Les jeunes qui n’apprécient pas l’école diffèrent-ils des autres élèves en ce qui concerne leur vécu scolaire, leur santé, leurs comportements, leur bien-être, leurs plaintes ?
Dans son nouveau Cahier Santé , le Service d’Information Promotion Éducation Santé de l’École de santé publique de l’ULB (SIPES-ULB) revisite les données de l’enquête ‘Santé et bien-être’ des jeunes de la Fédération Wallonie-Bruxelles (il s’agit du versant belge francophone de l’étude internationale HBSC, pour Health Behaviour of School-aged Children patronnée par le Bureau européen de l’OMS).
Centré plus précisément sur ce que les jeunes pensent de l’école, ce document propose de nombreuses données issues de l’enquête (1), avec des clés de lecture permettant une mise en perspective des constats. De quoi alimenter la réflexion des professionnels de l’enseignement et de la santé, et des décideurs politiques, par rapport à leurs interventions auprès des jeunes.
Cette préoccupation vis-à-vis de l’environnement scolaire s’impose comme une évidence: l’école est un important déterminant du bien-être des élèves, mais aussi des enseignants et, indirectement, des parents. Des résultats récoltés au cours des enquêtes précédentes ont poussé l’équipe SIPES à investiguer davantage la façon dont l’école peut être vécue par les jeunes afin de dégager d’éventuelles caractéristiques des élèves satisfaits ou frustrés par ce milieu de vie.
Ce travail de recherche a été réalisé selon deux principes: partir de données existantes et s’appuyer sur une pluralité de données. Le premier de ces principes désigne le fait d’utiliser des données disponibles (issues de l’enquête HBSC bien entendu, mais aussi d’autres enquêtes), ce qui permet de bien valoriser les sources d’informations existantes. Quant à s’appuyer sur une diversité de données, cela permet de compléter les données de l’enquête par une revue de littérature qui offre l’éclairage de divers acteurs scolaires (élèves, profs, pédagogues, parents…).
L’École des animaux
Il était une fois des animaux qui s’avisèrent qu’il était temps de prendre les grands moyens pour résoudre les problèmes «d’un monde nouveau». Aussi décidèrent-ils de fonder une école. Ils adoptèrent un programme d’études comprenant quatre matières: la course, la grimpée, la nage et le vol. Pour faciliter l’administration d’un tel programme, tous les animaux devaient suivre tous les cours.
Le canard était très fort en natation, était même meilleur nageur que son professeur, mais ses notes étaient à peine passables en vol et franchement mauvaises en course. Puisqu’il était lent en course, on le fit rester après l’école et on le força même à abandonner la natation pour qu’il puisse s’exercer à courir. Cela dura si longtemps que ses pattes palmées finirent par s’user et qu’il devint tout juste moyen en natation. Mais dans cette école on acceptait la moyenne, alors personne ne s’en inquiéta sauf le canard.
Le lapin était le meilleur coureur de sa classe, mais il fit une dépression nerveuse causée par tout le travail de rattrapage qu’on lui faisait faire en natation.
L’écureuil excellait à grimper mais son inaptitude à voler le frustrait terriblement. Il faut dire que ses professeurs, au lieu de le faire voler du haut en bas des arbres, le faisait partir d’en bas. À force de s’étirer pour prendre son envol, il s’est blessé à l’aine et ses notes ont baissé sous la moyenne en grimpée et en course.
L’aigle était un enfant difficile qu’il a fallu discipliner sévèrement.
Au cours de grimpée, il était toujours le premier rendu au sommet des arbres, mais il s’obstinait à voler au lieu de grimper comme les autres.
À la fin de l’année scolaire, une anguille surdouée qui nageait exceptionnellement bien, qui pouvait aussi courir, grimper et voler un peu, obtint les meilleures notes et le prix d’excellence.
Les chiens de prairie faisaient l’école buissonnière et s’opposaient au prélèvement de la taxe scolaire parce que l’administration refusait d’ajouter un cours de creusage et enfouissement au programme. Ils mirent leurs petits en apprentissage chez un blaireau et plus tard se joignirent à la marmotte et aux belettes avec qui ils fondèrent leur propre école privée.
Cette fable a-t-elle une morale ?
George H. Reavis
Cette histoire a été rédigée à l’époque où Georges Reavis était Assistant Superintendent des Cincinnati Public Schools, dans les années 40. Cette fable est dans le domaine public.
Plus précisément, ‘J’aime pas l’école’, après avoir décrit le cadre de référence, propose six chapitres: la satisfaction à l’égard de l’école, la vie à l’école et le rapport à l’école, la violence scolaire, le bien-être et les plaintes subjectives, les comportements, et l’environnement psychosocial.
Si ce Cahier peut sembler donner une image médiocre de l’école belge francophone, il se garde néanmoins de sombrer dans la déprime, et souligne que ‘même si le système scolaire présente des déficits importants, plus de la moitié des jeunes du secondaire affirment aimer l’école. De plus, cette appréciation à l’égard de l’institution scolaire est restée relativement stable depuis 1994, et cette satisfaction se rencontre autant chez les jeunes de l’enseignement général que chez ceux de l’enseignement technique et professionnel’, contrairement à une idée reçue.
DECANT P., FAVRESSE D., DE SMET P., GODIN I., J’aime pas l’école ! Une relecture des données de l’enquête ‘Santé et bien-être des jeunes’ en Communauté française . Cahier Santé édité par le Service d’Information Promotion Éducation Santé (SIPES), ESP-ULB, Bruxelles, 2011.
Ce document de 76 pages peut être obtenu gratuitement à l’adresse suivante, dans la limite des stocks disponibles: SIPES-ULB, CP 596, route de Lennik 808, 1070 Bruxelles. Tél.: 02 555 40 81. Courriel: zelmaach@ulb.ac.be. Il peut aussi être téléchargé au format PDF à l’adresse http://www.ulb.ac.be/esp/sipes (onglet Publications).
(1) Y compris de la dernière en date (2010), avant la publication complète des résultats, annoncée pour l’an prochain.