Cette troisième édition du Tableau de bord de la santé du Hainaut présente en détail le diagnostic santé de la population hennuyère. Il s’agit d’une photographie de la situation à un moment donné avec toutefois une mise en perspective historique et des comparaisons avec la situation de l’ensemble de la Région wallonne et de la Belgique.
Ce tableau de bord propose 106 figures, 83 tableaux et 19 cartes de santé. Les données présentées sont issues de plus de 40 sources d’informations. C’est l’association des informations, leurs recoupements, leurs comparaisons qui permettent de donner du sens au diagnostic. Les résultats sont destinés à alimenter la réflexion et surtout l’action et les politiques non seulement en matière de santé mais également dans tous les domaines qui touchent au bien-être de la population.
A qui est-il destiné?
Ce document de plus de 200 pages s’adresse à tous les acteurs de santé au sens large: non seulement les professionnels de santé et les scientifiques mais également toutes les personnes qui ont une responsabilité dans ce domaine: les autorités locales, régionales, communautaires et fédérales; les responsables de CPAS, les échevins, les enseignants, les responsables d’institutions, les travailleurs de l’action sociale.
Dans cette perspective, les auteurs ont veillé à une présentation compréhensible par un grand nombre, notamment en rappelant les définitions des indicateurs utilisés, et en commentant les graphiques, tableaux et cartes.
Le Tableau de bord de la santé se structure autour de 7 chapitres: population, mortalité et causes de décès, état de santé, facteurs de santé, offre de soins, consommation de soins, environnement et santé.
Principaux résultats
Chaque année, près de 1800 personnes meurent injustement dans le Hainaut. Il est probable qu’une bonne partie de ces vies seraient épargnées si la situation sanitaire de la province était équivalente à la situation moyenne belge.
L’espérance de vie à la naissance des hommes vivant en Hainaut est de près de 3 ans inférieure à la moyenne de l’ensemble des hommes résidant en Belgique. Pour la femme, la différence est d’un peu plus d’un an. La différence entre l’espérance de vie des hommes du Hainaut et celle des femmes est de près de 8 ans, ce qui est une des plus grandes différences de toute l’Europe.
Le vieillissement de la population hainuyère semble marquer une pause. Le rapport entre le nombre de personnes de 65 ans et plus et celles de moins de 20 ans est resté proche de 0,7 entre 1999 et 2004 alors qu’il est passé de 0,70 à 0,74 pour l’ensemble de la Belgique au cours de la même période. Ce phénomène est partiellement dû à une natalité plus élevée en Hainaut et surtout à une mortalité prématurée (des moins de 65 ans) plus importante que dans le reste du pays.
Les données de mortalité et notamment les informations sur les causes de décès peuvent aider à mieux comprendre la situation sanitaire et à définir les priorités en matière de prévention. Au moment de mettre sous presse, les données de mortalité ne sont malheureusement pas disponibles au-delà de 1997 auprès de l’administration concernée.
Globalement, à âge et sexe égal, la probabilité de décès diminue partout dans le pays, mais les inégalités du Hainaut par rapport aux autres régions belges persistent.
En 1997, les principales causes de décès restent les maladies cardiovasculaires (30% des décès masculins et 39% des décès féminins) et les cancers (29% des décès masculins et 21% des décès féminins). Depuis une vingtaine d’années, la part des décès cardiovasculaires a diminué tant chez les hommes que chez les femmes. Chez ces dernières, par contre, la part des décès par tumeur a augmenté.
La fracture sanitaire ne se marque pas seulement au niveau de la durée de vie mais aussi de la qualité de vie. Les indicateurs socio-économiques du Hainaut sont particulièrement défavorables et contribuent à expliquer cet excès de mortalité et de morbidité dans la province. Les maladies chroniques, souvent invalidantes, sont plus fréquentes dans le Hainaut: 35% des Hainuyers souffrent d’au moins deux affections chroniques.
En 2001, 68% des Hainuyers s’estiment en bonne ou très bonne santé alors que la proportion est de 75% pour l’ensemble de la Belgique.
