Voici une asbl qui s’occupe de toxicomanes. Une de plus direz-vous… oui mais elle propose une approche assez inhabituelle. Nous avons rencontré Dominique Delvin , directrice de l’asbl, et Jocelyne Vouloir , psychologue, pour découvrir cette structure.
ES : Votre asbl a pour objectif la prise en charge de toxicomanes. Quelle est sa spécificité?
Alliage : Depuis 1994, Alliage organise des séjours de longue durée en famille d’accueil pour toxicomanes sevrés. Ces séjours se déroulent en milieu rural, dans des familles d’agriculteurs ou d’artisans. Cette formule s’adresse aux toxicomanes sevrés âgés de 18 à 35 ans désireux de se réapproprier leur propre vie et de réintégrer la vie sociale.
ES : Quel est l’intérêt d’un séjour en famille d’accueil?
Alliage : Nous travaillons avec des familles chaleureuses, structurées, désireuses d’accueillir une personne en difficulté momentanée et de l’aider à s’en sortir. L’accueilli peut y faire l’expérience de relations affectives authentiques, saines et équilibrées qui lui permettent de trouver des structures, des rythmes de vie, de partager les plaisirs et les responsabilités de la vie familiale, de nouer des relations sociales et affectives, voire d’acquérir une expérience professionnelle et un métier. Tout au long du séjour, famille et accueilli sont épaulés par notre équipe.
Notre travail se base sur les ressources du patient et de la famille. Nous demandons au patient de s’adapter à la famille et non le contraire. Le contexte familial permet à l’accueilli de revivre certaines difficultés comme la rivalité entre enfants, l’intérêt différent porté par les parents aux membres de la famille… Cela suscite des émotions, des réactions chez l’accueilli que nous pouvons retravailler avec lui.
ES : Le travail d’accueil en famille est un mode d’intervention particulier qui ne peut pas concerner tous les toxicomanes; avez-vous d’autres pistes d’intervention?
Alliage : Depuis 1996, nous proposons un groupe de parole « parents-solidarité » qui permet à des parents de jeunes consommateurs de stupéfiants de se rencontrer et de confronter leurs expériences et attitudes. Par le biais de l’échange, ces parents peuvent partager leurs problèmes et acquérir de nouvelles perspectives et comportements leur permettant d’amener leur enfant à réduire et à cesser sa consommation. Ce groupe n’a pas pour but d’entretenir une sinistrose mais de permettre aux parents de prendre du recul, de relativiser, de souffler, de retrouver quelque chose de l’ordre du plaisir dans leur vie personnelle. Au départ, ils sont tellement préoccupés, ils ont peur, toute la vie familiale tourne autour de ce problème. Le groupe leur permet par les échanges entre parents, de découvrir d’autres points de vue, d’autres comportements, de croire à nouveau en leur rôle parental, de casser les phénomènes de co-dépendance.
Nous proposons également des consultations psychothérapeutiques individuelles et familiales. Ces entretiens ont pour but de clarifier pour les consultants les causes profondes d’une toxicomanie afin de trouver une issue à celle-ci. De temps en temps, nous proposons aussi des rencontres-conférences sur des thèmes tels que le rôle parental, la toxicomanie,…
ES : Avez-vous d’autres dimensions d’intervention que vous souhaiteriez développer?
Alliage : Oui, nous avons d’autres projets : constituer un groupe de parole pour jeunes consommateurs de stupéfiants, des groupes d’expression pour enfants de parents toxico-dépendants, des suivis de toxicomanes à domicile, la création de nouvelles antennes itinérantes pour les consommateurs en Wallonie.
Propos recueillis par Bernadette Taeymans
Cette structure est subsidiée par la Cocof et la Région wallonne. Pour en savoir plus, vous pouvez contacter l’asbl Alliage, chaussée d’Alsemberg 488, 1180 Bruxelles, tél. : 02-346 94 08.