Novembre 2005 Initiatives

Le début de l’adolescence est l’âge où un pourcentage élevé de jeunes commencent à expérimenter les produits du tabac. L’enquête “Health Behaviour in School-Aged Children” réalisée dans 35 pays, destinée entre autres à analyser les comportements d’adolescents face à la consommation de tabac, révèle une augmentation spectaculaire du nombre de jeunes déclarant avoir goûté au tabac entre 11 et 15 ans.
Le tabagisme pose un sérieux problème dans nombre de nouveaux Etats membres de l’Union européenne: la Lituanie, la Lettonie, l’Estonie, la République tchèque, la Pologne et la Hongrie figurent parmi les 12 pays affichant les taux de tabagisme les plus élevés parmi les jeunes. Ces résultats sont particulièrement alarmants lorsque l’on sait que le fait de commencer à fumer très jeune est l’un des principaux indices non seulement d’une consommation ultérieure de tabac mais aussi d’une consommation plus intense.

Garçons et filles

La proportion de jeunes fumeuses ne cesse d’augmenter dans un certain nombre de pays et de régions, et l’on décèle une certaine répartition géographique dans les différences de comportements liés au tabagisme en fonction du sexe, en particulier dans le groupe de jeunes plus âgés:
-plus de garçons que de filles fument dans les pays de l’Est;
-les différences entre les sexes sont minimes dans les pays d’Europe centrale et méridionale;
-plus de filles que de garçons fument dans de nombreux pays d’Europe occidentale et septentrionale;
-les garçons sont susceptibles de commencer à fumer plus jeunes que les filles.
Les premiers symptômes de dépendance peuvent se déclarer quelques semaines à peine après une consommation occasionnelle de tabac chez les adolescents. Il existe des indications selon lesquelles les filles développent plus vite des symptômes de dépendance à la nicotine que les garçons.

Facteurs favorisant la consommation de tabac chez les jeunes

Les raisons pour lesquelles une personne commence ou arrête de fumer sont multiples.
Amis, parents, famille
L’expérimentation du tabac intervient pendant la jeune adolescence.
La consommation de tabac commence souvent comme une activité sociale, les premières cigarettes étant offertes par des amis. L’approbation ou la désapprobation parentale à propos de la consommation de tabac en général revêt une importance capitale, tout comme l’influence des amis et des frères et sœurs. Les jeunes qui comptent des fumeurs parmi leurs amis et les membres de leur famille sont plus susceptibles de commencer à fumer à leur tour.
Esprit de rébellion
Le fait de fumer représente également un acte symbolique de rébellion, une tentative de transmettre le message que l’on est suffisamment âgé et dur. Les enfants attirés par cette assertion adolescente de la perception de l’âge adulte ou de l’esprit de rébellion semblent surtout issus de milieux connaissant un taux élevé de consommation de tabac parmi les parents, les frères et sœurs et l’entourage, et fréquentent des écoles où la consommation de tabac est courante. Les enfants susceptibles de commencer à fumer ont également tendance à avoir peu d’amour-propre, à obtenir de faibles résultats scolaires et à souffrir d’un manque de bien-être social.
Economie et publicité
La facilité d’accès au tabac, l’exposition à la publicité et la faiblesse des efforts de contrôle du tabac sont autant de facteurs encourageant les jeunes à commencer à fumer.

Que faire? La ‘Smoke Free Class Competition’

L’augmentation du prix des cigarettes est particulièrement efficace pour empêcher les jeunes de commencer à fumer et pour réduire le nombre de cigarettes fumées par les fumeurs. Les interdictions de vendre du tabac à des mineurs et les politiques de restriction de l’usage du tabac dans les écoles ou tout autre bâtiment public et sur le lieu de travail semblent également avoir prouvé leur efficacité.
Peut-être les plus importantes de toutes, les interdictions frappant la publicité pour le tabac, qui doivent couvrir tous les types de promotion du tabac – des cendriers portant la marque aux panneaux d’affichage – constituent un moyen particulièrement efficace d’aider les jeunes à éviter le tabac.
La majorité des jeunes veulent arrêter de fumer et pensent qu’ils peuvent le faire seuls, mais peu y arrivent. Bien que les filles soient plus enclines à essayer d’arrêter de fumer que les garçons, ceux-ci ont plus de chances d’y parvenir.
Les jeunes fumeurs requièrent des méthodes de sevrage adaptées à leurs besoins. Il ne suffit pas de simplement appliquer aux jeunes les techniques de sevrage conçues pour les adultes. Elles doivent être modifiées et adaptées à l’âge, à la culture, et probablement aussi au sexe.
Des programmes de prévention s’imposent qui commenceraient très tôt (à l’école maternelle / primaire) et qui seraient poursuivis tout au long du cycle d’enseignement. Ces programmes devraient, en outre, comporter des éléments spécifiques selon le sexe. Les adolescentes devraient faire l’objet d’une attention particulière car le taux de consommation assidue de tabac croît plus vite chez les filles que chez les garçons et pourrait engendrer des effets sur la santé spécifiques à la population féminine.
À titre d’exemple de programme intéressant, citons la ‘Smoke Free Class Competition’ (SFC; www.smokefreeclass.info). La SFC est un concours de classes non-fumeurs organisé dans les écoles à l’échelon européen. Les classes s’engagent à ne pas fumer pendant une certaine période allant jusqu’à 6 mois et celles qui réussissent peuvent gagner différents prix, le premier étant un voyage dans l’un des autres pays participants. Le programme a été mis en œuvre dans 17 pays, recueillant la participation de plus de 28 000 classes pendant l’année scolaire 2004/2005.
Les études destinées à évaluer l’efficacité du programme révèlent un effet à court terme consistant à différer le moment où les élèves commencent à fumer. Ce projet est financé par l’Union européenne.

Le plus grand bénéfice pour la santé publique

La prévention auprès des jeunes visant à les empêcher de commencer à fumer apporterait le plus grand bénéfice à la santé publique malgré la complexité des raisons pour lesquelles les jeunes se mettent à fumer.
Quoique de nombreuses leçons aient pu être tirées sur les diverses influences exercées sur les comportements des adolescents en matière de consommation de tabac, nombre de questions fondamentales restent sans réponse, telles que la raison pour laquelle certains jeunes expérimentent le tabac mais arrêtent rapidement de fumer alors que d’autres y goûtent et développent progressivement une dépendance à la nicotine.
Tous nos efforts devraient se concentrer sur la réponse à apporter à ces questions et sur l’approche du problème de la consommation de tabac chez les jeunes.
D’après un communiqué de presse du programme ‘Help’, soutenu par l’Union européenne (‘Les opinions publiées ne peuvent en aucun cas être considérées comme l’expression d’une position officielle adoptée par la Commission européenne’).