Pour le Comité de Pilotage des Rencontres « Ensemble pour la santé – Samen voor gezhondheid », http://www.samenvoorlasante.be
Dans le numéro 340 d’Education Santé, Manon Gobeaux est l’auteure d’un article faisant suite aux Rencontres ‘Ensemble pour la santé’, organisées les 1ier et 2 décembre 2017.
L’objectif général de ces Rencontres était de « promouvoir les actions locales et participatives sur les déterminants sociaux de la santé afin d’améliorer la santé des populations et de réduire les inégalités sociales de santé. » De leur organisation jusqu’à leur évaluation, ces Rencontres étaient placées sous le signe de la participation d’acteurs de la santé, qu’ils soient professionnels – politiques – citoyens (Retrouvez plus de contenu sur l’évaluation dans l’article d’Estelle Georgin et de Chantal Vandoorne dans le numéro 353).
Outre le fait que la participation soit la thématique des Rencontres, il s’agissait de la considérer comme une fin en soi, c’est-à-dire de voir dans le processus participatif un intérêt tout aussi important que le résultat final, à savoir l’émergence d’un corpus de connaissances partagées. Ces deux aspects sont reflétés dans la conclusion de l’article de Manon Gobeaux: « […] ce n’est pas tant l’apport de nouvelles connaissances qui a marqué cette première édition d’ « Ensemble pour la santé » mais bien la prise de conscience de l’importance du processus en lui-même ! ».
Un an après, nous revenons sur ces Rencontres par le biais d’une mindmap, co-construite lors d’un des ateliers de l’évènement, dont nous souhaitons mettre en avant le processus de construction ainsi que son contenu. L’atelier en question visait à réfléchir et à échanger sur les conditions au développement d’actions locales, participatives et citoyennes.
Pour réfléchir cette question, l’ensemble des participant(-es) a été réparti en groupes d’une dizaine de personnes. Dans chaque groupe, 2 personnes étaient des « contributeurs/contributrices », c’est-à-dire des représentant(-es) d’actions locales et participatives menées sur le terrain belge.
Dans un premier temps, les contributeurs/contributrices ont partagé leur expérience à leur groupe, ils ont expliqué en quoi consiste leur action, comment elle est née, pour qui et par qui elle est menée, etc.
Dans un deuxième temps, sur base de l’expérience de ces deux initiatives et de l’expérience des personnes, chaque groupe était invité à trouver des réponses aux trois questions suivantes :
- Quels sont les points communs entre les deux initiatives présentées ?
- Quels sont les leviers à la mise en place d’initiatives locales et participatives ?
- Quels sont les freins à la mise en place d’initiatives locales et participatives ?
La consigne était d’inscrire les réponses sur des post-it de couleur (bleu pour les points communs, vert pour les leviers et jaune pour les freins) qui allaient ensuite être reportées et organisées sur une toile par un animateur en intelligence collective[1]. Cette animation a permis d’aboutir à la mindmap ci-dessous. Les éléments qui la composent ont donc été proposés par les 150 participant(es).
Cette forme d’animation a été bénéfique à plusieurs égards et fait l’objet d’une analyse pointue dans le rapport d’évaluation de l’APES-ULG[2].
Quelque temps après l’évènement, un groupe de travail au sein des organisateurs des Rencontres a ressorti la toile et s’est penché sur sa traduction graphique pour en faire un outil interactif par lequel diffuser les résultats des échanges aux participant(-es), mais plus largement aussi, à toutes personnes désireuses d’être acteurs/actrices du changement. Ce travail impliquait aussi de se plonger dans le contenu de la mindmap et d’en faire émerger des constats.
Pour ce faire, nous avons travaillé avec un graphiste et un informaticien. Nous leur apportions le contenu et ils le mettaient en action. Ainsi, la mindmap a vu le jour sur l’internet 2.0. Le principe est simple : lorsque l’on passe sa souris sur les différents éléments du dessin, le contenu des post-it apparait. Mais, pour garantir la lisibilité de la mindmap, il a fallu regrouper les post-it en catégories en fonction du dessin de fond. Ce dernier, imaginé par l’animateur en intelligence collective simultanément à la réception des post-it, a quant à lui été redessiné graphiquement (à l’identique) comme on le voit sur l’illustration ci-dessous.
Que nous dit la mindmap sur les freins et leviers au développement d’actions locales et participatives ?
D’abord, qu’au commencement, un certain nombre de facteurs peuvent venir freiner la participation des individus à des actions collectives : pour participer il faut se comprendre et donc, parler la même langue ; il faut avoir la volonté de participer et se sentir en confiance ; il faut avoir les informations, et puis il faut comprendre l’intérêt des actions locales et participatives. En réponse à ces freins, des leviers ayant trait à une posture individuelle ont été identifiés : s’engager, s’investir, être motivé, croire en, être tenace…
A l’analyse de la mindmap, on tombe à plusieurs reprises sur un post-it qui renvoie à une question bien connue de toutes et tous : comment susciter la participation des publics précaires, comment les atteindre ? Les leviers relevés par les participant(-es) ? Créer des espaces collectifs de proximité, encourager la mixité dans les groupes collectifs, faire preuve de flexibilité et de ténacité, poser un cadre qui favorise la confiance et le respect, prendre le temps de la participation, développer des actions autour de réseaux. Un grand nombre de freins fait référence aux aspects financiers des actions locales et participatives ainsi qu’au cadre institutionnel et politique dans lequel elles s’inscrivent. Les leviers existent pour les surpasser : adopter une vision globale de la santé, ne plus travailler en silo, penser à la santé dans toutes les politiques, etc.
Il ne s’agit là que de quelques tendances parmi les éléments apportés par les participant(es). Pour parcourir la mindmap et ainsi en savoir davantage sur le contenu des échanges, nous vous invitons à vous rendre sur le site des Rencontres « Ensemble pour la Santé » : http://www.samenvoorlasante.be/fr/mindmap/
La transformation d’un brainstorming semi-écrit à un outil de connaissances partagées, est un processus enrichissant pour remettre en perspective le contenu. La diffusion de cet outil permet aussi de faire écho aux échanges au-delà de l’évènement. La question à se poser maintenant est comment faire évoluer cet outil, et surtout les réflexions qui en sont l’objet ? Le comité de pilotage se penche actuellement sur les suites à donner aux Rencontres.