Depuis plusieurs décennies, l’épidémie de surpoids et d’obésité s’amplifie dans les pays industrialisés. Cette épidémie est associée à de nombreuses comorbidités, pour certaines responsables d’une mortalité prématurée. La sédentarité et l’inactivité physique sont identifiées comme étant les principaux facteurs de risque en association avec une alimentation parfois peu équilibrée. Pour enrayer cette pandémie, l’OMS a émis des recommandations précises en matière de pratique de l’activité physique pour chaque tranche d’âge. La littérature scientifique souligne que ces recommandations sont loin d’être rencontrées par la majorité de la population et que de grandes variations existent selon les classes sociales.
Autrement dit, l’activité physique est socialement distribuée : la probabilité que les personnes plus favorisées (niveau d’éducation, revenus et statut professionnel plus élevés) soient plus régulièrement physiquement actives est évidente. A cette distribution sociale, s’ajoutent des inégalités dans la participation à l’activité physique selon d’autres caractéristiques de stratification sociale comme le genre (avec des femmes généralement moins actives que des hommes), l’âge ou l’incapacité.
Cet article a pour objectif de préciser les contours de cette complexité.
Activité physique ; inactivité physique et sédentarité.
L’OMS définit l’activité physique comme tout mouvement corporel produit par la contraction des muscles squelettiques générant une dépense énergétique supérieure à la dépense au repos (lors d’activités professionnelles, de déplacement, domestiques ou de loisirs). Elle est caractérisée par sa durée, sa fréquence et son intensité.
L’inactivité physique se définit quant à elle par la non-atteinte des recommandations de l’OMS en termes d’activité physique. Elle serait à ce titre la première cause de mortalité évitable.
La sédentarité est considérée comme le quatrième facteur de risque de décès dans le monde (6%). On estime par ailleurs qu’elle est la cause principale de 21 à 25% des cancers du sein ou du colon, de 27% des cas de diabète et d’environ 30% des cas de cardiopathie ischémique.
Il importe de préciser que sédentarité et inactivité physique ne sont pas synonymes. Si la sédentarité est la cause principale de l’inactivité physique, elle se définit par la durée pendant laquelle le corps ne dépense pas (beaucoup) plus d’énergie qu’en situation de repos (position assise ou allongée). Une personne peut donc être sédentaire au travail (travail devant écran par exemple) et avoir une activité physique intense ou modérée par ailleurs (jogging, salle de remise en forme, sport…)L’Organisation Mondiale de la Santé préconise une durée et une fréquence d’une heure par jour d’activité physique intense à modérée pour les enfants et les adolescents et 30 minutes par jour cinq fois par semaine d’intensité modérée chez les adultes. L’OMS précise également que la régularité (fréquence et durée) est plus importante que l’intensité pour un bénéfice santé.
Chez l’adulte, pratiquer une activité physique régulière et adaptée :
- réduit le risque d’hypertension, de cardiopathies coronariennes, d’accident vasculaire cérébral, de diabète, de cancer du sein et du colon, de dépression et de chute;
- améliore l’état des os et la santé fonctionnelle;
- est un déterminant clé de la dépense énergétique et est donc fondamental pour l’équilibre énergétique et le contrôle du poids.
La distribution sociale de l’activité physique
Les études relatives à la pratique de l’activité physique montrent une répartition très différente dans la fréquence, la durée et l’intensité en fonction de l’âge et du statut socioéconomique.
Une publication récente de l’OMS[i] présente, pour la Belgique, une répartition par classe d’âge de la prévalence de la pratique de l’activité physique considérée comme suffisante au regard des recommandations. Seuls, 6 % des enfants de 6 à 9 ans, 23 % des enfants de 10 à 12 ans, 17 % des adolescents de 13 à 17 ans, 39 % des adultes de 18 à 64 ans et 30 % des seniors de 65 à 74 ans rencontrent ces recommandations.
Il existe de fortes variations dans la pratique de l’activité physique selon les classes sociales. Bauman et al.[ii] (2012) revendiquent la nécessité d’une meilleure compréhension des facteurs et des déterminants, en particulier pour les populations défavorisées et à faible revenu, pour réduire l’effet des futures épidémies d’inactivité et contribuer à une prévention efficace des maladies non transmissibles.
