Juin 2017 Par L. CÔTE Lu pour vous

Le plus souvent, lorsqu’on évoque le lieu de vie des personnes âgées, on oppose domicile et maison de repos. Cette représentation binaire de l’évolution des phases de vie et des lieux de vie – la vie active et celle en perte d’autonomie – est remise en question par les professionnels de la santé et du vieillissement qui rappellent la diversité des attentes et des besoins des personnes.

De quoi rêve-t-on pour ses vieux jours?

Le service d’éducation permanente de Question Santé publie ‘Paroles sur… De quoi rêve-t-on pour ses vieux jours ?, une brochure pour penser aux jours à venir autrement et sous un autre angle.

Les espaces de vie des aînés en quelques chiffres

Des études se sont intéressées aux desiderata des adultes et des aînés quant à leurs dispositions concernant la vieillesse. Sans surprise, on sait qu’une majorité de personnes souhaite vieillir chez soi, en restant le plus autonome possible. À défaut, l’entrée en maison de repos est la première alternative citée. Actuellement, 45 % des 80 ans et plus vivent dans une de ces institutions.

Selon une analyse datant de 2011, même si une personne sur deux déclare ne pas choisir elle-même sa maison de repos, 85 % des résidents se disent satisfaits de leur situation. Ils se sentent davantage ‘chez eux’ quand ils participent à la sélection de l’établissement. De même si leur lieu de vie leur offre la possibilité de s’impliquer dans des tâches concrètes et utiles.

La maison de repos, un choix par défaut ?

La décision de rejoindre une institution se base rarement sur le projet de vie proposé; les professionnels en sont bien conscients. Ils s’interrogent sur l’attitude globale des personnes âgées dans leur volonté d’être acteurs de leur vie. Parfois, face à certains choix de vie – dont celui d’entrer en institution -, la personne âgée pense davantage à ses proches qu’à elle-même. De même, la famille pousse souvent à prendre cette décision, jugée ‘raisonnable’.

Derrière les choix de lieux de vie, derrière les décisions, ce sont des questions de valeurs qui se posent. Elles renvoient, en tout ou en partie, aux notions d’autonomie, d’intimité, de respect, de liens affectifs. Les professionnels parlent de la nécessité de proposer des choix aux personnes vieillissantes. Des options qui correspondent à leurs différentes évolutions, aux différentes phases de leur vieillesse et à leurs valeurs.

La prise de risque : interdite aux aînés ?

L’autre regard porté par les soignants concerne une problématique souvent délaissée, sinon taboue: celle des risques que l’on est prêt à laisser prendre ou non aux aînés, sous prétexte du ‘principe de précaution’. Cette préoccupation, souvent exacerbée par la crainte de procès ou de plaintes, d’aller vers une absence de tout risque se dissimule parfois sous le mot ‘responsabilité’. L’objectif qui consiste à garder la personne âgée dans le meilleur état physique possible a cependant une limite et peut dissimuler l’absence de tout autre projet et/ou de moyens permettant aux personnes âgées de cultiver leur propre vie.

La maison de repos en réforme !

Est-ce à la personne âgée de s’adapter au projet de la maison de repos? Ou bien l’inverse? Imaginer des institutions différentes passe par une remise en cause de la formation des soignants. Selon les professionnels, il faudrait sortir d’une ‘relation de pouvoir’ pour aller vers un respect et une collaboration avec les personnes âgées. À travers leurs propos, ce qui est souligné, c’est un manque de sensibilisation, d’information et de mobilisation concernant ces problématiques de lieux de fin de vie.

Répondre aux besoins et aux attentes des personnes âgées – et pour ce faire, être attentif à leur évolution, aux changements de leurs besoins et de leurs attentes: ne serait-ce pas l’une des clés qui mène à une retraite la plus heureuse possible, et sur le long terme?

Autour de la thématique de l’habitat des personnes âgées

Pour prendre connaissance de cette nouvelle brochure, vous pouvez consulter le site www.questionsante.org/educationpermanente.
‘De quoi rêve-t-on pour ses vieux jours?’ est disponible gratuitement auprès de l’asbl Question Santé et peut être commandée par courrier Rue du Viaduc 72, 1050 Bruxelles, par téléphone au +32 (0)2 512 41 74 ou par courriel à info@questionsante.org.

Le Centre Vidéo de Bruxelles et Question Santé, en partenariat avec 8 associations de terrain, ont lancé récemment www.queltoitpourdemain.be, un outil informatif, interactif et intergénérationnel destiné à informer le grand public des possibilités de logement qui s’offrent aujourd’hui aux personnes âgées.