Janvier 2006 Initiatives

Mais on pourrait sauver des millions de vies supplémentaires avec de nouveaux vaccins et en renforçant les systèmes de santé

Au niveau mondial, la vaccination a beaucoup progressé au cours des 25 dernières années, mais en augmentant encore la couverture, on pourrait sauver des millions de vies supplémentaires dans les populations qui ne bénéficient pas encore de cette protection. C’est ce qu’a établi un groupe de partenaires de la vaccination lors du Congrès mondial de la vaccination à Lyon (France).
Cette conclusion ressort de l’analyse des dernières données mondiales sur la vaccination. L’Organisation mondiale de la santé et l’UNICEF ont fait, avec l’appui financier des Centers for Disease Control and Prevention (Etats-Unis) et en étroite collaboration avec les ministères de la santé, un contrôle mondial de la situation pour produire des estimations annuelles de la couverture vaccinale. La synthèse des principaux résultats est la suivante.
La couverture mondiale de la vaccination par trois doses du vaccin antidiphtérique-antitétanique-anticoquelucheux (DTC3) s’est maintenue à 78 % en 2004 (1).
La couverture par trois doses de DTC atteint ou dépasse 90 % dans 102 pays et plus de 80 pays se situent dans la fourchette 50–89 %. Dix pays seulement – en Afrique, en Asie et en Amérique centrale – ont encore une couverture inférieure à 50 % (2).
En 2004, 27 millions d’enfants n’ont pas été vaccinés par trois doses de DTC et sont, de ce fait, exposés au risque de contracter des maladies potentiellement mortelles (3).
Cinq pays, la Chine, l’Inde, l’Indonésie, le Nigéria et le Pakistan, comptent chacun plus d’un million d’enfants non vaccinés, le total représentant 16,3 millions des 27 millions d’enfants non vaccinés dans le monde (soit plus de 60 %) (4).
On a observé des progrès spectaculaires dans l’administration des vaccins contre l’hépatite B et contre Hemophilus influenzae type B (Hib). On compte désormais 153 pays qui vaccinent systématiquement les nourrissons contre l’hépatite B, contre 12 en 1990. Désormais, 92 pays intègrent le vaccin contre le Hib dans les programmes de vaccination systématique, contre seulement 4 en 1991.

Maintenir le cap

« Les progrès spectaculaires de la vaccination dans les années 80 se sont maintenus grâce à l’engagement ferme des pays et des partenaires , à des stratégies efficaces et à des financements importants . Cependant , nous pouvons et devons faire mieux . Il faut apporter les vaccins aux millions de personnes qui n’en bénéficient toujours pas et tout le monde doit avoir accès aux nouveaux vaccins assurant une protection contre des maladies potentiellement mortelles », a estimé le Dr Jean-Marie Okwo-Bele , Directeur à l’OMS du département Vaccination, vaccins et produits biologiques.
Selon les estimations, le nombre des décès dus, dans toutes les tranches d’âge, à des maladies évitables par les vaccins recommandés actuellement par l’OMS, comme la rougeole, l’hépatite B, le Hib, la coqueluche, le tétanos et d’autres, était de 2,1 millions en 2002, dont 1,4 million d’enfants de moins de 5 ans.
Rien que pour 2003, la vaccination a permis d’éviter plus de 2 millions de décès auxquels il faut ajouter 600 000 décès dus à l’hépatite B qui, sans le vaccin, se seraient produits à l’âge adulte.
Du point de vue historique, la vaccination est l’un des plus grands succès de la santé publique: la variole a été éradiquée en 1980, l’incidence mondiale de la poliomyélite a baissé de 99 % et, en cinq ans seulement (1999 – 2003), le nombre des décès dus à la rougeole dans le monde a diminué de 39 %, et même de 46 % en Afrique.
La vaccination est arrivée à un tournant de son histoire. Elle bénéficie désormais de ressources sans précédent grâce au dispositif financier international pour la vaccination (IFFIm) (5), auquel un groupe de pays européens a encore promis US $4 milliards récemment.
« Les fonds de l’IFFIm nous permettront d’étendre la vaccination et d’introduire de nouveaux vaccins pour des millions d’enfants parmi les plus pauvres du monde . Il faut un soutien financier important pour appuyer les systèmes de santé si l’on veut que les pays développent d’une part l’accès aux vaccins traditionnels et , d’autre part , gèrent et délivrent les nouveaux vaccins », a expliqué le Dr Julian Lob-Levyt , Secrétaire exécutif de l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI).
Au cours des dix prochaines années, on s’attend à une révolution dans la manière de concevoir, de fabriquer, de financer, de délivrer et d’administrer les nouveaux vaccins. Des avancées décisives se produisent dans le développement des vaccins et l’on prévoit une vingtaine de nouveaux vaccins ou de vaccins améliorés dans les dix ans à venir.
Comme le rappelle le Dr John Wecker , Directeur Solutions vaccinales à PATH (6), une organisation non gouvernementale internationale, « des progrès spectaculaires ont eu lieu dans la mise au point de plusieurs nouveaux vaccins contre des maladies touchant les enfants dans les pays en développement et encore plus de vies pourront être sauvées . Le défi que nous avons à relever , c’est de garantir l’accès à ces vaccins pour tous les enfants qui doivent pouvoir en bénéficier
D’après un communiqué de presse de l’OMS, 4 octobre 2005.
Pour plus d’informations, consulter http://www.who.int et, pour la vaccination, http://www.who.int/vaccines .