Les études épidémiologiques soulignent le lien entre les habitudes de vie et la mortalité prématurée ou l’incidence de maladies cardiovasculaires. Parmi ces habitudes de vie, figurent le tabagisme, l’alimentation, la consommation d’alcool, l’inactivité physique, la durée et la qualité du sommeil ainsi que le temps passé devant un écran. Récemment, des chercheurs[iii] (Foster et al. 2018 ; Virtanen et al, 2018 ; Pool, 2019 ; Chan et al., 2019) ont mis en évidence que l’exposition à ces risques présentait des impacts différents en fonction de l’indice de déprivation sociale. Ainsi, l’exposition à un même facteur de risque ou à plusieurs facteurs de risques aura des conséquences différentes selon le positionnement de la personne sur le gradient social. Cela signifie que les personnes qui bénéficient d’un statut social moins favorisé doivent faire face à des conséquences proportionnellement plus importantes et plus nocives sur la santé. Les groupes défavorisés seraient donc plus vulnérables aux effets néfastes associés à certains modes de vie considérés comme dommageables pour la santé en dehors de leur prévalence plus élevée dans ce public.
Un statut socioéconomique plus défavorable est associé à un indice de masse corporelle plus élevé et à un risque plus élevé d’obésité chez les enfants et les adultes, avec une proportion plus importante chez les filles et les femmes comparativement aux garçons et aux hommes (Howe et al[iv]., 2019). Ces auteurs ajoutent qu’un indice de masse corporelle plus élevé est associé à une stigmatisation, à la discrimination, à une plus faible estime de soi et à une santé physique et mentale moins bonne. Autant de facteurs qui constituent des barrières supplémentaires à la pratique de l’activité physique.
Dans leur étude longitudinale portant sur plus de 2 000 adultes néerlandais, Coenders et al.[v] ont montré que les enfants issus de milieux socio-économiques défavorisés ont moins de chances de pratiquer un sport tout au long de leur vie. Une des raisons explicatives est la probabilité d’une continuité du faible statut socioéconomique tout au long de la vie et reproduit de génération en génération.
De plus, comme le précisent Elhakeem et al[vi]. (2015), le fait que la pratique de l’activité physique chez l’adulte présente également un gradient socioéconomique, les enfants issus de milieux moins favorisés sont susceptibles d’avoir des parents moins physiquement actifs qui peuvent à leur tour influencer défavorablement la participation de leurs propres enfants. Ces résultats sont confirmés par l’étude de Juneau et al[vii]. (2015) qui démontrent l’association entre la position socioéconomique au début de la vie et l’activité physique à l’âge adulte.
Dans son étude relative à l’identification des obstacles que rencontrent les personnes défavorisées dans la pratique de l’activité physique, Cleland et al.[viii] (2014) précisent que ce public rencontre en plus des difficultés dans le développement de son sentiment d’auto-efficacité, dans l’acquisition d’attitudes, de compétences et d’accessibilité aux infrastructures.
Ces différents constats convergent vers la nécessité de développer des politiques sociales pour réduire la pauvreté parallèlement à des interventions de santé publique qui se concentrent davantage sur les facteurs liés aux habitudes de vie dans un contexte de déprivation sociale.
Des recommandations aux stratégies différenciées
Dans ses recommandations relatives à l’activité physique, l’Organisation Mondiale de la Santé préconise des niveaux, des durées et des intensités différentes en fonction du critère d’âge. Ces conseils ne précisent cependant pas les stratégies les plus appropriées pour permettre aux personnes concernées d’atteindre ces seuils. Or, divers facteurs de motivation et d’autres déterminants comme le genre, le statut socioéconomique, la situation familiale vont agir tantôt comme barrières, tantôt comme facilitateurs dans la pratique de l’activité physique.
Si les enfants ont une tendance quasi automatique à être en mouvement lorsqu’ils sont en bas âge, leurs motivations évoluent au cours du temps. Comme le précise l’étude de Tannehil et al.[ix] (2015), « si nous voulons encourager les jeunes à opter pour des modes de vie actifs et leur en offrir les opportunités, il est important de tenir compte de ce qui affecte négativement ou positivement leur participation et ce dans différents contextes » (p 443). Pour ces auteurs, les jeunes gardent généralement une attitude positive à l’égard de l’activité physique en vieillissant, bien que la pratique de celle-ci diminue avec l’âge. C’est plutôt la concurrence avec d’autres activités qui viendrait entraver le maintien d’une activité physique tant dans sa régularité que dans son intensité.
