Dans le cadre de séminaires intitulés «De l’analyse à l’action pour des environnements favorables à la santé de personnes socio-économiquement défavorisées», organisés par Cultures et Santé et Question Santé, une première intervention était consacrée au thème suivant: «Développer le pouvoir d’agir des personnes et des collectivités en milieux défavorisés: une alternative crédible ».
Pour développer ce thème, nous avions invité Monsieur Yann Le Bossé, psychosociologue spécialisé en psychologie communautaire et professeur au Département des Fondements et des Pratiques en Education de l’Université Laval à Québec.
En voulant s’attaquer aux causes socio-économiques des inégalités de santé, à qui n’est-il pas arrivé de se sentir démuni devant ce qui apparaît comme une tâche trop complexe ou trop lourde? De plus, même dans le travail communautaire, les résultats sont exigés de plus en plus vite et on en attend des effets magiquement durables! Or, tous ceux qui privilégient l’approche communautaire savent combien elle demande de patience et de ténacité. Ce qu’elle vise, ce ne sont pas forcément des résultats immédiats, mais surtout une modification à long terme des façons de parvenir à ces résultats. L’approche centrée sur le développement du pouvoir d’agir des personnes et des collectivités (DEPAPC), développée dans cet article, propose de tenter d’étayer et de systématiser les pratiques de terrain que ce soit dans le domaine social, de la promotion de la santé ou dans d’autres contextes sociaux. Mais y a-t-il vraiment quelque chose de nouveau à proposer?
Ni policier, ni sauveur: quel est le pouvoir d’agir d’un intervenant?
La plupart du temps, les intervenants ont tendance à se positionner dans une relation d’aide unilatérale envers les personnes concernées (1). Ainsi, souvent, les modèles d’interventions ne sont pas construits d’après les besoins exprimés par les personnes concernées, mais d’après ceux perçus par les intervenants. Soulignons cette réflexion de Sarason (1976): J’ai été amené à comprendre que tout ce que les professionnels réussissent à faire avec la meilleure intention du monde , c’est de définir un problème de telle sorte que sa solution nécessite uniquement le recours à des professionnels , ce qui ( étant donné le manque patent de ressources (2)) rend le problème insoluble (3).
Est-il acceptable pour un acteur de santé ou un travailleur social de mettre son expertise entre parenthèse pour valoriser celle de l’Autre (4)? Cet Autre, responsable de sa vie et qui se voit enlever toute possibilité d’y prendre part, parce que celui qui est chargé de l’aider est sincèrement convaincu qu’il sait ce qui est bon pour lui!
Et si ce qu’on croit bon – pour nous – ne l’était pas pour l’autre? Si ce besoin perçu ne rencontre pas une demande? Et si, et si,… Et si, au lieu de se perdre en hypothèses, on sortait de ce que Breton appelle la «monopolisation professionnelle» (5) pour en arriver à une «harmonisation des attentes et des objectifs des différents acteurs (bailleurs de fonds, planificateurs de programmes, professionnels et membres d’une communauté)» (6). Selon Le Bossé (7), la volonté collective qui émergera de ce consensus deviendra suffisamment forte pour «soulever des montagnes», elles qui ne manquent pas de se dresser dans les tentatives de mobilisation d’une communauté.
Parallèlement à cette notion de «monopolisation professionnelle» se dessine celle de «double victimisation». En effet, lorsque l’intervenant se retrouve dans une situation où son projet n’atteint pas les objectifs qu’il s’était fixés, il peut être amené à faire des reproches à «son public», à lui en faire porter la responsabilité. Cela se traduit par des expressions comme «Après tout ce qu’on a fait pour eux», «C’est à se demander si ces gens veulent bien être autonomes», «Quand on voit tous les services mis en place pour eux, ils ne les utilisent même pas»,…
Pourtant, la performance du professionnel est, la plupart du temps, appréciée en fonction de sa capacité à résoudre le problème en lieu et place de la personne concernée!
Selon Le Bossé, la notion de double victimisation réfère aux «situations dans lesquelles les personnes concernées doivent faire face à une forme plus ou moins ouverte d’hostilité de la part des professionnels chargés de les aider en plus d’être aux prises avec les difficultés propres à leur situation»(8).
Tout le monde est victime: l’intervenant, car il se sent trahi, et la personne aidée, parce qu’on lui ajoute un fardeau supplémentaire.
Qu’en serait-il si tous les acteurs concernés par un problème s’asseyaient ensemble autour d’une table pour le définir de manière collective?
Prenons un exemple issu des pratiques sociales au Québec.
