Octobre 2006 Initiatives

La Plate-Forme Prévention Sida est une asbl créée depuis 2000. Sa mission est de soutenir la concertation des acteurs de la prévention du sida dans le cadre de la mise sur pied de programmes de prévention à l’intention du public général et d’assurer la réalisation concrète de ces programmes. Financée par le Ministère de la Santé de la Communauté française, la Plate-Forme Prévention Sida a pour mission:
• le soutien de la concertation des acteurs de la prévention du sida autour des axes à développer dans les campagnes de prévention;
• la mise en oeuvre de la réalisation de ces campagnes.
Chaque année, cela se traduit par deux temps forts:
• une campagne été, ciblée sur les jeunes. Les objectifs de cette campagne sont de sensibiliser les jeunes aux modes de transmission du sida et des MST, de promouvoir et de banaliser l’usage du préservatif, et de valoriser l’attitude de protection lors des relations sexuelles;
• la Journée mondiale de lutte contre le sida: cette journée a pour but de sensibiliser tout un chacun à la problématique de la séropositivité, du sida. Une journée pour montrer notre solidarité envers les personnes séropositives. Diverses activités sont organisées chaque année, comme par exemple, une marche dans les rues de Bruxelles, un événement de sensibilisation autour de la question du sida, le lancement d’une campagne de solidarité envers les personnes séropositives et les malades du sida.

La chance, un thème positif pour parler du sida

Trop souvent encore, les jeunes ne se sentent pas concernés par le sida. Ils n’utilisent pas souvent le préservatif lors de relations sexuelles à risques, en misant sur la «chance» de ne pas être contaminés par une maladie sexuellement transmissible (MST).
Afin de lutter contre ce phénomène, la Plate-Forme Prévention Sida lance une campagne basée sur ce concept de chance. Au moyen de divers symboles représentant la chance, cette campagne veut attirer l’attention des jeunes sur le fait que seul le préservatif est efficace pour se protéger contre les maladies sexuellement transmissibles (MST). Rien ne sert de collectionner trèfle à quatre feuilles, fer à cheval ou patte de lapin, ils sont inutiles pour se protéger du sida.
Cette campagne prend chaque année son envol au début des vacances scolaires. En effet, la Plate-Forme pense que les vacances d’été sont davantage propices aux rencontres plus libérées qu’en période scolaire et dès lors ouvrent la possibilité d’une augmentation de rapports sexuels non protégés.

Public cible

La campagne s’adresse de manière générale aux jeunes âgés de 15 à 25 ans. Cependant, trois sous-publics ont été définis: les jeunes hétérosexuels belges, les jeunes hétérosexuels d’origine étrangère et les jeunes homosexuels.
Pour chacun de ces sous-publics, sont plus particulièrement visés:
– les jeunes qui croient qu’il ne leur arrivera jamais rien et qui comptent donc sur la chance pour ne pas être infectés;
– les jeunes qui ne se sentent pas concernés par le sida et les MST;
– les jeunes qui se protègent afin de les conforter et les pousser à continuer de se préoccuper du sida et des MST.
La Plate-Forme a choisi les jeunes pour cible de ses campagnes d’été car il s’agit d’une catégorie de la population particulièrement vulnérable par rapport au sida et aux MST. En effet, des études montrent que les jeunes ont un niveau d’information insuffisant quant aux modes de transmission des MST, que l’âge moyen du premier rapport sexuel est de 14 ans et qu’en plus les jeunes changent fréquemment de partenaire.
Au niveau statistique on constate depuis 2003, une recrudescence des nouveaux cas d’infection par le VIH dans la tranche d’âge des 15-24 ans, garçons ou filles, avec une stabilisation à un haut niveau: 123 cas en 2003, 117 en 2004 et 121 en 2005.

Objectifs

Objectifs de santé

A long terme: réduire l’incidence du sida et des autres MST en prévenant leur transmission par voie sexuelle.
A court terme: contribuer à une augmentation du nombre de jeunes utilisant un préservatif pour se protéger.

Objectifs éducatifs

Améliorer les capacités de négociation et de dialogue des jeunes au sujet de la protection.
Encourager les jeunes à maintenir ou à développer un comportement responsable par rapport au sida et aux autres MST.
Améliorer les connaissances quant aux modes de transmission des MST.

Objectifs de communication

Sensibiliser les jeunes au fait que le sida les concerne toujours et qu’il ne faut pas compter sur la chance pour ne pas être contaminés.
Valoriser l’attitude de vigilance vis-à-vis du sida et des MST.
Rappeler l’importance de l’utilisation du préservatif.
Faire prendre conscience aux jeunes que nous sommes tous concernés par le sida.

Outils réalisés

La campagne été 2006 comporte les éléments suivants.
• Un spot TV présentant dans un premier temps la chance comme efficace pour se protéger du sida avant de casser cette idée absurde. Le spot emploie un ton humoristique et est réalisé à la fois en vidéo et en animation.
• Un spot radio reprenant la bande sonore du spot TV.
• Quatre affiches reprenant le concept et le slogan de la campagne: une affiche visant les jeunes hétérosexuels belges, une autre visant les jeunes hétérosexuels d’origine étrangère, une troisième visant les jeunes homosexuels et une dernière reprenant le visuel des autocollants.
• Une planche de trois autocollants présentant un trèfle à quatre feuilles dans un rond rouge barré.
• Image à transférer sur un t-shirt: réutilisation des visuels des autocollants.
• Cartes Boomerang inspirée des jeux à gratter de la Loterie nationale. Il s’agit du «MSTO» suivi de «Ouf, vous avez perdu».
• Un dépliant informatif reprenant les informations de base concernant la transmission et la protection par rapport au sida et aux MST.
• Réutilisation des pochettes «In Ze Pocket» et des «Permis de séduire» réalisés les années précédentes.

