Affaire Volkswagen (Dieselgate), quel impact sur la Santé?

Dans le cadre de l’affaire Volkswagen (fraude Ă  la dĂ©tection de polluants), les experts du Conseil SupĂ©rieur de la SantĂ© (CSS) ont Ă©tĂ© rĂ©cemment entendus par la Chambre des ReprĂ©sentants de Belgique.

Il s’agit en fait de dĂ©terminer dans quelle mesure les quantitĂ©s supplĂ©mentaires d’oxydes d’azote (NOx) larguĂ©es dans l’atmosphĂšre lors de cette fraude ont pu avoir des effets directs et/ou indirects sur la santĂ© de la population belge.

Rappel des faits

L’affaire Volkswagen (aussi appelĂ©e ‘dieselgate’) est liĂ©e Ă  l’utilisation intentionnelle, entre 2009 et 2015, d’un logiciel fraudeur dĂ©sactivant le dispositif de dĂ©pollution de NOx en condition normale de circulation, sauf pendant les tests de contrĂŽle, afin de donner l’impression de respecter les normes d’émissions polluantes. On estime, Ă  l’heure actuelle, que plusieurs millions de vĂ©hicules ont Ă©tĂ© Ă©quipĂ©s de ce logiciel.

NOx et NO2: effets directs et indirects sur la santé

Les NOx sont d’importants prĂ©curseurs de l’ozone. Ils participent Ă  la nitrification et Ă  l’acidification des Ă©cosystĂšmes (via la formation secondaire de nitrates) et ont des effets complexes sur la chimie atmosphĂ©rique, l’équilibre des radiations solaires et donc les changements climatiques.

Tous ces effets directs sur l’environnement peuvent avoir des retombĂ©es indirectes sur la santĂ© humaine, difficilement mesurables. De plus, Ă  des concentrations ambiantes, le NO2 est un irritant des muqueuses respiratoires et peut affecter directement la santĂ©. Le problĂšme en Belgique est que les concentrations de NO2 sont gĂ©nĂ©ralement Ă©levĂ©es dans les villes et Ă  proximitĂ© des sites industriels. Par exemple, Ă  Anvers et le long des routes Ă  forte densitĂ© de circulation, on mesure des concentrations qui dĂ©passent la norme et ont des effets sur la santĂ©. Il est Ă©vident que la fraude aux moteurs diesel contribue Ă  une hausse des Ă©missions de polluants et de NO2 en particulier. Le logiciel frauduleux a Ă©galement des consĂ©quences sur la santĂ©, notamment en raison de cette exposition Ă©levĂ©e existante.

Effets environnementaux du trafic sur la santé

De 2009 Ă  2011, le CSS avait rĂ©digĂ© de sa propre initiative un avis concernant les effets de la mobilitĂ© sur l’homme et l’environnement. Ce travail met l’accent sur les consĂ©quences locales, rĂ©gionales et nationales du trafic motorisĂ© consĂ©cutivement Ă  la pollution de l’air, les nuisances sonores et les accidents.

Les effets psychologiques et les consĂ©quences d’une absence de mobilitĂ© ou d’une mauvaise mobilitĂ© des personnes y sont Ă©galement abordĂ©s. L’avis se termine par un plaidoyer pour une approche intĂ©grĂ©e de la problĂ©matique de la mobilitĂ©. On Ă©vite ainsi de privilĂ©gier une approche partielle au dĂ©triment de l’ensemble de la problĂ©matique.

De plus, une telle prise en charge cadre avec les efforts des autoritĂ©s pour aboutir Ă  une sociĂ©tĂ© durable. Enfin, un des chapitres de ce travail faisait dĂ©jĂ , Ă  l’époque, le point scientifique sur la toxicitĂ© gĂ©nĂ©rale de ces NOx pour l’environnement et la santĂ©.

L’avis, dans son intĂ©gralitĂ©, (n° 8603) se trouve sur le site internet du CSS.

Le résumé se trouve également sur le site internet du Conseil Supérieur de la Santé.

Consultez le site du Conseil Supérieur de la Santé

Améliorer la santé des migrants par le leadership et le sens de la responsabilité

Ces derniÚres années, les compétences culturelles ont été largement recommandées comme une des stratégies les plus prometteuses dans les services de santé pour réduire les inégalités de santé entre les migrants et le reste de la population.

Les compétences culturelles, une solution pour la santé des migrants?

Les compĂ©tences culturelles? Un ensemble congruent d’attitudes, de pratiques et /ou de politiques qui, dans un systĂšme, une institution ou parmi des soignants permettent de travailler effectivement dans des situations interculturelles. Entre autres interventions, citons la mĂ©diation interculturelle, les programmes de promotion de la santĂ© culturellement adaptĂ©s ou encore les formations en interculturalitĂ©.

Cependant, les effets des compĂ©tences culturelles sur les rĂ©sultats de santĂ© et sur les services de santĂ© sont inconstants, voire contradictoires. En effet, la formation des professionnels de santĂ© Ă  l’interculturel peut, dans certains cas, augmenter les stĂ©rĂ©otypes face aux patients migrants et donc le risque de prĂ©judice tandis que dans d’autres circonstances, ces mĂȘmes formations Ă  l’interculturel amĂ©liorent positivement la sensibilitĂ© des soignants aux questions interculturelles et, par effet domino, accroissent la satisfaction des patients.

Ces effets contradictoires nous montrent que les mĂ©canismes par lesquels les compĂ©tences culturelles agissent rĂ©ellement sur les inĂ©galitĂ©s de santĂ© restent donc mĂ©connus. MĂȘme si des efforts consĂ©quents sont investis dans l’approche interculturelle des soins de santĂ©, la tendance gĂ©nĂ©rale est un accroissement des inĂ©galitĂ©s de santĂ© pour les migrants.

Dernier point, et non des moindres, il apparait que les compĂ©tences culturelles nĂ©gligent, voire ignorent complĂštement le rĂŽle jouĂ© par le contexte institutionnel et les relations interpersonnelles sur les attitudes des professionnels de santĂ©. Or, le contexte de travail, les relations entre collĂšgues, le leadership
 sont autant d’élĂ©ments susceptibles d’influencer la qualitĂ© des soins.

Responsabilité et leadership

Dans ce contexte, le projet de recherche COMETH (COMpetences in Ethnicity and Health) s’est penchĂ© sur la question des compĂ©tences culturelles en Belgique. Deux questions de recherche ont Ă©tĂ© abordĂ©es dans ce projet.

Qui doit se sentir responsable de l’adaptation des soins dans des situations interculturelles? En effet, la plupart des programmes de compĂ©tences culturelles se centrent sur les professionnels de santĂ©, faisant d’eux les principaux acteurs de changement. Ces programmes prĂ©supposent qu’un professionnel sensibilisĂ© aux compĂ©tences culturelles se sentira responsable de s’adapter aux besoins des patients migrants. Cette assomption reste thĂ©orique. Le professionnel doit-il prendre l’entiĂšre responsabilitĂ© de l’adaptation ou doit-il, au contraire, la partager avec le patient? Si le professionnel de santĂ© est la personne la plus ‘experte’ en termes clinique et technique, puisqu’elle ou il a Ă©tĂ© formĂ© Ă  son mĂ©tier de soignant, il reste nĂ©anmoins que ce qui relĂšve de l’empathie, de la gentillesse, du sens de la responsabilitĂ© est gĂ©nĂ©ralement assumĂ© comme Ă©tant intrinsĂšque aux personnes et donc pas (toujours) appris durant la formation.

Les individus les plus populaires dans un service de soins influencent-ils les compĂ©tences culturelles de leurs collĂšgues? Un soignant n’est jamais un acteur isolĂ© dans un systĂšme: prendre soin d’un patient est une tĂąche collective et multidisciplinaire. Être culturellement compĂ©tent seul a peu de sens dans un projet de soins qui se doit d’ĂȘtre collectif. De plus, les comportements des soignants peuvent ĂȘtre le rĂ©sultat de normes, diffusĂ©es par les leaders. Ces normes peuvent ĂȘtre soit positives, soit nĂ©gatives et influencer les pratiques des soignants.

COMETH, une recherche de l’UCL en Wallonie et à Bruxelles

Vingt-quatre services de santĂ©, Ă  Bruxelles et en Wallonie, ont participĂ© au projet COMETH en 2012: 5 maisons mĂ©dicales et 19 unitĂ©s de soins hospitaliĂšres (soins intensifs, psychiatrie, gĂ©riatrie, oncologie et pathologies infectieuses). Les services ont Ă©tĂ© rĂ©partis entre les milieux urbains et ruraux mais Ă©galement sur la base de la prĂ©sence ou non de migrants dans la zone gĂ©ographique couverte par le service retenu. Les donnĂ©es ont Ă©tĂ© rĂ©coltĂ©es au moyen de questionnaires, comprenant un volet sociodĂ©mographique, des Ă©chelles de mesure des compĂ©tences culturelles et du sens de la responsabilitĂ© ainsi qu’un module sur les relations sociales. Des 569 rĂ©pondants, 60% Ă©taient des infirmiers et aides-soignants et prĂšs de 80% des femmes, avec un Ăąge moyen de 38 ans.

MĂ©thode d’analyse des rĂ©seaux sociaux

Valente dĂ©finit l’analyse de rĂ©seau social comme une «perspective thĂ©orique et un ensemble de techniques utilisĂ© pour comprendre les relations [sociales] et comment elles affectent les comportements».

Par exemple, des mĂ©decins qui sont extrĂȘmement connectĂ©s Ă  leurs collĂšgues sont moins susceptibles d’adopter des pratiques basĂ©es sur des donnĂ©es probantes, ce qui veut dire que la cohĂ©sion sociale entre des professionnels est susceptible d’empĂȘcher la diffusion des innovations (Mascia et al.). D’autres Ă©tudes se sont penchĂ©es sur le rĂŽle des relations sociales dans la diffusion du tabagisme chez les jeunes, l’obĂ©sitĂ©, les maladies sexuellement transmissibles ou encore les opinions politiques.

Dans le projet COMETH, la mĂ©thode de collecte des donnĂ©es est une mĂ©thode de recensement (aussi appelĂ©e ‘donnĂ©es de rĂ©seau complet’) pour identifier les relations sociales entre les professionnels de santĂ©. Trois relations sociales existant dans un contexte professionnel ont Ă©tĂ© choisies: recherche de conseil, rĂ©solution de problĂšme et socialisation. Chaque professionnel de santĂ© a identifiĂ© les relations sociales qu’il a avec ses collĂšgues dans une liste contenant les noms de tous les membres de son Ă©quipe. Le rĂ©pondant devait s’identifier lui-mĂȘme dans la liste pour permettre d’identifier l’émetteur de la relation. Cette Ă©tape Ă©tait indispensable pour la validitĂ© de la partie «rĂ©seau social» du questionnaire. Les questionnaires ont ensuite Ă©tĂ© rendus anonymes afin d’éviter toute identification du rĂ©pondant.

La responsabilité? Une affaire partagée

La responsabilitĂ© face Ă  l’adaptation des soins de santĂ© est une responsabilitĂ© partagĂ©e entre les professionnels de santĂ© et les patients et dĂ©pend de la nature de l’adaptation concernĂ©e.

Si l’adaptation de la communication – fournir un interprĂšte par exemple- relĂšve de la responsabilitĂ© des professionnels de santĂ©, l’adaptation aux valeurs du pays d’accueil – comme accepter un professionnel de santĂ© du sexe opposĂ© – semble relever de la responsabilitĂ© des patients. Par contre, les rĂ©pondants ne se sont pas prononcĂ©s lors qu’il s’agit de s’adapter aux reprĂ©sentations et croyances de santĂ© des patients. Des analyses complĂ©mentaires montrent qu’ĂȘtre Belge, ne pas ĂȘtre mĂ©decin et travailler dans un service de soins de santĂ© primaire sont des Ă©lĂ©ments associĂ©s avec le fait de rendre le patient responsable de l’adaptation.

Le leader informel, un acteur clé dans la question des compétences culturelles

Les rĂ©sultats de l’analyse des relations sociales montrent que les leaders influencent positivement les compĂ©tences culturelles des Ă©quipes de soins, notamment lorsque les leaders ont une expertise en la matiĂšre. En d’autres termes, si les leaders informels sont culturellement compĂ©tents, alors les Ă©quipes de soins sont susceptibles d’ĂȘtre culturellement compĂ©tentes Ă  leur tour. Cependant, cette influence positive des leaders n’est valable que dans deux circonstances interculturelles prĂ©cises: la gestion des conflits et l’adaptation Ă  des paradigmes diffĂ©rents. Les leaders formels quant Ă  eux ont peu d’influence sur les compĂ©tences culturelles de leurs Ă©quipes.

Recommandations pour la pratique

Les professionnels de santĂ© se sentant responsables de la communication, il est indispensable d’investir dans les interventions culturellement compĂ©tentes visant Ă  promouvoir une communication efficace entre un professionnel de santĂ© et son patient (migrant). S’assurer d’une bonne communication avec son patient est une premiĂšre Ă©tape dans un processus d’adaptation rĂ©ciproque entre le soignant et le patient: sans communication, il apparait difficile de discuter des reprĂ©sentations de la santĂ© et de la maladie, des croyances, des valeurs et autres besoins que tant le soignant que le patient peuvent vĂ©hiculer.

Travailler sur la communication nĂ©cessite d’abandonner le style paternaliste encore trop souvent prĂ©sent dans la relation soignant-soignĂ© et d’oser aborder avec son patient des thĂšmes comme les valeurs et croyances. L’absence de normes officielles de formation en matiĂšre de diversité et santĂ© – contrairement aux pratiques quĂ©bĂ©coises, suisses ou britanniques – laisse un flou pour les soignants en quĂȘte d’une meilleure qualitĂ© des soins pour leurs patients migrants.

Ces normes de formation, voire d’agrĂ©ment sur le modĂšle des HĂŽpitaux Promoteurs de SantĂ©, peuvent Ă©galement aider Ă  l’implantation des compĂ©tences culturelles. En effet, tant que les professionnels de santĂ© ne perçoivent pas l’adĂ©quation des compĂ©tences culturelles pour la prise en charge des migrants, il est peu probable que ces compĂ©tences soient implantĂ©es dans les services. IntĂ©grer la question de la diversitĂ© dans les diffĂ©rents processus de qualitĂ© au sein des services de soins peut constituer une premiĂšre Ă©tape vers des soins adaptĂ©s aux besoins de tous.

Enfin, mieux inclure les leaders informels dans les projets, sans que cela ne se fasse au dĂ©triment de l’autoritĂ© formelle du chef de service, peut Ă©galement constituer une piste Ă  dĂ©velopper: former une ‘championne’ ou un ‘champion’ en compĂ©tences culturelles peut avoir un plus grand impact sur la qualitĂ© des soins, autant Ă  court qu’à long terme, que de former l’entiĂšretĂ© d’un service.

En savoir plus?

Références

  • Cross T, Bazron B, Dennis K, Isaacs MR. (1989). Towards a culturally competent system of care. Georgetown University, USA: Child Development Center.
  • Mascia, D., Cicchetti, A., & Damiani, G. (2013). “Us and them”: A social network analysis of physicians’ professional networks and their attitudes towards EBM. BMC Health Service Research, 13, 429. doi:10.1186/1472-6963-13-429
  • Valente, T. W. (2010). Social networks and health: Models, methods and applications. (pp. 81–99). Oxford, UK: Oxford University Press.

Remerciements

COMETH a Ă©tĂ© financĂ© par le Fonds de la Recherche Scientifique F.R.S.-FNRS, via une bourse de doctorat dĂ©cernĂ©e Ă  Marie Dauvrin. Le bailleur de fonds n’a jouĂ© aucun rĂŽle dans le design de l’Ă©tude, la collecte des donnĂ©es et l’interprĂ©tation des rĂ©sultats. Les ressources informatiques ont Ă©tĂ© fournies par les installations de calcul intensif de l’UniversitĂ© catholique de Louvain (CISM/UCL) et le Consortium des Équipements de Calcul Intensif en FĂ©dĂ©ration Wallonie Bruxelles (CECI) financĂ© par le F.R.S.-FNRS. L’auteure remercie Vincent Lorant, promoteur acadĂ©mique du projet.

Marie Dauvrin est infirmiÚre et docteure en sciences de la santé publique, Institut de recherche santé et société, Université catholique de Louvain.

Supernova, l’improbable rencontre entre culture, aide à la jeunesse et promotion de la santé

Supernova est une piĂšce de thĂ©Ăątre montĂ©e en 2011 par CĂ©line Delbecq Ă  partir du texte Ă©crit par Catherine DaeleNote bas de page. Le spectacle aborde, entre autres, la maltraitance infantile, la nĂ©gligence parentale, l’homosexualitĂ©, l’inceste, le suicide. Il a la particularitĂ© d’avoir suscitĂ© un long et difficile, mais combien passionnant, questionnement sur la pertinence d’utiliser l’objet artistique comme outil de promotion de la santĂ©. Deux ans aprĂšs la prĂ©sentation de Supernova Ă  des Ă©lĂšves de plusieurs Ă©coles liĂ©geoises, le questionnement est toujours lĂ .Lorsqu’elle fut prĂ©sentĂ©e aux Rencontres du ThĂ©Ăątre jeune public de Huy, le 22 aoĂ»t 2011, le moins que l’on puisse dire est que Supernova bouleversa, dans tous les sens du terme, tant les spectateurs que les programmateurs venus acheter des spectacles. Ces derniers reçurent particuliĂšrement mal la piĂšce tellement elle Ă©tait chargĂ©e de thĂ©matiques fortes, difficiles et complexes. À l’inverse, la reprĂ©sentation enchanta le public des adolescents prĂ©sents, certains allant mĂȘme jusqu’à parler de coup de cƓur.En rĂ©alitĂ©, la piĂšce a manifestement eu le pouvoir de provoquer de fortes dĂ©charges Ă©motionnelles car elle touche, sans concession aucune, Ă  un sujet hautement dĂ©licat, car tabou: l’inceste. Voici ce qu’a Ă©crit, Ă  propos de Supernova, Malvine Cambron, une stagiaire venant de la section Art du spectacle de l’ULg: «L’inceste, la dĂ©couverte de la sexualitĂ© et le suicide y sont traitĂ©s sans dĂ©tours sur le mode de la tragĂ©die. La piĂšce ne cĂšde pas au manichĂ©isme ni aux faux semblants: l’inceste est rendu dans toute son ambiguĂŻtĂ©, les balbutiements de la sexualitĂ© dans toute leur cruditĂ©, la folie dans ce qu’elle a de pire. Il apparaĂźt dans les premiĂšres rĂ©actions que les adultes prĂ©fĂšrent garder le contrĂŽle, proposer un spectacle sans ambiguĂŻtĂ©, d’oĂč le jeune retire un message clair. Supernova ne propose pas de solution prĂ©mĂąchĂ©e au problĂšme et les adultes y brillent plutĂŽt par leur absence que par leur sagesse. Et c’est peut-ĂȘtre ce qui dĂ©range.»

L’Aide à la jeunesse donne le coup d’envoi

VĂ©ronique Michel, programmatrice jeune public au Centre culturel Les Chiroux, fait partie des personnes qui ont eu un coup de foudre pour la piĂšce. Raison pour laquelle elle a cherchĂ© des confrĂšres programmateurs avec qui rĂ©flĂ©chir aux suites qui pourraient ĂȘtre donnĂ©es Ă  la piĂšce. En vain.Finalement, c’est une rencontre fortuite avec l’administratrice gĂ©nĂ©rale de l’Aide Ă  la jeunesse de la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles, Liliane Baudart, qui a donnĂ© le coup d’envoi d’un projet pas encore trĂšs clair Ă  ce moment-lĂ , mais que les protagonistes avaient manifestement trĂšs Ă  cƓur de concrĂ©tiser. Liliane Baudart a, en effet, vu dans la piĂšce l’occasion de dĂ©velopper un outil de prĂ©vention destinĂ© aux jeunes. Ce qui, du mĂȘme coup, a eu pour consĂ©quence de crĂ©er un lien entre la culture et l’aide Ă  la jeunesse.À partir de lĂ , le Centre culturel Les Chiroux et le Conseil d’arrondissement de l’aide Ă  la jeunesse (CAAJ) de LiĂšge ont dĂ©cidĂ© de programmer la piĂšce Supernova pour les Ă©lĂšves des Ă©coles secondaires (Ă  partir de la troisiĂšme annĂ©e).

Culture et promotion de la santé se rencontrent et se confrontent

Une rĂ©flexion sur la collaboration entre le secteur artistique (Luc Dumont du ZĂ©tĂ©tique thĂ©Ăątre), le secteur culturel (VĂ©ronique Michel du Centre cultuel Les Chiroux) et les membres de la Plateforme liĂ©geoise de promotion de la santĂ© relationnelle affective et sexuelle avait dĂ©jĂ  dĂ©butĂ© en juin 2012 autour de la piĂšce Djibi.com. Elle avait permis d’identifier les enjeux des uns et des autres, les points communs, les diffĂ©rences, les richesses et les limites de la collaboration.Forts de cette expĂ©rience, Les Chiroux ont Ă  nouveau fait appel au Centre liĂ©geois de promotion de la santĂ© – qui coordonne la Plateforme liĂ©geoise de promotion de la santĂ© affective, relationnelle et sexuelle – afin de rĂ©flĂ©chir Ă  la mise en place d’un processus d’accompagnement pour un nouveau spectacle.D’emblĂ©e, les membres de la Plateforme liĂ©geoise de promotion de la santĂ© relationnelle affective et sexuelle se sont interrogĂ©s sur la pertinence d’un tel dispositif de prĂ©vention autour de Supernova. Si la qualitĂ© du texte et la mise en scĂšne ont Ă©tĂ© saluĂ©es par l’ensemble des membres, les questions suivantes furent posĂ©es: comment gĂ©rer l’émotion que susciterait Supernova? Comment les personnes concernĂ©es par l’inceste rĂ©agiraient-elles face Ă  la piĂšce? Comment ĂȘtre sĂ»r que les jeunes aux idĂ©es noires ne se sentiraient pas soutenus dans leurs idĂ©es suicidaires? Car dans Supernova, tout est sombre. Pas la moindre lumiĂšre. Il n’existe pas de tiers pour mettre des limites, pour «mettre fin Ă  ça». La piĂšce donne le sentiment qu’il n’existe pas d’interdit, chacun Ă©tant livrĂ© Ă  lui-mĂȘme.

