Novembre 2007 Initiatives

Comme chacun sait, cette vaccination est recommandée prioritairement à des personnes ayant un risque plus élevé de complications (hospitalisation et décès) suite à une grippe: il s’agit des personnes âgées de 65 ans et plus et des personnes, quel que soit leur âge, atteintes d’une maladie chronique (voir encadré). Par ailleurs, les professionnels de santé au contact de ces personnes à risque accru devraient être vaccinés annuellement, ce qui est loin d’être le cas.

Il y a grippe et grippe

Rappelons d’abord rapidement qu’il ne faut pas confondre la grippe saisonnière avec la grippe aviaire (qui est un problème surtout vétérinaire) ou avec la grippe pandémique.
La grippe saisonnière est une infection respiratoire aiguë provoquée par différents virus grippaux. Les symptômes les plus courants d’une grippe sans complication sont: déclenchement soudain avec de la fièvre, des frissons, des maux de tête, des douleurs musculaires et une toux sèche. La toux peut durer assez longtemps, les autres symptômes disparaissent généralement après 2 à 7 jours. La grippe est une maladie qui sévit chaque année dans notre pays. Il existe un vaccin contre cette grippe.
La grippe aviaire de type influenza A/H5N1 est une maladie virale animale très contagieuse à laquelle la plupart des espèces d’oiseaux sont sensibles. La maladie a déjà été constatée chez différentes espèces de volailles (canards, oies, poulets, dindes, faisans, cailles et perdrix). Le risque pour un humain d’être infecté par le virus de la grippe aviaire est extrêmement faible; jusqu’à présent, seules des personnes ayant eu des contacts étroits avec leurs oiseaux ont pu développer la maladie.
Une pandémie est une épidémie à l’échelle continentale ou mondiale, durant laquelle une grande partie de la population est infectée, provoquant une morbidité et une mortalité élevées (voir http://www.influenza.be/fr/home_fr.asp pour plus d’informations).
Lors du lancement de la campagne de vaccination 2007-2008, Catherine Fonck , Ministre de la Santé de la Communauté française s’est plu à souligner la progression régulière et continue de la couverture vaccinale dans notre pays (sensiblement la même au Nord et au Sud). Ainsi, on est passé de 600.000 doses vendues en 1990 à 2.500.000 de prévisions de ventes pour cet hiver. Dans le groupe-cible prioritaire des + de 65 ans, 6 personnes sur 10 se font vacciner chaque automne. C’est appréciable, mais l’objectif de l’OMS (80%) n’est pas encore atteint.

Un nouveau dossier technique du RESO-UCL

Vaccination contre la grippe des professionnels de santé

Le risque de contagion et de dissémination du virus de la grippe par le personnel soignant est important. La transmission de ce virus à un patient engendre bien souvent des problèmes de santé supplémentaires pour celui-ci et peut parfois mener jusqu’au décès. De nombreuses études ont permis de démontrer que l’amélioration de la couverture vaccinale des professionnels de santé entraîne une diminution de la ‘grippe nosocomiale’.
Cependant, en Europe, la couverture vaccinale influenza des professionnels de soins reste encore faible, la moyenne se situant entre 15 et 25%, et ce en dépit des recommandations de différentes autorités de santé publique (OMS, 1997; Center for Disease Control and Prevention, 1981; Conseil supérieur de la santé belge, etc.) et des nombreux efforts déjà consentis par les institutions de soins.
Ce dossier technique se propose d’une part d’identifier les déterminants qui influencent les comportements de vaccination des soignants (connaissances, valeurs, croyances, attitudes, etc.) et d’autre part de pointer les stratégies mises en place pour promouvoir la vaccination des professionnels de la santé (réalisation d’actions conjointes: organisation de séances d’information dans les institutions de soins, gratuité du vaccin, vaccination sur les lieux de travail, envoi de courrier personnalisé, développement d’activités éducatives et de stratégies motivationnelles, etc.).
Enfin, les auteurs proposent une série de pistes: formuler des recommandations simples et claires, faciliter les procédures de vaccination, améliorer les messages éducatifs trop généraux, faire prendre conscience aux soignants qu’ils sont des ‘modèles’ pour la population et les faire réfléchir sur la continuité des soins en cas de non-vaccination, montrer l’intérêt de ‘se protéger’ mais également de protéger ‘l’autre’ dans une optique de santé publique, etc.
DOUMONT D ., LIBION F ., Vaccination contre la grippe auprès des professionnels de santé : tour d’horizon des pays développés , quelles recommandations pour quelle efficacité ?, UCL RESO , mai 2007 , ( Série de dossiers techniques ; réf . 07 44 ), 28 pages .
Les dossiers techniques du RESO sont consultables sur le site http://www.md.ucl.ac.be/entites/esp/reso .
Ils peuvent aussi être commandés à l’adresse
:
Université catholique de Louvain , Faculté de médecine Ecole de santé publique , Unité d’éducation pour la santé RESO , avenue Mounier 50 , 1200 Bruxelles . Contact : Dominique Doumont , tél . 02 764 50 76 ou dominique.doumont@reso.ucl.ac.be