« Dans un quartier où réside une majorité de familles à faibles revenus, une équipe du CLSC – Centre Local de Services Communautaires (qui pourraient en certains points être comparés aux CPAS, ndlr) constate que sur le territoire qu’elle dessert, le pourcentage de bébés de petit poids est nettement supérieur à la moyenne. Or, cette situation peut avoir un impact sur l’incidence et la prévalence des maladies infantiles et sur certains problèmes de croissance. Les intervenants décident donc de mettre en place un programme préventif auprès des futures mamans du quartier afin qu’elles puissent bénéficier d’une information de base sur les besoins nutritifs d’une femme enceinte et d’une meilleure alimentation pendant leur grossesse. Après des mois d’efforts pour obtenir le financement nécessaire, l’équipe est en mesure d’offrir ce nouveau service. Or, malgré une importante campagne d’affichage dans les lieux publics et plusieurs démarches d’informations dans le quartier, très peu de femmes enceintes répondent à l’appel de l’équipe du CLSC. De plus, il apparaît que la majorité de celles qui se présentent utilisent les suppléments fournis à leur intention pour nourrir les autres membres de la famille (…)»(9).
Dans cet exemple, il est aisé d’imaginer ce processus de «double victimisation»: «elles ne profitent pas des suppléments alors que nous savons qu’elles en ont besoin». Besoin, le mot est à nouveau lâché: le besoin de qui? Sous quel point de vue faut-il considérer l’initiative?
Pour sortir de ce carcan, les intervenants doivent être prêts à sortir de leur point de vue pour envisager celui des personnes concernées.
Dans notre exemple, le projet mis en place l’a été sous l’angle de la santé publique. En fait, les intervenants s’interrogent sur les carences éventuelles des futures mamans et mettent en place un programme pour les réduire. Il n’est évidemment pas question de nous en indigner, mais plutôt d’entamer une réflexion sur «pourquoi ne pas mettre en présence tous les acteurs impliqués dans le changement afin d’être sûr de prendre en considération tous les aspects du problème et des solutions envisagées?».
Les enjeux des uns font-ils les affaires des autres?
En règle générale, dès la mise en place d’un projet, plusieurs enjeux sont implicitement présents:
-idéologiques: par exemple, donner plus d’autonomie;
-socio-économiques: par exemple, réduire les coûts de prise en charge;
-socio-sanitaires: par exemple, diminuer l’incidence de tel problème;
-scientifiques: par exemple, développer une connaissance rigoureuse;
-administratifs et organisationnels: par exemple, optimiser la gestion du programme, harmoniser les objectifs du programme avec les pratiques de l’institution,…
-de l’intervenant: par exemple, produire des changements qui confirment le sentiment de compétence;
-de la personne qui reçoit de l’aide: par exemple, que la situation qui fait problème soit résolue de manière viable à moyen et à long terme
Bien entendu, chaque enjeu n’a pas le même pouvoir d’influencer la finalité et les modalités du programme. Généralement, les enjeux de ceux qui disposent des fonds et du pouvoir décisionnel pèsent plus lourd dans la balance que ceux des personnes qui composent plus directement avec le problème. Cependant, chaque acteur seul ne peut avoir conscience que des enjeux qui lui sont propres, ceux des autres lui étant a priori étrangers.
Dans la mise sur pied d’une action, trois éléments sont importants à prendre en compte:
-la définition du problème et des solutions en fonction des différents enjeux;
-la demande formulée par les personnes aidées;
-la conception que les intervenants se font du problème.
Dès lors, il devient important de favoriser l’implication de toutes les personnes concernées, non seulement dans la définition de ce qui constitue un problème pour eux, mais également dans la prise en compte des solutions envisageables.
Nous allons voir plus loin que cette façon d’agir diffère de la manière traditionnelle en ceci qu’elle ne se fonde pas sur les carences individuelles ou collectives, mais bien sur les forces et les compétences en présence.
Afin de mieux comprendre l’approche centrée sur le développement du pouvoir d’agir, nous vous proposons un retour aux sources de ce concept.
L’empowerment ou le développement du pouvoir d’agir: donnons du sens à nos pratiques
Dans la langue anglaise, le mot «empowerment» est un terme commun qui signifie un gain de pouvoir.
Ce mot est un composé des éléments suivants:
le préfixe «Em» qui traduit l’expression d’un mouvement,
le radical «Power» qui signifie pouvoir,
le suffixe «Ment» qui indique la présence d’un produit, d’un résultat.
«Empowerment», au sens littéral du terme se définit donc comme un «mouvement d’acquisition de pouvoir qui produit un résultat tangible». Cela se traduit concrètement par «la capacité des personnes à exercer un plus grand contrôle sur ce qui est important pour elles, leurs proches et leurs communautés»(10).