Selon Kemp et al.[x] (2020), la participation moyenne aux activités physiques non organisées a diminué de 87 min / jour entre 11 ans et 13 ans en Australie ces dix dernières années.
Les jeunes issus de milieux défavorisés interrogés par Jonsson et al. [xi] (2017) précisent que leur participation à l’activité physique peut être une opportunité de développer et d’entretenir des relations sociales avec d’autres jeunes du quartier mais également de lutter contre l’ennui. Par contre, ils déplorent souvent que peu de crédit ne soit accordé à leurs paroles et à leurs sentiments partagés (McEvoy et al., [xii], 2016). Les facteurs qui justifient la diminution de la pratique de l’activité physique sont la tentation liée aux écrans (notamment aux jeux vidéo), le manque de temps (qui peut traduire une priorisation différente dans les activités), l’absence de soutien social et la carence de soutien financier de la part de leurs parents.
Par ailleurs, la pratique de l’activité physique des garçons est supérieure à celle des filles, et ce, quel que soit le pays d’appartenance (De Looze et al.[xiii]). Ces auteurs précisent que les variations entre garçons et filles sont d’autant plus importantes que les inégalités sociales de genre existent dans le pays de référence. Ces inégalités sociales de genre se reflètent dans les comportements de santé des adolescents : les jeunes agissent conformément aux attentes sociales normatives qui renforcent à leur tour les différences entre genres.
Un autre facteur explicatif est que l’inégalité sociale de genre au sein d’une société impacte le comportement des jeunes par le biais de restrictions ou d’opportunités différentes selon le fait d’être fille ou garçon. Ainsi, dans les pays où les différences de genre sont plus marquées, les filles ont généralement moins d’opportunités de choix pour façonner leur vie personnelle. Ces résultats suggèrent que les facteurs sociaux liés aux contextes de vie influencent à leur tour les comportements de santé des adolescents en renforçant et augmentant les inégalités sociales de santé.
Les études révèlent également que les filles âgées de 3 à 11 ans déclarent éprouver moins de plaisir que les garçons à être physiquement actives et moins confiantes en leurs capacités sportives en vieillissant. L’exposition des enfants à des normes de genre relativement étroites concernant les activités différenciées des garçons et des filles et un échec à adapter les types de sports proposés peuvent amplifier ce manque de plaisir et de confiance corporelle, et à leur tour façonner les attitudes envers l’activité physique à l’âge adulte. En effet, de nombreuses filles sont découragées par certaines activités physiques à cause des inquiétudes liées aux stéréotypes, en raison de l’insécurité autour de l’image corporelle ou du sentiment de contraintes dictées par l’acceptabilité culturelle.
Il importe de souligner que les intérêts pour le type d’activité physique diffèrent également en fonction du genre. Lawler et al.[xiv] (2017) ont mis en évidence que les activités physiques non structurées, prioritairement appréciées par les garçons, sont des activités d’équipe comme le football ou le basket-ball alors que les activités privilégiées par les filles sont la marche et le jogging pratiqué individuellement ou à deux. Cette différence n’est pas sans conséquence sur le processus de renforcement. Si le succès d’une activité d’équipe dépend de la performance de plusieurs membres de celle-ci, le succès dans une activité individuelle ne dépend que de la performance de la personne. En conséquence, les moins bons résultats peuvent être imputés à l’ensemble de l’équipe dans l’activité collective alors que l’échec (ou l’insatisfaction) dans une activité individuelle ne peut être attribuée à personne d’autre qu’à la personne elle-même. Le soutien social qui favorise le maintien de la motivation dans une activité collective sera d’autant plus fort qu’il est partagé et que chacun est perçu comme nécessaire à l’atteinte de l’objectif que s’est fixé l’équipe.
