À l’initiative de la Drug Policy Alliance, les professionnels des addictions ont appelé à considérer la santé et les droits humains en priorité à l’occasion des débats de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies sur les drogues (UNGASS) qui s’est tenue à New York du 19 au 21 avril 2016.
Par ailleurs, une pétition mondiale de la société civile a été lancée à l’intention du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. Soutenue par des centaines d’individus, des personnalités et des associations, elle exhorte les gouvernements à un changement radical de la politique internationale en matière de drogues. Elle demande l’abandon d’une approche périmée et néfaste héritée des années 70.
L’UNGASS 2016 s’intitule ‘Vers la réalisation des objectifs de 2019, un meilleur avenir pour les générations futures’. Ce sommet est le premier sur les drogues depuis 20 ans. Sa date a été avancée de trois ans à la demande de plusieurs pays d’Amérique du Sud devenus, à l’instar d’autres États, très critiques sur les politiques de répression inspirées des conventions onusiennes.
Dans l’urgence, l’UNGASS 2016 a été convoquée afin de débattre des succès et des échecs des politiques drogues. Une interprétation sanitaire et humaniste des conventions est possible. Un certain nombre de pays ont mis en place des politiques de régulation et de réduction des risques, dont les succès ne sont plus à démontrer.
Il y a près de 20 ans, l’UNGASS 1998 avait pour slogan ‘Un monde sans drogues, nous pouvons le faire’. En 2009, les États membres adoptaient une déclaration et un plan d’action visant à réduire les marchés des drogues. En 2011, le retentissant rapport de la Commission mondiale sur les politiques des drogues, qui réunit d’anciens chefs d’État, constatait l’échec total des pratiques fondées sur la répression. Entretemps, plusieurs États ont décidé en solo d’assouplir leur législation. On est encore loin d’une politique globale et concertée et la session extraordinaire d’avril n’a pas permis d’avancée significative.
Il y eut toutefois un motif de satisfaction pour les militants de la réduction des risques: lors de cette session, la ministre de la Santé au Canada Jane Philpott a annoncé la prochaine légalisation du cannabis dans son pays, conformément aux engagements électoraux du Premier ministre Justin Trudeau.
«Au printemps 2017, nous allons introduire une législation pour empêcher la marijuana de tomber entre les mains des enfants et les profits de tomber entre les mains des criminels. Notre approche […] doit totalement respecter les droits de la personne tout en favorisant le partage des responsabilités», a-t-elle expliqué. «Bien que ce plan remette en question le statu quo dans plusieurs pays, nous sommes convaincus qu’il s’agit de la meilleure façon pour protéger nos jeunes tout en renforçant la sécurité publique», a-t-elle fait valoir, se disant convaincue «qu’il est impossible de régler le problème en procédant simplement à des arrestations».