Les premières traces de l’usage de ce mot remontent aux premiers colons aux Etats-Unis d’Amérique. Il est également utilisé dans un contexte organisationnel pour désigner le potentiel d’initiatives dont disposent les employés. Dans le cadre des pratiques sociales, ses premières utilisations remontent aux mouvements féministes du début du XXe siècle aux Etats-Unis.
Dans ce contexte des pratiques sociales, « l’utilisation de ce terme est généralement associée à un pouvoir instrumental personnel et collectif qui vise à exercer un plus grand contrôle sur sa réalité ( ex : accès aux ressources , participation aux décisions ,…). (…) L’empowerment est en quelque sorte une tentative d’élargir le champ des actions possibles du point de vue tant des ressources personnelles ( ex : l’habileté à la communication ) que de celle de l’environnement ( ex : accès à des services adéquats , à un logement convenable ). C’est donc d’un pouvoir d’agir dont il s’agit , d’un pouvoir d’initier ou de contribuer au changement souhaité »(11).
Deux éléments se distinguent dans cette notion:
-la cible de changement (ce qui est important pour les personnes ou les communautés);
-le moyen de production de ce changement (l’acquisition d’un plus grand contrôle).
La cible de changement
Comme évoqué ci-dessus, l’adoption d’une action centrée sur le pouvoir d’agir met en avant le principe d’expertise expérientielle (12): les personnes aux prises avec un problème sont les mieux placées pour définir la nature de leurs besoins et des solutions compatibles avec leur situation. Chacun est l’expert de sa vie.
Cependant, une telle affirmation n’exclut pas la contribution des professionnels et autres bailleurs de fonds à la définition de ce problème.
Le moyen de production du changement
Une fois que la cible du changement fait consensus, il convient de déterminer les moyens d’actions à privilégier. Si cette démarche est un premier pas, elle ne suffit pas. En effet, la sélection des méthodes d’intervention va être influencée, notamment par la disponibilité des ressources.
Pour cela, il apparaît pertinent de faire en sorte que les personnes visées par le changement soient également celles qui le conduisent. La démarche de l’intervenant se modifiant alors pour leur fournir les ressources nécessaires ou en faciliter l’accès.
L’intervenant devient alors un agent de changement démultiplicateur de compétences, agissant dans de nombreux contextes. Pour maximiser au mieux les compétences des personnes concernées, il est souhaitable d’agir par de petites actions concrètes successives et qui ont de grandes chances de réussir. En effet, agir de la sorte permet de diminuer la probabilité d’échec et donc d’augmenter le sentiment de compétence.
Trois principes fondamentaux
Prendre le temps
Tant dans la définition de la cible du changement que dans la mise en œuvre des moyens d’actions, il est important de prendre tout le temps nécessaire. D’ailleurs, comme le souligne Biarnes (1998): « Il vaut mieux prendre le temps de créer les conditions d’un changement effectif plutôt que de prendre le risque d’imposer un échec supplémentaire aux personnes concernées » (13). En effet, cette approche favorise l’enracinement du changement sur du long terme.
A l’opposé, l’approche préventive de l’éducation pour la santé, basée sur les principes du marketing social, emploie des stratégies de communication de masse: presse, T.V., campagnes d’affichages,… Celles-ci sont la plupart du temps éphémères.
D’après Brieger et Ramakrishna, « l’un des facteurs qui différencie le marketing social des autres stratégies axées sur l’individu est l’échelle d’intervention . En effet , il tente de transformer l’individu à l’échelle de la ville , de la région , de l’Etat ou du pays ». Les auteurs avancent également que « le marketing social est inadapté lorsque des obstacles structurels importants s’opposent au changement chez l’individu (…). Le marketing social ne convient pas non plus dès lors que les efforts et les ressources du seul individu sont insuffisants pour parvenir au comportement désiré » (14).
L’approche centrée sur le développement du pouvoir d’agir préconise que l’on prenne le temps de créer un espace de négociation pour toutes les personnes concernées par la situation qui fait problème. Ceci parce qu’elles sont les expertes de leur situation et qu’elles connaissent bien les conditions de vie dans lesquelles elles vont devoir opérer le changement visé. Si elles prennent le temps de participer à la définition du problème qui les occupe, leur volonté d’action n’en sera que plus considérable… et la maxime «de la discussion jaillit la lumière» prendra tout son sens.
