Août 2006 Données

Après s’être penchée sur les méthodes contraceptives chez les jeunes (1), la Fédération des centres de planning familial des Femmes prévoyantes socialistes a souhaité étudier les relations amoureuses et sexuelles des adolescents. Les auteurs ont voulu observer l’affirmation de soi dans les relations amoureuses et affectives – au sens large – des jeunes, en les interrogeant sur les perceptions de leurs propres comportements.
Selon la Charte d’Ottawa, la santé résulte aussi de l’aptitude à prendre des décisions et à contrôler ses conditions de vie . Le bien-être des jeunes, comme de tout un chacun, passe donc par le fait de poser ses limites et de se sentir maître de ses décisions, ce qui fait partie de l’affirmation de soi.
Et travailler avec les jeunes sur l’affirmation de soi dans le respect d’autrui, c’est permettre de lutter efficacement contre la violence entre partenaires, ce qui fait également partie de la mission de la Fédération des centres de planning familial des FPS.
La population-cible de l’étude se compose d’adolescents des deux sexes, de 13 à 21 ans. Ces jeunes ont été interrogés via les centres de planning lors d’animations dans les écoles (dans 85% des cas), ou dans les salles d’attente des centres de planning (pour 15% d’entre eux). 667 questionnaires ont été remplis, parmi lesquels 650 ont été retenus.
Les résultats sont issus de Wallonie et de Bruxelles. En voici une synthèse.

Les résultats de l’enquête

Les relations amoureuses et sexuelles

Les jeunes interrogés ont dit avoir une vie sexuelle active pour un grand nombre d’entre eux (59,9 % des jeunes interrogés disent avoir déjà vécu un rapport sexuel) et ce, en moyenne depuis l’âge de 15 ans. 91% des jeunes sexuellement actifs ont aussi connu plusieurs expériences et parfois plusieurs partenaires. La sexualité demeure, pour de nombreux jeunes, un élément important du couple (avec la confiance et le respect), plus pour les garçons que pour les filles.
85% des jeunes disent avoir employé un moyen de contraception lors du premier rapport sexuel. Il est donc nécessaire de rester vigilant quant au travail de sensibilisation à la contraception, aux maladies sexuellement transmissibles et au sida pour les 15% de jeunes qui ne se sont pas protégés mais aussi pour ceux qui n’emploient pas la ‘règle des deux P’ (pilule et préservatif).
Les filles se disent plus fermes que les garçons quant à l’emploi du moyen contraceptif de leur choix, tout en ayant des difficultés à aborder la question avec leur partenaire. Les garçons déclarent quant à eux en parler facilement.
Il est intéressant de noter que 4,6% des jeunes de l’échantillon ont déjà vécu des expériences homosexuelles, dont une plus grande proportion de filles.
Concernant l’affirmation de soi dans les relations sexuelles , cette enquête a pu montrer que les garçons se sentaient plus que les filles ‘obligés’ au rapport sexuel. En effet, 1 garçon sur 2 dit avoir des difficultés à refuser un rapport sexuel sans le moyen de contraception de son choix, voire renoncer à refuser le rapport; 2 garçons sur 5 expriment leurs difficultés à refuser une pratique sexuelle qui les dérange.
Les filles éprouvent des difficultés lorsqu’il s’agit de parler de contraception ou de ce qui leur ferait plaisir lors des rapports sexuels. Elles disent plus facilement pouvoir refuser des rapports sexuels qui ne leur conviennent pas.
Retenons qu’un jeune sur 10 déclare ne pas pouvoir refuser une pratique sexuelle qui le dérange et presque 1 jeune sur 5 déclare poser ce refus difficilement. 1 jeune sur 10 déclare également ne pas pouvoir choisir librement le moment et la personne avec qui avoir des relations sexuelles. Il est encore nécessaire de souligner que 22,4% des jeunes de l’enseignement professionnel disent ne pas pouvoir refuser un rapport si la contraception utilisée ne leur convient pas, alors qu’ils sont 13,5% dans l’enseignement technique et 7,85% dans l’enseignement général.
Enfin, il semble plus facile pour les plus âgés d’exprimer ce qui leur ferait plaisir: 63,7% des 17-21 ans osent le faire contre 50,5% des 13-16 ans.

