Comment traduire des concepts abstraits en un message clair
Les Centres locaux de promotion de la santé (CLPS) d’abord agréés et subsidiés par la Fédération Wallonie-Bruxelles et depuis peu par les régions, proposent un accompagnement des acteurs locaux dans le développement et la valorisation de leurs projets et actions en promotion de la santé. Mais concrètement, qu’est-ce que cela signifie?
Pour permettre aux professionnels de mieux comprendre leurs missions, l’ensemble des CLPS wallons ont récemment réalisé un court film d’animation avec l’aide de l’asbl Camera-etc. Maryline Nicolet, directrice du Centre local de promotion de la santé du Brabant wallon, activement impliquée dans le projet, répond à nos questions.
Éducation Santé: Pouvez-vous brièvement décrire pour nos lecteurs qui ne l’auraient pas encore vu en quoi consiste le dessin animé que vous avez réalisé?
Maryline Nicolet: Cette vidéo d’une durée d’un peu plus de trois minutes, financée par les CLPS, présente leur offre de services en Wallonie. Elle met en lumière l’accompagnement méthodologique, l’organisation de temps de rencontre et de formations, la connaissance du réseau local et la mise à disposition d’un centre de documentation. Cette capsule vidéo est présente sur YouTube et sur les sites web des CLPS. Nous la diffusons aussi via nos lettres d’information électroniques et au sein de nouveaux réseaux locaux.
ES: À qui est-il destiné? Quelle promotion en est faite?
MN: Nous avons fait le constat que de nombreux professionnels sont peu informés de l’offre de service globale des CLPS. Certains d’entre eux nous connaissent via une porte d’entrée spécifique (leur participation à un temps de rencontre, une demande d’accompagnement pour un projet, la recherche d’un outil…) mais ils connaissent souvent mal l’ensemble des services que nous proposons.
D’autres professionnels ne connaissent pas du tout les CLPS, cette capsule leur est aussi adressée. Enfin, depuis le transfert de compétences, les CLPS sont régulièrement amenés à se présenter auprès des instances politiques et des administrations, la capsule vidéo permet une entrée en matière plus concrète. En réalité, nous avons laissé tomber le classique diaporama ‘PowerPoint’ au profit de cette capsule.
ES: Pourquoi un dessin animé, qui n’est pas forcément un format classique pour faire de la promotion de services?
MN: C’est un avis très personnel, mais en promotion de la santé nous ne sommes pas les champions de la communication. Certes nous n’avons pas les mêmes moyens que les multinationales mais nous avons un langage complexe, chargé de nombreuses interprétations. Nous pensons que le dessin animé est un outil de communication actuel, ludique et plus accessible qu’une brochure.
ES: Comment les contenus ont-ils été construits? Pour quel type de méthodologie avez-vous opté?
MN: Un groupe composé de personnes issues de trois CLPS a collaboré avec l’asbl liégeoise Camera-etc. Nous avons eu la chance de travailler avec une très chouette équipe, le directeur, Jean-Luc Slock, pour le travail scénaristique et Simon Médart qui s’est chargé de l’illustration et l’animation.
Nous avons d’abord construit un scénario en choisissant des exemples très concrets de notre travail. Nous souhaitions mettre en lumière l’offre de services mais aussi la variété des professionnels rencontrés, et la diversité des thématiques abordées.
Ensuite, le scénario a été illustré et mis en mouvement par Camera-etc. Des allers et retours réguliers avec l’ensemble des CLPS ont eu lieu pendant les 6 mois de travail. Les choix graphiques ont été soumis à l’appréciation du groupe. Les messages essentiels ou ceux qui n’étaient pas suffisamment explicites via le dessin ont été rendus accessibles par l’utilisation d’une voix-off.
ES: Quelles difficultés avez-vous rencontrées alors?
MN: Pour les CLPS, le plus difficile a été de limiter le nombre de messages à faire passer et pour Camera-etc, de les comprendre et de les illustrer! C’est le travail avec un tiers qui a permis de rendre plus compréhensibles les principaux messages à transmettre.
ES: À Éducation Santé, nous avons beaucoup apprécié ce nouveau support, qui parvient à traduire des concepts abstraits en un message clair avec des moyens relativement simples. Avez-vous déjà eu d’autres retours positifs ou plus critiques?
MN: Nous avons majoritairement des retours positifs. Des professionnels nous ont dit que la capsule décrivait bien la globalité de notre offre de services. D’autres ont avoué avoir enfin compris le travail des CLPS !
Toutefois, certains trouvent que le travail avec le public jeune est davantage mis en évidence dans cette capsule, au détriment des professionnels travaillant avec les adultes ou les seniors. D’autres encore n’apprécient pas le graphisme qu’ils jugent trop ‘enfantin’.
ES: Une expérience à renouveler?
MN: Avec plus de moyens et de temps, on reprend la même équipe et on fait mieux !
Je ne peux pas parler pour tous mes collègues mais l’expérience fut pour moi très enrichissante. Nous avons dû apprendre à communiquer simplement. Nous nous étions fixé un timing, que nous avons tenu, un budget maximum aussi, mais les possibilités de production en matière d’animation sont infinies et étonnantes si on se donne les moyens de vouloir les explorer.