Partager le pouvoir et les expertises
Comme évoqué précédemment, chaque acteur impliqué dans le changement connaît d’une part les enjeux auxquels il doit faire face et, d’autre part, possède sa propre expertise de son milieu de vie. Pour construire un projet qui s’inscrira dans la durée, il est préférable de favoriser la négociation entre les différents acteurs afin que chacun puisse faire valoir son point de vue. Chaque acteur devra classer ses enjeux par priorité et en laisser tomber certains pour arriver à un consensus solide à la fin de la négociation. C’est le consensus établi par tous les acteurs en présence qui permettra de faire avancer le projet.
Cette démarche est à différencier de la consultation populaire. Dans ce cas, si les acteurs du programme veulent connaître le point de vue des futurs usagers, cela n’implique aucun partage effectif du pouvoir de la définition et de la réalisation du changement.
Collaborer avec les personnes concernées
La faisabilité d’une démarche centrée sur le pouvoir d’agir repose en bonne partie sur la contribution active et continue des personnes concernées. Cependant, on pourrait douter de la participation effective des personnes que l’on veut aider. En effet, elles ne sont peut-être pas disposées à donner du temps pour coopérer à un projet, quelle que soit l’étape. En fait, cet obstacle ne peut exister que si l’action a été conçue de manière traditionnelle. Par conséquent, si les personnes concernées ont participé à la décision du changement et à sa volonté de réalisation, la probabilité de leur implication sera d’autant plus grande. Toutefois, lors de la mise en place, il faudra veiller à développer des pratiques de concertation compatibles avec leurs conditions de vie, leurs compétences et leur expérience. Ainsi, il est illusoire de demander à des personnes peu scolarisées de participer à des réunions où le jargon technique empêcherait la bonne communication, par exemple. Par contre, on pourrait envisager l’utilisation d’un vocabulaire plus courant ou des réunions sous d’autres formes.
Limites de l’approche
Ces quelques pistes de réflexions ne doivent pas faire oublier que l’on ne peut pas transmettre, par un enseignement ou des techniques particulières, un vécu de pouvoir d’agir, ni en donner aux gens. L’approche n’est pas non plus uniforme, ni en ce qui concerne le temps qu’elle requiert, ni dans ses modalités. Ces éléments varient en fonction des contextes et des personnes. La mission du professionnel consiste à faciliter ce processus en contribuant à réunir les conditions de son émergence. « L’approche centrée sur le pouvoir d’agir n’est pas non plus une solution miracle : les problèmes ne disparaissent pas parce que les personnes sont placées au centre de l’intervention . Ce qui change , c’est qu’au lieu de faire partie du problème , l’intervenant contribue au développement de sa solution . »(15)
Si les changements espérés mettent du temps à se manifester de manière stable, c’est justement parce que l’action est centrée non pas sur la personne, mais sur la situation. Les personnes ne sont plus stigmatisées. Ceci fait que l’application est plus restreinte et délicate dans un contexte d’intervention en autorité. De plus, cette méthode est personnellement très exigeante, car elle demande une remise en question perpétuelle de ses propres valeurs. Le professionnel doit pouvoir se dégager du rôle central qu’il est habitué à assumer et sortir de la logique unilatérale « aidant-aidé ».
Conclusion
«Changer le monde au quotidien»: tout un programme! L’approche centrée sur le pouvoir d’agir apporte des pistes de changement… Non pas magiquement, mais au contraire en se fondant sur trois principes bien concrets: prendre le temps, partager le pouvoir et les expertises, et collaborer avec toutes les personnes concernées. Non par de grands projets trop ambitieux, mais plutôt par une suite d’actions se déroulant de proche en proche, à petit pas, pour favoriser leur réussite et encourager leurs auteurs.
De plus, pour Yann Le Bossé, l’approche centrée sur le pouvoir d’agir, « outre le fait qu’elle permet de dépasser les dualismes propres aux pratiques sociales traditionnelles ( personnes / groupes ; liberté / fraternité ;…), offre l’opportunité de redéfinir la relation entre les professionnels et les personnes concernées en donnant à ces dernières la place qu’elles auraient dû toujours occuper . » (16)
Barbara De Coster
Adresse de l’auteur: Cultures & Santé, chaussée de Mons 130, 1070 Bruxelles.
(1) LE BOSSE Y. et DUFORT F. L’approche centrée sur le pouvoir d’agir: une autre façon d’intervenir, in DUFORT F., GUAY J. (sous la direction de). Agir au cœur des communautés: la psychologie communautaire et le changement social. Québec: Les Presses de l’Université Laval, 2001, p. 94.
(2) Le manque de ressources financières, humaines,…
(3) SARASON, 1976, cité dans: LE BOSSE Y. Empowerment et pratiques sociales: illustration du potentiel d’une utopie prise au sérieux. In: Nouvelles pratiques sociales, vol 9, n° 1, 1996, pp.127-140.