À situation critique, dĂ©bat critique

Les membres de la Plateforme ont donc davantage approfondi leur rĂ©flexion: cette piĂšce joue-t-elle encore son rĂŽle de mĂ©diateur, de tiers? Permet-elle de prendre la bonne distance dont parle MarlĂšne Alvarez, Coordinatrice de l’équipe d’animation du Centre de planning familial pour jeunes Le SIPS: «L’expĂ©rience des plannings montre qu’une animation collective qui aborderait l’inceste et qui viserait le dĂ©voilement peut avoir des effets pervers, ĂȘtre plus nocive que bĂ©nĂ©fique et pour le jeune concernĂ© par l’inceste et pour le reste du groupe. On peut bien entendu dire des choses sur l’inceste. Le sujet n’est pas tabou. C’est le fait de le traiter collectivement et via un outil culturel imposĂ© qui mĂ©rite toute notre attention».C’est pourquoi les membres de la Plateforme ont souhaitĂ© faire appel Ă  deux experts en matiĂšre de prĂ©vention de la maltraitance.

Kaléidos et Yapaka

Samira Bourhaba, Directice de l’asbl KalĂ©idos chargĂ©e de la prise en charge des situations d’abus sexuels intrafamiliaux sous mandat des autoritĂ©s de l’Aide Ă  la jeunesse a estimĂ© que la piĂšce pouvait ĂȘtre perçue comme une opportunitĂ© pour les victimes d’abus sexuels. Car elle pouvait reprĂ©senter une premiĂšre porte qui s’ouvre et laisser entrevoir qu’ils ne sont pas seuls Ă  vivre ça. Sachant que les victimes finissent par penser que ce qui leur arrive est normal, les rĂ©actions des jeunes spectateurs pourraient provoquer un choc salutaire.De son cĂŽtĂ©, Vincent Magos, Directeur de la cellule Coordination de l’aide aux enfants victimes de maltraitance, a considĂ©rĂ© que l’intention artistique Ă©tait trĂšs Ă©loignĂ©e de l’intention pĂ©dagogique. Cette intention pĂ©dagogique devait donc ĂȘtre questionnĂ©e. Car pour lui, l’objet artistique ne peut pas ĂȘtre retirĂ© de la relation dans laquelle il prend sa place. Aussi, quels Ă©taient les buts des partenaires? Quels objectifs visaient les Ă©coles qui viendraient voir Supernova? Car aux yeux de Vincent Magos, ce qui fait prĂ©vention, c’est de mettre du sens, de penser la piĂšce et le processus avec les Ă©coles. Si ce travail sur les intentions n’est pas fait avec les Ă©coles, on prend un public captif en otage.

Un groupe de travail intersectoriel

En parallĂšle Ă  ce travail de fond menĂ© au sein de la Plateforme liĂ©geoise de promotion de la santĂ© relationnelle affective et sexuelle, un groupe de travail rĂ©unissant des professionnels de la promotion de la santĂ© affective, relationnelle et sexuelle, de l’aide Ă  la jeunesse et des acteurs culturels s’est constituĂ© sous la direction de l’ex-SecrĂ©taire du Conseil d’arrondissement de l’Aide Ă  la jeunesse (CAAJ), Pedro Vega-Egusquizaga. Au total, douze partenairesNote bas de page se sont alliĂ©s pour travailler ensemble. De nombreuses rĂ©unions ont Ă©tĂ© nĂ©cessaires pour examiner, confronter les rĂ©ticences et les craintes des divers associĂ©s concernant la rĂ©ception d’un tel spectacle par les jeunes et la façon de dĂ©battre en groupe de l’inceste.Un temps de prĂ©paration important (lecture du texte, visionnement du spectacle avec les enseignants et les porteurs du projet, dĂ©bats
) fut nĂ©cessaire.

La moitié des partenaires sont partis

Suite aux dĂ©bats, les membres de la Plateforme ont adoptĂ© des positions diffĂ©rentes. La plupart ont mis fin Ă  leur collaboration pensant que les objectifs poursuivis n’étaient pas suffisamment travaillĂ©s («Que veut-on faire de la piĂšce?»). Du cĂŽtĂ© du groupe de travail intersectoriel, des objectifs communs n’ont pas Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©s, les attentes des Ă©coles n’ont pas Ă©tĂ© questionnĂ©es alors qu’elles sont la base de toute dĂ©marche de promotion de la santĂ©, comme le rappelait Vincent Magos.Les reprĂ©sentations de la piĂšce Ă©tant programmĂ©es dans le cadre du projet de prĂ©vention du CAAJ, le CLPS et trois centres de planning familial ‘Infor Famille’, ‘Le 37’ et ‘Estelle Mazy’ ont souhaitĂ© poursuivre le projet. Il leur semblait que si une animation en lien avec la piĂšce ne paraissait pas opportune, il Ă©tait tout aussi dangereux de laisser les jeunes repartir chez eux, seuls avec leurs questions, leurs doutes, leur mal-ĂȘtre. Si l’adulte ne prend pas ses responsabilitĂ©s dans la piĂšce de thĂ©Ăątre, il fallait, Ă  leur sens, qu’il les prenne dans la rĂ©alitĂ©. Il leur paraissait donc incontournable de prendre le temps d’échanger avec les jeunes, de tempĂ©rer les Ă©motions, de les faire rĂ©flĂ©chir. Il Ă©tait Ă©galement important de les informer sur l’existence de services oĂč ces questions peuvent ĂȘtre traitĂ©es individuellement dans le secret professionnel.Ces partenaires se sont Ă  nouveau mis autour de la table. Ils sont arrivĂ©s Ă  un consensus et ont dĂ©fini un processus d’accompagnement du spectacle:

  • informer sur l’existence de services ressources;
  • permettre l’échange entre les jeunes, les acteurs, l’auteure et les services ressources pour mettre des mots sur l’émotion et prendre de la distance;
  • rĂ©pondre aux Ă©ventuelles questions des jeunes qui portent sur le contenu.

Le cap des représentations de la piÚce

La collaboration a donnĂ© naissance Ă  l’organisation d’une reprĂ©sentation Ă  l’attention des Ă©quipes Ă©ducatives scolaires et extra-scolaires (AMO, Maisons de jeunes, etc.) suivie d’un temps d’échange. Elle a Ă©galement dĂ©bouchĂ© sur la programmation de six reprĂ©sentations Ă  l’attention des jeunes pour les Ă©coles et pour le tout public. Enfin, des animations post-reprĂ©sentation Ă©taient Ă©galement proposĂ©es: dĂ©bat aprĂšs spectacle, atelier d’écriture et/ou animation en classe.Une reprĂ©sentation Ă  l’attention des Ă©quipes Ă©ducatives scolaires et extra-scolairesPour le CLPS, l’organisation d’un temps de rencontre formel entre les professionnels engagĂ©s dans le projet et les enseignants est un prĂ©alable indispensable dans une dĂ©marche de promotion de la santĂ©. Ceci dans l’objectif de dĂ©couvrir la piĂšce avant les jeunes et de prendre le temps d’en parler.Cette avant-premiĂšre destinĂ©e aux seuls professionnels leur permet de prendre le temps de s’interroger sur le sens d’emmener des jeunes au thĂ©Ăątre, de s’interroger sur les reprĂ©sentations mentales que chacun a de la culture, de l’art, de l’éducation, de l’Éducation Ă  la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS), mais aussi de prendre conscience du rĂŽle que chacun peut avoir en matiĂšre d’EVRAS et d’éventuellement Ă©tablir des collaborations.

Six reprĂ©sentations Ă  l’attention des jeunes

Au total, 6 reprĂ©sentations ont eu lieu Ă  LiĂšge, Seraing et Soumagne, et ont touchĂ© environ 900 jeunes frĂ©quentant des classes de troisiĂšme et sixiĂšme secondaire, de futurs Ă©ducateurs et assistants sociaux.Chaque reprĂ©sentation a fait l’objet d’un encadrement appropriĂ© des Ă©lĂšves:

  • prĂ©paration en amont dans certaines classes en fonction des demandes;
  • introduction du spectacle par le dĂ©lĂ©guĂ© liĂ©geois de l’Aide Ă  la jeunesse;
  • dĂ©bat aprĂšs le spectacle avec les artistes, un centre de planning familial et des reprĂ©sentants du secteur associatif, entre autres dans le but que les Ă©lĂšves puissent contacter l’une ou l’autre association, aprĂšs coup, si nĂ©cessaire.

Le dĂ©bordement Ă©motionnel Ă©tait une des plus grandes frayeurs des professionnels rĂ©ticents Ă  l’encadrement de la piĂšce car il est trĂšs dĂ©licat de traiter les Ă©motions en grands groupes. Toute la difficultĂ© Ă©tait de sortir de l’immense Ă©motion suscitĂ©e par la piĂšce. Afin de canaliser le flux Ă©motionnel, des Ă©moticĂŽnes ont Ă©tĂ© utilisĂ©es (tristesse, colĂšre, rire ou indiffĂ©rence) pour se faire une idĂ©e de l’état Ă©motionnel des jeunes spectateurs et les aider Ă  qualifier la piĂšce.Il revenait ensuite aux professionnels d’ĂȘtre capables d’entendre cette Ă©motion dĂ©livrĂ©e en l’enrobant d’une reformulation en terme de ‘sens’ suffisamment Ă©tayante pour que l’Ă©motion ainsi dĂ©voilĂ©e ne se transforme pas en hĂ©morragie Ă©motionnelle impudique.

Ce qu’ils en ont pensĂ© et dit

Parmi les rĂ©actions des Ă©lĂšves, l’importance de briser les tabous et d’oser parler de sujets difficiles avec beaucoup de justesse – comme la piĂšce le fait – a Ă©tĂ© soulignĂ©e plus d’une fois. La piĂšce a Ă©tĂ© unanimement dĂ©crite comme forte, choquante, violente, dĂ©rangeante. Elle a provoquĂ© malaise, tristesse, parfois un trop plein d’émotions. Les jeunes ont soulignĂ© la force de la scĂšne, force qu’ils ne retrouvent pas Ă  la TV (on peut zapper) ou au cinĂ©ma qui rend moins que le thĂ©Ăątre cette impression de rĂ©alitĂ©.Les jeunes ont posĂ© de nombreuses questions. Ils voulaient comprendre, donner du sens, mettre des mots sur la confusion, sur la mĂ©canique de la piĂšce. MĂȘme, lorsqu’en apparence, les questions concernaient le jeu ou l’écriture, elles Ă©taient en rĂ©alitĂ© liĂ©es au contenu. Dans un tel contexte, il s’avĂ©rait donc difficile de travailler uniquement les intentions artistiques.

L’objet artistique, ami de l’inconscient

Alors, peut-on, doit-on utiliser l’objet artistique comme outil de prĂ©vention? Comme cela a Ă©tĂ© dit au dĂ©but de cet article, la question est restĂ©e entiĂšre, mais au cours des rĂ©flexions sur l’encadrement, il a Ă©tĂ© unanimement acceptĂ© qu’une piĂšce de thĂ©Ăątre dans son Ă©criture ne doit pas avoir une intention pĂ©dagogique. Tout comme la crĂ©ativitĂ© de l’auteur ne doit pas ĂȘtre bridĂ©e par une quelconque intention pĂ©dagogique. Une crĂ©ation artistique rĂ©alisĂ©e dans ce sens risquerait d’ĂȘtre un flop. L’objet artistique doit nous toucher Ă  un autre niveau que pĂ©dagogique. Il se doit de nous toucher Ă  un niveau inconscient, sans quoi le public sent que l’on essaie de le manipuler et de le sĂ©duire.Une fois l’Ɠuvre rĂ©alisĂ©e, le pĂ©dagogue peut s’en servir dans une visĂ©e pĂ©dagogique, pour peu que ses intentions, ses objectifs et son public soient clairement dĂ©finis.Combien de films, de livres ou de piĂšces de thĂ©Ăątre ne sont pas utilisĂ©s comme support Ă  un cours ou une animation car mieux qu’une leçon thĂ©orique, ils permettent de faire comprendre Ă  l’auditoire les subtilitĂ©s d’un sujet sensible qui tourne autour de l’humain. Si les Ɠuvres d’art nous parlent, c’est parce qu’elles parlent Ă  notre inconscient et pas Ă  notre raison. Elles nous permettent de sentir des choses qui se disent difficilement dans un discours rationnel.

Pour le CLPS

Ce projet est une illustration des difficultés et de la richesse du développement de démarches de promotion de la santé sur le terrain. Il aurait été plus aisé de travailler chacun dans son coin mais, ici, la volonté a été de se mettre tous autour de la table. Elise Malevé, du CLPS: «Nous avons tenté de comprendre les visions, les enjeux, les valeurs différentes de chacun. Nous avons pris le temps de confronter nos idées et nos doutes afin de parvenir à se construire un langage et des objectifs communs, étape indispensable pour réaliser un projet solide dans le respect des uns et des autres.Dans un projet comme celui-ci, personne ne détient à lui seul la vérité. PlutÎt que de diaboliser les positions des uns et des autres, nous les avons écoutées et tenté de co-construire une démarche qui ait du sens.Il faut accepter que cela prenne du temps et reconnaßtre que le processus est tout aussi important que le résultat.»

Synopsis de Supernova

Parce que leur pĂšre a souvent besoin de la maison et qu’il ne leur porte une certaine attention que la nuit, Rachel et son frĂšre BrĂ©sil ont adoptĂ© un terrain vague pour territoire oĂč chacun Ă  sa maniĂšre s’est construit un univers Ă  sa mesure. C’est lĂ , sur ce terrain, que Mathilde aime rejoindre Rachel pour qui elle Ă©prouve une attirance particuliĂšre.Mais un avis met le trio d’adolescents en alerte: on annonce un projet de construction qui les privera de leur terrain de jeu et de vie. Avec les moyens du bord, ils vont tenter d’empĂȘcher cette intrusion des adultes dans leur monde.Cette piĂšce dĂ©passe le clivage du bien et du mal pour explorer les arcanes d’une adolescence orpheline des repĂšres qui pourraient lui permettre de se construire. Le spectacle se termine mal: deux personnages meurent, seul le troisiĂšme vit.

Sources

  • SynthĂšse du projet Supernova, du Centre liĂ©geois de promotion de la santĂ© (CLPS).
  • Rapport rĂ©digĂ© par Malvine Cambron, stagiaire venant de la section Art du spectacle Ă  l’ULg.
  • www.ruedutheatre.eu

Le texte de Catherine Daele a été texte lauréat des prix metteurs en scÚne belges et étrangers 2010. Il a également été parmi les 10 finalistes du prix SACD 2012.

Partenaires du projet: le Conseil d’arrondissement de l’aide Ă  la jeunesse de LiĂšge (CAAJ), le Centre culturel de LiĂšge ‘Les Chiroux’, la section de PrĂ©vention gĂ©nĂ©rale du Service d’Aide Ă  la jeunesse de LiĂšge (SAJ), les services d’Aide en Milieux Ouverts (AMO), le centre des mĂ©thodes de la Province de LiĂšge, le Centre liĂ©geois de promotion de la santĂ© (CLPS), les plannings familiaux ‘Infor Famille’, ‘Estelle Mazy’ et ‘Le 37’, l’asbl KalĂ©idos, le Plan de cohĂ©sion sociale de la ville de Seraing (PCS) et l’asbl Panache Seraing.

Plus de 10 ans d'aide au sevrage tabagique au Québec

La lutte contre le tabagisme requiert des armes diversifiĂ©es et complĂ©mentaires. À cĂŽtĂ© des mesures lĂ©gislatives et des campagnes de sensibilisation, il est essentiel de soutenir dans leur dĂ©marche ceux qui veulent arrĂȘter de fumer. Au dĂ©but des annĂ©es 2000, le QuĂ©bec a mis en place une sĂ©rie de services complĂ©mentaires destinĂ©s Ă  soutenir les fumeurs qui souhaitent se libĂ©rer du tabac. Une dizaine d’annĂ©es plus tard, le MinistĂšre de la SantĂ© et des Services sociaux du QuĂ©bec a dressĂ© l’Ă©tat de situation de l’implantation de ces services.

Le tabagisme est l’une des principales causes de dĂ©cĂšs, partout dans le monde. «Le tabac tue un fumeur sur deux. ArrĂȘtez de fumer avant qu’il ne soit trop tard», affirme ainsi sur un mode Ă©motif une rĂ©cente campagne française de l’Inpes et du MinistĂšre de la SantĂ©, diffusĂ©e dans le cadre du nouveau Programme national de rĂ©duction du tabagismeNote bas de page.

Au QuĂ©bec, mĂȘme si le ‘flĂ©au’ a connu une diminution, sa prĂ©valence stagne depuis quelques annĂ©es autour de 24%Note bas de page. Un million et demi de QuĂ©bĂ©cois fument. Chaque annĂ©e, environ 10 000 d’entre eux dĂ©cĂšdent des suites de leur addiction au tabac, ce qui reprĂ©sente un dĂ©cĂšs sur cinq. Pourtant, en 2009, 40% des fumeurs indiquaient avoir tentĂ© d’arrĂȘter de fumer au cours de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente.

Ces statistiques effrayantes justifient pleinement les efforts de lutte contre le tabagisme et en particulier les investissements réalisés pour aider les fumeurs à abandonner la cigarette et les autres produits du tabac.

La docteure MichĂšle Tremblay, mĂ©decin-conseil Ă  l’Institut national de santĂ© publique du QuĂ©bec, a assistĂ© aux balbutiements du Plan quĂ©bĂ©cois d’abandon du tabagisme, quelques annĂ©es aprĂšs que le gouvernement du QuĂ©bec eĂ»t reconnu le tabagisme comme une prioritĂ© nationale de santĂ© publique. «À partir de 2002, une sĂ©rie de services gratuits d’aide au renoncement tabagique se sont mis en place partout au QuĂ©bec, y compris en rĂ©gion Ă©loignĂ©e»Note bas de page, se remĂ©more le mĂ©decin.Membre du comitĂ© de suivi du Plan, la docteure Tremblay a Ă©troitement contribuĂ© Ă  la rĂ©daction de l’Ă©tat de situation d’implantation des diffĂ©rentes mesuresNote bas de page, une publication d’une quarantaine de pages qui vise Ă  dresser un inventaire des services dĂ©veloppĂ©s depuis 2002 pour soutenir les fumeurs dans leur dĂ©marche de renoncement au tabac et Ă  identifier le nombre et le profil de personnes rejointes.

Les lignes suivantes prĂ©sentent le rĂŽle que jouent depuis une bonne dizaine d’annĂ©es dans le combat contre le tabagisme au QuĂ©bec les centres d’abandon du tabagisme, le counselling par les professionnels de la santĂ©, la ligne tĂ©lĂ©phonique j’ArrĂȘte, le site internet du mĂȘme nom, le DĂ©fi J’arrĂȘte, j’y gagne et les aides pharmacologiques.

Les centres d’abandon du tabagisme

Il existe au QuĂ©bec plus de 150 centres d’abandon du tabagisme, implantĂ©s dans divers Ă©tablissements tels que des centres de santĂ© ou des hĂŽpitaux. Les conseillers de ces centres offrent des interventions individuelles ainsi que du counselling de groupe, organisĂ© en plusieurs rencontres qui se tiennent sur une pĂ©riode de quelques semaines. Au cours de celles-ci, les participants discutent ensemble, avec l’aide d’un intervenant, de leurs motivations et des moyens pour arrĂȘter de fumer dans une approche de rĂ©solution de problĂšmes.

Chaque annĂ©e, quelque 6.000 fumeurs utilisent les services individuels d’un centre d’abandon du tabagisme et un millier participent aux activitĂ©s de groupe. Ce sont essentiellement les femmes qui en profitent, d’un Ăąge moyen de 50 ans. Il s’agit le plus souvent de gros fumeurs (ou grosses fumeuses), c’est-Ă -dire ceux et celles qui fument davantage et sont plus dĂ©pendants que la moyenne. Plus de la moitiĂ© de ceux qui frĂ©quentent ces centres sont sans emploi, ce qui laisse supposer que ce service parvient Ă  toucher ceux qui en ont le plus besoin.

La question cruciale est bien sĂ»r celle de l’efficacitĂ©. Une Ă©tude montrĂ©alaise rĂ©vĂšle que 57% des fumeurs ont cessĂ© de fumer durant leur suivi, et qu’aprĂšs six mois, 27% Ă©taient toujours abstinents. Donc, quand un fumeur dĂ©cide de frĂ©quenter un centre d’abandon du tabagisme, il aurait une chance sur quatre de succĂšs. Par ailleurs, l’intervention de groupe serait aussi efficace que le suivi individuel de mĂȘme intensitĂ©.

Le rÎle des professionnels de la santé

Avec son collĂšgue AndrĂ© Gervais, MichĂšle Tremblay a calculĂ© en 2001Note bas de page que si tous les mĂ©decins du QuĂ©bec abordaient la question du sevrage tabagique avec les patients fumeurs qui les consultent, leurs interventions pourraient mener Ă  plus de 30.000 sevrages. Il est d’ailleurs dĂ©montrĂ© que plus les Ă©changes entre patient et mĂ©decin Ă  ce propos sont longs et rĂ©pĂ©tĂ©s, plus grande est leur efficacitĂ©. Selon certaines recommandations amĂ©ricaines, les mĂ©decins et autres professionnels de premiĂšre ligne devraient systĂ©matiquement dĂ©terminer le statut tabagique de leurs patients et leur intention de renoncer au tabac s’ils fument, conseiller Ă  tous les fumeurs d’arrĂȘter de fumer, motiver ceux qui ne souhaitent pas arrĂȘter et offrir un suivi Ă  ceux qui arrĂȘtent. Parmi les diffĂ©rentes approches possibles, l’entretien motivationnel semble particuliĂšrement efficace: il s’agit d’amener le patient Ă  explorer son ambivalence Ă  l’Ă©gard du changement de comportement, en identifiant les difficultĂ©s qui se prĂ©sentent Ă  lui et les stratĂ©gies Ă  adopter pour les surmonter.