(1) L’OMS et l’UNICEF contrôlent régulièrement les couvertures nationales de la vaccination chez le nourrisson pour les maladies suivantes: tuberculose, diphtérie, tétanos, coqueluche, hépatite et Hemophilus influenzae type B. On utilise couramment la couverture par le DTC comme indicateur des résultats des systèmes de vaccination. En 1980, la couverture mondiale de la vaccination par 3 doses de DTC n’était que de 20 % et seulement environ 30 % des pays disposaient d’un système officiel de vaccination des nourrissons. Des progrès spectaculaires ont été accomplis dans les années 80 et se sont maintenus jusqu’à présent, malgré l’accroissement de la population mondiale. Sur les 124,6 millions d’enfants nés en 2004 et en vie à leur premier anniversaire, plus de 108 millions ont reçu au moins un vaccin et 95 millions ont reçu le BCG (le vaccin contre la tuberculose), les trois doses de DTC, le vaccin antipoliomyélitique buccal et le vaccin antirougeoleux. Des systèmes de vaccination des nourrissons existent désormais dans 192 pays.
(2) Il s’agit du Gabon (38 %), de la Guinée équatoriale (33 %), de Haïti (43 %), du Libéria (31 %), du Nigéria (25 %), de la Papouasie-Nouvelle-Guinée (46 %), de la République centrafricaine (40 %), de la République démocratique populaire Lao (45 %), de la Somalie (30 %) et du Vanuatu (49 %). En 2004, il y avait dans ces 10 pays 4,3 millions d’enfants qui n’avaient pas été vaccinés.
(3) Parmi ces 27 millions d’enfants, on en recense 11 millions en Asie du Sud, 9 millions en Afrique subsaharienne et 3,9 millions en Asie orientale et dans le Pacifique.
(4) En 2004, on comptait 8,5 millions d’enfants non vaccinés en Inde, 3,3 millions au Nigéria, 1,8 million au Pakistan, 1,6 million en Chine et 1,3 million en Indonésie.
(5) L’IFFIm et l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination (GAVI). Le dispositif financier international pour la vaccination (IFFIm) sera mis en œuvre par l’Alliance mondiale pour les vaccins et la vaccination, alliance historique des principales parties intéressées. On compte parmi les membres de l’Alliance un grand nombre de partenaires: pays en développement et gouvernements donateurs, l’OMS, l’UNICEF, la Banque mondiale, l’industrie du vaccin (dans les pays industrialisés comme dans ceux en développement), des instituts de recherche et des instituts techniques, des ONG, la Fondation Bill & Melinda Gates et le Fonds pour les vaccins, qui s’occupe, au sein de l’Alliance, des ressources et du financement.
(6) PATH, organisation non gouvernementale internationale, trouve des solutions durables et culturellement appropriées permettant aux communautés du monde entier de rompre le cycle de la mauvaise santé. En collaborant avec divers partenaires des secteurs public et privé, elle contribue à fournir les technologies sanitaires adaptées et des stratégies vitales pour modifier les façons d’agir et de penser. Son action améliore la santé et le bien-être à l’échelle mondiale. Pour en savoir plus sur PATH, consulter le site http://www.path.org .