Avril 2005 Initiatives

Les chiffres sont, hélas, là pour nous le rappeler: l’alcool au volant reste l’un des principaux problèmes de sécurité routière dans notre pays. Chaque année, il joue un rôle dans plus de 4000 accidents corporels et fait plus d’un millier de tués et blessés graves et près de 6000 victimes. Derrière ces chiffres se cachent autant de drames humains qui auraient pu être facilement évités…
Or, si les occasions de faire la fête et de consommer de l’alcool ne manquent pas tout au long de l’année, elles sont davantage présentes en décembre. C’est pourquoi, tous les ans à pareille époque, l’IBSR lance une campagne de sensibilisation sur le thème de l’alcool au volant. Depuis le mois de décembre 1995, ces campagnes sont axées sur un personnage né de l’union entre l’IBSR et le Groupe Arnoldus. Son nom de code? Bob, évidemment. Sa mission? Ramener les autres en sécurité après la fête.
Pour le Ministre Renaat Landuyt , Ministre de la Mobilité, l’objectif de cette campagne est évident: rappeler, d’une part, que boire et conduire sont totalement incompatibles; inciter d’autre part les personnes qui font la fête à élire, au préalable, un Bob.

Bob, un coup gagnant

(1)
Dès sa naissance, Bob a connu un succès retentissant. Une enquête a montré que 97 % des Belges le connaissent . Deux éléments essentiels expliquent cette réussite. D’une part, être Bob revêt un caractère valorisant. D’autre part, Bob n’a pas d’âge spécifique, pas de sexe, n’appartient à aucune classe sociale, joue son rôle quel que soit le type de sortie… Bref, il peut se glisser à n’importe quel moment sous les traits de chacun d’entre nous. Tout le monde aime s’identifier à Bob. Il suffit d’avoir un permis de conduire et le sens des responsabilités!
Le caractère positif du message et l’universalité du concept Bob ont permis un changement rapide des mentalités, ce qui se traduit par un renforcement de la désapprobation sociale envers les conducteurs qui boivent. Bob a donc clairement joué un rôle majeur en matière de sécurité routière ces dernières années.

Sur le terrain aussi

Pour que Bob puisse vraiment être considéré comme un succès, il faut que cette notoriété exceptionnelle se concrétise dans le comportement réel des conducteurs. En d’autres termes, Bob doit être effectivement présent sur le terrain et remplir sa mission, à savoir ramener les autres en sécurité après la fête. A ce titre, les résultats de l’enquête menée l’an dernier après la campagne (2) sont assez révélateurs. Près d’une personne sur deux a déjà été reconduite par Bob et plus d’une personne sur trois a déjà proposé d’être Bob. Pour les plus jeunes, ces pourcentages sont encore plus importants.
Bob n’est pas uniquement un concept théorique, il a un réel impact sur le comportement des conducteurs. Notons, par ailleurs, que ces chiffres sont régulièrement en augmentation, preuve que l’efficacité de ce concept est loin de s’estomper.

Mesure du comportement

Les mesures du comportement en matière d’alcool au volant constituent un instrument intéressant, permettant de cerner, avec exactitude, l’ampleur du problème. Elles sont basées sur des contrôles non sélectifs au cours desquels tous les conducteurs arrêtés doivent souffler. En 2003, lors d’une récente mesure du comportement, 13.000 contrôles d’alcool effectués à n’importe quel moment de la semaine ont été examinés en détail. Il en ressort que 3 , 31 % des conducteurs roulent , en moyenne , sous l’influence de l’alcool en Belgique . La plupart de ceux-ci (2,26%) ont une alcoolémie de 0.8 pour mille ou plus, ce qui signifie que les conducteurs qui ont bu absorbent une quantité d’alcool relativement importante.

Les brasseurs belges investissent depuis 10 ans dans la campagne Bob

Depuis 1995, les brasseurs belges financent la moitié du budget de la campagne. Cet investissement s’inscrit dans les efforts du secteur pour promouvoir une consommation responsable de la bière.
En 1988, les brasseurs belges ont participé pour la première fois à une campagne de sensibilisation sur le thème de l’alcool au volant. Dans la foulée, ils ont créé en 1992 le groupe Arnoldus, et ont démarré en 1995 un partenariat durable avec l’IBSR, concrétisé par un soutien financier et un appui à l’élaboration des messages.
Le slogan ‘responsable’ des brasseurs belges, ‘Une bière brassée avec savoir se déguste avec sagesse’, se traduit par d’autres initiatives: promulgation dès 1993 d’un code de bonne conduite en matière de publicité, réalisation d’une étude scientifique sur les coûts et bénéfices économiques et sociaux de la consommation d’alcool (Prof. Pacolet), etc.
Un engagement citoyen dans le ‘bien boire’ qui est aussi une façon d’assurer ses arrières…
Groupe Arnoldus, Grand Place 10, 1000 Bruxelles