Les mĂ©decins ne sont pas leurs seuls professionnels de la santĂ© Ă  pouvoir jouer un rĂŽle. Dans le cadre de l’Ă©dition 2012 de la Semaine quĂ©bĂ©coise pour un avenir sans tabac, sept ordres professionnels ont dĂ©clarĂ© conjointement que «tous les acteurs du rĂ©seau de la santĂ© se doivent d’inclure la lutte contre le tabagisme dans la pratique clinique et faire en sorte que celle-ci fasse partie intĂ©grante des soins de santĂ© au QuĂ©bec»Note bas de page.

Au cours des derniĂšres annĂ©es, la docteure Tremblay a Ă©tĂ© l’une des chevilles ouvriĂšres d’un vaste projet visant Ă  optimiser les pratiques de counselling des membres de cinq ordres professionnels, en collaboration avec ceux-ci: les pharmaciens, les dentistes, les hygiĂ©nistes dentairesNote bas de page, les infirmiers et les inhalothĂ©rapeutesNote bas de page.

Une analyse prĂ©alable avait alors rĂ©vĂ©lĂ© que, bien qu’ils croyaient que cela faisait partie de leur rĂŽle, ces professionnels de la santĂ© se sentaient mal armĂ©s pour intervenir auprĂšs de leurs patients fumeurs. À la suite de ce constat, 65 actions ont Ă©tĂ© mises en placeNote bas de page en vue de renforcer leurs compĂ©tences et leur sentiment de compĂ©tence: des formations en salle et en ligne, la rĂ©daction d’orientations cliniques, de guides et d’articles dans les revues adressĂ©es Ă  ces professionnels, des outils d’aide Ă  la pratique…

Une seconde enquĂȘte menĂ©e aprĂšs l’implantation de ces activitĂ©s a indiquĂ©, sans surprise, que les professionnels formĂ©s avaient de meilleures pratiques, se sentaient plus compĂ©tents, percevaient moins d’obstacles et avaient une meilleure connaissance des autres ressources d’aide que ceux qui n’avaient pas Ă©tĂ© formĂ©s. «Aujourd’hui, le dĂ©fi est de maintenir l’intĂ©rĂȘt de ces ordres professionnels, compte tenu de toutes leurs prioritĂ©s» souligne MichĂšle Tremblay.

La ligne d’aide tĂ©lĂ©phonique j’ArrĂȘte

Depuis 2002, les conseillers de la ligne tĂ©lĂ©phonique j’ArrĂȘte rĂ©pondent Ă  toutes les questions concernant le sevrage tabagique. Jusqu’en 2011, les rĂ©pondants de la ligne traitaient en moyenne 18 000 demandes d’aide par an, un nombre qui est en augmentation actuellement. Ils ne se contentent pas d’attendre les appels: depuis 2006, ils sont aussi proactifs, c’est-Ă -dire qu’ils recontactent eux-mĂȘmes les fumeurs pour les encourager dans leur dĂ©marche.

Le numĂ©ro de la ligne est inscrit sur les emballages de produits du tabac depuis 2012. Cette nouveautĂ© a entraĂźnĂ© une augmentation trĂšs importante du volume d’appels, ainsi qu’un changement dans le public appelant: les hommes, les jeunes, les personnes de plus de 60 ans et les fumeurs plus dĂ©pendants sont dĂ©sormais plus nombreux Ă  recourir au service. Enfin, des collaborations avec divers partenaires Ă©tablies au fil du temps permettent d’offrir du soutien Ă  un public qui y a moins facilement accĂšs, tel que les patients hospitalisĂ©s, les militaires, les dĂ©tenus, etc.

Le site internet j’ArrĂȘte

Les Ă©tudes indiquent que, pour ĂȘtre efficaces, les sites web de soutien au sevrage tabagique doivent offrir une information ciblĂ©e et personnalisĂ©e ainsi que des contacts frĂ©quents. Le site interactif www.jarrete.qc.ca mis en ligne en 2003 et rĂ©guliĂšrement mis Ă  jour propose au fumeur une dĂ©marche de renoncement au tabac basĂ©e sur un modĂšle de changement de comportement. Il comprend notamment une section clavardage (‘chat’) et vidĂ©oclavardage ainsi qu’un forum de discussion. Il en existe une version pour les adolescents ainsi qu’une dĂ©clinaison anglophone. Le nombre de visites du site varie fortement d’une annĂ©e Ă  l’autre, autour d’une moyenne de 276.700. Les visiteurs passent en moyenne douze minutes sur le site. Les statistiques d’utilisation rĂ©vĂšlent que la version pour les adolescents rencontre moins de succĂšs que celle qui s’adresse aux adultes.

Le DĂ©fi J’arrĂȘte, j’y gagne!

Parce qu’elles permettent de toucher un trĂšs large public et de modifier certaines croyances, perceptions et attitudes ou encore de faire connaĂźtre les services d’aide disponibles, les campagnes sont des composantes de base de tout programme de contrĂŽle du tabac. Cependant, leur efficacitĂ© est trĂšs difficile Ă  Ă©valuer. Parmi ces campagnes, le QuĂ©bec a choisi, Ă  l’instar de l’OMS, d’adopter une approche de concours. En crĂ©ant une mobilisation collective, ces concours valorisent la dĂ©cision d’arrĂȘter de fumer.

Chaque annĂ©e depuis 2000, le DĂ©fi J’arrĂȘte, j’y gagne!Note bas de page invite Ă  s’abstenir de fumer durant six semaines. Pendant cette pĂ©riode et au cours de l’annĂ©e qui suit, les participants inscrits peuvent utiliser un dossier de suivi en ligne et recevoir des courriels d’encouragement et des appels tĂ©lĂ©phoniques.

Un peu plus de 300 000 QuĂ©bĂ©cois ont pris part au dĂ©fi depuis les annĂ©es 2000, surtout des femmes (60% des participants) et des jeunes adultes de 18 Ă  34 ans. RĂ©sultats: plus de six participants sur dix cessent complĂštement de fumer au cours du dĂ©fi et 19% sont toujours non-fumeurs un an aprĂšs. C’est donc dire que le dĂ©fi permet Ă  un participant sur cinq d’atteindre son objectif.

Les aides pharmacologiques

Les traitements pharmacologiques de la dĂ©pendance Ă  la nicotine permettent de diminuer les symptĂŽmes du sevrage lors d’une tentative d’arrĂȘt tabagique. Ils comprennent plusieurs classes de mĂ©dicaments qui, au QuĂ©bec, sont remboursĂ©s par le rĂ©gime public d’assurance mĂ©dicaments. Ils peuvent bien sĂ»r ĂȘtre combinĂ©s Ă  d’autres approches. Le timbre de nicotine reprĂ©sente le choix de 80% des patients qui ont recours Ă  un mĂ©dicament. Fait Ă  noter: les chĂŽmeurs sont proportionnellement plus nombreux que les autres Ă  avoir recours Ă  ce moyen d’arrĂȘter de fumer.

La complĂ©mentaritĂ©, clĂ© de l’efficacitĂ©

Si aucune des mĂ©thodes ne peut prĂ©tendre atteindre seule un taux de succĂšs impressionnant, les Ă©tudes reconnaissent cependant clairement l’efficacitĂ© de certaines actions: l’intervention individuelle, si elle est prolongĂ©e et rĂ©pĂ©tĂ©e, le counselling tĂ©lĂ©phonique proactif, l’intervention en groupe et les aides pharmacologiques.

En fait, c’est bien souvent la combinaison de plusieurs mĂ©thodes qui permet d’atteindre l’objectif tant convoitĂ©, que ce soit sur le plan individuel ou en termes de santĂ© publique. Car «la plupart des fumeurs sont conscients des effets nĂ©fastes du tabagisme et veulent arrĂȘter de fumer» assure la docteure. C’est pour cette raison que les services, loin de se faire concurrence, sont organisĂ©s de maniĂšre intĂ©grĂ©e.

Des ententes sont conclues entre les diffĂ©rentes ressources d’aide. Par exemple, un fumeur qui s’adresse Ă  son pharmacien pour obtenir des aides pharmacologiques pourra se voir proposer le soutien tĂ©lĂ©phonique d’un intervenant. Ou encore, une personne qui appelle la ligne mais semble avoir besoin d’un suivi en face-Ă -face ou de groupe sera dirigĂ©e vers un centre d’abandon du tabagisme. De mĂȘme, les services tĂ©lĂ©phoniques sont renforcĂ©s lors du DĂ©fi J’arrĂȘte, j’y gagne! Enfin, la ligne j’ArrĂȘte travaille aussi en collaboration avec le site internet du mĂȘme nom puisque ce sont les conseillers de la ligne qui animent notamment le forum de discussion et assurent le clavardage.Image

Législation, sensibilisation et dénonciation

L’abandon du tabagisme ne reprĂ©sente que l’un des aspects du contrĂŽle du tabac. En plus des mesures mises en place pour aider les fumeurs Ă  arrĂȘter, une sĂ©rie d’autres stratĂ©gies poursuivant des objectifs complĂ©mentaires ont Ă©tĂ© implantĂ©es au cours des derniĂšres annĂ©es au QuĂ©bec.

Du cĂŽtĂ© des mesures lĂ©gislatives, l’annĂ©e 1998 a vu l’adoption de la premiĂšre loi rĂ©glementant l’usage du tabac dans les lieux publics, laquelle a Ă©tĂ© renforcĂ©e en 2005. Cette loi prĂ©voyait notamment la diminution des points de vente, l’interdiction de l’Ă©talage des produits du tabac et une augmentation des lieux oĂč fumer est dĂ©fendu.

La sensibilisation de la population aux effets nocifs de la cigarette et de la fumĂ©e secondaire ainsi qu’Ă  l’importance de l’arrĂȘt est Ă©galement un des axes importants de la prĂ©vention du tabagisme. En plus du DĂ©fi J’arrĂȘte, j’y gagne!, la Semaine quĂ©bĂ©coise pour un avenir sans tabacNote bas de page, qui se tient chaque annĂ©e en janvier, est un moment privilĂ©giĂ© de diffusion de ces messages, tout comme la campagne Famille sans fumĂ©eNote bas de page. Selon les sondages, ces campagnes rĂ©pĂ©tĂ©es atteignent un taux Ă©levĂ© de pĂ©nĂ©tration.

La dĂ©nonciation est une autre des stratĂ©gies dĂ©ployĂ©es pour lutter contre le tabac. La Coalition quĂ©bĂ©coise contre le tabac est un acteur trĂšs impliquĂ© sur la scĂšne mĂ©diatique, qui n’hĂ©site pas Ă  dĂ©noncer les efforts de l’industrie du tabac pour contrer la loi, recruter de nouveaux fumeurs et faire la promotion de nouveaux produitsNote bas de page. D’autres initiatives intĂ©ressantes se sont dĂ©ployĂ©es dans la derniĂšre dĂ©cennie, comme la campagne De FactoNote bas de page du RĂ©seau du sport Ă©tudiant du QuĂ©bec qui vise Ă  rĂ©vĂ©ler la vĂ©ritĂ© sur l’industrie du tabac et ses produits.

Les défis à relever

L’Ă©tat de situation aprĂšs une dizaine d’annĂ©es d’implantation des mesures rĂ©vĂšle que les services existants peinent Ă  rejoindre les jeunes de moins de 18 ans, les femmes enceintes, les toxicomanes et ceux qui souffrent de problĂšmes de santĂ© mentale. En effet, les services s’Ă©tant surtout dĂ©veloppĂ©s en suivant un principe d’universalitĂ©, l’accent a Ă©tĂ© peu mis jusqu’Ă  prĂ©sent sur les populations plus fragilisĂ©es et sur la prise en compte des inĂ©galitĂ©s sociales de santĂ©. Des solutions sont envisagĂ©es et ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© expĂ©rimentĂ©es, notamment le dĂ©veloppement de collaborations avec les organismes qui offrent des soins et services Ă  ces publics.

L’avenir de l’aide Ă  l’arrĂȘt tabagique passera Ă©galement par les nouvelles technologies. Les textos (SMS) ont dĂ©jĂ  fait l’objet de projets pilotes et leur utilisation semble prometteuse, surtout combinĂ©e Ă  d’autres modes d’intervention comme les contacts tĂ©lĂ©phoniques, les courriels et le recours aux sites internet.

Finalement, la situation actuelle implique que la diminution du tabagisme et en particulier le soutien au sevrage tabagique restent des enjeux importants. «Il ne faut pas penser que la lutte est gagnĂ©e, d’autant que l’industrie a Ă  coeur de continuer son marketing et de cibler de nouvelles clientĂšles», avertit MichĂšle Tremblay. Avec persĂ©vĂ©rance, le comitĂ© de suivi du Plan quĂ©bĂ©cois d’abandon du tabagisme se penche aujourd’hui sur les orientations stratĂ©giques des cinq prochaines annĂ©es et sur de nouveaux indicateurs de rĂ©sultats. À ces efforts, par contre, il n’est pas question de renoncer.

En Belgique, d’aprĂšs la toute rĂ©cente EnquĂȘte de santĂ© par interview 2013 pilotĂ©e par l’Institut scientifique de santĂ© publique, elle est de 23%.

La superficie totale du Québec équivaut à plus de 50 fois celle de la Belgique, cependant la grande majorité des 8 millions de Québécois se concentrent sur environ 20 % du territoire.

Tremblay, M. & Roy, J.-M. (2013). Plan quĂ©bĂ©cois d’abandon du tabagisme – État de situation aprĂšs 10 ans d’implantation. QuĂ©bec: MinistĂšre de la SantĂ© et des Services sociaux du QuĂ©bec.

Tremblay, M. & Gervais, A. (2001). Interventions en matiÚre de cessation tabagique: description, efficacité, impact, coûts estimés pour le Québec. Montréal, Québec: Institut national de santé publique du Québec.

Tremblay, M. & Poirier, H. (2012). ÉnoncĂ© de position – Le tabagisme, un flĂ©au de santĂ© publique: des professionnels de la santĂ© engagĂ©s. MontrĂ©al, QuĂ©bec: Institut national de santĂ© publique du QuĂ©bec.

Les hygiĂ©nistes dentaires travaillent avec les dentistes et ont pour rĂŽle de prodiguer des soins d’hygiĂšne dentaire et d’assurer la sensibilisation des patients, alors que les dentistes se concentrent davantage sur les soins aux dents abĂźmĂ©es.

Les inhalothérapeutes traitent les problÚmes qui affectent le systÚme cardiorespiratoire et participent aux anesthésies.

Tremblay, M. & Poirier, H. (2012). Regards sur un partenariat fructueux: cinq ordres professionnels et l’Institut national de santĂ© publique du QuĂ©bec engagĂ©s dans la lutte contre le tabagisme. MontrĂ©al, QuĂ©bec: Institut national de santĂ© publique du QuĂ©bec.

Voir le site www.defitabac.qc.ca/fr.

L’industrie a par exemple Ă©tĂ© Ă  l’origine d’une campagne pointant du doigt les produits de contrebande, alors que l’on sait par ailleurs que ce problĂšme est en nette diminution. Une campagne qui visait, sans aucun doute, Ă  valoriser les cigarettes de marque.

Voir Ă  ce sujet l’article de C. De Bock, France, une campagne controversĂ©e de communication sur le tabac, Education SantĂ© n°307, janvier 2015.

Skateboarders asbl: du pain sur la planche

L’asbl Skateboarders est un acteur unique dans le paysage francophone par l’engagement de longue date de ceux qui y Ɠuvrent pour la promotion d’un sport qui est aussi un art. Rencontre avec Vincent Cremer autour du plaisir du skate et des enjeux qui sous-tendent son avenir.

Plaisirs et enjeux du skate

En ce mercredi, le soleil pointe le bout de ses rayons. Des enfants et des ados convergent vers le skatepark des Ursulines, Ă  deux pas de la gare du Midi Ă  Bruxelles. PrĂšs des bancs quelques poussettes aussi sont de sortie. Des parents s’y sont installĂ©s pendant que les enfants sont partis s’équiper auprĂšs des animateurs de l’asbl Skateboarders.

La rue des Ursulines accueille un endroit unique dans la capitale et en Wallonie. Le skatepark y jouxte un square, l’ensemble offrant un espace public que se partagent sportifs, jeunes et moins jeunes, et habitants du quartier. L’initiation et l’accompagnement des enfants, des ados et des adultes (il y en a quelques-uns), va pouvoir commencer. Un rĂ©sident de la maison de repos est descendu. Il a ses habitudes ici. Il traverse le square avec son dĂ©ambulateur. Il y va de quelques conseils: le skate c’est bien, mais comment vont les Ă©tudes?

Vincent Cremer est assis un peu Ă  l’écart. Ce jeune quinquagĂ©naire connaĂźt comme sa poche le monde du skate en Belgique. Il avait Ă  peine dix ans quand il s’y est mis. Il n’a plus jamais dĂ©crochĂ©. Il est l’une des chevilles ouvriĂšres de l’asbl Skateboarders. «J’ai Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  pousser les gars», confie-t-il. «Il y en a d’autres chez nous qui construisent en travaillant le bĂ©ton et le bois. Moi je suis plutĂŽt du cĂŽtĂ© initiation.»

Il en a fait du chemin Vincent, depuis ses dĂ©but seul Ă  skater au Mont des Arts, le TrocadĂ©ro bruxellois. La galĂšre, il a connu, pas dĂ©couragĂ©: «C’était tellement la crise qu’avec un autre qui roulait comme moi, j’étais gaucher en skate et lui Ă©tait droitier, on usait les chaussures de maniĂšre diffĂ©rente. On avait la mĂȘme pointure, on achetait les mĂȘmes modĂšles et quand l’un avait la chaussure usĂ©e, on se filait les chaussures. Comme ça, on avait une paire de chaussures neuves et ça marchait bien.» Vincent a vĂ©cu l’époque creuse oĂč les espaces dĂ©diĂ©s au skate avaient disparu et oĂč il s’agissait de se rĂ©approprier la ville et son mobilier urbain. «Ce n’est toujours pas gagnĂ© aujourd’hui», explique-t-il, «mĂȘme si des skateparks ont Ă  nouveau vu le jour. Je pense Ă  ces bancs conçus de maniĂšre telle que des SDF ne peuvent y dormir. Qui dit anti SDF dit anti-skate, car pour nous aussi, dans une moindre mesure, ces bancs sont dissuasifs »

Des dĂ©fis pour l’association

Ceux qui consacrent leur Ă©nergie Ă  dĂ©fendre ce sport considĂ©rĂ© aussi comme un art par le style que chacun peut lui imprĂ©gner le tiennent aussi comme un mode de vie. Il y a lĂ  la quĂȘte d’un Ă©quilibre permanent et l’inscription dans un espace public, qui elle n’est jamais gagnĂ©e. «Le combat est encore et toujours Ă  mener», souligne Vincent Cremer. «Il y a un Ă©cart entre le monde du skate comme on peut le voir dans la pub, glorifiĂ©, et puis le skate comme il vit au quotidien.»

L’asbl a du pain sur la planche. Ambassadrice du skate, elle organise, Ă  l’invitation d’autres organisations, des initiations un peu partout en Wallonie et Ă  Bruxelles. Parmi ses ambitieux projets, on trouve en tĂȘte la crĂ©ation d’un skatepark couvert. «Les skaters sont fort dĂ©pourvus», dĂ©plore Vincent Cremer, «dans un pays oĂč il pleut autant! Un projet d’envergure prend forme, avec le soutien toujours fidĂšle de l’Institut Bruxellois de Gestion de l’Environnement. Il y a un paradoxe. Le skate est reconnu. Regardez la pub. On y voit relativement souvent des skateurs ou l’image d’un skate. Mais dans la vraie vie, nous luttons pied Ă  pied pour que chacun ait la possibilitĂ© de pratiquer. Le skatepark des Ursulines est le seul espace public du genre. Ailleurs, Ă  Namur, Dinant ou LiĂšge, ce sont des espaces fermĂ©s. La vie comme elle va y circule moins.»

Parmi les projets soutenus, on trouve encore ce camion remorque Ă©quipĂ© d’une rampe amovible destinĂ© Ă  la pratique du skateboard, la Traveling Skate Ramps. On dĂ©ploie la rampe, et tout le monde peut s’amuser, dĂ©butants et confirmĂ©s. Le but est aussi de promouvoir le skateboard sur de nombreux Ă©vĂšnements et festivals Ă  travers la France et l’Europe.

«Maintenant j’ose»

Boucles blondes jaillissant du casque, joues rougies par l’effort, Sofian (7 ans) roule avec une belle assurance. Il fonce vers une pente, amorce une montĂ©e, se laisse descendre, recommence. Il a fait du judo et du foot avant de trouver une activitĂ© oĂč il a envie de persĂ©vĂ©rer.

Pourquoi? «On a peur et puis on n’a plus peur. On ose. Et puis, on a des copains, mĂȘme des plus grands.» Maman de cinq enfants, Sacha a aujourd’hui conduit Ă  leur cours collectif ses deux jumeaux, six ans au compteur. Impossible de les arrĂȘter. Ils effectuent le tour du square entre de plus grands, nettement moins Ă  l’aise qu’eux. «Mes premiers enfants, de grands ados aujourd’hui, sont aussi venus au skatepark. Ça aide Ă  ĂȘtre Ă  l’aise dans son corps. Ça a fait du bien Ă  mon aĂźnĂ©e. C’est gai. Ici, les jeunes sont libres de leurs mouvements, dans le respect des autres, et en mĂȘme temps ils sont dans un groupe. Il y a de l’entraide. Les plus expĂ©rimentĂ©s conseillent les plus jeunes. Il y a de la solidaritĂ©. Et moi un encadrement comme celui qu’il y a ici, ça me rassure.»

«Cette cohabitation entre les Ăąges et les niveaux, c’est un des objectifs pĂ©dagogiques de l’asbl Skateboarders», explique Damien Delsaux, l’un des animateurs de l’association. «Pour que les plus jeunes apprennent des aĂźnĂ©s et que les aĂźnĂ©s partagent leur expĂ©rience avec les plus jeunes.» Vivre en bon voisinage avec les ‘autres roues’, avec ceux qui roulent Ă  vĂ©lo, en BMX ou en rollers est aussi un des enjeux de cet espace ouvert Ă  tous, sportifs ou pas. Entretenir la communication avec la maison de repos dont les fenĂȘtres donnent sur le skatepark est important aussi. Il a fallu rassurer les rĂ©sidents quant au bruit induit. Certains s’inquiĂ©taient de voir trĂšs souvent les mĂȘmes skateurs. Et leurs Ă©tudes lĂ -dedans? Aujourd’hui, l’asbl dispose mĂȘme au sein de l’institution d’un point de chute pour son matĂ©riel.