(4) « L’Autre, c’est toute personne humaine, comme vous et moi, mais plus encore la personne socialement défavorisée, qui n’est « pas comme nous », l’immigré qui n’est « pas de chez nous ». Avec A majuscule pour dire qu’on l’identifie parmi tant d’autres », d’après IYAKAREMYE S. (et l’équipe de Cultures et Santé). L’éducation pour la santé avec la logique de l’Autre. Bruxelles, brochure, 1999, 28 p.
(5)LE BOSSE Y. et DUFORT F., 2001, ibidem.
(6) LE BOSSE Y. Maximiser la participation des parents au sein des initiatives communautaire: vers une nécessaire négociation des enjeux mutuels (article soumis à publication).
(7) LE BOSSE Y., op. cit.
(8) LE BOSSE Y. et DUFORT F., 2001, ibidem.
(9) LE BOSSE Y. et DUFORT F., 2001, ibidem, p.95.
(10)Définition proposée par Monsieur Le Bossé dans le cadre de son intervention, le 22 mai 2001.
Notons également la similitude avec la définition de la Promotion de la Santé par l’OMS en 1986, lors de la charte d’Ottawa: « processus qui confère aux populations les moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé ».
(11) LE BOSSE Y. et DUFORT F., 2001, ibidem
(12) Versus l’expertise professionnelle.
(13) BIARNES (1998) cité dans LE BOSS Y. et DUFORT F., ibidem, 2001.
(14) BRIEGER W.R., RAMAKRISHNA J. Education sanitaire: le marketing social n’est pas une panacée. In: Forum Mondial de la Santé, vol 8, 1987, pp. 414-417.
(15) LE BOSSE Y. Empowerment et pratiques sociales: illustration du potentiel d’une utopie prise au sérieux. In: Nouvelles pratiques sociales, vol 9, n° 1, 1996, pp. 127-140.
(16) LE BOSSE Y., 1996, ibidem.
(17) Ninacs (1995) , cité dans: LE BOSSE Y. et DUFORT F. L’approche centrée sur le pouvoir d’agir: une autre façon d’intervenir, in DUFORT F., GUAY J. (sous la direction de). Agir au cœur des communautés: la psychologie communautaire et le changement social. Québec: Les Presses de l’Université Laval, 2001.
Les quatre axes de pratiques à garder en mémoire
Adoption de l’unité d’analyse «acteur en contexte»
Si le terme «contexte» signifie un ensemble d’éléments qui déterminent une situation où il existe des éléments incapacitants, le mot «acteur» quant à lui renvoie au caractère dynamique et engageant de la personne aidée. De cette façon, les intervenants ne parlent plus du «public cible», mais de «situations à risque».
Ces situations comprennent les personnes qui en sont la cible. Le changement ne se fait pas uniquement sur le plan individuel, mais aussi contextuel. Les problématiques sociales sont des réalités complexes qui nécessitent autant des changements structurels que des compétences individuelles. Donc, la personne doit être acteur de sa vie et l’intervenant doit être en mesure de favoriser ses compétences..
Implications des personnes aidées dans la définition des problèmes et des solutions
Chaque acteur du projet possède sa propre expertise. Ainsi, pour ne pas faire de gâteau avec la moitié des ingrédients, les concepteurs de l’action se rendent compte qu’ils ont également besoin de l’expertise de chacun (bailleurs de fonds, planificateurs, concepteurs, intervenants, personnes aidées,…). Cela demande de pouvoir renoncer à une solution disponible si elle n’est pas acceptable pour la personne. Dans le cas contraire, la solution risque de ne pas être appliquée ou de manière inefficace.
Introduction d’une démarche de conscientisation (interdépendance des facteurs)
Selon Ninacs (17), il existe trois types de conscience:
-la conscience collective: «je ne suis pas le seul à avoir le problème»;
-la conscience sociale: «les problèmes individuels ou collectifs sont influencés par la façon dont la société est organisée»;
-la conscience politique: «les solutions passent par un changement social».
Les personnes concernées doivent avoir conscience de tous les éléments qui contribuent à leurs difficultés. L’intervenant doit donc être prêt à soutenir des actions qui visent à produire un changement dans le milieu, à la mesure de ses moyens et en fonction de son contexte.
Prise en compte des contextes d’applications
Il faut être conscient qu’il n’existe pas de solutions en kit, celles-ci étant dépendantes des contextes. Il est donc important de négocier la façon dont le programme va être appliqué en fonction des particularités de contextes et du profil des personnes accompagnées.