Comme la participation aux activités collectives est souvent associée à des niveaux plus élevés d’activité physique, ce modèle d’activité devrait être encouragé chez les adolescents. Cependant, l’adoption d’une telle stratégie néglige par la suite les personnes qui n’aiment pas les activités physiques de groupe et de compétition. Une simple approche « taille unique » ne suffit pas pour promouvoir la participation des adolescents et, par conséquent, les interventions doivent être adaptées pour refléter différents sous-groupes d’adolescents.
Les inégalités sociales liées à l’activité physique se perpétuent également à l’âge adulte et se différencient en fonction du genre. Comme le soulignent Maldi et al.[xv] (2019), au cours de ces vingt dernières années, les inégalités de revenus ont eu pour corollaire une augmentation de l’inactivité physique particulièrement chez les hommes adultes et les seniors aux revenus les plus faibles.Les résultats obtenus par Spiteri et al.[xvi] (2019) indiquent que les obstacles sont comparables entre les deux groupes d’âge : les facteurs environnementaux et les ressources étant les obstacles les plus fréquemment identifiés.
Concernant les facteurs d’incitation à la pratique, les influences sociales, l’aide à la gestion et le renforcement du changement de comportement étaient les facteurs de motivation les plus identifiés pour les personnes âgées. Pour les adultes d’âge moyen, ces facteurs d’incitation étaient l’élaboration d’objectifs, la croyance dans les bénéfices attendus d’une activité et les influences sociales.
Plus récemment, Tsenkova et al.[xvii] ont confirmé que les désavantages socioéconomiques de l’enfance et de l’âge adulte prédisent indépendamment une baisse de l’activité physique pendant les loisirs à l’âge adulte. Ce constat suggère un lien omniprésent entre le désavantage social et l’activité physique de loisir tout au long de la vie.
Quant aux activités physiques exercées dans le cadre professionnel, les études présentent des résultats contrastés sur le plan de la santé. Certaines d’entre elles soulignent une association positive avec l’obésité, la pression artérielle et la mortalité. D’autres recherches mettent en évidence que l’activité professionnelle peut présenter des risques sur le plan musculo-squelettique par le levage d’objets lourds, la position debout sur de longues périodes, la position corporelle inappropriée (position pliée en avant par exemple) ou encore la difficulté de bénéficier de temps de repos suffisants.
Holtermann et al.[xviii] (2011) soulignent le paradoxe de santé associé à l’activité physique durant les temps de loisirs et lors de l’activité professionnelle. Dans une analyse dite « dose-réponse », l’activité physique professionnelle augmente le risque d’absence de longue durée pour cause de maladie alors que l’activité physique durant les temps de loisirs diminue le même risque.
Ces mêmes auteurs précisent dans une autre étude[xix] (Holtermann et al., 2018) que l’activité professionnelle constitue le cadre principal d’une activité physique pour une fraction considérable de la population adulte. Les travailleurs de nombreuses professions, comme la construction, le nettoyage, la collecte des ordures, les soins aux personnes, l’agriculture, sont physiquement actifs pendant la majeure partie de leurs journées de travail et durant une grande partie de l’année. Malgré cette activité physique au travail, ces travailleurs souvent manuels présentent une relative mauvaise santé en comparaison avec d’autres professions moins actives.
Le comportement sédentaire qui caractérise les professions qualifiées de tertiaire mais également les personnes sans emploi, présente également des conséquences sur le plan de la santé. Une méta-analyse, réalisée par Patterson et al.[xx], identifie un risque accru de mortalité toutes causes confondues, ainsi qu’une augmentation des maladies cardiovasculaires et de l’incidence du diabète de type 2 avec des temps assis plus long (immobilité) ou des temps devant la télévision, indépendamment de la pratique ou non d’une activité physique. Plus important encore, l’analyse de l’association dose-réponse indique que ce risque est le plus élevé pour des volumes de temps assis supérieurs à six heures par jour. C’est pourtant la réalité quotidienne de nombreuses personnes adultes, que ce soit dans la cadre de leur activité professionnelle, du non emploi ou lors de la retraite. Une étude menée en 2013 par Bennie et al.[xxi] précise que la durée moyenne de temps assis par adulte en Europe est de plus de cinq heures par jour.