Accrochage scolaire

«Justement», explique Sergio (16 ans), «ici, avec les animateurs de l’association, j’ai appris Ă  canaliser ma pratique du skate. Le skate m’a Ă©quilibrĂ© sur beaucoup de plans. Je suis moins impulsif, plus calme.» Vincent Cremer confirme Ă©videmment: «Le skate demande de la concentration. C’est aussi physique que mental. Il faut de l’autodiscipline si on veut avancer. Ce n’est qu’une planche Ă  roulettes on dirait. Mais on peut tout faire avec un skate. Les figures sont multiples.» Et le passionnĂ© d’empoigner son skate et de le tourner dans tous les sens.

Effectivement, le skate danse sous les pieds. Et le skate danse sur les parois du skatepark, marque des pauses sur les arĂȘtes et repart de plus belle. «Chaque fois que j’ai Ă©tĂ© au fond», continue Vincent, «le skate m’a aidĂ©. Vous savez ce que j’ai remarquĂ©? Que le skate ouvre l’espace. Le skate, c’est avant, arriĂšre, sur les cĂŽtĂ©s. Les ƓillĂšres tombent. Le skate amĂšne Ă  dĂ©velopper d’autres passions. Je connais beaucoup de skaters profondĂ©ment curieux.» Pour l’anecdote, Vincent a dĂ©veloppĂ© une passion pour
 les cailloux. Est-ce un hasard si c’est la seule surface sur laquelle on ne peut skater?

HĂ©ritiers du skate

Le skate est partageur. Il a ouvert la voie, Ă  ceux qui s’adonnent aux joies des rollers, Ă  celles du BMX. Plus rĂ©cemment, il a ouvert la voie au golf street, le ‘golf sauvage’, oĂč l’on dĂ©cide que cette poubelle ici et cette autre lĂ -bas ce seront les trous. On y trouve, comme dans le skate, l’utilisation du mobilier urbain.

Parmi les hĂ©ritiers, on notera aussi l’émergence du frisbee dans les cages d’escaliers. Vincent Cremer est plutĂŽt du genre Ă  regarder en avant qu’en arriĂšre. Ou alors un souvenir rĂ©cent: «Il y a eu un crossover avec des jazzmen Ă  Malines. Tu avais une rampe de skate en bois dans un centre culturel et des musiciens de jazz sont venus jouer. En fait, le but Ă©tait d’anticiper et de continuer sur le son que font les axes de skate sur les rampes et le frottement des roues et Ă  ce moment-lĂ , le bling le blang, les musiciens improvisaient, c’était absolument super.» Un dernier mot pour la route: «L’asbl offre non seulement des stages, mais aussi un accompagnement pour des institutions, des communes qui voudraient dĂ©velopper de maniĂšre structurĂ©e des activitĂ©s en lien avec le skateboard. Un aspect auquel nous tenons beaucoup c’est l’élaboration adaptĂ©e de lieux destinĂ©s Ă  la pratique du skate, en tenant compte des spĂ©cificitĂ©s de l’endroit et du public, loin du simple agencement de structures dont on peut trouver les Ă©lĂ©ments clĂ©s sur porte.»

À lire, l’apport de Vincent Cremer (et de son comparse JosĂ©) dans ‘Pratiques culturelles, trajectoires sociales et constructions identitaires’, Couleur livres, 2012.

‘Danger Dave’: un skate pour la vie

MontĂ© pour la premiĂšre fois sur un skate Ă  dix ans, il n’en est pas descendu ou presque. Le skate, notre compatriote et jeune quadragĂ©naire David Martelleur lui a tout consacrĂ©. Le cinĂ©aste Philippe Petit, Ă©galement comĂ©dien et dĂ©jĂ  auteur d’un documentaire sur les ‘adulescents’, a suivi pendant cinq annĂ©es le parcours du skateur en fin de course.

RĂ©sultat: un portrait d’homme tout court. Voici pourquoi il faut voir ‘Danger Dave’ mĂȘme si on n’y entend fichtre rien aux planches Ă  roulettes!

«Il n’y a rien de plus cool que le skate avec des potes», c’est ainsi que David Martelleur évoque sa passion nĂ©e Ă  Charleroi, Ă  l’époque oĂč un espace Ă©tait rĂ©servĂ© aux skateurs et oĂč il ne cesse d’ĂȘtre espĂ©rĂ© aujourd’hui, le projet sortant rĂ©guliĂšrement des cartons. «On est seul sur son skate. Et en mĂȘme temps on n’est jamais seul. Il y a ceux avec qui on skate.»

Pendant plus de vingt ans, la vie de David Martelleur ce seront des ‘tours’ (ces voyages aux quatre coins du globe pour se livrer Ă  des performances), organisĂ©s par des ‘compagnies’ (comprenez des marques). De chambre d’hĂŽtel en camping, David pĂ©rĂ©grine. Pour virevolter dans des skateparks, dans des bowls (ces espaces en forme de piscine rondes) ou sur des rampes (qu’on appelle aussi des U). La vie d’un skateur professionnel reste relativement modeste. Les compagnies financent les voyages, organisent des Ă©vĂ©nements. On sourit d’ailleurs Ă  une scĂšne de ‘Danger Dave’ lors de cette compĂ©tition amĂ©ricaine oĂč le trophĂ©e consiste en une veste en cuir, Ă  franges certes


Un mode de vie alternatif

«Mon film a Ă©tĂ© qualifiĂ© de film de non skate», raconte le rĂ©alisateur Philippe Petit, «ce n’est pas faux. Ce n’est pas une enquĂȘte. Ce n’est pas un film social. Le postulat de dĂ©part, c’était de suivre la fin de carriĂšre d’un skateur. J’ai choisi David, parce que son intĂ©gritĂ© me touchait. Il a un rapport sain aux sponsors. Je crois que chez les skaters plus jeunes c’est diffĂ©rent.»

La dĂ©marche de Philippe Petit s’inscrit aussi dans le prolongement d’un autre documentaire, tournĂ© lui en trois jours. Le documentaire, intitulĂ© ‘Les insouciants’, centrĂ© autour de deux skateurs dĂ©jĂ , permettait d’aborder l’adulescence, ce prolongement de l’adolescence et de comportements adolescents jusqu’à l’ñge adulte. Mais pour ce qui est de filmer Ă  travers David et avec lui «le passage d’un Ă©tat Ă  un autre, la fin d’une certaine insouciance», ce n’était pas gagnĂ© pour Philippe Petit.

Son sujet joue les prolongations certes, frĂ©quente les chemins de traverse parfois bien arrosĂ©s avec comme corollaires pour le cinĂ©aste l’impression de piĂ©tiner, de tourner des scĂšnes qui finissent par se ressembler.

Le film est-il dans l’orniĂšre alors que son cher sujet, lui, virevolte? ‘Danger Dave’ commence sur ces difficultĂ©s. Philippe Petit enjoint David Martelleur Ă  ĂȘtre plus disert, Ă  se livrer plus ouvertement, davantage que par des comportements. Il trouve qu’il lui bat froid. Il plante devant lui la camĂ©ra pour qu’il parle. Simplement. Philippe Petit se fait menaçant. Balance: «C’est la derniĂšre fois que tu parles, alors vas-y, parce que moi je rentre Ă  Paris!» Suivent quelques mots (durs) que l’on ne reproduira pas ici, et que tout le film dĂ©mentira. Le gĂ©nĂ©rique peut dĂ©marrer.

Et c’est le dĂ©but en effet d’un film qui est aussi celui de la rencontre entre deux artistes (puisque le skate est aussi un art, une pratique Ă  laquelle chacun imprime son style). Plus loin dans le film, ce sont aussi des reproches que David Martelleur adressera Ă  Philippe Petit. FragilisĂ© par ce qui tient, mĂȘme s’il s’en dĂ©fend, de fin de parcours, le sportif se rebelle. «Tu n’es pas lĂ  quand il faut. Je souffre et tout le monde s’en fout.»

Les contraintes de tournage sont effectivement telles que Philippe Petit est prĂ©sent de maniĂšre Ă©pisodique aux cĂŽtĂ©s de David Martelleur (environ un mois par an). C’est dire que bien des choses se sont passĂ©es entre-temps et que du temps prĂ©sent il s’agit de tirer profit. Est-ce ce qui confĂšre au film son punch incroyable, le fait qu’il se nourrisse de ce qui a manquĂ© disparaĂźtre, a disparu, et renaĂźt Ă  la faveur de mots (que le skateur dispense avec parcimonie et que celui qui le filme sait ĂȘtre fondamentaux pour relancer la machine) et de souvenirs, de ce qui est montrĂ© et de ce qui se cache, de ce qui n’a pas pu ĂȘtre filmĂ©? Un film fait de vides, d’apparitions, de regrets, de passion. Un film fait des hauts et des bas de son sujet. Mais n’est-ce pas l’essence du skate, d’affronter des hauts et des bas, voire de les susciter?

Chronique d’une non fin

Sans cesse remonter sur le skate. Sur le mĂ©tier remettre son corps. DĂ©fier les lois de la pesanteur. Le quotidien des skateurs est exigeant. David dĂ©croche parfois. S’étourdit d’alcool. Repart. «Comme toutes les vies, la mienne connaĂźt des turbulences», explique-t-il. «Sur cinq annĂ©es c’est normal. C’est le choix des images fait par Philippe Petit. Mais ça va.» Un acolyte sportif fait remarquer: «Les jeunes, c’est autre chose. Ils sont prĂȘts Ă  s’entraĂźner de treize Ă  dix-neuf heures.»

Ce n’est pas une menace, ni un propos moralisateur. C’est un constat. La relĂšve est lĂ . Et elle est diffĂ©rente. Dans ‘Danger Dave’, il faut attendre une bonne heure pour voir longuement David aux manƓuvres de son skate, de son corps, de son corps sur le skate, de sa vie. C’est une longue sĂ©quence oĂč l’homme surfe dans les airs, dans des bowls, sur des rampes, marquant la pause sur des arĂȘtes. C’est la mĂ©taphore de ce que l’on a vu jusque-lĂ , en terme de parcours humain: l’exercice difficile de l’équilibre au quotidien. Il est une scĂšne mĂ©morable oĂč aprĂšs de sombres images on retrouve David sur une rampe jaune soleil. Homme de contrastes. De l’ombre et de la lumiĂšre. Des tourments et de la joie enfantine. Il revient paradoxalement Ă  David de rassurer son comparse rĂ©alisateur en fin de film. «Ce n’est pas une fin. Et si c’est une fin, c’est aussi le dĂ©but d’autre chose.» Le voici nĂ©anmoins reparti sur son skate, sac au dos. Le rĂ©alisateur le laisse Ă  contrecƓur, on le sent, disparaĂźtre de l’image. Sans David, plus de film.

Refus du biologique

Pourquoi ce sentiment face Ă  ‘Danger Dave’ d’ĂȘtre devant un film ovni? Est-ce Ă  cause de la durĂ©e du tournage qui donne cent visages Ă  David Martelleur? Chevelure changeante, corps aussi. Est-ce dĂ» Ă  ces dialogues du cinĂ©aste avec son sujet, qui sont plutĂŽt rares au cinĂ©ma? Au fait qu’on voit Ă  l’image de vrais retournements de situation oĂč un ‘sujet’ s’empare de la camĂ©ra? Est-ce de voir Ă  l’image la rencontre et la confrontation de deux passions, l’une pour le skate, l’autre pour les images?

«Le cinĂ©ma est mon seul refuge», admet Philippe Petit. «Le cinĂ©ma qui est images en mouvement. C’est une consolation face Ă  une existence trop monocorde. Filmer est ma maniĂšre de rĂ©sister. Les rĂ©pĂ©titions de la vie ordinaire me pĂšsent. Comme le fait de devoir se soumettre Ă  un rythme biologique. Avec le cinĂ©ma, on vit plusieurs vies.»

On retrouve exactement les mĂȘme mobiles chez David Martelleur, mais appliquĂ©s au skate: vivre au carrĂ©, dĂ©fier la pesanteur dans tous les sens. Si le skate se fait aujourd’hui moins prĂ©sent pour David, la philosophie demeure: rouler de belle façon, avancer Ă  sa mode, continuer d’avancer envers et contre tout.

Le ‘toujours pas retraité’ a plusieurs projets. Coacher des jeunes, pourquoi pas? Son avenir ne l’inquiĂšte pas ni celui du skate en Belgique. «AprĂšs deux crises du skate, l’une dans les annĂ©es 80 et l’autre dans les annĂ©es 90, on est dans une phase de stabilitĂ©. Avec ses quinze skateparks en dur, la Belgique est mĂȘme une destination prisĂ©e pour les skateurs europĂ©ens.»

Philippe Petit, lui, a rĂ©alisĂ© un moyen mĂ©trage, ‘Buffer zone’ promenĂ© de festival en festival. Il y est aux manettes de tout: acteur, rĂ©alisateur, scĂ©nariste. «Un auto-film», dit-il. Et cĂŽtĂ© documentaire, il est en train de tourner aux États-Unis un film consacrĂ© Ă  un joueur de poker. Une autre façon d’aborder un mode de vie lui aussi alternatif et une relation Ă  l’argent particuliĂšre.

AprĂšs une prĂ©sentation en salles et lors de festivals, ‘Danger Dave’ est dĂ©sormais disponible pour le plus grand nombre. Voici un rappel des sites de tĂ©lĂ©chargement VOD. Une page Facebook est consacrĂ©e au film, qui n’en finit pas de vivre.

Vimeo on Demand : https://vimeo.com/ondemand/dangerdave

Vaprovue : http://www.vaporvue.com/share/218024/tag/78668

Aussi sur GooglePlay et iTunes

Estime de soi et santé

Description

Matériel

Dossier pédagogique de 56 pages (PDF):

  • quelques repĂšres thĂ©oriques sur l’estime de soi et l’adolescence, l’affirmation de soi, l’apprentissage, la prĂ©vention, et la santĂ©
  • objectifs Ă  travailler en classe
  • activitĂ©s en classe pour la santĂ©, pour l’estime de soi, pour l’affirmation de soi

Concept

Ce dossier souhaite contribuer à la prévention des comportements à risque, des dépendances.
Sans croire en la personne, comment espĂ©rer pouvoir l’influencer Ă  ne pas prendre une cigarette pour se montrer devant son groupe de copains, ou Ă  ne pas imiter des comportements excessifs (boire jusqu’à ne plus ĂȘtre maĂźtre de soi; se moquer de maniĂšre rĂ©pĂ©titive et/ou mettre de cĂŽtĂ© systĂ©matiquement le/la mĂȘme camarade, se laisser entraĂźner en groupe Ă  des comportements de violence, etc.)?
Comment oser prendre le risque d’ĂȘtre soi-mĂȘme, un peu diffĂ©rent parfois des autres?
Comment dĂ©velopper le respect face Ă  soi-mĂȘme et face aux autres?
À l’école l’adolescent peut apprendre de maniĂšre privilĂ©giĂ©e dans un cadre sĂ©curisĂ©, ouvrir ses yeux Ă  d’autres façons de vivre, de penser, de s’exprimer, d’agir tout en renforçant son estime de lui-mĂȘme.

Objectifs

  • Renforcer l’estime de soi de chaque Ă©lĂšve afin d’augmenter les facteurs de protection face aux divers problĂšmes de la vie.
  • Donner des pistes pour crĂ©er un climat de classe qui favorise la connaissance et le respect de soi et des autres ainsi que la reconnaissance des talents et valeurs de chacun.
  • Poser quelques fondements pour les prĂ©ventions des comportements Ă  risques, des dĂ©pendances.

Bon Ă  savoir

Le dossier ‘Estime de soi et santé’ a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© par REPER, Information et Projets, Ă  la demande de plusieurs groupes santĂ© des Cycles d’orientation fribourgeois (Suisse). Il a Ă©tĂ© conçu Ă  l’intention des maĂźtres de premiĂšre annĂ©e, comme thĂšme Ă  dĂ©velopper pendant quelques heures d’information gĂ©nĂ©rale (un minimum de 3 Ă  5 heures).

OĂč trouver l’outil

  • Chez l’Ă©diteur: REPER Promotion de la santĂ© et prĂ©vention, Secteur Information et Projets, Route du Jura 29, CP 69, 1706 Fribourg, Suisse. Courriel: projets@reper-fr.ch. Internet: http://www.reper-fr.ch
  • Dans les centres de prĂȘt des centres locaux de promotion de la santĂ© de Verviers, Huy-Waremme, Luxembourg, Namur et Charleroi-Thuin.

L’avis de PIPsa (www.pipsa.be)

La Cellule d’experts de PIPsa a accordĂ© la mention ‘coup de cƓur’ Ă  cet outil en 2014.

Appréciation globale

Ce dossier pĂ©dagogique, trĂšs accessible puisque librement tĂ©lĂ©chargeable, propose une approche simple et pertinente d’un programme de dĂ©veloppement de l’estime de soi pour les jeunes dans le cadre scolaire.

La partie thĂ©orique fournit un rĂ©fĂ©rentiel synthĂ©tique, suffisant pour cadrer les activitĂ©s et mieux comprendre l’enjeu de ce type de programme. Les fiches, claires et structurĂ©es, dĂ©crivent des activitĂ©s pĂ©dagogiques variĂ©es, aux contours bien dĂ©limitĂ©s, en lien avec les compĂ©tences Ă  dĂ©velopper et le contexte scolaire d’utilisation.

L’outil demande un temps d’appropriation raisonnable pour les possibilitĂ©s qu’il offre. La planification mensuelle suggĂ©rĂ©e permet de dĂ©passer l’activitĂ© ponctuelle en invitant Ă  inscrire le programme dans un projet d’annĂ©e, pour la classe et/ou pour l’école.

Les premiĂšres activitĂ©s prĂ©sentĂ©es seraient accessibles dĂšs la 6e primaire. Les derniĂšres, demandant des capacitĂ©s d’abstraction et distanciation, conviennent mieux Ă  la fin de la tranche d’ñge.

Le programme nĂ©cessite des compĂ©tences d’animateur et surtout une intĂ©gration personnelle des valeurs liĂ©es Ă  l’estime de soi (bienveillance, Ă©coute, signes de reconnaissance), de telle maniĂšre que l’élĂšve puisse se modeler sur l’exemple qui est donnĂ© par l’adulte. Il demande aussi d’y consacrer du temps: professeurs de français, de morale et de gymnastique (pour les activitĂ©s liĂ©es au corps) pourraient s’associer et travailler ensemble – en projet d’établissement – Ă  ces objectifs.

Objectifs

  • Augmenter son estime de soi en entraĂźnant sa capacitĂ© Ă  verbaliser et Ă  s’exprimer.
  • ReconnaĂźtre les talents et les valeurs de chacun.
  • Participer Ă  la crĂ©ation et Ă  l’entretien d’un climat de classe bienveillant et soutenant.

Public cible

12-15 ans

Utilisation conseillée

  • Proposer au professeur de gymnastique de collaborer au programme avec les activitĂ©s autour du corps.
  • DĂ©velopper le programme en projet de classe, sur une annĂ©e scolaire, en respectant la progression des activitĂ©s.

Conformément aux dispositions légales régissant leur fonctionnement, les mutualités belges consacrent des montants importants à des programmes de promotion de la santé destinés à leurs affiliésNote bas de page.

À côté de cela, deux d’entre elles développent depuis de nombreuses années des activités destinées aux acteurs de deuxième ligne en promotion de la santé : Solidaris (Mutualité socialiste) anime depuis plus de quinze ans le ‘Centre de référence de l’outil pédagogique en promotion de la santé’, mieux connu sous les noms d’Outilthèque Santé ou ‘PIPSa’ (www.pipsa.be)Note bas de page. Quant à la Mutualité chrétienne, elle édite depuis 1978 la revue Éducation Santé, mensuelle depuis décembre1988 (www.educationsante.be)Note bas de page. Ces deux réalisations sont financées depuis belle lurette par les pouvoirs publics francophones : la Fédération Wallonie-Bruxelles jusqu’à l’an dernier, la Wallonie et la Commission communautaire française (Région de Bruxelles-Capitale) depuis 2015. Elles sont toutes les deux ‘au service des intervenants francophones en promotion de la santé’ pour reprendre la formule en couverture d’Éducation Santé. Elles ne visent donc pas du tout les affiliés de ces deux organismes assureurs, vu que leur cible est constituée de professionnels de la prévention et non du grand public. Bien entendu, les collaborateurs éducatifs des deux mutualités peuvent profiter de ces services, au même titre que tous les autres utilisateurs, ni plus, ni moinsNote bas de page. Ces deux outils ne leur sont donc nullement ‘réservés’. Nous pouvons affirmer que tant la revue Éducation Santé que l’Outilthèque Santé utilisent l’argent public exclusivement pour offrir à la communauté éducative francophone (donc pas uniquement en Belgique) les services qu’elles s’engagent à lui rendre vis-à-vis des pouvoirs subsidiant leurs deux projets. Il n’était peut-être pas inutile de le rappeler en cette période de turbulence pour le secteur de la promotion de la santé… Image Image

Leurs efforts sont d’ailleurs valorisés dans leurs frais d’administration après validation par l’Office de contrôle des mutualités.

L’équipe de PIPSa : Catherine Spiece, coordination de l’Outilthèque ; Maria Sugero, documentaliste-bibliothécaire, suivi du site et des réseaux sociaux, Annick Cornelis, secrétariat.

L’équipe d’Éducation Santé : Christian De Bock, rédacteur en chef et Carole Feulien, journaliste, responsable lettre d’information, animatrice site et réseaux sociaux.

À titre d’exemple, sur 1 141 abonnés ‘papier’ à Éducation Santé (envoi du numéro 315), 36, soit 3 % travaillent à la Mutualité chrétienne.

