Mars 2021 Par Test Achat Données

[Communiqué de presse du 26/01/2021]

Le sondage mené par Test Achats démontre que les problèmes de disponibilité de médicaments sont de plus en plus fréquents. Plus d’un ménage sur quatre (28,5 %) y a été confronté au cours des deux dernières années. L’impact sur le patient est loin d’être négligeable : près d’un répondant sur deux confronté à une pénurie déclare avoir eu plus de symptômes ou de problèmes suite à la pénurie, et celle-ci a entrainé des coûts additionnels pour près d’un tiers des répondants. Test Achats demande aux pouvoirs publics de prendre cette problématique à bras le corps. L’organisation de consommateurs a mis ce point à l’agenda de sa rencontre prochaine avec le Ministre de la Santé. 

Plus d’un ménage sur 4 concerné

28,5 % des ménages ont été confrontés à une pénurie de médicaments au cours des deux dernières années (les empêchant d’obtenir leur médicament dans les 24h), 16 % l’ont même vécu à plusieurs reprises. Cela ressort du sondage réalisé par Test Achats en novembre dernier auprès de plus de 2.100 Belges. Il semblerait que les problèmes de disponibilité des médicaments soient de plus en plus fréquents : lors d’un précédent sondage réalisé en 2015, 21 % des ménages y avaient été confrontés au cours des cinq dernières années.

Impact non négligeable sur la santé du patient…

Bien qu’une alternative existe heureusement dans la plupart des cas, la pénurie ne va pas sans causer de désagréments aux patients. Près d’un répondant sur deux (46 %) confronté à une pénurie déclare avoir eu plus de symptômes ou de problèmes suite à celle-ci. Parmi eux, l’angoisse et le stress de ne pas trouver le médicament a été le plus souvent cité (47 %). Les symptômes se sont aggravés chez près d’un tiers de ces répondants (31 %), près d’un sur cinq a dû interrompre son travail (17 %) et ce même nombre déclare avoir subi des effets secondaires suite à la prise du nouveau médicament. 5 % déclarent même avoir dû être hospitalisés suite à la pénurie de leur médicament !

… et sur son portefeuille

La pénurie a entraîné des coûts additionnels chez près d’un tiers des répondants (32 %). Certains ont dû payer une consultation supplémentaire chez leur médecin (7 %), pour d’autres le médicament alternatif était plus cher ou non remboursé (14 %). En moyenne, le surcoût lié au nouveau médicament revient à 26 euros par patient.

Ces constats sont partagés par la Mutualité chrétienne, dont la Vice-Présidente Elisabeth Degryse, qui a pris connaissance du sondage de Test Achats, déclare que « la Mutualité chrétienne reçoit de plus en plus de plaintes de membres relatives à cette pénurie. Les patients impactés se plaignent des surcoûts, mais aussi de conséquences graves sur leur santé. Ne pas disposer de son traitement ou être contraint d’opter pour un traitement différent engendre toujours un stress considérable pour les patients ».

Enjeux financiers en cause

Ce qui frappe dans l’analyse menée par Test Achats, c’est que les pénuries semblent toucher en priorité les médicaments génériques et les médicaments plus anciens. Dans la très longue liste des pénuries de l’AFMPS que Test Achats a analysée fin novembre, l’organisation n’a relevé quasi aucun nouveau produit vendu à un prix très élevé. Par ailleurs, la volonté des firmes pharmaceutiques de réduire leurs coûts au maximum en transférant une partie du processus de production dans un pays où les coûts sont moins élevés, comme en Asie, en concentrant de plus en plus leur production et leur stock sur un nombre réduit de sites, en limitant drastiquement leurs stocks, etc. a pour conséquence que le moindre problème quelque part risque alors d’avoir un lourd impact ailleurs dans la chaîne.

Il est temps d’agir !

Bien que Test Achats salue certaines avancées en la matière, telle que la mise en ligne par l’AFMPS du site pharmastatut.be (qui recense les médicaments en pénurie, en mentionne la durée, la cause, et l’existence ou non de médicaments alternatifs), il reste encore beaucoup de travail à accomplir. « Il est impératif d’avoir une vision claire des stocks de médicaments afin de pouvoir identifier ceux étant à risque de pénurie, et de prendre les mesures nécessaires, telles que l’interdiction des exportations » déclare Julie Frère, porte-parole de Test Achats qui ajoute que « ce n’est ni aux patients ni à la société, mais bien aux firmes pharmaceutiques de supporter les conséquences financières des pénuries ». La Vice-Présidente de la Mutualité chrétienne, Elisabeth Degryse, abonde dans le même sens en affirmant que « la santé est un bien commun de valeur inestimable. La crise sanitaire actuelle l’illustre douloureusement depuis des mois. Il est, dès lors, inconcevable que la recherche du profit illimité de ces firmes se réalise en toute impunité et au détriment de la santé de nos concitoyens et à charge de la société ».