Le pourcentage de conducteurs positifs pendant les nuits de week-end (7,76% ) est beaucoup plus élevé qu’en d’autres périodes. Le problème de l’alcool au volant est donc plus aigu au cours du week-end.
Dans notre pays, les mesures du comportement antérieures portaient uniquement sur la nuit du samedi au dimanche. La comparaison avec l’étude de 2003 n’est donc possible que pour cette période. On remarque que le pourcentage de conducteurs positifs est passé de 8 , 9 % en 1998 à 5 , 3 % en 2003 .
Les résultats de cette étude montrent, par ailleurs, que les hommes ont davantage tendance à prendre le volant après avoir bu: 4,3% des personnes contrôlées positivement étaient de sexe masculin contre 1,2% de sexe féminin.
En ce qui concerne l’âge des conducteurs positifs, on constate que les 40-54 ans sont davantage représentés que les plus jeunes. On pourrait même dire qu’il existe une ‘génération Bob’ pour laquelle il est logique de ne pas boire avant de prendre le volant. En revanche, les aînés semblent éprouver plus de difficultés à perdre leur mauvaise habitude. Peut-être leur expérience sert-elle aussi d’alibi pour pouvoir boire un peu plus…

Alcool et conduite: incompatibilité totale

Même en petite quantité, la consommation d’alcool est totalement inconciliable avec la conduite d’un véhicule, notamment parce qu’elle provoque une levée des inhibitions et incite le conducteur à moins calculer les risques et à se montrer plus audacieux. Ses conséquences sur le comportement au volant sont évidentes: champ de vision rétréci, temps de réaction allongé, réflexes diminués, somnolence…
Les experts estiment qu’avec une alcoolémie de 0,5 pour mille, le risque d’accident mortel est multiplié par 2,5 (par 4,5 avec 0,8 pour mille et par 16 avec 1,5 pour mille!). Pas étonnant, dès lors, qu’un ou plusieurs conducteur(s) étai(en)t sous l’influence de l’alcool dans plus d’un accident grave sur 10 en 2001!
Cette proportion varie, de surcroît, fortement en fonction de la période de la journée ou de la semaine. Ainsi, les jours de semaine, la présence d’alcool a été décelée, en 2001, dans 5,3% des accidents graves. En revanche, les nuits de week-end, ce chiffre culmine à 23,9% ! Et encore… Ces chiffres ne sont probablement qu’une sous-estimation de la véritable ampleur du phénomène. Il ressort d’une étude précédente (3) que 28% des conducteurs admis au service des urgences à la suite de leur implication dans un accident corporel avaient une alcoolémie supérieure à la limite légale autorisée. Pendant les nuits de week-end, ce pourcentage atteignait même 50 !
Pourtant, bon nombre de conducteurs pensent qu’ils peuvent conduire s’ils ne sont pas complètement ivres. Quand ils ont bu trois ou quatre verres, ils croient, à tort, que l’alcool ne les affecte pas. Dans 85% des accidents avec présence d’alcool, le conducteur est un buveur occasionnel et non un alcoolique…

Bob offre une tournée européenne

Le problème de l’alcool au volant ne s’arrête bien sûr pas aux frontières. Heureusement, Bob non plus! Pour la cinquième année consécutive, une campagne de sensibilisation transnationale ayant pour thème l’alcool au volant a été organisée dans l’UE à l’occasion des fêtes de fin d’année. Il s’agit d’une belle reconnaissance pour Bob et il n’est pas exclu qu’un jour une campagne soit menée conjointement par l’ensemble des pays de l’UE…
Les chiffres de l’European Transport Safety Council (ETSC) confirment la nécessité d’une collaboration, à l’échelon européen, dans la lutte contre l’alcool au volant. Chaque année, 9 . 000 personnes perdent la vie en Europe dans des accidents où l’alcool joue un rôle . Alors que moins de 5% des conducteurs prennent le volant avec une alcoolémie positive, ils sont responsables d’au moins 20% des blessés graves et tués sur les routes de l’UE (4).

Sensibilisation, mais aussi contrôles

Toute campagne de sensibilisation, aussi efficace soit-elle, doit s’accompagner d’un volet répressif. L’alcool au volant ne déroge pas à cette règle. Si, pour la première fois depuis 1998, le pourcentage de conducteurs positifs était en très nette baisse pendant la campagne Bob 2003-2004, on le doit surtout aux efforts fournis par les services de police ces deux dernières années.

Année

Nombre de contrôles de fin d’année Pourcentage de conducteurs positifs
1995-1996 100.992 6,4
1996-1997 84.111 6,3
1997-1998 86.908 6,7
1998-1999 88.683 6,3
1999-2000 72.257 6,5
2000-2001 51.339 7,2
2001-2002 41.601 7,9
2002-2003 83.627 9,9
2003-2004 88.987 5,4

Entre 2001 et 2003, le nombre de contrôles a, en effet, augmenté de 114%! Dans le même temps, le nombre de conducteurs positifs a baissé de 32%…
D’après un dossier de presse de l’Institut belge pour la sécurité routière
(1) La campagne Bob implique de nombreux partenaires, au premier rang desquels les brasseurs belges (voir encadré). L’Union professionnelle des entreprises d’assurance Assuralia, les polices locale et fédérale, les trois sociétés de transport en commun TEC, STIB et De Lijn sont aussi de la partie. La Commission européenne soutient également cette initiative.
(2) Evaluation réalisée par INRA Belgium au moyen d’une enquête face à face auprès d’un échantillon de 1024 personnes, représentatif de la population belge âgée de 15 ans et plus.
(3) Belgian Toxicology and Trauma Study, 1995.
(4) ETSC, 1995.