Février 2003 Lu pour vous

Le livre Le croisement des pratiques est la chronique de la levée d’une frontière faite de préjugés, de peurs et d’incompréhensions entre deux mondes qui se côtoient au quotidien et qui pensaient se connaître: le monde des professionnels et le monde des personnes en grande pauvreté.
Les uns sont venus porteurs de pratiques exercées dans le cadre institutionnel, les autres détenteurs de l’expérience d’une vie dure en butte à l’injustice et d’une pratique associative.
Pendant 18 mois, un groupe de travail composé à part égale de militants d’ATD Quart Monde, ayant vécu ou vivant encore dans des conditions d’exclusion et de professionnels formateurs mandatés par leurs institutions et issus de différents secteurs (l’école, la justice, la police, la culture, le travail social, la petite enfance, le logement, la formation professionnelle, l’éducation permanente, la culture, l’aide à la jeunesse…), a travaillé à trouver des chemins pour améliorer ces relations.
Poussés par la volonté de comprendre l’autre, sans renier ce qu’ils portent, ils ont ouvert un chemin de dialogue et de formation commune qu’ils nous invitent à emprunter à notre tour afin d’agir plus efficacement contre la misère.
Ensemble, ils ont analysé leurs expériences; les familles démunies méconnaissent les missions et les contraintes des professionnels et, de leur côté, les professionnels n’imaginent souvent pas ce qu’endurent les personnes en difficultés.
‘Ce qu’on a vécu pendant un an et demi[, ce qu’on a écrit, ce n’est assis ni sur de la théorie, ni sur des décrets .
On a travaillé sur nos propres expériences, expériences dures, vécues comme des souffrances, des injustices, des échecs. Ce n’est pas comme si on travaillait sur un problème de maths extérieur à nous. Mais on ne pouvait pas dialoguer entre nous sans prendre distance. Les professionnels ont du mal à prendre distance à certains moments, mais c’est difficile aussi et très exigeant du côté des militants qui vivent la pauvreté au quotidien .
À ceux qui voudraient se lancer dans une démarche de co-formation, je dirais qu’il faut de l’audace et croire que c’est possible.’
L’amélioration des relations entre personnes en difficultés et professionnels ne peut se faire que par la transformation des conditions dans lesquelles se nouent leurs rapports et se construisent les solutions. Il faut un véritable travail en commun où les uns et les autres échangent leurs savoirs, connaissances et expériences. Il faut que se forment ensemble, et réciproquement, les différents acteurs en vue de créer de nouveaux rapports et de répercuter les acquis sur leurs collègues et institutions pour les uns, leur milieu et les autres militants de la lutte contre la misère pour les autres.
Le Croisement des pratiques rend compte de ce travail et donne des pistes d’action, de formation et de réflexion.
Groupe de recherche action-formation Quart Monde Partenaire, Le croisement des pratiques, Editions Quart Monde, 2002, 228 p., 11 €.