Le bilan annuel

Le moment de la vaccination contre la grippe offre au patient l’occasion de faire un bilan général de ses vaccinations.
Un rappel de vaccin contre la diphtérie et le tétanos est recommandé tous les 10 ans. L’enquête de santé par interview menée en 2004 par l’Institut scientifique de santé publique montre que 60% seulement des Belges déclarent avoir été vaccinés au cours des 10 dernières années.
Dès 65 ans, une vaccination contre le pneumocoque est recommandée à tous. Un rappel unique est conseillé cinq ans après la première dose de vaccin. La même enquête montre que 15% environ des Bruxellois et 22% des Wallons âgés de 65 à 74 ans déclarent avoir été vaccinés au cours des 5 dernières années. Les personnes atteintes d’une maladie chronique devraient être vaccinées, elles, dès 45 ans.

Mais pourquoi donc ne sont-ils pas vaccinés?

Depuis quelques années, la Communauté française fait des efforts pour que le message passe aussi efficacement auprès des professionnels de santé que du grand public. Cela n’est pas si simple!
Vis-à-vis de la vaccination contre la grippe, que ce soit chez les personnes âgées de 65 ans et plus, chez les adultes fragilisés par une maladie chronique ou chez les professionnels de la santé, on identifie les mêmes types de réactions.
Une majorité de la population visée adhère à la stratégie de prévention qu’elle considère pertinente. D’autres sont réticents, refusent la vaccination ou l’acceptent avec beaucoup d’hésitations.
Etonnamment, on retrouve chez les professionnels et les profanes le même type de réticences. Quels sont les portraits types des personnes qui n’adhèrent pas à la vaccination contre la grippe?
En caricaturant, on peut en identifier cinq (dont les caractéristiques sont d’ailleurs parfois mêlées).
Il y a l’ insouciant : cela ne le concerne pas, il n’y pense pas, il n’a pas le temps, il y pensera l’année prochaine… Les ennuis, c’est bien connu, c’est pour les autres.
Il y a le superman et la superwoman : leur santé, c’est un roc. La muraille de Chine est une babiole à côté de leur barrière immunitaire. Ils sont invulnérables. La grippe, ils ne connaissent pas, ils ne l’ont jamais eue ou alors si peu (une plaisanterie). De toute façon, ils l’attendent de pied ferme.
Il y a le malin : il connaît une manière infaillible de terrasser le virus de la grippe. Une tisane, une formule homéopathique, un bon grog, de la vitamine C, 5 citrons par jour, quelques gouttes d’oligoéléments… Les formules sont aussi nombreuses que scientifiquement non fondées…
Il y a le dubitatif . Le vaccin? Bof, ça ne sert à rien. Il est inefficace, il n’est jamais adapté aux virus qui circulent, etc. Il suspecte même le vaccin de la pire des perversions: la rumeur dit qu’il pourrait transmettre la grippe…
Il y a enfin le craintif . Certains redoutent la piqûre. D’autres sont persuadés que les effets indésirables du vaccin sont considérables, qu’ils courent beaucoup plus de risque à se faire vacciner qu’à subir une grippe. Quelques-uns évoquent même le grand complot, le vaccin ne servirait que des intérêts privés: les producteurs, les employeurs, etc.
Face à ces réticences, il apparaît utile de rappeler quelques bases fondamentales sur lesquelles repose la recommandation de santé publique.
D’abord, on ne recommande pas à toute la population de se faire vacciner contre la grippe. Ce ne serait pas pertinent dans l’état actuel des connaissances scientifiques et de l’épidémiologie de la maladie, avec la génération actuelle de vaccins, etc. On recommande la vaccination annuelle contre la grippe à certains groupes de population, parce que les études scientifiques ont montré un bénéfice en terme de santé pour ces groupes précis. Pour eux, les bénéfices surpassent les éventuels inconvénients.
Ensuite, le vaccin est efficace: il permet de réduire la mortalité liée à la grippe, ce qui est in fine l’essentiel de ce qu’on lui demande. Le vaccin ne peut pas transmettre la grippe, puisqu’il appartient à la catégorie des vaccins dits «tués». Le vaccin peut être qualifié de sûr, en fonction de l’expérience passée.
Enfin, personne n’échappera, au cours de sa vie, à l’infection par le virus influenza.
A travers les documents destinés aux professionnels de la santé , les responsables de la campagne ont voulu s’adresser
– à la raison:
Mon métier , c’est la santé . Pas question de me croire invulnérable . Le virus de la grippe , c’est pour tout le monde .
– à l’esprit d’équipe:
Mon boulot , c’est un travail d’équipe . Pas question que la grippe m’attrape , mes collègues comptent sur moi .
– au sentiment de responsabilité professionnelle et au souci de prendre soin des autres:
Mon travail , c’est prendre soin des autres . Pas question de transmettre la grippe aux personnes que je soigne .
Dans mon métier , je rencontre souvent la grippe . Pas question de transmettre la grippe à mon entourage .
Aux personnes âgées de 65 ans et +, ou atteintes d’une maladie chronique , ils lancent le message: Ne prenez pas l’hiver en grippe . Vaccinez vous !
La campagne de sensibilisation 2007 est coordonnée par le SCPS – asbl Question Santé, avec la participation de la Société scientifique de médecine générale, de la Plate-forme «Grippe» (voir encadré) et de Provac.
La campagne bénéficie du soutien de la Communauté française et de la collaboration, pour sa diffusion, de l’Ophaco, de l’Association pharmaceutique belge, du Journal du Médecin, de l’UCP mouvement social des aînés asbl, des Mutualités chrétiennes, des Mutualités socialistes, des Mutualités libres, des Mutualités neutres et de la Mutualité libérale. Elle est aussi soutenue par des spots radiodiffusés de promotion de la santé.
D’après un texte de Patrick Trefois , SCPS – asbl Question Santé

