Novembre 2015 Par D. ROSSION Outils

Pour une information adaptée aux enfants

Le droit à la participation est l’un des quatre principes fondamentaux de la Convention internationale des Droits de l’Enfant (CIDE). Garantir aux enfants ce droit implique notamment pour les États de mettre en œuvre un autre droit des enfants: celui d’être informés correctement et clairement à propos des sujets et décisions qui les concernent. Un véritable défi pour qui a déjà lu un texte de loi, une décision administrative, un rapport de recherche…

Pourtant, depuis quelques années déjà, on a vu émerger au niveau international des adaptations dites ‘childfriendly’ de rapports ou de recherches, c’est-à-dire traduites dans un langage et sous une forme réputée accessible aux enfants. Ces publications sont principalement développées par des ONG et des instances internationales telles que les Nations Unies qui mettent par ailleurs en place des processus participatifs impliquant les enfants.

Un chantier ‘childfriendly’

Dans ce contexte, l’OEJAJ s’intéresse depuis 2008 à la question de l’accessibilité des enfants aux écrits qui les concernent. Ce chantier s’inscrit dans le cadre de ses missions de promotion de la Convention mais aussi dans son rôle dans le processus de rapportage des États au Comité des droits de l’enfant de l’ONU.Deux publicationsNote bas de page ont été réalisées en 2009-2010 à destination des enfants:

  • ‘Quand les jeunes donnent leur avis’, une adaptation d’une recherche sur la participation des enfants et des jeunes de 10 à 18 ans. Celle-ci visait notamment à restituer les résultats de la recherche aux quelque 1.000 jeunes interrogés dans ce cadre;
  • ‘Les droits de l’enfant en Communauté française de Belgique’, une adaptation du rapport triennal de la Communauté française en matière de réalisation des droits des enfants.

Elles ont été suivies en 2012 d’une autre publication ‘Les droits de l’enfant en Belgique: l’heure du bulletin!’Note bas de page, qui répondait à une Observation finale du Comité international des droits de l’enfant formulée à la suite du dernier ‘examen oral’ de la Belgique en 2010. Celle-ci enjoignait à notre pays de faire connaître ses recommandations, le plus largement possible, auprès des enfants et des adultes.

Le Comité des droits de l’enfant de l’ONU, organe de surveillance de l’application de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant, examine chaque rapport remis par les États qui ont ratifié cette Convention. Il fait part de ses préoccupations et de ses recommandations à l’État sous forme d’Observations finales (ou ‘recommandations’)Note bas de page. Ces dernières sont un cadre pour l’action publique à mener par l’État partie afin de réaliser pleinement les droits de tous les enfants.En 2010, le Comité recommandait entre autres que «(…) les recommandations que le Comité a adoptées (…) soient largement diffusées dans toutes les langues officielles de l’État partie auprès du public en général, des organisations de la société civile, des groupements de jeunesse, des médias et autres groupes professionnels et des enfants en vue de susciter un débat et de faire connaître la Convention, ses protocoles facultatifs, sa mise en œuvre et son suivi.» (Recommandation n°86)

Outiller les adultes

Ces trois exercices pratiques d’adaptation ont démontré toute la difficulté de l’exercice. Conscient de la chose, l’OEJAJ a souhaité développer des outils pour aider les adultes à rendre accessibles, tant sur la forme que sur le fond, des informations qui concernent les enfants.

Une synthèse bibliographique portant sur l’état des connaissances relatives à la production de documents dans un langage accessible aux enfants a ainsi été confiée en 2009 à l’Université de Liège. Celle-ci visait à identifier les différents facteurs de réussite de la communication à destination des enfants de 6 à 12 ans (en ce compris les éléments non strictement linguistiques), quel que soit le type de support (écrit, visuel, etc.). Le projet de recherche prévoyait également que cette synthèse débouche sur la rédaction d’un vade-mecum pratique à destination des personnes soucieuses de rendre leur production (rapport, document, messages, etc.) accessible aux enfants.

Cet outilNote bas de page se présente sous la forme d’un guide pratique divisé en deux parties:

  • la première partie reprend une série de recommandations en trois temps, relatives à la manière de procéder dans les projets d’adaptation: le temps du projet, le temps de la rédaction et enfin, le temps de sa mise à l’essai. Des outils spécifiques (une grille d’analyse et un guide de conversation métacognitive) sont également proposés en annexe du document;
  • la seconde partie consiste en un exposé des critères orientés vers une certaine simplification de texte au niveau de ses caractéristiques linguistiques (choix des mots, organisation des informations…). Des exemples concrets accompagnent les recommandations afin de les rendre les plus claires possible.

Pour des sites d’information ‘childfriendly’

Dans le prolongement direct du Vade-mecum, l’OEJAJ a commandité en 2013 une étude relative à l’adaptation et l’élaboration de sites internet institutionnels à destination des enfants. Ce projet s’inscrivait dans le cadre du plan d’action pour les droits de l’enfant 2011-2014.L’objectif de la recherche réalisée par le Centre d’étude de la Communication et le Groupe de Recherche en Médiation des Savoirs de l’UCL était de mettre en évidence les critères propres à la rédaction de sites web d’information à destination des enfants de 9 à 18 ans.

Pour ce faire, trois étapes méthodologiques ont été retenues:

  • l’analyse et la sélection de sites internet sur base des critères du Vade-mecum ‘Adapter un écrit pour le rendre accessible aux enfants’;
  • l’identification des facteurs ergonomiques liés à l’usage des sites par des enfants et des jeunes. L’équipe de recherche a procédé, d’une part, à un état de la littérature scientifique consacrée aux pratiques informationnelles des jeunes sur le web et d’autre part a élaboré et procédé à la passation d’un ‘test utilisateur’ à partir de situations concrètes de recherche d’information;
  • la rédaction d’un guide pratique à destination des gestionnaires de sites internet institutionnels. Ce guide pratique prend en compte les contraintes budgétaires liées à l’adaptation d’un site existant en proposant une gradation dans l’adaptation des sites en fonction des moyens disponibles et en priorisant les démarches à rencontrer pour rendre les sites accessibles aux enfants.

Ne pas vouloir ‘faire jeune’«Nous pouvons constater que sur internet actuellement, de nombreuses ressources se présentant comme pensées pour les jeunes et composées avec grand soin peinent en réalité à aider les jeunes publics à s’approprier les contenus complexes qu’elles proposent. En effet, colorer son site internet, édulcorer ses propos, essayer d’entrer en relation avec les jeunes en voulant ‘faire jeune’ et parler leur langage, proposer de très courts textes pour éviter d’ennuyer le jeune et apposer différentes zones cliquables qui rendraient plus ludique la navigation, multiplier les musiques et les vidéos n’aident pas les enfants et les adolescents en recherche d’information. Les critères cités par les jeunes se rapprochent en fait de critères plébiscités par les adultes: le confort graphique de la consultation, le rapport à l’information demandée, la quantité d’informations ou de textes disponibles, la disposition du texte, etc.»

(Extrait du rapport de recherche)Note bas de page

Publications disponibles en ligne à l’adresse: www.oejaj.cfwb.be (Promouvoir le bien-être et les droits des enfants/Des publications conçues pour les enfants).

Ibidem.

Ibidem.

Le rapport de recherche ainsi que le vade-mecum sont disponibles à l’adresse: www.oejaj.cfwb.be (Promouvoir le bien-être et les droits des enfants/ Des publications conçues pour les enfants).