L’élaboration de la classification américaine des diagnostics de psychiatrie est entachée de conflits d’intérêts.
L’Association américaine de psychiatrie élabore le DSM, ouvrage très utilisé dans le monde pour la définition diagnostique des troubles psychiatriques. Le DSM et sa méthode d’élaboration ont suscité des critiques grandissantes au fil des versions, surtout à cause de la multiplication de tableaux cliniques présentés comme pathologiques, et relevant souvent d’un traitement médicamenteux.
Des chercheurs ont étudié comment l’Association avait pris en compte les éventuels conflits d’intérêts avec les firmes des personnes ayant participé à l’élaboration de la 5e version du DSM, publiée en 2013.
Pour six nouveaux diagnostics controversés, ils ont cherché des liens d’intérêts avec les firmes pharmaceutiques finançant des essais cliniques dans ces indications. Pour ces six diagnostics, ils ont identifié 13 essais cliniques, portant sur 11 médicaments. Pour 3 des 13 essais cliniques (23 %), un membre impliqué dans l’élaboration du DSM avait été conférencier pour une firme concernée. Dans 3 cas, le principal investigateur de l’essai clinique était impliqué aussi dans l’élaboration du DSM-5. Au final, seul un essai n’impliquait aucun membre actif dans l’élaboration du DSM-5. Sur les 55 membres des groupes travaillant sur un de ces six diagnostics, 15 (27 %) avaient au moins un lien d’intérêts avec une firme concernée, ainsi que 19 des 33 membres (61 %) des groupes responsables de la validation finale du DSM-5.
Manifestement, les groupes de travail chargés d’intégrer de nouveaux diagnostics dans le DSM ont été sous l’influence des firmes pharmaceutiques. Et ces diagnostics correspondent aux indications revendiquées pour certains médicaments de ces firmes.
La perméabilité de cette société savante, incapable de mettre en place des règles efficaces pour garder ses distances vis-à-vis des firmes pharmaceutiques, discrédite le DSM.