Les relations amicales et la confiance en soi

Les jeunes semblent globalement capables de s’affirmer dans les relations avec leurs amis (sans différence fille/garçon). 7 jeunes sur 10 jugent pouvoir identifier leur propre sentiment de désaccord avec une opinion ou une situation, ce qui constitue une des bases de l’affirmation de soi.
Les jeunes sont donc majoritairement enclins à exprimer de manière naturelle un refus à leurs amis, y compris à propos d’actions qui ne leur plaisent pas, sans différence entre les sexes. Au vu de cette enquête, s’affirmer envers ses amis semble plus ‘simple’ que s’affirmer envers le partenaire dans les relations intimes.
1 jeune sur 2 a également déclaré avoir toujours ou souvent confiance en lui. Les filles sont toutefois plus nombreuses à avoir moins confiance en elles. 1 fille sur 2 dit n’avoir jamais ou seulement parfois confiance en elle. Les garçons manifestent par contre une grande confiance en eux avec 3 garçons sur 5 se disant souvent ou toujours confiants en eux-mêmes.
Les filles sont également plus nombreuses à ne pas s’accepter comme elles sont (1 fille sur 10 dit ne jamais s’accepter telle qu’elle est), alors que les garçons sont deux fois plus nombreux qu’elles à s’accepter tels qu’ils sont.
Les jeunes ont également parlé de ce qu’ils aimeraient changer en eux. Le physique (taille, poids, corps…) et le caractère sont les éléments les plus cités. 1 jeune sur 5 dit ne rien vouloir changer en lui.
Au vu de toutes ces réponses, l’enquête a montré que trois quarts des jeunes disent s’affirmer de manière forte tant dans les relations sexuelles qu’affectives. Aucune différence n’apparaît entre les garçons et les filles. Ceci est dû au fait que leurs réponses s’équilibrent différemment: les filles sont moins confiantes en elles alors que les garçons posent moins facilement leurs limites dans les rapports sexuels.

Vers des relations égalitaires

Les différences soulevées entre les sexes tout au long de cette enquête ont amené les auteurs à réfléchir sur la raison des comportements stéréotypés ressortant de l’étude.
Dans une perspective de genre, c’est-à-dire du sexe social et non biologique, ils rappellent que l’obligation de ‘performance’ pour les garçons et la ‘timidité’ et l’attitude plus réservée pour les filles ne paraissent pas dus au hasard. Ces représentations sont le fruit de la socialisation différenciée inculquée aux jeunes depuis l’enfance. A l’adolescence, les jeunes construisent leur identité en se référant aux caractéristiques socialement attribuées à chaque genre. Aux filles la sensibilité et la réserve, aux garçons l’action et la performance.
Ces disparités sont malheureusement la source de relations inégalitaires entre les genres, formant elles-mêmes le terreau pour l’apparition de la violence dans les couples, aussi jeunes soient-ils. La lutte contre les stéréotypes – y compris dans l’affirmation de soi – reste encore actuelle dans la perspective de l’instauration de relations égalitaires entre les sexes, permettant aux individus de s’épanouir pleinement, et ensemble.
Les auteurs veulent conclure sur une note positive, en rappelant que pour de nombreux jeunes, les trois éléments importants du couple sont le respect, la confiance et la sexualité. Les notions de respect de soi et de l’autre ainsi que de confiance sont donc bien présentes pour les adolescents. Ce constat montre d’une part que les jeunes aspirent à des relations égalitaires et d’autre part il témoigne du fait que ceux-ci associent plus qu’ils ne séparent l’affect et une sexualité épanouie.
Sur base du dossier de presse de la Fédération des centres de planning familial des FPS .

HERBIGNIAUX F ., THAI Y ., L’affirmation de soi dans les relations amoureuses et affectives chez les jeunes enquête menée auprès des 13 21 ans par la Fédération des centres de planning familial des Femmes prévoyantes socialistes , mars 2006 , 42 pages .
Pour tout renseignement : 1 2 place Saint Jean , 1000 Bruxelles . Tél .: 02 515 04 89 . Courriel: cpf@mutsoc.be .
(1) Les méthodes contraceptives chez les jeunes, enquête menée auprès des 13-21 ans par la Fédération des centres de planning familial des Femmes prévoyantes socialistes, mars 2005, Bruxelles. Voir l’article ‘La contraception des jeunes sous la loupe’ , paru dans Education Santé n°204, septembre 2005, pp.15-16.

A comme Ados

Les filles et les garçons ne se comportent pas de la même manière. Chacun a ses propres désirs, ses raisons pour vivre un premier rapport, ses limites. Chacun doit pouvoir exprimer tout cela, choisir les moments et les personnes avec qui il veut le vivre, sans pression.
Toutes ces questions qui traversent l’esprit des adolescents, particulièrement sur tout ce qui tourne autour de l’amour, sont bien compliquées. Les réponses viendront avec le temps, au fil des rencontres et des expériences.
En attendant, ils trouveront déjà quelques éléments de réponses dans la brochure ‘A comme Ados’, dont le but essentiel est de pousser les jeunes sur le chemin de l’affirmation de soi et du bien-être, à travers différents thèmes comme l’amitié, l’amour (sentiment ou amour physique), la contraception, la grossesse, l’IVG, la jalousie, l’orientation sexuelle, les règles, et bien d’autres encore.
Le but des auteurs n’est pas de donner des solutions toutes faites mais plutôt que le jeune y trouve des idées, des témoignages, des repères, sans y voir un modèle à suivre.
La brochure est issue de la collaboration entre le MJT Espace jeunes et la Fédération des centres de planning familial des Femmes prévoyantes socialistes .
Elle est disponible
dans les guichets de la Mutualité socialiste et les Centres de planning familial des FPS
par courrier adressé à l’Union nationale des mutualités socialistes , Département Communication , rue Saint Jean 32 38 , 1000 Bruxelles , par téléphone au 02 515 05 59 , ou par courriel à unms@mutsoc.be
elle peut aussi être téléchargée sur http://www.mutsoc.be .