L’Enquête de santé par interview 2013, cinquième et dernier épisode

Introduction

Pour mieux dĂ©cider des orientations Ă  donner Ă  leurs politiques, les ministres responsables de la santĂ© publique en Belgique aux niveaux fĂ©dĂ©ral, rĂ©gional et communautaire ont commanditĂ© en 2013 l’organisation d’une cinquiĂšme enquĂȘte de santĂ©. Par souci de cohĂ©rence et d’économie d’échelle, ils ont dĂ©cidĂ© de rĂ©aliser en commun cette enquĂȘte et ont pour ce faire mandatĂ© une seule et mĂȘme institution. L’organisation de cette enquĂȘte de santĂ© publique a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă  l’Institut Scientifique de SantĂ© Publique (WIV-ISP).Nous avons rapidement survolĂ© les principaux rĂ©sultats dans notre numĂ©ro 313Note bas de page. Ensuite, nous vous avons prĂ©sentĂ© les comportements de santĂ© et styles de vie, l’utilisation des services de soins de santĂ© et des services sociaux et l’environnement physique et social.Voici pour terminer un rĂ©sumĂ© de la partie concernant la prĂ©vention.

DĂ©pistage du cancer

76% des femmes de 50 Ă  69 ans dĂ©clarent qu’elles ont eu une mammographie au cours des deux derniĂšres annĂ©es. MĂȘme en dehors du groupe cible, le pourcentage de femmes qui ont eu une mammographie au cours des 2 derniĂšres annĂ©es reste Ă©levĂ©. Des inĂ©galitĂ©s sociales persistent dans le domaine du dĂ©pistage du cancer du sein malgrĂ© l’existence d’un programme national.69% des femmes de 20 Ă  69 ans dĂ©clarent qu’elles ont eu un frottis du col de l’utĂ©rus au cours des trois derniĂšres annĂ©es.En ce qui concerne le dĂ©pistage du cancer colorectal, 16% de la population ĂągĂ©e de 50 Ă  74 ans a eu un test de dĂ©tection du sang fĂ©cal occulte (DSFO) au cours des deux derniĂšres annĂ©es et 24% a eu une colonoscopie au cours des dix derniĂšres annĂ©es.

Vaccination

44% de la population à risque a été vaccinée contre la grippe au cours de la derniÚre saison.La vaccination contre le pneumocoque a touché 8% de la population à risque au cours des 5 derniÚres années.Le taux de vaccination contre le papilloma virus humain est de 23% chez les jeunes filles de 10 à 14 ans et de 50% chez les 15-19 ans.La couverture vaccinale pour la grippe, le pneumocoque et le papillloma virus humain est en général meilleure en Flandre que dans les deux autres Régions.

DĂ©pistage des facteurs de risque cardiovasculaire et du diabĂšte

91% de la population (de 15 ans et plus) indique que sa tension artérielle a été contrÎlée par un professionnel de la santé au cours des 5 derniÚres années.73% de la population (de 15 ans et plus) indique que sa cholestérolémie a été contrÎlée par un professionnel de la santé au cours des 5 derniÚres années.68% de la population déclare que sa glycémie a été contrÎlée par un professionnel de la santé au cours des 3 derniÚres années.

Connaissances et comportements face au VIH/sida

Au sein de la population de 15 ans et plus, les perceptions erronĂ©es sur la transmission du VIH/sida persistent toujours: 63% de la population a au moins une perception erronĂ©e au sujet des modes de transmission du VIH.Les personnes de 15 ans et plus repĂšrent gĂ©nĂ©ralement bien les moyens de protection efficaces contre le risque de transmission sexuelle du VIH/sida mais ils repĂšrent moins bien les stratĂ©gies qui ne sont pas efficaces.Seuls 48% perçoivent correctement la gravitĂ© et l’incurabilitĂ© du VIH/sida.6% de la population de 15 ans et plus dĂ©clare avoir effectuĂ© un test de dĂ©pistage du VIH au cours des 12 mois qui ont prĂ©cĂ©dĂ© l’enquĂȘte.Deux sous-groupes devraient faire l’objet d’un effort soutenu de sensibilisation: les jeunes et les personnes ayant un faible niveau d’instruction.Les habitants de la RĂ©gion flamande semblent moins bien maĂźtriser les connaissances en ce qui concerne le VIH/sida.

Référence

  • Demarest S, Charafeddine R (ed.) EnquĂȘte de santĂ© 2013. Rapport 5: PrĂ©vention. RĂ©sumĂ© des principaux rĂ©sultats.
  • Nous avons publiĂ© les rĂ©sultats principaux des 5 rapports sur notre page Facebook (www.facebook.com/revueeducationsante)
  • Le rapport complet avec l’analyse des rĂ©sultats, de mĂȘme que le rapport succinct, peuvent ĂȘtre consultĂ©s sur le site web de l’EnquĂȘte de santĂ©.

HISIA, le site web interactif

Les chercheurs et le public peuvent effectuer eux-mĂȘmes certaines analyses via le site web interactif de l’EnquĂȘte de santĂ©, Ă  l’adresse http://hisia.wiv-isp.be. Les procĂ©dures Ă  suivre pour rĂ©aliser des analyses sont expliquĂ©es sur le site.

Voir De Bock C., L’enquĂȘte de santĂ© par interview, Éducation SantĂ© n° 313, juillet-aoĂ»t 2015.

Carte blanche ‘VIH et hĂ©patites, une seule politique qui vaille: la santĂ© publique’

À l’occasion de la Semaine europĂ©enne de dĂ©pistage du VIH et hĂ©patites, menĂ©e Ă  travers toute l’Europe du 20 au 27 novembre derniers, des acteurs de terrain et des fĂ©dĂ©rations concernĂ©s par ces questions ont cosignĂ© une carte blanche Ă  l’initiative de la FEDITO Bruxelles (FĂ©dĂ©ration bruxelloise des institutions pour toxicomanes) et du RĂ©seau HĂ©patite C Bruxelles.

En Europe, 2,5 millions de personnes vivent avec le VIH, dont un tiers l’ignore. Plus de 28 millions de personnes sont atteintes d’hĂ©patite virale, dont seule une petite partie est diagnostiquĂ©e et, encore beaucoup moins, traitĂ©e (3,5 % des hĂ©patites C). ContrĂŽler, faire rĂ©gresser, ou mĂȘme – dans le cas de l’hĂ©patite C – vaincre ces Ă©pidĂ©mies est aujourd’hui, non seulement possible, mais surtout prioritaire au plan de la santĂ© publique, vu leur place en tĂȘte de liste des causes mondiales de mortalitĂ© infectieuse. Il faut pour cela s’engager rĂ©solument dans la stratĂ©gie dite «test and treat».

ContrĂŽler ces infections passe d’abord par la connaissance, par tous, des facteurs de risques et des moyens de se protĂ©ger. Puis, par le dĂ©pistage des personnes exposĂ©es, et enfin, par le traitement et le suivi des personnes infectĂ©es. Seule cette triple approche permettra aux personnes atteintes de vivre normalement, voire de guĂ©rir; et surtout, elle constitue la pierre angulaire du contrĂŽle de l’épidĂ©mie. Il ne s’agit pas seulement de santĂ© des populations, mais aussi de bonne gestion Ă©conomique.

Car, si promotion de la santĂ©, dĂ©pistage et traitement ont un coĂ»t non nĂ©gligeable, celui-ci a toute chance de s’avĂ©rer beaucoup moins Ă©levĂ© que la gestion, Ă  un stade et une ampleur plus avancĂ©s, d’une Ă©pidĂ©mie de toute façon incontournable et gĂ©nĂ©ratrice de complications sĂ©vĂšres: ces virus sont devenus la premiĂšre cause de transplantation hĂ©patique, procĂ©dure sophistiquĂ©e, grevĂ©e d’une mortalitĂ© non nĂ©gligeable et trĂšs coĂ»teuse pour la collectivitĂ©, aussi en raison de la surveillance et des mĂ©dications Ă  vie ensuite nĂ©cessaires.

L’inventaire des pratiques les plus Ă  risque semble d’emblĂ©e trĂšs stigmatisant: sexe non protĂ©gĂ©, tatouage et piercing non stĂ©riles, injection de drogues. Mais en rĂ©alitĂ©, tout le monde est concernĂ©. Il existe encore un rĂ©servoir important de patients non diagnostiquĂ©s qui ont Ă©tĂ© contaminĂ©s par des procĂ©dures mĂ©dicales avant l’identification du virus de l’hĂ©patite C (1990). Pensons aussi aux jeunes Ă  l’entrĂ©e dans leur vie sexuelle active ou aux HSH, particuliĂšrement exposĂ©s.

Tout le monde a avantage Ă  ce que tous aient accĂšs Ă  l’information, au dĂ©pistage et au traitement, y compris et en prioritĂ© les groupes les plus Ă  risque. Or ceux-ci, notamment les dĂ©tenus, usagers de drogues, migrants, travailleurs du sexe, ne sont prĂ©cisĂ©ment ni les mieux informĂ©s ni certainement les plus privilĂ©giĂ©s en matiĂšre de diagnostic et d’accĂšs aux traitements.

Frileuse Belgique

De nouvelles molĂ©cules font espĂ©rer une Ă©radication, au niveau mondial, de l’épidĂ©mie de l’hĂ©patite C. Pourtant, leur prix exorbitant (Ă  bien distinguer de leur coĂ»t rĂ©el, largement infĂ©rieur, mĂȘme en y incluant recherche et dĂ©veloppement) met au dĂ©fi les systĂšmes d’accĂšs aux soins, y compris dans les pays les mieux nantis. Ces traitements sont donc rĂ©servĂ©s aux personnes prĂ©sentant une dĂ©gradation avancĂ©e de leur capital hĂ©patique.

De mĂȘme, en termes de VIH, les recommandations internationales de mise sous antirĂ©troviraux des personnes porteuses du virus, dĂšs leur diagnostic, ne sont pas d’application en Belgique, oĂč il faut prouver une rĂ©duction dĂ©jĂ  sĂ©rieuse des dĂ©fenses immunitaires pour les obtenir. L’OMS recommande pourtant la mise sous traitement antirĂ©troviral quel que soit l’état immunitaire de la personne. En outre le traitement agit comme moyen de prĂ©vention puisqu’une personne atteignant une charge virale indĂ©tectable ne transmet plus le VIH.

Il est donc incomprĂ©hensible que perdure un blocage dans la mise Ă  disposition de nouveaux outils de dĂ©pistage fiables, ne nĂ©cessitant pas de prĂ©lĂšvement sanguin. Alors que l’usage de ces Tests Rapides d’Orientation Diagnostique (TROD) se dĂ©veloppe rapidement chez nos voisins, y compris en milieu d’aide non mĂ©dicalisĂ©, alors que les pratiques sur le terrain, dans certains groupes Ă  risque, sont Ă  l’autotest, l’usage de ces outils de dĂ©pistage reste non reconnu en Belgique.

De mĂȘme, si, en 2015, il reste plus dangereux de s’injecter des drogues chez nous que dans bien d’autres rĂ©gions d’Europe – au dĂ©triment des usagers mais aussi de leurs proches et de la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral – c’est en raison du dĂ©ficit persistant de reconnaissance et de financement dont souffrent des dispositifs de rĂ©duction des risques largement validĂ©s ailleurs.

Certes, l’érosion de la capacitĂ© des gouvernements nationaux Ă  influencer la construction des prix des nouveaux mĂ©dicaments dans un sens favorable Ă  la santĂ© publique est une question trĂšs complexe qui ne trouvera pas de solution rapidement. Mais il faut prendre acte que, pour la premiĂšre fois Ă  l’époque moderne, dans nos contrĂ©es privilĂ©giĂ©es, un problĂšme de santĂ© publique est soumis drastiquement au tempo des marchĂ©s de façon aussi Ă©vidente


Il est donc d’autant plus nĂ©cessaire et urgent de dĂ©velopper les dispositifs de prĂ©vention et de dĂ©pistage, trĂšs peu coĂ»teux et Ă  l’efficacitĂ© bien documentĂ©e dont nous disposons. SpĂ©cifiquement, les TROD, VIH, et hĂ©patite C, devraient ĂȘtre promus sans dĂ©lais, non seulement auprĂšs des mĂ©decins, mais aussi en non mĂ©dicalisĂ©, auprĂšs de toutes les associations en contact avec des groupes davantage Ă  risque, moyennant formation des intervenants. Quant Ă  l’autotest, il serait pertinent de l’encadrer de façon responsable, sachant qu’il est dĂ©jĂ  disponible en France
 et sur internet !

Plus gĂ©nĂ©ralement, une stratĂ©gie globale est encore Ă  privilĂ©gier. Les plans fĂ©dĂ©raux VIH et hĂ©patite C sont loin d’ĂȘtre appliquĂ©s alors qu’ils ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s il y a plus de deux ans. Ils donnent pourtant les repĂšres nĂ©cessaires au dĂ©veloppement de stratĂ©gies de santĂ© publique efficaces et efficientes. Pour cela, il n’est pas besoin de modifier les grands rapports de forces Ă©conomiques que nous Ă©voquions plus haut. Il ne faut qu’un engagement et une volontĂ© politique: celle de faire prĂ©valoir l’intĂ©rĂȘt public !

Signataires

Aide Info Sida, Carrefour hĂ©patites – aide et contact (CHAC), Alias, Centre Bruxellois de Promotion de la SantĂ© (CBPS), Centre MĂ©dical Enaden, DUNE, Ex-Æquo, Espace P, FĂ©dĂ©ration Bruxelloise des Institutions pour Toxicomanes (FEDITO BXL), FĂ©dĂ©ration Wallonne des Institutions pour Toxicomanes (FEDITO Wallonne), FĂ©dĂ©ration des Centres de Planning et de Consultations (FCPC), FĂ©dĂ©ration des Centres de Planning Familial des FPS (FCPF-FPS), FĂ©dĂ©ration des Centres Pluralistes de Planning Familial (FCPPF), FĂ©dĂ©ration LaĂŻque de Centres de Planning Familial (FLCPF), FĂ©dĂ©ration des Maisons MĂ©dicales, Infor-Drogues, Lama (Centre mĂ©dico-social pour toxicomanes), Maison d’Accueil Socio-Sanitaire de Bruxelles (MASS), MĂ©decins du Monde Belgique, Modus Vivendi, Msoc Vlaams-Brabant, Observatoire du sida et des sexualitĂ©s, Plate-Forme PrĂ©vention Sida, Prospective Jeunesse, RĂ©seau ALTO (RĂ©seau de mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes), RĂ©seau d’Aide aux Toxicomanes (RAT), RĂ©seau HĂ©patite C Bruxelles, Transit, Dr Chantal de Galocsy (hĂ©patologue), Dr Christophe Moreno (hĂ©patologue), Dr Jean-Pierre Mulkay (hĂ©patologue), Dr Michel Roland (prĂ©sident de MĂ©decins du Monde Belgique)


Difficultés et pistes pour un dialogue entre musulmans et non musulmans

Les rĂ©centes attaques terroristes et les tensions qu’elles ont mises en lumiĂšre en Belgique soulignent une nouvelle fois la nĂ©cessitĂ© de renforcer la connaissance mutuelle et de favoriser le dialogue entre musulmans et non musulmans, pour rĂ©duire l’incomprĂ©hension et lutter contre le repli sur l’entre soi.Cette conviction a inspirĂ© la Fondation Roi Baudouin, qui a fait rĂ©aliser deux Ă©tudes complĂ©mentaires sur cette problĂ©matique.En octobre 2014, elle publiait un Ă©tat des lieux des relations entre les musulmans et les non musulmans Ă  Bruxelles rĂ©alisĂ© par le Centre Interdisciplinaire d’Études de l’Islam dans le Monde Contemporain (Cismoc) de l’UCL, sous la direction de Brigitte MarĂ©chal: ‘Musulmans et non musulmans Ă  Bruxelles, entre tensions et ajustements rĂ©ciproques’.Cette Ă©tude pointait la difficile construction des relations et les malaises rĂ©ciproques qui pĂšsent sur le vivre ensemble, perceptibles en particulier dans certains milieux: Ă©coles, hĂŽpitaux, lieux de travail, institutions, maisons de jeunes, tous lieux au sein desquels Ă©mergent des crispations liĂ©es Ă  l’accroissement des rĂ©fĂ©rences Ă  l’islam.Document consultable Ă  l’adresse: https://www.kbs-frb.be/fr/Activities/Publications/2014/313315?hq_e=el&hq_m=4042645&hq_l=9&hq_v=7467f0cdb4Plus rĂ©cemment, la Fondation a publiĂ© le rapport d’une recherche-action, Ă©galement rĂ©alisĂ©e par l’équipe du Cismoc, dans le prolongement de l’étude de 2014: ‘Musulmans et non musulmans en Belgique: des pratiques prometteuses favorisent le vivre ensemble’Cette recherche identifie et analyse, dans les trois rĂ©gions du pays, des pratiques, des projets, des connaissances, des compĂ©tences et des attitudes qui favorisent le dialogue entre musulmans et non musulmans, dans les domaines de l’éducation, de la jeunesse, de la culture, du travail, de la santĂ©, des mĂ©dias et du dialogue interconvictionnel.Par la valorisation de ces pratiques dites ‘prometteuses’, la Fondation espĂšre inspirer d’autres acteurs, contribuer ainsi Ă  (re)crĂ©er un climat de confiance et Ă  renforcer la cohĂ©sion sociale.Document consultable Ă  l’adresse: https://www.kbs-frb.be/fr/Activities/Publications/2015/20151123_AD?hq_e=el&hq_m=4042645&hq_l=8&hq_v=7467f0cdb4

10 mythes et rĂ©alitĂ©s en matiĂšre d’alimentation et de cancer

À la demande de la Fondation contre le Cancer, Ipsos a rĂ©alisĂ© une enquĂȘte portant sur les mythes et rĂ©alitĂ©s concernant l’alimentation et le cancer. Des rĂ©sultats, il ressort que l’influence du poids sur le risque de cancer est encore largement sous-Ă©valuĂ©e.

Seuls 12 % des Belges savent que le surpoids est la deuxiĂšme cause Ă©vitable de cancer, juste aprĂšs le tabagisme. L’influence de l’alcool et celle des complĂ©ments alimentaires sont Ă©galement sous-estimĂ©es. À l’inverse, l’influence des ‘superaliments’ est surestimĂ©e. Les Belges estiment, Ă  tort, que l’hĂ©rĂ©ditĂ© est la deuxiĂšme cause de cancer. 67 % d’entre eux ignorent en revanche qu’avoir ‘un petit ventre’, mĂȘme en l’absence de surpoids, constitue dĂ©jĂ  un facteur de risque de cancer.

Alcool

33 % des personnes interrogĂ©es pensent que boire un verre de vin par jour fait diminuer le risque de cancer, ce qui est faux. Si de faibles quantitĂ©s (1 Ă  2 verres) de vin rouge ou autre, semble avoir un effet positif sur les maladies cardiovasculaires, l’alcool qu’il contient fait bel et bien augmenter le risque de cancer. Et en consommer plus d’un Ă  deux verres par jour, mĂȘme de vin rouge, fait augmenter le risque de maladie cardiovasculaire… 29 % des Belges pensent Ă  tort que l’alcool n’est responsable d’aucun cancer. Pourtant, il existe un lien Ă©troit entre sa consommation et le risque liĂ© Ă  7 cancers, notamment celui du sein. On retrouve les plus grands consommateurs dans la catĂ©gorie d’ñge 55-70 ans et chez les retraitĂ©s : un quart d’entre eux boivent plus de deux boissons alcoolisĂ©es par jour.

Compléments alimentaires

Trop de Belges pensent Ă  tort que la prise de complĂ©ments alimentaires est une façon idĂ©ale de diminuer le risque de cancer. Le conseil de la Fondation est clair : ces complĂ©ments ne doivent ĂȘtre utilisĂ©s que sur avis mĂ©dical. Ils ne peuvent, en aucun cas, remplacer un rĂ©gime sain et Ă©quilibrĂ©. De plus, tous ne sont pas sans danger. Pris en quantitĂ©s trop importantes, ils peuvent mĂȘme contribuer Ă  l’apparition de certains cancers, et font augmenter la mortalitĂ©. De plus, certains complĂ©ments interagissent avec des mĂ©dicaments, notamment certains traitements contre le cancer. La Fondation a crĂ©Ă© une application permettant de connaĂźtre ces interactions : http://www.cancer.be/ complementsalimentaires.

Les aliments miracles

La recherche a dĂ©jĂ  identifiĂ© dans certains aliments – surtout les fruits et lĂ©gumes – des substances offrant une protection potentielle face au cancer. C’est surtout la combinaison de ces substances issues de nombreux aliments diffĂ©rents qui aurait un (puissant) effet protecteur. Il n’existe aucun ‘superaliment’ qui, pris individuellement, aurait le mĂȘme effet. PlutĂŽt que de se limiter Ă  un seul aliment prĂ©tendument miraculeux, il est donc nettement prĂ©fĂ©rable d’introduire un maximum de variĂ©tĂ© dans l’alimentation quotidienne. Pour les fruits et les lĂ©gumes, le meilleur conseil – et le plus simple – reste de suivre les saisons et de varier les couleurs. Une rubrique internet dĂ©diĂ©e Le site de la Fondation contre le Cancer propose dĂ©sormais une nouvelle rubrique qui s’attaque Ă  10 mythes solidement ancrĂ©s concernant l’alimentation et le cancer : http://www.cancer. be/mythesrĂ©alitĂ©s-alimentation

Les acides gras de poissons – aussi appelĂ©s omega-3 – protĂšgent du cancer

Faux. MalgrĂ© les nombreux bienfaits qu’on leur prĂȘte, il n’existe aucune preuve que les omega-3 apportent une quelconque protection contre le cancer.

Les aliments ‘classiques’ sont aussi valables face au cancer que les aliments bio

Vrai. Le caractĂšre ‘bio’ des aliments n’a pas d’influence dĂ©montrĂ©e sur le risque de cancer.

Un verre de vin par jour réduit le risque de cancer

Faux. Le seul moyen d’éviter les risques de cancers liĂ©s Ă  l’alcool, c’est l’abstinence complĂšte.

Le surpoids augmente beaucoup moins le risque de cancer que le tabagisme

Faux. Le surpoids, une alimentation dĂ©sĂ©quilibrĂ©e et un manque d’activitĂ© physique joueraient un rĂŽle dans l’apparition d’environ 30 % des cancers. Soit une proportion quasi identique au tabac.

MĂȘme sans surpoids, un ‘petit ventre’ est synonyme de risque accru de cancer

Vrai. Un lien semble solidement Ă©tabli entre le tour de taille et le risque de cancer colorectal.