Recommandations du Conseil supérieur de la santé

Les recommandations du Conseil supérieur de la santé (anciennement CSH) pour la vaccination contre la grippe saisonnière 2007-2008 énoncent, par ordre de priorité, les groupes de sujets suivants:
• Groupe 1 – les personnes à risque de complications à savoir: toute personne au-delà de 65 ans; les personnes institutionnalisées; tout patient à partir de l’âge de 6 mois avec une affection chronique sous-jacente, même stabilisée, d’origine pulmonaire, cardiaque, hépatique, rénale, métabolique ou des troubles immunitaires (naturels ou induits); les enfants de 6 mois à 18 ans sous thérapie à l’aspirine au long cours.
• Groupe 2 – le personnel du secteur de la santé en contact direct avec les personnes du groupe 1.
• Groupe 3 – les femmes enceintes qui seront au deuxième ou troisième trimestre de grossesse au moment de la vaccination.
• Groupe 4 – les personnes de 50 à 64 ans, même si elles ne sont pas identifiées comme à risque car il y a une chance sur trois qu’elles présentent au moins un facteur de complications (tout particulièrement les fumeurs, les buveurs excessifs et les obèses).
Dans l’éventualité de la co-circulation possible en Belgique des virus aviaires et des virus humains saisonniers, la vaccination saisonnière sera proposée à certains groupes professionnels pour éviter le risque de réassortiment viral. Ces groupes sont: les éleveurs professionnels de volailles et de porcs ainsi que les membres de leurs familles vivant sous le même toit, et les personnes qui, du fait de leur profession, sont au contact de volailles ou de porcs vivants. Il est bon de rappeler que le vaccin contre la grippe saisonnière ne protège toutefois pas contre les virus aviaires.
L’avis complet et son argumentaire peuvent être consultés via le portail http://www.health.fgov.be voir Institutions apparentées – Conseil supérieur de la santé, avis et recommandations.

Présentation de la Plate-forme grippe

Une plate-forme s’est mise en place en 2006, avec un objectif partagé de réflexion pour améliorer la couverture vaccinale des professionnels de la santé contre la grippe. Elle appuie son action sur les recommandations du Conseil supérieur de la santé.
La recommandation de vacciner contre la grippe les personnes en contact avec des groupes à risque pour cette maladie, est par ailleurs d’application dans de nombreux pays.
Cette plate-forme regroupe des responsables issus des diverses structures concernées (hôpitaux, MR et MRS, services d’aide et de soins à domicile, médecine du travail) et des experts.
En 2006, la plate-forme a coordonné en Communauté française plusieurs initiatives: organisation d’une journée de rencontre le 24 mai 2006, envoi d’un cédérom aux responsables de structures concernées par la vaccination du personnel soignant, etc.
Elle a décidé de continuer des actions pour 2007 en menant, entre autre, une campagne de sensibilisation sur l’importance de la vaccination des professionnels de la santé.