Mai 2006 Par E. NGENDANZI Initiatives

(Kirundo/Burundi) En révélant leur métier et en s’organisant pour en limiter les risques pour elles et leurs clients, les prostituées de Kirundo ont peu à peu fait changer les comportements. L’administration locale et les habitants s’en félicitent.
Depuis sept ans que les prostituées de Kirundo, au nord du Burundi, ont décidé de parler ouvertement de leur métier et de leur vie, l’attitude des gens à leur égard a changé. Les soixante femmes membres de l’association Twikebuke ( Remettons nous en cause en français), agréée par les pouvoirs publics, ne cachent plus qu’elles ont des partenaires multiples. Encouragées par les autorités locales, elles se sont organisées pour réduire les risques pour elles et leurs clients. Petit à petit, depuis 1998, date de création de leur association, elles sont moins stigmatisées et la prostitution recule.
Isaac Mberamiheto , l’administrateur de la commune, se réjouit qu’on ne voie plus les prostituées racoler les clients dans les buvettes ou dans la rue. Elles travaillent chez elles et ceux qui veulent les fréquenter les repèrent grâce à des agents hôteliers qui savent où elles habitent. Pour limiter la propagation du sida, premier objectif de l’association, un dépistage systématique du VIH a été effectué chez ces femmes: la moitié d’entre elles sont contaminées. Une liste des séropositives a été dressée. Elles passent obligatoirement en consultation médicale chaque semaine. Les malades sont soignées et leurs clients mieux informés.
Claudine Nahimana , agent d’état-civil à Kirundo, estime que grâce à la sensibilisation menée par l’association, les femmes de la commune s’adonnent de moins à moins à la prostitution. Ibrahim Omar , qui habite Butindi ( Pauvreté , en français), un quartier où elles étaient jadis nombreuses, l’a constaté aussi: les mœurs ont changé ces dernières années.

Changer de métier

Suivies sur le plan médical, les femmes évitent également les grossesses non voulues à répétition. Selon Solange Nanzoya , présidente de l’association, en cinq ans aucune n’est tombée enceinte alors qu’auparavant, presque toutes mettaient un enfant au monde chaque année.
L’objectif de l’association reste cependant que ces femmes abandonnent le métier, mais leur reconversion suppose qu’elles bénéficient d’un appui financier. Le Comité provincial de lutte contre le sida à Kirundo (CPLS) les a déjà aidées à hauteur de 7 millions de Fbu (7 000 $).
Prostituée depuis son adolescence, Solange, 55 ans, quatre enfants dont une fille à l’université, avoue qu’elle est séropositive. Avec l’âge, elle a abandonné la prostitution. Actuellement, elle cultive des légumes grâce à l’appui du CPLS. ‘ Être prostituée est déshonorant dans notre société , reconnaît-elle. C’est un métier qui comporte des dangers et inconvénients . Mis à part le risque permanent d’attraper le sida , nos enfants ne connaissent jamais leur vrai père .’
Cinq autres membres de l’association ont déjà lancé d’autres activités comme le commerce ou la couture. Pour l’administrateur Mberamiheto , les efforts des membres de l’association sont louables et les résultats fort encourageants: ‘ Dès qu’elles sont occupées à ces activités , elles pensent de moins à moins à la prostitution , car leurs besoins élémentaires sont satisfaits ‘. La plupart des femmes qui se prostituent le font, en effet, pour manger.
Emmanuel Ngendanzi , InfoSud – Syfia Grands Lacs

Goma: un macaron pour les prostituées indemnes du sida

Environ 300 femmes prostituées de Goma, en RD Congo, ont fait le dépistage du VIH en janvier. C’est le résultat du travail de sensibilisation mené par l’Association des femmes vivant seules de Goma. L’objectif est de leur permettre, connaissant leur état, d’adapter leur mode de vie à leur état de santé et de réduire la contamination chez leurs clients. Au terme de ce dépistage, des macarons d’identification leur seront remis selon leur état sérologique. Pour pouvoir travailler, elles devront les présenter aux services des bars de la place. ‘Celles qui sont saines seront autorisées à travailler librement . Pour les contaminées , elles seront suivies par des conseillères sociales et pourront bénéficier de l’assistance en vivres et médicaments dans les ONG ‘, précise Rose Basilwango , présidente de l’association.
L’association se charge de les affecter dans les différents bars et hôtels de la ville et ceux qui veulent savoir où trouver une prostituée peuvent le demander à la présidente. Des actions très appréciées par les clients, rassurés…
Rozaly Zawadi