Septembre 2011 Par F. MASSA Yves GOSSELAIN Chantal VANDOORNE Christian DE BOCK Initiatives

Il faisait beau à Namur le 7 juillet dernier (mais oui, juillet n’a pas été ‘pourri’ tous les jours !) pour accueillir les participants à une matinée de travail ‘promotion santé’ d’un genre particulier. En effet, les acteurs (1) du secteur étaient invités à une rencontre pour discuter de l’intérêt et de la pertinence d’une forme d’organisation collective de cette profession quelque peu atypique, au carrefour de la santé, du social, de l’éducation, de la communication (2)…
L’initiative avait été prise tardivement, courant juin, dans la foulée de la présentation de ‘L’évaluation des dispositifs de politique de santé’ de la Communauté française (3), qui n’est pas passée inaperçue dans le secteur… Malgré les vacances, soixante-quatre personnes ont participé à cette rencontre, ce qui est très encourageant. À peu près autant ont manifesté de l’intérêt pour la démarche, ce qui fait plus de 120 personnes au moins intéressées par le projet d’une représentation professionnelle en promotion de la santé. Plutôt pas mal pour un démarrage à l’initiative de quelques ‘bénévoles’.
La rencontre, qui a duré deux heures trente, a pris la forme d’un ‘World café’ (4). Il s’agit d’un processus créatif qui vise à faciliter le dialogue, le partage de connaissances et d’idées en vue de créer un réseau d’échanges et d’actions. Ce processus reproduit l’ambiance d’un café (mais sans les boissons alcoolisées, restons sérieux !) dans lequel les participants débattent d’une question en petits groupes de 4 ou 5 personnes autour de tables dressées (plus ou moins !) comme dans un vrai bistrot.
Les participants changent de table à intervalles réguliers, sauf un, l’hôte, qui reste en place et anime la conversation des personnes qui se succèdent à sa table. Les conversations en cours peuvent ainsi être enrichies des discussions précédentes. En fin de parcours, lorsque les questions à débattre l’ont été par tout le monde, les idées principales ayant émergé du processus sont résumées en plénière et les possibilités de suivi sont évoquées.
À Namur, cette méthode conviviale et dynamique a remarquablement fonctionné, et les 14 tables de conversation ont permis non seulement de dégager des pistes fécondes par rapport à l’objet de l’invitation, et de prendre déjà deux initiatives concrètes, mais aussi pour chacun de faire des rencontres intéressantes avec des collègues inconnus, connus seulement par des échanges électroniques, ou perdus de vue depuis quelques années. Un ‘bénéfice secondaire’ non négligeable !

Trois questions, deux ébauches de réponses

Cette première réunion a permis d’explorer les trois questions suivantes:
Quelles seront les conditions du succès d’une association professionnelle en promotion de la santé ?
Quel sera l’objet de l’association? Que devra-t-elle faire tout de suite et à moyen terme ?
Quelles seront les conditions d’adhésion à l’association. Qui sera ou ne sera pas membre ?
Les principales idées issues des deux premiers débats ont été synthétisées sur place (5) et il a été demandé aux participants de se positionner sur l’importance relative de celles-ci. Voici les résultats les plus significatifs de ces ‘votes’:
Pour réussir l’association , il faut (options ayant recueilli le plus de suffrages):
-assurer la transversalité, la pluridisciplinarité, la diversité des professionnels et des structures y participant;
-assurer la visibilité et la légitimité de celle-ci, et pouvoir établir un rapport de force par rapport au monde politique;
-définir un socle commun, une philosophie et des bases tout en garantissant le respect des spécificités;
-se positionner par rapport à une ouverture, notamment au-delà du secteur subsidié de la promotion de la santé;
-poser la question du sens d’une telle association. Est-elle utile? Comment tenir compte de l’existant?
-mettre en place un fonctionnement démocratique, participatif, collectif, peu hiérarchisé.
L’ objet de l’association pourrait être (options les plus populaires):
-porter une parole vers le monde politique, avoir du poids, susciter la réflexion politique;
-assurer un plaidoyer sociétal sur base des expériences, faire comprendre la promotion de la santé à l’extérieur du secteur;
-définir une charte, des objectifs, des statuts;
-créer de la cohésion dans le secteur, développer la formation, la qualité des pratiques, organiser des échanges de pratiques;
-visibiliser l’existant, tenir compte des réseaux existants, éviter les concurrence.
Lors du débat de clôture en plénière, il est apparu que la constitution d’une association , qui rassemblerait des personnes et des associations (6), était souhaitée à l’automne 2011 , mais nécessitait d’approfondir la réflexion et d’examiner des propositions plus précises lors d’une seconde assemblée plénière. Il faudrait en outre être attentif à intégrer une représentation des usagers/citoyens dans cette association: même si elle a une vocation professionnelle, elle ne devrait pas oublier ce ‘fondamental’ de la promotion santé qu’est la construction avec les usagers…
En outre, un grand nombre de participants ont estimé qu’il fallait entamer, parallèlement et sans attendre, une réflexion sur l’évaluation des dispositifs de santé et le projet de réforme décrétale afin de pouvoir, le cas échéant, communiquer cette réflexion vers l’extérieur (parlementaires francophones, cabinets ministériels, presse, décideurs institutionnels, etc.). Les participants étaient d’avis que cette réaction pouvait se faire au besoin en tant que Collectif du secteur, sans attendre la mise en place effective de l’association.
Enfin, certains participants n’avaient pas encore eu connaissance du rapport d’évaluation. Il est disponible depuis le 5 juillet 2011 sur le site de la DG Santé de la Communauté française, à l’adresse suivante: http://www.sante.cfwb.be/index.php?id=dgs_detail&tx;_ttnews[tt_news]=367&tx;_ttnews[backPid]=250&cHash;=d42fc6bb30