Gardner et al.[xxii] rappellent que le comportement sédentaire a traditionnellement été assimilé à l’inactivité physique. Bien que le temps consacré à un comportement sédentaire présente une corrélation négative avec le temps consacré à une activité modérée à vigoureuse, cette relation peut s’avérer faible à modérée. Cela démontre l’importance de traiter le comportement sédentaire comme indépendant de l’activité physique lors de la conception d’interventions visant à réduire le temps sédentaire. Ces mêmes auteurs soulignent d’ailleurs que les interventions les plus efficaces et les plus prometteuses sont celles qui ciblent le comportement sédentaire plutôt que l’activité physique. Ainsi, l’auto-surveillance (le contrôle exercé par soi-même sur le temps resté assis), la recherche de solutions individualisées pour réduire ce temps et l’aménagement de l’environnement physique et social sont reconnues comme les stratégies les plus prometteuses.
Pour les personnes plus âgées, l’activité physique régulière présente des avantages pour la santé tant sur le plan du bien-être physique, que psychologique et cognitif.
Les personnes en bonne santé sont proportionnellement plus nombreuses à être susceptibles de participer et d’adhérer à des programmes d’activités à vocation préventives. Cependant, la moitié des personnes âgées de 65 ans et plus connaissent des problèmes de santé ou des incapacités à long terme. Il est donc important non seulement de promouvoir les avantages préventifs de l’activité physique mais également les avantages potentiels d’une pratique régulière pour améliorer la qualité de vie des personnes qui souffrent d’une pathologie physique ou psychique. C’est d’autant plus important que ces problèmes constituent souvent un prétexte ou un obstacle majeur à la pratique de l’activité physique des seniors et plus particulièrement des plus de 80 ans. Le cercle vicieux de l’abandon ou de la diminution de l’activité physique en raison des problèmes de santé doit être évité pour réduire le risque d’une détérioration accrue de leurs incapacités.
Toutes les études soulignent que la proportion de personnes âgées suffisamment actives pour bénéficier de ces avantages de santé diminue avec l’âge. Promouvoir l’activité physique dans une population vieillissante nécessite de savoir ce qui motive les personnes âgées à être actives ainsi que leurs préférences, afin d’optimiser l’attrait et l’engagement potentiels. Van Uffelen et al.[xxiii] ont étudié les facteurs de motivation et les préférences contextuelles pour l’activité physique chez les adultes de 60 à 67 ans, ainsi que les différences entre les sexes. Les trois principaux facteurs de motivation communs aux hommes et aux femmes sont la prévention des problèmes de santé, l’accroissement du sentiment de bien-être et la gestion du poids corporel. Les femmes identifient avec une fréquence plus élevée d’autres sources de motivation comme le fait de partager et d’occuper son temps avec d’autres personnes et par ailleurs, de se faire de nouvelles amies. Les différences étaient plus significatives dans l’association de plusieurs de ces facteurs. Ainsi, après ajustement sur base de l’âge, du niveau d’éducation, du revenu, des conditions de vie, de l’indice de masse corporelle, du niveau de l’activité physique, les femmes précisent, à la différence des hommes, prioritairement le souci de leur apparence, le temps consacré aux autres et la perte de poids.
Concernant le type d’activités, les femmes, de manière plus fréquente que les hommes, recherchent des activités à proximité de leur domicile, des activités dépourvues d’un caractère de compétition, moins vigoureuses et plutôt en intérieur. Elles privilégient également, à la différence des hommes, des activités en compagnie de personnes du même sexe, des activités encadrées et des activités avec des personnes du même âge. Les hommes quant à eux vont privilégier des activités qui peuvent plus facilement se faire en étant seul, même s’ils ne négligent pas le fait de les partager avec d’autres.
L’écart dans la pratique de l’activité physique entre les hommes et les femmes reste important et commence très tôt.
En conclusion
Les inégalités sociales associées à la pratique de l’activité physique se perpétuent dans le temps et se reproduisent de génération en génération. Si les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé présentent un caractère universel en fonction des catégories d’âge, il importe de prendre conscience que la réalité de la pratique de l’activité physique est loin d’être homogène au sein de chacune d’elles. D’importantes variations existent en fonction du genre et du statut social. De plus, les motivations et les intérêts pour la pratique d’une activité physique diffèrent également sur base de ces critères. Ce n’est qu’en intégrant ces différences dans les stratégies à mettre en place que la promotion de l’activité physique atteindra une meilleure efficacité.
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