Consommer des Ă©dulcorants n’augmente pas le risque de cancer

Vrai. Aucun effet cancĂ©rigĂšne n’a jamais Ă©tĂ© Ă©tabli pour l’aspartame ou la stĂ©via, ni chez les animaux ni chez l’homme, mĂȘme Ă  fortes doses.

Les huiles végétales peuvent augmenter le risque de cancer

Vrai et faux. Il n’existe aucun lien entre la consommation d’huiles vĂ©gĂ©tales et le risque de cancer. En revanche, elles exercent une influence sur le surpoids, liĂ© Ă  un risque accru de certains cancers.

La consommation de soja augmente le risque de cancer du sein

Faux. Des Ă©tudes ont permis d’établir que la consommation de soja ne l’augmente pas.

Il existe des ‘superaliments’ contre le cancer

Faux. Le cancer est une maladie multifactorielle. Il est donc impossible de le prĂ©venir en ne jouant que sur un seul tableau, comme par exemple les soi-disant ‘superaliments’.

Limiter la viande rouge et les charcuteries réduit le risque de cancer colorectal

Vrai. Le lien entre ces aliments et le cancer colorectal est clairement Ă©tabli.

L’alcoolisme, un mal familial

Les groupes Al-Anon/Alateen, pour soutenir les proches des personnes alcooliques

Un malade boit, cinq personnes souffrent

Le second et rapport de la cinquiĂšme enquĂȘte de santĂ© de l’Institut Scientifique de SantĂ© publique (HIS 2013)Note bas de page rĂ©vĂšle qu’en Belgique, le pourcentage de la population de 15 ans et plus buvant quotidiennement de l’alcool est en constante progression.Il nous apprend Ă©galement que 6% de la population a tendance Ă  boire trop, soit plus de 14 verres de boissons alcoolisĂ©es par semaine pour les femmes et 21 pour les hommes. Il rappelle enfin que, «parmi les comportements prĂ©judiciables pour la santĂ©, l’usage de l’alcool est plus que jamais inscrit Ă  l’ordre du jour des autoritĂ©s nationales et internationales, car les effets dommageables d’une consommation inappropriĂ©e touchent le consommateur bien sĂ»r, mais aussi son entourage et la sociĂ©tĂ© dans sa globalitĂ©.»«Il n’est pas nĂ©cessaire de boire pour souffrir de l’alcoolisme» nous affirme Ă  juste titre l’asbl Al-Anon, nous rappelant que l’alcoolisme est vĂ©ritablement un ‘mal familial’, affectant Ă  la fois le buveur, ses relations et sa vie sociale: son travail, ses amitiĂ©s, son mariage, son rĂŽle d’enfant ou de parent
Les personnes les plus profondĂ©ment atteintes par ce besoin compulsif de boire d’un parent sont souvent celles qui portent le plus d’affection au malade. Celles-ci se retrouvent alors prises dans un cercle infernal… L’alcoolisme de leur proche devient d’abord leur obsession: elles comptent le nombre de verres consommĂ©s, guettent «l’ouverture de la canette», fouillent la maison Ă  la recherche de bouteilles cachĂ©es ou jettent des boissons coĂ»teuses dans l’évier
 Toute leur attention est focalisĂ©e sur les moyens de le faire arrĂȘter de boire.Ensuite, c’est l’anxiĂ©tĂ© qui les envahit: leur proche ne se prĂ©occupe plus des factures, de ses enfants, de son travail. Il s’agit alors de le protĂ©ger, et de gĂ©rer «à sa place» les relations qui se dĂ©tĂ©riorent et son environnement social qui s’effondre. L’inquiĂ©tude fait gĂ©nĂ©ralement place Ă  la colĂšre. Le malade ne prend pas ses responsabilitĂ©s et les fait peser sur ceux qui l’entourent, il ment, tente de les manipuler. Ses proches se mettent ensuite Ă  jouer la comĂ©die, Ă  faire semblant de croire les promesses du malade, ou Ă  vouloir y croire pendant les pĂ©riodes d’abstinence. Mais aussi et surtout
 Ă  nier ce qu’ils perçoivent et ne peuvent se rĂ©soudre Ă  voir. Enfin, la culpabilitĂ© les tiraille. Le sentiment de ne pas faire ce qu’il faut ou de ne pas ĂȘtre Ă  la hauteur peut les submerger.

Sortir la tĂȘte de l’eau

Vivre avec un alcoolique et voir une personne que l’on aime se dĂ©truire peut devenir un drame quotidien. Face Ă  ce constat, l’asbl Al-Anon a mis en place il y a des dizaines d’annĂ©es un programme de rĂ©tablissement basé sur l’entraide et destiné aux familles, amis, collĂšgues d’un malade alcoolique. L’objectif est d’aider les personnes faisant partie de l’entourage des alcooliques en les accueillant et les rĂ©confortant, dans le respect du malade.Le programme Al-Anon est basé sur la mĂȘme approche que celui des Alcooliques Anonymes mais est adaptĂ© aux besoins spĂ©cifiques des proches. Il leur propose diffĂ©rentes activitĂ©s:

  • les rĂ©unions de groupe: les membres s’y rendent pour partager leur expĂ©rience et rĂ©flĂ©chir ensemble Ă  des solutions, sous la bienveillance d’un animateur volontaire;
  • les groupes en ligne: ces forums internes (privĂ©s) fonctionnement sur le mĂȘme principe que les rĂ©unions;
  • les lectures: Al-Anon propose des publications et ouvrages variĂ©s dans lesquels les membres trouvent des rĂ©ponses possibles Ă  leurs problĂšmes.
  • le parrainage: est un Ă©change entre deux membres. Le parrain ou la marraine est une personne spĂ©cialement choisie par le membre, avec qui il peut discuter de questions ou de problĂšmes personnels;
  • le tĂ©lĂ©phone: les membres peuvent se communiquer leur numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone afin de s’entraider par des Ă©changes plus personnels entre les rĂ©unions.

TĂ©moignage d’une membre anonyme

«J’ai un peu plus de 40 ans, mariĂ©e, 2 enfants
(
) Tous les jours, il prenait des mĂ©dicaments avec de la biĂšre ou du vin pour dormir. La vie à la maison devenait pĂ©nible, l’alcool ne diminuait pas, au contraire. Je n’avais pas envie de le suivre là-dedans mais je me disais que c’était sa façon de ‘tenir le coup’. De plus en plus souvent, mes enfants et moi prenions nos repas Ă  trois car il Ă©tait ‘fatigué’. Quand il se levait, ses yeux Ă©taient bizarres, le sommeil n’avait pas l’air de lui avoir fait du bien. On essayait de ne pas faire de bruit, d’ĂȘtre aux petits soins (il travaillait tellement!) c’était normal pour nous.Cette attention, qui tournait à l’obsession, Ă©tait totalement centrĂ©e sur lui. On avait peur de le voir arriver, peur de le contrarier, peur de ne pas rĂ©pondre à ses attentes, peur d’entendre ses rancoeurs. Pour lui, rien n’allait bien: le monde courait à la catastrophe (
). C’était de notre faute ou celle des autres. (
) Je me remettais en question et je croyais effectivement que j’étais coupable de tout. J’avais totalement perdu confiance en moi et n’osais plus rien dĂ©sirer.J’ai commencĂ© Ă  prendre conscience de l’abus de l’alcool à la maison quand j’ai trouvĂ© des bouteilles entamĂ©es à divers endroits: cave, bureau, chambre, jardin. Je surveillais en cachette le nombre de bouteilles qui disparaissaient, le niveau de liquide, j’étais à l’affĂ»t des bruits des portes et d’escaliers. Les enfants faisaient aussi de mĂȘme, à notre insu.Cette vie devenait un enfer. Je me sentais seule car en sociĂ©tĂ© ou en famille rien ne se remarquait et je n’osais rien dire. (
) Les relations familiales et sociales se dĂ©gradaient. Je ne me reconnaissais plus, j’avais perdu mon Ă©chelle des valeurs, je me sentais enragĂ©e, impuissante, mal aimĂ©e, incomprise et surtout pleine de colĂšre.Perdue, j’ai tĂ©lĂ©phonĂ© chez les AA qui m’ont dirigĂ©e vers les groupes Al-Anon (pour les familles des alcooliques). Ils m’ont Ă©tĂ© d’un grand secours parce qu’ils comprenaient ma souffrance, ce que j’endurais, la culpabilitĂ© et l’obsession qui m’habitaient. (
)Entendre diffĂ©rents tĂ©moignages m’a rassurĂ©e, je n’étais plus seule et on me comprenait. J’ai appris que l’alcoolisme Ă©tait une maladie, que je n’en Ă©tais pas responsable, que j’étais impuissante mais que je pouvais aller mieux grĂące au programme d’Al-Anon. (
) En nous occupant davantage de nous, on sortait de l’emprise que mon mari exerçait sur nous. On lui donnait ainsi la possibilitĂ© de se reprendre en mains, de faire les bons choix pour lui.Actuellement, il est devenu abstinent, nous allons tous beaucoup mieux et la vie a pris un autre sens. Nous avons chacun nos centres d’intĂ©rĂȘt et restons vigilants. Il y a encore des difficultĂ©s de temps en temps (
) mais nous savons qu’il existe des outils pour nous en sortir, des personnes pour nous Ă©couter, un programme pour nous aider à avancer dans tous les domaines de notre vie. Croyez-moi, ça marche!»

Al-Anon

Al-Anon est une association crĂ©Ă©e aux États-Unis en 1941, quelques annĂ©es aprĂšs celle des AA, les Alcooliques Anonymes. Les groupes familiaux du mĂȘme nom en sont cependant complĂštement indĂ©pendants. En 1957, AlateenNote bas de page voit le jour. Il s’agit de la section d’Al-Anon qui s’adresse aux enfants et adolescents, partant du principe que ces derniers ont des besoins et questionnements spĂ©cifiques.Dans le monde, on compte 26 000 groupes, dissĂ©minĂ©s dans 131 pays. Le premier groupe est apparu en Belgique en 1961. On en compte aujourd’hui 45 pour adultes et 3 pour adolescents en Wallonie et Ă  Bruxelles et 72 pour adultes et 12 pour adolescents en Flandre. Il existe Ă©galement deux groupes anglophones et un groupe d’expression polonaise dans la Capitale. En rĂ©gion germanophone fonctionnent Ă©galement 5 groupes pour adultes.La seule condition requise pour faire partie de l’asbl est que sa vie soit ou ait Ă©tĂ© affectĂ©e par la consommation d’alcool d’un proche. Chaque membre est libre de choisir son groupe et quand il est prĂ©sent ou non. Il n’existe pas de hiĂ©rarchie. Chacun prend dans le programme ce qui lui semble utile, en toute libertĂ©. Tous les membres sont anonymes et tout ce qui se dit en rĂ©union et entre membres est strictement confidentiel. Personne ne doit communiquer son identitĂ©, ni justifier son absence ou son dĂ©part d’Al-Anon. Les membres sont identifiĂ©s par leur prĂ©nom ou un pseudonyme, s’ils le dĂ©sirent.Al-Anon ne demande ni frais d’inscription, ni cotisation. À la fin de chaque rĂ©union, un ‘chapeau’ passe parmi les membres, où chacun met ce qu’il souhaite, en fonction de ses moyens, et en toute discrĂ©tion.Une structure de coordination existe dans chaque pays et au niveau mondial. Elle est composĂ©e essentiellement de bĂ©nĂ©voles et financĂ©e par une partie des recettes des groupes, cĂ©dĂ©e sur base volontaire.

Al-Anon et les professionnels

Depuis sa crĂ©ation, Al-Anon collabore avec des professionnels actifs auprĂšs des familles et amis d’alcooliques: mĂ©decins, infirmiers, conseillers, thĂ©rapeutes, assistants sociaux, avocats, policiers, Ă©quipes de ressources humaines en entreprises
Al-Anon/Alateen peut leur proposer:

  • des confĂ©renciers et de la documentation pour leurs congrĂšs, ateliers et rĂ©unions;
  • des rĂ©unions ouvertes;
  • des rĂ©unions dans les Ă©coles, institutions et autres Ă©tablissements;
  • des listes de rĂ©unions locales;
  • de la documentation gratuite.

Martine Biset-Saucez, conseillĂšre conjugale et familiale au BlĂ© en Herbe (www.guidesocial.be/le-ble-en-herbe-pf ), à Namur, a Ă©tĂ© invitĂ©e Ă  une rĂ©union Al-Anon. Elle tĂ©moigne «Les groupes de soutien sont complĂ©mentaires Ă  mon travail thĂ©rapeutique. (
) En Ă©coutant tous ces tĂ©moignages (de proches, ndlr) remplis d’humilitĂ© et de courage, j’ai Ă©tĂ© profondĂ©ment Ă©mue et marquĂ©e. Cela a changĂ© profondĂ©ment les reprĂ©sentations que j’avais de la maladie alcoolique.PsychothĂ©rapeute, lorsque je reçois une personne ou un couple souffrant d’alcoolisme, je repense toujours Ă  ces groupes de soutien qui sont vraiment complĂ©mentaires avec l’entretien thĂ©rapeutique que je propose.En effet, en individuel, il est important de pouvoir Ă©couter la souffrance parfois terrible vĂ©cue par l’entourage, la solitude, la frustration de ne pas ĂȘtre compris, la colĂšre, la honte, la peur, le dĂ©couragement
 Le ‘travail psychologique’ consiste surtout Ă  mettre des mots sur ces Ă©motions, Ă  bien les distinguer en soi. Car souvent des amalgames se crĂ©ent, submergent les personnes qui ne voient plus le bout du tunnel.(
) La rĂ©union Al-Anon se caractĂ©rise par un travail sur soi -bien prĂ©cieux- entre personnes vivant les mĂȘmes situations. Le travail thĂ©rapeutique que j’essaie d’instaurer, seul ou en couple, peut complĂ©ter parfois ce cheminement.»Plus d’infos? Asbl Al-Anon/Alateen, rue de la Poste, 111, 1030 Bruxelles. Tél.: 02 216 09 08 (permanence le mardi et le jeudi, de 14 à 18h) – Internet: www.al-anon.be (vous y trouverez notamment l’adresse et l’horaire de la rĂ©union la plus proche de chez vous).

Lire Ă  ce sujet, Gisle L., La consommation d’alcool. Dans: Gisle L, Demarest S (Ă©d.). EnquĂȘte de santĂ© 2013. Rapport 2: Comportements de santĂ© et style de vie. WIV-ISP, Bruxelles, 2014. Également tĂ©lĂ©chargeable.

Le nom est formé des premiÚres syllabes de Al-Anon et de Teenager (adolescent en anglais).

La Belgique aussi doit interdire de fumer dans les voitures en prĂ©sence d’enfants

En Angleterre et au Pays de Galles, il est interdit depuis 1er octobre de fumer dans les voitures en prĂ©sence d’enfants et de jeunes de moins de 18 ans. Le lĂ©gislateur a mis en place cette mesure afin de protĂ©ger les enfants et les adolescents contre les dangers du tabagisme passif. La France a, elle aussi, interdit de fumer en voiture en prĂ©sence de mineurs. La Coalition Nationale contre le TabacNote bas de page demande au gouvernement belge de suivre ces exemples.

Fumer en voiture entraĂźne une concentration de substances cancĂ©rogĂšnes dans l’air 27 fois plus Ă©levĂ©e que fumer Ă  la maison. Ouvrir la fenĂȘtre de la voiture ne suffit pas Ă  Ă©liminer ces substances. Le tabagisme passif est nocif pour tous, mais les enfants y sont particuliĂšrement sensibles. Leur respiration est plus rapide et leur systĂšme immunitaire ainsi que leurs poumons et voies respiratoires sont encore en dĂ©veloppement. La fumĂ©e secondaire rend les enfants plus vulnĂ©rables face Ă  la mĂ©ningite, aux infections pulmonaires, Ă  la bronchite chronique et aux infections de l’oreille. Elle augmente Ă©galement les symptĂŽmes de l’asthme et le risque de dĂ©velopper dans leur vie adulte un cancer ou des maladies cardiovasculaires.

Suivre l’exemple des pays voisins

Contrairement aux adultes, les enfants ne sont pas, le plus souvent, en mesure de dĂ©cider de monter ou non Ă  bord d’une voiture oĂč quelqu’un fume. De plus, ils ne sont pas toujours en capacitĂ© de dĂ©fendre eux-mĂȘmes leurs droits, surtout en bas Ăąge.

De plus en plus de pays introduisent l’interdiction de fumer dans les voitures en prĂ©sence d’enfants. Hors Europe, une telle interdiction est dĂ©jĂ  en vigueur dans certains Ă©tats amĂ©ricains et provinces canadiennes, en Australie et en Afrique du Sud. En Europe, elle est dĂ©jĂ  effective en France, en Irlande, en Angleterre et au Pays de Galles.

La Coalition Nationale contre le Tabac appelle le gouvernement fĂ©dĂ©ral Ă  suivre l’exemple des pays voisins en interdisant de fumer dans les voitures en prĂ©sence d’enfants. Il sera possible de contrĂŽler l’application d’ une telle loi comme cela se fait dĂ©jĂ  pour l‘interdiction d’utiliser un tĂ©lĂ©phone portable au volant.

Par ailleurs, une enquĂȘte menĂ©e en 2014 par la Fondation contre le Cancer, membre de la Coalition, a montrĂ© que de nombreux citoyens belges soutiennent cette mesure: 67% des rĂ©pondants sont pour. Soulignons que 55% des fumeurs interrogĂ©s y sont Ă©galement favorables.

Des conséquences positives sur le tabagisme au domicile

Une interdiction de fumer en voiture, en prĂ©sence d’enfants, pourrait aussi sensibiliser le public au tabagisme chez soi, comme ce fut le cas lors de l’introduction de cette mesure dans l’horeca. Dans une enquĂȘte menĂ©e par Kom op tegen Kanker, Ă©galement membre de la Coalition, un parent fumeur sur cinq a dĂ©clarĂ© ne plus fumer en prĂ©sence de ses enfants depuis l’interdiction dans l’horeca, et un quart dĂ©clare le faire moins souvent.Interdire de fumer dans les voitures en prĂ©sence d’enfants peut sans aucun doute inciter certains parents Ă  moins fumer Ă  l’intĂ©rieur de leurs maisons.

Les membres de la Coalition Nationale contre le Tabac sont la Fondation contre le Cancer (FCC), le Vlaams Instituut voor Gezondheidspromotie en Ziektepreventie (VIGeZ), Kom op tegen Kanker, le Fonds des Affections Respiratoires (FARES), l’Observatoire de la SantĂ© du Hainaut (OSH), la Vlaamse Vereniging voor Respiratoire Gezondheidszorg en Tuberculosebestrijding (VRGT), la Ligue cardiologique belge, l’Arbeitsgemeinschaft fĂŒr Suchtvorbeugung und LebenbewĂ€ltigung (ASL), l’Association pharmaceutique belge, le Service d’Étude et de PrĂ©vention du Tabagisme (SEPT) et la SociĂ©tĂ© Scientifique de MĂ©dicine GĂ©nĂ©rale (SSMG).

Pour une information adaptée aux enfants

Le droit Ă  la participation est l’un des quatre principes fondamentaux de la Convention internationale des Droits de l’Enfant (CIDE). Garantir aux enfants ce droit implique notamment pour les États de mettre en Ɠuvre un autre droit des enfants: celui d’ĂȘtre informĂ©s correctement et clairement Ă  propos des sujets et dĂ©cisions qui les concernent. Un vĂ©ritable dĂ©fi pour qui a dĂ©jĂ  lu un texte de loi, une dĂ©cision administrative, un rapport de recherche


Pourtant, depuis quelques annĂ©es dĂ©jĂ , on a vu Ă©merger au niveau international des adaptations dites ‘childfriendly’ de rapports ou de recherches, c’est-Ă -dire traduites dans un langage et sous une forme rĂ©putĂ©e accessible aux enfants. Ces publications sont principalement dĂ©veloppĂ©es par des ONG et des instances internationales telles que les Nations Unies qui mettent par ailleurs en place des processus participatifs impliquant les enfants.

Un chantier ‘childfriendly’

Dans ce contexte, l’OEJAJ s’intĂ©resse depuis 2008 Ă  la question de l’accessibilitĂ© des enfants aux Ă©crits qui les concernent. Ce chantier s’inscrit dans le cadre de ses missions de promotion de la Convention mais aussi dans son rĂŽle dans le processus de rapportage des États au ComitĂ© des droits de l’enfant de l’ONU.Deux publicationsNote bas de page ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es en 2009-2010 Ă  destination des enfants:

  • ‘Quand les jeunes donnent leur avis’, une adaptation d’une recherche sur la participation des enfants et des jeunes de 10 Ă  18 ans. Celle-ci visait notamment Ă  restituer les rĂ©sultats de la recherche aux quelque 1.000 jeunes interrogĂ©s dans ce cadre;
  • ‘Les droits de l’enfant en CommunautĂ© française de Belgique’, une adaptation du rapport triennal de la CommunautĂ© française en matiĂšre de rĂ©alisation des droits des enfants.

Elles ont Ă©tĂ© suivies en 2012 d’une autre publication ‘Les droits de l’enfant en Belgique: l’heure du bulletin!’Note bas de page, qui rĂ©pondait Ă  une Observation finale du ComitĂ© international des droits de l’enfant formulĂ©e Ă  la suite du dernier ‘examen oral’ de la Belgique en 2010. Celle-ci enjoignait Ă  notre pays de faire connaĂźtre ses recommandations, le plus largement possible, auprĂšs des enfants et des adultes.

Le ComitĂ© des droits de l’enfant de l’ONU, organe de surveillance de l’application de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant, examine chaque rapport remis par les États qui ont ratifiĂ© cette Convention. Il fait part de ses prĂ©occupations et de ses recommandations Ă  l’État sous forme d’Observations finales (ou ‘recommandations’)Note bas de page. Ces derniĂšres sont un cadre pour l’action publique Ă  mener par l’État partie afin de rĂ©aliser pleinement les droits de tous les enfants.En 2010, le ComitĂ© recommandait entre autres que «(
) les recommandations que le ComitĂ© a adoptĂ©es (
) soient largement diffusĂ©es dans toutes les langues officielles de l’État partie auprĂšs du public en gĂ©nĂ©ral, des organisations de la sociĂ©tĂ© civile, des groupements de jeunesse, des mĂ©dias et autres groupes professionnels et des enfants en vue de susciter un dĂ©bat et de faire connaĂźtre la Convention, ses protocoles facultatifs, sa mise en Ɠuvre et son suivi.» (Recommandation n°86)

Outiller les adultes

Ces trois exercices pratiques d’adaptation ont dĂ©montrĂ© toute la difficultĂ© de l’exercice. Conscient de la chose, l’OEJAJ a souhaitĂ© dĂ©velopper des outils pour aider les adultes Ă  rendre accessibles, tant sur la forme que sur le fond, des informations qui concernent les enfants.

