Novembre 2011 Par V. HUBENS C. SERANO Initiatives

Comment aborder la prévention en médecine générale? Voilà la question que l’asbl Promo Santé et Médecine Générale (PSMG) avait envie de poser à la fois à des médecins généralistes et à des patients.

Une opportunité, la sortie du DMG+

La sortie récente du DMG+, le volet prévention du Dossier Médical Global, en faisait effectivement un sujet d’actualité. Quels messages seraient diffusés aux médecins généralistes pour leur donner envie et leur faciliter l’abord de la prévention avec les patients?
Parallèlement à une recherche de littérature, PSMG a décidé de réunir un groupe de médecins et de patients pour réfléchir à la question. La Ligue des Usagers des Services de Santé (LUSS), fédération indépendante des associations de patients en Communauté française, a été contactée pour, ensemble, réfléchir et construire ces rencontres.
La LUSS est évidemment très preneuse de ce type de rencontre d’une part pour développer avec les usagers des aspects de promotion de la santé et de prévention et d’autres part pour initier le débat entre deux acteurs qui se retrouvent rarement dans des conditions comme celles-là.

La rencontre entre deux mondes

La décision a été prise de réunir 6 médecins et 6 patients deux samedis matins. Pas trop de monde pour faciliter les échanges, pas trop de rencontres pour ne pas annihiler nos chances de recruter des volontaires… Une des conditions pour l’invitation des patients était la nécessité d’avoir un médecin généraliste. Du coté des médecins, ce sont des praticiens travaillant en solo plutôt qu’en maison médicale qui ont été invités afin que les messages soient adaptés à la réalité du plus grand nombre.
Au final, 7 médecins généralistes et 5 patients se sont retrouvés lors des rencontres co-animées par la LUSS et PSMG en octobre et novembre 2010.
Premier constat: les uns et les autres sont contents de pouvoir se rencontrer dans ce contexte, en dehors de la consultation. Le dialogue se libère et permet d’entrevoir l’autre dans un cadre différent.

Des pistes à diffuser

Les jeux de rôle et débats utilisés pour atteindre l’objectif de départ ont permis à la fois à PSMG et à la LUSS de dégager d’intéressantes pistes de travail pour l’avenir.
Outre la mise en perspective des réalités de chacun, des recommandations d’attitudes à adopter sont ressorties. Celles-ci, classiquement connues, sont essentiellement adressées aux médecins généralistes et vont dans le même sens que ce que PSMG a pu récolter dans sa recherche de littérature.
Loin d’être spécifiques à la seule prévention, beaucoup de recommandations concernent la relation médecin-patient en général:
-la nécessité d’ être à l’écoute du patient, de ses attentes et de ses préoccupations;
-la nécessité de rendre acteur le patient, de l’impliquer et de reconnaître son expertise;
-la nécessité de l’ informer de manière personnalisée, avec un langage approprié et en fonction de ce qu’il sait déjà, s’assurer que le patient a bien compris;
-la nécessité de respecter le rythme du patient; accepter, par exemple, le choix pour le patient de ne pas envisager d’arrêter de fumer pour le moment;
-la nécessité de valoriser le patient et d’être non culpabilisant;
-la nécessité de prendre en compte l’ entourage du patient.
Concrètement, les participants ont dégagé des pistes simples mais utiles à rappeler qui pourront aider les médecins généralistes à aborder la prévention:
être pro-actif : tirer profit du motif de consultation ou de la saison mais également parler de prévention lors de contacts pour un autre motif (renouvellement d’ordonnance par exemple), proposer des consultations de prévention;
s’organiser : prévoir des plages horaires pour la prévention, tirer parti des logiciels, utiliser des échéanciers;
-rassembler les outils existants.
Des slogans ont même été imaginés.
Pour les médecins: «Je prends du temps pour mon patient, j’en gagne pour nos avenirs».
Pour les patients: «Dans le cadre de la prévention, je dégage du temps, je m’organise avec mon médecin traitant, je gagne en qualité de vie».
Ces préceptes rejoignent également les principes de base de la promotion de la santé tels que les prévoit la Charte d’Ottawa.
La difficulté est pour les uns comme pour les autres de les mettre en œuvre concrètement mais la volonté est là, indéniablement! Et ceci est certainement un des enseignements principaux que nous pouvons retirer, LUSS et PSMG, de ce projet: la volonté de travailler ensemble et de s’améliorer même si bien sûr sur certains points bien précis, des questionnements, voire des divergences sont encore présents, entre autre en ce qui concerne l’information des patients. Quelles sont les limites de l’information? En fait, doit-on y mettre des limites? Quelles sont les informations que le patient veut recevoir? Jusqu’où le médecin doit-il/veut-il aller? Doit-on informer au-delà de la consultation proprement dite?
Une question à ce propos: jusqu’où informer les patients des conséquences des dépistages qu’on leur propose? À ce stade, il n’y a pas de consensus sur la question. Cela reste un débat important entre professionnels et patients.
Ces questionnements vont permettre à la collaboration de continuer, avec pour objectif de proposer aux médecins généralistes des pistes qui pourront à la fois les soutenir dans leur travail au quotidien et correspondre à ce dont les patients ont besoin.

Ne pas oublier les associations de patients

Un message fort des patients aux médecins est celui de faire le lien entre le patient et les associations de patients. Rappelons ici que nos patients, recrutés par la LUSS, étaient tous membres d’associations de patients. Les associations de patients peuvent collaborer utilement avec les médecins généralistes dans le sens où elles réalisent des missions d’information, de soutien et d’entraide.

Valérie Hubens , Promo Santé & Médecine Générale et Carine Serano , LUSS asbl
Adresses des auteures
Promo Santé & Médecine Générale, c/o SSMG, rue de Suisse 8, 1060 Bruxelles. Courriel: coordination@promosante-mg.be. Internet: http://www.promosante-mg.be
Ligue des usagers des services de santé, av. sergent Vrithoff 123, 5000 Namur. Courriel: luss@luss.be. Internet: http://www.luss.be