Mars 2011 Par Christian DE BOCK Vu pour vous

La Société scientifique de médecine générale (SSMG) poursuit sa mission de promotion de la santé en lançant un nouveau site d’informations médicales à destination du grand public: http://www.mongeneraliste.be . Le but est de fournir aux patients une information crédible, scientifiquement correcte et libérée d’influences commerciales, dans une logique d’empowerment. Mongeneraliste.be est un outil, un support informatif et éducatif à la disposition des généralistes belges et de leurs patients.
Les études ayant corroboré le phénomène foisonnent: pour s’informer en matière de santé, une majorité de patients occidentaux effectuent désormais un crochet par le web. En 2010, après avoir sondé des internautes dans 14 pays – dont la Belgique -, la société spécialisée InSites Consulting avait par exemple établi que pas moins de 83% des gens disposant d’un accès à la Toile s’en servaient pour traquer des infos médicales. Proportion confortée fin avril lors d’un sondage Ipsos qui révélait que quasi 90% des Belges avaient déjà grappillé des infos santé, 9 fois sur 10 en démarrant leurs pérégrinations à partir d’un moteur de recherche de type Google .

Apprivoiser plutôt que subir

Les médecins voient – et verront – donc débarquer dans leur cabinet de plus en plus de patients qui ont fouiné en ligne, tenté de mettre un diagnostic sur leurs symptômes, voire échafaudé le traitement à initier. Jugeant préférable d’accompagner le mouvement plutôt que de faire l’autruche, l’Ordre des médecins français a formulé il y a quelques mois des pistes pour une «meilleure intégration d’internet à la relation médecin-patient».

La SSMG en quelques mots

La Société scientifique de médecine générale (SSMG) a été fondée à la fin des années 60. Forte de 3200 membres effectifs, elle constitue la plus grosse association représentative des médecins de famille en Belgique francophone.
Dirigée par des médecins en activité, la SSMG a pour objectif premier la formation continue des médecins généralistes ; elle leur propose de très nombreuses activités accréditées de perfectionnement et d’actualisation de leurs connaissances. Elle édite également un mensuel, la Revue de la médecine générale ( RMG ).
Parmi ses autres missions figure aussi la promotion de la santé, dans laquelle s’inscrit le nouveau site Internet.

Bref, plutôt canaliser l’irruption du web dans le colloque singulier que pester. Car la plupart des études indiquent qu’Internet a beau être devenu une source d’infos incontournable, il ne détrône pas le professionnel: le patient continue à se fier aux conseils de son médecin, le généraliste arrivant en tête des «informateurs» jugés crédibles par la population.
Fort de ce capital confiance, le médecin a – toujours selon l’Ordre français – la responsabilité de diriger ou rediriger le patient vers des URL fiables, labellisées, et de l’encourager à aiguiser son sens critique à propos de la qualité des contenus qu’il déniche en ligne. Les instances ordinales estiment encore que les médecins devraient s’approprier davantage l’espace web «via la création d’un blog ou de leur propre site», de façon à «prolonger le contenu de la consultation sur le net tout en préservant la loyauté et la fiabilité de l’information envers les patients».

Partenariat en triangle patient-médecin-site

Proposer des pages web sérieuses, dont les contenus ont fait l’objet d’une validation scientifique par des médecins et sont affranchis de toute pression commerciale, c’est précisément ce que la SSMG s’est donné comme objectif en lançant à la mi-janvier 2011 le site http://www.mongeneraliste.be .
L’idée est de créer une plateforme de référence pour le dialogue médecin-patient et pour l’éducation thérapeutique. Il s’agit donc d’un site grand public, gratuit, dans lequel la Société scientifique injecte toute sa rigueur, et sa réputation: le médecin généraliste pourra y envoyer, en toute confiance, ses patients. Lesquels pourront s’y documenter sur leur affection et ses symptômes, y lire des conseils sur les modes de vie sains à adopter, préparer des questions en prévision de la consultation suivante…
Comme le souligne la SSMG, mongeneraliste.be va enrichir – sans jamais les remplacer – les échanges entre le malade et son médecin traitant, en précédant ou en prolongeant la consultation. La SSMG entend donc encourager un partenariat en triangle entre le patient, le médecin et le site.

