Juin 2001 Par C. LAUVAUX B. GILLEMAN Initiatives

ou Quand les enfants s’animent

Ce projet découle de nos constatations de terrain lors d’animations santé ponctuelles: les enfants possèdent de nombreuses connaissances en matière de santé mais ne les appliquent pas toujours. Si l’animation de santé ne correspond pas à une réelle demande, exprimée par les enfants, ces derniers resteront imperméables au contenu de l’animation tant au niveau des savoirs, des savoir-faire, que des savoir-être, trois notions menant à l’estime de soi.
Lors d’un séjour au Québec, nous avons également enrichi notre réflexion en rencontrant Germain Duclos , orthopédagogue, qui travaille depuis de nombreuses années dans une approche pour développer l’estime de soi.

Qui sont les acteurs du projet?

… les enfants bien sûr!
Notre programme, constitué de dix animations, a pour objectif principal d’accroître le bien-être des enfants au sein de la classe et s’adresse aux 8 – 10 ans. Cette tranche d’âge constitue une période idéale pour amener l’enfant à réfléchir sur lui-même. En effet, il commence à s’identifier à ses pairs au sein de l’école tout en cherchant à s’affirmer individuellement. Il apprend donc à argumenter ses opinions ainsi qu’à évaluer ses propres actions. Chaque année, le projet est proposé à trois écoles, lieux d’apprentissages qui doivent dans le contexte actuel non plus satisfaire uniquement les besoins intellectuels, mais également les besoins affectifs et physiques des élèves.

Comment s’établit le projet?

… le plus simplement possible.
Ce projet, destiné à favoriser le bien-être dans l’école, fait l’objet d’une nouvelle approche. Il est élaboré uniquement à partir des demandes des élèves en matière de bien-être, notre but étant de faire prendre conscience aux enfants de leurs aptitudes pour ensuite les valoriser et développer par ce fait leur estime d’eux-mêmes.
Notre méthodes est simple: nous invitons les enfants à réfléchir sur les déterminants de bien-être favorisant la notion de santé dans l’école (ex.: avoir une école propre, avoir plus de jeux, s’amuser ensemble, avoir des menus plus équilibrés à la cantine), d’élire un déterminant prioritaire et de voir comment parvenir ensemble à l’objectif fixé.
Grâce à l’échange tout au long des animations, ils construisent ensemble un projet de classe.
Les animations fondées sur des jeux coopératifs, de rôles, psychomoteurs, créatifs, symboliques, de construction et le récit de contes, se réalisent en groupe, permettant ainsi de développer les aptitudes suivantes:
-s’écouter et être à l’écoute de soi;
-s’affirmer mais aussi coopérer;
-développer un esprit critique par rapport à l’environnement;
-développer la créativité.

Pourquoi parfois trouve-t-on que la vie est moche?

Par Soufiane, Tony, Christelle, Providence et Redouan
– parce qu’il y a beaucoup de parents qui se battent (5e)
– parce que Madame donne trop de devoirs (5e)
– parce qu’on a des ennuis (6e)
– parce que les gens rendent la vie moche (5e)
– parce qu’il y a la guerre (6e)
– parce qu’il y a la mort (4e)
– parce qu’il y a la pollution (5e)
– parce que parfois on est triste (6e)
– parce qu’il y a des enfants pauvres (4e)

Existe-t-il une évaluation du projet?

…pas de projet sans évaluation!
A la fin de chaque animation, les enfants remplissent une fiche d’évaluation, cela permet d’identifier les notions intégrées et les thèmes à redévelopper. L’évaluation se fait, d’une part, grâce à des indicateurs de bonne connaissance de soi, tels que la capacité à reconnaître une habilité physique, intellectuelle, créatrice ou encore la capacité à se différencier des autres. D’autre part, elle se fait par des indicateurs d’habiletés à communiquer et à écouter, et enfin par des indicateurs d’habiletés à développer des relations sociales positives telles que la capacité à accepter les différences de l’autre, de respecter les autres. Toutefois, une évaluation finale du projet est fixée dans trois ans, le projet ayant été alors réalisé dans neuf écoles (trois écoles par an).

Vous souhaitez des exemples concrets?

…en voici deux!
La classe de 4e année de Madame Cihan de l’école communale Pierre Lairin (Anderlecht), après toutes les activités de réflexion sur ses besoins, a décidé de monter une pièce de théâtre destinée à informer les autres élèves sur le thème de la violence afin de diminuer ce fléau dans l’école.
La classe de 3e année de Madame De Vleminck à l’école d’enseignement libre Raymond Van Belle (Anderlecht également), a décidé quant à elle d’organiser un tournoi sportif interclasse afin de provoquer la rencontre et l’échange entre les différentes classes, ainsi que vendre des collations-santé pour récolter de l’argent destiné à acquerir des jeux pour la classe.

Et le futur?

Nous le construisons avec l’école.
Dans chaque école, un groupe relais d’instituteurs et autres intervenants sera formé aux outils ainsi qu’à la pédagogie de projet afin de pouvoir pérenniser le projet au sein de l’établissement scolaire.
Le travail en réseau est particulièrement efficace pour ce type de projet, c’est pourquoi nous avons décidé de travailler avec les inspections médicales scolaires (IMS), les centres psycho-médico-sociaux (PMS), les associations de quartier qui sont en contact avec les parents d’élèves, ainsi que la Croix-Rouge et la Fondation contre les Affections respiratoires et pour l’éducation à la santé (FARES). Aux parents, nous envoyons un questionnaire dans le but de déterminer leurs préoccupations de santé et leur désir de participation au projet au sein de l’école.
En conclusion … nous sommes ouvertes à de nouveaux partenariats avec des écoles mais également avec des associations d’autres secteurs tels que l’environnement, le secteur artistique et la participation du citoyen.
Christelle Lauvaux et Bénédicte Gilleman
Intéressés? Vous pouvez nous contacter à l’asbl Cultures et Santé, Chaussée de Mons 130, 1070 Bruxelles, tél.: 02/558.88.10, fax: 02/520.51.04, mél: culturesante.claeys@skynet.be, cdoc.defilippis@skynet.be.
Ce projet bénéficie de l’appui de la Communauté française et de la Commission Communautaire française.