons sucrées par les enfants reste très élevée. Cette habitude alimentaire est particulièrement problématique car elle est associée avec la prise de poids, l’obésité et les caries dentaires 1. De plus, vivre dans un milieu socioéconomique moins favorisé est associé à une consommation plus élevée de boissons sucrées 2,3.

Il existe un ensemble de moyens pour diminuer cette consommation : il est possible de taxer les boissons sucrées, d’interdire leur vente dans les écoles, de recourir à l’étiquetage nutritionnel (comme le Nutri-score) pour informer les consommateurs… Une approche complémentaire est de promouvoir, à l’école, la consommation de boissons plus favorables à la santé.

Par ailleurs, ces dernières années l’ont montré, les enfants et les adolescents se sentent de plus en plus concernés par les questions environnementales et les enjeux climatiques. Leur engagement collectif pourrait être un levier pertinent pour les sensibiliser ainsi que leurs familles, au gaspillage d’emballages et de bouteilles jetables et donc, indirectement, pour repenser de manière positive une consommation de boissons plus respectueuse de l’environnement et de la santé. Cette approche n’a encore jamais été évaluée alors qu’elle est susceptible de modifier les comportements d’enfants et de familles qui seraient, par ailleurs, moins sensibles à des arguments axés uniquement sur la santé.

Drink : Buvons autrement !

C’est dans ce contexte que le projet Drink a vu le jour, faisant suite à une première étude d’observation menée en 2012, auprès d’élèves du primaire et montrant que plus d’un tiers d’entre eux buvaient au moins une boisson sucrée par jour, et que plus de la moitié d’entre eux buvaient moins de deux fois par jour de l’eau4.


L’étude Drink sera conduite dans près de 50 écoles primaires francophones belges, à partir de mai 2021, et pour une durée de deux ans. Elle a pour objectifs 1) de mettre en place des interventions, simples et généralisables, axées sur la nutrition et la durabilité, et 2) d’évaluer leurs effets sur la diminution de la consommation de boissons sucrées, et l’augmentation de celle d’eau du robinet, chez les enfants scolarisés en 3e-5e primaire lors de la première année d’intervention.

En quoi consistera Drink ?

Dans chaque école participante, une intervention démarrera en début d’année scolaire. Elle consistera en une réunion d’information animée par des diététiciens et destinée aux parents et au personnel scolaire. En plus d’une documentation pédagogique, les enseignants seront encouragés à intégrer des « pauses eau » (du robinet !) durant la journée. Enfin, de manière continue pendant l’année scolaire et selon leurs besoins, les écoles seront approvisionnées en affiches, prospectus, gobelets et bouteilles réutilisables et tout autre support pédagogique nécessaire.

La particularité de l’étude est que l’intervention portera sur la nutrition pour certaines écoles, sur la durabilité pour d’autres écoles, et sur la combinaison de ces deux axes, pour un troisième groupe d’écoles. Un quatrième groupe d’écoles dans lequel il n’y aura pas d’intervention, jouera le rôle de témoin.

Afin de mesurer si ce type d’intervention est efficace pour améliorer les consommations de boissons, mais aussi pour voir si combiner nutrition et durabilité dans les messages peut en augmenter la portée, une série de mesures seront effectuées avant et après les périodes d’intervention.

  • Il s’agira pour les élèves, de remplir un « carnet de consommation de boissons » qu’ils emmèneront partout avec eux pendant quatre jours, pour y noter tout ce qu’ils boivent : type de boisson, saveur, sucré, light, quantité, etc. Cela permettra de comparer les boissons bues avant et après les interventions.
  • Il leur sera aussi demandé ainsi qu’à leurs parents, de remplir des questionnaires portant sur un ensemble d’indicateurs en lien avec l’étude : comportements autour de l’alimentation et des boissons, perception des problématiques environnementales, santé perçue et bien-être, vie à l’école, caractéristiques socioéconomiques…
  • Enfin, au niveau de l’école, l’accès à l’eau du robinet et aux autres boissons, ainsi que les projets de promotion de la santé et de développement durable mis en place, seront relevés au cours du temps.

En effet, nos comportements alimentaires sont le produit de multiples facteurs, qu’ils soient individuels ou environnementaux : mieux les connaître permet d’agir de manière adaptée !

Qu’espère-t-on apprendre à l’issue de cette étude ? A quoi va-t-elle servir ?

A la fin de ces deux années d’étude, l’analyse des données recueillies permettra de mesurer les effets de ces interventions, sur les niveaux de consommation de boissons par les enfants, selon le type d’intervention et par rapport aux écoles témoins. L’allocation des écoles au hasard dans les groupes d’intervention ou témoin apportera une conclusion méthodologiquement solide. Par ailleurs, les différents obstacles et leviers qui auront induit ces changements seront analysés, en incluant notamment une étude qualitative sur les relations parents/écoles dans le contexte de la promotion de la santé. Enfin, le but ultime étant la généralisation de ce type d’actions, les coûts totaux dus aux interventions seront mesurés, information qui sera utile aux autorités scolaires pour planifier leur extension dans les établissements de Belgique francophone.

La participation des écoles dans le projet Drink est donc essentielle, tant pour obtenir des informations de qualité que pour permettre d’agir à plus large échelle, pour la santé des enfants et de l’environnement.

Qui gère ce projet ?

Le projet Drink est coordonné par l’Ecole de Santé Publique de l’Université libre de Bruxelles (ULB), en collaboration avec le Club Européen des Diététiciens de l’Enfance. Il est financé par le FNRS et est soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Pour toute information sur l’étude, vous pouvez contacter l’équipe à l’adresse suivante : drink@ulb.be
Et vous rendre sur le site de l’Ecole de Santé Publique de l’ULB

Références

  1. Organisation mondiale de la Santé. Apport en sucres chez l’adulte et l’enfant: Résumé d’orientation. Genève; 2015.
  2. Desbouys L, Ridder K de, Rouche M, Castetbon K. Food Consumption in Adolescents and Young Adults: Age-Specific Socio-Economic and Cultural Disparities (Belgian Food Consumption Survey 2014). Nutrients. 2019;11(7).
  3. World Health Organization Regional Office for Europe. Spotlight on adolescent health and well-being: Findings from the 2017/2018 Health Behaviour in Scholl-aged Children (HBSC) survey in Europe and Canada. 2020.
  4. Senterre C, Dramaix M, Thiébaut I. Fluid intake survey among schoolchildren in Belgium. BMC public health. 2014;14:651.