Avril 2001 Par T. SIMON Dossier

Certains pensent que l’éducation pour la santé n’est pas l’affaire de l’école qui a bien d’autres chats à fouetter et la plupart du temps, ils en réduisent le rôle à un enseignement de matières peu variables d’une année à l’autre.
D’autre estiment qu’ils ont déjà suffisamment à faire avec les apprentissages de la lecture, du calcul et autres branches sans encore en rajouter.
Il en est heureusement qui prônent que l’école est le lieu d’une éducation globale qui doit envisager l’enfant dans son entièreté, répondre à ses besoins, ses aspirations, veiller à son épanouissement dans le respect de sa personnalité, valoriser ses élans créatifs, l’éveiller à la culture, l’amener à être un citoyen responsable plein faisant preuve de bon sens critique.
L’école d’enseignement spécial fondamental de la Communauté française installée à La Louvière a mordu à l’hameçon lorsque le projet «L’école en santé» lui a été proposé.
L’équipe est unanime aujourd’hui pour dire que l’éducation pour la santé fait partie intégrante du projet d’école et répond parfaitement au décret définissant les missions prioritaires de l’enseignement.
La première action menée fut une série de rencontres autour du sujet: que représente pour moi l’éducation pour la santé? Ces réunions en «brainstorming» nous ont permis de mettre au point le projet.
Il s’agit bien entendu d’envisager la santé sous un aspect global, d’aller plus loin que le soin des petits bobos. Les principaux objectifs visent le bien-être physique et mental de chacun à tous les niveaux et favorisent la récurrence de l’aspect santé dans toutes les actions menées.

Quatre axes

Nos réflexions ont débouché sur la mise en évidence de quatre pistes d’action:
– les bonnes habitudes, alimentaires, vestimentaires et corporelles;
– le bien-être, c’est-à-dire connaître son seuil de tolérance et son point d’équilibre, maîtriser sa violence, renforcer les comportements positifs en les mettant en valeur, favoriser l’estime de soi, prendre conscience de son corps et de son schéma corporel;
– les loisirs, l’environnement, apprendre à occuper ses loisirs, organiser et respecter son environnement;
– la gestion de sa santé et de sa sécurité, en repérant et en évitant les dangers, en apprenant l’abc de la sécurité, en gérant son handicap pour devenir le plus autonome possible.

Politique des petits pas

Le programme est copieux et c’est un jour à la fois, pas à pas, au fil du temps, que les actions concrètes se sont mises en place et ont favorisé un réel souci d’éducation pour la santé en situation fonctionnelle. Il ne s’agit en aucun cas d’actions ponctuelles telles que «je me brosse les dents parce que c’est la semaine du dentiste et puis on n’en parle plus»! Ce sont au contraire des actions de longue durée pour installer progressivement de bonnes habitudes.
Chacun a réfléchi à ce qu’il pouvait apporter pour rendre l’école agréable à vivre. Tous les membres de l’équipe adhèrent à l’idée que l’école est un lieu d’apprentissage de la vie, pour la vie, par la vie, un lieu de convivialité, où parler et communiquer ne sont pas de vains mots mais une réalité de tous les jours.
Il n’est pas possible de développer ici les nombreuses actions menées dans le cadre du projet, nous en possédons une liste inépuisable. Je me limiterai donc à quelques mots-clefs qui me semblent importants.
Gestion du temps ou rigueur de la gestion du prévisible pour éviter le stress dû aux imprévus.
La gestion du temps et de l’espace a fait l’objet de nombreuses concertations. Des calendriers annuels et hebdomadaires ont fleuri dans toutes les classes, à la salle des professeurs et dans la farde de communication à l’intention des parents. Dès le mois de juin, les dates des activités sont fixées pour l’année scolaire suivante et toutes les semaines un calendrier est mis au point pour la quinzaine qui suit.
Cohérence
Les actions menées sont réfléchies en termes de santé. Le petit magasin de la récréation permet l’achat de collations saines. Chaque semaine, un «cocktail jus de fruits santé» est préparé par les élèves d’une classe.
La création de la «boutique chic» (vêtements de seconde main mais de qualité) permet à chacun d’être coquet et habillé selon les humeurs du temps à des prix soldés toute l’année. Le défilé de mode favorise l’estime de soi.
L’activité théâtre permet de lutter contre les inhibitions.
Des poubelles adaptées engagent au tri des déchets et responsabilisent au respect de l’environnement.
Etc. etc.
Positivité
Parler en termes positifs, être à l’écoute des enfants, les aider à gérer leur violence en concertation avec eux (organisation des récréations, aménagement du coin repas, actions tendresse,…), les rendre acteurs à part entière de leurs apprentissages, organiser des conseils d’enfants pour les prises de décisions, ont contribué à la pratique d’une évaluation formative et au renforcement des bons comportements.
Evaluation
Evaluer les actions menées est indispensable pour garder le cap en évitant de se disperser vu l’ampleur du projet. L’évaluation permet de rééquilibrer les actions à mener en retournant au schéma de départ, en analysant les points qui ont été travaillés et ceux à envisager. Chacun peut prendre conscience de l’état d’avancement des travaux, des progrès réalisés, des points faibles à renforcer. Les difficultés rencontrées deviennent des défis à relever et non des échecs.
Thérèse Simon , Directrice d’école
Adresse de l’auteur: Ecole d’enseignement spécial fondamental de la Communauté française, Av. Max Buset 24, 7100 La Louvière.