Une synthĂšse bibliographique portant sur l’état des connaissances relatives Ă  la production de documents dans un langage accessible aux enfants a ainsi Ă©tĂ© confiĂ©e en 2009 Ă  l’UniversitĂ© de LiĂšge. Celle-ci visait Ă  identifier les diffĂ©rents facteurs de rĂ©ussite de la communication Ă  destination des enfants de 6 Ă  12 ans (en ce compris les Ă©lĂ©ments non strictement linguistiques), quel que soit le type de support (Ă©crit, visuel, etc.). Le projet de recherche prĂ©voyait Ă©galement que cette synthĂšse dĂ©bouche sur la rĂ©daction d’un vade-mecum pratique Ă  destination des personnes soucieuses de rendre leur production (rapport, document, messages, etc.) accessible aux enfants.

Cet outilNote bas de page se prĂ©sente sous la forme d’un guide pratique divisĂ© en deux parties:

  • la premiĂšre partie reprend une sĂ©rie de recommandations en trois temps, relatives Ă  la maniĂšre de procĂ©der dans les projets d’adaptation: le temps du projet, le temps de la rĂ©daction et enfin, le temps de sa mise Ă  l’essai. Des outils spĂ©cifiques (une grille d’analyse et un guide de conversation mĂ©tacognitive) sont Ă©galement proposĂ©s en annexe du document;
  • la seconde partie consiste en un exposĂ© des critĂšres orientĂ©s vers une certaine simplification de texte au niveau de ses caractĂ©ristiques linguistiques (choix des mots, organisation des informations
). Des exemples concrets accompagnent les recommandations afin de les rendre les plus claires possible.

Pour des sites d’information ‘childfriendly’

Dans le prolongement direct du Vade-mecum, l’OEJAJ a commanditĂ© en 2013 une Ă©tude relative Ă  l’adaptation et l’élaboration de sites internet institutionnels Ă  destination des enfants. Ce projet s’inscrivait dans le cadre du plan d’action pour les droits de l’enfant 2011-2014.L’objectif de la recherche rĂ©alisĂ©e par le Centre d’étude de la Communication et le Groupe de Recherche en MĂ©diation des Savoirs de l’UCL Ă©tait de mettre en Ă©vidence les critĂšres propres Ă  la rĂ©daction de sites web d’information Ă  destination des enfants de 9 Ă  18 ans.

Pour ce faire, trois étapes méthodologiques ont été retenues:

  • l’analyse et la sĂ©lection de sites internet sur base des critĂšres du Vade-mecum ‘Adapter un Ă©crit pour le rendre accessible aux enfants’;
  • l’identification des facteurs ergonomiques liĂ©s Ă  l’usage des sites par des enfants et des jeunes. L’équipe de recherche a procĂ©dĂ©, d’une part, Ă  un Ă©tat de la littĂ©rature scientifique consacrĂ©e aux pratiques informationnelles des jeunes sur le web et d’autre part a Ă©laborĂ© et procĂ©dĂ© Ă  la passation d’un ‘test utilisateur’ Ă  partir de situations concrĂštes de recherche d’information;
  • la rĂ©daction d’un guide pratique Ă  destination des gestionnaires de sites internet institutionnels. Ce guide pratique prend en compte les contraintes budgĂ©taires liĂ©es Ă  l’adaptation d’un site existant en proposant une gradation dans l’adaptation des sites en fonction des moyens disponibles et en priorisant les dĂ©marches Ă  rencontrer pour rendre les sites accessibles aux enfants.

Ne pas vouloir ‘faire jeune’«Nous pouvons constater que sur internet actuellement, de nombreuses ressources se prĂ©sentant comme pensĂ©es pour les jeunes et composĂ©es avec grand soin peinent en rĂ©alitĂ© Ă  aider les jeunes publics Ă  s’approprier les contenus complexes qu’elles proposent. En effet, colorer son site internet, Ă©dulcorer ses propos, essayer d’entrer en relation avec les jeunes en voulant ‘faire jeune’ et parler leur langage, proposer de trĂšs courts textes pour Ă©viter d’ennuyer le jeune et apposer diffĂ©rentes zones cliquables qui rendraient plus ludique la navigation, multiplier les musiques et les vidĂ©os n’aident pas les enfants et les adolescents en recherche d’information. Les critĂšres citĂ©s par les jeunes se rapprochent en fait de critĂšres plĂ©biscitĂ©s par les adultes: le confort graphique de la consultation, le rapport Ă  l’information demandĂ©e, la quantitĂ© d’informations ou de textes disponibles, la disposition du texte, etc.»

(Extrait du rapport de recherche)Note bas de page

Publications disponibles en ligne Ă  l’adresse: www.oejaj.cfwb.be (Promouvoir le bien-ĂȘtre et les droits des enfants/Des publications conçues pour les enfants).

Ibidem.

Ibidem.

Le rapport de recherche ainsi que le vade-mecum sont disponibles Ă  l’adresse: www.oejaj.cfwb.be (Promouvoir le bien-ĂȘtre et les droits des enfants/ Des publications conçues pour les enfants).

Le niveau local est le niveau de pouvoir qui organise le plus directement le vivre ensemble des diffĂ©rentes catĂ©gories de population et qui peut rĂ©pondre le plus adĂ©quatement aux besoins de celles-ci. Sur base de ses recherches, lectures et rencontres, l’Observatoire de l’Enfance, de la Jeunesse et de l’Aide Ă  la Jeunesse a dĂ©gagĂ© huit facteurs favorables au dĂ©veloppement d’une politique transversale de l’enfance et de la jeunesse au niveau local.

ClĂ©s pour une politique d’enfance et de jeunesse au niveau local

Les missions, potentialités et spécificités du niveau local

La commune a un rĂŽle Ă  jouer vis-Ă -vis des enfants et des jeunes dans de multiples domaines: l’accueil des jeunes enfants, l’enseignement, l’extrascolaire, les activitĂ©s sportives et culturelles mais aussi l’amĂ©nagement du territoire (pensons aux plaines de jeux par exemple), la santĂ©, la mobilité  La commune a, dans tous ces domaines, Ă  la fois un grand pouvoir d’initiative et une obligation de mettre en Ɠuvre les dĂ©cisions prises dans ces matiĂšres aux autres niveaux de pouvoir (rĂ©gional, communautaire
).

La commune peut expĂ©rimenter, innover, dĂ©velopper des actions adaptĂ©es aux rĂ©alitĂ©s locales en concertation avec les jeunes qui y vivent et ont des capacitĂ©s de propositions sur les dĂ©cisions qui les concernent. En effet, les politiques locales de l’enfance et la jeunesse ne doivent pas ĂȘtre envisagĂ©es comme de simples applications de politiques conçues Ă  des niveaux supĂ©rieurs.

Comme le rappelle Patricia Loncle (pour la France): «Les mesures locales concernant la jeunesse ont servi Ă  de nombreuses reprises d’espaces d’expĂ©rimentation Ă  certaines actions publiques qui sont ensuite Ă©largies Ă  l’ensemble du pays.»Note bas de page

Comme il est Ă©galement expliquĂ© dans un document d’Amnesty International Belgique Francophone: «Dans certains pays, des pouvoirs locaux ont d’ailleurs cherchĂ© Ă  ‘faire mieux’ que l’État central, en adoptant des mesures plus avancĂ©es en matiĂšre de droits humains. En ce qui concerne la mise en Ɠuvre des politiques mises au point par d’autres niveaux de pouvoir, les communes disposent souvent d’une marge d’autonomie.»Note bas de page

Pour dĂ©velopper ces politiques, la commune doit s’appuyer sur les ressources et compĂ©tences d’une sĂ©rie de partenaires, tant locaux que supra-locaux. Or, les possibilitĂ©s et leviers d’action dont ils disposent ne sont pas toujours bien connus des acteurs locaux.

Par ailleurs, la notion de droits de l’enfant n’est pas toujours bien cernĂ©e et l’amplitude que les politiques d’enfance et de jeunesse peuvent prendre au niveau communal est parfois sous-estimĂ©e.

L’OEJAJ a donc pensĂ© utile de se pencher sur la question et de mettre au point des outils d’information Ă  destination des acteurs locaux. Ceci d’autant plus qu’une rĂ©flexion se dĂ©veloppe dans diffĂ©rents pays et au plan international sur le rĂŽle de l’échelon local dans la conception et l’application de politiques d’enfance et de jeunesse.

Deux questions clĂ©, Ă  mettre en perspective avec la Convention internationale des Droits de l’Enfant, ont guidĂ© notre rĂ©flexion:

  • comment garantir la cohĂ©rence des politiques publiques nationales et locales relatives Ă  l’enfance?Note bas de page
  • comment s’assurer que la mise en Ɠuvre de ces politiques publiques prenne suffisamment en considĂ©ration l’enfant dans la globalitĂ© de ses besoins et de ses droits et dans son ou ses ’territoire(s)de vie’?Note bas de page

Les facteurs favorables au dĂ©veloppement d’une politique transversale de l’enfance et de la jeunesse au niveau local

Nous avons Ă©tudiĂ© diffĂ©rentes expĂ©riences belges et Ă©trangĂšres et avons analysĂ© une sĂ©rie de textes consacrĂ©s Ă  cette question. Sur base de cette analyse, nous avons dĂ©gagĂ© huit facteurs qui apparaissent favorables au dĂ©veloppement d’une politique transversale de l’enfance et de la jeunesse au niveau local:

Un cadre lĂ©gal doit exister au niveau supra-communal afin de favoriser la mise en Ɠuvre de politiques d’enfance et de jeunesse adaptĂ©es aux rĂ©alitĂ©s locales et de rappeler les obligations et valeurs intĂ©grĂ©es dans les textes lĂ©gaux (comme la Convention internationale des droits de l’enfant ou la Constitution) dans le respect du principe d’autonomie communale.

Un Ă©tat des lieux de la situation, basĂ© sur des indicateurs de contexte est un outil nĂ©cessaire car il permet d’avoir une vue des forces et faiblesses de la commune et de dĂ©velopper des politiques sur base d’un diagnostic rigoureusement Ă©tabli. Ces considĂ©rations rejoignent celles du ‘cadre renouvelĂ© pour la coopĂ©ration europĂ©enne dans le cadre de la jeunesse (2010-2018)’, adoptĂ© en 2009. Les Observatoires de la santĂ© provinciaux sont Ă  ce titre des partenaires particuliĂšrement indiquĂ©s.

Les différents acteurs concernés (bourgmestre, échevins, fonctionnaires, travailleurs de terrain
) doivent partager un minimum de représentations et de valeurs communes sur la place à réserver aux enfants et aux jeunes dans la commune, sur leurs droits et sur la nécessaire transversalité de la politique à mener.

La mise en place d’un plan d’actions local permet de se donner des objectifs communs et de dĂ©terminer les moyens Ă  mettre en Ɠuvre pour les atteindre. Il permet aussi une Ă©valuation continue des actions mises en place.

La mobilisation des acteurs institutionnels et associatifs permet de prendre en compte les diffĂ©rents aspects de la politique Ă  mettre en Ɠuvre et de tenir compte des rĂ©alitĂ©s de terrain. Elle assure Ă©galement le recours Ă  l’ensemble des ressources existantes.

Des personnes responsables de la mise en Ɠuvre du plan transversal sont indispensables afin que les objectifs communs ne soient pas oubliĂ©s dans le travail opĂ©rationnel quotidien de chaque secteur. Ces personnes doivent jouir d’une certaine indĂ©pendance d’action et d’un statut professionnel leur assurant une reconnaissance de la part de leurs interlocuteurs.

Ces professionnels de la transversalitĂ© doivent pouvoir participer Ă  des rĂ©seaux (intercommunaux) afin d’enrichir leurs pratiques et de les nourrir d’expĂ©riences venues d’autres territoires, de sortir de l’isolement, voire de pouvoir dĂ©velopper des projets en collaboration avec d’autres communes.

La participation des enfants et des jeunes Ă  la dĂ©finition et la mise en Ɠuvre des politiques les concernant est un Ă©lĂ©ment incontournable d’une politique de l’enfance et de la jeunesse soucieuse de mettre en Ɠuvre les droits des enfants et des jeunes. L’organisation de cette participation, si on la veut rĂ©elle, ne s’improvise pas et doit reposer sur une mĂ©thodologie prĂ©cise. Des outils et organismes existent pour aider les communes Ă  mettre en Ɠuvre cette participation.

Un working paperNote bas de page de l’OEJAJ est consacrĂ© Ă  cette question.

Il est divisĂ© en deux grandes parties.La premiĂšre partie s’attache Ă  dĂ©crire la situation en FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles. On y dĂ©couvrira les compĂ©tences du niveau communal en matiĂšre de politiques d’enfance et de jeunesse et leur articulation avec les autres niveaux de pouvoir (intra- et intercommunal, provincial, rĂ©gional, communautaire). Des exemples concrets de politiques transversales et d’initiatives locales sont Ă©galement exposĂ©s.

La deuxiĂšme partie de cette publication prĂ©sente diffĂ©rentes expĂ©riences Ă©trangĂšres et initiatives d’organismes internationaux susceptibles de nourrir et d’inspirer une politique communale d’enfance et de jeunesse.

Enfin, les conclusions dĂ©gagent les facteurs favorables au dĂ©veloppement d’une politique transversale de l’enfance et de la jeunesse au niveau local et reviennent sur la question de l’articulation des politiques.

Une brochure a Ă©galement Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e Ă  destination des acteurs locauxNote bas de page. Elle a Ă©tĂ© conçue comme un outil de rĂ©fĂ©rence pratique pour les mandataires et responsables communaux ainsi que pour toute personne dĂ©sireuse de participer au dĂ©veloppement d’une politique d’enfance et de jeunesse volontariste au niveau local.

LONCLE, P. (2007), Évolution des politiques locales de jeunesse, Presses de Sciences-Po/Agora dĂ©bats/jeunesse, 2007/1 N°43, pp.12-28

AMNESTY INTERNATIONAL (2010), Les droits humains au cƓur de la citĂ©. Guide de bonnes pratiques d’ici et d’ailleurs pour les responsables des collectivitĂ©s locales et les associations citoyennes, AIBF (www.lesdroitshumainsaucoeurdelacitĂ©.org).

DIEU, A.-M., ROSSION, D., OEJAJ, Les politiques communales en matiĂšre d’enfance et de jeunesse – ExpĂ©riences et perspectives, En’jeux, n°2, septembre 2013, Bruxelles. Cette publication est disponible en ligne.

Cette brochure est disponible en ligne.

L’EnquĂȘte de santĂ© par interview 2013, troisiĂšme Ă©pisode

Introduction

Pour mieux dĂ©cider des orientations Ă  donner Ă  leurs politiques, les ministres responsables de la santĂ© publique en Belgique aux niveaux fĂ©dĂ©ral, rĂ©gional et communautaire ont commanditĂ© en 2013 l’organisation d’une cinquiĂšme enquĂȘte de santĂ©. Par souci de cohĂ©rence et d’économie d’échelle, ils ont dĂ©cidĂ© de rĂ©aliser en commun cette enquĂȘte et ont pour ce faire mandatĂ© une seule et mĂȘme institution. L’organisation de cette enquĂȘte de santĂ© publique a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă  l’Institut Scientifique de SantĂ© Publique (WIV-ISP).

AprĂšs un rapide survol des principaux rĂ©sultats dans notre numĂ©ro 313Note bas de page, voici un rĂ©sumĂ© de la partie concernant l’utilisation des services de soins de santĂ© et des services sociaux.

Contacts avec le médecin généraliste

Le mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste est le prestataire de soins auquel s’adresse le plus souvent la majoritĂ© de la population: 4 personnes sur 5 consultent un gĂ©nĂ©raliste au moins une fois par an.

Le mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste a un rĂŽle dĂ©terminant auprĂšs des seniors: 95% des personnes de 75 ans et plus prennent contact au moins une fois par an avec le gĂ©nĂ©raliste et le nombre moyen de prises de contact s’élĂšve chez elles Ă  8 par an. 84% de ces contacts concernent le suivi d’un problĂšme de santĂ© connu. Dans le cadre du vieillissement de la population, l’importance de la mĂ©decine gĂ©nĂ©rale dans les soins de santĂ© devrait donc encore s’accroĂźtre dans le futur.

Les personnes ayant un faible niveau d’éducation consultent plus souvent le mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste, et ce, parce qu’elles ont plus souvent des problĂšmes de santĂ©. Si l’on tient compte de l’état de santĂ© dans les analyses, les diffĂ©rences socio-Ă©conomiques dans le nombre de consultations disparaissent.

Les Bruxellois font nettement moins souvent appel au mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste que les habitants de Flandre et de Wallonie, et cela mĂȘme dans le cas oĂč les rĂ©sultats de Bruxelles sont comparĂ©s Ă  ceux des villes de chacune de ces deux RĂ©gions. Il faudrait donc encourager les initiatives visant Ă  promouvoir la mĂ©decine gĂ©nĂ©rale dans la RĂ©gion bruxelloise, avec une attention particuliĂšre aux personnes d’origine Ă©trangĂšre.

Les personnes peu instruites, ainsi que les jeunes dans leur ensemble, ont plus souvent recours à un médecin généraliste travaillant dans une maison médicale pluridisciplinaire.

L’organisation de la pratique en mĂ©decine gĂ©nĂ©rale (pratique privĂ©e versus pratique de groupe) prĂ©sente des diffĂ©rences rĂ©gionales importantes en Belgique.

Consultations chez le spécialiste

Le nombre de consultations chez le mĂ©decin spĂ©cialiste est sous-estimĂ© dans l’enquĂȘte de santĂ©, mais celle-ci fournit nĂ©anmoins des informations importantes; elle permet notamment d’étudier les dĂ©terminants de la consommation de soins (spĂ©cialisĂ©s) et constitue par ailleurs une base Ă  partir de laquelle il est possible, du fait de questions similaires, de procĂ©der Ă  des comparaisons avec les autres pays europĂ©ens.

75% des consultations chez le mĂ©decin spĂ©cialiste correspondent en fait Ă  des visites de suivi d’un problĂšme de santĂ© chronique.

Consulter un mĂ©decin spĂ©cialiste semble ĂȘtre un pas plus difficile Ă  franchir pour les personnes avec un faible niveau d’éducation; en revanche, on n’observe pas de diffĂ©rences socio-Ă©conomiques dans le nombre de contacts avec le spĂ©cialiste. Le fait que les personnes peu instruites soient moins nombreuses Ă  recourir Ă  un mĂ©decin spĂ©cialiste peut ĂȘtre dĂ» Ă  une barriĂšre financiĂšre, mais des facteurs de type cognitif pourraient Ă©galement ĂȘtre en jeu.Les variations socio-Ă©conomiques dans l’utilisation des soins prodiguĂ©s par un mĂ©decin spĂ©cialiste diffĂšrent en fonction du type de spĂ©cialiste. Le gynĂ©cologue et le pĂ©diatre sont les spĂ©cialistes qui sont plus souvent consultĂ©s par les personnes avec un niveau d’éducation Ă©levĂ©.

Lorsque la consultation n’a pas Ă©tĂ© planifiĂ©e par le mĂ©decin spĂ©cialiste, c’est le patient lui-mĂȘme qui en a pris l’initiative dans 63% des cas. Dans 24% des cas c’est le mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste qui a rĂ©fĂ©rĂ© le patient vers le spĂ©cialiste. Les personnes avec un niveau d’éducation Ă©levĂ© consultent plus volontiers un mĂ©decin spĂ©cialiste directement. Ce sont surtout le gynĂ©cologue, le pĂ©diatre et le dermatologue qui travaillent comme mĂ©decins de premiĂšre ligne: plus de 75% des consultations (non planifiĂ©es au prĂ©alable) chez ces mĂ©decins font suite Ă  une initiative du patient lui-mĂȘme.

En RĂ©gion bruxelloise, le pourcentage de personnes qui ont consultĂ© un mĂ©decin spĂ©cialiste au cours des 12 derniers mois est plus Ă©levĂ© que dans le reste du pays; il en est de mĂȘme en ce qui concerne le nombre moyen de consultations chez le mĂ©decin spĂ©cialiste par personne et par an. Il faut mentionner toutefois que ce sont surtout les personnes avec un niveau d’éducation Ă©levĂ© qui s’adressent Ă  un mĂ©decin spĂ©cialiste.

L’accĂšs aux soins prodiguĂ©s par le mĂ©decin spĂ©cialiste pour les personnes qui en ont besoin, quel que soit le niveau socio-Ă©conomique, doit donc rester un point d’attention au cours des prochaines annĂ©es de la part des dĂ©cideurs en matiĂšre de santĂ© publique.

Contacts avec le service des urgences

En 2013, 13% de la population a visitĂ© un service des urgences au cours de l’annĂ©e qui a prĂ©cĂ©dĂ© l’interview.

Moins que 2% de la population dĂ©clare avoir eu un contact avec un service des urgences au cours de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dant l’interview mais ne pas avoir eu de contacts avec un gĂ©nĂ©raliste au cours de cette mĂȘme pĂ©riode.

Dans 76% des cas, le contact avec le service des urgences ne fait pas suite Ă  une rĂ©fĂ©rence par un mĂ©decin et 57% des visites auprĂšs d’un service des urgences se sont dĂ©roulĂ©es pendant les heures ouvrables (en cours de semaine, pendant la journĂ©e).

Certains groupes de la population ont plus souvent recours Ă  un service des urgences: les hommes, les groupes qui ont un niveau d’instruction peu Ă©levĂ© et les citadins, en particulier les Bruxellois.

Consultations chez un dentiste

Le pourcentage de personnes qui visitent annuellement un dentiste a augmentĂ© fortement au cours de la dĂ©cennie Ă©coulĂ©e. Cette tendance est particuliĂšrement nette chez les jeunes entre 6 et 18 ans: en 2004, 63% d’entre eux se rendaient au moins une fois par an chez le dentiste; en 2013, ce taux est passĂ© Ă  80%.