Quel suivi ?

Au terme de cette première séance très positive, il a été décidé d’organiser une deuxième réunion plénière le 19 septembre 2011 , pendant une journée entière (les informations pratiques seront disponibles très prochainement sur notre site http://www.educationsante.be , l’adresse de contact pour les personnes intéressées est collectifpromosante@gmail.com).
Deux groupes de travail se réuniront entre temps pour faire l’état de leurs réflexions, faire des propositions concrètes, soumettre des questions à l’ensemble du groupe.
Un premier groupe aura pour tâche de faire des propositions sur la forme, l’objet, les conditions d’adhésion à une association professionnelle. Il sera animé par Cécile Plas et Emmanuelle Caspers .
Un second groupe travaillera à une réaction éventuelle du ‘Collectif des acteurs et associations de promotion de la santé’ au projet de réforme des politiques de santé en Fédération Wallonie Bruxelles. L’initiative d’organiser la première réunion de ce groupe a été prise par
Sabine Dewilde , Charlotte Pezeril et Myriam Deleman .
Il va de soi que la dynamique qui vient d’être lancée n’est pas réservée seulement à la bonne centaine de personnes qui ont déjà marqué formellement ou symboliquement leur intérêt pour cette démarche. Qu’on se le dise !
Christian De Bock , avec l’aide précieuse de Flavia Massa , Yves Gosselain et Chantal Vandoorne
(1) Nous préférons ce terme à ‘travailleurs’, pour bien marquer le fait que cette initiative ne s’adresse pas uniquement aux travailleurs dont les activités et salaires sont financés en tout ou en partie par le budget ‘santé’ de la Communauté française. Elle vise toute personne qui adhère à la philosophie de la démarche de promotion de la santé.
(2) Nous invitons les lecteurs souhaitant un rappel de l’origine de cette démarche à consulter l’article ‘Vers une représentation professionnelle en promotion de la santé’ (texte collectif) dans Éducation Santé 269 ( http://www.educationsante.be/es/article.php?id=1389 ).
(3) Voir dans Éducation Santé 269 l’article ‘Évaluation des dispositifs de santé en Communauté française: constats et recommandations’, de Colette Barbier ( http://www.educationsante.be/es/article.php?id=1392 ).
(4) Pour en savoir plus, voir la publication ‘Méthodes participatives. Un guide pour l’utilisateur’, coédition de la Fondation Roi Baudouin et du Vlaams Instituut voor Wetenschapelijk en Technologisch Aspectenonderzoek (viWTA), téléchargeable gratuitement sur http://www.kbs-frb.be et http://www.viwta.be
(5) Il était sans doute prématuré d’avancer beaucoup sur la question des conditions d’affiliation à une association toujours hypothétique.
(6) Une opinion que ne partage pas l’auteur de cet article, partisan d’une association de personnes exclusivement, mieux à même selon lui de garantir la liberté de parole et d’action des membres.