Empowerment: le patient autonome

Informé à une source crédible, un patient s’assume davantage et devient acteur de sa prise en charge. Cet « empowerment » du patient revêt une importance croissante, commente Luc Lefebvre , le président de la SSMG, en illustrant son propos par l’exemple des diabétiques qui apprennent à gérer leur maladie au jour le jour: « Globalement , nous allons vers davantage d’autocontrôle , effectué au moyen de petits appareils de mesure qui se généralisent parmi les patients , les tensiomètres par exemple . Cette tendance a soulevé des craintes à l’origine , mais l’expérience montre qu’elle n’a pas vidé nos salles d’attente . Elle concourt , au contraire , à une meilleure prise en charge du patient , responsabilisé dans la démarche thérapeutique . »
Le Dr Patrick Trefois , rédacteur en chef de mon generaliste.be, confirme qu’il imprimera au site une ligne éditoriale en phase avec une médecine générale actuelle et moderne « qui tend à tisser un partenariat avec un patient devenu plus autonome ».
« La consultation prime , le site l’enrichit », rassure néanmoins ce généraliste actif dans plusieurs projets de médecine préventive de la SSMG, et par ailleurs à la tête de l’asbl Question Santé – service de promotion de la santé de la Communauté française – depuis près de 20 ans. « L’interaction et la communication directe entre soignant et soigné demeurent primordiales . Mais un patient en consultation a une capacité de mémorisation limitée , ou n’est pas en état psychique d’entendre certaines choses . Mongeneraliste . be ne doit pas être considéré comme une menace , une concurrence , mais un support

Dossiers, articles, newsletter…

Mongeneraliste.be propose entre autres:
-des dossiers thématiques fouillés (actuellement sur le diabète et l’arthrose, et prochainement le sommeil et l’hypertension);
-des articles informatifs plus courts, répartis en «maladies adultes» et «maladies enfants», abordant des pathologies courantes comme l’hypertension, la bronchite, la grippe, la rhinite allergique, la cataracte, le brûlant, ou encore les poux, la rougeole, l’eczéma… La rubrique compte une vingtaine d’entrées à ce jour, et doublera en volume courant 2011;
-des explications sur l’impact des modes de vie sur la santé, et des conseils de prévention.
Lorsque c’est possible, le site renvoie à des articles extraits des archives récentes du mensuel Équilibre, qui complètent l’information de l’internaute.
Une lettre d’information tiendra régulièrement les patients et les médecins au courant des nouveautés mises en ligne. Elle servira de vecteur à de futurs sondages sur des points de santé publique, dont les résultats alimenteront les réunions de la SSMG.

Des fiches à télécharger réservées aux médecins généralistes

Du matériel d’éducation supplémentaire, revêtant la forme de fiches pratiques synthétisant l’essentiel à savoir sur une pathologie donnée – définition, symptômes, évolution, traitements médicamenteux, mesures associées… -, sera par ailleurs mis à la disposition des médecins généralistes par la SSMG, sur son propre site, http://www.ssmg.be . Téléchargeables, elles pourront aisément être imprimées en cours de consultation pour être remises à un patient. Aujourd’hui au nombre d’une vingtaine, elles survolent des affections comme l’angine, la crise de goutte, les contusions, les morsures… La SSMG projette d’alimenter très régulièrement cette collection en ajoutant de nouvelles thématiques.

Validé par les pairs

Mongeneraliste.be est placé sous la direction d’un comité de pilotage permanent composé de cadres de la SMMG, dont les Docteurs Lefebvre , Pizzuto , Vanhalewyn , Jongen , Mathot et Trefois . Le Dr Karin Rondia , médecin journaliste et rédactrice en chef de la revue Équilibre (Roularta), et Pascale Gruber , journaliste scientifique, participent également à la rédaction.
Le site ambitionne de décrocher prochainement la certification internationale HONcode, cautionnant la fiabilité des sites d’information médicale. Il a par ailleurs été soumis, peu avant son lancement, à l’appréciation d’une série de médecins-testeurs, invités à en coter la crédibilité, la navigabilité, le design, les fonctionnalités offertes (téléchargement, impression, hyperliens…) et les contenus proprement dits. Mongeneraliste.be a cartonné au niveau de la crédibilité, le critère récoltant un 3,8 sur 4 parmi les répondants, et la légitimité de la SSMG pour cette initiative a obtenu un 4 sur 4.

Du trafic assuré

Mongeneraliste.be, voulu exempt de publicité émanant de l’industrie pharmaceutique, ne pouvait tourner exclusivement sur fonds propres, car, il faut le rappeler, l’information de qualité a un coût. Il fonctionne pour le moment avec pour partenaires les Mutualités chrétiennes et les Mutualités libres. « Elles contribueront activement à faire converger leurs assurés vers mongeneraliste . be , sur lequel elles disposeront en retour de fenêtres de visibilité », dépeint André Moreau , directeur commercial à la SSMG et par ailleurs responsable du projet. «Oui, on peut collaborer et construire de belles choses avec les mutuelles sans perdre son âme. C’est de toute façon la SSMG, et par elle l’EBM, qui reste à la manœuvre du site.»
D’après le dossier de presse de lancement du site et son lancement officiel le 18 janvier 2011.