Diffusion

La campagne a été relayée via divers canaux.
• Diffusion des spots TV/radio visant à rappeler l’importance de l’utilisation du préservatif lors des relations sexuelles, que l’on soit hétérosexuel, homosexuel, belge ou d’origine étrangère, sur les chaînes de la Communauté française et certaines chaînes locales.
• Diffusion d’affiches dans le monde associatif, les écoles, les lieux de sorties, via les Centres locaux de promotion de la santé et les organismes de prévention du sida et des MST.
• Diffusion des quatre visuels dans la presse locale, régionale et thématique.
• Diffusion de cartes «Boomerang», d’autocollants et d’un dépliant informatif sur le sida et les MST.
• La Plate-Forme Prévention Sida a aussi profité des grands événements estivaux tels que concerts et festivals pour distribuer ses outils de prévention.

La méthodologie

Pour réaliser cette campagne, un groupe de jeunes représentant le public cible a été impliqué dans le processus de création des actions de prévention.
Ce choix est né de la question de base: «qui, mieux que les jeunes eux-mêmes, peut définir les besoins, attentes et questions des jeunes par rapport à la problématique du sida?»
Partant de ce principe, la Plate-Forme Prévention Sida s’est entourée d’une quinzaine de jeunes intéressés par le sujet et désireux de s’investir dans la conceptualisation d’un outil de prévention. Il s’agit donc de réunir régulièrement les jeunes afin qu’ils expriment ce qu’ils pensent être le plus pertinent et efficace lorsqu’on parle de prévention sida à un public jeune.

Concertation

La Plate-Forme Prévention Sida a pour mission de mettre en place un processus de concertation avec les acteurs particulièrement sensibles à la prévention sida. Les partenaires sont nombreux et variés: Ex Aequo, Siréas, Centre de planning familial Séverine, Centre de planning familial Aimer à l’ULB, Question santé, Modus Vivendi, Sid’action Liège, Univers Santé, CLPS de Bruxelles, CLPS de Huy, CLPS Luxembourg, Aide Info Sida, Service Education Santé Huy, Sida-IST Charleroi-Mons, Centre Ener’j Charleroi.
Ensemble, ils travaillent à la réflexion, la conception et la mise en place d’outils et de campagnes de prévention du sida et des maladies sexuellement transmissibles à l’attention du grand public. Ces associations se sont rassemblées en groupe de travail qui s’est réuni à chaque phase d’évolution du projet.

Dans un souci de représentativité du public cible, le recrutement s’est fait de sorte qu’un maximum de jeunes d’âges, d’origines, de cultures et de provenances différentes participent au groupe. Ainsi, ce sont donc 15 jeunes entre 15 et 21 ans, belges, africains, hispaniques, de la ville ou de la campagne qui se sont attelés à créer une nouvelle campagne pour cet été.
Cette méthodologie participative a déjà été utilisée les années précédentes et a porté ses fruits. En effet, les campagnes «Sans latex, t’es déjà mon ex» (2004) et «Sans latex, sous aucun prétexte» (2005) sont nées de la réflexion et des échanges menés avec les jeunes (1).
C’est donc ce groupe, en concertation avec le Siréas pour la représentation du public des jeunes étrangers et Ex Aequo représentant les homosexuels, qui a déterminé le contenu mais aussi la forme de ces campagnes. Cette démarche a permis de mieux cerner les attentes des jeunes et les questions qu’ils se posent en termes de prévention.
Lors de ces rencontres, les jeunes ont pointé du doigt une série de freins liés à l’utilisation du préservatif. Parmi ceux-ci, on retrouvait notamment le fait qu’utiliser un préservatif casse l’ambiance, diminue le plaisir ou peut faire planer des soupçons sur celui qui le propose. Ces divers freins ont été présentés dans la dernière pochette «In Ze Pocket» diffusée l’été passé. Pour donner suite à ce travail, le groupe a décidé de se focaliser sur un de ces freins afin de s’y attaquer en profondeur. «Le sida ne me concerne pas» est ressorti comme le frein partagé par le plus grand nombre.
Pourtant, la réalité des chiffres montre que le nombre de jeunes entre 15 et 25 ans contaminés par le VIH est en augmentation ces dernières années. Dans ce contexte, la prise de risque devient une question de «chance» et non pas une décision prise en connaissance de cause.
La campagne a donc pour objectif de rappeler que tout le monde est susceptible de rencontrer le VIH dans ses relations quel que soit son âge, ses origines ou son statut social. Le sida n’est donc pas une question de chance mais bien une réalité présente au quotidien. Il est donc impératif de se protéger en utilisant le préservatif.
D’après le dossier de presse de la Plate-forme
Plate-Forme Prévention Sida, Avenue Emile de Béco, 67, 1050 Bruxelles. Tél.: 02/ 733 72 99. Fax: 02/ 646 89 68 Courriel: preventionsida@skynet.be. Internet: http://www.preventionsida.org
(1) Pour une description plus détaillée de cette méthode, voir l’article de Cécile Duvivier, ‘Sans latex sous aucun prétexte. Une campagne conçue pour et par les jeunes’ , dans Education Santé n° 208, janvier 2006.