Les jeunes Ă  Bruxelles consultent bien moins frĂ©quemment le dentiste. 29% des jeunes Bruxellois de 2 Ă  14 ans n’ont encore jamais consultĂ© un dentiste. Ce pourcentage est deux fois plus Ă©levĂ© par rapport au reste du pays. Il est donc important de sensibiliser les jeunes et leurs parents en RĂ©gion bruxelloise au sujet de la visite annuelle chez le dentiste.

Il existe une relation Ă©troite entre le fait de rendre rĂ©guliĂšrement visite Ă  un dentiste et une bonne hygiĂšne bucco-dentaire. Ainsi, 63% des personnes qui ont visitĂ© un dentiste au cours de l’annĂ©e qui a prĂ©cĂ©dĂ© l’enquĂȘte, se brossent les dents au moins deux fois par jour; par contre, ce n’est le cas que chez 46% des personnes qui n’ont pas vu un dentiste au cours de la mĂȘme pĂ©riode.

Les diffĂ©rences socio-Ă©conomiques dans l’utilisation des services de soins dentaires restent trĂšs marquĂ©es. Les personnes les plus instruites se rendent presque deux fois plus souvent chez le dentiste que celles les moins instruites.

Chez les 75 ans et plus, 60% seulement ont encore leurs propres dents mais Ă  peine 34% rapportent avoir eu un contact avec un dentiste au cours de la derniĂšre annĂ©e. Étant donnĂ© la relation Ă©troite entre la santĂ© bucco-dentaire et la santĂ© en gĂ©nĂ©ral, ce point doit faire l’objet d’une attention particuliĂšre.

Une promotion de la santĂ© en faveur des classes sociales dĂ©favorisĂ©es et des personnes ĂągĂ©es, oĂč l’on insiste sur la visite annuelle chez un dentiste, reste donc plus que jamais une prioritĂ©.

Contacts avec les services paramédicaux

Le recours Ă  la kinĂ©sithĂ©rapie est plus frĂ©quent Ă  mesure que l’on avance en Ăąge, et chez les personnes de 75 ans et plus, les femmes sont aussi plus nombreuses (28%) que les hommes (14%) Ă  y recourir.

Davantage de femmes (4%) que d’hommes (2%) s’adressent Ă  un(e) diĂ©tĂ©ticien(ne).

Ce sont surtout les personnes d’ñge moyen (7% Ă  8% des 35-54 ans) qui consultent un(e) psychologue ou un(e) psychothĂ©rapeute.Il est plus frĂ©quent de consulter un(e) psychologue ou psychothĂ©rapeute dans les milieux les plus instruits (6%) et en RĂ©gion bruxelloise (7%).

Parmi les psychologues ou psychothĂ©rapeutes consultĂ©s, quatre sur cinq travaillent au sein d’un cabinet privĂ©, d’une clinique…

Les proportions de personnes qui consultent un(e) diĂ©tĂ©ticien(ne) et/ou un(e) psychologue ou psychothĂ©rapeute augmentent au cours du temps depuis la premiĂšre enquĂȘte de 1997.

Contacts avec prestataires de thérapies non conventionnelles

En 2013, 8% de la population a consulté un prestataire de thérapie non conventionnelle, ce qui représente une diminution par rapport à 2008 (11% ayant alors consulté).

Les groupes qui ont le plus souvent recours Ă  une thĂ©rapie non conventionnelle sont les femmes, les personnes d’ñge moyen et les personnes ayant un niveau d’éducation Ă©levĂ©.

Parmi les quatre thĂ©rapies non conventionnelles examinĂ©es dans l’enquĂȘte (homĂ©opathie, acupuncture, chiropraxie et ostĂ©opathie), ce sont les ostĂ©opathes qui ont Ă©tĂ© plus souvent sollicitĂ©s par la population (6%) au cours des 12 mois prĂ©cĂ©dant l’interview.

Services de soins et d’aide à domicile

8% de la population a fait appel Ă  des services de soins et d’aide Ă  domicile (en gĂ©nĂ©ral).

Plus spĂ©cifiquement, 4% a eu recours Ă  un service de soins prestĂ©s Ă  domicile par un(e) infirmier(iĂšre) ou une sage-femme, 4% Ă  un service d’aide familiale ou aide senior, et Ă  peu prĂšs 1% Ă  un service de repas chauds Ă  domicile.

Les femmes sont plus nombreuses Ă  avoir sollicitĂ© des services de soins et d’aide Ă  domicile, plus spĂ©cifiquement des soins prestĂ©s par un(e) infirmier(iĂšre) ou une sage-femme et une aide familiale ou aide senior Ă  domicile. Dans le groupe d’ñge des 25-34 ans, ils peuvent ĂȘtre associĂ©s Ă  des services ayant lieu dans le cadre d’un accouchement.

Les personnes ĂągĂ©es de 75 ans et plus ont davantage eu recours Ă  ces services Ă  domicile.Les personnes avec un faible niveau d’éducation ont plus souvent utilisĂ© les services de soins et d’aide Ă  domicile, notamment les services prestĂ©s par un(e) infirmier(iĂšre) ou une sage-femme.

PrĂšs des deux tiers des personnes de 75 ans et plus et deux tiers des personnes Ă  faible niveau d’éducation qui ont utilisĂ© un service de soins infirmiers Ă  domicile, l’ont fait sur une longue pĂ©riode de temps (26 Ă  52 semaines).

Le recours Ă  des services de soins et d’aide Ă  domicile en gĂ©nĂ©ral est plus Ă©levĂ© en RĂ©gion bruxelloise, tandis que l’utilisation d’un service de soins Ă  domicile prestĂ© par un(e) infirmier(iĂšre) ou une sage-femme est plus courante en RĂ©gion flamande.

Hospitalisation

En 2013, 10% de la population a Ă©tĂ© admise pour une hospitalisation classique au cours de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dant l’enquĂȘte, tandis que 7% a Ă©tĂ© admise pour une hospitalisation de jour.

La durĂ©e moyenne d’une hospitalisation classique est de 7 nuits.

Parmi les hospitalisations classiques, on compte 12% d’admissions dans un service psychiatrique ou un hîpital psychiatrique.

La décision de traiter un patient dans un environnement ambulatoire ou hospitalier est influencée non seulement par des facteurs médicaux, mais aussi par des facteurs sociodémographiques et administratifs:

  • les hospitalisations classiques augmentent avec l’ñge, tandis que les hospitalisations de jour augmentent avec l’ñge jusqu’à 74 ans pour diminuer ensuite parmi les 75 ans et plus.
  • les hospitalisations classiques sont plus frĂ©quentes parmi les femmes (sans doute Ă  cause des admissions pour un accouchement) et les personnes ayant un niveau d’instruction peu Ă©levĂ©.
  • les hospitalisations de jour sont plus frĂ©quentes parmi les habitants de la RĂ©gion flamande.

Consommation de médicaments

Il y a eu entre 1997 et 2013 une augmentation importante du pourcentage de personnes qui ont pris des mĂ©dicaments sous prescription; inversement, il y a eu au cours de la mĂȘme pĂ©riode une diminution marquĂ©e du pourcentage de personnes qui prennent des mĂ©dicaments ne nĂ©cessitant pas de prescription.

La poly pharmacie et la poly pharmacie excessive restent des problĂšmes sĂ©rieux, essentiellement chez les personnes ĂągĂ©es; ainsi, plus de 30% des personnes de 75 ans et plus prennent au moins 5 mĂ©dicaments diffĂ©rents au cours d’une mĂȘme journĂ©e et 6% au moins 9 mĂ©dicaments.Les mĂ©dicaments alternatifs et les supplĂ©ments alimentaires reprĂ©sentent 9% des mĂ©dicaments qui sont consommĂ©es tous les jours. La prise de mĂ©dicaments alternatifs et de supplĂ©ments alimentaires est donc relativement marginale par rapport Ă  la consommation de mĂ©dicaments conventionnels.Les produits actifs dans le domaine cardiovasculaire reprĂ©sentent le groupe le plus important avec 39% du total des mĂ©dicaments remboursĂ©s et consommĂ© lors d’une journĂ©e habituelle. Les mĂ©dicaments non remboursĂ©s se trouvent essentiellement parmi les analgĂ©siques, les somnifĂšres et les calmants. La consommation de ces derniers a baissĂ© par rapport Ă  2008 mais cette baisse n’est observĂ©e qu’en RĂ©gion bruxelloise et en RĂ©gion wallonne.

La pharmacie reste le principal endroit pour acheter des médicaments. La consommation de médicaments achetés via Internet reste un phénomÚne marginal: moins de 1% de la population en Belgique déclare avoir consommé au cours des 2 derniÚres semaines un médicament acheté en ligne.

La consommation de mĂ©dicaments prescrits augmente Ă  mesure que le niveau d’éducation diminue; cette tendance se vĂ©rifie aussi bien pour les produits qui sont remboursĂ©s que pour ceux qui ne le sont pas. Inversement, la consommation de produits sans prescription (qui bien entendu ne sont jamais remboursĂ©s) est la plus importante au sein des groupes avec le niveau d’éducation le plus Ă©levĂ©.

Accessibilité financiÚre des soins de santé

En moyenne, un mĂ©nage consacre 5% de son budget aux dĂ©penses en soins de santĂ©.Un quart des mĂ©nages indiquent que les dĂ©penses en soins de santĂ© sont (trĂšs) difficiles Ă  intĂ©grer dans leur budget.8% des mĂ©nages indiquent qu’au cours des 12 derniers mois ils ont dĂ» reporter des soins de santĂ© nĂ©cessaires en raison de problĂšmes financiers.

L’expĂ©rience du patient

À peine 1% des patients indique que le dĂ©lai d’attente pour obtenir un rendez-vous chez le mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste leur a posĂ© problĂšme; dans le cas d’un rendez-vous chez le spĂ©cialiste, cette proportion s’élĂšve Ă  10%. Plus de 90% des patients affirment n’avoir aucun problĂšme avec le temps qu’ils passent dans la salle d’attente du mĂ©decin.

La situation est toutefois moins favorable Ă  Bruxelles, en particulier pour ce qui concerne les soins ambulatoires spĂ©cialisĂ©s: 1 patient sur 5 indique que le dĂ©lai d’attente pour obtenir un rendez-vous chez un spĂ©cialiste leur a posĂ© problĂšme et le mĂȘme nombre de patients indique que le temps passĂ© dans la salle d’attente du spĂ©cialiste Ă©tait un problĂšme pour eux.

Au moins 95% des patients rapportent que

  1. le médecin leur a consacré suffisamment de temps pendant la consultation;
  2. les explications fournies par le médecin étaient suffisamment claires;
  3. le mĂ©decin leur a laissĂ© l’occasion de poser des questions ou d’exprimer des prĂ©occupations concernant le traitement recommandĂ©;
  4. le mĂ©decin les a suffisamment impliquĂ©s dans les dĂ©cisions portant sur les soins ou le traitement Ă  recevoir. La Belgique obtient d’excellents rĂ©sultats Ă  ces Ă©gards par rapport aux autres pays de l’OCDE.

Le pourcentage de personnes qui ont rĂ©pondu positivement Ă  ces quatre questions ne varie pas en fonction du niveau d’éducation lorsqu’il s’agit des consultations chez un mĂ©decin gĂ©nĂ©raliste. En revanche, par rapport aux personnes plus instruites, celles qui sont faiblement scolarisĂ©es dĂ©clarent moins souvent que le spĂ©cialiste leur a fourni des explications claires, que le spĂ©cialiste leur a donnĂ© l’occasion de poser des questions ou d’exprimer leurs prĂ©occupations et que le spĂ©cialiste les a impliquĂ©s dans les dĂ©cisions sur les soins et le traitement.

Seulement 1% de la population indique avoir eu Ă  reporter des soins en raison de problĂšmes de distance ou de transport, mais prĂšs de 4% de la population indique avoir reportĂ© des soins Ă  cause des dĂ©lais d’attente pour obtenir un rendez-vous. La RĂ©gion bruxelloise enregistre 9% de patients dans ce cas.

Référence

Drieskens S., Gisle L. (ed.) EnquĂȘte de santĂ© 2013. Rapport 3: utilisation des services de soins de santĂ© et des services sociaux. RĂ©sumĂ© des principaux rĂ©sultats.

Nous avons publié les résultats principaux des 5 rapports sur notre page Facebook (https://www.facebook.com/revueeducationsante)

Le rapport complet avec l’analyse des rĂ©sultats, de mĂȘme que le rapport succinct, peuvent ĂȘtre consultĂ©s sur le site web de l’EnquĂȘte de santĂ© Ă  l’adresse http://his.wiv-isp.be/fr.

HISIA, le site web interactif

Les chercheurs et le public peuvent effectuer eux-mĂȘmes certaines analyses via le site web interactif de l’EnquĂȘte de santĂ©, Ă  l’adresse http://hisia.wiv-isp.be. Les procĂ©dures Ă  suivre pour rĂ©aliser des analyses sont expliquĂ©es sur le site.

Voir De Bock C., L’enquĂȘte de santĂ© par interview, Éducation SantĂ© n° 313, juillet-aoĂ»t 2015.

Le mercredi 14 octobre 2015 Ă©tait prĂ©sentĂ© le Plan d’action e-SantĂ© par les autoritĂ©s publiques compĂ©tentes. À cette occasion, Maggie De Block, Ministre de la SantĂ©, a rappelĂ© que le processus de l’eSantĂ© ne peut se dĂ©velopper sans l’engagement des patients.

Pour un consentement VRAIMENT éclairé des patients!

La Ligue des Usagers des Services de santĂ©, membre actif du ComitĂ© de Concertation des Utilisateurs de la Plateforme eHealth, rĂ©affirme son soutien et encourage la mise en place d’outils qui aideront le patient dans la prise en charge de sa santĂ©. Elle tient aussi Ă  attirer l’attention des autoritĂ©s sur un Ă©lĂ©ment clĂ© pour la concrĂ©tisation de ce Plan, le consentement Ă©clairĂ© du patient. Il constitue le sĂ©same ouvrant diffĂ©rents types d’échanges de donnĂ©es (hub-metahub, dossier pharmaceutique partagĂ© et d’autres Ă  venir).

Le consentement Ă©clairĂ© du patient est l’élĂ©ment fondateur permettant l’entrĂ©e du patient dans le systĂšme. Ce geste proactif du patient doit se faire en pleine connaissance de cause, car il est un signe de la confiance du patient dans le systĂšme.

Actuellement, les patients sont trop rarement correctement informĂ©s sur la portĂ©e de leur consentement. Diverses actions de la LUSS (concertations menĂ©es avec les associations de patients, sĂ©ance d’information, etc.) nous amĂšnent Ă  constater que lorsque le patient donne son consentement Ă  l’hĂŽpital ou chez le mĂ©decin, il pense donner ce consentement uniquement pour l’échange de donnĂ©es entre mĂ©decins et hĂŽpitaux. Il n’a, en gĂ©nĂ©ral, pas conscience qu’il a aussi donnĂ© son consentement au pharmacien pour ouvrir un dossier pharmaceutique partagĂ©, ainsi que pour les Ă©changes entre les autres prestataires de soins (dentiste, infirmier, kinĂ©, 
) qui rejoindront bientĂŽt la liste des professionnels de la santĂ© pouvant Ă©changer les donnĂ©es de santĂ© de leurs patients. La LUSS demande fermement, comme annoncĂ© par les autoritĂ©s, que le patient se voie confirmer son consentement par un courrier officiel.

La LUSS rappelle que le patient est la premiĂšre personne concernĂ©e par l’échange de donnĂ©es. Elle insiste fortement sur la nĂ©cessitĂ© d’une communication correcte, complĂšte et rĂ©aliste de la portĂ©e du consentement. Il est obligatoire que le patient sache oĂč et par qui ses donnĂ©es seront partagĂ©es. Il doit pouvoir consentir ou refuser en toute connaissance de cause. Sans cela, le systĂšme perd toute notion de confiance sur lequel il doit ĂȘtre basĂ©.

Pour faire du partage Ă©lectronique de donnĂ©es de santĂ© un outil performant, il est dĂ©sormais plus que temps que tous les acteurs concernĂ©s, notamment les professionnels de santĂ©, se saisissent de l’opportunitĂ© d’amĂ©liorer la prise en charge et le suivi des patients.

La LUSS appelle les autoritĂ©s Ă  faire vraiment du patient l’acteur concernĂ© qu’il doit pouvoir ĂȘtre et Ă  faire du Plan eSantĂ© un systĂšme qui Ă©volue de maniĂšre durable en veillant Ă  combiner le respect du patient avec le souci d’efficacitĂ©. Il en va de la sĂ©curitĂ© du patient et du respect de son rĂŽle dans le processus!

Elle a Ă©ditĂ© Ă  l’intention du grand public le dĂ©pliant ‘Votre santĂ© au centre de nos prĂ©occupations – Guide du consentement Ă©clairĂ© pour le partage Ă©lectronique des donnĂ©es de santé’.

Le document existe en deux versions, renvoyant au Réseau Santé wallon (www.reseausantewallon.be) et au Réseau Santé bruxellois (www.reseausantebruxellois.be). Disponible à la LUSS, av. Sergent Vrithoff 123, 5000 Namur. Tél.: 081 74 44 28. Internet: www.luss.be. Courriel: luss@luss.be.

7 Jours Santé, préserver la santé des indépendants

7 Jours santĂ©, un programme de promotion de la santĂ© pilotĂ© par l’asbl Question SantĂ© sur la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale, a dĂ©marrĂ© rĂ©cemment une nouvelle phase de son dĂ©veloppementNote bas de page.

Fatigue, stress, douleurs musculaires
 Un indĂ©pendant sur deux considĂšre que son travail a un impact nĂ©gatif sur sa santĂ©. «Je n’ai pas le temps d’ĂȘtre malade», «Je ne vois mon mĂ©decin que lorsque ma banque l’exige pour une demande de crĂ©dit», voici le genre de phrases qu’on entend dans la bouche des indĂ©pendants et chefs de petites entreprises bruxelloises. Pourtant, la santĂ© et le bien-ĂȘtre sont un ‘actif immatĂ©riel’ tout Ă  fait essentiel au dĂ©veloppement de leur activitĂ© professionnelle.

La santé reléguée au second plan

Moteurs de l’économie, les PME et TPE (trĂšs petites entreprises) contribuent largement Ă  la prospĂ©ritĂ© bruxelloise. Mais, alors que 86% des entrepreneurs reconnaissent le lien entre santĂ© et vie professionnelle, seulement la moitiĂ© d’entre eux en tient compte au quotidien.

Les leçons du terrain

7 Jours santĂ© s’est appuyĂ© sur une Ă©tude menĂ©e par l’École de SantĂ© publique de l’ULB pour moderniser et prĂ©ciser son programme. Conduite dans plusieurs quartiers commerçants de la capitale, cette recherche a livrĂ© des rĂ©sultats interpellants: par exemple, 37% des petits patrons travaillent plus de 60 heures par semaine et 20% dorment moins de six heures par nuit.

Les actions de 7 Jours Santé

Pour mettre ou remettre la santĂ© parmi les prĂ©occupations des chefs d’entreprise, le programme travaille sur trois axes:

  • la prise en charge prĂ©coce;
  • une communication multi-supports (matĂ©riel imprimĂ©, nouveau site internet www.7jsante.be, campagne de sensibilisation Ă  la radioNote bas de page);
  • des ateliers pratiques gratuits et animĂ©s par des professionnels reconnus sur des thĂšmes tels que la gestion du stress, la gestion du temps, l’alimentation saine, etc.

Des partenaires

Question SantĂ© peut s’appuyer sur un rĂ©seau dĂ©veloppĂ© depuis le dĂ©but du programme, voici 3 ans, avec des partenaires solides comme la Cocof, qui soutient 7 Jours santĂ© Ă  hauteur de 65.000 euros. L’asbl travaille aussi avec la Chambre de Commerce & Union des Entreprises de Bruxelles (BECI, www.beci.be) ainsi que le Centre pour Entreprises en difficultĂ© (www.ced-com.be).

Un environnement favorable à la réussite du programme?

Il est bien connu que les aspects purement sanitaires n’expliquent que partiellement la bonne ou mauvaise santĂ© d’un individu ou d’un groupe d’individus. Une rĂ©cente dĂ©cision fĂ©dĂ©rale dans le cadre du ‘virage fiscal’ pourrait donner un joli coup de pouce Ă  7 Jours santĂ©. Il s’agit de l’exemption de cotisations patronales pour un indĂ©pendant qui engage son premier collaborateur. La diminution des cotisations d’indĂ©pendant de 22,5 Ă  20% pourrait ĂȘtre Ă©galement profitable Ă  la santĂ© (pas seulement financiĂšre!) des entrepreneurs.

Laissons le mot de la fin Ă  Bernadette Taeymans, directrice de Question SantĂ©: «Quand les entrepreneurs intĂ©greront la dimension du bien-ĂȘtre dans leurs ‘business plans’, nous pourrons dire que nous avons rĂ©ussi!»Programme 7 Jours santĂ©, gĂ©rĂ© par l’asbl Question SantĂ©. ChargĂ© de projets : SĂ©bastien BrĂ©gy. Contact: info@7jsante.be. Internet: www.7jsante.be

Les 10 questions bien-ĂȘtre Ă  se poser

  1. Quelles sont mes limites physiques et mentales?
  2. Mon travail a-t-il du sens?
  3. Comment est-ce que je perçois mon Ă©tat de santĂ© global et suis-je Ă  l’écoute d’éventuels signaux d’alerte?
  4. Suis-je (réguliÚrement) stressé et comment puis-je agir contre cela?
  5. Suis-je ‘technostressé’?
  6. Mon emploi du temps et mes priorités sont-ils adéquats?
  7. Quel équilibre ai-je trouvé entre ma vie professionnelle et privée?Mes besoins en sommeil sont-ils satisfaits?
  8. Mon activitĂ© physique est-elle en adĂ©quation avec mon bien-ĂȘtre?
  9. Suis-je suivi périodiquement par un médecin?

Extrait de la brochure de 40 pages ‘Les entrepreneur-e-s, des super-hĂ©ros?

Un spot radio de sensibilisation sera diffusĂ© sur les ondes bruxelloises en janvier 2016 (sous rĂ©serve de l’obtention d’espaces publicitaires gratuits.