Ces maladies ont en commun un nombre important de déterminants de santé qui vont des comportements aux conditions de vie et de l’environnement.
En 2001, 57 % des hommes et 45 % des femmes présentent un excès de poids. Ces chiffres sont supérieurs de 10 % à ce qu’on observe pour l’ensemble de la Belgique pour les hommes et de 15 % chez les femmes. Chez les jeunes de l’enseignement secondaire, en 2004, un sur 4 présente un excès de poids. Cette proportion, assez élevée, semble toutefois relativement stable (à vérifier dans les années à venir) depuis 1997 contrairement à ce qui est décrit dans d’autres régions européennes.
En lien avec cette problématique, 46 % de la population hainuyère de 15 ans et plus courent des risques pour leur santé par manque d’activité physique. En Hainaut, globalement, au moins une personne sur 2 ne consomme pas de fruit au moins une fois chaque jour. Trois Hainuyers sur 4 consomment quotidiennement des légumes, comme dans les autres régions du pays. Entre 15 et 34 ans, une personne sur 3 ne prend pas de petit déjeuner. L’absence de petit déjeuner est l’un des facteurs associés à l’excès de poids dans la littérature internationale.
Parmi les autres comportements liés à l’état de santé, la consommation de tabac touche davantage d’hommes hainuyers que dans l’ensemble de la Belgique. Pour les femmes, c’est l’inverse. Globalement, en Hainaut, 24,8 % des décès masculins (soit 1900 décès en moyenne par an) et 7 % des décès féminins (soit 537 décès en moyenne par an) ont un lien avec la consommation de tabac. Chez les jeunes, on observe une diminution de la proportion de fumeurs quotidiens depuis 1997 (à vérifier dans les années à venir).
En ce qui concerne la consommation d’alcool, on observe une consommation variée et précoce chez les jeunes. La fréquence de la consommation des alcopops a pris le pas sur celle de la bière. A 11 ans, 13 % des garçons et 6 % des filles déclarent avoir déjà été ivres. Le nombre de décès liés à la consommation d’alcool est difficile à estimer. On l’évalue à 12,5 % des décès masculins (966 décès en moyenne par an) et 3,1 % des décès féminins (242 décès en moyenne par an).
L’offre et la consommation de soins présentent également en Hainaut un visage légèrement différent du reste du pays. La densité de médecins généralistes, médecins spécialistes et dentistes est plus faible que dans l’ensemble de la Belgique. Les professionnels de la santé y sont globalement plus âgés et la féminisation est moins marquée.
La consommation des soins préventifs est très bonne en Hainaut: la couverture vaccinale des enfants comme celle des adultes (grippe et tétanos) est comparable au reste de la Belgique. Plus de 60 % des femmes de 50 à 69 ans déclarent pratiquer le dépistage du cancer du sein, sous forme du mammotest (programme de la Communauté française) ou de mammographie. Mais les objectifs du programme sont encore loin d’être atteints.
Le Tableau de bord de la santé 2006 aborde la santé environnementale pour la première fois. A ce titre, il reprend une série de définitions utiles et des informations issues de l’Enquête nationale de santé et de l’enquête socio-économique 2001 (recensement) concernant entre autres la perception des nuisances par la population. Globalement, environ 28 % des habitants du Hainaut se plaignent d’être dérangés par le bruit. La moitié d’entre eux en éprouvent des répercussions sur leur sommeil et un tiers d’entre eux seraient même prêts à déménager. Cet exemple sur le bruit illustre les interactions entre la santé et l’environnement dont l’importance est de plus en plus mise en évidence dans la littérature internationale.
Le souhait est que ce Tableau de bord de la santé 2006 contribue aux débats et réflexions. La prise en compte de la dimension santé et bien-être dans l’ensemble des politiques semble primordiale. Les inégalités de santé s’estomperont lorsque les inégalités tout court diminueront.
D’après un communiqué de presse de l’Observatoire de la santé du Hainaut